Serviteur des Enfer – Chroniques Aztèques 01 : Aliette de Bodard

Titre : Serviteur des Enfer – Chroniques Aztèques 01

Auteur : Aliette de Bodard 🇺🇸/ 🇫🇷
Édition : Mnémos (13/03/2024)
Édition Originale : Servant of the Underworld (2010)
Traduction : Laurent Philibert-Caillat

Résumé :
Au cœur de la majestueuse Tenochtitlan (🇲🇽), capitale de l’empire aztèque, Acatl est un grand prêtre des morts respecté. Son rôle est de s’assurer que les défunts reçoivent les bons rituels et que les rites de passage soient observés pour pénétrer dans le monde des esprits.

Mais lorsqu’une ambitieuse prêtresse est retrouvée morte, Acatl va devoir trouver le coupable, pendant que les hauts dignitaires préparent la succession de l’empereur mourant.

Au fil de son enquête, Acatl découvre un complot bien plus vaste que la simple mort d’une prêtresse, susceptible de menacer l’avenir de l’empire tout entier.

Critique :
Un polar historique qui se déroule à l’époque des aztèques ? J’étais curieuse de le découvrir.

J’ai eu du mal avec les 80 premières pages du roman et j’avais l’impression de pédaler dans la semoule, ce qui m’a fait hésiter à poursuivre ma lecture.

Heureusement que je me suis accrochée, parce qu’ensuite, le récit est devenu plus facile à suivre, plus intéressant et là, je ne l’ai plus lâché.

Qu’est-ce qui a bloqué au départ ? Les noms à rallonge et imprononçables des divinités aztèques (Mictecacihuatl, Mictlantecuhtli, Tezcatlipoca, Huitzilopochtli, …) et de certains personnages, que j’ai parfois rebaptisé dans ma tête : Mihmatini (soeur d’Acatl) est devenue Mimimathy (ce qui a posé un problème de cohérence lorsque j’imaginais cette jeune fille avec la tête de Joséphine ange gardien, en train de claquer des doigts).

Le glossaire des personnages aurait dû se trouver au début du roman et non à la fin pour faciliter les lecteurs à s’y retrouver dans la multitude des personnages.

Ce polar historique est aussi un polar qui lorgne du côté de la fantasy et du fantastique, ce qui fait que les personnages peuvent parler avec leurs dieux, qui existent dans l’autre-monde, ce qui fait que certaines créatures sont, elles aussi, tout à fait réelles et non issues d’un esprit ayant trop fumé du peyolt ou la moquette.

Au départ, cela m’a un peu déstabilisé, mais ensuite, plus aucun souci avec la magie et cet univers particulier de la mythologie aztèque.

L’atout de ce roman, ce sont ses personnages, assez marquants, notamment Acatl, le grand prêtre des morts, qui enquête afin de disculper son frère (même s’ils sont en froid) et tous les autres qui vont graviter autour d’eux. Malgré leurs noms à se faire une torsion de la langue, on arrive à retrouver qui est qui, chacun ayant ses caractéristiques propres.

L’autre atout du roman, et non des moindres, c’est que l’autrice a parfaitement intégré les mœurs de vie de la société aztèque. Au lieu de nous servir des plâtrées de faits de la vie quotidienne des Aztèques, elle a incorporée le tout dans son récit, ce qui fait que, eu fur et à mesure de notre lecture, on en apprend plus, sans que cela soit lourd et indigeste. L’univers mis en place est riche, on est immergé au coeur de l’empire tout de suite.

Ce n’est pas un roman policier qui va trop vite non plus, Acatl n’aura pas une enquête facile et c’est petit à petit qu’il va remonter la piste et trouver qui est coupable, sans pour autant qu’un dieu lui ai soufflé la réponse.

Mais, vu que nous sommes dans un univers de fantasy et de magie, il faut plus s’attendre à un colonel Chimichurri avec le poignard d’obsidienne, dans le temple d’un dieu qu’une résolution traditionnelle d’enquête. Au moins, l’autrice a réussi son grand final, qui n’était ni trop rapide, ni trop long, ni trop facile. Il m’a tenu en haleine !

C’est un polar historique dans un univers de fantasy et de magie qui est réussi, même si j’ai eu du mal avec le début, ce qui m’a donné envie de tout arrêter, mais ma récompense est venue en m’accrochant et en poursuivant ma lecture, car ça en valait la peine, vu l’univers mis en place par l’autrice, qui est tout à fait réaliste et bien détaillé.

Un roman de fantasy que je suis contente d’avoir lu et d’avoir découvert cet univers riche, même s’il est déstabilisant au départ.

PS : ce roman est déjà paru, en 2011, sous le titre de « D’Obsidienne et de sang ».

Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn : Nicolas Jarry, Alina Yerofieieva et Kyko Duarte

Titre : Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn

Scénaristes : Nicolas Jarry & Kyko Duarte 🇪🇸
Dessinateur : Alina Yerofieieva

Édition : Soleil (07/02/2024)

Résumé :
Face à l’immense horde assanide, Kronan hésite entre l’honneur ou la raison, le combat ou la fuite.

Tandis que les elfes Bleus de Port-Vogue, jusqu’alors préservés, se retrouvent assiégés par une immense flotte de navires yrlanais, à l’Ouest, une nouvelle légion d’hommes et de Golems assiègent les Elfes de la forêt de Torunn, repoussant toujours plus loin les Sylvains menés par la reine Ora…

Critique :
Voilà un nouveau tome que ne manque ni de dynamisme, ni d’action, ni de scènes d’escarmouche ou de batailles !

