Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens : Sylvain Runberg, David Dusa, Stéphane Créty et Juliette Créty

Titre : Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens

Scénaristes : Sylvain Runberg & David Dusa
Dessinateurs : Stéphane Créty & Juliette Créty

Édition : Le Lombard (18/08/2023)

Résumé :
Arkansas, 1864. Tandis que résonnent les canons de la guerre de Sécession, un bataillon nordiste entièrement composé de soldats afro-américains se voit assigner une mission d’un genre un peu particulier : escorter une expédition scientifique au cœur des monts Ozark.

Pour cela, ils devront survivre aux balles sudistes, aux attaques d’ Amérindiens alliés aux confédérés et encaisser le racisme de leurs nouveaux « protégés ».

Mais dans les entrailles ancestrales de ces montagnes, une menace nouvelle se réveille. De celle qui s’attaque à tous les hommes, sans distinction…

Critique :
Le western n’est pas mort, la preuve : on a des tas de bédés sur le sujet ! Tant mieux pour moi qui aime ça (qui adore, pour être plus juste).

Nous sommes en 1864, en pleine guerre de Sécession. Du côté des Fédérés (les Bleus du Nord), des soldats Noirs portent l’uniforme et se battent aux côtés des Blancs, ce qui n’est pas au goût des Blancs, racistes comme pas possible.

Le régiment de soldats Noirs fait tout ce qu’il peut pour prouver sa bravoure, allant même jusqu’à voler du ravitaillement aux Confédérés (les Reb’s du Sud), empêchant par là que la famine ne terrasse les visages pâles, mais ces derniers n’ont même pas dit merci.

Apparemment, personne dans les faces de Tipp-ex ne veut devoir quelque chose à des anciens esclaves. Déjà qu’ils se battent pour eux, hein, comme ils disent (mais maintenant, on sait que la guerre de Sécession n’a pas eu lieu pour libérer les esclaves dans le Sud).

Anybref, tous le monde est raciste, dans cette foutue époque et considèrent les Noirs comme des singes. Les Noirs, eux, considèrent les Indiens comme des sauvages… Tout va donc très bien, madame la marquise. La boucle est bouclée (ironie, bien entendu), le racisme est à tous les étages, à toutes les cases.

Curieusement, si les scientifiques tiquent au fait que ce soit des soldats noirs qui les escortent, ils ne disent rien d’une femme blanche qui les guide dans les monts Ozark, en plein milieu du territoire sacré des Choctaws, alliés des confédérés… Comprenne qui pourra, parce qu’à cette époque, les femmes n’étaient pas mieux considérées.

Ce western a un petit goût de fantastique et c’est là que le bât risque de blesser. Pour ce premier tome, je ne me prononcerai pas, c’est trop tôt (et ça passe pas trop mal), mais je suis curieuse de savoir comment ce truc va être géré dans la suite. Ou le côté fantastique passera comme une lettre à la poste, ou ça fera bourrage, comme des lettres un jour de grève, à la même poste.

Les dessins sont bien exécutés, sauf pour les chevaux, qui possèdent des culs (arrière-main) plus musclées que celles de Quarter Horse de compétition ! Pire, l’un des chevaux, dans une case, a une tête qui fait penser que cet équidé est parent avec ALF (voir image sur le blog). Ça, je n’avais pas encore vu.

Les couleurs sont agréables, par contre, pas assez poussées dans les uniformes, ce qui fait que l’on ne sait pas vraiment si on a affaire à des Confédérés (gris) ou des Fédérés (bleus). Heureusement que c’est indiqué à certains endroits, parce qu’il est impossible de faire la différence. Dans une guerre, vaut mieux que les couleurs des uniformes soient bien distinctes, si on ne veut pas avoir des problèmes.

Le scénario est assez clair, le découpage aussi, pas de difficulté à les suivre (si ce n’est à repérer qui est gris et qui est bleu).

Sans l’ajout de l’élément fantastique, avec la recherche scientifique pour tenter de trouver ce que je ne vous dirai pas (gardons le côté mystérieux), ce western serait ultra classique avec une mission à réaliser dans un territoire indien, hostile aux Fédérés et même aux Confédérés, puisque territoire sacré.

