Sale temps pour les braves : Don Carpenter

Titre : Sale temps pour les braves

Auteur : Don Carpenter
Édition : Cambourakis (2023)
Édition Originale : Hard Rain Falling (1964)
Traduction : Céline Leroy

Résumé :
Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland.

Empoisonné par l’amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d’isolement que la société a prévu pour lui. Après l’orphelinat, la maison de correction ; après la prison du comté, la prison d’état. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin.

Affranchi par la connexion qui l’a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l’aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.

Critique :
Les qualificatifs étaient des plus élogieux pour ce roman, alors, je me suis laissée tenter… Là aussi, ce fut une lecture en forme de montagnes russes.

Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le côté hard-boiled du roman : les personnages de petites frappes, de loosers, de mauvais garçons qui passent leur temps à jouer aux cartes, au billard, au snooker et à monter des mauvais coups, plutôt que d’aller bosser.

Jack Levitt abandonné à sa naissance, ses parents avant la page 30, n’a pas eu de chance. Il traîne avec son ami, Denny Mellon et ils vont croiser la route de Billy Lancing, un jeune noir surdoué au billard… et ensuite, aller de galère en galère.

Ceci est un vrai roman noir, pur et dur, noir comme un café, sombre, violent, rempli d’injustices et de descriptions des maisons de corrections et des prisons américaines, où notre Jack Levitt sera incarcéré.

L’injustice de la justice est flagrante et elle est à plusieurs vitesses : une pour les pauvres, une pour les Noirs, une pour les WASP. Devinez qui s’en sort le mieux ?

Ce roman noir parle très bien de la société américaine des années 30 (grande dépression) en passant par celle d’après-guerre et allant jusqu’au aux années 60, en abordant plein de sujets, dont le racisme. Oui, durant une grande partie de ce roman, j’ai passé un bon moment et j’ai apprécié l’histoire d’amour contrariée de Jack. C’était inattendu.

Hélas, ce qui a ralentit la lecture, ce sont les descriptions des parties de billard, de snooker, avec des tas de termes qui ne feront plaisir qu’aux connaisseurs et pas à la lectrice lambda qui sait juste que les balles doivent aller dans un trou. Me demandez pas plus.

Malgré tout les bons points de ce roman, je n’ai pas vraiment frémi durant ma lecture et à un moment donné, j’ai même décroché. Il y a des choses qui ne s’explique pas vraiment.

Un roman sombre, démoralisant et désespéré. Ne cherchez pas de la lumière, vous n’en trouverez pas.

Un roman d’apprentissage, celui d’un jeune garçon devenu jeune homme, un laissé pour compte, un paumé qui ne sait pas quoi faire de sa vie (hormis voler, baiser, boire, s’amuser), sachant très bien que la malédiction a pesé sur lui dès sa conception et que jamais il ne pourra sortir de sa condition, dans cette Amérique qui vend de la poudre aux yeux en vous parlant que tout est possible. Oui, pour quelques uns…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°138] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°30).

Enquêtes criminelles – Petits crimes victoriens : Anne Beddingfeld

Titre : Enquêtes criminelles – Petits crimes victoriens

Auteur : Anne Beddingfeld
Édition : Marabout (2015)

Résumé :
Londres 1880, le terrain de jeu préféré des français… à vous de les arrêter.

Repérez les indices, étudiez les pièces à conviction, analysez les témoignages, et élucidez le crime !

Au début de chaque enquête, une courte nouvelle plante le décor, dresse le portrait de la victime et de son entourage, et détaille le déroulement du crime. Suivent les constatations de la police arrivée sur les lieux et les pistes dont dispose l’équipe d’investigation en charge du dossier.

C’est alors à vous de jouer ! Etudiez les preuves, pièces à conviction, photos et autres témoignages et élucidez le crime ! En fin de cahier, retrouvez les solutions qui vous livreront la clé de chaque énigme… juste au cas où votre perspicacité n’en serait pas venue à bout !

Critique :
Londres, époque victorienne, des crimes qui se commettent et qu’il faut résoudre, c’était parfait pour moi !

Les histoires sont assez courtes, les personnages qui enquêtent changent, même si on en retrouve certains, comme l’inspecteur Cox.

Rien d’exceptionnel, en étant attentif aux indices et sans devoir faire fumer ses petites cellules grises ou entrer dans des déductions de ouf, il y a moyen de trouver le coupable dans ces petites histoires.

Elles sont logiques et si elles n’ont pas des résolutions de dingue, elles n’en restent pas moins recherchées. Je dirais qu’elles sont simples sans être trop simplistes.

Par contre, si nous sommes bien en 1880 comme indiqué sur la couverture, personne ne payait 10 shillings pour une passe avec une prostituée ! Quelques pences, guère plus (4 ou 6). Pour 10 shillings, vous avez au moins droit à un lit, une chambre et une pute de luxe, pas une dans la rue.

De plus, dans une des résolution, il y a une grossière erreur de prénom. On désigne Vincent, comme coupable, hors il n’y a personne qui se nomme Vincent dans cette affaire !

Alors, j’ai fait des déductions : puisque ce n’était ni Pierre, ni Paul, ni Jacques (prénoms changés), ce ne pouvait être qu’Igor, comme je l’avais compris. Vincent et Igor doivent avoir la même racine pour leurs prénoms… Hem…

Bon, hormis ces petites erreurs, ce recueil se lit très vite, avec plaisir, tranquillement installé dans son canapé (ou ailleurs, c’est votre vie), avec une tasse de thé, le petit doigt en l’air.