Plusieurs arcs narratifs vont se rejoindre, dans cet album et c’est le gobelin Myth, un voleur bien connu (Orcs, tome 2), qui va nous raconter tout cela, tout en ayant envie de foutre son camp.

Myth est avec le chef de guerre Kronan, un Orc bien connu, lui aussi (orcs, tome 11). Recevant un message énigmatique, toute la troupe va se mettre en route pour arriver au point d’un rendez-vous mystérieux.

La résistance s’organise, les Humains ont décidé de s’associer pour éradiquer les vieilles races et lorsqu’on les entend parler, on se dit que bien des génocidaires ont pensé comme eux : déshumaniser celles et ceux que l’on veut exterminer, mais aussi les faire bosser comme des bêtes.

Dans les autres arcs narratifs, on retrouvera l’elfe Bleu Athé’non (Elfes, tome 26) et Ora, l’elfe des Sylvains (Elfes, tome 22) et leur difficultés pour que les autres peuples Elfes les suivent à la guerre, afin de défendre leurs terres et les vies de leurs semblables. Mais c’est difficile, peu se sentent concernés, pensent que tout va s’arranger, bref, comme dans la vie réelle à l’orée d’un conflit mondial.

Chaque personnage a son importance, dans ce tome et tout le monde jouera son rôle dans les batailles qui se dérouleront au cœur de ces pages. Le but étant toujours de rallier les forces de Redwin de la Forge, notre Nain iconique et mythique !

Mon seul bémol sera que, une fois encore, on se retrouve avec un arc narratif avec des guerres, comme celui avec les goules. Je sais que l’on est dans un monde d’heroïc fantasy, qu’il ne saurait y avoir de l’entente cordiale entre les différentes races (il n’y en a déjà presque pas dans celles des Elfes), mais j’espère que le prochain arc narratif ne sera pas encore une guerre totale…

Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes – 02 – Quand la tigresse descendit de la montagne

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (11/05/2023)
Édition Originale : The Singing Hills Cycle, book 2: When the Tiger Came Down the Mountain (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Des tigresses métamorphes amatrices de poésie, des mammouths de guerre aussi impressionnants que placides, une jeune lettrée tiraillée entre son cœur et sa raison, fantômes, goules et esprits-renards à l’affût, aventures baroques et amours libres…

Critique :
Si j’avais eu quelques difficultés à entrer dans le premier tome, découvrant son univers et le personnage de l’adelphe Chih, pour le deuxième, ce fut un jeu d’enfant.

Nous retrouvons donc Chih de l’abbaye des Collines-Chantantes et iel est en voyage à dos de mammouth (qui n’écrase aucun prix).

Chih a dû demander de l’aide à Si-yu et son mammouth, Piluk afin de franchir un col enneigé. Bison Futé n’a pas annoncé de problèmes.

Et là, bardaf, nos deux personnages croisent le route de trois tigresses affamées, qui, tel Shere Khan, sont douées de paroles et même capable de prendre forme humaine ! Réfugiés dans une grange, sous la garde de Piluk, Chih va la jouer comme Shéhérazade et narrer le récit d’une tigresse chère au yeux de notre trio de félins affamés.

Quel suspense et quelle histoire ! Tout comme les tigresses, je me suis installée plus confortablement pour écouter le récit fait par Chih, sur la tigresse Ho Thi Thao et de sa rencontre avec une lettrée prénommée Dieu (on a le nom qu’on a).

Mais la version archivée dans la mémoire de Chih (qui est celle des Collines chantantes) comporte des fautes que les tigresses se feront un félin plaisir de mettre en évidence, ce qui donnera lui à des contre-récits bien différents. Chacun écrivant SA vérité, selon qu’il est tigre ou humain.

Comme dans la vie réelle où la vérité est écrite par les vainqueurs, au détriment de la réalité. Propagande, mensonges… Quant on ne veut pas que la vérité exacte soit connue (et parfois, on ne la connait même pas), on change un peu le récit et on gomme ce qui nous gêne.

Cette lecture fut un réel plaisir, j’avais l’impression d’être au coin du feu (j’y étais, ce mois d’avril 2024 n’est pas chaud) et d’écouter une histoire, tranquillement, en sirotant une boisson chaude, le tout dans le calme absolu, alors qu’il y a trois tigresses prêtes à nous dévorer.

Alternant le conte et les dialogues entre nos protagonistes et les tigresses, l’autrice a réussi à nous donner un récit qui nous tient en haleine, dont on veut connaître la suite et à transformer une nuit oppressante en nuit tranquille, malgré les dents brillantes des tigresses métamorphes.

Un récit de fantasy asiatique qui m’a tenu en haleine, que j’ai lu d’une traite, savourant la plume de l’autrice, son univers, ses personnages et ses animaux qu’elle met très bien en scène.

Je poursuivrai avec les deux autres tomes prochainement.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°168]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°54.

Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune : Nghi Vo

Titre : Les archives des Collines-Chantantes- 01 – L’impératrice du sel et de la fortune

Auteur : Nghi Vo
Édition : L’Atalante – La Dentelle du cygne (18/01/2023)
Édition Originale : The Empress of Salt and Fortune (2020)
Traduction : Mikael Cabon

Résumé :
Un mariage politique force In-yo, jeune femme de sang royal, à s’exiler au sud, dans l’empire Anh. Ses frères sont morts, ses armées et leurs mammouths de guerre vaincus de longue date restent reclus derrière leurs frontières.

Seule et humiliée, elle doit choisir ses alliés avec circonspection.

Lapin, une jeune servante vendue au palais par ses parents en réparation de l’absence de cinq paniers de pigments se prend d’amitié pour la nouvelle épouse esseulée de l’empereur et en voit son existence bouleversée.

