Des larmes de crocodiles – Úrsula López 02 : Mercedes Rosende

Titre : Des larmes de crocodiles – Úrsula López 02

Auteur : Mercedes Rosende (Uruguay) 🇺🇾
Édition : Quidam (01/03/2024)
Édition Originale : Miserere de los cocodrilos (2016)
Traduction : Marianne Millon

Résumé :
En proie à une boulimie depuis l’enfance, célibataire et prête à tout pour sortir des clous d’une vie solitaire, où son unique plaisir est d’épier ses voisins, Úrsula López accepte de s’allier avec Germán, un détenu qui sort de prison avec une commande de l’avocat véreux Antinucci : le braquage d’un transport de fonds blindé.

Plongeant dans la délinquance avec gourmandise, Úrsula tisse sa toile et s’affirme, car « Dieu vomit les tièdes ». Reste toutefois à affronter Antinucci et son tueur psychopathe…

Aussi acerbe qu’hilarant, Des larmes de crocodile donne libre cours à une magnifique antihéroïne pleine d’autodérision et à l’humour carnassier. Sous-estimer une femme qui verse dans la criminalité est toujours un tort.

Critique :
Voilà un roman noir qui n’est pas facile à appréhender, ni à résumer. Déjà, j’ai fait l’erreur de commencer par le tome 2, qui fait suite aux événements qui se sont déroulés dans le premier…

Pas encore trop grave, dans ce second tome, on a un résumé rapide du premier et on comprend assez vite ce qu’il en est.

Si j’ai décidé de lire cette autrice uruguayenne, c’est un peu à cause de la chronique de Actu du Noir et je ne le regrette pas, même si j’ai eu du mal au commencement, avec ce polar noir.

L’action se déroule à Montevideo, la capitale de l’Uruguay, le genre d’endroit où je n’irai qu’avec la littérature (moins cher, moins loin, moins polluant). Bon, je ne suis pas allée chez les calmes et les gentils, mais plutôt chez les tordus, les psychopathes, les truands et les anti-héros.

Úrsula López, le personnage centrale, n’a rien d’une héroïne belle, mince, élégante, sympa, mais elle est tout le contraire : boulimique, solitaire, avec la haine chevillée au corps (rancunière), imprévisible et avec des envies de vengeance.

Bref, Úrsula n’a rien à voir avec le corps splendide de sa frangine ou de Ursula Andress (James Bond contre Dr. No). Elle n’est même pas sympathique et dans ce roman noir, cela ne m’a pas dérangé, car vu les ambiances, Úrsula avait toute sa place dans ces pages sombres et violentes. Son personnage, tourmentée, en proie à une colère froide, était LE personnage qu’il fallait.

Les autres portraits qui gravitent dans ce roman noir n’étaient pas en reste et on aurait pu rebaptiser ce roman « L’avocat, le déserteur, le violent et le déprimé ». Oui, on a des bras cassé dans la troupe, mais il y avait aussi un fameux psychopathe et un personnage qui s’est révélé être plus machiavélique, plus meurtrier qu’on n’aurait pu le croire. J’en suis tombée de ma chaise, c’était un serial-killer que personne n’a vu.

Anybref, ce roman est violent, mais pas trop, à l’écriture assez cinématographique, comme si le narrateur s’adressait à nous, personnellement (en personne), nous présentant les personnages de manière séparée, avant que tout ce petit monde ne se rencontre pour un final qui était assez violent, chaud (explosifs) et bourré de suspense et de bons dialogues.

Le rythme général est assez lent, mais je ne me suis pas ennuyée durant ma lecture (250 pages), même si j’ai eu un peu de mal à y entrer, tant la trame de départ était complexe. Il vaut mieux être concentré sur sa lecture.

Un roman noir, serré comme un petit café, à l’humour assez grinçant dans les dialogues ou la narration. Le tout servi par une écriture que j’ai trouvée très belle. En tout cas, j »ai bien envie de lire le premier tome afin de découvrir comment tout à commencé.

Jackdaw : Daniel Cole [LC avec Bianca]

Titre : Jackdaw

Auteur : Daniel Cole
Édition : Robert Laffont – La bête noire (21/03/2024)
Édition Originale : Jackdaw (2023)
Traduction : Magali Duez

Résumé :
PRÉDATEUR OU PROIE ?

On l’appelle Jackdaw. Sur chaque victime, il laisse une signature qui fait froid dans le dos : cinq griffures. Et chaque fois qu’il tue, il emporte un trophée, une étrange collection qui ne cesse de s’agrandir.

Personne ne sait à quoi il ressemble, où il va frapper la prochaine fois, ni pourquoi. Il pourrait être votre voisin, votre patron… votre mari. Il n’y a qu’une peur paralysante : qui qu’il soit, il est là, à guetter, à attendre.

Critique :
Ce thriller est très addictif et sans m’en rendre compte, j’avais dévoré plus d’un tiers du récit sans même m’en rendre compte. D’ailleurs, c’est le genre de thriller qui se dévore sur une journée pluvieuse d’un week-end.

Un mystérieux serial-killer, surnommé Jackdaw ((choucas), tue en décapitant des personnes, sans que l’on sache comment il y est parvenu. En plus, il signe de 5 griffures et emporte ensuite un trophée.

L’inspectrice Scarlett Delaney et le sergent Frank Ash sont sur l’enquête, mais ils tournent en rond, ne comprenant pas comment ce serial-killer arrive à commettre ses crimes.

