Les cris de l’innocente : Unity Dow

Titre : Les cris de l’innocente

Auteur : Unity Dow 🇧🇼
Édition : Actes Sud (23 octobre 2006)
Édition Originale : The Screaming of the Innocent (2002)
Traduction :Céline Schwaller

Résumé :
Amantle accomplit son service national clans un dispensaire de brousse, du côté des superbes paysages du delta de l’Okavango. Affectée à des tâches subalternes, elle découvre-une boîte contenant les vêtements d’une petite fille, couverts de sang. Il s’avère que ce sont ceux de la jeune Neo, disparue cinq ans plus tôt. La police avait classé l’affaire : « attaque par un lion, aucune trace clé l’accident ».

Véritable empêcheuse de danser en rond, Amantle va relancer l’enquête, au grand clam des autorités locales. Dans les hautes sphères aussi on s’inquiète de cette exigence de vérité qu’osent poser des villageois supposés dociles.

On ne parle plus de lion mais d’erreur humaine, d’élimination de preuves, de crime rituel perpétré par clés gens haut placés. La découverte des vêtements gêne élu monde, les coupables sans doute, ceux qui ont peur des pouvoirs occultes certainement, ceux aussi qui craignent et jalousent leurs supérieurs.

Mais Amantle ne lâche pas, elle contacte une amie avocate et se fait des alliés parmi les villageois qui voient en elle la seule chance d’en savoir plus, clé coincer peut-être les coupables impunis de ces meurtres rituels relativement réguliers qui frappent de petites campagnardes.

Maîtrisant parfaitement les dialogues, les portraits, les cadres clé vie, Unity Dow écrit là non seulement un bon thriller sur fond d’Afrique partagée entre modernité et tradition mais aussi un réquisitoire contre clés pratiques excessivement barbares.

Critique :
Lors de mes précédentes lectures, j’ai fait une incursion sur le continent africain et j’y suis restée, passant du Gabon (Le Festin de l’aube) à la RDC (Les enfants du serpent) et maintenant, au Botswana.

Ce polar n’en est pas vraiment un, du moins, pas dans le sens conventionnel, habituel…

Dans ce roman noir, on commence par découvrir un homme, bien sous tous les rapports (il sait ménager son épouse et ses maîtresses), qui regarde une jeune gamine prépubère sauter à la corde (un agneau sans poils)… et ses pensées sont malsaines.

Ensuite, nous découvrirons ses deux complices. Nous ne sommes pas dans un roman policier où il faut découvrir le ou les coupables, on les connaît déjà. Le tout sera de savoir si on arrivera à les confondre, les arrêter…

Non, ce qu’ils comptent faire subir à cette gamine, ce n’est pas de la pédophilie, c’est pire que ça (je ne pensais pas un jour arriver à dire cela, à penser cela, à l’écrire, mais oui, c’est encore plus ignoble et plus trash qu’un viol).

Quant à la personne qui va enquêter sur les meurtres de jeunes gamines, ce sera une jeune femme, Amantle, aidée par tout un village qui en a marre que les flics les baladent et leur racontent des couilles plus grosse que celles d’un mammouth. Qu’un lion dévore une gamine, oui, ça peut arriver, mais qu’un lion ôte avant les vêtements de la gamine, sans les déchirer, vous m’avouerez que c’est fort de café.

Ceci n’est pas un polar qui va vite, que du contraire, il prend son temps, l’autrice en profitant pour nous parler de sa culture, des croyances des botswanais, des sorciers ou autres diseurs de bonne aventure, qui ont pignon sur rue, de leur manière de vivre, à l’opposé de celles des occidentaux.

Sans oublier la corruption qui gangrène tout le système, du plus bas échelon jusqu’au plus haut, en passant par les tribunaux. Au travers de plusieurs personnages, l’autrice va vraiment nous faire entrer dans les coutumes de son pays et notamment les plus horribles.

Les superstitions sont légions, tout le monde (ou presque) y croit, se fait soigner par des sorciers ou sont prêts à tout pour s’assurer qu’ils vont rester au somment ou y accéder. Et croyez-moi, on est loin de la patte de lapin ou d’un Saint-Joseph dans une gouttière pour qu’il ne pleuve pas !

Oh putain, il y a un passage terriblement violent, sauvage, à la limite du supportable et pratiqué par des hommes au sommet de la société, des hommes riches, avides de pouvoir… Pas par des paysans pauvres.

Si j’ai souri devant certains dialogues, notamment entre Amantle et un policier, si j’ai ri des peurs de son amis avocate, de la gouaille de son ami, je savais bien qu’ensuite j’allais morfler et que sous ses airs de polar amusant, cette enquête allait nous mener vers un moment qui ne serait ni drôle, ni amusant, mais traumatisant…

L’explication finale, je l’ai lue sans respirer, les doits accrochés à mon bouquin, les tripes nouées. Oui, il est facile de faire d’un homme respectable, mais pauvre, un complice. Si facile de le manipuler, de lui foutre la trouille, de le dominer et de lui pourrir le reste de sa vie, parce que lui, le pauvre mec, il a une conscience, là où les salopards n’en ont pas…

Un roman coup de poing, une fois de plus. Un roman qui m’a percuté de plein fouet, puisque je ne savais pas du tout ce qui m’attendait. Une lecture qui m’a laissée la bouche sèche et l’envie de lire toute la collection de Tchoupi, pour me remettre de ce voyage au Botswana (déjà que le voyage en RDC avait été hyper violent et trash aussi).