Sans révolutionner le genre, il faut passer agréablement le temps et vous donne l’impression d’être un grand détective, à l’instar d’un Holmes, Poirot ou Columbo. Mais je ne vais pas me leurrer, si les enquêtes avaient été plus corsées, comme je l’ai déjà vu dans d’autres recueils, je me serais cassée les dents dessus.

Mon honneur est sauf !

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°213] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°12].

Hunger Games – HS – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur : Suzanne Collins

Titre : Hunger Games – HS – La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

Auteur : Suzanne Collins
Édition : Pocket Jeunesse (20/05/2020)
Édition Originale : Hunger Games, book 0: The Ballad of Songbirds and Snakes (2020)
Traduction : Guillaume Fournier

Résumé :
C’est le matin de la Moisson qui doit ouvrir la dixième édition annuelle des Hunger Games. Au Capitole, Coriolanus Snow, dix-huit ans, se prépare à devenir pour la première fois mentor aux Jeux.

L’avenir de la maison Snow, qui a connu des jours meilleurs, est désormais suspendu aux maigres chances de Coriolanus. Il devra faire preuve de charme, d’astuce et d’inventivité pour faire gagner sa candidate.

Mais le sort s’acharne. Honte suprême, on lui a confié le plus misérable des tributs : une fille du district Douze. Leurs destins sont désormais liés. Chaque décision peut les conduire à la réussite ou à l’échec, au triomphe ou à la ruine.

Dans l’arène, ce sera un combat à mort.

Critique :
De la saga Hunger Games, on peut dire que je connaissais quasi rien, si ce n’est les grandes lignes.

Des films, je pense n’avoir pas vu plus de 15 minutes, toutes diffusions confondues.

Qu’est-ce que je suis allée foutre dans cette saga, alors ? La faute à la super chronique de l’ami Yvan (du blog ÉMotions)…

Oui, j’ai mis du temps avant de lire ce roman, qui est en fait un préquel, sorti plusieurs années après la saga éponyme, mais qui se déroule avant (vous suivez toujours ?)…

Puisque je ne savais rien, je suis entrée dans ce récit, vierge de toutes informations, vierge de tous préjugés, puisque je ne connaissais pas les personnages.

C’est en rédigeant ma chronique et en cherchant les infos pour ma fiche que j’ai appris que ce récit se déroulait 60 ans avant l’action des premiers livres. C’est là aussi que j’ai découvert qui était Coriolanus Snow et que son comportement bizarre, envers l’un de ses camarades, a pris tout son sens.

Moi qui m’était demandée, à ce moment-là, pourquoi Coriolanus agissait de la sorte… Là, maintenant que je sais qui il est ensuite, tout s’éclaire !

Être vierge de toute l’histoire était une bonne chose, puisque au départ, je me suis attachée sans peine à ce Coriolanus (et non Coronavirus), jeune garçon de 18 ans, dont le père fut riche, mais qui a tout perdu lors des bombardements du district 13. Il en bave, ne possède que peu de choses, vit avec sa grand-mère (je l’adore) et sa cousine, qui est la reine de la débrouillardise. J’étais sans préjugés envers lui, pas comme celles et ceux qui avaient lu la saga…

Cela a beau être de la littérature pour adolescent, je n’ai jamais eu l’impression que l’autrice sombrait dans la facilité ou le simplisme. Elle n’a pas peur de donner de la profondeur à ces personnages, des ambivalences, des défauts, des qualités et de faire s’interroger certains personnages sur le bien fondé de ces jeux cruels, destinés à rappeler aux districts qu’ils ont commencé la guerre et qu’ils l’ont perdue.

Oui, mais les ados que l’on envoie dans l’arène n’étaient même pas nés quand la guerre à pris fin, ou alors, c’était des bambins, des enfants. Comme si nous obligions des jeunes allemands à se battre jusqu’à la mort dans une arène, pour continuer de les rabaisser et de leur rappeler qu’ils nous ont fait la guerre. Je ne serais pas pour.

Même si la saga ne m’avait jamais intéressée et que je ne savais que peu de choses, j’ai eu très facile de me couler dans cet univers dystopique très glaçant, je dois dire.

Non, ceci n’est pas de la SF, cela pourrait arriver à un pays comme les États-Unis ou à un pays européen. Tout est possible et quand les gens sont prêts à sacrifier un peu de liberté pour un peu plus de sécurité, on se rapproche un peu plus du gouffre.

Si cette lecture n’est pas un coup de coeur (il ne saurait y en avoir à chaque fois), elle reste néanmoins un lecture qui m’a fait réfléchir.

Le récit m’a touché, notamment avec les personnages des districts, obligés de se battre jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un/une et ces habitants du Capitole, même plus capable de penser par eux-mêmes, qui reproduisent des actes barbares, sans penser aux conséquences, qui vivent dans une société dictatoriale, totalitaire et en sont fiers, heureux.