L’inconvénient, avec un thriller, c’est que, contrairement à un whodunit (un roman à énigme classique), c’est que vous n’avez pas une brochette de potentiels coupables à vous mettre sous la dent. Difficile de trouver l’identité du coupable d’un serial-killer dans ce genre de configuration du récit… Surtout que l’auteur ne nous invite pas à chercher l’identité du coupable par nous-même, ne nous donnant pas de la matière pour notre cerveau.

À moins de suspecter les enquêteurs, le chien du sergent Franck Ash, le mari ou le chat de Scarlett… Tiens, il a une bonne tête de coupable, ce chat à trois pattes qui griffe… Oh mon dieu, c’est lui !! C’est le chat, avec le katana dans la bibliothèque ! Gagné.

Le duo d’enquêteurs marche assez bien, ils s’entendent bien, pas d’histoire d’amour à l’horizon (ouf), mais je les ai trouvé un peu fadasse, notamment le sergent Ash, qui aurait mérité d’être un peu plus approfondi, notamment parce que c’est un vieux flic un peu désabusé, mais qui évite les clichés de l’alcoolo déprimé en rogne contre le monde entier. Scarlett avait un peu plus de punch, je l’ai appréciée, même si parfois, elle est un peu naïve.

S’il y a un personnage que j’ai adoré, c’est Henry : élégant, distingué, le port aristocratique, avec un soupçon d’insolence, mais toujours distinguée, presque avec le petit doigt en l’air (ce n’est pas Deadpool !). Dans son rôle, j’ai imaginé un David Niven ou un Sir Sean Connery, la version plus âgée, avec de la barbe. Personnage plus que réussi que celui de Henry qui oscille entre le bien et le mal, tout en équilibre et en finesse.

La deuxième partie est intéressante et si lira tout aussi vite que la première, puisque nous aurons d’un côté, l’enquête officielle, menée par les flics et l’officieuse, menée par deux autre personnages qui vont former un autre duo que j’ai adoré.

Si j’ai trouvé la mise en scène des crimes très originales, bien trouvées (et logiques à comprendre), par contre, pour la dernière, j’ai un peu coincé. Pas sûr que ça fonctionne, mais je me trompe peut-être, notamment parce qu’il m’a été impossible de la visualiser correctement dans ma tête. Ça fonctionne peut-être, je n’irai pas tester, mais elle est tarabiscotée au possible !

Un thriller addictif, qui fait du bien au moral, parce que même s’il y a des cadavres, le ton reste joyeux, sans virer à la farce. Comme le dit l’auteur, il souhaitait que ce roman soit un joyeux moment d’évasion irrévérencieuse, et c’est réussi !

Ce n’est pas Bianca qui me dira le contraire ! LC réussie !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°169].

Au nord de la frontière : R. J. Ellory

Titre : Au nord de la frontière

Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (21/03/2024)
Édition Originale : The Last Highway (2023)
Traduction : Fabrice Pointeau

Résumé :
Victor Landis est shérif dans une petite ville de Géorgie. C’est un homme solitaire, qui a dédié son existence au travail. Pour toute famille, il ne lui reste que son frère, Frank, avec qui il a partagé une enfance misérable avant qu’une brouille ne sépare les deux hommes.

Lorsque Frank est retrouvé mort dans des circonstances étranges, Victor décide de passer la frontière du Tennessee afin d’en savoir plus. Là, il découvre que son frère avait une ex-femme, et une fille, dont il ignorait l’existence. Pour sa nièce, Victor doit tenter d’en savoir plus sur la mort de Frank.

Le voilà immergé au cœur des communautés isolées des Appalaches, où la drogue, les trafics en tous genres et la corruption sont omniprésents. Bientôt, sa piste le conduit sur une série de meurtres inexpliqués de jeunes adolescentes…

Critique :
Le Tennessee… Ça donne envie de chanter, tiens ! Mais le shérif Victor Landis n’a pas envie de pousser la chansonnette, son frère, shérif aussi, mais dans un autre comté, est mort, écrasé par une voiture et ça ne sent pas l’accident accidentel.

Son frangin, avec qui il était brouillé depuis des années, était-il un pourri ? Un corrompu ? En tout cas, ça ne sentait pas bon, quand Victor a commencé à enquêter sur la mort de son frère et à foutre son nez partout.

Les Appalaches, c’est toujours un voyage dont on ne revient pas tout à fait indemne et cette fois-ci, nous ne serons pas dans le Kentucky, mais en Georgie. Tout une promesse de voyage.

La promesse a été tenue, tout au long de ce récit qui sentait bon le roman noir. Ce récit n’est pas nerveux, il prendra son temps, ici, on ne court partout, on enquête à l’ancienne et comme nous sommes début des années 90, pas de nouvelles technologies pour se faire aider.

L’auteur a agencé son récit comme un oignon dont on retire les épluchures au fur et à mesure, le déshabillant doucement, faisant avancer l’enquête de Victor sans se presser et nous dévoilant des mystères au fur et à mesure de cet effeuillage. Mais plus on se rapprochait du centre et plus ça puait la charogne crevée oubliée au soleil !

La petite ville où officie Victor Landis n’est pas une ville riche, elle est peuplée de petites gens, de dealer, de gens qui bouclent leur fin de mois difficile, mais l’auteur ne nous a pas présenté de rednecks ou de ploucs bas de plafond, parce que non, tout le monde n’est pas ainsi dans ces régions que traversent les Appalaches. Par contre, chez eux, la famille, c’est hyper important.