Vous savez quoi, après avoir déposé mes fesses sur le continent Africain, je m’en vais revenir à des lectures moins costaudes. Là, il me faut de la douceur pour tenter d’effacer certaines images gravées dans ma rétine…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°129] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°21).

Le Convoyeur – Tome 4 – La saison des spores : Tristan Roulot et Dimitri Armand

Titre : Le Convoyeur – Tome 4 – La saison des spores

Scénariste : Tristan Roulot
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (15/09/2023)

Résumé :
Minerva a récupéré son aimé mais l’esprit de ce dernier appartient toujours à la Reine des Convoyeurs. Et les stocks du sérum capable de le rendre à son humanité diminuent drastiquement.

À présent, pour sauver Kivan, à défaut d’avoir pu sauver leur fils Iram, Minerva n’a plus le choix : elle doit retrouver le cargo et tuer la Reine !

Enfin, si la horde des Convoyeurs, la Nature ou le mystérieux homme lancé à ses trousses ne la tuent pas avant…

Critique :
La saison des spores n’a rien à voir avec la saison des sports… Vous pourrez savourer ce dernier tome dans votre canapé, sans problèmes.

Dès le premier album, j’avais adoré cet univers post-apocalypse, plein de mystères et au scénario complexe, profond, travaillé. Au moins, on avait de la matière !

J’avais peur que le dernier album ne soit pas à la hauteur des autres et que les auteurs ne se prennent les pieds dans le tapis, qu’ils aillent trop vite ou ne concluent trop rapidement.

J’ai eu peur pour rien, parce qu’ils ont réussi à clôturer de manière magistrale. L’équilibre est parfait et tous les personnages avaient leur place. Ils étaient profonds, travaillés, sans qu’il y ait besoin d’en faire trop ou plus.

Les dessins sont toujours bien faits et les décors de ce monde après l’apocalypse sont bien fournis. On n’a aucun doute que l’apocalypse a eu lieu et que les humains ont bien du mal à survivre et que tous en ont pris plein la tronche.

Évidemment, moins de révélations dans ce dernier tome (c’est normal), mais il n’empêche que l’on en apprend encore un peu et qu’il ne manque pas d’action, de suspense et d’adrénaline. Une série sauvage, violente, mystérieuse, où les secrets vous seront révélés au fur et à mesure.

Bref, une série de bédés (4 tomes) que je recommande ! Maintenant, faut aimer la SF, l’anticipation, le post-apocalypse…

Ce n’est pas vraiment ma came, et pourtant, j’ai kiffé grave ma race cette série (oui, je parle djeun’s).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°067].

No home : Yaa Gyasi

Titre : No home

Auteur : Yaa Gyasi
Éditions : Calmann-Lévy (2017) / Livre de poche (2018)
Édition Originale : Homegoing (2016)
Traduction : Anne Damour

Résumé :
Maama, esclave Ashanti, s’enfuit de la maison de ses maîtres Fantis durant un incendie, laissant derrière elle son bébé, Effia. Plus tard, elle épouse un Ashanti, et donne naissance à une autre fille, Esi.

Ainsi commence l’histoire de ces deux demi-sœurs, Effia et Esi, nées dans deux villages du Ghana à l’époque du commerce triangulaire au XVIIIe siècle.

Effia épouse un Anglais et mène une existence confortable dans le fort de Cape Coast, sans savoir que Esi, qu’elle n’a jamais connue, est emprisonnée dans les cachots du fort, vendue avec des centaines d’autres victimes d’un commerce d’esclaves florissant avant d’être expédiée en Amérique où ses enfants et petits-enfants seront eux aussi esclaves.

Grâce à un collier transmis de génération en génération, l’histoire se tisse d’un chapitre à l’autre : un fil suit les descendants d’Effia au Ghana à travers les siècles, l’autre suit Esi et ses enfants en Amérique.

Critique :
No Home est le récit d’une saga familiale qui va faire le grand écart puisque la descendance d’Effia restera au Ghana, tandis que toute la branche d’Esi, sa demi-soeur, vivront aux États-Unis, suite à la déportation d’Esi sur un navire négrier.

L’originalité de ce roman, c’est que chaque chapitre nous offre un protagoniste différent, alternant les descendants des deux demi-sœurs et remontant le fil du temps, de 1760 à nos jours.

C’est ainsi que chaque génération vivra une vie différente de la précédente. Au Ghana, les descendants d’Effia sont des esclavagistes et vivront, en partie, de la traite négrière.

En Amérique, sur la lignée d’Esi, nous explorerons l’esclavage, la ségrégation raciale, l’exploitation des Noirs, l’iniquité des lois des Blancs, puisqu’un Blanc sera condamné à 9 ans de prison (et de travaux forcés dans les mines) pour un meurtre et qu’un Noir sera condamné à la même peine pour avoir regardé une Blanche (qu’il n’avait même pas regardé en plus).

Le récit ne faiblit jamais, sauf avec les deux derniers protagonistes, où j’ai trouvé qu’il y avait moins à dire. Malgré tout, leur récit était intéressant puisqu’il clôturait cette saga sur une note positive.

Chaque chapitre aurait pu être un roman à part entière et il était frustrant de quitter un personnage, auquel on s’était attaché, avant que l’on ne soit subjuguée, à nouveau, par le suivant et son histoire personnelle.

Effectivement, j’aurais préféré passer plus de temps avec certains personnages, tant leur histoire était riche (et malheureusement terrible), tant j’aurais aimé en apprendre plus sur eux, sur ce qu’il s’était passé, durant les ellipses et ne pas me contenter de quelques phrases.

