Les cris de l’innocente : Unity Dow

Titre : Les cris de l’innocente

Auteur : Unity Dow 🇧🇼
Édition : Actes Sud (23 octobre 2006)
Édition Originale : The Screaming of the Innocent (2002)
Traduction :Céline Schwaller

Résumé :
Amantle accomplit son service national clans un dispensaire de brousse, du côté des superbes paysages du delta de l’Okavango. Affectée à des tâches subalternes, elle découvre-une boîte contenant les vêtements d’une petite fille, couverts de sang. Il s’avère que ce sont ceux de la jeune Neo, disparue cinq ans plus tôt. La police avait classé l’affaire : « attaque par un lion, aucune trace clé l’accident ».

Véritable empêcheuse de danser en rond, Amantle va relancer l’enquête, au grand clam des autorités locales. Dans les hautes sphères aussi on s’inquiète de cette exigence de vérité qu’osent poser des villageois supposés dociles.

On ne parle plus de lion mais d’erreur humaine, d’élimination de preuves, de crime rituel perpétré par clés gens haut placés. La découverte des vêtements gêne élu monde, les coupables sans doute, ceux qui ont peur des pouvoirs occultes certainement, ceux aussi qui craignent et jalousent leurs supérieurs.

Mais Amantle ne lâche pas, elle contacte une amie avocate et se fait des alliés parmi les villageois qui voient en elle la seule chance d’en savoir plus, clé coincer peut-être les coupables impunis de ces meurtres rituels relativement réguliers qui frappent de petites campagnardes.

Maîtrisant parfaitement les dialogues, les portraits, les cadres clé vie, Unity Dow écrit là non seulement un bon thriller sur fond d’Afrique partagée entre modernité et tradition mais aussi un réquisitoire contre clés pratiques excessivement barbares.

Critique :
Lors de mes précédentes lectures, j’ai fait une incursion sur le continent africain et j’y suis restée, passant du Gabon (Le Festin de l’aube) à la RDC (Les enfants du serpent) et maintenant, au Botswana.

Ce polar n’en est pas vraiment un, du moins, pas dans le sens conventionnel, habituel…

Dans ce roman noir, on commence par découvrir un homme, bien sous tous les rapports (il sait ménager son épouse et ses maîtresses), qui regarde une jeune gamine prépubère sauter à la corde (un agneau sans poils)… et ses pensées sont malsaines.

Ensuite, nous découvrirons ses deux complices. Nous ne sommes pas dans un roman policier où il faut découvrir le ou les coupables, on les connaît déjà. Le tout sera de savoir si on arrivera à les confondre, les arrêter…

Non, ce qu’ils comptent faire subir à cette gamine, ce n’est pas de la pédophilie, c’est pire que ça (je ne pensais pas un jour arriver à dire cela, à penser cela, à l’écrire, mais oui, c’est encore plus ignoble et plus trash qu’un viol).

Quant à la personne qui va enquêter sur les meurtres de jeunes gamines, ce sera une jeune femme, Amantle, aidée par tout un village qui en a marre que les flics les baladent et leur racontent des couilles plus grosse que celles d’un mammouth. Qu’un lion dévore une gamine, oui, ça peut arriver, mais qu’un lion ôte avant les vêtements de la gamine, sans les déchirer, vous m’avouerez que c’est fort de café.

Ceci n’est pas un polar qui va vite, que du contraire, il prend son temps, l’autrice en profitant pour nous parler de sa culture, des croyances des botswanais, des sorciers ou autres diseurs de bonne aventure, qui ont pignon sur rue, de leur manière de vivre, à l’opposé de celles des occidentaux.

Sans oublier la corruption qui gangrène tout le système, du plus bas échelon jusqu’au plus haut, en passant par les tribunaux. Au travers de plusieurs personnages, l’autrice va vraiment nous faire entrer dans les coutumes de son pays et notamment les plus horribles.

Les superstitions sont légions, tout le monde (ou presque) y croit, se fait soigner par des sorciers ou sont prêts à tout pour s’assurer qu’ils vont rester au somment ou y accéder. Et croyez-moi, on est loin de la patte de lapin ou d’un Saint-Joseph dans une gouttière pour qu’il ne pleuve pas !

Oh putain, il y a un passage terriblement violent, sauvage, à la limite du supportable et pratiqué par des hommes au sommet de la société, des hommes riches, avides de pouvoir… Pas par des paysans pauvres.

Si j’ai souri devant certains dialogues, notamment entre Amantle et un policier, si j’ai ri des peurs de son amis avocate, de la gouaille de son ami, je savais bien qu’ensuite j’allais morfler et que sous ses airs de polar amusant, cette enquête allait nous mener vers un moment qui ne serait ni drôle, ni amusant, mais traumatisant…

L’explication finale, je l’ai lue sans respirer, les doits accrochés à mon bouquin, les tripes nouées. Oui, il est facile de faire d’un homme respectable, mais pauvre, un complice. Si facile de le manipuler, de lui foutre la trouille, de le dominer et de lui pourrir le reste de sa vie, parce que lui, le pauvre mec, il a une conscience, là où les salopards n’en ont pas…

Un roman coup de poing, une fois de plus. Un roman qui m’a percuté de plein fouet, puisque je ne savais pas du tout ce qui m’attendait. Une lecture qui m’a laissée la bouche sèche et l’envie de lire toute la collection de Tchoupi, pour me remettre de ce voyage au Botswana (déjà que le voyage en RDC avait été hyper violent et trash aussi).

Vous savez quoi, après avoir déposé mes fesses sur le continent Africain, je m’en vais revenir à des lectures moins costaudes. Là, il me faut de la douceur pour tenter d’effacer certaines images gravées dans ma rétine…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°129] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°21).

16 réflexions au sujet de « Les cris de l’innocente : Unity Dow »

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  3. S’il faut se taper des scènes insoutenables j’avoue que j’aurais du mal à lire le livre. Mais je veux bien une copie des rituels afin de résorber mes embarras sociaux… s’ils n’impliquent pas de sacrifices humains ou d’ingrédients compliqués genre jus de yuzu du Tibet cueilli à la pleine lune et pressé un soir d’orage… ou des rognures d’ongles de licorne…🤔

    Aimé par 1 personne

    • Tu auras plus facile de t’en débarrasser avec des accidents de chasse… je parle de tes embarras sociaux… 😆

      Entre nous, si tu le désires vraiment, fais une demande à ta libraire, elle satisfera tes demandes, mais pas ce soir, elle a fini journée 😆

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