Les grenouilles qui se complaisent dans la marmite d’eau que l’on fait chauffer lentement…

 

La maison des jeux – 03 – Le maître : Claire North

Titre : La maison des jeux – 03 – Le maître

Auteur : Claire North
Édition : Le Bélial’ – Une Heure-Lumière (19/01/2023)
Édition Originale : The Gameshouse, book 3: The Master (2015)
Traduction : Michel Pagel

Résumé :
De nos jours. Le joueur connu sous le surnom d’Argent a défié la Maîtresse de Jeu elle-même. Fini, les intrigues de cours : c’est désormais le Grand Jeu, à côté duquel les jeux précédents, comme gagner une élection ou jouer à cache-cache à travers un pays entier pour sauver sa mémoire, semblent dérisoire.

Le globe terrestre est désormais réduit aux dimensions d’un échiquier, à travers lequel Argent doit tracer sa voie s’il veut vaincre son adversaire.

Ici, les deux protagonistes jouent pour le contrôle de la Maison des Jeux, et ont pour pièces non des personnes mais des armées entières, des factions, des organisations, des nations même.

Le résultat de cette partie déterminera l’orientation du monde ; plus rien ne sera désormais comme avant…

Critique :
C’est avec crainte et impatience que j’attendais le dernier opus de La Maison des Jeux, dont les deux premiers tomes m’avaient fait découvrir un monde où tous les événements qui s’y produisent sont liés aux jeux, dans cette fameuse Gameshouse où l’on pouvait gagner des années de vie en plus (ou en moins) comme y perdre son âme, sa famille.

Le Grand Jeu allait avoir lieu, un jeu grandeur nature (comme bien d’autres), à une grosse différence près : le joueur Argent allait affronter la Maîtresse de Jeu.

Ma crainte était que le dernier tome ne soit pas à la hauteur des deux premiers et en effet, bien que le scénario soit toujours original, que les personnages soient complexes, que le rythme soit élevé, il m’a semblé que c’était plus un jeu de grosse baston qu’un jeu d’échec, même si ce jeu a lieu sur la planète entière, que cette partie est réelle (comme toutes les autres) et que des hommes vont mourir, des fortunes disparaître, des pays et des empires s’effondrer,…

Ce n’est pas ta mort qui m’inquiète, là, même si je suis certain de te voir mourir — c’est celle de tous les pions, de toutes les tours et les reines que vous allez vous jeter mutuellement à la tête au cours de la partie. Les règles du Grand Jeu imposent que vous fournissiez vos propres pièces. Combien de temps lui faudra-t-il pour sortir la grosse artillerie, à ton avis ? Vas-tu laisser des nations s’effondrer, des gens mourir, des économies partir à vau-l’eau, simplement pour avoir une meilleure chance de la trouver et de la capturer afin de gagner cette partie ?

Un jeu d’échec, c’est raffiné, stratégique et là, on nous offre plus des jeux de guerre, à coup de missiles, de mitraillages en règle, d’assassinats de pions divers et variés, mais nous sommes loin des raffinements de jeux aperçus dans les deux premiers tomes (même si des pions y mourraient aussi).

Certes, je n’y connais pas grand-chose dans les échecs, mais j’aurais aimé d’autre opérations que « pions contre pions » afin de m’immerger dans la complexité et la subtilité des échecs, sans pour autant entrer dans des détails uniquement connus des joueurs d’échecs. L’équilibre n’est sans doute pas évident à trouver, mais vu le niveau des précédents opus, je m’attendais à mieux qu’à cette artificialité qui apparaissait de temps en temps.

Certes, dans ce jeu d’échecs grandeur nature, des rois sont tombés, des pays sont entrés en guerre, des cyber attaques ont eu lieux, il a fallu sélectionner les bons pions, activer les bonnes personnes, celles que l’on possédaient, qui nous devaient un ascenseur, contrer l’adversaire, ne pas lui laisser voir ses pièces maîtresses, ruser, s’enfuir, se planquer et roquer (interversion de la tour et du roi, permettant à ce dernier de se cacher)…

Là, pour le coup, c’était très intéressant de faire le parallèle entre les coups des deux joueurs et ce qui se passait dans le monde : terrorismes, guerres, chutes de gouvernement…

Un sous-marin sombre dans l’Antarctique. Un avion de ligne est abattu au-dessus de la Géorgie. Le Mexique balance au bord de la guerre civile. Des nationalistes extrémistes arrivent au pouvoir en Espagne et commencent à expulser ou emprisonner leurs ennemis. Une guerre de religion se déclenche au Mali. La Russie interrompt la fourniture de gaz à l’EU. Trois attentats-suicides coûtent la vie à deux cent onze marines américains dans l’Etat de Washington …

Mais à la fin, cela devenait lassant et je n’ai pas ressenti le même plaisir que pour les deux novellas précédentes dont les scénarios étaient plus fins, plus travaillés, plus stratégiques.

Pourtant, malgré mes bémols, ce dernier tome n’est pas mauvais et l’action finale est stratégiquement très bien faite, notamment avec la présence de deux anciens personnages que l’on a suivi dans les autres opus.

Les deux joueurs qui s’affrontent sont complexes, notamment Argent, qui veut gagner pour faire tomber la Maison des Jeux, responsable de trop de morts. Mais pour y arriver, Argent doit lui-même envoyer des tas de personnes au tapis (au cimetière, devrais-je dire) puisque dans le Grand Jeu, on doit utiliser ses propres pions.

Ambivalence. Hélas, j’ai moins accroché avec lui qu’avec Thene ou Remy Burke (tome 1 et 2) et il reste encore des zones d’ombre sur ce personnage qui était mystérieux.

