LUX : Maxime Chattam [Par Dame Ida qui n’a pas été éblouie par la lumière…]

Titre : LUX

Auteur : Maxime Chattam
Édition : Albin Michel (02/11/2023)

Résumé :
Les scientifiques comme les religieux ne peuvent expliquer ce qu’elle est ni d’où elle vient.

Elle va transformer pour toujours le quotidien du monde entier, en particulier l’existence d’une mère et de sa fille.

Tout en posant la question qui nous obsède tous… Nos vies ont-elles un sens ?

Un roman au suspense saisissant, hommage lumineux à Barjavel et à la littérature qui divertit, qui interroge.

Maxime Chattam comme vous ne l’avez jamais lu.

L’avis de Dame Ida :
Maxime Chattam est un auteur qui me pose souvent problème lorsqu’il s’agit de donner mon avis sur ses livres.

J’ai adoré certains d’entre eux tandis que d’autres m’ont paru carrément bâclés, que ce soit dans une documentation/recherche trop approximative ou quant à la rédaction de dénouements sombrant dans la facilité ou le grotesque en ressemblant à la fin d’un James Bond.

Et comme je m’étais habituée au meilleur en le découvrant, j’ai tendance à me montrer très exigeante avec lui, sachant de quoi il est capable… Et de fait, lorsqu’il me déçoit je deviens féroce.

Ce roman-là ne fera pas partie de mes préférés, loin de là, pour un certain nombre de raisons.

J’ai tout d’abord trouvé le choix des thématiques abordées un brin racoleur, pour ne pas dire bien trop respectueux des diktats de la pensée woke, qui terrorisent actuellement le monde de la culture. En effet, tous les thèmes chers à ce mouvement de pensée sont présents ! Chattam a bien coché toutes les cases.

Les femmes sont à la manœuvre, voire au pouvoir et en couple lesbien à l’Elysée ; l’une des héroïnes est transgenre, les hommes sont tous des salauds à une exception près (je ne vous dirai pas laquelle !) ; on ajoute une critique en règle du déséquilibre Nord/Sud, sur fond d’apocalypse écologique liée au réchauffement climatique et de théories du complot. Tout y est !

N’a-t-on pas prévenu l’auteur que les romans qui passent à la postérité traitent de l’universel et non de l’actualité, ou doctrines à la mode que nous offrent les médias et qui seront dépassés et sans intérêt quelques années plus tard, quand d’autres préoccupations auront pris le relais dans le poste ?

Bon OK… le réchauffement climatique est parti pour durer un moment… Et puis… Certes les écrivains ont des factures à payer, il faut bien qu’ils mangent, entre deux chefs-d’œuvre…

Anybref, toutes les occasions seront bonnes pour que l’auteur déploie dans la bouche de ses personnages ses propres analyses personnelles sur les discours sociétaux, rebattus dans l’actualité, à travers le prisme de leurs sensibilité supposé.

Ces monologues, bien clairement développés, sans contradiction dans des dialogues, qui en deviendront totalement artificiels ou improbables (qui fait ça dans la vraie vie, à moins de vouloir pontifier ?) me paraîtront pour le moins maladroits, pour ne pas dire lassants, vu leurs répétitions.

Par ailleurs, je suis une lectrice exigeante et j’apprécie les auteurs qui veillent plus à défendre les vérités objectives sur les grandes questions qu’ils soulèvent, en se renseignant comme il le faut… plutôt qu’en calant leur discours sur les idéologies à la mode.

Alors oui… Quand Chattam reprends à l’envie l’idéologie transgenre selon laquelle les personnes transgenres sont « nées dans le mauvais corps » ou que « l’anomalie est dans le corps », ça m’énerve puisque sur le plan de la vérité scientifique et développementale, notre consciences d’appartenir à un genre suppose d’avoir acquis le langage élaboré ou abstrait, ce que nous faisons au mieux à partir de trois ans, alors que notre sexe biologique est déterminé, quant à lui, dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde.

Ce n’est pas parce que la médecine a moins de mal à modifier un corps (et encore ce n’est pas si simple ni anodin) que l’anomalie est du côté du corps. Elle vient du décalage entre l’identité de genre, telle qu’elle se construit, et le réel du corps tel qu’il est à la naissance.

C’est ça la vérité scientifique. Mais… une formulation idéologique allant dans le sens de ce que les principaux concernés aiment entendre est certainement plus vendeuse…

D’ailleurs convoquer autant de scientifiques au milieux de nulle part, pour élucider un mystère, en galvaudant systématiquement le discours scientifique, sur lequel l’auteur s’est juste renseigné ce qu’il fallait, pour essayer de rendre crédible des thèses au mieux hérétiques, au pire délirantes, est un travers récurrent de l’œuvre de Chattam avec lequel je suis très mal à l’aise. Et là j’ai eu largement ma dose. On se serait crû devant un épisode du Dr Who !

Les choix thématiques, le développement d’un discours pseudo-scientifique, très assurés, seront aussi gênants que certains artifices rédactionnels.

En plus des longs monologues maladroits pontifiants exposant les vues de l’auteur sur l’actualité, on trouvera un abus de cliffhangers assez pénible.

L’usage de l’arrêt d’un chapitre sur un moment stratégique ou à la fin d’un rebondissement, avant d’ouvrir un chapitre traitant d’une autre action simultanée, impliquant d’autres personnages, est une technique pratique pour entretenir le suspens.

Mais quand cela se systématise tous les quatre ou cinq chapitres, ça devient assez pénible en réalité.

Et puis… Et puis… L’intrigue est limite délirante. On n’est ni vraiment dans la SF, ni franchement dans l’anticipation tant ce monde est proche du nôtre, ni pour autant dans le fantastique, et certainement pas dans un polar.

Ce genre indéfini, qui part dans tous les sens, sans en assumer un plus que les autres, met en échec la mécanique de suspension d’incrédulité dès la moitié de ce livre, que je n’ai terminé que pour me sentir légitime à en faire une fiche. Et j’avoue avoir eu du mal à m’accrocher.

Et sans vouloir spoiler, ça se termine… comme Chattam a déjà terminé d’autres romans que je n’ai pas appréciés…

Et autant dire je n’ai pas davantage apprécié cette précipitation qui trouverait certainement toute sa place dans un blockbuster d’action où l’on se préoccupe plus des images à grand spectacle et du suspens immédiat que de la crédibilité et à l’élucidation claire de l’intrigue.

Peut être Chattam ferait-il mieux d’écrire des scenarii pour le cinéma que des romans, en fait… Avec les films d’action, une fois que les gentils sont sauvés et que les méchants sont morts, on accepte mieux de rester dans le flou quant à l’élucidation de l’intrigue.

Elucidation que l’auteur avait, ici, fait le choix délibéré de ne pas inclure dans le corps du texte, pour s’en expliquer dans des remerciements, avant de proposer un chapitre additionnel ensuite, pour nous livrer ces clés…

Son éditeur a dû lui recommander cet ajout pour éviter une manifestation de lecteurs qui se seraient sentis floués… Tu m’étonnes ! Payer 20 balles et te taper 480 pages pour ne toujours pas savoir ce qui s’est passé à la fin au nom du « à chacun sa vérité »… ça fait juste monter la tension !

Donc… ne vous inquiétez pas… allez jusqu’à ce rajout et vous saurez tout ! Enfin… vous en saurez un peu plus… En tout cas suffisamment pour être débouté d’une action en justice afin d’obliger Chattam de vous révéler le nœud du mystère.

Bref, du suspens, un peu d’originalité… Mais une lecture décevante, loin d’être au niveau des attentes que le nom de Chattam peut pourtant soulever.