On ajoute les Confédérés qui suivent les Bleus pour les exterminer, du grabuge, des canons, un galonné qui veut vraiment exterminer les soldats Noirs et on pourrait se dire que rien de neuf sous le soleil. Oui, mais, il y a un ennemi en plus, qui n’a envie de faire copain copain avec personne, quelque soit sa couleur de peau… Là, c’est déjà moins classique.

Un premier tome qui pose les bases, qui entame le récit, qui éveille la curiosité sur le machin qui hante les monts Ozark et qui tape sur tout le monde. Je serai au rendez-vous pour la suite, parce que je suis curieuse de voir comment le tout va être traité par les scénristes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°038] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

La véritable Histoire vraie / Les méchants de l’Histoire – Tome 07 – Joseph Staline : Bernard Swysen et Ptiluc

Titre : La véritable Histoire vraie / Les méchants de l’Histoire – Tome 07 – Joseph Staline

Scénariste : Bernard Swysen
Dessinateur : Ptiluc

Édition : Dupuis (2020)

Résumé :
Impossible de considérer une collection « Les méchants de l’Histoire », sans Staline, « le petit père des peuples », l’homme d’acier de l’URSS, connu pour les purges et la déportation de ses opposants politiques, les déplacements forcés de populations entières et les famines qu’il provoqua. Bilan : plusieurs millions de morts.

Avec cette collection, Bernard Swysen n’hésite pas à sauter à pieds joints dans les nids de guêpes de l’histoire en brossant le portrait des vilains et en assaisonnant la réalité historique de son humour pimenté pour s’attaquer à ces grandes figures historiques et tragiques.

Joseph Staline est né Iossif Vissarionovitch Djougachvili en 1878 à Gori, en Géorgie. Son père était cordonnier. Il est surtout décrit comme un ivrogne qui battait sa femme et voulait empêcher son fils de suivre des études pour devenir prêtre. À l’école, Staline se détourne de la foi religieuse puis adhère au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en 1898.

Ptiluc, un des plus grands fabulistes animaliers contemporains, s’empare de cette trajectoire dans son trait burlesque en mettant en perspective la manière dont Staline se racontait lui-même.

Du décalage naît le rire grinçant de la caricature, à partir d’un récit chronologique rigoureux, qui ne cache rien des ambitions et de l’autoritarisme du dictateur. Staline décède en 1953. Il reste sans doute le fantôme le plus controversé de l’histoire.

Critique :
Cette série sur les Grands Méchants de l’Histoire continue de m’enchanter, tout en me faisant frémir.

L’horrible Torquemada m’avait fait grincer des dents, j’avais apprécié l’humour noir qui se mélangeait bien au récit historique et Staline ne dément pas cette recette qui marche.

Là aussi, l’humour est présent, mais il est noir, sombre, caustique, grinçant.

Le fait de représenter Staline en animal (un ours), ainsi que tout les autres personnages, donne une tout autre dimension au récit.

Une brillante idée que l’on retrouve aussi dans Hitler (que je suis en train de lire).

Comme pour les autres Méchants, on commence par leur naissance, on nous montre leurs parents, leurs travers et pour peu, on se prendrait d’affection pour cet ourson qui vient de naître. Pas longtemps, je vous rassure de suite.

Le personnage de Iossif (futur Staline) est abject, bête mais aussi intelligent (ben oui, on le comprend en lisant la bédé), cynique, retors, menteur, colérique, manipulateur d’une méchanceté crasse et il finira parano sur la fin de sa vie. Le portrait est grinçant, nullement indulgent. Ah, il était battu par son père et aussi par sa mère, mais ceci n’excuse en rien.

On voit Staline qui dicte ses mémoires a un écrivain, le pauvre homme se faisant fusiller du regard ou menacer de mort s’il n’acquiesce pas aux dires du Petit père des peuples (qui fit crever son peuple et les autres).

Dans les dialogues et les dessins, les auteurs ont réussi à mettre en scène tout l’illogisme du système de Staline, son iniquité, sa brutalité, sa perversité et sa débilité, notamment dans une case qui résumera tout de manière formidable. Un petit dessin est souvent plus éclairant qu’une longue phrase.

