Le Dernier Festin des vaincus : Estelle Tharreau

Titre : Le Dernier Festin des vaincus

Auteur : Estelle Tharreau
Édition : Taurnada Le tourbillon des mots (02/11/2023)

Résumé :
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.

Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.

« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »

Critique :
Être autochtone n’est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l’Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…

Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu’en y entrant, puisqu’ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.

Comment s’en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un mandaï, comme on dit chez nous) ?  Comment ne pas sombrer dans l’alcoolisme, la drogue, le m’en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?

Au commencement de ce thriller, j’ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s’embrouillait. Heureusement, cela n’a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m’a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).

Les personnages ne sont pas trop approfondis, l’autrice a choisi d’aller droit au but et ce manque de détails m’a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j’avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l’enquête piétinait tellement que les flics l’ont même classée, avant qu’elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.

Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?

Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l’on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l’indien en eux.

Sans oublier que ce polar va parler aussi d’écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.

Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d’une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu’on les natifs du Canada.

Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d’adrénaline et même si l’on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s’ils n’en avaient pas déjà assez bavé.

Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s’il ne décrochera pas la floche des 4 Sherlock, il restera dans ma mémoire, comme bien d’autres avant lui parlant du même sujet…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°104].

18 réflexions au sujet de « Le Dernier Festin des vaincus : Estelle Tharreau »

  1. Ping : ‭Bilan Mensuel Livresque : Janvier 2024 | The Cannibal Lecteur

    • Aucun pays n’est vraiment tout rose, tout propre, mais certains le sont plus que d’autres… Le Canada a un passé qui pue.

      Entre nous, je ne voudrais pas vivre dans certains pays qui te privent de liberté ou qui tu foutent en camp de redressement. Nous ne sommes pas propres, nous avons des squelettes, mais quand je vois ce qu’il se passe ailleurs, je reste où je suis :p

      J’aime

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