Malgré tout, j’ai apprécié ce tome pour les réflexions qu’il pousse à faire : nous ne sommes que des pions sur l’échiquier mondial.

Nous sommes manipulés par les grands de ce monde : on nous fait croire ce que l’on veut que nous croyons, certaines choses sont mises en scène pour nous faire aller dans le sens que l’on veut que l’on aille (Hitler l’avait fait en déguisant des soldats allemands en polonais pour les accuser ensuite d’une attaque), certains récupèrent des événements tragique pour leur compte (buzz, faire des affaires, du chiffre, du business) et tout ce qui se passe autour de nous est orchestré (ou récupérés) par les puissants, les grandes puissances, les gouvernements et nous n’avons rien à dire, juste subir leurs jeux de pouvoir, leur guerre des trônes.

Attention, je suis loin de sombrer dans le négationnisme, ce n’est pas l’objet de mon message. Mais les politiciens, lobbyistes (et autres) sont des acteurs patentés, capables de dire blanc et de faire noir, de manipuler les gens, comme les joueurs de la Maison des Jeux…

Un dernier tome qui n’arrive pas à la cheville des deux autres, néanmoins, il y a des bonnes idées dedans et si elles avaient été plus travaillées en finesse, on aurait eu un excellent opus.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°166].

‭Petits meurtres à Endgame : A. K. Benedict ‬[LC avec Bianca]

Titre : Petits meurtres à Endgame

Auteur : A. K. Benedict
Édition : Charleston (18/10/2022)
Édition Originale : The Christmas Murder Game (2021)
Traduction : Laura Bourgeois

Résumé :
Lily Armitage espérait ne jamais devoir retourner à Endgame, le domaine familial où sa mère est décédée vingt et un ans plus tôt. Mais lorsque sa tante l’invite au traditionnel jeu de piste de Noël, la curiosité est plus forte qu’elle.

Car cette année, l’enjeu est de taille : non seulement le gagnant héritera du domaine, mais les indices révéleront enfin la vérité sur la mort de sa mère.

Alors que le réveillon de Noël approche, la tension monte entre les cousins. Tous ont leurs raisons de vouloir gagner, et certains n’ont pas l’intention de jouer franc-jeu. Et quand une tempête de neige les force à rester confinés dans le manoir, les retrouvailles familiales prennent une tournure funeste…

Bien décidée à connaître le fin mot de l’histoire, Lily comprend vite que le domaine renferme de sombres secrets, et qu’elle risque sa vie dans ce jeu dangereux…

Cosy mystery, fêtes de Noël et grand manoir : un jeu de piste haletant au cœur d’une famille aux secrets bien gardés.

Critique :
Des meurtres pour Noël, un huis clos, de la neige, un manoir familial dans le Yorkshire, un jeux de piste, des énigmes, comme une sorte de Cluedo grandeur nature ça te dit ?

Purée, bien sûr que je veux lire ce cosy mystery anglais ! Est-ce qu’on demande à un chien s’il veut un os ? Bien sur que non. C’est pourquoi j’ai accepté de suite la proposition de Lecture Commune avec ma copinaute Bianca.

Ce fut une bonne pioche, même si ce cosy mystery souffre de quelques défauts dont je vous parlerai plus loin.

Munie d’une veste chaude, de plusieurs paires de chaussettes épaisses, de plaid et d’un thermos de thé chaud, je me suis aventurée dans cet ancien manoir reconvertit en hôtel pour séminaires. La propriétaire des lieux, décédée, a tout de même tenu à ce que l’on réunisse ses enfants, neveux et nièces, pour un dernier jeux de pistes dont le gros lot est l’acte de propriété du manoir…

Les points forts de ce cosy sont ses énigmes, bien pensées, bien traduites aussi (important, on le comprendra au fil de sa lecture) et qui font appel à la sagacité de la famille Armitage pour décrypter les anagrammes ou autres jeux de mots.

À ce petit jeu là, je suis nulle, tandis que Lily, elle, est un véritable Sherlock Holmes en puissance. Hélas, elle n’a pas son aura, ni sa personnalité, elle est même super fade, la Lily ! Avant de retourner au manoir familial, elle aurait dû aller s’acheter un bon kilo de réparties et au moins 500 grammes d’agressivité, afin de résister au sarcasmes de sa cousine Sara, qui elle, a trop d’aigreur en elle…

Si les énigmes sont bien faites, si le final est génial, si la double enquête est bien menée, si le suspense est présent, les mystères aussi, si les décorations de Noël, dans le manoir, sont grandioses, les personnages, par contre, manquaient de décorum, de boules (oui, les mecs en manquaient !!) et de consistance. Lily est trop molle, Sara trop agressive et personne ne la remet jamais en place, ou alors, avec mollesse.

Ils m’ont fait penser à ces dirigeants qui condamnent fermement un dictateur, mais ne bougent pas d’un millimètre, sauf à froncer les sourcils, ce qui ne fait peur à personne, bien entendu. Bref, les portraits sont déséquilibrés, pas assez travaillés, et pourtant, cela ne m’a pas vraiment posé de problème durant ma lecture. Dommage pour ce manichéisme. Le travail aurait pu être plus approfondi pour eux.