Chih interroge la domestique au crépuscule de sa vie sur les divers objets peuplant sa maison. Leurs origines forment une histoire que les archives officielles ignorent et qui pourrait déstabiliser l’empire.

Critique :
Voici une novella fantasy qui m’a déstabilisée, du haut de ses 120 pages, tant l’autrice a maintenu le flou durant un bon moment.

L’univers est asiatique, sans hésitation possible, mais pour au départ, j’ai eu du mal à trouver mes marques dans ce récit dont la narration est inhabituelle…

C’est Lapin, une ancienne servante de l’impératrice In-yo, qui racontera son histoire à Chih, qui est un/une adelphe (le flou est maintenu sur son genre, c’est parfois il, parfois elle, alors, je ferai iel).

Les chapitres sont courts, chacun racontant dont un événement du passé, souvent sans liens entre eux. Lapin les racontera au fur et à mesure des choses dont Chih fera l’inventaire dans cette petite maison, où vécu l’impératrice en exil.

On ne s’en rend pas tout de suite compte, mais toutes ces petites histoires sont cruelles, sans pour autant qu’il y ait des détails glauque, mais on comprend très vite le sort réservé à certains membres du personnel qui était dans l’entourage de l’impératrice, ainsi que d’autres détails sur la méchanceté des gens et sur le fait que In-yo ait plus été une femme utilisée pour obtenir un enfant et sceller une union avec les peuples du Nord.

Bref, tout comme dans la vie réelle, on assistera à des mesquineries, des bassesses, de la méchanceté gratuite, mais aussi à des complots, des trahisons, à des stratégies, et si toutes ces petites histoires, de prime abord, n’ont pas l’air d’être narrées dans leur chronologie, on se rend compte, finalement, qu’on a eu droit à beaucoup de petits secrets d’alcôve, le tout raconté sans avoir l’air de les divulguer.

La narration se fait tout en finesse, c’est assez rapide, en 120 pages, difficile de nous ensevelir sous une montagne de détails, mais l’autrice en dit assez pour que l’on puisse se faire une représentation de son univers, de percevoir le tout de manière claire et limpide, et de comprendre le tout une fois arrivé au bout de ce premier tome.

C’est un récit très court, assez déstabilisant lorsqu’on entre dedans (enfin, pour moi), mais qui se met assez vite en place et en divulgue assez pour que l’on ait envie de poursuivre notre lecture du récit de Lapin, récit qui se fera tout en finesse, sans nous épargner les bassesses de la vie, mais sans s’appesantir dessus.

En tout cas, ce premier opus m’a donné envie de lire les quatre autres !

An American Year

Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°48.

Orcs & Gobelins – 22 – Guerres d’Arran – Viande morte : Olivier Peru et Alexis Sentenac

Titre : Orcs & Gobelins – 22 – Guerres d’Arran – Viande morte

Scénariste : Olivier Peru
Dessinateur : Alexis Sentenac

Édition : Soleil (23/08/2023)

Résumé :
Reka’a, jeune gobeline, survit au côté de son grand-père dans un camp d’extermination où l’on tue du cul vert par la faim et le travail forcé.

Accrochée à sa colère, cette viande morte privée d’espoir ne parvient pas à se rebeller contre la barbarie des hommes. Mais la tempête gronde dans le cœur d’une prisonnière que rien ne prédispose à un grand combat… Reka’a, un petit morceau de Viande Morte.

Critique :
La tête de la créature, sur la couverture, m’avait fait hésiter à acheter ce nouvel album… Avec sa tronche aux faux airs d’Alien, j’ai eu peur de me retrouver devant un tome sans profondeur.

De la profondeur, on en a, vu que l’on descend dans des mines… Ok, jeu de mot foireux, je sors.

Trêve de connerie, c’est encore un foutu excellent album… Un album qui m’a pris aux tripes, même.

Pourquoi ? Parce que nos culs verts, les Orcs et les Gobelins, sont prisonniers dans un camp de travail qui a des airs de ressemblance avec les terribles goulags ou autre camps de concentration. Ici, on les extermine par le travail dur, les rations de bouffe faible ou en les massacrant par plaisir, avec des arcs et des flèches.

Ce qui m’a pris aux tripes, c’est de voir ces fiers guerriers Orcs, ces masses de muscles, apathiques, faibles, qui ne savent même pas se révolter, se soulever, tenus en laisse qu’ils sont par des drogues, par la faim et par la résignation.

Ça, c’est le plus terrible : on se résigne, on attend la mort, on n’est bon à rien. Les gardiens les traitent comme de la vermine à exterminer et ça rappelle toujours les pages les plus sombres de l’Histoire humaine.

J’aime lorsque la série des Orcs & Gobelins met des femmes à l’honneur. C’est une fois de plus le cas dans ce nouveau tome : Reka’a est une jeune Gobeline que j’ai adorée.

Non, elle n’est pas plus courageuse que les autres, non, elle n’est pas plus vindicative, elle essaie juste de survivre et d’aider son grand-père à ne pas mourir. C’est sa rencontre avec une créature qui va l’aider à dresser le poing en l’air. Malgré tout, elle gardera son humanité et évitera de tuer les gens qu’il ne faut pas.

Un excellent tome qui, pour une fois, met les culs vert en situation d’esclavage, ce qu’on n’avait pas l’habitude de voir dans cette saga. La guerre avec les Hums est déclarée (par les Hums, bien entendu, autrement dit, les Hommes), les rois humains veulent exterminer tout ce qui n’est pas humain, considérant les anciennes races comme des saloperies à massacrer allégrement.

