Blacksad – Tome 5 – Amarillo : Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido

Titre : Blacksad – Tome 5 – Amarillo

Scénariste : Juan Diaz Canales
Dessinateur : Juanjo Guarnido

Édition : Dargaud (2013)

Résumé :
Weekly doit quitter La Nouvelle-Orléans ; il y laisse John qui préfère rester pour chercher du travail sur place.

Par chance, celui-ci croise justement un riche Texan qui lui propose de ramener sa voiture chez lui : un boulot simple et bien payé !

Critique :
Blacksad décide de rester à la Nouvelle-Orléans et son pote Weekly le quitte à regret.

Moi aussi j’ai regardé partir Weekly avec regrets car c’est un personnage que j’apprécie beaucoup.

Heureusement, les auteurs vont m’en sortir un nouveau de leur poche : Neal, un avocat éditeur avec une belle tête d’hyène et une gueule sympathique.

Dommage que sa collaboration avec notre chat détective s’arrêtera à ce tome…

Ce récit commence comme des vacances pour notre Blacksad, un peu à la manière du Corniaud, le voici chargé de reconduire la Cadillac d’un riche Texan à Tulsa. Voilà un boulot pépère et bien payé. Notre chat roule, la pédale douce.

Oui mais, tel un Hercule Poirot sur lequel pleuvent les meurtres lorsqu’il prend des vacances, les emmerdes, volant en escadrille (et non en espadrilles), lui tombent dessus sans qu’il sache vraiment comment faire pour gérer tout ça.

Plusieurs choses resteront sans réponses dans ce cinquième tome : comment le riche texan réagira t-il en découvrant sa superbe bagnole cabossée de partout et puant le macchabée ? Pourquoi Chad, le beau lion et écrivain talentueux sur le retour et son pote Le Bison, poète qui se prend pas pour de la merde, ont-ils volé une moto et ensuite la bagnole de Blacksad ? La villa vue au départ leur appartenait-elle ou l’avaient-ils squattée ? Que deviendra le rouleau aux chiottes ? Mystères…

Si ce tome n’est pas mou du genou, si les dessins sont toujours magnifiquement exécutés, si les expressions faciales sont toujours superbes et d’une finesse que j’apprécie, si les couleurs sont chatoyantes, j’ai tout de même eu l’impression que notre détective félin se laisse emmener plutôt que de mener la danse.

Les personnages, même secondaires, ont une importance capitale et ceux de Neal l’avocat gouailleur et de Chad, l’auteur a succès qui doute, sont des portraits magnifiques et plein de profondeur.

Notre incursion dans le monde impitoyable du cirque ne nous donnera pas envie d’aller acheter un billet, mais cela permettra à Blacksad de nous montrer qu’il a encore de la ressource et de faire connaissance avec sa frangine.

Road movie les poils au vent, ce cinquième tome n’a pas la force des trois premiers, même s’il reste d’excellente facture et supérieur à bien d’autres bédés. Malgré tout, ces avalanches de situations alambiquées semblent n’être là que pour meubler un peu.

Pourtant, j’ai passé un bon moment avec mon Blacksad, un peu comme si nous étions en vacances et qu’il nous arrivait des bricoles amusantes, avant qu’elles ne deviennent franchement dangereuse pour notre santé.

À noter que le final est très beau… Fallait avoir des couilles, Chad, et tu les as eues.

Maintenant, sans attendre des années, je vais passer au nouveau tome qui vient de sortir. Parfois, découvrir des séries sur le tard, ça a du bon.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°62], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°86] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).

Texas Jack : Dimitri Armand et Pierre Dubois

Titre : Texas Jack

Scénariste : Pierre Dubois
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (02/11/2018)

Résumé :
Texas Jack est un as du revolver. Mais contrairement à sa légende, il n’a jamais exercé ses talents ailleurs que dans un cirque.

Il reçoit un jour un défi : partir à l’Ouest, affronter le sanguinaire Gunsmoke et sa horde de tueurs. La mission est suicidaire, mais impossible de refuser sans perdre sa réputation.

Heureusement pour Texas Jack, Gunsmoke est aussi la cible du marshal Sykes…

Critique :
Souvenez-vous, dans une aventure de Lucky Luke (des barbelés sur la prairie), des méchants éleveurs voulaient bouter hors de leurs prairies les paisibles fermiers en les intimidant et en les menaçant.

