Titre : L’affaire Emmett Till
Auteur : Jean-Marie Pottier
Édition : 10/18 (01/02/2024)
Résumé :
Fin août 1955, le corps sans vie et défiguré d’un adolescent est repêché dans l’État du Mississippi. Il s’agit de celui d’Emmett Till, un jeune noir de Chicago âgé de 14 ans, venu passer des vacances dans la famille de sa mère.
Quelques jours plus tôt, il a été vu en conversation avec Carolyn Bryant, une jeune commerçante blanche, à qui, selon certains témoins, il aurait fait des avances. Roy Bryant, son mari, et J.W. Milam, son beau-frère, sont venus chercher Till en pleine nuit chez son oncle. Personne ne l’a revu vivant.
Les deux hommes sont vite arrêtés et traduits en justice. Un mois plus tard, un jury composé de douze hommes blancs les acquitte après un délibéré qui a duré une petite heure. Près de soixante-dix ans plus tard, l’affaire Till est devenue un moment de l’histoire des droits civiques aux États-Unis.
Mais l’affaire criminelle n’est toujours pas entièrement résolue. De nouveaux éléments ne cessent de filtrer. L’Affaire Till pèse encore sur l’histoire américaine, mais l’affaire Till n’est pas encore totalement finie.
Critique :
je lis rarement des true crime, mais cette affaire-là me tenait à cœur, car je n’en ai eu connaissance que récemment et le peu que j’en ai entendu m’avait glacé les sangs : Emmett Till, un gamin, Noir, avait été accusé d’avoir eu des propos désobligeants envers une femme, Blanche.
Il fut tabassé par le mari et le beauf, à coups de poings, à coups de crosse de révolver, avant d’être abattu à bout portant et jeté à l’eau, le corps lesté d’un ventilateur.
Il avait 14 ans et sa mère a tenu à ce que son cercueil reste ouvert afin que chacun voit ce que des Blancs étaient capables de faire à un gamin Noir dont le seul tort était d’être du Chicago (du Nord) et de ne pas avoir vraiment conscience des règles ségrégationnistes qui avaient toujours cours dans le Sud, au Mississippi.
Cet essai est un donc un true crime et l’auteur a mené une enquête afin de savoir ce qu’il s’est vraiment passé en août 1955, quand le mari et le beauf sont venu le chercher et aussi ce qu’il s’est passé dans ce foutu magasin : a-t-il vraiment sifflé (le fameux wolf whistle, version Loup de Tex Avery) la vendeuse et épouse du gérant ? Ou juste sifflé les hommes qui jouaient aux dames ? Ou sifflé parce qu’il bégayait et que cela lui permettait de reprendre contenance ?
Personne ne pourra plus dire, mais je suis sûre qu’il n’a pas tenu les propos sexiste à la dame (et qu’elle a proféré au tribunal) et s’il l’a vraiment sifflé parce qu’elle était jolie, cela ne méritait qu’une remontrance, un « ça ne se fait pas », rien de plus. Pas un meurtre, pas un acharnement tel que celui qui fut fait sur ce gamin en vacances dans la famille.
L’auteur va aussi parler du procès, au plutôt devrais-je dire, de la parodie de procès qui s’est tenu dans cet état hyper ségrégationniste, hyper raciste, où les Hommes Blancs (les WASP) ne toléraient pas qu’un Noir puisse avoir le droit de vote ou que les enfants Noirs aillent sur les mêmes bancs de l’école que leurs petits enfants Blancs.
Dans cette contrée où deux hommes Blancs avaient le droit de tuer un Noir, sans être reconnu coupable… Cette ville où des gens ont donné de l’argent pour les inculpés puissent se payer les meilleurs avocats, où on leur a tapé sur l’épaule, comme pour les féliciter… Après, le vent a un peu tourné, mais si peu.
Les années passant, les témoins sont décédés, l’épouse est revenue sur une partie de ses accusations, mais devant un seul témoin, bref, la lecture de cet essai ne vous donnera pas les réponses vraies et absolues, mais au moins, vous en saurez un peu plus, vous aurez mis les pieds dans un endroit où la ségrégation règne en maîtresse des lieux et vous aurez eu une vision très glauque et moche de l’Amérique.
Un essai que j’ai dévoré, le coeur au bord des lèvres, devant tant d’injustice, tant de violences, tant de déni, tant d’horreurs. Un roman true crime qui frappe fort, sans pour autant aller dans le voyeurisme ou le glauque. Le pays et une partie de sa population l’est déjà…
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°144] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°35.
Ping : Récap du Challenge « American Year (2023/2024) – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires | «The Cannibal Lecteur
Il y en a tellement, d’histoires de ce genre…
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Beaucoup trop, hélas… l’Humain est un salaud…
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C’est malheureusement exactement ça…
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Encore un patronyme qui résonne comme celui d’une injustice.
