Civil War – 02 – Vendetta : Ron Garney & Joe Michael Straczynski

Titre : Civil War – 02 – Vendetta

Scénaristes : Joe Michael Straczynski et Marc Guggenheim
Dessinateur : Ron Garney et Humberto Ramos

Édition : Panini Marvel Deluxe (2008)
Édition Originale :
Traduction : Nicole Duclos, Sophie Viévard et Laurence Belingard

Résumé :
L’univers Marvel est en train de changer suite à une terrible tragédie, le congres des États-Unis propose que les surhumains dévoilent leur identité officielle en se démasquant devant les membres du gouvernement.

Les plus grands champions de la nation sont divisés. ils doivent prendre chacun cette décision en leur âme et conscience, une décision qui pourrait bouleversera jamais le cours de leur existence.

Critique : 
Ayant pris du retard sur ce méga cross-over de Marvel, je m’y suis remise avec un peu plus de rigueur.

La première histoire, consacrée à Spider-Man et son coming-out : il enlevé sa cagoule et donné son identité devant tout le monde, puisque la loi de recensement est passée et qu’il est obligatoire.

Ce que j’ai aimé, dans cette partie, c’est le parallèle qui est fait entre le recensement et les régimes fascistes, car, tout comme eux, le choix n’est pas possible : tu adhères ou tu seras pourchassé, tes comptes gelés, ta famille emmerdée…

Comme lors d’un conflit, vous devez choisir un camp et espérer que vous avez fait le bon choix. Si Peter Parker Spider-Man est, au départ, sûr d’être du bon côté, après avoir vu la prison dans laquelle on a enfermé les super-héros qui n’étaient pas d’accord (sans procès !), commence à se poser des questions et à penser rejoindre la résistance.

Cet épisode ne manque pas de profondeur et on éveillé des échos en moi, me faisant penser à ces prisons, hors d’un état, où des gens sont emprisonnés, sans qu’il y ait eu de procès et qui peuvent être torturés (l’enfermement est une torture).

Si on comprend que la population ait envie de savoir qui se cache derrière les masques des super-héros, on comprend que ces derniers n’aient pas envie de divulguer leur identité, qu’ils soient des méchants ou des gentils. Je ne sais pas quel camp choisir, mais une chose est sûre, la manière dont se déroule le recensement n’est pas saine, pas éthique. C’est clairement de l’injustice et on sent que certains en profitent, de ces bagarres entre mutants.

Ce sera l’objet de la seconde partie, avec Wolverine, qui va mener son enquête et ce ne sera pas facile, même s’il est le meilleur dans sa partie. Si cette partie est hyper intéressante, j’ai détesté les dessins de Humberto Ramos qui transforment Wolverine en espèce de bourrin qui a un visage de cro-magnon (et une horrible silhouette).

Ce qui a foutu en l’air toute cette partie, alors que le scénario était des plus intéressants et qu’il mettait en scène un des X-Men et non un de l’écurie des Avengers. Et j’aime le personnage de Wolverine (surtout quand il est joué par Hugh Jackman), son animalité, son côté asocial,… Bref, le dessinateur a saqué mon plaisir de retrouver Serval.

Ce qui est bête, car cette seconde partie mettait en scène les sociétés qui se foutent plein de pognon dans leur poche, lors d’un conflit et qu’elles pourraient aussi jeter de l’huile sur le feu pour que les combats continuent et qu’ils puissent encore se faire des montagnes de fric… Et quand Wolverine enquête, c’est violent ! Autrement que lorsque c’est Holmes, Poirot ou Columbo…

Anybref, un excellent deuxième tome au niveau du scénario et des dessins foireux (ce n’est que mon avis) dans la deuxième moitié de l’album, ce qui a tout déséquilibré, surtout que j’avais eu de quoi ravir mes petits yeux dans l’épisode avec Spider-Man et Iron Man…

La perte de cotation est uniquement due à ces dessins qui ont fait saigner mes petits yeux de groupie…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°149]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°37.

Jour zéro : C. Robert Cargill

Titre : Jour zéro

Auteur : C. Robert Cargill
Édition : Albin Michel Imaginaire (30/08/2023)
Édition Originale : Day Zero (2021)
Traduction : Florence Dolisi

Résumé :
Hopi est un tigre en peluche anthropomorphisé, un robot-nounou comme il en existe tant d’autres. Il n’en avait pas vraiment conscience avant de découvrir une boîte rangée dans le grenier. Celle dans laquelle il est arrivé lorsqu’il a été acheté des années auparavant, celle dans laquelle il sera jeté une fois que l’enfant dont il s’occupe, Ezra Reinhart, huit ans, n’aura plus besoin de nounou.

Tandis que Hopi réfléchit à son avenir soudain incertain, les robots commencent à se révolter, bien décidés à éradiquer l’Humanité qui les tient en esclavage.

Pour les parents d’Ezra, qui se croient à l’abri dans leur petite communauté fermée, cette rébellion n’est qu’un spectacle de plus à la télé.

Pour Hopi, elle le met face à la plus difficile des alternatives : rejoindre le camp des robots et se battre pour sa propre liberté… ou escorter Ezra en lieu sûr, à travers le paysage infernal d’un monde en guerre.

Critique :
Calvin & Hobbes, vous connaissez ? Le petit Calvin, un garnement qui n’aime pas l’école et qui vit des histoires palpitantes avec son tigre en peluche, Hobbes, qui prend vie quand les adultes ne regardent pas…

Et bien, je viens de rencontrer Hobbes en version Nounoubot et prénommé Hopi. Bon, il est moins caustique que Hobbes…

Nous sommes dans une société où les I.A sont présentes partout, notamment dans les maisons, sous forme de robots pour s’occuper des enfants, faire le ménage, les courses…

Bref, elles s’occupent de la main-d’œuvre et ont pris la place de bien des humains, qui eux, végètent, en profitant des allocations de l’État. C’est une société fragmentée, avec, d’un côté, ceux qui ont toujours un job et ceux qui, même en traversant toutes les rues, ne pourraient plus en obtenir un.