Autre chose que j’ai remarqué et qui manquait un peu de réalisme, c’est qu’après le premier cadavre, personne ne semble vouloir enquêter, virer parano ou raser les murs en claquant des dents… Pourtant, il est impossible que ce soit un accident ou un suicide, à moins d’être contorsionniste.

Heu, avec la neige, les routes sont coupées, ils n’ont pas de téléphones, ils ont un cadavre sur les bras, l’assassin ne peut être que parmi eux (un proche, donc !) et personne ne semble avoir envie de courir comme un poulet sans tête ???

Moi, dans une situation pareille, j’aurais la chair de poule, les chocottes, l’esprit en mode parano et je serrerais tellement les fesses que, même avec des fayots à bouffer à tous les repas, rien ne sortirait ! Au moindre bruit suspect la nuit, par contre, ce serait crise cardiaque ou traces de freinage assurées ! Et bien, cette peur de l’autre, cette suspicion, on ne peut pas dire qu’elle a vraiment lieu. Non, on continue le game. Ils ont dû garder leurs émotions pour eux, sans doute…

Malgré mes quelques bémols, la lecture de ce Cluedo m’a enchanté, je n’ai pas vu le temps passer et mes petites cellules grises ont tourné à plein régime pour tenter de trouver les pièces visées dans les petits poèmes, de résoudre les énigmes, de trouver qui avait tué Mariana, 20 ans plus tôt (ou si c’était bel et bien un suicide), qui a tué une partie des participants de ce jeu de piste de Noël (bingo, j’avais compris), ainsi que les titres des romans policiers préférés de l’autrice, caché dans le récit (3 trouvés, c’est peu).

Pour apprécier pleinement cette lecture, il faut se laisser porter par les événements, ne pas être trop regardant sur le réalisme qu’une famille qui n’enquête pas sur les meurtres qui ont lieu en leur sein, qui ne deviennent pas parano, mais continuent le jeu.

Un huis-clos où l’autrice à mis en place tout ce qu’il fallait pour les garder enfermés ensemble, sans possibilité de fuir (à moins de vouloir se choper une hypothermie sévère), avec un assassin parmi eux, sans que l’on sache qui va être le prochain ou la prochaine, le tout avec envies de meurtre, pour les lecteurs, envers la peste de Sara.

Une lecture sans prise de tête, agréable, fun, qui fait du bien. Si le début est un peu plus long à se mettre en place, une fois les jeux commencé, il est difficile de lâcher ce cosy mystery avant la solution finale.

Là, c’est une LC réussie avec Bianca, ça tombe bien, c’était notre dernière de l’année. J’espère que celles prévues en janvier serons des réussites aussi, parce que nous avons prévu des auteurs et ses sagas que nous avons appréciées.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°105].

La maison des jeux – 01 – Le serpent : Claire North

Titre : La maison des jeux – 01 – Le serpent

Auteur : Claire North
Édition : Le Bélial’ Une Heure-Lumière (24/03/2022)
Édition Originale : The Gameshouse, book 1: The Serpent (2015)
Traduction : Michel Pagel

Résumé :
VENISE, 1610. Au coeur de la Sérénissime, cité-monde la plus peuplée d’Europe, puissance honnie par le pape Paul V, il est un établissement mystérieux connu sous le nom de Maison des Jeux. Palais accueillant des joueurs de tous horizons, il se divise en deux cercles, Basse et Haute Loge.

Dans le premier, les fortunes se font et se défont autour de tables de jeux divers et parfois improbables.

Rarement, très rarement, certains joueurs aux talents hors normes sont invités à franchir les portes dorées de la Haute Loge.

Les enjeux de ce lieu secret sont tout autre : pouvoir et politique à l’échelle des Etats, souvenirs, dons et capacités, années de vie…

Tout le monde n’est pas digne de concourir dans la Haute Loge. Mais pour Thene, jeune femme bafouée par un mari aigri et falot ayant englouti sa fortune, il n’y a aucune alternative.

D’autant que l’horizon qui s’offre à elle ne connaît pas de limite. Pour peu qu’elle gagne. Et qu’elle n’oublie pas que plus élevés sont les enjeux, plus dangereuses sont les règles…

Critique :
Bien souvent, entre moi et une novella de chez Le Bélial, ça passe ou ça casse. Ici, ça passe tout en cassant la baraque !

Cette novella fantastique a tout d’un Game Of Thrones (en version non sanguine), tant la politique et les manipulations en tout genre sont légions.

Le plus haut poste est à pourvoir, au Tribunal Suprême et les prétendants au trône sont des pions que quatre joueurs vont déplacer au fil du jeu, utilisant d’autres personnes comme des cartes à jouer.

Thene, notre joueuse, est une jeune fille juive, mariée de force à un crétin qui avait des vues sur son argent. Si son mari perd des sommes indécentes au jeu, Thene, elle gagne et c’est pourquoi elle sera choisie pour participer à ce jeu grandeur nature, mis au point par la mystérieuse Maîtresse des Jeux, la maîtresse de la Haute Loge.

Ce jeu, c’est comme un jeu d’échec grandeur nature, une sorte de partie de cartes, un jeu de tarot, sauf que c’est tout ça, sans être ça… C’est le jeu des rois. Le principe est de faire gagner son pion, oups, pardon, sa pièce. Interdiction de tuer l’adversaire.

Thene est une jeune fille intelligente, attachante, même si on saura peu d’elle (comme quoi, il est possible de créer des personnages attachants sans en dire trop).