Des émotions, de la psychologie, un brin d’humanité, des violences, des pauvres Orcs réduits à l’impuissance, des esclaves verts vidés de tout, qui se sont résignés et qui attendent la mort, presque avec soulagement. Bref, un putain d’album excellentissime.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°047].

Le livre des Terres Bannies – 02 – Bravoure : John Gwynne

Titre : Le livre des Terres Bannies – 02 – Bravoure

Auteur : John Gwynne
Édition : Leha (2023) – 664 pages
Édition Originale : The Faithful and the Fallen, book 2: Valour (2014)
Traduction : Thomas Bauduret

Résumé :
Après la chute de Dun Carreg, Corban, sa mère Gwenith, leurs amis et la princesse Edana sont en fuite. Les fuyards se rendent vers l’est, mais il n’y a plus de refuge alors que les troupes de la reine Rhin sont partout…

Nathair, champion du dieu Elyon dans la conflagration à venir, toujours accompagné de Veradis, son guerrier fidèle, se mêle à la guerre de conquête que mène Rhin. Mais ses idéaux le conduiront sur un chemin douloureux…

Maquin cherche à venger le jeune Kastell, qu’il était censé protéger, mais sa quête l’amènera à croiser la route des terribles Vin Thaluns, corsaires esclavagistes et adeptes des combats d’arène.

Sa soif de justice suffira-t-elle à le garder en vie ? Alors que la Guerre des Dieux devient une réalité, tous devront combattre, il faudra juste choisir son camp…

Critique :
Ce deuxième tome se dévore plus vite que le premier qui lui, avait la charge de présenter les personnages, de mettre un univers en place et de lancer l’intrigue, sans se précipiter, ce qui avait rendu son début assez long.

N’ayant pas attendu trop longtemps entre les deux tomes, les noms des multiples personnages étaient encore frais dans ma mémoire (hormis quelques uns, oubliés et des p’tits nouveaux que j’ai découvert, mais le récap en début de roman est là pour se remettre à jour), ce qui a donné une lecture bien plus rapide.

Nos amis sont toujours en fuite… Et ce ne sera pas une promenade de santé. Ils affronteront des dangers, des guerriers et perdront des membres de leur troupe (snif).

Comme dans le premier tome, l’auteur donnera le point de vue de beaucoup de personnages, à la manière de G.R.R Martin dans « Le Trône De Fer ». L’avantage est que l’on suit l’action de manière linéaire et que l’on peut se faire une meilleure idée sur les nombreux personnages. Last but not least, aucun personnage n’est chiant à suivre !

Même les personnages secondaires peuvent avoir un grand rôle et être mis dans des situations très difficiles, notamment Maquin, à tel point que j’avais grande envie de retrouver son récit. L’auteur a donné de la profondeur à Maquin et des belles réflexions.

Dans ce tome qui est un peu celui de la transition, Corban apprend la vérité à son sujet et comme un Garion en son temps, dans une autre saga, il s’est demandé « Pourquoi moi ? ». Je peux le comprendre, il a pensé que ceux qui le désignaient comme étant l’avatar d’Elyon, le dieu du côté du bien, étaient fous à lier.

Ce qui est intelligent, pour le moment, c’est que tout le monde a l’impression d’œuvrer pour le bien, pour Elyon, et non pour Asroth, le Porteur de Lumière (Lucifer), la version du Diable et du Mal dans cette saga. Pourtant, il ne peut y avoir qu’un seul avatar pour représenter le bien, ce qui fait que Nathair, l’auteur avatar, ne sait pas encore qu’il est celui du mal.

Faire le bien n’est pas évident et dans cette saga, personne ne se comporte en Gandhi, chantre de la non-violence. Tout le monde sort les épées, les haches, se massacrent, se mutilent, au nom de leurs rois respectifs (ou de leur reine)…

Drôle de manière de faire le bien, mais quand on est persuadé de lutter pour éradiquer le mal, fatalement, on se pose moins de question (on le voit dans l’actualité avec la guerre, heu, les manœuvres militaires en Ukraine). Tiens, à la place de Nathair, je me serais posée des questions quant au bienfait d’un parricide pour faire le Bien.

Dans ce deuxième tome, on a avancé, mais il a tout de même fallu plus de 600 pages pour déplacer les personnages d’un côté à l’autre, les rassembler, les mettre en place, leur faire vivre des aventures…

Les chapitres sont nombreux, mais très courts, ce qui donne du rythme, mais coupe trop souvent l’action et fait parfois perdre pied, en raison de tous les personnages qui gravitent dans le récit. Il m’a parfois fallu faire appel à ma mémoire pour me remémorer ce que faisait tel personnage avant que le chapitre ne se termine sur un cliffhanger et qu’un autre ne commence avec un autre.

Oui, 664 pages, ça pourrait faire long, mais je n’ai pas vraiment ressentit le pavé. C’est assez rythmé, on a de l’action, des combats, des batailles, des jeux de pouvoirs, des ruses…

Par contre, il m’a semblé que les personnages s’affadissaient, devenaient plus transparents, sans consistance, comme si entre deux tomes, ils avaient perdu leur essence (hormis Maquin, Rhin et Veradis). J’espère que dans le tome 3, ils retrouveront leur étoffe et tout ce qui faisait leur profondeur, méchants ou gentils.

C’est bien de donner de la visibilité à des personnages secondaires, mais il ne faudrait pas en oublier les principaux. Ils doivent continuer d’évoluer et ne pas perdre de l’épaisseur en route.