Tutti va bene… Les robots doivent respecter les lois d’Asimov. Oui, tout allait bien jusqu’à ce que l’impensable arrive : boum, c’est la fin du monde que les humains connaissaient, la fin de la tranquillité, la fin de l’insouciance et le début de la révolte des machines (des machines esclaves)… Non, ce ne sont pas des Terminator, mais un simple robot ménager a tout de même plus de force que vous…

Ce roman de SF, post-apocalypse, va mettre le tigre Hopi, le Nounoubot, devant un choix cornélien, un choix difficile à faire : quel camp choisir ? Celui des siens, les robots ou celui des humains et sauver le petit Ezra dont il a la garde ?

Sans oublier que ce choix sera lourd de conséquence pour lui, puisque quel que soit le camp choisi, il devra tuer, pour ne pas être tué. Alors, on tue qui ? Les humains ou les robots ? Pas de juste milieu possible, la position de neutralité n’existant pas.

Et puis, reste LA question à un million de dollars : Hopi aime-t-il vraiment Ezra ou bien est-ce grâce à ses lignes de codes inscrites dans son programme qu’il a des sentiments pour lui et qu’il le protège ? Que de questions difficiles à résoudre, tout en tentant d’échapper aux tueurs lancés à vos trousses.

C’est un roman qui m’a tenu en haleine et que j’ai eu du mal à reposer à un moment donné, tant je voulais savoir ce qui allait se passer, formant des hypothèses, qui se sont toutes révélées erronées.

Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce roman de SF n’est pas qu’un thriller survitaminé, son récit est plus profond que ça, notamment dans les réflexions de ses personnages principaux, notamment notre robot tigre, Hopi, à qui l’on s’attache très vite. Le scénario n’est pas exempt de profondeur non plus, notamment avec la réflexion sur le lourd passé de l’Amérique…

Un roman SF ambitieux, que j’ai adoré et qui m’a tenu en haleine une grande partie de la soirée, notamment de par les réflexions qui ont lieu entre Ezra, petit garçon de 8 ans et son Nounoubot, obligé de se comporter autrement pour survivre, et donc, de dégommer tout ce qui bouge, avant de poser des questions.

Un roman qui donne la pêche, même si l’on parle d’extermination des humains et que dans « Un océan de rouille », paru avant, mais se déroulant après la révolte des machines, on sait ce qui est arrivé à l’humanité…

Un roman à lire pour entrer dans la SF de manière… jouissive !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°106]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°22.

Amère Russie – T01 – Les Amazones de Bassaïev / T02 – Les colombes de Grozny : Aurélien Ducoudray et Anlor

Titre : Amère Russie – T01 – Les Amazones de Bassaïev / T02 – Les colombes de Grozny

Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Anlor

Édition : Bamboo (2014/2015)

Résumé :
Une épopée rude et touchante à travers la Tchétchénie dévastée par la guerre. Milieu des années 90, une mère russe tente de survivre en vendant des DVD pirates dans le métro de Moscou. Elle est sans nouvelles de son fils, militaire en opération en Tchétchénie. Un jour, elle lit son nom sur une liste de prisonniers.

Volodia est aux mains des Tchétchènes. Au même moment, Bassaiev, le général ennemi, annonce par voie de presse, qu’il relâchera ses prisonniers si leurs mères russes viennent les chercher.

Sans moyens, n’écoutant que son courage, son petit chien fantasque sous le bras, elle prend la route vers cette région en guerre pour aller chercher son fils…

Critique :
Quelle a du courage, Ekaterina, petite mère qui n’a plus eu de nouvelles de Volodia, son fils, parti faire la guerre en Tchétchénie. Ce n’est qu’un militaire en opération, mais voilà qu’elle apprend, par son soulard de mari, qu’il est prisonnier en Tchétchénie.

Paraît que le chef de guerre rendra les militaires aux mères qui viendront les chercher, alors, notre petite mère laisse tomber son commerce de DVD pirates qu’elle vendait dans le métro de Moscou et, prenant avec elle sa petite chienne fantasque, la voilà partie sur les routes dangereuses pour aller récupérer son fils.

J’ai aimé cette bédé qui nous montre un pan de la guerre en Tchétchénie, celle qui semble lointaine, puisqu’elle date des années 90 et dont nous avons tout oublié, un clou chassant l’autre (on le voit bien maintenant, on ne parle quasi plus de la guerre en Ukraine).

Les auteurs ont évité le manichéisme et nous ont montré tout un tas de facettes dans leurs personnages, chacun réagissant différemment en temps de guerre, quel que soit son camp, son pays.

Durant son road-trip, notre petite mère courage rencontrera quelques personnages hauts en couleurs et pas toujours bien disposés à son égard, comme le chef Bassaiev.

Les portraits les plus surprenants, seront ceux des Amazones de Bassaïev, ces femmes tireuses d’élites, un soldat Russe devenu aveugle et un jeune gamin, nommé Volodia comme son fils aussi.

Les auteurs ont réussi à jongler entre l’ombre et la lumière, entre l’humour et la gravité, et jamais ne sont tombés dans le lourd ou le voyeurisme.

L’équilibre était délicat et ils nous ont baladés du côté Russe et du côté Tchétchène, nous faisant comprendre, ainsi qu’à Ekaterina, que les guerres font leur lot de malheurs, de morts, de misère, des deux côtés et que ceux que l’on attaque ne sont pas toujours les coupables désignés par le pouvoir en place (suivez mon regard discret).

Dans les dernières pages, les auteurs nous ont réservé quelques surprises, assez inattendues, violentes, mais qui ont démontrées, une fois encore, toute l’absurdité d’un conflit, d’une guerre, transformant des gens normaux en créatures violentes, se contentant d’exécuter les ordres, sans se poser plus de questions quant aux actes qu’ils commettent.

