Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (13/04/2022)

Résumé :
Les clients se bousculent à la porte du 221B Baker Street. La réputation de Sherlock Holmes ne cesse de grandir, Watson est toujours prêt à partir à l’aventure à ses côtés et leur relation ne s’est jamais mieux portée. Leur bonheur semble complet.

Mais depuis que Holmes a découvert l’existence du Professeur Moriarty, un criminel aussi génial que lui, l’idée de l’arrêter tourne à l’obsession. Un duel sans pitié s’engage entre eux, un duel qui les mènera au bord du précipice…
Et dont personne ne ressortira indemne.

Critique :
Vous le savez, puisque je suis une vieille radoteuse : je n’aime pas, mais vraiment pas les fanfictions qui dans le sillage de la série Sherlock de la BBC jouant sur la dimension homoérotique latente de la relation entre Holmes et Watson (pour faire plaisir au fans à partir de la saison 3) ont fleuri partout sur le net.

De son vivant Doyle avait toujours rejeté les hypothèses d’un lien amoureux entre ses personnages, d’autant que d’un point de vue historique la colocation était fréquente sous le règne de Victoria.

Beaucoup de veuves propriétaires de leur logement, le seul bien qui leur restait après le décès de leur mari, louaient des chambres voire une partie de leur maison à des pensionnaires de mêmes sexes (la mixité n’était pas tolérée) puisqu’à l’époque les
loyers londoniens étaient déjà prohibitifs pour les jeunes actifs célibataires.

C’était tout à fait normal et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, si tous nos étudiants vivant en collocations s’envoyaient systématiquement en l’air ensemble, il y aurait moins de parents prêts à payer des études à leur progéniture !

Qu’allais-je donc faire alors dans une telle galère ? Puisque l’autrice annonce clairement la couleur dès le titre du premier volume de sa série : Holmes et Watson sont amants.

J’avais lu le premier volume dans l’intention d’en faire une fiche de lecture tirant à boulet rouge sur le concept hérétique et… Je m’étais retrouvée retournée comme une crêpe ! Genre Saul de Tarse, juif orthodoxe qui va persécuter les chrétiens et qui se panne la tronche à dada sur le chemin de Damas et devient trois jours plus tard Saint-Paul, l’organisateur en chef de la foi chrétienne en Occident.

Bon… Je ne deviendrai pas sainte dans l’affaire… Juste un peu moins tolérante (un tout petit peu moins seulement ! Faut pas pousser non plus!) avec les fanfictions faisant dormir Sherlock et John dans les mêmes draps.

Ce n’est pas tant que j’étais convaincue par le personnage de Holmes présenté dans ce pastiche… Évidemment…

Un Holmes sensible au sentiment amoureux… C’est en soi un non sens, non ? Et bien… Dame Lesteplume était parvenue à nous retracer une évolution psychologique presque convaincante de notre détective consultant préféré, pouvant le rendre sensible aux charme attentionné de Watson.

Et, tour de force encore plus magistral, l’autrice s’avérait maîtriser une impressionnante culture du canon, réécrivant certaines des enquêtes les plus connues en y glissant avec une savante subtilité les amours forcément cachées des deux compères.

Même si le principe me dérangeait j’avais dû le reconnaître, Isabelle Lesteplume avait réalisé un travail remarquable.

Et elle continue sur sa lancée avec ce nouveau volume où elle parvient à mêler là encore avec maîtrise les grands piliers du canon et l’évolution des sentiments que Holmes et Watson ont l’un pour l’autre, la façon dont ils s’en débrouillent face à une société qui les enverrait en prison s’ils étaient découverts, et face à leurs proches, dont
certaines n’hésiteront pas à leur servir d’alibis, puisque sans vouloir déflorer l’intrigue, il n’y a pas que les messieurs qui peuvent préférer les personnes de leur propre sexe.

Les deux tomes ne se ressemblent pas puisque d’autres affaires seront traitées, et nos deux amis évoluent dans leur relation… Mais la qualité du travail est toujours là pour qui ne sera pas fâché de les voir s’aimer.

Toutefois… Là encore… C’est un roman de femme qui prête à des hommes des mouvements introspectifs sur les questionnements et sur leurs sentiments, d’une manière que je trouve tout de même assez éloignée de la psychologie masculine telle qu’on la voit généralement se déployer (ou pas d’ailleurs).

Il y a des années j’avais rencontré un jeune homme qui faisait une recherche doctorale de lettres en « gender studies » et qui travaillait sur la dimension genrée de l’écriture. Il partait de l’idée que les hommes et les femmes n’écrivent pas de la même manière, et notamment lorsqu’ils parlent des sentiments de l’autre sexe.

C’était assez intéressant et en lisant ces deux romans d’Isabelle Lesteplume, je retrouve quelque chose des questionnements de cet étudiant dans ce que je trouve peu crédible des tergiversations sentimentales attribuées à nos héros.