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Une putain de grosse injustice ! 14 ans, honteux, terrible,… 😥
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Ping : Bilan Mensuel Livresque : Février 2024 | The Cannibal Lecteur
J’aime bien de temps en temps regarder une vidéo sur les True crime, mais c’est vrai qu’en livre, je vais moins y aller. J’avais aussi noté celui-ci 😉 Il est dans ma liste on verra si je me lance :-p
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En livre, c’est différent, en effet, avec une émission, tu te laisses porter, tu as des images…
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c’est ça ! Et si c’est bien fait tu accroche bien. En livre, tu peux décrocher vite fait…
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Mais si tu as oublié une chose, tu peux refaire un retour en arrière dans ton roman, pas dans l’émission 🙂
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Je voulais dire film 😉
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Alors je comprends mieux ! :p
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Oui une affaire tout simplement bouleversant….j’espere qu’ils sont en enfer !
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Si l’enfer existe, j’espère qu’ils y sont, oui…
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encore un sacré bilan dis donc, quelle cadence ! Je te souhaite de belles lectures tout au long du mois de mars !
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oups je me suis trompée d’article 🙈
Je trouve cette histoire tellement horrible que je ne lirai pas ce roman, trop éprouvant !
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J’avais compris que tu t’étais trompée d’article !
Très éprouvant, en effet, surtout devant tant d’injustice, de déni, de haine…
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Merci, mais je viens déjà d’en louper deux sur quatre… j’ai fait fort, là ! 🙂
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Un livre qui me tente beaucoup.
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Acheté en librairie et lu dans la foulée ! Un qui n’a pas eu le temps de prendre les poussières.
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Cela m’arrive aussi ! Un peu comme La bête en cage de Nicolas Leclerc, emprunté et lu dans la foulée (je l’ai d’ailleurs rendu aujourd’hui à la bibli).
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Je pense que je voulais le lire, celui-là et puis… trop que je veux lire, c’est impossible.
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C’est pareil pour moi. Depuis hier, je me suis lancée dans un grand rangement, et je retrouve des livres dont j’ignorais l’existence, et qui ne me correspondent même pas. Je ne sais pas ce qu’ils font là.
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Comme quoi, on découvre parfois des surprises ! Quand je range les garde-robes, je retrouve souvent des vêtements oubliés…
On fait parfois des achats irréfléchis, bizarres…
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Oui, mais là, vraiment très bizarre. Par contre, je suis contente d’avoir retrouvé deux polars qui se passent en Corrèze.
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La région de Hollande et de « écoutezzzz » Chirac. Purée, je n’ai retenu que ça 😆
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Ou, cette région-là, effectivement. C’est aussi la région, pour les auteurs, de Claude Michelet, Christian Signol, Michel Peyramaure ou Franck Bouysse.
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Aaaah, j’aime mieux ça ! Je vais remettre ma vision de la Corrèze à jour ! 🙂
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J’ajoute Frank Klarczyk, dont j’ai retrouvé l’un des romans dans ma PAL. Son tout dernier, Flot noir, se passe aussi en Corrèze.
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C’est le mois de la Corrèze !
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Oui !!!!
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PTDR
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Quant on sait le nombre d’afro américains emprisonnés voire condamnés à mort pour moins que ça et dont on découvre tardivement l’innocence à la faveur d’un test ADN que des équipes d’avocats n’ont obtenus qu’en déplaçant des montagnes, cette affaire est purement un scandale! 😡
A l’occasion de mes prochaines courses chez ma libraire (elle m’a beaucoup vu dernièrement ! Je la laisse un peu souffler… elle a aussi d’autres clients! 😁)…
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Je pense que ta libraire aura du mal… pour le moment, c’est mission impossible… (et non miction impossible) – ok, je sors !
La couleur de peau et/ou les origines, ce sont toujours des facteurs d’injustice. Condamné parce que tu n’es pas Blanc, condamné parce que tu n’es pas issu des bourgeois, des riches, de la bonne classe sociale…
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Ha ben voilà ! Tu nous nargues avec des vieux bouquins introuvables ! 😁
Sauf chez les bouquinistes si je comprends bien…Tu sais quoi? Il paraît que les boites des bouquinistes parisiens ont cessé d’être enlevées… vont ils remettre ceux qu’ils ont expulsés en place avant les JO ?😉
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Non, c’est une nouveauté ! Mais tous les libraires ne suivent pas cette collection de « true crime »…
Je suis contente qu’on ne les expulse plus, en attendant, on leur a collé des aigreurs d’estomac et bien fait chier leur métier ! J’espère qu’ils vont remettre les enlevés !!
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