C’est un roman palpitant, passionnant, ambitieux et qui n’a rien à voir avec ceux que j’ai déjà lu, notamment grâce à sa construction bien pensée, mais aussi à la plume de l’autrice, qui était simple, sans être simpliste et si agréable à suivre.

L’autrice ne sombre jamais dans le pathos, d’ailleurs, elle aurait pu aller encore plus loin, mais elle a préféré ne pas s’appesantir sur certaines choses, comme l’horreur et l’inhumanité des voyages des négriers, de l’esclavage, de la ségrégation…

Avec peu de mots, quelques phrases bien senties, l’autrice en dit assez pour que même le plus ignare des lecteurs comprenne bien tout l’ignominie d’un pareil trafic, toute la brutalité de l’esclavage et l’iniquité de la ségrégation.

Un roman puissant, une belle lecture. Un voyage sans concession dans le pays de La Côte de l’Or, devenu le Ghana ensuite et dans les États-Unis des années sombres.

Le convoyeur – Tome 3 – Ces ténèbres qui nous lient : Tristan Roulot et Dimitri Armand

Titre : Le convoyeur – Tome 3 – Ces ténèbres qui nous lient

Scénariste : Tristan Roulot
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (20/05/202)

Résumé :
La « Rouille » a peut-être fait disparaître toute trace de fer, mais pas celui qui caractérise la volonté de Minerva. Scientifique devenue sorcière aux yeux du monde, elle a juré de retrouver l’homme qu’elle aime. L’homme qui l’aima avant de répondre à l’appel et devenir le Convoyeur. Ou plutôt… un Convoyeur !

Minerva s’est adjoint les services du Renifleur pour mener à bien sa mission. Mais une femme seule peut-elle faire face à l’inexorable destin de l’humanité, cette multitude au visage unique qu’est le Convoyeur ?

Critique :
Avec les deux premiers tomes aussi emballant, la barre avait été placée très haute et j’attendais donc beaucoup de ce troisième album. Il ne m’a pas déçu, que du contraire.

L’action est omniprésente et les surprises aussi. Déjà que le précédent en recelait déjà de nombreuses.

Le personnage féminin de Minerva la chasseresse est bien réalisé, sans être trop badass, même s’il ne faut pas aller la chercher. Elle a ses failles, ses faiblesses, notamment son amour pour Kivan, son époux disparu.

L’univers post-apo est toujours aussi riche, intéressant et les dessins de Dimitri Armand sont un régal pour les yeux du lecteur (et de la lectrice). Que ce soit les dessins des différents personnages, des décors de forêts, villages, ruines, des combats, des poursuites… Tout y est parfaitement bien esquissé. Les couleurs parachèvent le tout.

Mélangeant la SF, le post-apo, le western, le fantastique, la dystopie, cette série est bien fichue et pour le moment, ne m’a apporté que du plaisir de lecture, me donnant autre chose à lire que ce que je connais, même si l’Humain, mutant ou non, reste le même que sur notre Terre : cupide !

Bien entendu, avec un tel univers, c’est lugubre. Les champignons ne cachent pas les charmantes maisonnettes des Schtroumpfs. Le scénario reste intéressant, riche en découvertes, en surprises et nous ne savons pas encore tout, l’album se terminant, une fois de plus, sur une dernière case qui nous fait rager car il va falloir attendre pour savoir ce qu’il se passera ensuite.

Vivement la suite et j’espère qu’elle sera toujours à la hauteur du programme qu’on nous a offert jusqu’à présent !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°19] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).

 

Franck Sharko & Lucie Hennebelle – 05 – Pandemia : Franck Thilliez

Titre : Franck Sharko & Lucie Hennebelle – 05 – Pandemia

Auteur : Franck Thilliez
Édition : Pocket Thriller (06/05/2016) – 653 pages

Résumé :
Comme tous les matins, Amandine a quitté sa prison de verre stérile pour les locaux de l’Institut Pasteur.

En tant que scientifique à la Cellule d’intervention d’urgence de l’Institut, elle est sommée, en duo avec son collègue Johan, de se rendre à la réserve ornithologique de Marquenterre pour faire des prélèvements sur trois cadavres de cygnes.

Un sac avec des ossements est trouvé dans l’étang.

Critique :
Oui, cette année 2022 sera celle de Franck Thilliez et de ma mise à jour dans la lecture de ses différents romans, notamment ceux avec le duo Franck Sharko & Lucie Hennebelle.

Par contre, était-ce bien indiqué de lire un thriller parlant de pandémie, de virus qui mute, de grippe inconnue, alors que l’on vient de traverser une pandémie de SRAS COV2 et que tout n’est pas encore terminé ?? Là, ce n’était pas la meilleure idée que j’ai eue, mais j’ai bien vérifié sous le lit, pas de monstre grippal de caché dessous ! Ouf.

Une fois de plus, l’équipe de Sharko va affronter la crème de la crème des tueurs. Là, on est carrément sur du tueur étoilé, 4 étoiles au Guide Michelin des Assassins. Non seulement il a de l’audace, mais ses crimes sont d’un mauvais goût extrême, épicé de saloperies qu’on n’a pas envie de mettre à sa bouche.

Jamais d’assassin du dimanche, dans les enquêtes de Sharko ou de Colonel Moutarde (y aurait-il pénurie de Moutarde ?). Toute l’équipe va se démener pour attraper les assassins (oui, le chef coq épaulé de ses super cuisiniers), tousser beaucoup (saloperie de virus), descendre là où vous n’avez pas envie de descendre (laissez-moi remonter à la surface), voyager et malgré la qualité étoilée des assassins, vous pensez bien que notre Sharko va réussir à les trouver.