Un bon deuxième tome, qui est celui des transitions, qui posent les fondations, avant, j’imagine, que les romains ne s’empoignent dans les tomes suivants (pas encore traduits, merde).

Un roman qu’il vaut mieux lire de manière soutenue, afin de bien restée immergée dedans (ce que j’ai fait en trois jours).

PS : dans ce deuxième tome, l’auteur a encore abusé du verbe « Feuler ». Tout le monde a feulé, les femmes, les hommes, les guerriers, les vieux, les chiens, les lupens… J’ai été étonnée que les chevaux ne le fissent pas (MDR). C’est lourd, surtout que ce verbe est parfois présent à tous les paragraphes. Un dictionnaire de synonymes aurait fait du bien pour ce verbe mis à toutes les sauces.

#Pavés de l’été

Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Les épées de la nuit et du jour – Drenaï 11 : David Gemmell

Titre : Les épées de la nuit et du jour – Drenaï 11

Auteur : David Gemmell
Édition : Milady (2013) / Bragelonne Fantasy (2019) – 600 pages
Édition Originale : The Swords Of Night And Day (2004)
Traduction : Rosalie Guillaume

Résumé :
Mille ans après leur mort, Druss et Skilgannon le Damné sont vénérés comme des héros par le peuple drenaï, frappé par la guerre et les maléfices de l’Éternelle.

Or, une ancienne prophétie annonçait le retour d’un héros de légende vers son peuple en son heure la plus sombre, et le sorcier Landis Khan a décidé de la réaliser. Il a trouvé la tombe de Skilgannon et l’a ressuscité.

Mais cet homme est perdu dans ce monde étrange, séparé de tout ce qu’il connaissait. Enfin, de presque tout. Car Khan avait tenté un premier rituel et ramené un grand gars taciturne qui fait office de simple bûcheron dans la forêt. Un gars qui ressemble étrangement à un certain porteur de hache que Skilgannon connut autrefois…

Critique :
Fin du cycle Drenaï, avec ce dernier roman qu’il me restait à lire. Honte à moi d’avoir mis si longtemps à terminer cette formidable saga.

Druss La Légende et Skilgannon le Damné sont morts depuis mille ans… Oui, ça fait un sacré bail !

Après le Club des Cinq, voici donc les aventures du Club des Ressuscités ! Non pas trois jours après, conformément aux écritures, non pas après trois années de Grand Hiatus, mais après un millénaire. J-C et Holmes peuvent aller se rhabiller !

Tu étais décédé et te revoilà revenu dans le monde, 1000 ans après. Heureusement, pas de nouvelles technologies, juste des peuples qui se sont éteints, le pouvoir qui a changé de main et toujours de la haine, des guerres, de la jalousie, de l’envie… ♫ Non, non, rien n’a changé ♪

Dans ce dernier tome, la science sans conscience est de sortie, certains ont joué aux apprentis sorciers, au docteur Frankenstein (non conventionné) et à l’aide des os des morts, leur ont offert une nouvelle vie. Bon, après, faut pas oublier d’aller récupérer l’âme du décédé et là, c’est un autre problème.

David Gemmel reprend sa recette qui fonctionne toujours, utilise ses ingrédients habituels et offre à ses lecteurs une fin de cycle superbe, avec des émotions, du rire, des combats, de la bravoure et du sang. Ça pourrait sembler un peu bourrin, mais ça ne l’est pas (j’vous jure !) et j’ai kiffé ma lecture.

Dans les univers de l’auteur, comme souvent, un des personnages, un petit être insignifiant, peureux et couillon (il a dû faire de nombreuses traces de freinage quand il était poursuivis par des Jiamads), a réussi à se trouver du courage. Mis au pied du mur, il a eu ce grain de folie qui a changé sa vie.

Ce sont ces personnages insignifiants qui apportent toujours un truc en plus au récit, notamment des émotions. Un couillon qui se dresse devant plus fort que lui ou devant l’injustice, c’est toujours beau à voir.

L’auteur évite le manichéisme dans la construction de ses personnages. Les Méchants sont ambivalents, L’Éternelle n’est pas devenue dictatrice du jour au lendemain et les autres ne sont pas nés méchants. Les Gentils ont leur défauts, Skilgannon a massacré une cité.

Quant aux sans grade, ils ne sont pas là pour faire mumuse et occuper de l’espace. Ils auront un rôle à jouer et pourront être des héros eux aussi. Les Bêtes, elles, seront parfois plus humaines que l’Homme (qui les a asservies), devenu une bête sanguinaire avec son épée. Une scène forte que celle-là.

Dans ce dernier roman (il vaut mieux avoir lu les précédents et dans l’ordre), pas de rythme endiablé, pas de combats toutes les dix pages. L’auteur prend le temps de mettre en place son univers, ses personnages, de leur donner de la profondeur, de nous exposer leurs motivations, tout en faisant circuler tout le monde et en donnant la parole à plusieurs d’entre eux. Et aucun ne sera ennuyeux !

Le combat final est monumental, sans l’être trop, l’équilibre étant atteint puisque cela ne devient jamais grotesque ou surjoué. Gemmell évite aussi l’écueil du final foiré parce que trop long ou trop court. Juste la bonne longueur, avec quelques surprises et une fin digne d’un long cycle peuplé de batailles et de guerres. Dans ses univers, l’Homme ne vaut pas mieux que ceux peuplant la Terre.

Un excellent tome, un dernier coup pour la route, un dernier roman pour clore cette saga monumentale qui sera intéressante de relire un jour (notamment les tomes consacrés à Druss la Légende). De la toute bonne fantasy !