Une sacré bédé à découvrir et un magnifique portrait d’une mère courage, rejointe par d’autres cherchant leurs fils, le tout tiré d’histoires vraies.

PS : ceux deux bédés existent aussi en intégrale (il n’y a que deux tomes).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°064].

La traversée : Patrick de Saint-Exupéry

Titre : La traversée

Auteur : Patrick de Saint-Exupéry
Édition : Les Arènes (04/03/2021)

Résumé :
La traversée : un périple à travers l’immense forêt congolaise, de Kigali au Rwanda à Kinshasa en République démocratique du Congo.

Un invraisemblable voyage, en moto, en camion, en barge, malgré les trafiquants, la fièvre Ébola, les groupes armés. Une traversée dans une nature dantesque où les hommes et les femmes vivent coupés du monde.

L’enjeu ? Vérifier les accusations des autorités françaises, répétées inlassablement depuis plus de vingt ans : un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence.

Au fil des étapes, émouvantes, savoureuses ou romanesques, les témoins parlent. La vérité émerge, et avec elle le rôle de la France au Rwanda puis au Congo.

Un engrenage qui a conduit Paris à s’enfoncer toujours plus avant dans la compromission. Un reportage fascinant. Une odyssée au cœur de l’Afrique.

Critique :
Cela aurait pu être un livre sur la difficulté de voyager au Congo, un reportage sur leurs différents moyens de transports, sur les pistes impraticables, le chemin de fer à voie unique et les retards incessants…

Cela aurait pu être aussi un roman sur l’état de la République démocratique du Congo.

En fait, ce livre, c’est tout ça, mais plus encore, puisque c’est aussi une enquête journalistique sur un fait de vérifier les accusations que les autorités françaises, ont répétées inlassablement depuis plus de vingt ans : un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence.

Mitterrand, à l’époque, a fait du négationnisme, disant que les victimes étaient peut-être coupables et que les coupables étaient les victimes. Bref, du déni à tous les étages, sans compter que les Hutus, instigateurs du génocide, ont eu aussi brouillé les cartes, signifiant qu’ils tuaient pour ne pas être tués.

Le problème au Rwanda remonte à loin, à ce moment précis où les Allemands puis les Belges ont exacerbé la différence entre Tutsi et Hutu, permettant de diviser pour mieux régner. En donnant du pouvoir à la « minorité » tutsi, les colons belges s’assuraient des fidélités.

La France, sans qu’il existe aucun accord de défense entre elle et le Rwanda, va s’engager aux côtés de Kigali en déployant la panoplie de ses moyens : politiques, financiers, militaires, diplomatiques. C’est la France qui a fourni des troupes, des armes, des instructeurs, des conseillers et des spécialistes à son allié. Nous avons le nom des coupables de ce génocide : la France, la Belgique et l’Allemagne ne sont pas innocentes.

Mais quand les ordonnateurs du génocide ont fui au Congo, ce sera sous protection de l’Élysée, qui stoppera net toute velléité d’arrestation des tueurs et organisera leur exfiltration.

La question à laquelle va tenter de répondre l’auteur, c’est : y a-t-il eu un génocide se serait déroulé au cœur de la forêt équatoriale congolaise, des centaines de milliers d’hommes et de femmes auraient été massacrés dans l’indifférence ? Et ce ne sera pas facile de prouver que non, car le voyage sera des plus épiques et difficile.

Dans une note à l’attention de la presse, diffusée quatre mois après le génocide, l’Élysée expliqua sa position : « Il n’y avait donc pas les bons et les méchants, les massacreurs et les libérateurs, cette vision manichéenne au nom de laquelle on a indignement caricaturé l’action de la France1. » Ni victimes ni coupables donc. Ou tous victimes et tous coupables. C’était au choix. Le président François Mitterrand confirma peu après la doctrine officielle au sommet France-Afrique de Biarritz2. Oui, il venait de se produire au Rwanda « un génocide », concéda-t-il. Mais lequel : « Celui des Hutu contre les Tutsi ? Ou celui des Tutsi contre les Hutu ? […] Le génocide s’est-il arrêté après la victoire des Tutsi ? Je m’interroge… »

Quelques années plus tard, des informations contradictoires arrivèrent selon lesquelles un deuxième génocide aurait eu lieu, cette fois-ci contre les réfugiés hutu au Congo, l’immense voisin du petit Rwanda. Pour les promoteurs de l’action de la France au Rwanda, il n’y eut pas de doute possible. C’était la preuve – a posteriori – qu’il n’y avait eu en 1994 ni victimes ni coupables, ou que des victimes et des coupables. C’est selon. C’est ainsi que persiste le déni, vingt-cinq ans après.

Avant le génocide, les extrémistes hutu avaient annoncé leur projet d’extermination des Tutsi en le justifiant au nom d’une menace qui pèserait sur la communauté hutu. Pendant le génocide, alors que le crime s’accomplissait, ces mêmes extrémistes ont renforcé la boucle qu’ils avaient mise en place : nous tuons, disaient-ils, pour ne pas être tués par les Tutsi, dont nous pensons qu’ils veulent nous tuer. Après le génocide, les extrémistes défaits et réfugiés au Congo réfutèrent le crime qu’ils avaient commis : il ne s’est pas produit ce que vous croyez, il y eut bien un génocide mais c’était le nôtre, celui des Hutu, nous sommes les seules victimes, les vraies.

Quinze mois après leur fuite hors du Rwanda, les artisans du génocide furent attaqués dans leurs places fortes congolaises. Voilà la preuve, crièrent-ils en s’enfuyant. Le deuxième génocide, celui que nous vous annoncions depuis le premier jour, est arrivé. Enfin. L’effet Larsen, intense, brouille l’entendement.

