La Femme paradis : Pierre Chavagné

Titre : La Femme paradis

Auteur : Pierre Chavagné
Édition : Le mot et le reste (06/01/2023)

Résumé :
Coupée de la civilisation depuis plusieurs années, une femme sans passé survit au cœur de la forêt. Elle a apprivoisé les règles du monde sauvage pour mener une vie faite de pêche, de maraîchage et de méditation, où le sang n’est jamais versé en vain.

Son existence spartiate et harmonieuse est bouleversée lorsqu’un coup de feu claque sur le causse. Cette détonation précipitera une série d’événements implacables, questionnant les forces qui l’ont amenée à choisir l’exil, la place qu’elle occupe dans le monde des hommes, et la trace qu’elle souhaite y laisser.

Se jouant habilement de la mince frontière qui sépare le désir de la raison, ce texte vif et cinglant ébranle nos certitudes. Que sauver quand tout s’effondre ?

Critique :
Qu’est-ce qui a bien pu se passer, dans cette France, pour qu’une femme vive en autarcie dans la forêt, seule ? Apocalypse ? Pandémie totale ? Extermination d’une partie de la population ?

En commençant ce roman, nous ne le savons pas. D’ailleurs, nous en saurons peu aussi sur cette femme qui vit seule, dans sa grotte, comme au temps des premiers hommes, presque. Son prénom, nous ne le savons pas, ni celui de celui qui semble avoir été son amour, un certain P.

On ne sait même pas comment elle est arrivée là… Et vous savez quoi ? On s’en fout, ça n’entrave pas la lecture d’en savoir le moins possible, parce qu’on se laisse porter par son récit, ce huis clos où elle nous raconte ses journées, ce qu’elle a fait pour survivre (depuis 6 ans)… Le fait qu’il y ait que peu de dialogues n’est pas dérangeant non plus. La puissance du roman est ailleurs.

Ce roman, qui semble être, au premier abord, une dystopie ou un roman post-apo, se lit d’une traite, sans respirer, sans même relever la tête, tant on est pris par le récit, à la première personne du singulier, de cette narratrice qui a réussi à survivre là où j’aurais, sans aucun doute, crevé.

C’est un roman qui porte en lui de la beauté, celle des forêts, des animaux, de la vie simple que cette femme a réussi à s’offrir, en survivant à on ne sait toujours pas quoi.

Et dans cette beauté, dans ce silence de cathédrale, l’auteur a incorporé une dose de violence, sans pour autant que l’équilibre soit rompu. Nous baignons, tout comme la narratrice, dans un décor post-apo, il est donc compréhensible qu’elle se méfie de ses semblables et qu’elle leur fasse la chasse.

Ce n’est que sur la fin que nous commençons à comprendre ce qu’il s’est vraiment passé et que tout nous explose à la figure, donnant au roman une autre dimension, encore plus brutale que le post-apo. Tous s’éclaire, mais nous plonge dans une noirceur inattendue, violente et compréhensible. Waw, bravo.

Si je n’ai pas su m’attacher au personnage, j’ai terminé ma lecture sonnée, déboussolée, désorientée par ce que j’avais entraperçu avant que ça ne m’explose d’un coup, me laissant bouche bée.

Une excellente lecture, courte, rapide, puissante. Une lecture que l’on laisse décanter lorsqu’on referme le roman, afin de bien laisser infuser tout ce que l’on vient d’apprendre sur la vie de notre femme des bois.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°101].

13 réflexions au sujet de « La Femme paradis : Pierre Chavagné »

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  2. Merci Miss Belette pour cette belle chronique. Ton enthousiaste a fini de me convaincre de porter ce roman en tête de ma liste. L’idée me plait beaucoup tant sur l’absence de contexte sur le personnage que le fait qu’elle vive loin du monde. Et qu’il se passe un truc dingue à la fin !! Arrfff je veux savoir ….

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