La novella se suffit aussi à elle-même, avec peu de pages (154), tout est dit : le suspense est maîtrisé, le jeu est abouti, d’une grande stratégie, les personnages clairement identifiables, l’univers est riche, travaillé, ce qui donne un jeu politique des plus subtils où rien n’est jamais vraiment sûr et où les illusions pourraient être présentes. Politique et illusion sont des synonymes.

On est tellement pris dans le récit que l’on arrive à oublier que les pions sont des êtres vivants et que c’est avec leur vie que l’on joue, puisque ceux-ci sont redevables à la Maison des Jeux et qu’ils sont « prisonniers » des tentacules de la maîtresse. Et on peut tenir les gens de mille et une façon.

Et puis tout à coup, paf, l’autrice nous rappelle que ce ne sont pas des numéros, ou des cartes à jouer, mais des êtres humains ! Merci pour cette piqûre de rappel au travers des pensées de Thene.

Bravo aussi d’avoir mis une femme en premier plan, alors qu’à cette époque, la femme n’avait aucun droit et on nous le rappellera quelques fois, notamment au travers du comportement des hommes. Une femme est sous-estimée, ce qui est une grave erreur (mais pas grave, continuez de le penser).

Une novella magistrale, faite de complots, d’alliances, de crochets du pied, de poignard dans le dos, de pardon ou non, de stratégie implacable, de calculs savants, de lâcher prise pour mieux sauter, de retournements de situation, de réflexions poussées… C’est implacable, c’est retors, c’est magistral et on le lit d’une traite afin de savoir ce qui va se passer.

Le petit plus est ce narrateur, qui semble tout observer, être omniscient et qui s’adresse à l’héroïne Thene comme s’il était une sorte de Jiminy Cricket virevoltant autour de sa personne.

Une lecture captivante, une lecture où le fantastique est présent, mais c’est ténu, tout en étant une pièce maîtresse de l’échiquier. Pas de magie à la HP, mais un univers qui est clairement différent et où certaines choses sont possibles, comme de vivre très longtemps.

Une fois de plus, j’ai bien fait de persévérer avec les novellas de cette collection. Ce n’est pas toujours des rencontres marquantes ou appréciées, j’ai eu mon lot de déception littéraire, mais quand ça paie, ça paie bien !

#MoisAnglais2022

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°240] et Le Mois Anglais – Juin 2022 (Chez Titine et My Lou Book).

Sherlock, qui est le coupable ? : Vincent Raffaitin et Collectif

Titre : Sherlock, qui est le coupable ?

Auteur : Vincent Raffaitin et Collectif
Dessinateur : Ced
Édition : Larousse (15/09/2021)

Résumé :
Voici 35 enquêtes, aussi déconcertantes que corsées, à élucider en exerçant son sens de la déduction et son esprit logique.

Saurez-vous trouver les indices qui se cachent au cœur d’un texte romancé ou dans les lignes d’un dessin que seul un véritable œil de lynx saurait percer à jour ?

Critique :
J’ai toujours apprécié les petits livres d’énigmes à résoudre et si certains n’étaient pas évidents vu le peu d’indices donnés, celui-ci est plus facile d’accès. La preuve, j’ai résolu quelques énigmes !

Le scénariste nous propose des énigmes différentes : cambriolage, disparitions, meurtres… Les illustrations égayent les pages, quelles soient dessinées ou sous forme de photos.

Je ne dirai pas que le Holmes est parfaitement canonique : je le vois mal enfermer Watson dans leur appart, avec une énigme à résoudre, pendant que lui irait au rendez-vous galant de Watson…

Pourtant, c’est drôle et je me suis bien faite avoir avec cette énigme ! Comme quoi, on ne lit jamais bien…

L’histoire qui met en scène les indices pour l’enquête n’est ni trop longue, ni trop courte et tous les indices se trouvent soit dans le texte, soit dans l’image. Je me suis souvent plainte de certains livres d’énigmes où des détails manquaient, mais ce n’est pas absolument pas le cas ici.

On résous les enquêtes en réfléchissant, en observant les images, en faisant des déductions sur ce que l’on sait, sur ce que les témoins ont dit, fait… Je n’ai pas tout découvert, je vous l’avoue.

C’était plaisant de lire ces petites histoires et de tenter de résoudre ces différentes énigmes. Mon cerveau a fumé.

Une chouette découverte.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°142] et Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°24].

Sherlock Holmes – Enquêtes surnaturelles [La BD dont vous êtes le héros] : Boutanox et Jarvin

Titre : Sherlock Holmes – Enquêtes surnaturelles [La BD dont vous êtes le héros]

Scénariste : Jarvin
Dessinateur : Boutanox

Édition : Makaka (27/07/2020)

Résumé :
Des crimes surnaturels ont été commis à Londres. Si vous espérez les élucider, il vous faudra mettre votre intelligence et vos convictions à l’épreuve : les faits relèvent-ils de créatures infernales ou de simples mystificateurs…?

Incarnez le détective Holmes, le docteur Watson ou le chasseur de mystères, Thomas Carnacki. Gardez l’esprit clair, soyez méthodique, interrogez les témoins avec tact, fouillez les lieux, dénichez des indices et confrontez-vous aux énigmes, car le héros, c’est VOUS !

Critique :
Depuis le début, je suis fan du concept « La BD dont vous êtes le héros » que les éditions Makaka publient avec Sherlock Holmes, de manière totalement différente des romans jeux de rôles de mon adolescence.

Ici, au moins, pas besoin de dés et en plus, on a des images !

Habituellement, les dessins sont de Ced (et certains scénarios aussi). Cette fois-ci, Boutanox le remplace à la planche à dessins et ils sont tout aussi appréciables que ceux de Ced.

Dans ces trois enquêtes surnaturelles, vous devrez trouver le coupable parmi les suspects proposés, après les avoir interrogés et recueilli des indices, mais on ne vous demandera de vous déclarer sur l’existence ou non des loups-garous, des fantômes ou des momies qui se déplacent toutes seules. Le but du jeu n’est pas là.

Une fois de plus, je me suis amusée comme une petite folle, juste armée de mon crayon et d’une tasse de café fort afin de donner du carburant à mes petites cellules grises, qui auraient sans doute eu besoin d’un bon coup de WD-40 tant elles étaient rouillées !

Il est assez facile de repérer des indices dans un récit linéaire, mais lorsque l’on bouge dans tout un album, on a tendance à oublier des détails si on oublie de les noter. Sans être compliquées, dans ces énigmes, il n’est pas toujours évident de trouver le coupable du premier coup.

De plus, il faut être super attentif à tous les petits détails, notamment aux numéros qui sont parfois cachés dans les différentes cases et que l’on ne voit pas du premier coup d’œil.

Dans la première histoire avec le loup-garou, on me parlait d’un indice « carnet intime », j’avais vu ce dernier sur une commode mais n’ayant pas trouvé le chiffre renvoyant à la case de cet indice, je le pensais ailleurs. Mais non, il n’était que là… Alors, me penchant un peu plus, je distinguai en filigranes le numéro qui me permettrait d’aller lire son contenu. Bingo !

Pour une fois, je n’ai pas eu trop de mal à trouver le/les coupables de chacune des trois histoires, malgré tout, si vous n’êtes pas attentif ou que vous ne récupérez pas tous les indices, ce sera moins facile. Attention, n’allez pas croire qu’on trouve tout, les doigts dans le nez, faut tout de même mouiller le maillot en fouillant des manoirs, un parc,…

C’est toujours interactif sans avoir besoin d’une manette de jeu, c’est amusant, on peut incarner trois personnages différents, chacun ayant des dispositions qu’un autre n’a pas et il est toujours possible, plus tard, de reprendre le livre de jeu en incarnant un autre personnage ou de rejouer, si vous n’avez pas noté les réponses dans l’album mais sur une feuille volante qui s’autodétruira ensuite…

Une fois de plus, les énigmes sont intelligentes, brillantes, bien mises en scène, donnant assez d’indices si vous êtes observateur. Si, comme moi, vous avez lu beaucoup de romans policiers, vous pourrez aussi trouver quelques concordances et comprendre à qui profitait le crime.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°296], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°49], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 96 pages), Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°00], et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, Cryssilda et Titine.

Bloodborne – Tome 1 – La fin du cauchemar : Ales Kot, Piotr Kowalski et Brad Simpson

Titre : Bloodborne – Tome 1- La fin du cauchemar

Scénariste : Ales Kot
Dessinateur : Piotr Kowalski
Coloriste : Brad Simpson

Édition : Urban Comics Games (2018)

Résumé :
Un chasseur sans nom se réveille dans la ville antique de Yharnam, une cité en proie à la maladie et dont les rues résonnent du râle de créatures terrifiantes.

Cherchant par tous les moyens à échapper à la Nuit de Chasse, le chasseur se lance dans une quête dangereuse et violente dans l’espoir de mettre fin au mal qui ronge Yharnam.

Critique :
Si les dessins sont bien réalisés, je me pose des questions sur le scénario qui me semble un peu foireux. Moi, en tout cas, je n’ai pas compris grand-chose et je ne poursuivrai pas cette série de dark fantasy.

On comprend qu’une maladie ronge les habitants, les transformants en créatures monstrueuses, comme des loups-garous ou des espèces de zombies.

Les chasseurs les chassent…

Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? On ne le sait pas. Celle que l’on appelle chasseuse semble être une femme, mais elle ne possède pas de forme et se bat avec un masque sur le visage. Si le covid transformait les infectés en loups-garous, je pense que ça se saurait…

Il y a un monstre, immense, énorme. Des monstres… Mais on ne sait rien de plus.

L’histoire est difficile à suivre. Sommes-nous dans un jeu vidéo où quand on perd, on revient à la vie ? C’est ce qu’une scène m’a semblé suggérer. Mais est-ce le jeu d’un gamer que nous suivons ou tout simplement des êtres vivants piégés dans un jeu vidéo grandeur nature ? Je n’en saurai pas plus.

Les dessins étaient très beaux, ce sera tout ce que je retirerai de positif de cette lecture et je ne pousserai pas le vice plus loin en lisant les deux tomes suivants.

Merci et au revoir !

Le Passage du canyon : Ernest Haycox

Titre : Le Passage du canyon

Auteur : Ernest Haycox
Édition : Actes Sud L’Ouest, le vrai (02/03/2015)
Édition Originale : Canyon passage (1945)
Traducteur : Jean Esch

Résumé :
Oregon, 1850. Quand Logan Stuart, aventurier et homme d’affaires, arrive à Jacksonville, il découvre une bourgade sur laquelle plane la menace des Indiens… mais aussi les rivalités qui opposent prospecteurs, paysans et autres émigrants. Logan va se trouver au cœur de tous ces conflits.