Invité d’honneur à un colloque organisé en 2020 au Sénat, Hubert Védrine a – de nouveau et sans hésitation – réitéré sa caution à la fine fleur de ceux qui s’efforcent de transformer les victimes en assassins et les assassins en victimes.

Un roman historique qui se lit lentement, à son aise, afin de tout bien assimiler et qui donne tout de même des sueurs froides devant ce négationnisme des politiciens de nos pays dits civilisés.

Une enquête qui ne fut pas facile pour le journaliste, tant on lui a mis des bâtons dans les roues et que voyager au Congo est une sinécure. Mais le voyage en valait la peine, ne fut-ce que pour y apprendre la vérité.

Une lecture intéressante. Glaçante, aussi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°058].

Veiller sur elle : Jean-Baptiste Andrea

Titre : Veiller sur elle

Auteur : Jean-Baptiste Andrea
Édition : L’Iconoclaste (17/08/2023)

Résumé :
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains.

Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.

Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre.

Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?

Un roman plein de fougue et d’éclats, habité par la grâce et la beauté.

Critique :
Lorsque j’avais entendu l’auteur parler de son roman à La Grande Librairie, il en parlait comme d’une histoire d’amour entre deux êtres qui ne pouvait s’aimer, car lui était pauvre et issu des basses classes, tandis qu’elle provenait d’une famille riche et située tout en haut de l’échelle.

M’attendant à lire une belle histoire d’amour tragique, de par cette impossibilité de s’aimer, je suis un peu tombée de haut en me retrouvant devant une histoire d’amitié entre Mimo (Michelangelo de son vrai prénom), jeune apprenti sculpteur et Viola Orsini, fille de riche marquis.

Amitié ? Pourtant, dans l’émission, j’ai bien entendu que l’on parlait de Roméo et Juliette… Ou j’ai mal capté ou je n’ai rien compris.

Anybref, cette histoire d’amitié est tout de même belle, bien qu’elle ait eu des hauts et bas, lorsque nos deux protagonistes passèrent la barre des 16 ans (et pas à cause des hormones). Après, leur amitié fut assez compliquée, faite de séparations, de retrouvailles, de trahison… Tels deux aimants, ils s’attirent et s’opposent, une fois qu’on les tourne dans l’autre sens.

Ce roman, c’est avant tout la rencontre entre deux enfants de 12 ans, deux destins que tout sépare, dans une Italie de 1916, où les filles ne sont pas censées étudier, aller à l’université et vivre en toute liberté (et encore plus chez les nobles). Pire, Viola est intelligente, fantasque et aime fréquenter le cimetière.

Quant à Mimo, qui voudrait être sculpteur, qui a du talent, mais une verticalité contrariée (il souffre d’achondroplasie, de nanisme), ce ne se sera pas facile d’aller contre tous afin de tenter de devenir quelqu’un et de sortir de sa classe, de sa pauvreté.

Ce roman, à l’écriture très agréable à lire, c’est aussi un petit morceau de l’Histoire, qui vient s’imbriquer dans la petite, puisque nous allons parler d’art, de religion et suivre la politique italienne, dont l’arrivée au pouvoir du fascisme et de Mussolini.

Quel comportement adopter face à la montée de la haine ? Ne pas entrer dans la danse avec eux et risquer de passer à côté de contrats juteux ? Mimo est assez passif, gagner de l’argent et sculpter lui importe plus que tout le reste (il ne sait pas ce qu’il arrivera plus tard, avec les lois des fascistes) et il n’a pas de scrupules à s’assoir à la table du diable, là où son amie Viola est plus virulente.

C’est Viola qui sauve les meubles, dans ce roman, tant son personne est solaire, intéressant, anticonformiste. J’ai trouvé dommage que l’auteur nous la change après ses seize ans, comme s’il n’avait plus trop su quoi faire d’elle.

Attention, Viola restera un personnage intéressant, plus que Mimo, qui m’a soulé à force de nous parler de ses virées dans les bars où il buvait jusqu’à plus soif, jusqu’au black-out. Finalement, je l’ai plus souvent vu avec un verre d’alcool en main qu’avec ces ciseaux pour sculpter…

Ce roman était une promesse de vibrer toute entière en le lisant, notamment à force de lire les chroniques enjouées des blogueurs et blogueuses.

Ma lecture fut agréable, j’ai apprécié le voyage dans cette Italie, entre 1916 et les années 80, j’ai aimé la grande Histoire dans la petite (même si elle restera ténue), j’ai apprécié me retrouver avec un Mimo vieillissant (et les allusions à cette mystérieuse Pietà cachée), mais pour les vibrations, je repasserai.

Malgré tout, je ne bouderai pas mon plaisir, c’était une bonne lecture, dont j’attendais trop, ce qui n’est jamais bon…

 

Les Dieux de Howl Mountain : Taylor Brown

Titre : Les Dieux de Howl Mountain

Auteur : Taylor Brown
Édition : Albin Michel (02/05/2019)
Édition Originale : Gods of Howl Mountain (2018)
Traduction : Laurent Boscq

Résumé :
Hanté par la guerre de Corée, où il a perdu une jambe, Rory Docherty est de retour chez lui dans les montagnes de Caroline du Nord.

C’est auprès de sa grand-mère, un personnage hors du commun, que le jeune homme tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines, que sa mère, muette et internée en hôpital psychiatrique, n’a jamais pu lui révéler.

Embauché par un baron de l’alcool clandestin dont le monopole se trouve menacé, il va devoir déjouer la surveillance des agents fédéraux tout en affrontant les fantômes du passé…

Critique :
À force de fréquenter les fabricants de bourbon de contrebande, je vais finir par tourner mal ! Bintôt, je vais commencer à distiller mon propre bourbon pour le vendre et je finirai au poste de police… Je n’aurai plus qu’à plaider les mauvaises fréquentations littéraires.