Dit ainsi, on pourrait penser que je me moque… Juste un peu, parce que pour le reste, le récit est plus qu’efficace, plus qu’addictif et il m’a remis en mémoire des moments peu agréables de notre existence, au plus fort de la pandémie Covid, les confinements en moins.

Ce thriller est un pavé qui ne se fait pas sentir. Il se dévore, l’écriture de Thilliez est toujours aussi efficace et les sujets traités des plus intéressants. Au prochain repas de famille, je pourrai parler des virus de la grippe, ainsi que de celui de la peste et étaler mon nouveau savoir Thilliesque, tout en tartinant ma viande de marinade.

Anybref, ce thriller policier fait le job : il m’a diverti, il m’a cultivé un peu plus, il m’a donné des frissons d’angoisses et comme il se passait, une fois de plus, vers la fin de l’année, il est parfait pour une lecture un jour où les températures montent. De plus, dans ce tome-ci, Lucie est redevenue un personnage plus calme et moins chiante que dans les deux précédents.

Le seul inconvénient, c’est qu’après la lecture d’un Thilliez, les romans suivants semblent un peu fade, manquer de pep’s, de goût, d’audace… Fatalement, après avoir dîné à la table d’un maître assassin étoilé, la cuisine habituelle semble fadasse.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°18] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

Nouvelle Babel ‭:‬ Michel Bussi [LC Bianca]

Titre : Nouvelle Babel

Auteur : Michel Bussi
Édition : Presses de la cité (03/02/2022)

Résumé :
« La méthode, calme et systématique, du tueur terrifia les trois enquêteurs. Qui était cet assassin progressant à visage découvert ?

Déjà, leurs tabletas se connectaient aux bases de données planétaires de reconnaissance faciale. Plus personne ne pouvait rester anonyme dans le monde actuel. Dans quelques secondes, ils connaîtraient l’identité de ce monstre. La suite du film fut plus sidérante encore. »

2097. Sur une île privée paradisiaque inaccessible, de paisibles retraités sont assassinés…

Trois policiers, un journaliste ambitieux et une institutrice nostalgique s’engagent dans une folle course contre la montre pour préserver l’équilibre d’un monde désormais sans frontières, où la technologie permet aux humains d’être à la fois ici et ailleurs.

Critique :
Imaginez un Monde où la téléportation serait possible. Quel gain de temps ! Fini d’en perdre dans les transports entre deux points.

Imaginez : vous avez fini votre journée de travail, vous appuyez sur le bouton « casa » de votre TPC et hop, vous voici transporté de suite chez vous !

Ok, depuis 2020, une partie de la population a déjà testé ce miracle, sauf que nous l’avons appelé « télétravail »… Tout est dans la sémantique. Ok, je sors.

Que les allergiques à la SF n’aient pas peur du nouveau roman de Bussi, il est accessible à tout le monde puisque l’action se passe dans les années 2090, que les frontières n’existent plus, les nations non plus, les villes pareil, tout le monde peut vivre où il veut et se téléporter partout. Il y a juste des règles de taux d’occupation, ce qui est normal, trop de monde dans un endroit minuscule et ce serait le bordel.

La société qu’il nous présente est utopique, on en rêverait tant ça à l’air simple, facile, sans prises de tête. Plus de guerres, plus d’armement, presque plus de crimes. Putain, le rêve !

Ah, pardon, on vient de trouver 10 corps assassinés sur une île, plus un chien. Pourquoi le chien a-t-il été tué aussi ? Parce que l’auteur aime assassiner les animaux, le méchant (il a épargné le chat, merci à lui).

Bon, trêve d’amusement, les enquêteurs envoyés sur place ne comprennent pas, nous non plus et il faudra lire tout le roman pour que toutes les questions trouvent leur réponse. Nous avons beau être dans de la science-fiction où les téléportations sont possibles, il n’en reste pas moins qu’il faut enquêter sur ces assassinats et qu’il y en aura d’autres.

Lorsque je lis un roman de Michel Bussi, je me demande où je vais me faire avoir… Un peu comme lorsqu’on signe un papier à la banque, chez l’assureur, lorsqu’on va voter : la question se pose toujours. Quand va-t-on se faire entuber royalement ?? La seule différence, c’est qu’avec la littérature, on est content lorsque ça arrive…

Zut, je ne me suis pas faite avoir, j’avais deviné la couille dans le pâté. Cela ne m’a pas empêché de lire ce roman à grande vitesse, tant il était addictif et bien mis en scène. Les personnages, en grande partie, m’ont plu, sauf les méchants, bien sûr ! Et puis, l’avantage, c’est qu’ils peuvent évoluer, ils ne font pas du sur-place, leurs réactions sont naturelles et réalistes.

Comme souvent, dans le roman, on retrouvera des vérités implacables, des phrases qui font mouches, qui sont si vraies et que personne ne veut écouter. En ces temps où tout le monde se replie sur son pré carré, voir une Terre avec une seule langue, une seule monnaie et peu de politiciens, cela fait du bien. Attention, le populisme n’est jamais loin, il ne meurt jamais.