Ce roman noir de 500 pages se lit assez vite, sans vraiment que l’on se rende compte du temps qui passe. Pas d’ennui, pas de ralentissement, pas d’endormissement. Le récit est réaliste et si je n’ai pas ressenti d’atomes crochus avec Victor, je l’ai trouvé terriblement vivant, réaliste au possible. Tout comme les autres personnages, même les méchants, plus que réussi, sans que l’auteur en fasse des caisses.

Victor Landis n’est pas le shérif le plus intelligent du comté, il va se tromper, va apprendre des choses par d’autres personnes, se tromper, marcher sur les pieds de tout le monde, planter des bâtons dans bien des nids de frelons, que ce soit pour l’enquête sur l’assassinat de son frère ou sur les meurtres d’adolescentes qui ont eu lieu dans différents comtés. Il est pataud, taiseux, ne montrant pas ses sentiments et pour finir, on se prend d’amitié pour lui.

Un roman noir à l’intrigue assez classique, certes, mais qui ira plus loin que ce que je pensais au départ, qui va aller déterrer des faits divers bien glauques, bien réels et apporter son lot d’émotions là où je n’en attendais pas et faire vibrer ma corde sensible. Le final a fait monter ma tension, parce que là, le suspense était à fleur de peau.

Un roman noir très sombre, mais avec une lueur au bout du tunnel, avec de l’humanité, le tout porté par une belle écriture qu’est celle de R.J Ellory, le champion anglais des romans noirs américains (sans oublier les traductions réalisées avec brio par Fabrice Pointeau, décédé à ce jour).

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°160]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°47.

Châtiment : Percival Everett

Titre : Châtiment

Auteur : Percival Everett
Édition : Actes Sud – Actes noirs (07/02/2024)
Édition Originale : The Trees (2021)
Traduction : Anne-Laure Tissut

Résumé :
Une série de meurtres brutaux secoue la petite ville de Money, Mississippi : des hommes blancs sont retrouvés atrocement mutilés.

Mais ces meurtres recèlent un mystère, car sur chaque scène de crime on retrouve un second cadavre [résumé trop bavard, je le coupe !].

Lorsqu’un duo d’enquêteurs tout en second degré est dépêché sur les lieux, il se heurte à la résistance attendue du shérif, de ses adjoints, du légiste et d’une cohorte de Blancs tous plus racistes les uns que les autres. Les deux agents spéciaux pensent avoir affaire à des crimes punitifs…

Dans cette comédie noire audacieuse et provocatrice, Everett a le racisme et les violences policières dans le collimateur et déploie son intrigue à un rythme effréné, ne laissant aucune chance au lecteur de détourner le regard.

Critique :
♫ Money, get away ♪ (1) Oui, la petite ville de Money, Mississippi, ne donne pas envie d’être visitée. Nous sommes dans le Sud profond, celui des rednecks, des pequenauds, des ploucs, des bouseux et des racistes bas de plafond, dont certains portent encore la cagoule blanche…

Que se passe-t-il à Money ? Deux hommes blancs se sont fait assassiner (rien d’original), on a massacré leur visage, enroulé du fil barbelé autour et on leur a coupé les couilles (ah, on ajoute de l’originalité).

Là où le truc devient fou, c’est qu’on a retrouvé, sur chaque scène de crime, le corps d’un homme Noir, visage tuméfié aussi, mort de chez mort et que ce mort a disparu ensuite, puis réapparu, puis disparu, et est encore réapparu… Serait-ce un zombie, un mort-vivant ? Ou alors, David Copperfield est en ville et à eu envie de diversifier ses tours ? Les magiciens sont parfois taquins…

Ce qui surprend, dans ce roman noir de chez noir, c’est le ton, l’écriture et l’ambiance. L’auteur joue dans le registre de l’humour (noir et ironique), à la limite du burlesque (sans franchir la ligne rouge) et ces ambiances, au lieu d’être plombées, sont amusantes. J’ai souvent souri avec les dialogues, avec les adjoints débiles du shérif, sorte de mélange de Laurel, Hardy et d’Averell Dalton (le « quand est-ce qu’on mange ? » en moins), ainsi que les noms de certains personnages (les jeux de mots !).

Ce roman, qui a le goût d’un bonbon acidulé, m’a donné l’impression de se passer dans l’Amérique de 1950 (les mauvaises langues diront 1850), tant cette petite ville de Money avait l’air d’être restée coincée dans cette époque où le racisme suintait de partout et où les lynchages avaient toujours lieu. Alors, quand un protagoniste parlait de son smartphone ou d’Internet, j’étais à deux doigts de crier à l’anachronisme. Non, non, nous étions bien dans les années 2016 (le moumouté est sur le trône). En tout cas, la consanguinité n’a pas eu trop d’effet sur la population…

Un roman noir à l’humour grinçant, où l’auteur dénonce une Amérique raciste, suprémaciste, où le KKK est toujours présent, où les gens sont prêts à revoter pour le mec aux cheveux orages, celui qui n’a que des phrases haineuses (ou sexiste, ou débiles au possible) qui lui sortent de la bouche (le discours de Trump, dans le roman, semble être surréaliste, mais est terriblement réaliste)…

Et puis, il y a des personnages lumineux, comme Mamma Z, qui a réuni des archives sur toutes les personnes lynchées depuis 1913 (son année de naissance), sans oublier son arrière-petite-fille, Gertrude, que j’ai apprécié, ainsi que les deux agents du MBI (Mississippi Bureau of Investigations), qui ont apporté une touche d’humour et de légèreté dans ce récit qui avait tout pour être glauque et oppressant.