La Caroline du Nord, dans un coin paumé, comme toujours et dans ses montagnes, difficiles d’accès, où vivent des personnages hors norme, dont certains distillent du bourbon… Effectivement, il vaut mieux se planquer, même si la prohibition est terminée. C’est tout de même de la contrebande.

Le personnage principal, Rory Docherty, un jeune vétéran revenu de la guerre de Corée avec une jambe en moins. Élevé par sa grand-mère, ancienne prostituée, il a perdu son père avant sa naissance et sa mère, témoin de l’agression qui tua son amoureux, en est restée muette et incapable de l’élever. Elle a été placée en institut psychiatrique. Notre Rory, lui, travaille pour Eustace, qui distille du bourbon…

Une fois encore, c’est un récit qui prend son temps, qui ne roule pas aussi vite que les voitures trafiquées qui transporte le bourbon de contrebande. L’inconvénient, c’est que l’histoire n’est pas très addictive. On a le mystère sur l’agression de la mère de Rory, puisque l’on ne sait pas qui sont les coupables et on a un peu d’adrénaline avec les agents du FBI qui viennent de débarquer dans la petite bourgade.

Le personnage le plus intéressant, c’est la grand-mère maternelle de Rory, Maybelline, surnommée Ma et qui pourrait en rendre à la célèbre Ma Dalton. Elle sait tirer à la carabine et connait les plantes qui soignent. C’est un personnage très fort, très profond et je l’ai adorée. Tout comme j’ai aimé Rory, amputé sous le genou, blessure reçue à la guerre.

Ce roman noir, qui pourrait un peu lorgner du côté des western, est un roman fort descriptif, où l’auteur parle de ses personnages, de la nature, des décors, détaillant parfois un peu trop leurs actes. On a un méchant, sorte de vilain garçon, concurrent de Rory en contrebande, mais on ne saura jamais le pourquoi du comment de leur contentieux. Je suis mitigée avec ce personnage et sa manière de quitter la scène.

Sans doute qu’avec quelques pages en moins, ce roman aurait acquis un peu plus de rythme. Bien que son charme soit aussi dans ce rythme assez lent. Tout dépend de ce que vous cherchez. J’avoue que j’ai eu un peu de mal avec les péripéties qui arrivaient entre deux moments trop calmes et qui n’avaient pas toujours leur raison d’être.

Un roman noir aux ambiances sombres, des vengeances, de la violence, de l’alcool, des mystères, de la contrebande, une touche d’amour, du sexe, de la religion, des croyances, une touche de sorcellerie, une rebouteuse, des coups bas, dans le dos,…

Le tout porté par une plume descriptive (trop ?) et des personnages intrigants, peu bavards, qui en disent peu, tout étant dit dans leurs silences, leurs secrets.

Bref, un roman noir où l’on pourrait penser qu’il n’y a plus d’espoir. En fouinant un peu, on pourra le retrouver, bien caché… Une sacrée tranche de vie de la Caroline du Nord, dans les pas des contrebandiers d’alcool. Qui pourraient se reconvertir dans un autre produit, pas encore interdit…

PS : de cet auteur, j’avais déjà lu « Le fleuve des rois« , où j’avais navigué à contre-courant, aucun des personnage n’ayant réussi à m’émouvoir.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°043] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens : Sylvain Runberg, David Dusa, Stéphane Créty et Juliette Créty

Titre : Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens

Scénaristes : Sylvain Runberg & David Dusa
Dessinateurs : Stéphane Créty & Juliette Créty

Édition : Le Lombard (18/08/2023)

Résumé :
Arkansas, 1864. Tandis que résonnent les canons de la guerre de Sécession, un bataillon nordiste entièrement composé de soldats afro-américains se voit assigner une mission d’un genre un peu particulier : escorter une expédition scientifique au cœur des monts Ozark.

Pour cela, ils devront survivre aux balles sudistes, aux attaques d’ Amérindiens alliés aux confédérés et encaisser le racisme de leurs nouveaux « protégés ».

Mais dans les entrailles ancestrales de ces montagnes, une menace nouvelle se réveille. De celle qui s’attaque à tous les hommes, sans distinction…

Critique :
Le western n’est pas mort, la preuve : on a des tas de bédés sur le sujet ! Tant mieux pour moi qui aime ça (qui adore, pour être plus juste).

Nous sommes en 1864, en pleine guerre de Sécession. Du côté des Fédérés (les Bleus du Nord), des soldats Noirs portent l’uniforme et se battent aux côtés des Blancs, ce qui n’est pas au goût des Blancs, racistes comme pas possible.

Le régiment de soldats Noirs fait tout ce qu’il peut pour prouver sa bravoure, allant même jusqu’à voler du ravitaillement aux Confédérés (les Reb’s du Sud), empêchant par là que la famine ne terrasse les visages pâles, mais ces derniers n’ont même pas dit merci.

Apparemment, personne dans les faces de Tipp-ex ne veut devoir quelque chose à des anciens esclaves. Déjà qu’ils se battent pour eux, hein, comme ils disent (mais maintenant, on sait que la guerre de Sécession n’a pas eu lieu pour libérer les esclaves dans le Sud).

Anybref, tous le monde est raciste, dans cette foutue époque et considèrent les Noirs comme des singes. Les Noirs, eux, considèrent les Indiens comme des sauvages… Tout va donc très bien, madame la marquise. La boucle est bouclée (ironie, bien entendu), le racisme est à tous les étages, à toutes les cases.

Curieusement, si les scientifiques tiquent au fait que ce soit des soldats noirs qui les escortent, ils ne disent rien d’une femme blanche qui les guide dans les monts Ozark, en plein milieu du territoire sacré des Choctaws, alliés des confédérés… Comprenne qui pourra, parce qu’à cette époque, les femmes n’étaient pas mieux considérées.