Les camps de travail, les goulags, la famine en Ukraine (Holodomor – la collectivisation forcée des campagnes), ne seront pas expliqués dans les détails, quelques cases suffiront à en parler, les auteurs préférant se concentrer sur l’horrible personnage qu’est Staline, nous montrant aussi que dans nos pays, on le voyait comme un grand homme…

La seconde guerre mondiale sera une part importante de l’album, ce qui permettra aux auteurs de nous faire découvrir le rat Hitler et de nous signaler que Staline avait fait passer par les armes 80% des cadres de l’Armée Rouge, laissant l’armée sans têtes pensantes au début de la guerre. Un des personnage se permet de lui rappeler se fait, dans cet album, il ne fera pas long feu…

On nous parle aussi du massacre de Katyń, ainsi que du fait que l’armée russe eut l’interdiction (par Staline) d’intervenir en Pologne, laissant les nazis massacrer tout le monde, afin qu’ensuite, ce tyran moustachu puisse occuper le pays sans y trouver de résistance. Machiavélique.

Une bande dessinée excellente, qui arrive à faire de l’humour avec un sujet difficile, avec un personnage qui ne prête pas à rire, le ridiculisant au passage, ne se privant pas de l’égratigner, de le montrer dans fard, tel qu’il était et de nous brosser, avec un humour noir et froid, le portrait de ce dictateur assassin qui possède plus de morts à son actif que l’autre moustachu allemand.

Avec son système, pas besoin de preuves, de procès (ou alors, ils étaient truqués), de simples soupçons suffisent. Ou alors, fallait juste que la personne disparaisse parce qu’elle avait contrarié Staline, parce qu’elle était un artiste, un intellectuel, que cette personne lui faisait de l’ombre ou aurait pu lui en faire…

À lire pour aller se coucher moins bête ! Et pour ressentir toute l’horreur du communisme qui n’avait de communisme que le nom. Ce qu’il a fait, ce n’était rien de plus qu’un dictature, un système sanguinaire, à sens unique, tout devant être tourné vers lui, pour son profit.

PS : à noter que dans cet album, il y a quelques références à des bédés bien connues, à vous de les retrouver !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°90].

Helldorado – Tome 01 – Santa Maladria : Jean-David Morvan, Ignacio Noé et Miroslav Dragan

Titre : Helldorado – Tome 01 – Santa Maladria

Scénariste : Jean-David Morvan & Miroslav Dragan
Dessinateur : Ignacio Noé 🇦🇷

Édition : Casterman Ligne d’horizon (2006)

Résumé :
Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube.

Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris. Toutes les apparences d’un crime gratuit, impardonnable.

Mais peut-être la réalité est-elle plus complexe qu’il n’y paraît. Car ce n’est pas une « simple » guerre conventionnelle qui oppose les Espagnols aux indigènes, les Indiens Syyanas.

Un troisième belligérant parcourt le théâtre des opérations, frappant indistinctement dans les deux camps sans jamais faire de quartier : une maladie mortelle foudroyante, si effrayante qu’on s’est même refusé à la nommer.

Critique :
Les premières pages sont sans paroles, mais le poids des images donne le ton : une femme découvre les soldats espagnols dans son village, ils vont charger… Ils chargent…

Pleurs, cris muets, fosses communes creusées, habitants du village entassé dans les tranchées creusées et abattus par balles puis on incendiera les cadavres.

Il faut attendre la page 10 pour avoir du dialogue. Le récit commence dans la violence gratuite et le sang.

Les Conquistadors tuent ainsi chaque fois, mais ils ne pillent rien, ne volent rien (si ce n’est la vie des habitants), n’emportent rien. Bizarre.

Hutatsu et Dathcino sont 2 jeunes Syyanas qui passent après les massacres et ne se privent pas pour prendre les affaires ou la nourriture des assassinés. Vous me direz qu’elle ne servira à personne et qu’ils n’ont pas de sang sur les mains, ces deux gamins.

De plus, si les autochtones de l’île se serrent les coudes, c’est depuis que l’Homme Blanc massacre des villages entiers, avant, durant l’épidémie, les riches se soignaient et laissaient crever les pauvres.