Le côté science-fiction et l’enquête sur les meurtres sont aussi l’occasion pour l’auteur pour nous parler de propagande, de mensonges, de magouilles, d’images ou de reportages que l’on veut nous faire avaler, afin de mieux nous manipuler. Et je ne vise pas les pubs pour les produits de consommation…

L’Humain réagit toujours aux émotions, plus souvent celles de la colère que celles de la joie. Une image violente aura toujours plus de vues qu’une avec des chatons. Les gens seraient prêts à renoncer à leurs libertés pour un peu de sécurité, même si les caméras n’ont jamais empêchées des agressions, des vols ou pire, des attentats.

L’auteur joue avec les peurs des gens, comme d’autres le font, mais  pas dans le but de nous mettre en garde, de nous divertir ou de fournir de la matière à leur roman. Jusqu’où certains sont-ils prêts à aller afin de nous prouver qu’ils avaient raison et nous tort ? Jusqu’où certains sont-ils prêt à aller pour renforcer nos peurs et nous offrir plus de sécurité ? Jusqu’où sont-ils prêts à mentir ? À se parjurer ?

Non, non, ce thriller de science-fiction n’est pas qu’un énième roman de pur divertissement.

C’est surtout un roman intelligent qui, sous le couvert de nous divertir, nous pousse à réfléchir, à ne pas croire tout ce que l’on voit (Saint-Thomas avait raison, nous devrions prendre exemple sur lui), à ne pas avaler les couleuvres, ni à prendre des vessies pour des lanternes.

Un roman différent des autres, certes. Un roman qui ne manque ni de profondeur, ni de justesse, ni de références à notre époque actuelle.

Le résumé ne m’aurait jamais laissé présumer que j’allais entrer dans un roman aussi intéressant, aussi poussé, aussi intelligent.

Merde, j’ai été eue, alors ?? Une fois de plus… Merci monsieur Bussi !

Une LC plus que réussie avec ma copinaute Bianca. Allez, téléportation à la prochaine LC, dans le Yorkshire, cette fois-ci.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°163].

Si vulnérable : Simo Hiltunen

Titre : Si vulnérable

Auteur : Simo Hiltunen
Édition : Fleuve Noir (08/02/2018)
Édition Originale : In wolfskleren (2016)
Traduction : Anne Colin du Terrail

Résumé :
La violence est-elle héréditaire ?

La famille Virtanen est unie, bien sous tous rapports. Les parents ont un emploi stable, leurs deux filles mènent une scolarité brillante. Ils sont sociables, serviables, avenants. Tous leurs voisins s’accordent à le dire. Pourtant, un jour, le père tue ses enfants, puis son épouse, avant de se donner la mort.

Pour Lauri Kivi, chroniqueur judiciaire dans l’un des plus grands quotidiens d’Helsinki, cette tragédie n’est pas sans en rappeler d’autres de même nature. Il décide d’investiguer. Il étudie les cas, traque les similitudes, interroge sans relâche et découvre enfin que sous leur aspect lisse, ces familles cachaient aux yeux de tous de terribles drames. Enfant, Lauri lui-même a été marqué par la violence de son père et cette enquête réveille ses démons intérieurs. Pire, des rapports troublants semblent le lier à l’une des victimes.

Et si ces tueries familiales n’étaient pas le résultat d’une soudaine folie meurtrière mais le fait d’un tueur en série ?

Critique :
La violence est-elle héréditaire ? Bonne question… Vous avez trois heures pour y répondre.

Il est des drames qui nous laissent souvent sans voix, ou qui nous donnent, au contraire, l’envie de hurler : les crimes familiaux.

Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête du père ou de la mère qui décide d’assassiner ses enfants, avant de se suicider ensuite ? (quand ils y arrivent, parfois, ils se loupent).

Ce polar va lentement, il prend le temps de nous immerger dans la société finnoise, qui, vu sous cet angle, ne fait pas rêver : alcool, misère, femmes qui semblent sans droits, maltraitées, enfants battus…

Et les enfants battus reproduisent le même schéma, dans cette histoire, ou alors, sont en lutte permanente pour garder leur violence sous le boisseau. Ou ce roman s’est focalisé sur une frange de la population afin de donner de la matière à son récit, ou alors, la Finlande n’est pas ce que l’on croit.

Le personnage principal n’a rien d’un héros, que tu contraire : Lauri Kivi est journaliste aux affaires judiciaires d’un grand quotidien. Il est froid, renfermé, a vécu une enfance merdique et malheureuse, semble détaché de tout. Son comportement m’a laissé plus d’une fois sans voix. Difficile de s’attacher à lui, même si on comprend son attitude.

C’est en voulant écrire un article sur les familles touchées par des crimes familiaux, afin de mettre en avant les dommages collatéraux, que le récit va l’entraîner dans une tout autre histoire.

Alors que je m’attendais à ce que le scénario prenne un certain chemin, il m’a surpris en choisissant une autre voie. Bien vu, au moins, j’ai été surprise.

Ne vous attendez pas à lire un thriller trépidant qui court dans tous les sens, comme je le disais plus haut, l’auteur prend le temps de poser les personnages, d’inclure des flash-back de l’enfance de Lauri et d’un autre enfant (dont nous connaîtrons l’identité plus tard), de poser les fondations de son récit, de nous montrer que les dégâts collatéraux dans les familles de l’infanticide sont immenses (mis au ban de la société, montré du doigt…).

Les personnages sont travaillés, ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, pas de manichéisme. L’auteur a esquissé ses personnages tout en finesse, les dotant de caractères ambigus et nous offrira des émotions fortes durant les confrontations entre Lauri Kivi et son paternel malade, atteint d’Alzheimer. Cela demande une force incroyable que de pardonner à celui qui vous a battu.