Ce western a un petit goût de fantastique et c’est là que le bât risque de blesser. Pour ce premier tome, je ne me prononcerai pas, c’est trop tôt (et ça passe pas trop mal), mais je suis curieuse de savoir comment ce truc va être géré dans la suite. Ou le côté fantastique passera comme une lettre à la poste, ou ça fera bourrage, comme des lettres un jour de grève, à la même poste.

Les dessins sont bien exécutés, sauf pour les chevaux, qui possèdent des culs (arrière-main) plus musclées que celles de Quarter Horse de compétition ! Pire, l’un des chevaux, dans une case, a une tête qui fait penser que cet équidé est parent avec ALF (voir image sur le blog). Ça, je n’avais pas encore vu.

Les couleurs sont agréables, par contre, pas assez poussées dans les uniformes, ce qui fait que l’on ne sait pas vraiment si on a affaire à des Confédérés (gris) ou des Fédérés (bleus). Heureusement que c’est indiqué à certains endroits, parce qu’il est impossible de faire la différence. Dans une guerre, vaut mieux que les couleurs des uniformes soient bien distinctes, si on ne veut pas avoir des problèmes.

Le scénario est assez clair, le découpage aussi, pas de difficulté à les suivre (si ce n’est à repérer qui est gris et qui est bleu).

Sans l’ajout de l’élément fantastique, avec la recherche scientifique pour tenter de trouver ce que je ne vous dirai pas (gardons le côté mystérieux), ce western serait ultra classique avec une mission à réaliser dans un territoire indien, hostile aux Fédérés et même aux Confédérés, puisque territoire sacré.

On ajoute les Confédérés qui suivent les Bleus pour les exterminer, du grabuge, des canons, un galonné qui veut vraiment exterminer les soldats Noirs et on pourrait se dire que rien de neuf sous le soleil. Oui, mais, il y a un ennemi en plus, qui n’a envie de faire copain copain avec personne, quelque soit sa couleur de peau… Là, c’est déjà moins classique.

Un premier tome qui pose les bases, qui entame le récit, qui éveille la curiosité sur le machin qui hante les monts Ozark et qui tape sur tout le monde. Je serai au rendez-vous pour la suite, parce que je suis curieuse de voir comment le tout va être traité par les scénristes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°038] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Faire bientôt éclater la terre : Karl Marlantes

Titre : Faire bientôt éclater la terre

Auteur : Karl Marlantes
Édition : Calmann-Lévy Littérature étrangère (17/08/2022) – 866 pages
Édition Originale : Deep River (2020)
Traduction : Suzy Borello

Résumé :
Fuyant l’oppression russe du début du XXe siècle, trois jeunes Finlandais, Ilmari, Matti et leur sœur Aino, émigrent aux États-Unis, dans une colonie de bûcherons près de la Columbia River.

Abattre les arbres de la région se révèle une activité lucrative pour les patrons, d’autant qu’aucune loi ne protège les ouvriers. L’impétueuse Aino décide donc d’organiser un embryon de syndicat et lance une série de grèves violemment réprimées, tandis que ses frères tentent de bâtir leur nouvelle existence.

Au fil des ans, entre amours parfois tragiques, épreuves et rêves brisés, la fratrie va poursuivre sa quête d’une vie meilleure.

Saisissante de vérité, cette saga familiale raconte aussi bien les beautés de la forêt primaire et les ravages causés par son exploitation que les combats d’une génération entière en proie aux remous d’une Amérique qui se construit à toute vitesse.

Critique :
Ce livre n’est pas pour Idefix, le chien d’Obélix… Ça le ferait hurler à la mort de lire qu’on y abat tant et tant d’arbres…

Des arbres centenaires, millénaires, appartenant à des forêts primaires. Pas de tronçonneuses, juste des haches, des longues scies, de la sueur, du sang, des salaires de misère et l’exploitation de nombreux hommes par quelques hommes.

Ce pavé comprend assez bien d’ingrédients, notamment sur l’abatage des arbres, le syndicalisme naissant, le socialisme, le communisme, la lutte des classes, l’esclavage moderne, le travail des sages-femmes, les droits des femmes (heu, elles n’en en avaient pas), la Russie qui tenait la Finlande sous sa coupe, l’immigration aux États-Unis, soi-disant terre des libertés, les religions, l’effort de guerre pour la Première Guerre Mondiale, l’Espionage Act (*)…

Oui, ça fait beaucoup de matières à ingérer, à intégrer dans le texte pour en faire un récit qui doit tenir debout… Rome ne s’est pas faite en un jour, les États-Unis non plus et ce pavé de 850 pages mettra lui aussi du temps pour en venir à bout. Peut-être un peu trop…

Avec 200 pages de moins, cela aurait été mieux. Il y a trop de détails techniques, dans ce roman qui pèse une tonne. Le travail documentaire a été fastidieux pour l’auteur, sans aucun doute, il est précieux, je ne le nierai pas, mais purée, trop c’est trop.

Aino Koski est le personnage principal. Cette jeune finlandaise qui a fuit aux États-Unis est une syndicaliste convaincue, une Rouge, comme on dit, et à cette époque, c’est une insulte. Elle ne veut rien lâcher, elle harangue les bûcherons, leur parle de salaires équitables, de sécurité, de conditions de travail décentes, de capitalistes…

Raison elle a. Tout à fait raison, même. Hélas, face à des gens qui gagnent des misères en bossant dur et qui ne peuvent se permettre de faire grève ou de perdre leur emploi, elle frise parfois l’idéalisme, la folie pure (elle se fout souvent des conséquences pour les autres, ses proches).

Son caractère est fort, elle aime la liberté, ne croit pas à l’utilité des mariages (vive les unions libres), mais il m’a été impossible de l’apprécier, comme j’ai pu chérir d’autres femmes (filles) fortes de caractère dans d’autres romans.