Un roman policier totalement fou, où vous n’aurez pas toutes les réponses pour les premiers crimes (les modus operandi), mais entre nous, ce n’est pas important.

Le final du roman lorgnera du côté du fantastique, du surnaturel, même, mais uniquement pour illustrer la métaphore que les américains blancs (WASP) sont toujours hantés par les morts, victimes du racisme, de la ségrégation, de la haine, lynchés ou asphyxiés… Leur conscience les tourmente, ils veulent les faire taire, mais on ne réduit pas les morts au silence.

Un roman noir au casting impeccable, dont on ne sait si le récit, sérieux, est masqué sous du burlesque ou alors, si c’est du burlesque utilisé pour cacher le côté sérieux et violent de ce récit. En tout cas, c’était bien réalisé, bien mis en scène, sans jamais dépasser la ligne rouge ou devenir moralisateur.

La noirceur, parfois, il faut la masquer sous l’humour (caustique), elle ne passera que mieux et marquera encore plus les esprits. Moi, j’ai été marquée par ce roman.

(1) Money des Pink Floyd

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°156]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°43.

Le Philatéliste : Nicolas Feuz

Titre : Le Philatéliste

Auteur : Nicolas Feuz
Édition : Rosie & Wolfe (05/10/2023)

Résumé :
À l’approche de Noël, un vent d’effroi parcourt la Suisse. Un tueur organise un jeu de piste sordide avec des colis postaux. Sa signature ? Des timbres-poste fabriqués à partir de peau humaine.

L’inspectrice de la police judiciaire genevoise Ana Bartomeu est saisie de l’affaire. Son enquête va la conduire des beaux quartiers de Genève à la vieille ville d’Annecy, des impasses sombres de Lausanne aux rues pavées de Delémont.

Réussira-t-elle à démasquer cet assassin mystérieux que les médias suisses et français ont surnommé Le Philatéliste ?

Critique :
À croire que les auteurs de polars se sont donnés le mot : se creuser la tête pour scénariser des crimes pas banals, sortant de l’ordinaire, notamment dans le modus operandi et dans les scènes de crime…

Vous trouvez que les timbres coûtent la peau des fesses ? Alors, fabriquez-les vous même avec de la peau humaine (mais pas la vôtre, hein), comme l’a fait le tueur sadique et pervers de ce roman.

Ah, quand on parle d’originalité, ici, on n’a pas fait dans la dentelle (les timbres ont des dents, contrairement aux poules) ! Jeu de piste à la Poste Suisse, à la recherche de colis suspect dont les timbres sont en peau humaine (une personne a souffert et été torturée).

Le pitch était des plus attractifs et comme ce roman s’était souvent retrouvé dans les listes coups de cœur des copinautes, j’ai eu envie de le découvrir. En ce qui concerne le suspense, les surprises, les retournements de situation, les twist, j’ai été gâtée.

Pour les personnages, il m’a été difficile de m’attacher à l’un ou l’autre, tant ils m’ont semblé froids, distants. Dommage, parce que l’enquêtrice principale était atypique et loin des canons de la beauté et du poids exigés par nos sociétés.

Le scénario, lui, était bien tarabiscoté, notamment avec ces deux affaires qui semblent n’avoir aucun rapport l’une avec l’autre (en plus des timbres humains, nous avions un stalker harceleur ou une plaignante qui mentait !) et des retours dans le passé où l’on se retrouvait avec un gamin en surpoids, sans que l’on sache comment tout allait se goupiller ensuite.

Évidemment, ce n’est qu’à la fin que l’on remettra toute la chronologie en place et que l’on se rendra compte de la perversité de l’auteur qui a bien monté son récit afin d’entretenir le suspense. Maintenant, tout cela serait-il réalisable dans la vie réelle ? Difficile, sans aucun doute et heureusement. Le roman manque un poil de réalisme…

Un polar bien ficelé, addictif, qui peut se dévorer durant une grosse soirée, tant les chapitres sont courts et dynamiques, mais qui, malgré ses qualités, ne me laissera pas de souvenirs impérissables dans la mémoire, sauf quand je regarderai ma vieille collection de timbres (des chevaux, uniquement) et que je repenserai à ce tueur totalement zinzin et au final de l’auteur.

Une lecture plaisante mais pas marquante.

PS : Philatéliste… Bizarrement, ça me fait penser à un sketch d’Éric et Ramzy (pourtant, je ne l’ai vu qu’une seule fois, apparemment, il m’a marqué) = file au tennis.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°148].

Alexandra Ehle – Saison 2 – ‭Épisode ‬03 – Le miracle : Elsa Marpeau (2021)

Alexandra Ehle est une série télévisée française créée et écrite par Elsa Marpeau, diffusée d’abord en Suisse depuis le 24 mars 2018 sur RTS Un, en Belgique depuis le 25 mars 2018 sur La Une et, en France, depuis le 27 mars 2018 sur France 3. ..