Le final est lui aussi travaillé, il ne débarque pas comme un cheveu dans la soupe, l’auteur ayant pris soin de lui donner de l’épaisseur, sans qu’il ne devienne trop lourd.

Il clôt aussi son roman de manière à ce que les lecteurs/lectrices ne restent pas sur leur faim, frustrés de ne pas avoir le fin mot de l’histoire, même si pour certaines choses, nous aurons la liberté de choisir la voie prise par certains personnages.

Un polar finlandais qui prend le temps, qui ne se presse pas et qui met en scène la vie sociale finlandaise, qui ne fait pas rêver du tout. C’est un polar social où les petites gens vivent dans l’alcool, l’excès de religion (à géométrie variable), le non respect des femmes et où l’on ne sait pas toujours les drames qui peuvent se jouer dans les familles qui semblent respectable.

Il m’aura juste manqué l’attachement au personnage de Lauri Kivi… Une broutille comparé à la densité de ce roman fort sombre.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°134],Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°16] et Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (Finlande).

 

Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique : Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain

Titre : Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique

Scénariste : Jean-Marc Jancovici
Dessinateur : Christophe Blain

Édition : Dargaud (29/10/2021)

Résumé :
La rencontre entre un auteur majeur de la bande dessinée et un éminent spécialiste des questions énergétiques et de l’impact sur le climat a abouti à ce projet, comme une évidence, une nécessité de témoigner sur des sujets qui nous concernent tous. Intelligent, limpide, non dénué d’humour, cet ouvrage explique sous forme de chapitres les changements profonds que notre planète vit actuellement et quelles conséquences, déjà observées, ces changements parfois radicaux signifient.

Jean-Marc Jancovici étaye sa vision remarquablement argumentée en plaçant la question de l’énergie et du changement climatique au coeur de sa réflexion tout en évoquant les enjeux économiques (la course à la croissance à tout prix est-elle un leurre ?), écologiques et sociétaux.

Ce témoignage éclairé s’avère précieux, passionnant et invite à la réflexion sur des sujets parfois clivants, notamment celui de la transition énergétique.

Christophe Blain se place dans le rôle du candide, à la façon de son livre « En cuisine avec Alain Passard » et de « Quai d’Orsay » signé avec l’expertise d’un coauteur : un pavé de 190 pages indispensable pour mieux comprendre notre monde, tout simplement !

Critique :
Jamais je n’aurais pensé que j’utilisais autant de ressources différentes lorsque je me brossais bêtement les dents devant le miroir…

L’empreinte carbone est lourde pour fabriquer du sorbitol, du plastique, le verre réfléchissant du miroir, transporter le tout, le raffiner… Stop, n’en jetez plus !

Ce geste tout simple, nécessaire pour l’hygiène dentaire (éviter les caries et l’haleine de chacal) entraine une utilisation phénoménale de machines. Le smartphone, c’est encore pire.

Ce roman graphique est comme une enquête grandeur nature : les armes du crime sont les énergies fossiles et les coupables, les machines, grandes consommatrices de ces énergies. Machines qui sont, bien entendu, sous les ordres de nous, les êtres humains qui en avons grand besoin.

Le graphisme m’a bien plu, j’ai apprécié les pages avec des dessins minimalistes, il n’y avait pas besoin de plus, le poids des mots suffisait à expliquer dans quelle merde nous nous trouvons et que ça ne va pas s’arranger avec le temps, que du contraire…

Il y a énormément à lire, c’est limite indigeste, tant il y a des informations dans cette bédé, c’est pour cela que j’ai fractionné ma lecture, afin d’éviter la surchauffe de mon pauvre cerveau (on est sur un album de 193 pages !).

Attention, ce n’est pas une critique, cette abondance de textes, de dialogues, de chiffres, d’informations… Que du contraire, c’est bénéfique, on comprend mieux les problèmes, on remarque qu’ils sont plus complexes que d’accuser les proutes des vaches de tous les maux (en fait, ce sont leurs rots). Nous sommes tous coupables, certains plus que d’autres.

C’est très bien expliqué, mais effectivement, si j’arrive à retenir ne fut-ce que le quart de la moitié du dixième et à le ressortir pour briller en société, je pourrai m’estimer heureuse.

Je pourrai toujours leur dire que l’on pense s’enrichir avec la croissance alors qu’on s’appauvrit. Le PIB n’est pas l’indicateur unique, ce n’est pas lui qui nous rend heureux, la croissance non plus. Ainsi que les énergies dites renouvelables (non carbonées, donc), sont incapables de remplacer les énergies fossiles…

Les conséquences d’un réchauffement climatique sont bien expliquées, sans que l’on se luxe le cerveau en tentant de le comprendre. Les dessins aident aussi, ils sont ludiques et bien pensés.

Le nucléaire sera expliqué, ses avantages comparés à des énergies non carbonées comme les éoliennes et les panneaux solaires, leur place prise dans l’environnement (tout à l’éolien est impossible, il en faudrait partout), mais aussi l’accident de Tchernobyl…

Bref, c’est hyper intéressant, super instructif et je suis allée me coucher avec le cerveau plus lourd, moins bête, mais ne me demandez pas de vous faire une conférence sur le sujet, j’en serais incapable (à moins de pouvoir lire le livre à voix haute).