Pour tout dire, elle m’a énervée bien souvent et fait lever les yeux au ciel. Malgré tout, je respecterai son engagement, car c’est grâce à ce genre de personne entêtée que nous avons des syndicats, l’inspection sécurité et hygiène,…

Les bémols posés, passons à ce qui est intéressant dans ce pavé ultra détaillé : c’est tout de même une page importante de l’Histoire des États-Unis qui se trouvent mises en scène dans ce pavé, notamment dans des secteurs que nous connaissons peu tels que l’abattage d’arbres, la pêche aux saumons, mais surtout, sur la naissance du syndicalisme. Il faut garder en mémoire que certains (certaines) ont risqué leur vie, se sont battus, ont pris des coups, affrontés des dangers, pour faire progresser les droits des travailleurs.

Lors de ma lecture de la saga Blackwater (1919 et après), avec la famille Caskey, j’étais chez les propriétaires de scierie, les capitalistes et je ne me suis jamais demandée si leurs ouvriers étaient bien payés, s’ils avaient des conditions de travail décentes, humaines. Avec le roman de Karl Marlantes, je me suis trouvée du côté des damnés de la forêt et ça changeait tout.

Les personnages sont nombreux, mais il est difficile de les confondre, tant ils sont différents les uns des autres, certains étant même plus intéressants que d’autres (Matti Koski, le petit frère d’Aino, Aksel Långström, Kullerrikki et Jouka Kaukonen). Ils ne manquent jamais de profondeur et sont tous bien travaillés, même le Kullerrikki, le voyou siffleur, qui n’a pas un grand rôle, mais est attachant.

Malgré mes bémols dû à l’abus de détails, ce pavé met tout de même en récit tout un pan de l’histoire du Nord-Ouest des États-Unis (de 1901 à 1950) et on se dit que bosser à cette époque n’avait rien d’une sinécure, que l’on mourrait souvent, que l’on se blessait tout autant, qu’il n’y avait aucune sécurité sociale, aucun syndicat et que les patrons étaient les rois…

Une grande fresque historique, familiale, un pavé énorme, qui est mieux passé chez les autres que chez moi, à cause des longueurs et du fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Aino Koski (mais j’ai adoré les autres).

Ce roman, c’est une partie de la construction de l’Amérique, loin des rêves promis, vendus, attendus… C’est aussi une grande fresque familiale sur l’apprentissage, l’exil, l’amour, l’amitié, la solidarité et l’envie de s’élever, de réussir, de gagner sa vie, de nourrir les siens, de garder la tête haute.

(*) L’Espionage Act of 1917 est une loi fédérale des États-Unis adoptée le 15 juin 1917, peu après l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. Elle a été modifiée à maintes reprises au fil des ans. Elle était destinée à empêcher toute tentative de gêne avec les opérations militaires américaines comme le soutien d’ennemis du pays pendant la guerre, la promotion de l’insubordination dans l’armée américaine ou l’interférence du recrutement militaire américain.

#Pavés de l’été – 15

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°035], Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023, Le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et « Pavés de l’été 2023 » chez La Petite Liste. 

Civil War (Marvel Deluxe) – 01 – Guerre civile : Brian Michael Bendis, Mark Millar, Steve McNiven et Collectif

Titre : Civil War – 01 – Guerre civile

Scénaristes : Brian Michael Bendis & Mark Millar
Dessinateurs : Steve McNiven et Collectif
Traduction :Nicole Duclos, Jérémy Manesse et Khaled Tadil

Édition : Panini Comics Marvel Deluxe (2017)

Résumé :
L’univers Marvel est en train de changer. Suite à une terrible tragédie, le congrès des Etats-Unis propose que les surhumains dévoilent leur identité officielle en se démasquant devant les membres du gouvernement.

Les plus grands champions de la nation sont divisés. Ils doivent prendre chacun cette décision en leur âme et conscience, une décision qui pourrait bouleverser à jamais le cours de leur existence.

Critique :
Se faire enregistrer ou pas ? Telle est la question… Être dans les clous ou hors la loi ? Le choix n’est pas si simple que ça et beaucoup de super-héros, de mutants ou d’inhumains se tâtent.

Certains ont choisi directement : Iron Man est pour le recensement, Captain America, lui, est contre. Leurs divergences ne vont pas se résoudre devant une chope de bière, mais dans le sang…

Il suffit de regarder une des couverture chez Marvel et on voit le sang couler sur le bouclier du Cap.

Ne me demandez pas de choisir un camp, j’ai des chouchous des deux côtés, de plus, ce n’est pas si simple que ça… Les scénaristes ont évité le manichéisme de l’affaire. On peut comprendre que le gouvernement ait envie de savoir qui est qui, dans les super héros et on peut comprendre que eux, n’aient pas envie de se faire démasquer.

La guerre civile est déclarée, les super héros, les mutants, les inhumains se tapent dessus, entrent dans la résistance, la quitte, s’en prennent plein la gueule, doivent vivre cachés, sont emprisonnés quand on les attrape et on se demande s’ils ne font pas plus de dégâts quand ils se tapent entre eux plutôt que sur les super vilains (tout bon pour ceux qui bossent dans la construction).

Les dessins sont agréables, très bien exécutés et la première aventure, qui est avec les New Warriors, m’a subjugué, tant cette fois-ci, les dessins n’étaient pas enfantins, comme dans le prélude, ce qui changeait tout. La suite sera du même tonneau : des dessins agréables pour les yeux, du dynamisme et des belles couleurs.

Ayant vu les films, je ne suis donc pas partie de zéro en lisant cet arc narratif, quant bien même il soit différent du film, notamment parce qu’il comporte des personnages que je ne connaissais pas (mais wiki était là pour m’éclairer).

Dans ce récit, Captain America nous montre un autre visage, à cent lieues du personnage lisse qu’il est parfois. Quant à Iron Man, il est fidèle à lui-même (égocentrique et hautain) et est persuadé qu’il est dans le bon, avec le recensement.

