Je suis Pilgrim : Terry Hayes

Titre : Je suis Pilgrim

Auteur : Terry Hayes
Édition : Livre de Poche Thriller (2015) – 906 pages
Édition Originale : I am pilgrim (2013)
Traduction : Sophie Bastide-Foltz

Résumé :
Pilgrim est le nom de code d’un homme qui n’existe pas. Il a autrefois dirigé une unité spéciale du Renseignement américain.

Avant de prendre une retraite dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Mais son passsé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan.
Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie saoudite.
Un chercheur torturé devant un laboratoire de recherche syrien ultrasecret.
Des cadavres encore fumants trouvés dans les montagnes de l’Hindu Kush.
Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité.

Et un fil rouge, reliant tous ces événements, qu’un homme est résolu à suivre jusqu’au bout.

Critique :
Pilgrim pourra se vanter d’avoir pris la poussière dans mes étagères… Voilà un thriller que je voulais déjà lire en 2017, pour le Mois Anglais (en Juin).

J’étais tellement sûre et certaine que j’allais le lire, que j’avais déjà monté sa fiche sur mon blog (couverture, étiquettes, références du livre, challenges,…).

Bravo ! Mais je ne l’ai pas lu, j’ai toujours reporté (procrastination, quand tu nous tiens) et cela faisait donc 6 ans que cette foutue pré-fiche brouillon était dans la mémoire de mon blog…

Il était dit, sur le quatrième de couverture, que ce thriller devait être le seul à lire de l’année. Effectivement, il est bon, il fait le job, il est addcitif et promène ses lecteurs dans plusieurs endroits du globe.

Le récit commence avec un crime étrange commis dans un petit hôtel de Manhattan et ensuite, un homme va nous raconter son passé, son parcours au Renseignement américain, son job qui ressemble à celui d’un espion, sorte de James Bond sans les gadgets, sans Miss Moneypenny, sans Q, sans M.

Notre homme est une sorte de croisement entre James Bond et Jason Bourne. Sa véritable identité ne doit pas être connue, il bosse sous couverture, avec une nouvelle légende à chaque fois.

Le narrateur, ce sera lui (en partie, avec un narrateur omniscient pour d’autres chapitres). Il va tout nous raconter et il fera de nombreuses digressions dans son récit, en nous expliquant, par les détails, des moments de son passé, ce qui pourrait, si l’on n’est pas attentif à cent pour cent, être déstabilisant.

Par exemple, dans un récit au passé, se déroulant dans une banque suisse à Genève, où il accomplissait une mission, il sautera à un autre récit qui parlera d’une exécution dans un restaurant à Santorin (toujours dans le cadre de sa mission), avant de nous rebalancer dans son hôtel suisse où il assistera à l’attaque sur le WTC : nous étions le 11/09/2001.

Ces récits incorporés dans le récit principal, sont importants, ils nous éclairent sur sa vie, sur son personnage, ses légendes et en effet, tout se tient. Mais il faudra 200 pages de papotages pour en revenir à cette chambre d’hôtel, au meurtre et comprendre ce qu’il foutait là. Pas de panique, on comprendra plus tard l’importance de tout cela.

Si durant une bonne moitié du roman, le récit est rapide, addictif, passé la page 500, le scénario, toujours très bavard, le devient un peu trop, notamment avec notre Pilgrim (on prononce son nom de code 3 fois dans le roman) qui revient encore et toujours avec les flash-back de ses missions antérieures et qui me donnera l’impression que l’auteur a brodé pour ajouter des pages. Impression vite disparue. Le bât qui blesse ne se trouvant pas là.

La chose que je reprocherai à ce thriller, c’est son manichéisme poussif. On pourrait synthétiser en chantant à la manière de Fugain : ♪ Qui c’est qui est très gentil ? Les z’États-Unis ♫ Qui c’est qui est très méchant ? L’Moyen-Orient ♪

Ou, à la manière de Pierre Brochand (Le diner de cons) : il est méchant l’Moyen-Orient, il est gentil, l’z’États-Unis. Oui, vous allez les avoir dans la tête durant quelques heures.

Certes, lorsque l’on se trouve en compagnie des moudjahid en Afghanistan ou en Arabie saoudite, avec sa police secrète (la Mabahith), il est un fait que l’on va côtoyer des salopards, des sadiques, des hypocrites, des liberticides, des phallocrates, des misogynes et autres joyeusetés (on décapite sur la place publique).

Oui, dans la réalité, il y a aussi de salopards aux États-Unis et des prisons où l’on torture, l’auteur en parlera, mais l’équilibre entre les deux axes (le Bien et le Mal) ne sera jamais présent et à lire l’auteur, on pourrait croire que les États-Unis sont blancs comme neige… Un peu d’équilibre n’aurait pas été du luxe.

À certains moments, j’avais l’impression d’être dans un vieux film de James Bond (ceux avec Sean Connery ou Roger Morre) où l’Angleterre serait remplacée par les États-Unis, mais, comme dans ces vieux films, avec des méchants tous en provenance du Moyen-Orient. Nous n’en sommes plus là.

Si l’auteur n’a pas tort sur toute la ligne, un peu de nuance aurait rendu le récit moins manichéen… Et le Sarrasin aussi (le méchant de l’histoire) ! Sa vengeance est un peu tarabiscotée et capillotractée.

Si l’on ne prend pas trop attention à ce manichéisme présent, suite aux enjeux en cours (le Bien contre le Mal) et au vu du C.V de certains gars du Moyen-Orient (qui ne sont pas des enfants de coeur), si on n’est pas trop regardant sur les bords pour certaines choses invraisemblables (fabrication dans un labo d’un truc de ouf, grâce au Net, la chance insolente de Pilgrim, un président des États-Unis intelligent et raisonnable, des partenaires fiables, le truc avec les miroirs) on se retrouve avec un bon gros thriller qui se lit assez vite (3 jours pour ma part) en raison de son rythme et de l’addiction qu’il entraîne.

Sans être le thriller de l’année, sans jamais atteindre la profondeur de certains romans (ceux qui vous marquent), tout en étant un peu trop orienté, avec un super espion qui a tout d’un un super héros (sans la cape et le slip sur les collants), il fait le job de vous divertir, de vous faire voyager, de vous foutre les chocottes (le terrorisme, le fanatisme religieux).

De plus, il comporte aussi une grosse dose de suspense, une super enquête policière (il a tout d’un Holmes, d’un Horatio Caine et de Gill Grissom, ce Pilgrim), un espion sympa qu’on apprécie assez vite et finalement, c’est un thriller parfait pour lire en vacances. Sans prise de tête. Dommage que tout soit si prévisible…

Une fois lu, il sera oublié. Dommage, parce qu’il y avait moyen de faire mieux, beaucoup mieux, surtout après un début aussi prometteur. Avec un peu plus de profondeur, moins de manichéisme et 200 pages de moins, ça aurait un roman plus percutant et moins voué à la case de l’oubli.

Malgré tout, restons positive, ce thriller m’a bien diverti ! Faut pas lui en demander plus.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°015] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.