Synopsis de la série :
Alexandra Ehle est médecin légiste à l’Institut médico-légal de Bordeaux. Brillante, fantasque, et libre, elle évolue dans cet univers avec une aisance déconcertante. Elle s’est donné une mission : rendre aux morts leur intégrité physique, mais aussi « humaine », leur rendre justice. Alors elle mène ses propres enquêtes, en dépit des recommandations de son équipe et des mises en garde d’Antoine Doisneau, Commandant de la PJ, qu’elle prend un malin plaisir à devancer.

Alex est assistée par le jeune Théo Durrel, fraîchement débarqué à l’IML. Pas insensible à son charme, il fait tout pour la satisfaire, mais il n’est pas franchement à l’aise dans cet univers. Alex et Théo vont former un duo aussi improbable qu’efficace, et tant pis s’ils doivent faire fi des règles de droit élémentaires.

Résumé de l’épisode : Le cadavre d’une jeune fille est retrouvé dans un cimetière. Il est rapidement établi qu’elle a été enterrée vivante, mais ce sont surtout les stigmates qu’elle présente aux mains et aux pieds, semblables à ceux attribués au Christ, qui intriguent.

Acteurs principaux :

  • Julie Depardieu : Alexandra Ehle, médecin légiste
  • Bernard Yerlès : Antoine Doisneau, commandant de police et frère d’Alexandra
  • Xavier Guelfi : Théo Durrel, thanatologue assistant
  • Sophie Le Tellier : Ludivine Moret, entomologiste
  • Quentin Baillot : Louis Pincé, coéquipier d’Antoine, fiancé puis époux de Ludivine

Ce que j’en ai pensé : 
C’est par le plus grand des hasards que j’ai découvert la série télévisée policière « Alexandra Ehle » et comme j’avais bien aimé l’épisode vu, je l’ai inclus dans mes séries policières à regarder.

En plus, j’apprécie Julie Depardieu comme actrice (j’aimais aussi son père, dans certains films, mais maintenant, j’ai un peu le dégoût, ce qui va punir les autres acteurs qui jouent avec lui, ainsi que quelques films que j’adore).

N’ayant pas vu l’épisode pilote, le tout premier, j’ai donc découvert l’univers des personnages avec le premier épisode de la saison 2 (non chroniqué).

Dans cet épisode, on a retrouvé une jeune fille dans un cercueil… Normal, non ? Ben non, parce qu’elle a été enterrée vivante… Argh, la plus vieille peur de l’Homme.

Bon, je ne vais pas juger les enquêteurs, puisque je me suis plantée royalement, mon mari aussi et même le chat n’avait pas trouvé le/la coupable ! On ne peut pas dire que les deux flics soient plus malins que les autres, Louis Pincé jouant le rôle du crétin, même s’il a des fulgurances.

Ce qui me fait dire que je ne comprend pas pourquoi, dans les séries policières françaises, il faut toujours un crétin, un débile, souvent des les hauts postes, pour jouer au débilus fliquus ? (Navarro, Mongevile et les petits meurtres – saisons 2 et 3 pour ne citer qu’elles, de mémoire). On dit le fliquus débilus ?

Louis Pincé à gauche, Antoine Doisneau le commandant de police à droite

Dans cet épisode et le précédent (La peste), ça va encore, mais dans le premier de la saison 2 (La survivante), son rôle était horripilant tant il en faisait trop. Autant où j’apprécie son jeu du crétin phallocrate dans « Les petits meurtres d’Agatha Christie » (saison 3), autant là où il m’a fait dresser les poils d’énervement.

Idem avec les histoires d’amour compliquées, l’ex qui revient, qui est lourd (Thomas VDB excellent) et son frère qui s’est fait foutre à la porte par son épouse, pour cause de fille cachée… Je trouve que ça parasite les enquêtes, mais ceci n’est que mon avis.

Par contre, j’adore le personnage d’Alexandra, un peu fantasque, lunaire, enquêtant avec son assistant, Théo, alors qu’ils bossent à l’IML (elle est légiste) et qu’ils ne peuvent pas. C’est elle la plus intelligente, la plus perspicace et sans elle, je pense qu’ils auraient de moins bons scores d’enquêtes bouclées.

Dans cet épisode, nous allons faire un tour dans une famille dont la mère est catho extrême, persuadé que sa fille réalise des miracles, des guérisons impossibles, sans compter qu’elle a aussi… non, je ne dirai rien…

Alexandra Ehle est une bonne série policière, que j’apprécie de regarder, comme bien d’autres (La stagiaire, l’art du crime, meurtres à, les petits meurtres, Tandem, Mongeville…).

Elles sont différentes des séries policières américaines (CSI ou Criminal Minds), plus proches de nous, sans trop de sciences, sans trop d’agrandis de plaques de bagnoles floues qui deviennent toujours nettes agrandies 300 fois… Bref, plus réalistes, même si l’on sait que les ingérences d’Alexandra faudrait l’annulation des preuves au procès, puisqu’elle ne fait rien dans les règles.

Une bonne série, des personnages attachants, un beau chien et des enquêtes où j’ai souvent du mal à trouver le/la coupable ou le modus operandi.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°141] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°33 – dites 33 !).