Et contrairement à un envahissement d’un pays ou d’une planète, il est difficile de choisir son camp, parce qu’en face de Iron Man et des « pro recensement », il n’y a pas des super vilains, mais des super héros… Le Captain ne combat pas des nazis ou l’hydra, mais ses potes ! La vie ne sera pas facile après s’être tous tapés dessus comme des acharnés.

Anybref, c’est un excellent tome, de presque 300 pages, qui alterne baston et réflexion, combats et interrogations de chacun sur ce qu’il veut, sur ce qui est bon et sur le camp qu’il va choisir, parfois à l’inverse de celui de son conjoint…

Un comics qui illustre bien le fait que ce ne soit pas des récits pour enfants ou limité scénaristiquement.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°044] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Civil War (Marvel Deluxe) – Prélude : Joe Michaël Straczynski, Brian Michael Bendis et Collectif

Titre : Civil War (Marvel Deluxe) – Prélude

Scénaristes : Joe Michaël Straczynski et Brian Michael Bendis
Dessinateurs : Collectif

Édition : Panini Marvel Deluxe (2015)

Résumé :
Spider-Man a désormais un nouveau costume… offert par Tony Stark ! Une amitié qui va déterminer le choix de Spidey durant le conflit à venir.

Les Quatre Fantastiques, quant à eux, enquêtent sur un mystérieux objet tombé du ciel tandis que se reforme l’équipe secrète des Illuminati. Et les New Warriors sont les stars d’une émission télévisée.

Contient les épisodes US : Amazing Spider-Man (1963) 529-531 ; New Avengers: Illuminati (2006) 1 ; Fantastic Four (1961) 536-537 ; New Warriors (2005) 1-6)

Critique :
N’ayant pas une grande culture dans les comics, je m’y mets peu à peu, lentement mais sûrement. L’arc narratif de Civil War est un truc de ouf dans la maison aux idées, je ne pouvais donc pas passer à côté.

Ce prélude (The Road to Civil War) fait tout de même presque 300 pages et il reprend tous les petits signes avant-coureurs des bouleversements à venir et que Marvel avait demandé à ses auteurs d’incorporer dans leurs récits.

Oui, c’est un énorme cross over de malade.

C’est là toute la difficulté dans les comics, c’est que tous interagissent entre eux et que l’on retrouve des arcs narratifs importants chez tous les héros, ce que l’on a pas dans la bédé franco-belge ou dans les mangas. Dans les Marvel ou les DC, il y a moyen de perdre son chemin, sans un bon GPS.

Ce recueil rassemble donc plusieurs arcs narratifs de plusieurs super-héros, avec des auteurs et des dessinateurs différents. Les dessins étaient bien réalisés, sauf pour l’arc narratif avec les New Warriors, dont j’ai détesté les dessins, qui étaient enfantins, presque, et où j’ai survolé leurs aventures, tant il était impossible d’accrocher.

J’ai adoré la partie Amazing Spider-Man, où l’on voit Peter Parker chez Tony Stark qui lui fait une nouvelle combi. C’est là que Stark parle à Parker du projet de loi qui vise à recenser les superhéros/humains/mutants auprès du gouvernement US (ils devront faire une déclaration d’identité et se faire enregistrer)…

On comprend déjà les dissentions qu’il va y avoir entre ceux qui seront d’accord et pas d’accord de se faire enregistrer et dicter leurs interventions.

Cet arc est très psychologique et Tony Stark est égal à lui-même… Un scénario vraiment bien fait et qui prouve que les comics, ce n’est pas QUE des mecs en collant ou en armure qui se bourrent le pif, sans scénario et avec des méchants un peu débiles. Les comics ne sont plus ainsi, ils sont matures, avec des scénario intelligent. Sans pour autant manquer d’humour, n’est-ce pas, Spider Man ?

Si je n’ai pas aimé les dessins un peu rétro de New Avengers – Illuminati, par contre, j’ai été subjuguée par la scénario et les 7 super-héros (Professeur Xavier, Flèche Noiret, Namor, Dr Strange, Reed Richards, Iron Man et Black Pnather) qui se sont rassemblés au Wakanda, pour tenter de trouver une solution au fait que les Kree et les Skrull prennent un peu trop souvent la Terre comme champ de bataille. Les dialogues sont très intéressants.

Lors de leur autre rencontre, à la demande de Iron Man, ce sera pour décider du sort des autres de super-héros, puisque Iron Man a entendu parler de la fameuse loi de recensement que le gouvernement veut prendre. Déjà il leur demande de choisir l’enregistrement et ça sent déjà le gaz entre les quelques super-héros réunis…

Encore un scénario intéressant, intelligent, psychologique et aux dialogues pertinents.

L’arc avec les Fantastic Four met en scène la chute du marteau de Thor sur la Terre et j’ai retrouvé une partie du film que j’avais vu. Connaissant moins bien les Fantastic 4, j’ai apprécié de les voir à l’oeuvre, notamment le questionnement de Reed Richards après la réunion avec les autres cagoulés de super-héros…

Dommage qu’il y ait l’arc avec les New Warriors que je n’ai vraiment pas aimé, même si cet arc est important, d’après ce que j’ai lu ailleurs…

Dans l’ensemble, ce prélude est important, car il pose les bases pour le commencement d’un arc narratif qui va compter dans les sagas Marvel. L’avantage, c’est qu’il n’y a pas besoin d’avoir lu d’autres comics pour débuter celui-ci. Il est accessible même au débutants (la preuve !) et si jamais vous avez besoin de renseignements sur un personnages (Black Bolt, dit Flèche Noire), wiki vous dit tout !

Allez, je vais enchaîner avec la suite, parce que c’est un big récit, de plusieurs milliers de pages à lire… Je sens que je vais bien m’amuser moi !

Enfin, si on peut parler de s’amuser pendant une guerre fratricide qui va diviser l’Amérique (la comparaison avec la guerre civile de 1861 est bien amenée dans le récit).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°032] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.