Ça, c’est la version amusante et gentillette. J’adore cet album mais il ne reflète pas la réalité du far-west impitoyable.

Gunsmoke est impitoyable. C’est une saloperie de putain de méchant qui n’hésitera pas à tuer des gosses.

Version en bédé des 7 salopards (l’ancien film), portés à 9 cavaliers, cette bédé western offre des bons moments d’actions, de violences, de magouilles politiques, tout en prenant son temps pour amener les différents protagonistes à se mesurer l’un à l’autre.

Comme dans une bonne quête de fantasy, nos 4 compagnons quittèrent le cirque et par un prompt renfort inattendu, se retrouvèrent à 9 pour aller combattre la bande de Gunsmoke qui met le Wyoming à feu et à sang, sous les ordres d’un politicien véreux (synonymes, je sais).

Le début de la bédé est d’une violence inouïe, un massacre de masse, l’extermination pure et simple d’un paisible rassemblement de gens. La suite ne sera pas triste non plus, car lorsqu’on mange à la table du diable, il faut une longue cuillère !

Voilà ce que j’appellerais une bonne bédé western qui réuni tous les codes mais les cuisine à sa manière, pour nous offrir un plat qui ne sent pas le réchauffé car le scénariste a pris la peine, malgré un récit qui semble éculé, de nous le monter de manière différente et le résultat s’en fait ressentir de suite : waw !

Attention, on ne révolutionnera pas le monde du western, mais ce que les auteurs nous proposent là, c’est de la bonne came pour les yeux, un récit qui ne se contente pas de nous proposer que des fusillades et cavalcades à tout bout de champ (même si on en aura), mais va aussi plus en profondeur dans ses personnages (sauf pour les méchants), dans leur psychologie…

Anybref, pour ceux et celles qui aiment le western, c’est le pied intégral.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°44].

Le carnaval des ombres : R. J. Ellory

Titre : Le carnaval des ombres

Auteur : R. J. Ellory
Édition : Sonatine (06/06/21) – 605 pages
Édition Originale : Carnival of Shadows (2014)
Traduction : Fabrice Pointeau

Résumé :
1959. Alors qu’un cirque ambulant vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, Kansas, un corps couvert d’étranges tatouages est découvert sous le carrousel.

Dépêché sur les lieux, l’agent spécial Michael Travis n’est pas aidé par les membres du cirque, peu enclins à livrer leurs secrets. Mais l’affaire prend vite une tournure inattendue…

Critique :
En juin, il n’y avait pas que le Mois Anglais, il y avait aussi la sortie du dernier roman de R.J Ellory et rien ne me fait plus plaisir que de lire ses romans !

Double plaisir puisque l’auteur, anglais, a toujours pour décor l’Amérique.

Celle des années 50 est encore plus intéressante car les nouvelles technologies sont absentes, c’est la Guerre Froide et il y a toujours moyen d’écrire un super roman sur ces périodes.

Au départ, c’est une enquête de routine qui échoue dans les mains de l’agent spécial senior, Michael Travis. Son enquête dans une fête foraine où se produisent quelques phénomènes est, somme toute, assez classique.

Ce qui l’est moins, c’est la personnalité de Michael Travis : il est fracassé, torturé (mais ne fume pas, ne bois pas, ne se drogue pas), son enfance n’a guère était agréable et il est aussi raide qu’une planche à repasser ! Limite un manche de balai enfoncé dans le cul tant il est respectueux des règles. « Fuck the rules » ne sera jamais tatoué sur son bras (aucun tatouage, d’ailleurs).

Travis est pétri de certitudes, il a ses propres convictions et lui faire ouvrir les yeux ne sera pas une mince affaire, lui qui a les pieds bien trop ancrés dans la réalité et totalement imperméable à la magie où à l’inexplicable.

Son passé, nous l’apprendrons pas bribes, les épisodes malheureux de sa vie de retrouvant insérés entre deux chapitres de son enquête. Plus intelligent pour un auteur de nous apprendre par petits morceaux que de commencer son récit par la vie de son personnage principal. En tout cas, moi, ça me plait ainsi.

Les ambiances « Amérique des années 50 » étaient bien présentes, Ellory étant doué pour les descriptions, sans devoir en faire des tonnes, comme il est doué pour créer des personnages réalistes, bien ancrés dans le récit et ayant une véritable présence physique.