Le festin de l’aube : Janis Otsiemi

Titre : Le festin de l’aube

Auteur : Janis Otsiemi
Édition : Jigal Polar (17/09/2019)

Résumé :
En pleine nuit et sous une pluie tropicale, une femme surgie de nulle part vient se jeter sous les roues de la voiture du lieutenant Boukinda. Bouleversé par ce tragique accident, il veut savoir d’où sort cette inconnue, d’autant que son décès semble suspect…

Au même moment, à quelques kilomètres de là, plusieurs individus pénètrent dans un camp militaire et s’emparent de nombreuses armes et d’un stock d’explosifs. Plus tard, c’est dans une ville en ébullition, gangrénée par la violence et la pauvreté, qu’un braquage sanglant transforme le quartier en zone de guerre…

Les forces de sécurité, en alerte maximum, sont à la recherche de truands visiblement déterminés. Et c’est tout à fait par hasard que ces deux affaires, apparemment sans aucun rapport, vont se télescoper et révéler un terrible complot…

Sur fond de haine, de repli identitaire et de crise électorale, flics et gendarmes vont alors devoir s’épauler pour tenter de déjouer cette conspiration…

Critique :
Dépaysement total avec ce polar qui se déroule à Libreville, au Gabon. Si ça vous intéresse, il y avait du soleil… Mais l’histoire ne donne pas envie de se prélasser, on a une femme morte dans des conditions bizarres.

C’est le lieutenant Boukinda qui l’a renversée en voiture, cette jeune fille, mais il n’est pas responsable de sa mort, elle était déjà plus morte que vive. Ce sera le point de départ de son enquête. Boukinda est gendarme.

De l’autre côté, on a cambriolé un dépôt d’arme de l’armée et c’est la police qui est chargée d’enquêter.

Le rapport entre les deux affaires ? Vous le saurez en lisant ce polar qui m’a sorti des sentiers battus, ne fut-ce que par les expressions utilisées par les personnages. Oui, le dépaysement est garantit !

Vous apprendrez même des nouveaux mots, des verbes fait à partir de noms communs (cadeauter), des expressions (les traductions se trouvent toutes en bas de pages) et, petit plus, chaque chapitre commence par un proverbe africain.

Il ne faut pas lire ce polar en pensant tomber sur une enquête trépidante et menée tambour battant. Sachez qu’en 264 pages, vous n’aurez pas vraiment le temps de vous ennuyer et de peindre la girafe. Les chapitres sont très courts, jamais plus de 5 pages et le roman se dévore en une petite journée.

J’ai bien aimé l’équipe formée par le lieutenant Boukinda et son collègue Envame. Un petit peu moins celle formée par les deux policiers. Le personnage principal étant Boukinda, il est assez présent que pour faire oublier les autres policiers.

Le contexte économique et social est bien mis en scène dans ce roman, sans en faire trop, sans aller dans les détails, mais l’auteur met en avant son pays et ses modes de fonctionnement, notamment dans la police, où l’on a encore des flics qui frappent d’abord et questionnent ensuite.

Un roman policier qui dépayse, qui vous emportera au loin, dans une société que l’on ne connait pas (ou peu) et qui mélange habillement l’économie, la politique, les complots, les meurtres et le mode de vie de certains qui se veulent dans la modernité tandis que d’autres restent attachés à un mode de vie ancestral.

Il manquera juste quelques explications sur les motivations de notre groupe de criminels, mais pour cela, l’auteur aurait dû approfondir le contexte politique du Gabon et ce n’était pas tout à fait le sujet (rassurez-vous, on comprend qui a fait quoi).

Un polar gabonais à découvrir ! Dommage que les éditions Jigal aient déposé le bilan… Je trouvais souvent des romans différents, chez eux.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°120] Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°12).

Commissaire Montalbano – 13 – La lune de papier : Andrea Camilleri

Titre : Commissaire Montalbano – 13 – La lune de papier

Auteur : Andrea Camilleri
Édition : Pocket (2009)
Édition Originale : La luna di carta (2005)
Traduction : Serge Quadruppani et Maruzza Loria

Résumé :
Qui voulait la tête d’Angelo Pardo ? La question reste ouverte. D’autant qu’ainsi défiguré au gros calibre, ce visage qui plut tant aux femmes ne vaut plus grand-chose. Et cette posture, très équivoque, du cadavre…

Plus d’un policier de Vigàta en ricane. Pas Montalbano : les crimes passionnels ne sont pas vraiment sa tasse de thé. Entre la soeur du mort, exclusive et sensuelle, et sa maîtresse, féline et envoûtante, le commissaire joue son enquête à pile ou face : l’une et l’autre ont suffisamment aimé Pardo pour le détester, ont assez de nerfs pour l’avoir froidement abattu et sont loin de laisser Montalbano indifférent.

Entre les mains de ces deux femmes, le commissaire rechigne à accepter l’évidence : le plus fin limier de Sicile se fait bel et bien balader…

Critique :
Un homme a disparu et sa soeur s’inquiète, ce qui est bien normal. Oui, mais… Comme l’homme est majeur, vacciné et que rien ne semble avoir été dérangé dans son appartement, la police ne peut pas se lancer à sa recherche, tout le monde ayant le droit de foutre le camp de chez lui…

Par contre, lorsqu’on retrouve cet homme avec une balle dans la tronche et la tchole sortie de son pantalon, on a tout lieu de penser qu’il ne s’est pas suicidé parce que son petit oiseau ne montait plus. On l’a assassiné, c’est un crime crapuleux et notre commissaire Montalbano peut commencer à fouiller dans les vies des gens.