Dans cette bédé, on ne vous dira pas d’arrêter de manger de la viande, non, juste en manger moins, de revaloriser le travail des agriculteurs, de revenir à des circuits plus courts, à des produits moins transformés…

Pas d’agribashing, pas de chapeau non plus à faire porter à ceux qui ont été là avant nous, la responsabilité est sur chacun, nous sommes, nous aussi, des consommateurs qui consommons trop. Il faudrait acheter moins, se servir plus longtemps des objets, faire en sorte qu’ils puissent être réparés,…

On nous explique aussi que ce n’est pas si facile que ça de changer tout, qu’il faut le vouloir et le faire intelligemment, alors que nous nous concentrons souvent sur des choses qui n’en valent pas la peine ou qui ne résoudront pas le Schmilblick.

Impossible de parler de tout dans cette pauvre chronique qui aura un bilan carbone lourd (mince alors), mais une chose est sûre : c’était très instructif !

Une enquête énorme où les coupables sont nombreux et les victimes aussi… C’est pas demain la veille qu’un Columbo viendra arrêter tout ce petit monde.

Comme disait l’autre « Nous étions face à un précipice, aujourd’hui, nous avons fait un grand pas en avant »… Et on va valser la gueule dedans…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°129] et Le Mois du polar chez Sharon – Février 2022 [Lecture N°11].

L’enclave : Nicolas Druart

Titre : L’enclave

Auteur : Nicolas Druart
Édition : HarperCollins Noir (07/04/2021)

Résumé :
Sur l’Enclave, tout a été dit : qu’elle serait une zone blanche perdue dans la vallée du Lot, qu’on y vivrait en parfaite autonomie, qu’une créature y régnerait sans partage… Tout a été dit, mais on préfère se taire.

C’est ce à quoi le jeune adjudant-chef Stanislas Sullivan est confronté. À l’inverse de ses collègues de la gendarmerie de Buzac, il n’est pas un enfant du pays.

Aussi, quand une de ses affaires, tombée au cœur de l’été, se révèle être un cas de disparitions de pèlerins reliées à l’Enclave, il va devoir ignorer les mises en garde et faire quelques entorses à la procédure.

Ignorer les mises en garde, c’est aussi l’option prise par Vanessa, aide médico-psychologique, et Simon, infirmier, venus passer un week-end dans l’Aveyron. Pour ce tandem qui accompagne quatre adolescents aux pathologies variées, c’est une première.

Une première aussi, cette sensation de liberté quand ils naviguent sur le Lot. Oubliant pour un temps, et à tort, les chimères menaçantes des locaux…

Que cache l’Enclave ? Un monstre digne de légendes ancestrales ou une vérité macabre ? Que trouvera Vanessa en allant chercher de l’aide, une fois l’accident survenu ? Et sur quel obscur passé Stan mettra-t-il la main ?

Critique :
L’Aveyron, ça sent bon le soleil, les vacances, la farniente, les descentes en kayak, le GR de Compostelle, bref, la dolce vita !

Ben non, loupé ! Oubliez la dolce vita et foutez le camp fissa avant que le Nazgoulag ne vous attrape et que vous ne disparaissiez corps et âme.

Si ce thriller est addictif, il ne manque pourtant pas de défauts qui seront équilibrés par des qualités, notamment dans le final coup de pied au cul (même si on me l’avait déjà fait, ce coup-là).

L’écriture de l’auteur est fort visuelle, de ce côté-là, faut pas avoir peur, si votre imagination suit bien les indications de la plume, vous flipperez un bon coup et vous vous poserez bien des questions sur ce qui se passe dans l’Enclave et comment est-ce possible qu’une telle chose soit permise en France.

Une zone de non-droit dans la campagne aveyronnaise ! Pas dans le 9-3, pas en Amérique du Sud chez les narcotrafiquants, en Afghanistan ou ailleurs. Non, non, dans un petit village bucolique où les touristes se baladent.

Et les habitants des villages voisins, ils en disent quoi ? Rien, ils regardent ailleurs, comme les Humains ont toujours fait à travers l’Histoire et comme nous faisons toujours. Tant que ça ne nous touche pas, hein, on continue de regarder ses godasses.

Des disparitions ont eu lieu à proximité et personne ne dit rien, omerta totale, comme si la mafia tenait tout le monde et arrosait les flics, juges, magistrats (Al Capone, on sait que tu es là). On n’emmerde pas les gens de l’Enclave, point à la ligne. D’ailleurs, comme pour Voldemort, on ne parle pas de l’Enclave !

Comme la carte satellite de l’Enclave est floutée, cela m’a fait penser à un terrain militaire ou à la zone 51 (Fox Mulder est demandé). Le gendarme Sullivan, qui voudrait aller enquêter dans ce petit monde fermé, se fait mettre des bâtons dans les roues par tout le monde, surtout par le maire. C’est louche et ça pue !

Deux récits s’entrecroisent : ceux des moniteurs avec leur groupe jeunes trisomiques qui va rencontrer des emmerdes grosses comme des immeubles et le gendarme Sullivan qui, nouvel arrivant au bled, voudrait savoir ce que l’on traficote dans cette putain d’enclave qui sent plus que le souffre.

Les personnages ne m’ont pas fait vibrer et si l’utilisation de jeunes gens trisomiques (ou à autres problèmes) était originale, ensuite, on les perdra de vue… On en retrouvera quelques uns plus tard, ils auront leur place dans le récit, mais j’aurais aimé les suivre plus longtemps car ils étaient touchants, eux.

Peu de nuances par contre pour les méchants ! Purée, je n’ai jamais vu une telle concentration de psychopathes au km² dans un thriller, moi ! Violeurs, assassins, pédophile, amateur de tortures, bref, toutes les horreurs concentrées dans les mains de quelques uns, dont un dictateur tyrannique de la pire espèce, avec une carrure de gorille, l’esprit d’un petit pois. L’hypocrisie lui sortait par les trous de nez et les excuses à la con aussi.

