L’enclave : Nicolas Druart

Titre : L’enclave

Auteur : Nicolas Druart
Édition : HarperCollins Noir (07/04/2021)

Résumé :
Sur l’Enclave, tout a été dit : qu’elle serait une zone blanche perdue dans la vallée du Lot, qu’on y vivrait en parfaite autonomie, qu’une créature y régnerait sans partage… Tout a été dit, mais on préfère se taire.

C’est ce à quoi le jeune adjudant-chef Stanislas Sullivan est confronté. À l’inverse de ses collègues de la gendarmerie de Buzac, il n’est pas un enfant du pays.

Aussi, quand une de ses affaires, tombée au cœur de l’été, se révèle être un cas de disparitions de pèlerins reliées à l’Enclave, il va devoir ignorer les mises en garde et faire quelques entorses à la procédure.

Ignorer les mises en garde, c’est aussi l’option prise par Vanessa, aide médico-psychologique, et Simon, infirmier, venus passer un week-end dans l’Aveyron. Pour ce tandem qui accompagne quatre adolescents aux pathologies variées, c’est une première.

Une première aussi, cette sensation de liberté quand ils naviguent sur le Lot. Oubliant pour un temps, et à tort, les chimères menaçantes des locaux…

Que cache l’Enclave ? Un monstre digne de légendes ancestrales ou une vérité macabre ? Que trouvera Vanessa en allant chercher de l’aide, une fois l’accident survenu ? Et sur quel obscur passé Stan mettra-t-il la main ?

Critique :
L’Aveyron, ça sent bon le soleil, les vacances, la farniente, les descentes en kayak, le GR de Compostelle, bref, la dolce vita !

Ben non, loupé ! Oubliez la dolce vita et foutez le camp fissa avant que le Nazgoulag ne vous attrape et que vous ne disparaissiez corps et âme.

Si ce thriller est addictif, il ne manque pourtant pas de défauts qui seront équilibrés par des qualités, notamment dans le final coup de pied au cul (même si on me l’avait déjà fait, ce coup-là).

L’écriture de l’auteur est fort visuelle, de ce côté-là, faut pas avoir peur, si votre imagination suit bien les indications de la plume, vous flipperez un bon coup et vous vous poserez bien des questions sur ce qui se passe dans l’Enclave et comment est-ce possible qu’une telle chose soit permise en France.

Une zone de non-droit dans la campagne aveyronnaise ! Pas dans le 9-3, pas en Amérique du Sud chez les narcotrafiquants, en Afghanistan ou ailleurs. Non, non, dans un petit village bucolique où les touristes se baladent.

Et les habitants des villages voisins, ils en disent quoi ? Rien, ils regardent ailleurs, comme les Humains ont toujours fait à travers l’Histoire et comme nous faisons toujours. Tant que ça ne nous touche pas, hein, on continue de regarder ses godasses.

Des disparitions ont eu lieu à proximité et personne ne dit rien, omerta totale, comme si la mafia tenait tout le monde et arrosait les flics, juges, magistrats (Al Capone, on sait que tu es là). On n’emmerde pas les gens de l’Enclave, point à la ligne. D’ailleurs, comme pour Voldemort, on ne parle pas de l’Enclave !

Comme la carte satellite de l’Enclave est floutée, cela m’a fait penser à un terrain militaire ou à la zone 51 (Fox Mulder est demandé). Le gendarme Sullivan, qui voudrait aller enquêter dans ce petit monde fermé, se fait mettre des bâtons dans les roues par tout le monde, surtout par le maire. C’est louche et ça pue !

Deux récits s’entrecroisent : ceux des moniteurs avec leur groupe jeunes trisomiques qui va rencontrer des emmerdes grosses comme des immeubles et le gendarme Sullivan qui, nouvel arrivant au bled, voudrait savoir ce que l’on traficote dans cette putain d’enclave qui sent plus que le souffre.

Les personnages ne m’ont pas fait vibrer et si l’utilisation de jeunes gens trisomiques (ou à autres problèmes) était originale, ensuite, on les perdra de vue… On en retrouvera quelques uns plus tard, ils auront leur place dans le récit, mais j’aurais aimé les suivre plus longtemps car ils étaient touchants, eux.

Peu de nuances par contre pour les méchants ! Purée, je n’ai jamais vu une telle concentration de psychopathes au km² dans un thriller, moi ! Violeurs, assassins, pédophile, amateur de tortures, bref, toutes les horreurs concentrées dans les mains de quelques uns, dont un dictateur tyrannique de la pire espèce, avec une carrure de gorille, l’esprit d’un petit pois. L’hypocrisie lui sortait par les trous de nez et les excuses à la con aussi.