Rien ne change dans les romans de ce cher commissaire et c’est bien comme ça ! Il enquête à son aise, à la manière d’un Maigret qui ne courrait jamais, tel un Columbo qui s’intéresse aux gens, même si dans cette enquête, notre commissaire au fin palais va commettre des bourdes, des erreurs et des conneries qu’un jeunot ne commettrait pas. Mais s’il était parfait, ce ne serait pas lui.

Quoi de mieux que de terminer son année littéraire avec une valeur sûre ? Quoi de mieux que de saliver devant la gastronomie sicilienne que notre commissaire met si bien à l’honneur en la mangeant, en l’engloutissant avec ce bonheur qui est communicatif ?

Quoi de mieux que de finir l’année en riant de la manière de parler de Catarella, de ses expressions qui n’appartiennent qu’à lui ? Que de sourire devant un Mimì Augello qui maintenant qu’il est père, a peur chaque fois que son minot pète de travers ?

Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de ce Montalbano une excellente lecture et c’est ce qu’il s’est passé : cuit correctement, ni trop lourd, ni trop léger, frais, agréable, croustillant, fondant, avec quelques rebondissements et du suspense à la fin, juste avant que l’on découvre l’addition avec le nom du coupable.

Une lecture sans prise de tête, même si j’ai pédalé dans la semoule pour trouver le coupable et son mobile. Mais purée, qu’est-ce qu’on a bien bouffé, avec Montalbano !

Toujours un plaisir à lire…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°091].

‭Retour à St Mary Hill – ‬Cosy Christmas Mystery 01‭ : Carine Pitocchi ‬[LC avec Bianca]

Titre : ‭Retour à St Mary Hill – ‬Cosy Christmas Mystery 01

Auteur : Carine Pitocchi
Édition : Robert Laffont – La bête noire (12/10/2023)

Résumé :
Le début d’une série de cosy mystery avec une héroïne à la Brigdet Jones.

Lorsque Jo-Ann Brown, la scénariste de la série suivie par toute l’Angleterre, disparaît mystérieusement, le pays est en émoi. Fuyant son superconnard-d’ex et la presse à scandale, ruinée et désormais affublée d’une jolie paire de cornes, elle se réfugie dans le cottage hérité de sa grand-tante Gladys.

Les sœurs McPherson, ses voisines septuagénaires, ne tardent pas à lui envoyer la seule personne qu’elles estiment capable de lui venir en aide, le pasteur du village…

Mais Jo-Ann avait-elle besoin que déboulent son ado de neveu, exclu de son pensionnat, et sa fantasque assistante?? Et quand des vieilles dames décèdent les unes après les autres, les fêtes de fin d’année virent au cauchemar.

Avec ses acolytes hauts en couleur, Jo-Ann se lance alors dans une enquête périlleuse, qui menace de révéler des secrets enfouis depuis longtemps à St Mary Hill.

Critique :
Allez hop, encore un cosy mystery pour le mois de décembre ! J’avais envie d’une lecture sans prise de tête, tout en douceur, avec un brin d’humour, un soupçon de romance, des crimes et une enquête et j’ai été exaucée.

Tous les codes des cosy se retrouvent dans ces pages : une héroïne qui a tout perdu, qui fuit son connard de mec, qui fuit les journalistes et qui vient trouver refuge dans le charmant petit village qu’habitait sa grand-tante, décédée depuis quelques temps.

On ajoute à cela deux caméras de surveillance toutes puissantes, autrement dit, les deux petites vieilles qui habitent à côté, un pasteur, un chien amusant nommé Winston, un neveu viré de son pensionnat, une collègue de bureau un peu fantasque, on assaisonne le tout avec des décès suspect et on rajoute une épaisse couche de crème de solidarité du village et on peut déguster le tout.

Le pasteur est un homme bien mis de sa personne, beau, qui a jadis aimé notre Jo-Ann… Et là, je me suis dit « Oh, mon dieu, une histoire d’amûr impossible telle Meggie et le bô Ralph de Bricassart »… Puis je me suis souvenue que chez les anglicans, les pasteurs peuvent se marier, contrairement aux catholiques. Ok, ils pourront s’aimer et ketter, s’ils le veulent. Ouf.

C’est un cosy plein de bons sentiments, avec de l’humour, des situations impossibles, puisque notre héroïne a un frère radasse comme pas possible, qui lui donne des ordres et qui se fout de son gamin, quand à son ex, c’était un tyran qui l’a coupé de tout le monde, un jaloux qui lui a fait des cornes. Bref, vraiment une héroïne à la Bridget Jones.

C’est aussi un récit sans prétention aucune, si ce n’est de nous faire passer un bon moment de lecture détente, où les crimes ont déjà eu lieu, mais où il faudra le prouver. Ça reste gentillet, même si, sous couvert des guirlandes et des chocolats chauds, on a tout de même des faits de sociétés bien connus. On peut dire qu’il y a de la profondeur dans ce cosy.

Les personnages, principaux ou secondaires, sont attachants et bien travaillés, car ils sont réalistes. Bien que, je n’ai jamais connu autant de solidarité dans le bled paumé d’où je viens… On ne voit ça que dans les cosy anglais.

Mention spéciale aux deux enquêteurs de Scotland Yard, que l’on qualifierait, dans mon pays, de biesses (bêtes), de kluutzak (idiots) ou de bauyards (connards). Mais pour plus de facilité linguistique, je dirai que c’étaient des gueux et pas les couteaux les plus affutés du tiroir ! Bêtes et surtout méchants… Scotland Yard ne sort pas grandie, avec deux klets pareilles ! Eux étaient moins réalistes (ou alors, on a du soucis à se faire).