Si les freaks de son récit ne sont pas comme ceux du roman de Katherine Dunn « Amour monstre » ou comme ceux chez Harry Crews, « La malédiction du gitan », les siens auraient plus des airs de famille avec les phénomènes qu’un Stephen King aurait pu mettre en scène dans l’un de ses romans.

Ici, pas de sœurs siamoises, d’enfant poisson ou de nain culturiste, mais des gens possédant certains pouvoirs… Parfois même plus de doigts que la normale…

Lors de la première partie du récit, bien que je m’y sois trouvée aussi bien qu’un poisson dans l’eau, je ne pouvait m’empêcher de le trouver normal : un homme assassiné, une enquête d’un agent du FBI (et pas un Fox Mulder) en solo, une fête foraine sortant de l’ordinaire, bref, pas de quoi  défriser la moustache à Hercule Poirot…

Puis tout à coup, j’ai compris que sous le tapis, il y avait des saloperies, des cafards puants, ainsi que des squelettes dans les placards et une fois que ça a commencé à sortir, j’ai compris pourquoi me camarade blogueurs/euses avaient trouvé le dernier roman d’Ellory génial ! Ah oui, putain, je confirme !

Ellory a beau être un auteur anglais, il a une capacité d’analyse de l’Amérique, qu’elle soit profonde, politicienne ou institutionnelle (FBI, CIA,…), extraordinaire. Sa plume devient scalpel et il la dissèque, sortant ses viscères (pas toutes à la fois) à la manière d’un prestidigitateur pour nous les exposer sous nos yeux ébahis.

Son truc est qu’il utilise sûrement une plume magique qui sait si bien mettre les mots sur les idées, sur les actions qu’on a l’impression de ne pas être dans un roman mais de le vivre vraiment, aux côtés des personnages.

Une fois de plus, Ellory nous livre un roman sombre, où l’Amérique et ses institutions ne sortiront pas grandies (mais nous le savions déjà).

Prenez place dans le chapiteau du Carnaval Diablo, laissez-vous emporter par la magie du spectacle, ouvrez votre cœur, laissez vos certitudes, vos convictions, vos préjugés sur le bas-côté et embarquez dans ce voyage fait d’illusions, de vérités, de révélations où vous pourriez en sortir grandi, comme notre agent spécial Travis.

Lu l’édition Sonatine de 605 pages et c’est avec lui que je termine ce Mois Anglais qui fut aussi magique que ma lecture.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°312], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°65], et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, CryssildaTitine et Le pavé de l’été – 2021 (Saison 10) chez Sur Mes Brizées.

Ekhö, Monde miroir – Tome 10 – Un fantôme à Pékin : Christophe Arleston et Alessandro Barbucci

Titre : Ekhö, Monde miroir – Tome 10 – Un fantôme à Pékin

Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci

Édition : Soleil (25/11/2020)

Résumé :
Pour un prochain grand show à Broadway, Fourmille, Youri et Sigisbert se rendent à Pékin afin d’y recruter des artistes de cirque.

Mais les plus doués viennent d’un monastère Shaolin et il leur faut entreprendre le voyage jusqu’aux portes du Tibet.

Critique :
Ekhö est un monde parallèle au nôtre, mais sans la technologie, sans l’électricité et pourvu d’animaux pour le moins étrange.

Fourmille continue de l’arpenter et pour cette dixième aventure, elle nous emmène à Shangaï avant de faire un crochet par le Tibet et ensuite par Pékin.

L’aventure est amusante, les personnages sont toujours aussi plaisants à retrouver, les dessins, les couleurs, tout ça, c’est génial, mais…

Ben oui, encore un « mais »…

On dirait que tout cela s’essouffle et on est loin des fourmillements géniaux du début, de la satire qu’étaient les premiers tomes, des enquêtes géniales qu’il fallait mener pour résoudre la mort d’une personne (dont le fantôme prenait possession de Fourmille).

L’auteur dénoncera les gigantesques ateliers qui naissent dans la ville de Pékin, de ces gens qui quittent les campagnes pour venir travailler à la ville, mais rien de plus, alors qu’il y avait tant à dire sur Pékin, tant de petits coups sous la ceinture à donner.

Mais voilà, nos personnages passent plus de temps à voyager vers les monts Shaolin et à courir jusque Pékin que de dénoncer les travers de nos sociétés.

Heureusement, on a toujours la présence des petits clins d’œils à notre monde, comme les éléphants chars d’assaut et le petit livre rouge, notamment.