Et nom de Zeus, pas besoin de savoir que l’autre dictateur a une bite comme sa carrure juste avant la scène de viol ! Par pitié ! Pas besoin non plus de donner des détails de torture d’une prisonnière qui subit des viols à répétition. De grâce ! Jai déconnecté mon cerveau car les détails étaient trop explicites à mon goût. Trop de gore tue, surtout lorsqu’il est gratuit et ne sert à rien, si ce n’est à dégoutter les lecteurs.

Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce thriller, ce sont les mystères qui planent sur l’enclave, ces horreurs qui semblent y être rattachées, ces légendes qui tournent autour de ce lieu mystérieux où personne n’entre, mais qui livre tous les villages alentours avec des bons produits du terroir.

Et puis, le final est génial, il m’a scotché au divan, m’a mise sur le cul, bien qu’on m’ai déjà fait ce coup de Jarnac dans un autre roman. J’aurais pu le voir si mes yeux n’avaient pas été fermés, concentrés sur autre chose.  Les indices étaient aussi tournés de manière à ce que ça ne saute pas aux yeux du lecteur et je suis contente de m’être laissée avoir.

Bon, pour profiter pleinement du final, j’ai dû faire l’impasse sur des points de détails un peu gros, notamment le silence des familles des disparus, les réactions de nos jeunes handicapés et le côté too much d’un truc que je ne peux pas dire ici sous peine de spolier. Ce sera à vous de voir si vous lisez ce thriller…

Ce thriller a aussi un petit côté Série B parfaitement assumé, ce qui a donné lieu à des petits traits humoristiques avec les pensées d’une prisonnière évadée, dans des moments de chasse à l’Homme. Non, je n’ai pas ri.

Ce thriller est addictif, remplis de mystères qui s’expliqueront tous à la fin, sans faire appel au fantastique. Dommage que l’auteur ait forcé tous les traits, donnant un caractère peu réaliste à son roman.

La surenchère est un trait de l’Homme, il adore faire peur et se faire peur, je le reconnais volontiers. Pourtant, j’aurais aimé que l’auteur en mette un chouia moins dans son récit, qu’il tienne un peu la bride à l’imagination de ses personnages et qu’il garde la pédale douce sur les scènes de tortures dont les détails n’apportent rien au récit.

Avec ce thriller, j’ai eu des hauts et des bas et sans le twist final déjà vu, il aurait terminé avec une mauvaise note. Avec ce truc (que je ne dévoilerai pas sauf si on me paie très cher), cela donne un autre éclairage sur le récit et redresse la barre, évitant de ce fait de se prendre la montagne dans la gueule.

À vous de voir ce que vous en penserez, sinon, sur Babelio, il y a des tas de critiques plus élogieuses que la mienne qui est, comme on dit chez moi « half en half » (moitié moitié).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°103].

Le Convoyeur – Tome 2 – La cité des mille flèches : Tristan Roulot et Dimitri Armand

Titre : Le Convoyeur – Tome 2 – La cité des mille flèches

Scénariste : Tristan Roulot
Dessinateur : Dimitri Armand

Édition : Le Lombard (21/05/2021)

Résumé :
De retour d’une de ses missions, le convoyeur est attaqué par surprise par la mystérieuse Chasseresse. Il sort vainqueur de l’affrontement, mais renonce à achever son adversaire.

Les deux ennemis se croisent à nouveau à la cour du Duc d’Arcasso, où cruauté et dépravation règnent en maîtres. Face à un mal qui les dépasse, convoyeur et Chasseresse seront-ils capables de s’allier ?

Critique :
Au départ, je ne pensais pas faire la chronique du deuxième tome sur le blog, mais juste la poster sur Babelio.

Ce qui m’a fait changer d’avis ?

La qualité scénaristique du tome 2 et le coup de pied au cul que je me suis prise dans le final, équivalent à une décharge de chevrotine dans le fondement, ou à celui qui a dû saisir les spectateurs lorsqu’il entendirent la voix profonde de Dark Vador prononcer ces mots « Je suis ton père ».

Il y avait des indices, mais je n’ai rien vu venir.

Le premier tome m’avait donné du plaisir de lecture, m’immergeant dans un monde où le virus de La Rouille avait renvoyé les Hommes à l’âge du Bronze ou de la Pierre. Alors, je n’ai pas traîné pour retrouver mon cher Convoyeur !

Il y avait des zones d’ombres dans le premier tome, notamment avec la femme qui semblait suivre le Convoyeur à la trace, ainsi que bien des mystères sur la personne du Convoyeur.

Lorsque l’on ouvre un deuxième tome, il y a toujours la peur qu’il ne soit pas à la hauteur du premier, qu’il tourne en rond ou en eau de boudin. Mes craintes furent vite balayées en commençant la lecture du tome 2.

Peu de temps morts, de l’action, des mystères dont on lève les voiles et le fameux putain de coup de pied au cul, notamment dans les dernières pages (mais pas que) puisque les auteurs lèvent le voile sur le mystère que cache le convoyeur, celui qui avait intrigué le Renifleur lorsqu’il avait reniflé.

Avec ce deuxième tome, on entre dans une autre dimension et les auteurs nous ont gâtés avec un scénario qui n’est pas banal.

Vivement le tome 3 !!

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°102], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°98] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages).