Illusions : Maxime Chattam [Par Dame Ida]

Titre : Illusions

Auteur : Maxime Chattam
Édition :

Résumé :
Bienvenue à Val Quarios, petite station de ski familiale qui ferme ses portes l’été. Ne reste alors qu’une douzaine de saisonniers au milieu de bâtiments déserts. Hugo vient à peine d’arriver, mais, déjà, quelque chose l’inquiète. Ce sentiment d’être épié, ces « visions » qui le hantent, cette disparition soudaine…

Quels secrets terrifiants se cachent derrière ces murs ? Hugo va devoir affronter ses peurs et ses cauchemars jusqu’à douter de sa raison…

Bienvenue à Val Quarios, une « jolie petite station familiale » où la mort rôde avec la gourmandise d’une tempête d’été.

L’avis de Dame Ida :
Hugo vient de se faire larguer. Il n’y a pas a dire, son ex a bien eu raison ! Il est nul ! Un vrai raté ! Un foutu de la vie qui n’a rien fait de son existence et est condamné à végéter en tournant autour de son nombri l!

Acteur-romancier sans succès ! Et pourquoi pas influenchieur pendant qu’on y est !

Bref, réalisant la fatuité de son parcours, il décide de changer de vie… de prendre du recul… et au lieux de se retirer dans un monastère, il part travailler comme factotum sur une station de ski désertée et isolée du reste du monde pendant la saison d’été. Ça lui apprendra la vie de bosser pour de vrai!

Et comme il a des prétentions d’écrivain à ses heures et qu’il se retrouve loin de tout dans une station vide et presque fantomatique ça vient planter un décor à la Shining ! La référence est claire et même évoquée par l’auteur. D’ailleurs, moi aussi j’ai tendance à prendre mes jambes à mon cou quand je croise des jumelles dans un couloir…

Évidemment dans un tel contexte ça ne peut pas bien se passer et nous voilà partis pour un peu moins de 500 pages de mystères mystérieux.

Quand j’étais jeune, jadis, il y a fort fort longtemps, au siècle dernier pour ne pas dire au millénaire précédent, le Club Dorothée nous assommait de dessins animés japonais stéréotypés produits de manière industrielle et toujours écrits sur le même plan, comme le fameux Goldorak.

Serai-je méchante au point de trouver que Maxime Chattam écrive lui aussi toujours la même chose ?

Non ! Rassurez-vous ! Je serais objective et une fois de plus je louerai son parfait sens de l’intrigue, son art de noyer le poisson et surtout son imagination débordante et un brin perverse qui le conduit roman après roman à nous créer des histoires originales et bien terrifiantes.

Alors ? Pourquoi je parle de dessin animé japonais ? Et bien parce que le Sieur Chattam tend malgré tout à recycler certains éléments de construction dans ses romans.

À savoir celui du héros qui se perd en conjectures aussi multiples qu’erronées page après pages, revoie et amende ses théories en nous embarquant avec lui dans… l’erreur jusqu’au bout du roman, mais tout en arrivant au moment de la révélation finale de la vérité !

La marche n’est qu’une succession de chutes coordonnées diraient certains ? Avec Chattam c’est souvent ainsi. Le héros se trompe mais d’erreur en erreur il finit par arriver à la vérité !

Le personnage principal qui se plante et emmène avec lui le lecteur en courant dans tous les sens dans ses errements logiques, il n’y a rien de mieux pour nous empêcher de réfléchir et de comprendre ce qui se trame par nous mêmes. Artifice efficace, mais un brin lassant à force.

C’est un truc qu’il a déjà utilisé maintes fois dans certains de ses autres romans depuis les Arcanes du Chaos. Cela m’a frappée parce que roman après romans ses héros me semblent souvent particulièrement idiots vu qu’à la fin, on découvre qu’ils étaient totalement à côté de la plaque de bout en bout.

Et là le Hugo, il décroche la palme de la catégorie ! Je l’ai même trouvé carrément fatigant parce qu’il partait bille en tête dans des élucubrations et conjectures tout de mêmes loin d’être banales, pour ne pas dire abracadabrantes sur la base de… rien ! Ou presque. Des intuitions… des interprétations… pour ce que ça vaut!

Et mieux ! A un moment il trouve des éléments nouveaux presque par hasard en suivant une piste douteuse basée sur un raisonnement foireux et voilà qu’il change de théorie du tout au tout, sans s’expliquer en quoi que ce soit des raisons de ce changement radical de théorie.

Une telle progression logique laisse le lecteur attentif quelque peu perplexe.

En outre… Chattam évoque à certains moments des livres fictifs, issus de l’œuvre de Lovecraft, comme s’ils étaient réels, sans forcément en faire quelque chose et rendant assez obscur la limite entre ce qui relèverait d’une intrigue policière ou d’une intrigue fantastique. On retrouvera ainsi quelques autres pistes de ce genre laissées en plan, reprises plus tard sous un autre angle…

Encore une fois, je note aussi que Maxime Chattam est capable de faire un gros boulot de documentation mais… qu’il ne va pas jusqu’au bout de celui-ci, exploitant improprement certains éléments qu’il est allé pêcher, pour expliquer certains détails de son intrigue… je ne peux malheureusement en dire plus sans spoiler la fin.

Mais comme c’est un sujet que je connais bien forcément j’ai pu relever l’approximation fautive. C’est dommage. Bon… si on ne connaît pas on passe à côté évidemment et ça fonctionne… mais quand on est au courant on trouve ça un peu ballot.

L’ennui, c’est aussi que souvent le personnage principal qui porte sur ses épaules la responsabilité de conduire le lecteur à travers l’œuvre, se confond avec l’auteur lui- même…

D’ailleurs quelques détails personnels concernant l’auteur se retrouvent en Hugo, soulignant l’identification auteur/personnage principal (pas seulement les aspirations à l’écriture… ses références à ses origines Normandes).

Alors la question est de savoir si Chattam décrit précisément les élucubrations d’un esprit brouillon qui devine qu’un truc louche se passe, sans avoir grand chose pour étayer ses intuitions très personnelles et souvent fausses… ou s’il est lui-même parti d’un point de départ sans trop savoir comment il compte parvenir au but qu’il s’est fixé.

Bref si l’intrigue imaginée est une fois de plus brillante, si Chattam fait ici en outre de réels efforts dans son style d’écriture, il peine malgré tout à se renouveler quant à sa méthode narrative que j’ai trouvée ici propice à rendre son personnage principal ridicule pour ne pas dire pathétique au point de faire douter de l’auteur lui-même.

Certains éléments du dénouement pourront expliciter ce côté pathétique… mais avant d’arriver au final il faut traverser le roman avec le personnage principal qui va d’hypothèse en théorie sur la base de pas grand chose avant la page 300… et qui surinterprète les faits dont il dispose ensuite. Aussi aurait il mieux valu ne pas le présenter autant comme à côté de la plaque d’un bout à l’autre.

Le dénouement mérite d’être évoqué. Pas dans son contenu évidemment ! On ne va pas spoiler et vous raconter la fin ici! Mais… on ne peut que lui reconnaître une originalité certaine dans son genre… je ne vous en dirais pas plus ! Mais Chattam a su éviter la banalité.

Bref, comme toujours avec Chattam, depuis les « Arcanes du Chaos », mon avis sera mitigé : une lecture de vacances distrayante partie d’une idée d’intrigue diabolique mais dont le développement souffre de quelques faiblesses entre une très bonne première centaine de pages plantant très bien le décor, et une dernière centaine de pages qui nous conduit vers un dénouement surprenant comme toujours.

 

Nuit noire, étoiles mortes : Stephen King

Titre : Nuit noire, étoiles mortes

Auteur : Stephen King
Édition : Livre de Poche Fantastique (2014) – 624 pages
Édition Originale : Full dark, no stars (2010)
Traduction : Nadine Gassie

Résumé :
1922
Un fermier du Nebraska assassine sa femme avec la complicité de leur fils pour l’empêcher de vendre sa propriété à un éleveur de porcs. Le début d’une véritable descente aux enfers dans un univers de violence et de paranoïa.