Ce volume me semblera aussi un peu plus « chaud » que le premier. L’autrice s’enhardit… Ma mémoire peut me jouer des tours, mais cet opus là me semblera plus explicite que le précédent même si on n’est pas non plus dans le porno gay le plus crû qui soit non plus. Je ne suis pas trop prude mais… Parfois la répétition des situations un
peu olé-olé pourra me lasser légèrement.

Anybref, l’autrice poursuit dans sa lancée et nous offre ici un deuxième volume nous permettant de continuer à explorer l’envers du canon dans une optique où Holmes et Watson évoluent dans l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre tout en développant d’autres liens avec d’autres personnages récurrents et important de l’œuvre de Doyle et en traversant certaines des affaires et péripéties majeures (on parle tout de même du Reichenbach ici et du grand hiatus tout de même !).

Le décor était planté dans le tome 1… et maintenant la tragédie et la romance se déploient !

 

20 réflexions au sujet de « Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida] »

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  3. Très intéressant cette remarque sur le fait que les hommes et les femmes n’écrivent pas de la même manière. J’ai pu le constater aussi par moment. Effectivement la psychologie des personnages sera différent et sans le vouloir ils seront plein de projection… Un personnage masculin aura tendance à se poser beaucoup de questions introspectives, et le féminin sera plus brutal et moins attentionné !

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    • En effet, le genre de l’auteur a souvent une influence sur l’écriture des personnages je trouve… et je trouve que c’est d’autant plus visible avec une romance entre personnages de même sexe différent de celui de l’auteur. Un homme écrivant une romance entre deux femmes tomberait dans le même travers. Tiens… je n’en ai pas lu beaucoup de ce genre mais dans « Les prédateurs » l’auteur (je ne sais plis son nom) qui est un homme met en scène une relation amoureuse entre son vampire et une « mortelle » qu’elle transforme… on est loin des mouvements introspectifs qu’on retrouve chez les autrices… même s’il en prête à ses personnages.

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      • Je pense qu’une scène de sexe écrite par une femme sera différente de celle écrite par un mec… Une femme, se mettant dans la peau de la fille, mettra ses propres fantasmes, ses envies, ses ressentis, un homme aussi, mais ce sera à des années lumière du récit de la femme 😆

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        • Heu… là sur ce point tu as parfaitement raison. Je trouve les hommes plus « descriptifs » des actes (comme s’ils racontaient un porno) là où les femmes mettent davantage l’accent sur l’éprouvé ou les sensations (cf Anais Ninn). Ici l’autrice reste assez elliptique. Elle est plus dans la suggestion, dans la périphrase… elle ne s’étendait pas trop dans le premier volume, décrivant la façon dont les amants s’échauffent en se disant des douceurs plus qu’elle ne décrit les actes. Elle est un poil plus descriptive dans le deuxième volume… mais ce n’est pas si flagrant non plus.

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    • Oui, nous sommes différents… Mais effectivement, à 60 ans, je n’aurai plus envie de le faire debout entre deux portes, comme à 20 ans… Après 20 ans avec la même personne, le « MMS » se rapproche plus « Mars, Mai, Septembre » que du « matin, midi et soir » du début ! 🙂

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    • Mmm… Pas certaine. Il y a plein de fanfictions de ce registre… même un porno gay des années 70 ou 80 dont on avait parlé jadis sur un autre blog aujourd’hui fermé consacré à Holmes… et ben j’ai toujours refusé de les voir. Je doute aussi que Belette les ait ajoutés à sa collection ! Je sais qu’elle collectionne absolument tout même des pastiches nulles pour sa collection mais je crois qu’elle a ses limites! 😂 Je ne sais pas s’il existe en version papier ce livre mais ce n’est pas exclu…

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      • Ah, Dame Ida est là !! :p

        J’ai vu le porno gay, il y a de grosses bites, mais le scénario, pffffff…. et finalement, peu de cul, plus de pipes que de pénétration, si mes souvenirs sont bons.

        J’ai vu aussi une version XXX de Sherlock BBC, le Sherlock était monté comme un étalon et la fille qu’il prendra dans tous les sens, aura du mal à marcher après (moi, j’aurais eu mal).

        Non, no limit !!! pour Holmes, no limit, même des pornos ! Shame on me…

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      • Tu ne crois pas si bien dire! A Monaco cela dit le réseau serait meilleur que là où je me trouve! Mais tout ira mieux demain : je rentre ò m’boroque ! 😂

        Je ne savais pas qu’ils avaient fait un SherloX adaptant l’adaptation de la BBC! Tu vas me donner des idées de recherches… Cela étant… moi je ne collectionne pas TOUT ce qui a trait avec Sherlock! 😂 Ma collection n’est pas si étendue ! 🤣

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        • Je ne collectionnerai pas s’ils font un vibro avec la tronche de Holmes (quoique, un jour, je pourrais en avoir besoin – oui, je sors !!). J’ai entamé cette collection quand j’avais 12 ans, avec les romans canonique, que je regardais amoureusement dans ma biblio… et puis, avec l’ère du Net et mon départ pour la capitale, j’ai eu accès à plus de titres, plus de facilités pour les acheter….

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