Il ne me reste plus que 4 romans à lire de cet auteur que j’aimais bien et qui nous a quitté trop tôt.

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Le livre des Terres Bannies – 01 – Malice : John Gwynne

Titre : Le livre des Terres Bannies – 01 – Malice

Auteur : John Gwynne
Édition : Leha (26/08/2022) – 639 pages
Édition Originale : The Faithful and the Fallen, book 1: Malice (2012)
Traduction : Thomas Bauduret

Résumé :
Il y a bien longtemps que les humains sont arrivés sur les Terres Bannies, qu’ils ont disputées victorieusement aux clans de géants qui les peuplaient. Des terres que l’affrontement entre les dieux antagonistes Asroth et Elyon a bien failli détruire.

Aussi, quand cette guerre larvée menace d’éclater à nouveau, bien des destins vont se trouver bouleversés. A commencer par celui du jeune Corban, qui aspire à manier l’épée et la lance pour protéger son royaume et va devoir mettre son courage à l’épreuve bien plus vite que prévu.

Mais la prophétie indique que l’obscurité et la lumière exigeront deux champions, le Soleil Noir et l’Etoile Vive. Il serait sage de rechercher les deux, car si le Soleil Noir prend l’ascendant, les espoirs et les rêves de l’humanité tomberont en poussière. Sauf que personne ne sait qui ils sont, à commencer par eux-mêmes.

Alors que les géants s’agitent de nouveau et que le chaos semble sur le point de s’abattre sur les Terres Bannies, le Haut Roi Aquilus tente de former une alliance avec les autres souverains pour sauver le monde des humains.

Mais tous ses alliés n’ont pas la même vision de l’avenir…

Critique :
La superbe couverture m’avait fait de l’œil dans un article chez L’ours Inculte et cela m’a donné envie de découvrir ce roman de fantasy (et de commencer une nouvelle saga alors que je n’ai pas terminé les autres).

Effectivement, comme souligné dans son article (chez L’ours), nous sommes dans de la fantasy classique de chez classique avec une prophétie apocalyptique, un ennemi commun qui va pousser des rois à s’unir pour sans doute aller vers un combat du Bien contre le Mal, puisqu’un dieu déchu, Asroth, veut tout casser.

Et comme dans toute bonne fantasy qui se respecte, le champion du Bien sera sans aucun doute un jeune garçon qui pourra, à l’instar de Garion dans la Belgariade, répéter « Pourquoi moi ? ».

Loupé, Corban, un jeune garçon qui, comme Harry Potter, se fait emmerder par son Drago Malfoy personnel (Rafe), accompagné de ses Crabb et Goyle, ne nous baratinera pas avec cette question, mais d’après Brina, la guérisseuse, il pose sans arrêt des questions… Corban est un personnage que j’ai apprécié.

Au début, j’ai eu un peu de mal : l’univers était fort riche, il ne se passait pas grand-chose, mais je me suis accrochée, me disant qu’en étant patiente, ça allait arriver. Et, sans même que je m’en rende compte, je me suis coulée aisément dans ce nouvel univers, découvrant ses multiples personnages au travers de leur point de vue.

Oui, comme dans les romans de George R.R. Martin (Game of thrones), chaque personnage aura des chapitres qui lui sont consacrés, ce qui permettra de donner une meilleure vue d’ensemble de tout ce qui se passe dans le royaume.

A contrario, cela m’a parfois fait perdre les pédales quand des chapitres, se terminant sur un cliffhanger (comme souvent !), revenait a la chute plusieurs chapitres après afin de nous donner la suite (j’ai parfois dû mouliner pour retrouver le contexte). Mais au moins, pas de narrateur moins intéressant dans tout ce petit lot ! Et ça, c’est super !

On pourrait se demander quel est l’intérêt d’écrire un roman de fantasy à l’univers aussi classique, aussi déjà-vu (et déjà-lu), aussi éculé et encore plus, quel est l’intérêt de le lire, surtout si on n’est pas vierge de fantasy ou d’heroic fantasy, et que, ce de fait, on sait que l’on ne trouvera rien de neuf sous le soleil ?

Tout d’abord, parce que tout, quasi, a déjà été écrit… De plus, je dirais que ce premier tome de cette saga (qui en comportera 4) vaut par la richesse de ses personnages, dont les portraits sont bien esquissés, riches et que, malgré cette profusion de personnages, il est difficile de les mélanger ou d’y perdre son latin.

L’auteur a donné de la profondeur à ses personnages, même les méchants, hormis pour ces crétins de Malfoy et compagnie. Oups, ce crétin de Rafe et de ses potes, sauf deux qui après, auront un sursaut d’intelligence et comprendrons que le harcèlement envers Corban va trop loin. Pas trop de manichéisme, mais des belles nuances de gris. Bien souvent, on fait le mal en pensant faire le bien.

Sinon, j’ai tout de même eu quelques petites surprises avec des personnages qui sont allés là où je ne les attendais pas, même si, pour certains, j’avais compris qu’ils nous cachaient des choses.

Dans son univers, l’auteur a réussi à ne pas mettre tout les ingrédients de la fantasy, ce qui fait que vous ne trouverez pas d’elfes, d’orcs ou de dragons. Mais bien des draigs, des vurm et des lupens. Autrement dit, des lézards, des serpents et des loups assez grands.

Son monde est bien construit, sans qu’il en fasse des tonnes dans des descriptions qui deviendraient vite barbantes. Les décors sont juste là pour servir les personnages, parce que dans le fond, ce sont eux les plus importants, même si l’univers entre lui aussi en ligne de compte (mais moins).