Les Conquistadors sont bien entendu guidés par la main de Dieu, qui leur donne une mission, comme une rédemption, et blablabla…

Le capitaine des Conquistadors a une sale gueule (on comprendra ensuite pourquoi) et est très croyant (sa casa est remplie de crucifix de toutes tailles), comme tout le monde à cette époque, pensant que la maladie qui a touché les Indiens a été envoyée par le Diable.

Si les dessins ne m’ont pas trop emballés, ils ne m’ont pas trop perturbés non plus. Les couleurs sont dans des tons pastels, douces, lumineuses. Agréables pour les yeux.

Pour l’instant, je ne sais pas trop où cette série va m’emmener. Les thèmes abordés sont connus, on sait que les Espagnols n’ont pas été des gentils lors de leur conquête des Amériques, que ce furent des bains de sang, des massacres, des génocides…

Nous avons beau le savoir, les 7 premières planches, muettes et extrêmement violentes, mettent déjà au tapis le pauvre lecteur qui ne s’attendait pas à un tel déchaînement de violence dès le départ.

D’habitude, les auteurs prennent le temps de présenter leur univers, là, on envoie du lourd directement. Ça déstabilise, mais ça remet les idées en place.

Du côté des Indiens Syyanas, ce n’est pas mieux. Les gens accusés sont divisés en trois catégories et seule l’une d’entre elles est passable (défendre la cité), les autres, ont les plaint, dont nos deux gamins pilleurs du début.

Ce premier tome me laisse un peu sur ma faim, mais j’ai au moins l’envie de poursuivre la série afin de savoir où les auteurs veulent en venir. Sur des scénarios convenus ou intéressants ? Je ne le saurai qu’en découvrant les deux tomes suivants.

Contrairement à d’autres séries, je vais poursuivre.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 48 pages) et Le Mois Espagnol (et Sud-Américain) chez Sharon – Mai 2022 (Fiche N°35).

 

Regarde dans la jungle : Emiri Hayashi

Titre : Regarde dans la jungle

Scénariste : Emiri Hayashi
Dessinateur : Emiri Hayashi

Édition : Nathan Petit Nathan (01/10/2020)

Résumé :
Dans la jungle, petit Jaguar se réveille.Vite, il part retrouver les singes qui se balancent, les toucans et les perroquets qui chantent, mais pas trop fort, car les paresseux dorment encore. Il se camoufle au milieu des grenouilles, des papillons et des caméléons. Jouer dans la jungle est un peu fatiguant, heureusement c’est l’heure de la sieste avec maman.

Livre d’éveil pour les bébés, dès 6 mois.

Critique :
Je l’ai dit, je l’ai fait ! Après la lecture glaçante de « La frontière » de Don Winslow, il me fallait un truc doux, léger, amusant… Et j’ai donc feuilleté ce livre d’éveil que j’avais offert à ma nièce fin 2020 et qui la suit partout dans son sac de jeux.

Parce que bon, dans la vie, il ne suffit pas de faire écouter à sa nièce les chanteurs/groupes qui comptent (Iron Maiden, Gun’s, Metallica, AC/DC, Eminem), mais faut aussi lui éveiller le petit cerveau.

Ce petit livre, elle l’adore et va toujours le rechercher pour le donner à l’adulte qui traîne dans les parages. Elle a eu 1 an et ce qui l’intéresse surtout dans ces pages, ce sont les couleurs lumineuses qui s’y trouvent et qui attirent ses petits yeux rieurs.

Même si elle n’écoute pas encore l’histoire qu’on lui raconte, elle passe son temps à ouvrir ce livre et à faire comme sa tante : dévorer ! Sauf que moi je ne mets pas mes livres en bouche pour mordre dedans…

(Note pour plus tard : installer des barrières Nadar devant toutes mes biblios !!!).

Ma sœur me l’a confirmé, mon cadeau plaît à la pioupioute et elle lui en fait voir de toutes les couleurs. Quant à moi, j’adore le prendre, le regarder, m’extasier devant la luminosité des couleurs et laisser mon cerveau s’apaiser de toutes les horreurs que j’ai lues dans les romans.

Un gros coup de coeur, même s’il ne fait que 12 pages.

Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°35]