Et nom de Zeus, pas besoin de savoir que l’autre dictateur a une bite comme sa carrure juste avant la scène de viol ! Par pitié ! Pas besoin non plus de donner des détails de torture d’une prisonnière qui subit des viols à répétition. De grâce ! Jai déconnecté mon cerveau car les détails étaient trop explicites à mon goût. Trop de gore tue, surtout lorsqu’il est gratuit et ne sert à rien, si ce n’est à dégoutter les lecteurs.

Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce thriller, ce sont les mystères qui planent sur l’enclave, ces horreurs qui semblent y être rattachées, ces légendes qui tournent autour de ce lieu mystérieux où personne n’entre, mais qui livre tous les villages alentours avec des bons produits du terroir.

Et puis, le final est génial, il m’a scotché au divan, m’a mise sur le cul, bien qu’on m’ai déjà fait ce coup de Jarnac dans un autre roman. J’aurais pu le voir si mes yeux n’avaient pas été fermés, concentrés sur autre chose.  Les indices étaient aussi tournés de manière à ce que ça ne saute pas aux yeux du lecteur et je suis contente de m’être laissée avoir.

Bon, pour profiter pleinement du final, j’ai dû faire l’impasse sur des points de détails un peu gros, notamment le silence des familles des disparus, les réactions de nos jeunes handicapés et le côté too much d’un truc que je ne peux pas dire ici sous peine de spolier. Ce sera à vous de voir si vous lisez ce thriller…

Ce thriller a aussi un petit côté Série B parfaitement assumé, ce qui a donné lieu à des petits traits humoristiques avec les pensées d’une prisonnière évadée, dans des moments de chasse à l’Homme. Non, je n’ai pas ri.

Ce thriller est addictif, remplis de mystères qui s’expliqueront tous à la fin, sans faire appel au fantastique. Dommage que l’auteur ait forcé tous les traits, donnant un caractère peu réaliste à son roman.

La surenchère est un trait de l’Homme, il adore faire peur et se faire peur, je le reconnais volontiers. Pourtant, j’aurais aimé que l’auteur en mette un chouia moins dans son récit, qu’il tienne un peu la bride à l’imagination de ses personnages et qu’il garde la pédale douce sur les scènes de tortures dont les détails n’apportent rien au récit.

Avec ce thriller, j’ai eu des hauts et des bas et sans le twist final déjà vu, il aurait terminé avec une mauvaise note. Avec ce truc (que je ne dévoilerai pas sauf si on me paie très cher), cela donne un autre éclairage sur le récit et redresse la barre, évitant de ce fait de se prendre la montagne dans la gueule.

À vous de voir ce que vous en penserez, sinon, sur Babelio, il y a des tas de critiques plus élogieuses que la mienne qui est, comme on dit chez moi « half en half » (moitié moitié).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°103].

19 réflexions au sujet de « L’enclave : Nicolas Druart »

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  4. Vu ma pal je passe mon tour! Même les «  téci » du 9-3 sont répertoriées sur Google Map! Donc il est peu crédible qu’une telle enclave puisse exister dans nos campagnes! Même en Aveyron dont les mystères tiennent plus de la légende qu’autre chose!!! 🤨 J’aurais du mal à adhérer surtout si la redondance de la violence n’apporte rien (et pourtant j’ai kiffé American Psycho!). Si le sujet ne me parle pas ou si je sais déjà que je risque de ne pas adhérer sur certains points importants pour me laisser emporter dans la lecture… je laisse tomber. J’ai juste quelques centaines de livres (voire quelques milliers) de livres dans ma pal… alors pour aller la grossir un livre doit avoir d’autres arguments! 😁

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    • American psycho m’a énervé avec les digressions de Bates ! Purée, qu’il m’a soulé, le mec, grave ça mère. J’ai été autant gavée qu’un canard de batterie pour faire du foie gras. Seuls les meurtres ont trouvé grâce à mes yeux.

      Ici, violence gratuite, on aurait pu se passer de certains détails, même si j’ai déjà lu pire ailleurs, mais là, ça me semblait justifié.

      Dans les années 90, pas de google map pour l’enclave, mais en 2020… j’ai un peu tiqué.

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      • Dans American Psycho , l’auteur décrit avec une rare finesse les routines du fonctionnement d’un sujet psychotique dont l’état psychique se dégrade peu à peu. Même les scènes de violences très crues sont décrites via son oeil avec un détachement très significatif. C’est très intéressant pour les psys mais… je comprends que ça ait pu t’ennuyer! 😄

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