Les seconds rôles ne seront pas oubliés, même les plus insignifiants, tous auront, à un moment ou à un autre, un rôle à jouer. Les personnages évoluent, mais jamais trop vite. Faut passer par les cases apprentissage, mal partout, difficultés, déception, envie de tout envoyer balader, comme IRL.

On a du rythme dans le récit, sans pour autant mettre le turbo. Un bel équilibre entre scènes de vie et les batailles, les escarmouches, les combats, bien que les 640 pages se lisent moins vite qu’un 700 pages chez Gemmell.

Non, je ne ferai pas trop la fine bouche parce que j’ai apprécié cette lecture, même si j’aurais aimé un peu plus d’émotions ou de belles phrases dites par les personnages (sorry, je sors de deux pavés de David Gemmell, je suis conditionnée).

Puisque j’ai aimé cette lecture, je poursuivrai avec le deuxième tome traduit (croisons les doigts qu’ils traduisent les autres) et ce, avec plaisir, même si l’on est dans de l’ultra classique.

De toute façon, l’univers fantasy ne fait qu’utiliser les codes médiévaux (ou des vikings, des celtes,…) et dans tous les univers, les êtres humains ne changent pas, ils sont toujours gouvernés par l’envie, la jalousie, la colère, la haine, le dépit, la vengeance, l’envie d’être calife à la place du calife…

Le genre humain ne change pas et les auteurs de fantasy savent très bien jouer avec nos défauts et nos qualités.

De la fantasy classique, qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui est de la bonne fantasy, sans aucun doute, malgré un début un peu poussif.

PS1 : dans ce récit, les Hommes ne crient pas, ne hurlent pas, ne gueulent pas, non, ils feulent ! Si j’avais eu 5€ à chaque fois que le verbe est utilisé, je serais riche ! Dommage que de ce point de vue là, il n’y ait pas eu une plus belle richesse de verbes.

PS2 : bizarrement, j’ai imaginé le prince Nathair avec la tête d’Arthur (Bradley James), le personnage du roi Arthur de la série Merlin. Même en sachant que Nathair était noir de cheveux, avec des boucles, pas moyen de le voir autrement qu’avec ce visage ! Je l’ai donc laissé ainsi et ça lui allait bien.

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Rigante – 04 – Le cavalier de l’orage : David Gemmell

Titre : Rigante – 04 – Le cavalier de l’orage

Auteur : David Gemmell
Édition : France Loisirs Fantasy (2014) – 752 pages
Édition Originale : Stormrider (2002)
Traduction : Alain Névant

Résumé :
Les Rigantes sont un peuple conquis. Le terrible Moïdart règne d’une main de fer sur le pays ; il n’y a que dans les territoires du nord que les clans profitent encore d’un semblant de liberté.

Car dans les montagnes de Druagh se trouve la forteresse du chef rebelle, Cœur de Corbeau. Jour après jour, celui-ci attend que l’armée varlishe, sous la férule du Cavalier de l’Orage, le propre fils du Moïdart, vienne l’attaquer. L’issue semble inévitable…

Or, ni le Cœur de Corbeau ni le Cavalier de l’Orage ne se doutent que la sauvegarde du monde repose en fait entre leurs mains. Mais si les deux hommes sont destinés à devenir des héros, l’un des deux est malheureusement condamné.

Car un secret perdu dans la nuit des temps est revenu hanter ces deux guerriers : ils doivent affronter la vengeance d’un mal ancestral, assoiffé de sang…

Critique :
Terminé de laisser autant de temps entre deux romans d’une même saga de David Gemmell ! Je l’ai fait trop souvent et je m’en suis toujours mordue les doigts.

J’ai donc replongé très vite dans cet univers d’heroïc fantasy, dans ce monde médiéval qui ressemble furieusement à l’Écosse, colonisée par les Anglais, afin de clore cette saga dont j’avais commencé la lecture en 2006 (shame on me).

Mes craintes étaient infondées : non seulement, le dernier tome de la saga n’est pas loupé, n’est pas inférieur aux autres, mais en plus, les deux derniers tomes, qui se déroulent 800 ans après les deux premiers, sont de très bonne facture eux aussi.

Oui, David Gemmell fait du Gemmell : il utilise toujours les mêmes ingrédients, les mêmes préparations dans ses livres (à peu de choses près), mais quand on tient une recette qui fonctionne, pourquoi ne pas la décliner à l’envi ?

Avec Gemmell, on a un univers bien détaillé, autant dans ses décors que dans ses politiques, ses jeux de pouvoir, ses batailles. Les personnages ne manquent jamais de profondeur et on est souvent ému par des personnages secondaires, des sans-grade, des insignifiants que l’on n’avait pas apprécié.

Je me suis surprise à être plus émue de la mort d’un voleur de bétail bougon, grognon, qui ne voulait pas aider les autres, pas se mêler des leurs histoires, même si leurs vies étaient en danger et qui, de manière inattendue, a eu plus de courage que bien d’autres. Il cachait bien son jeu, notre voleur.

L’auteur a ce talent de pouvoir donner de la profondeur ou un soupçon d’humanité à des personnages qui sont abjects ou froid et de faire passer des personnages sympas du côté obscur de la Force… Les guerres ne rendent pas les gens humains, que du contraire et Gaise Macon (non, pas de R) va le comprendre en se comportant comme le tyran qui les attaque.

Ce dernier tome possède plus de rythme que le troisième, on a des batailles, des escarmouches, du sang et des associations de peuple qu’on n’aurait jamais cru possibles.

Le peuple Rigante est sous la coupe des Varlishes depuis longtemps, les colonisateurs envahisseurs leur ont tout pris, retiré tous leurs droits, les ont traité comme de la merde collée sous leurs chaussures, mais quand un ennemi plus terrible encore se lève, il faut parfois s’associer avec le cafard Varlishe et mourir à ses côtés en défendant sa terre…

Ce quatrième roman se lit avec avidité, plaisir, crainte aussi, parce que l’on a peur de ce qu’il se passera si le terrible Kranos arrive à ses fins. Et justement, la fin justifie-t-elle les moyens ? Peut-on laisser mourir quelques uns pour protéger une multitude ?

L’auteur, dans son récit, soulèvera quelques points de morale, de conscience et ses mots étaient terriblement justes. On y adhère ou pas, mais c’est sa philosophie.

On tremble pour les personnages que l’on aime le plus et l’on vibre à leurs côtés. Le côté magique n’est jamais exagéré et l’on pourrait se croire en train de lire une page de l’Histoire des Highlanders, face à un envahisseur colonisateur.

Anybref, c’est de la bonne fantasy, qui reprend tous les codes habituels, mis à la sauce Gemmell, qui était un très bon cuisinier, même s’il ne variait pas souvent ses recettes. Elles ont toujours été à mon goût et j’ai toujours pris plaisir d’ouvrir un de ses romans, même si j’avais mis un peu de côté ce genre (la fantasy et l’héroïc fantasy). Une faute impardonnable.

C’est avec regrets que je quitte les terres des Rigantes et tous ces personnages que j’appréciais.

PS : existe aussi en éditions chez Bragelonne Poche (600 pages).

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Conte de fées : Stephen King

Titre : Conte de fées

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (12/04/2023) – 736 pages
Édition Originale : Fairy Tale (2022)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
Charlie Reade ressemble à un lycéen ordinaire, sportif et bon élève. Mais il porte un lourd fardeau : sa mère a été tuée dans un accident avec délit de fuite quand il avait dix ans, et le chagrin a poussé son père à boire. Charlie a appris à en prendre soin.

À dix-sept ans, Charlie fait la connaissance d’un chien, Radar, et de son maître vieillissant, Howard Bowditch, un reclus qui vit dans une grande maison au sommet d’une colline, avec une remise fermée à clé dans le jardin, de laquelle des sons étranges sortent parfois…

Critique :
Dans le nouveau roman du King, nous allons d’abord croiser la route d’un monstre terrible : l’alcoolisme. Le genre de saloperie qui, une fois qu’il vous tient, tel une pieuvre, ne vous lâches plus.

On sent que l’auteur parle de vécu, quand le père de Charlie Reade se débat avec l’alcool.

Le début du roman commence lentement, il place les décors, les personnages et c’est avec plaisir que je me suis plongée dans ce nouveau roman du King.

Par l’amitié qui va se développer entre Charlie, jeune garçon de 17 ans et le misanthrope Howard Bowditch, j’ai pensé à la nouvelle « Le téléphone de Mr Harrigan » (Si ça saigne). Et puis, il y a Radar, la chienne.

Les deux cent premières pages de ce roman fantastique sont d’une facture classique, même si le King est toujours le meilleur pour sublimer l’adolescence et les relations entre un vieux très acariâtre, super ronchon, très asocial et un jeune garçon qui lui donne un coup de main. Là, il est toujours le maître absolu. Je n’ai pas vu le temps passer.

C’est Charlie qui sera le narrateur et je préfère nettement le narrateur omniscient, car Charlie, en racontant ses aventures, est parfois bien trop bavard ! Pas besoin de nous annoncer, bien avant que ça n’arrive, que Untel va mourir avant Machin ou d’autres détails qui cassent le suspense, puisqu’il n’y a plus de surprise.

Lorsque le côté fantastique entre en jeux, avec un subtil mélange de fantasy, c’est amené de telle manière que l’on est embarqué tout de suite. Le monde du King est réaliste, tangible et sent bon l’univers de contes de fées de notre enfance, même si c’est Charlie qui fait les rapprochements entre le monde d’Empis et nos contes à nous.

Pour les connaisseurs, le monde d’Empis n’est pas non plus celui de la série « Fables » du duo Bill Willingham et Mark Buckingham. Il y a quelques similitudes avec les contes de fées habituels, mais pas au point de l’univers de cette série de comics (excellente, entre nous).

Le monde décrit par l’auteur est un monde tyrannique, dans lequel règne un despote et où les habitants se meurent peu à peu. On n’est pas dans le monde des contes revisités à la Disney. C’est un monde devenu violent où les vies ne valent rien.

Une fois de plus, Stephen King est efficace, il maîtrise son nouveau monde, il maîtrise ses personnages, son histoire et met tout en œuvre pour nous plonger dans son conte de fées à lui. Voyage réussi, même si j’ai trouvé quelques longueurs durant certains passages et trop de rapidité dans un autre. Bémols minuscules.

Un voyage réussi, un voyage dans un autre monde, un voyage où Charlie va devoir grandir (il n’a que 17 ans) et tenter d’agir pour aider les gens, ce qui n’est pas toujours facile (il est plus facile de foutre le camp). C’est aussi une belle histoire d’amitié entre un vieil homme, un jeune homme et avec la chienne Radar (que l’on adore aussi).

Puisse le King encore pouvoir nous offrir de tels romans durant encore de nombreuses années. Dommage qu’on ne puisse pas à le mettre sur le cadran magique…

Même si ce roman n’entrera pas dans mes préférés (indétrônables), il n’en reste pas moins un super roman fantastique & fantasy, avec une quête à réaliser. Bref, c’est réussi.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°005] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.