Alors oui, l’album est amusant, j’ai souri, le moment « détente lecture » était au rendez-vous, mais il m’a laissé une dent creuse et l’impression de ne pas avoir été rassasiée comme avec les premiers albums.

Dommage parce que j’avais adoré ma première rencontre avec l’univers de Fourmille, dans le Lanfeust Mag, j’avais trouvé ce nouvel univers foisonnant de références au notre, rempli de belles promesses, j’en ai eu beaucoup, mais là, le tome 8 m’avait déjà fortement déçu et ça continue avec le 10 (oui, j’ai sauté le 9, un oubli que je vais réparer de suite).

Arleston, tu peux faire mieux, tu es un scénariste de talent, et Fourmille mérite mieux que ces albums en demi-teinte. Ekhö est un monde aussi vaste que les terres d’Arran, que celui de Troy, alors, on va éviter de nous la faire façon naufragés d’Ythaq qui sont en train de tourner en rond depuis quelques albums…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°144].

Les deux gredins : Roald Dahl

Titre : Les deux gredins

Auteur : Roald Dahl
Édition : Folio Junior (1986/1990/2000/2007/2013)
Édition Originale : The Twits (1980)
Traduction : Marie-Raymond Farré

Résumé :
La barbe de compère Gredin est un véritable garde-manger, garnie des miettes de ses monstrueux festins : restes de spaghettis aux vers de terre, bribes de tartes aux oiseaux… un régal que Compère Gredin lui prépare chaque semaine.

Mais voilà qu’une bande de singes acrobates va troubler les préparatifs du repas hebdomadaire…

Critique :
Nos deux gredins sont tellement immondes, crades, méchants, mauvais, laids, bêtes que la distanciation sociale s’applique de suite avec eux.

Et à plus d’un mètre cinquante, je vous prie. Un conseil, foutez un max de kilomètres entre eux et vous, surtout si vous êtes un piaf ou tout autre animal.

En découvrant les tours de pendus qu’ils se font entre eux, ça m’a fait penser à tous ces couples qui se détestent et passent leur temps à pourrir la vie de l’autre. Si, si, je vous jure et j’ai des noms.

L’écriture de Roald Dahl est dynamique et très imagée. C’est le genre de récit qui dégoûte les adultes et fait rire les enfants, eux qui détestent bien souvent les bains. L’auteur le sait bien, il s’en amuse car il nous l’explique un peu à la manière dont le ferait un gosse.

La fable est cruelle car des pauvres oiseaux innocents finissent englué sur un arbre et ensuite en tourte à oiseaux. Chez vous, le mercredi, c’est raviolis, mais chez les Gredins, c’est tourte au cui-cui.

Qui dit fable dit morale. Et dans la morale, ce sont les méchants qui sont punis.

Dans la réalité, les mauvais gagnent et vous plument en passant, mais heureusement, dans la littérature enfantine, on peut se permettre de châtier les être qui sont bêtes cruels et méchants, comme les Gredins, même si ce n’est pas réaliste.

En tout cas, c’était très drôle et même si je suis adulte, j’ai éclaté de rire devant la farce jouée à ces deux imbéciles, aussi crétins qu’ils sont méchants. Na, bien fait pour eux car la maltraitance animale, je suis contre.

Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°24].

 

Les enquêtes d’Alfred et Agatha – Tome 02 – Qu’est-il arrivé à Snouty Jones ? : Ana Campoy

Titre : Les enquêtes d’Alfred et Agatha – Tome 02 – Qu’est-il arrivé à Snouty Jones ?

Auteur : Ana Campoy
Édition : Bayard Jeunesse (2016)
Édition Originale : Las aventuras de Alfred & Agatha – Tomo 2 – El chelín de plata (2011)
Traducteur : Martine Desoille

Résumé :
En récompense pour ses bonnes notes, Alfred reçoit un shilling en argent de la part de son père. Tout fier, il va chez Agatha pour le lui montrer.

Son amie en profite pour lui présenter son voisin, l’écrivain Sir Arthur Conan Doyle, auteur de romans policiers et créateur du célèbre Sherlock Holmes. Alfred est enchanté par cette rencontre.

Mais il se querelle avec Snouty Jones, la chienne à deux queues d’Agatha car elle a mordillé son précieux shilling.

Le lendemain, alors qu’il décide d’aller faire la paix avec la petite chienne, Hercule, le majordome des Miller, vient lui annoncer une affreuse nouvelle : Snouty Jones a disparu !Agatha est convaincue qu’elle a été enlevée….

Critique :
Je n’irai pas par quatre chemins, ces romans sont vraiment fait pour les plus jeunes et je n’y ai toujours pas trouvé matière à plaisir dans leurs enquêtes.

Pour les plus jeunes, c’est sans doute génial, amusant, mais pour une vieille habituée telle que moi, la résolution arrive un peu trop vite, trop facilement et j’en suis toujours à me demander si celui qui a enlevé Snouty Jones avait bien un cerveau parce que vu ce qu’il voulait qu’elle accomplisse, c’était du suicide !

La seule chose que j’ai apprécié, au cours de cette lecture rapide, c’était la rencontre avec Conan Doyle, voisin d’Agatha (future Christie). Alfred (futur Hitchcock) en a été subjugué.

Là, je me suis régalée et j’ai aimé la manière d’amener son futur roman d’après chute de Holmes grâce à l’enquête de nos deux futures célébrités.

Vous remarquerez sans doute la différence entre les personnages dessinés sur la couverture de l’édition espagnole et la française.

Sur l’espagnole, les deux enquêteurs en herbe ont l’air d’avoir 8/10 ans alors que sur l’autre, on dirait des ados de 16 ans. Et je ne vous parle même pas de la représentation du chien !!

Pour ce qui est de la résolution, j’avais déjà compris qui était l’auteur du kidnapping et ma foi, ce n’était pas compliqué tant il y avait peu de suspect.

Le final arrive très vite, un peu trop exagéré au niveau du méchant sans cervelle et de ce qu’il voulait que Snouty accomplisse.

Bon, je pense que je vais arrêter les frais ici.

Pour les jeunes, c’est le genre de lecture qui plaira. Moi, en tant qu’adulte, ce roman n’a pas réveillé mon âme d’enfant, là où d’autres y arrivent. Dommage.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018), le Mois Espagnol chez Sharon (Mai 2018) et Le Mois anglais saison 7 chez Lou et Cryssilda (juin 2018).

Amour monstre : Katherine Dunn

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Titre : Amour monstre

Auteur : Katherine Dunn
Édition : Gallmeister (2016)

Résumé :
Les membres de la famille Binewski sont bien étranges… Pour sauver son cirque. Al, le père, décide avec sa femme Lil de créer une famille « sur mesure ».

A force de médicaments et autres radiations, Lil met au monde cinq enfants : Arturo, l’Homme – Poisson dont les membres sont des nageoires, Electra et Iphigenia, sœurs siamoises et pianistes, Fortunato dont on craint un moment qu’il soit normal, mais qui fait bientôt preuve de particularités des plus monstrueuses et enfin Olympia, la narratrice naine, bossue et albinos.

un-amour-de-monstres-katherine-dunnCritique :
— Entrrrrez Mesdames et Messieurs et bienvenue au Binewski’s Carnival Fabulon ! Ce soir, au programme, les acrobaties aquatiques de l’Aqua Boy, le récital piano des fabuleuses soeurs siamoises, Electra et Iphigenia !

On aurait pu nommer ce roman « Bienvenue chez les Freaks » car ici nous sommes entourés de monstres en tout genre, des monstres « fabriqués » par leurs parents !

Oui, vous avez bien lu : FABRIQUÉS de toutes pièces à l’aide de médicaments ou autres radiations peu catholiques que leur père (Al) fit prendre à leur mère (Crystal Lil), avec l’accord de celle-ci.

Ces enfants sont leurs jolis rêves à eux ! Un gamin avec des nageoires à la place des bras et des jambes, une naine albinos et bossue, des siamoises et un étrange gamin dont tout le monde cru qu’il était normal, mais non, ouf !

Grâce à ses enfants, ses monstres, ses jolis rêves à lui (et à ceux qui moururent à la naissance et conservé dans des jerricans transparents), Al Binewski a fait renaître de ses cendres sont cirque et offert du travail à ses enfants.

Comme elle disait souvent : Quel plus beau cadeau peut-on faire à ses enfants que la capacité intrinsèque à gagner leur vie en étant simplement eux-mêmes ?

C’est Oly (Olympia), leur fille naine, bossue et albinos qui nous narrera tout le récit (472 pages) de leur épopée familiale, passant des années de sa jeunesse au cirque à celle de sa vie dans un immeuble, lorsqu’elle a plus de 30 ans, surveillant sa fille qui ne sait pas qu’elle est sa mère et surveillant sa mère à elle qui ne voit pas qu’elle est sa fille à cause de sa déficience oculaire.

Alors que l’on pourrait penser que la vie fut merdique pour des enfants aussi « monstrueux », on se rend compte que pour eux, les monstres, c’est nous parce que nous sommes des « normos », comme ils nous appellent.

N.S. : Si vous pouviez le faire d’un coup de baguette magique, ne voudriez-vous pas que toute votre famille soit physiquement et mentalement normale ?
Oly : C’est idiot ! Chacun d’entre nous est unique. Nous sommes des chefs-d’œuvre. Pourquoi voudriez-vous que je souhaite que nous devenions des produits fabriqués à la chaîne ? Vous, la seule manière dont on peut vous distinguer les uns des autres, c’est grâce à vos vêtements.

Eux, ils sont fiers de leurs différences, ils en jouent, et notre Oly se considère même comme la moins intéressante de la fratrie puisqu’elle n’a pas de numéro à elle. Non, elle, elle au service de son frère Arty, l’Aqua Boy, celui qui ne veut pas qu’on lui fasse de l’ombre, celui qui est égoïste et qui veut que tout le monde marche au son de sa musique.

Si certains personnages sont plus attachants que d’autres – Oly, les siamoises et Chick, celui qu’on pensait « normo » – l’Aqua Boy est le plus détestable de tous à cause de son caractère égocentrique et de sa jalousie exacerbée, sans parler de ses penchants pour la dictature.

Un véritable personnage détestable qui tient Oly sous sa coupe et ensuite presque tous les autres membres de sa famille, arrivant même à détrôner son père de sa place de directeur du cirque, n’hésitant pas à manipuler les autres pour arriver à ses fins, quitte à tuer s’il le faut ou à jouer avec les sentiments qu’Oly éprouve pour lui car notre naine bossue albinos est raide dingue de son frère et lui obéit en tout point.

Arty s’était toujours épanoui comme une fleur dès qu’on lui offrait un peu d’attention individuelle.

J’avais constaté dans la douleur qu’il n’avait pas besoin de moi. Qu’il pouvait se passer de moi de manière permanente sans qu’à aucun moment je ne vienne à lui manquer. Il avait toutes ces autres personnes prêtes à danser pour lui. Moi, je n’avais que lui.

Durant tout le récit, nos sentiments s’alternent, on passe de la répulsion, de la gêne, à un sentiment malsain lorsqu’on découvre le récit du père pour fabriquer ses petits monstres…

Puis on est ému par le récit que nous fait Oly, la perte de sa fille qu’elle a dû abandonner, on est révolté par le comportement de l’Aqua Boy, estomaqué par l’espèce de secte qu’il a créé et par ces imbéciles qui sont prêts à se faire amputer de partout pour lui ressembler…

Sans compter qu’il y a une bonne dose de mystère dans le récit : pourquoi Oly vit-elle dans une grande ville, dans un immeuble et plus avec sa famille dans leur camping-car ? Que s’est-il passé que la famille à éclaté ? Ou sont les autres ? Que sont-ils devenus ?

Le final nous enfonce un poing dans le ventre, la raison de l’éclatement aussi, on reste bouche bée et le malaise s’accentue.

Lorsqu’on referme ce livre, on se dit que ce genre de roman n’est pas banal, pas courant… et on ne sait plus trop sur quel pied on doit danser. Une chose est sûre, on n’en ressort pas tout à fait indemne et il faut du temps pour que le sentiment de malaise s’estompe.

Un roman de la rentrée littéraire de septembre 2016 qui n’est pas une vraie nouveauté puisque sorti en 1989 et lorsque j’ai vu son ancienne couverture sur le Net, je me suis souvenue de l’avoir eu un jour en main, dans les années 90, mais de ne pas l’avoir acheté.

J’avais eu raison, c’est un roman qu’il vaut mieux savourer avec de la bouteille pour en retirer toute sa quintessence car c’est un roman qui ne plaira pas à tout le monde.

Étoile 3,5

PS : Je devrais lui mettre un 4/5 mais vu qu’il ne plaira pas à tout le monde, j’oscille entre un « Très bon cru à lire » (3,5) et un « Grand cru » (4). 3,75 dirons-nous ! MDR

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Une année avec Gallmeister : les 10 ans chez LeaTouchBook et Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

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