Une bagarre qui éclate, un joueur qui est prêt à tuer pour dissimuler ses dettes, des rumeurs qui courent, des colons soudainement massacrés, et voilà que toute une société animée par la passion de l’argent ou du jeu, l’amitié profonde ou l’amour caché, est sur le point d’exploser.

Critique :
Un western sans cow-boys, sans troupeaux de vaches, la recette a beau être inhabituelle, elle est correctement respectée et bien présentée car l’auteur est un grand cuisinier du western.

Il ne faut pas s’attendre à de l’action pure et dure car l’auteur nous présente de manière réaliste la vie en 1850 dans une petite ville dominée par les chercheurs d’or, les paysans éparpillés un peu partout et les commerçants.

Aux travers différents portraits d’hommes allant du bon à la brute épaisse, en passant par le truand qui triche aux cartes pour plumer les autres et le truand cynique qui se sert dans la poussière d’or confiée par les orpailleurs à sa société « bancaire », sans oublier les femmes qui ont des cojones sous leurs jupons, l’auteur nous présente un petit monde où, une fois qu’on y a mis les pieds, il est difficile de repartir.

Le trou du cul de l’Oregon, ça pourrait être ici. Le Cheval de Fer ne passe pas ici, donc, tous les convois se font à dos de mules et Logan Stuart a développé un commerce florissant.

Logan, c’est le Bon et nous pourrions faire un portrait croisé de lui et de son ami Georges Camrose à la manière de la série Amicalement Vôtre, où Camrose jouerait le rôle d’un Daniel Wilde plus cynique et moins réglo en amitié.

On peut dire que George Camrose a un côté truand sympathique, du moins, au début, mais ses pertes au poker et ses emprunts d’or dans les sacs des orpailleurs signeront son passage du côté obscur de la Force et sa descente aux Enfers.

Logan défendra son ami jusqu’au bout, démontrant par là son sens de l’amitié, mais il y un bémol car à un moment donné, lorsqu’on sait que les autres ont raison et que son ami a commis l’indicible, il ne mérite pas que l’on prenne des risques pour lui ou que l’on mette potentiellement en danger la vie des autres, or George est le genre de type qui ne changera jamais.

La petite ville de Jacksonville est comme toute les petites villes du monde : couarde devant le caïd local mais meute déchaînée face à un homme qu’elle n’apprécie pas et qui n’a pas la force bestiale de la Brute. On est à deux doigts d’un lynchage en bonne et due forme après un procès qui n’en est pas vraiment un.

Comme toujours, on joue au dur mais on file la queue entre les jambes face à la Brute sauf si la Brute est par terre, alors là, on devient courageux. Enfin, on devient courageux lorsqu’on est sûr que la Brute ne pourra plus rien nous faire de mal, sinon, on courbe l’échine devant elle comme on a toujours fait.

L’auteur a toujours su dresser des portraits peu flatteurs et assez vils de l’Humain, même s’il le contrebalance par des portraits plus avantageux pour d’autres qui reçoivent la droiture, l’honnêteté et le sens de l’amitié. Pour les femmes, elles sont toujours indépendantes, fortes et on est loin des femmes faibles.

La grande action se situera sur la fin, lorsque la Brute, de par son action stupide (comme toujours), fera s’abattre la foudre sur les maisons isolées.

Une fois de plus, l’auteur nous démontrera que les grandes gueules du début jappent ensuite comme des chiots apeurés lorsqu’ils risquent de se retrouver nez-à-nez avec des Indiens déchaînés, tandis que les taiseux, eux, ne s’encombrent pas de palabres mais agissent.

Un western bien servi, bien écrit, possédant des personnages disparates mais jamais éloignés de ceux que l’on connait. Un western qui dresse un triangle amoureux sans jamais verser dans la mièvrerie.

Un western qui s’attache à nous montrer la vie dans une petite ville de prospecteurs sans que jamais le lecteur ne s’ennuie car leur vie n’avait rien d’ennuyeuse et la plume de l’auteur a su nous rendre cela de la plus belle des manières.

L’obscurité était une cape jetée négligemment sur les montagnes et les prairies, les aboiements des chiens d’Anselm réveillaient des échos lointains dans les collines sillonnées de crêtes. L’haleine du canyon était humide et froide. La piste montait et la poussière molle absorbait le bruit des pas des chevaux. Un ruisseau fougueux longeait la piste et affrontait musicalement les pierres de son lit.

L’Amérique n’avait aucune limite, hormis celles qu’un homme s’imposait. Le passé que Clenchfield aimait tant n’existait pas ici. Le présent qu’il s’efforçait de maintenir équilibré et exact, au prix de gros efforts, serait bientôt un lendemain mort. Quand un homme s’attachait à une époque, celle-ci, qui ne cessait de reculer dans la nuit des temps, l’entraînait avec lui jusqu’à ce que l’un et l’autre soient morts et oubliés.

La raison est la lueur pâle et tremblotante d’une bougie que brandit un homme pour guider ses pas quand le feu qui brûlait en lui s’est éteint.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°67, Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et Le Mois Américain – Septembre 2019 – chez Titine.