L’autrice a bien monté son récit et son scénario comportait du suspense et des mystères, car je n’arrivais pas à trouver le coupable. Puis, une théorie s’est formée dans mon esprit retors, mais caramba, encore raté, jusqu’à ce qu’une autre se forme et là, bingo, j’avais vu juste, mais pour le mobile, j’avais tout faux et j’étais loin d’avoir toute la solution des crimes. Bien vu pour l’autrice !

Anybref, c’est vraiment une lecture détente, sans prise de tête, mais pas non plus une lecture pour neuneus. La romance n’entrave pas le récit et elle sera à suivre sur le prochain épisode, en espérant juste que l’autrice ne nous balade pas sur 36 romans avant que le couple se mette ensemble !

Une LC avec Bianca plus que réussie ! Nous lirons la suite sans aucun doute (lorsqu’elle sera parue, bien entendu).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°088].

Les Affreux : Jedidiah Ayres

Titre : Les Affreux

Auteur : Jedidiah Ayres
Édition : Les Arènes – Equinox (05/10/2022)
Édition Originale : Peckerwood (2013)
Traduction : Antoine Chainas

Résumé :
Plongez dans le quotidien de la bande des affreux du Missouri : arnaques, cadavres et balles perdues au programme.

Dans une petite ville du Missouri, Jimmy Mondale, shérif corrompu, doit gérer son ex-femme, sa fille rebelle, ses adjoints et son complice: un dangereux trafiquant de drogue qui utilise un magasin de pêche pour dissimuler ses activités illicites.

Ajoutez à cela un télévangéliste que deux voyous minables entreprennent de faire chanter, et vous obtenez une bande d’affreux qu’un drame local va entraîner dans une spirale infernale.

Critique :
Bienvenue à Hamilton… Non, Lewis, pas le pilote de F1 ! Hamilton, c’est petite ville située quelque part dans le Missouri et où vivent nos affreux.

Dans les bédés, les affreux sont souvent plus bêtes que méchants, mais dans ce roman noir, si certains de nos affreux ne brillent pas par leur intelligence, ils brillent par leur méchanceté et leur violence, tandis que d’autres, en plus d’être vicieux, ont de la matière grise dans la cervelle.

Voilà un roman noir comme je les aime : serré à fond, sombre, amer, sans sucres, sans lait, mais avec plein de portraits tous plus azimutés les uns que les autres.

Entre nos deux loosers, amateurs de braquages d’épiceries, de plans foireux et de plans cul, nous avons un shérif corrompu jusqu’à l’os et un dealer, intelligent, qui a su faire le ménage autour de lui et réduit la concurrence à presque zéro.

Tous portent des armes, les utilisent, boivent comme des trous et ont les mains avec du sang dessus, certains plus que d’autre. Quand on veut protéger son business, faut pas hésiter à flinguer, massacrer, réduire en cendre par le feu, les potentiels emmerdeurs.

Ne cherchez pas de la lumière ou de la rédemption dans ces pages, il n’y en a pas. Le business drogues/putes/magasin de pêche de Chowder Thompson tournait bien, le shérif Jimmy Mondale le protégeait et nos deux voyous minables que sont Terry Hickerson et Cal Dotson faisaient leurs petites magouilles dans leur coin.

Et puis, un caillou est venu gripper un peu la machine bien huilée et même si Chowder, aidé de sa fille, a résolu ce premier bug, d’autres ont suivis et tout s’est enchaîné jusqu’au bordel total final.

Peu de répit durant la lecture, ne fusse qu’avec ces portraits bien brossés des rednecks du Missouri et des trafiquants en tout genre, qui ont corrompu ce qu’il fallait pour avoir la paix. Nous avons beau être avec des affreux infréquentables que l’on ne voudrait pas dans sa ville, malgré tout, on les apprécie et je me suis même surprise à espérer qu’ils s’en sortent.

Ce roman noir, c’est un peu une comédie, grinçante, cynique, sombre, violente, sanglante et sans pitié, mais comédie humaine tout de même. Les dialogues sont croustillants, épicés, avec de la saveur et le scénario m’a tenu en haleine, tiraillée que j’étais entre les méchants et le Lucky Luke débarqué dans ce jeu de quilles, prêt à tout pour coincer ce beau monde.

Comme dans les romans noirs hard-boiled d’antan, nos hommes sont des durs à cuire, pas des mauviettes et ils sont prêts à tout pour sauver ce qu’ils doivent sauver, que ce soit leur business ou leur peau.

Bien entendu, tous ce jolicpetit monde fait partie de l’Amérique blanche et profonde, celle du Sud, celle qui n’aime pas les autres, celles qui ne roule pas sur l’or, qui magouille, qui triche, qui se plaint, qui ne fout pas grand-chose, mais espère beaucoup, comme nos deux loosers.

Anybref, c’est un roman noir qui se déguste sans sagesse, qui se boit d’une seule traite, laissant un goût de caféine en bouche et un sourire niais sur les lèvres. Le genre qui se termine trop vite et dont on aurait envie de s’enfiler un deuxième.

Ambiances moites et pesantes garanties, comme il est de rigueur dans les polars noirs.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°000]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).