Grand Chauffeur
Une auteure de polar se fait violer sauvagement au bord d’une route. Rendue à moitié folle par l’agression, elle décide de se venger elle-même de l’homme et de son effrayante complice…

Extension Claire
Un homme atteint d’un cancer, fait un pacte faustien avec un inconnu : en échange d’un peu de vie, il vend un ami d’enfance dont il a toujours été jaloux pour souffrir (ô combien !) à sa place…

Bon Ménage
Une femme découvre par hasard qu’elle vit depuis plus de vingt ans aux côtés d’un tueur en série. Que va-t-il se passer maintenant qu’il sait qu’elle sait…

Critique :
1922, l’épouse d’un fermier veut vendre les 100 acres de bonne terre (putain, des bonnes terres), afin qu’une société y installe son usine à abattre des cochons, ce qui apportera de la pollution dans la rivière.

Son époux, fermier de son état ne veut pas (comme je le comprend, quand on aime la terre, on ne la vend pas), alors, il tue sa femme…

— Oui, vas-y, étrangle-là, fout-la dans le puit !
— Rhô, ce n’est pas bien de penser ça, me souffle ma conscience. On ne tue pas pour des terres, fussent-elles bonnes.
— Oh, sa femme, la chieuse, veut les vendre, foutre le camp ailleurs et ne pense même pas à son gamin, qui n’aura plus de terres à hériter, plus tard. La terre, ça ne se vend pas. Hop, dans le puit, la chieuse !

Une écrivaine se fait violer sur le bord de la route.

— Vengeance ! Flingue ce salopard de violeur, je suis d’accord avec toi.
— On ne peut pas se faire justice soi-même ! me crie une fois de plus cette foutue conscience qui ne me laisse pas tranquille.
— La Justice, c’est comme la vierge Marie : à force de ne pas la voir, le doute s’est installé !
— Non, elle ne peut pas tuer son violeur, elle doit aller porter plainte à la police !
— Pfff, la police, elle ne la croira pas, elle lui demandera si elle ne l’a pas un peu cherché et si les flics interrogent l’enfoiré, il dira qu’ils sont eu des rapports sexuels un peu plus violents, mais qu’elle était d’accord. Alors, une balle entre les deux yeux et l’affaire est réglée !

La troisième histoire, assez courte, met mal à l’aise, en cause un personnage qui n’a aucun remords, même pas un soupçon… Quant à la quatrième et dernière, je l’ai moins aimé, elle m’a semblée fort longue dans son développement et je me suis un peu ennuyée, jusqu’au final.

Une fois de plus, le King m’a transformé en lectrice haineuse, appelant ou cautionnant les meurtres, sans que cela me pose problème. C’est grave ? Ce serait un effet King ?

Ne cherchez pas des étoiles dans ces pages, tout y est sombre, tout n’y est que noirceur de l’âme humaine. Pourtant, au départ, nous étions en présence de gens ordinaires, pas d’assassins. Oui mais voilà, les circonstances ont fait qu’ils ont basculés du côté obscur de la Force, à tort ou à raison.

La question que je me pose souvent : et moi, qu’aurais-je fait à leur place ? Pourrais-je tuer pour des terres ? Oups, oui. Pourrais-je tuer pour me venger ? Oui, absolument. Serais-je prête à passer un contrat avec le diable et transformer en enfer la vie d’une personne que je n’aime pas ? Oh oui, oh oui, oh oui. Survivre au fait d’apprendre que mon mari est un serial killer ? Là, plus compliqué, faut des épaules solides.

Mais aurais-je le courage (ou la folie) de tuer vraiment ? Là, j’en suis moins sûre. Le vouloir, c’est une chose, le faire, c’en est une autre.

L’art de la nouvelle n’est jamais facile, mais Stephen King a toujours su tirer son épingle du jeu et, une fois de plus, il nous offre des nouvelles sombres, sans lumière, sans rédemption, sans même une once de regret ou de prise de conscience dans les esprits de ceux et celles qui ont franchi la ligne rouge.

Malheureusement, si j’ai aimé cette lecture, je n’ai pas vibré comme il m’arrive de le faire, d’habitude, avec les récits du King. Attention, ces nouvelles sont bonnes, noires, sombres, mais elles manquaient parfois d’émotions brutes, comme l’auteur est capable d’en faire naître dans mon petit coeur.

Sans regretter cette découverte, ce roman ne me marquera pas au fer rouge comme d’autres ont pu le faire (ÇA, Misery, Shining, Simetierre, La ligne verte, Dolores Claiborne, Docteur Sleep).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°30], Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

La Conspiration des Fantômes – David Ash 02 : James Herbert [Par Dame Ida, Tourneuse de Tables, de Têtes et de Serviettes]

Titre : La Conspiration des Fantômes – David Ash 02

Auteur : James Herbert
Édition : Milady (2010)
Édition Originale : The ghosts of sleath (1994)
Traduction : Thierry Arson

Présentation Babelio :
Rien ne semblait pouvoir troubler la tranquillité de Sleath, un petit village paisible au cœur de la campagne anglaise… jusqu’à ce que les fantômes apparaissent et une succession d’événements aussi bizarres que terrifiants.

David Ash, enquêteur spécialisé dans les phénomènes, paranormaux, tourmenté par les sombres secrets de son propre passé, est appelé pour élucider la situation, et ce qu’il découvre va le conduire au bord de la folie. Car Sleath est loin d’être le paradis auquel voudraient croire ses habitants, et si les morts sont revenus pour l’anéantir, ce n’est pas par hasard !

L’avis de Dame Ida :
Je n’avais pas vraiment eu de chances dernièrement dans ma quête du grand frisson fantastique…

Une histoire de loup-garou machiste que j’ai abandonnée pour éviter d’exploser le tensiomètre tant le personnage principal était parfaitement imbuvable…

Une série sur un ersatz de monstre du loch Ness qui s’est transformée en histoire sentimentale (sympathique certes, mais ce n’était pas ce que je recherchais alors)…

Il fallait d’urgence que je me refasse !

Je partais donc sur une très classique histoire de fantômes pour me remettre de ces émotions inattendues et enfin claquer des dents à m’en faire péter toutes mes couronnes, pour la plus grande joie de mon dentiste.

Et ben chuis ben aise à m’boudène ! Ou autrement dit, je suis heureuse de n’être pas fâchée de me pâmer de satisfaction, parce que ça déchirait délicatement sa race.

Non seulement les fantômes s’en prennent aux vivants… Mais en plus ils s’en prennent même à d’autres fantômes ! Et pas à n’importe quels fantômes !!! Non Madame ! Ils s’en prennent aux fantômes des gens qu’ils sont conduits eux-mêmes de vie à trépas !

Et oui, leur sadisme peut vous suivre au-delà de votre mort !!!

Bref, vous m’avez comprise : mieux vaut éviter de décéder dans le bucolique village de Sleath !

Enfin une histoire avec des vrais fantômes animés de mauvaises intentions !

Enfin des personnages principaux sympathiques même si chacun à leurs manière ils ont quelque peu morflé ! Et oui, notre enquêteur du paranormal qui ne croit pas trop au paranormal mais un peu quand même parce que… je ne vais pas non plus spoiler… a un peu tendance à lever le coude plus qu’il ne le faudrait.

Mais bon l’alcool est le partenaire séculaire des enquêteurs cabossés n’est-il pas vrai (même s’il est recommandé par les professionnels de santé de modérer sa consommation et, par la police, de n’avoir pas bu avant de prendre le volant!) ? C’est un cliché un peu malheureux. J’aurais préféré notre enquêteur dépendant au Xanax ou affecté de ne je sais quel équivalent de trouble anxieux.

Et ce qui ne gâche rien, c’est que l’auteur nous distille un savant suspens qui monte crescendo, et des rebondissements scénaristiques auxquels je ne m’attendais pas trop, suivant sagement et passivement ma lecture.

L’écriture est cependant assez standard. C’est vrai qu’avec les traductions (traduire c’est trahir un peu, dit-on) ont toujours un peu tendance à éroder les éventuelles originalités stylistiques des auteurs étrangers, et que peu de livres parviennent à se distinguer sur ce registre.

Cela étant cette écriture plutôt simple a un côté « cinématographique ». Disons qu’en suivant cette narration d’une grande précision, les informations et détails amenés par l’auteur m’ont conduite assez facilement à visualiser les lieux et les scènes.

Pourtant, le texte n’est pas réduit à du factuel descriptif, loin s’en faut. Sans que cela ne se transforme en roman psychologique, les mouvements introspectifs des personnages principaux voire secondaires dans une moindre mesure, se déploient de manière suffisante pour les rendre vivant, et palpables.

Ai-je trouvé quelques longueurs parfois ? Humm… Joker ! Je vous laisserai vous faire votre avis sur la question parce qu’en ce moment où je suis un peu surmenée, j’ai un peu tendance à piquer facilement du nez quand je lis. Forcément, quand on relis quatre fois la même page, ça paraît un peu long, non ?

Alors…  Qu’est-ce qui vient du livre ? Qu’est-ce qui vient de moi ? Soyons honnêtes, c’est certainement à 70 % de mon fait.

Et puis dans beaucoup de romans, la progression de l’action n’est pas homogène, s’emballant dans certains passages et se ralentissant dans d’autres. Alors faut-il vraiment parler de longueur ? Je laisserai à vos éminentes sagacités la responsabilité d’un avis à ce propos.

Bref, c’est le genre de romans que j’aimerais bien voir adapté en film, et de préférence un soir Halloween, ou par une nuit d’orage.

Bon… Ce n’est pas du Stephen King non plus… Mais c’est très très très correct du début à la fin.

Les soeurs de Montmorts : Jérôme Loubry

Titre : Les soeurs de Montmorts

Auteur : Jérôme Loubry
Édition : Calmann-Lévy (25/08/2021)

Résumé :
Novembre 2021. Julien Perrault vient d’être nommé chef de la police de Montmorts, village isolé desservi par une unique route. Alors qu’il s’imaginait atterrir au bout du monde, il découvre un endroit cossu, aux rues d’une propreté immaculée, et équipé d’un système de surveillance dernier cri.

Mais quelque chose détonne dans cette atmosphère trop calme.

Est-ce la silhouette menaçante de la montagne des Morts qui surplombe le village ? Les voix et les superstitions qui hantent les habitants ? Les décès violents qui jalonnent l’histoire des lieux ?

Critique :
Julien Perrault, flic, est allé chercher le calme dans le trou du cul de la France : Montmorts.

Là, il se dit qu’il va être pépère tranquille dans ce commissariat dont l’affaire la plus importante est un habitant qui cherche à la biblio un livre qui n’existe pas, d’un auteur qui n’existe pas et qui traite la bibliothécaire de salope.

Lui comme moi, nous nous attendions à débarquer dans un village peuplé de bouseux, sans électricité, sans wifi, avec des routes qui datent des guerres napoléoniennes et nous en avons été pour nos frais : le village est pimpant, bien pourvu, loin des décors collant habituellement aux idées que l’on se fait d’un trou perdu.

Pourtant, notre flic va passer une journée en enfer, ne sachant plus où donner de la tête, tel un John McClane (les muscles et les explosions en moins) ne sachant pas ce qu’il va lui arriver ensuite car il n’a pas lu le scénario, tout en se disant que s’il avait été au 36 Quai des Orfèvres, il aurait passé des journées plus paisibles !

Ce roman policier surfe allégrement avec le fantastique, limite surnaturel et jusqu’à l’explication finale, on se demande bien ce qui a pu arriver à certains habitants de Montmorts pour avoir le cerveau vidé de la sorte.

Auraient-ils tous regardé une chaîne de télé qui proposerait plus que du temps de cerveau à une boisson pétillante ? Nul ne le sait, mais j’ai eu beau faire fumer mes méninges, imaginer tout et n’importe quoi, je n’ai jamais réussi à trouver avant que l’auteur ne me foute le nez dedans.

L’auteur n’a pas peur de jouer avec ses lecteurs, de les entraîner là où l’on ne s’y attend pas, de nous mettre le cerveau à néant, de nous faire danser selon son tempo à lui et de laisser planer le doute, jusqu’au bout, sur côté surnaturel ou non de son récit.

Il m’aura juste manqué un petit quelque chose : durant tout mon récit, je ne me suis attachée à aucun personnage, ils auraient pu tous mourir sans que cela m’en touche une (de corde sensible). Dommage, cela aurait été un petit plus bien agréable que de vibrer en ayant peur pour leur vie.

Au moins, l’auteur a préféré donner plus de présence, d’épaisseur au village de Montmorts, faisant de lui un personnage à part entière, un protagoniste muet, mais bien présent et qui nous offre quelques atmosphères bien angoissantes de par ses lieux étranges er rempli de superstition ou d’anciens faits guère reluisants.

L’auteur a réussi à bien doser le  rythme de son récit, sans qu’il ne soit trop rapide ou trop lent, sans perte de régime, relançant la machine du mystère et du suspense sans trop en faire (et ça marche !), me donnant envie d’arriver au bout pour enfin savoir tout sur tout !

Il n’a pas succombé aux sirènes des actions rocambolesques dans le but de tenir son public en haleine, même si, durant le roman, nous aurons quelques scènes de folie, mais pas dans le but d’en rajouter, tout s’expliquera à la fin.

Si vous en avez marre de vous faire manipuler par les banquiers, assureurs, politiciens et autre prometteurs de beaux jours, venez vous faire manipuler par Jérôme Loubry : ça vous coûtera moins cher. Au moins, vous aurez le plaisir de dire, avec un grand sourire : putain, il m’a bien eu !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°69].

Le Prince de la nuit – Tome 8 – Anna : Yves Swolfs et Thimothée Montaigne

Titre : Le Prince de la nuit – Tome 8 – Anna

Scénariste : Yves Swolfs
Dessinateur : Thimothée Montaigne

Édition : Glénat (14/11/2018)

Résumé :
Kergan parcourt depuis huit cents ans les steppes et forêts d’Europe centrale. Des siècles de chasses nocturnes, en compagnie de son initiatrice Arkanéa, qui lui ont apporté la force et l’expérience d’un vampire ancien…

En cette année 1013, les deux compagnons font halte à Kiev où le seigneur Vladimir règne en maître absolu.

C’est ici que Kergan, désormais prêt à obéir à ses propres instincts, va décider de s’émanciper d’Arkanéa. Et de marquer de ses crocs le cours de l’Histoire…

Critique :
Génial, je pourrai maintenant me vanter partout que j’ai lu Montaigne… Son essai était très bon, même si ses dessins ne suivent pas la ligne que Swolfs adoptait.

Oui, bon, c’est Thimothée Montaigne (et non Michel) et il est dessinateur, mais sur un malentendu, ça pourrait le faire, non ?

Encore un gros retour aux sources de ma part.

Après avoir lu les deux derniers albums de « Légende », j’ai enchaîné avec cette autre saga de Swolfs : le vampire Kergan, dont j’avais lu le premier tome en 1995 (ça ne me rajeunit pas, tout ça).

Hormis un album en dessous des autres (tome 4 : Le journal de Maximilien), le reste de la saga était de bonne facture, même si je regrettais toujours que les visages se ressemblent fort avec ceux des autres séries de Swolfs.

Une fois de plus, qui dit changement de dessinateur dit changement de style et même si celui de Montaigne est très réaliste et qu’il exécute parfaitement bien les dessins, que se soit pour les visages ou les décors. Par contre, le blanc des yeux était fort présent et donnait un regard halluciné à bien des personnages.

À d’autres endroits, j’aurais préféré une ligne plus claire afin d’avoir plus de finesse dans les détails des visages.

Dans le précédent album, nous avions assisté aux débuts de Kergan en tant que vampire. Dans celui-ci, nous allons assister à son émancipation, après 8 siècles à sillonner le monde à ses côtés. Pour le moment, lui et sa mentor sont dans l’Europe de l’Est, dans la région de Kiev.

Complots, politique, espionnage, paranoïa, enquêtes sur les cadavres exsangues retrouvés et l’amour se trouvent au menu de cet album et comme nous le savons tous et toutes, l’amour et la politique ne font pas bon ménage quand des oreilles indiscrètes écoutent aux portes.

Kergan n’a pas fait preuve de prudence et le frère Arthémius, qui ressemble à Raspoutine, va mener sa petite enquête pour retrouver le buveur de sang. Ce sinistre personnage est un serviteur de Dieu (qui n’a sans doute pas engagé cet espère d’illuminé) et tout ce qui ne l’agrée par, heurte son âme.

Cet album est un beau retour aux sources, à la jeunesse vampirique de Kergan, bien moins machiavélique qu’il ne le fut ensuite, dans les premiers albums de la série. Là, il se cherche encore, il voudrait chanter ♫ libéré, délivré ♪ et mener son propre chemin en devenant, lui aussi, un mentor pour de jeunes et belles vampiresses.

Comme pour la saga « Légende », je m’en vais poursuivre ma route avec l’album suivant, en espérant que lui aussi soit à la hauteur et surtout, que l’on ne doive pas attendre un siècle avant de lire les suivants…

14 ans se sont écoulés entre la parution du tome 6 et celle du 7, puis 3 ans entre le 7 et le 8, ce qui fait que la lectrice que je suis n’attendais plus rien de cette saga. Mais puisque l’on m’a redonné le goût du sang, j’espère que ma soif sera étanchée régulièrement.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°04] et Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 50 pages).

Au bal des absents : Catherine Dufour

Titre : Au bal des absents

Auteur : Catherine Dufour
Édition : Seuil Cadre noir (10/09/2020)

Résumé :
Claude a quarante ans, et elle les fait. Sa vie est un désert à tous points de vue, amoureux et professionnel ; au RSA, elle va être expulsée de son appartement.

Aussi quand un mystérieux juriste américain la contacte sur Linkedin – et sur un malentendu – pour lui demander d’enquêter sur la disparition d’une famille moyennant un bon gros chèque, Claude n’hésite pas longtemps.

Tout ce qu’elle a à faire c’est de louer la villa « isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée » où les disparus avaient séjourné un an plus tôt. Et d’ouvrir grands les yeux et les oreilles. Pourquoi se priver d’un toit gratuit, même pour quelques semaines ?

Mais c’est sans doute un peu vite oublier qu’un homme et cinq enfants s’y sont évaporés du jour au lendemain, et sans doute pas pour rien.

Une famille entière disparaît, un manoir comme premier suspect. Entre frissons et humour Au bal des absents est une enquête réjouissante comme on en lit peu.

Critique :
Est-il possible, dans un roman fantastique, de faire du social, de tirer à la kalach sur Pôle Emploi, le chômage, les formations à la con (qui ne mènent à rien), sur le RSA, sans que le tout ne soit un gloubi-boulga immangeable ?

Pardon, j’oubliais de dire que l’auteure fait aussi une belle déclaration d’amour aux livres du King et s’amuse avec les films d’horreur et  d’épouvante, qu’ils soient kitschissimes ou cultissimes.

Oserais-je dire que c’était presque un roman feel-good même s’il m’a fait dresser les poils des bras ? Ou était-ce tout simplement un roman fantastique d’épouvante (mais pas trop) qui se serait accouplé avec un roman social, à tendance noire (parce que le social chez les friqués, c’est pas un roman noir) et dont l’humour, noir, bien entendu, servirait à graisser les rouages ?

Inclassable, ce roman est tout bonnement inclassable, sauf à la caser dans les putain de romans qui réussissent à faire passer un excellent moment de divertissement, tout en ayant un fond et de l’épaisseur, autant dans son scénario que dans son personnage principale.

Claude, femme de 40 ans, émarge du RSA et la voilà qu’elle se retrouve à jouer les détectives privées dans une maison perdue dans le trou du cul de la France pour rechercher ce qui a pu arriver à une famille de touristes américains, disparue un beau jour…

Inclassable je vous dis, même avec un point de départ ultra conventionnel. Déjà, Claude n’est pas une femme banale, elle a du caractère, de la hargne et jamais je ne regarderai ma binette de jardin de la même manière.

Ce roman policier, roman noir, fantastique (dans les deux sens du terme) est à découvrir car sous le couvert du divertissement et de l’épouvante, il parle d’une société à double vitesse : celle qui laisse les plus démunis sur le côté, celle qui enfonce les demandeurs d’emploi au lieu de les aider, celle qui nous étouffe sous la paperasserie, celle des plans sociaux, des dégraissement, des start-up nation (je cause bien le dirigeant de multinationale, hein ?)…

L’angoisse est bien dosée, jamais trop exagérée et souvent suggérée (votre esprit est votre pire ennemi dans cette lecture). Malgré tout, j’ai frémi de peur mais toujours avec le sourire aux lèvres car Claude est une enquêtrice drôle qui manie aussi bien l’humour sarcastique que la binette de jardin.

Jamais le roman ne devient désespérant et malgré les ennuis, les coups du sort, le peu d’argent possédé par Claude (qui lui fait développer des combines pour manger, boire ou se laver gratuitement), jamais on a la sensation d’une ambiance plombée.

Plume trempée dans l’encrier du cynisme, additionnée d’humour noir, l’écriture est incisive, mordante, désopilante et laisse peu de moment de répit au lecteur. Mais l’encre n’est pas aussi noire que le café corsé, il y a de la lumière dans ce roman social, de l’espoir.

PS : Ok, peu d’espoir qu’un jour, les sites de l’administration arrêtent de buguer quand on a besoin d’eux, peu d’espoir aussi qu’au bout du fil (si on arrive encore à y trouver de la vie), une personne compatissante et professionnelle nous réponde que « oui, le site c’est de la merde, mais pas de soucis, on va tenir compte de votre inscription et vous aider ». Ça arrive parfois, mais c’est comme les apparitions de la Sainte Vierge : très rare !

Une lecture comme j’aimerais en faire plus souvent. Addictif à tel point que j’ai tout dévoré d’un coup. Un roman à lire car le plus horrible dans tout cela, c’est notre société à la « marche ou crève ».

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°2XX].

Si ça saigne : Stephen King

Titre : Si ça saigne

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (10/02/2021)
Édition Originale : If It Bleeds (2020)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
« If It Bleeds », le nouveau livre de Stephen King. Un recueil de 4 longues nouvelles, dont une suite, indépendante à « L’outsider »

Les nouvelles sont :
– Mr. Harrigan’s Phone (Le téléphone de Mr Harrigan)
Au sujet d’un téléphone hors du commun…

– The Life of Chuck (La vie de Chuck)
Le monde est au bord du gouffre lorsque…

– If It Bleeds (Si ça saigne)
Une bombe explose dans un collège. Devant le flash info, Holly Gibney qui est perturbée par un détail…

– Rat
Un auteur n’arrivant pas à écrire un roman part dans un chalet en pleine forêt pour écrire un roman…

Critique :
Le King est de retour dans un format où il excelle (comme Conan Doyle) : celui de la nouvelle !

Jamais évident de faire une nouvelle équilibrée afin que les lecteurs n’aient pas l’impression qu’on les a amputé d’une partie de l’histoire.

Le King y arrive toujours sans mal, nous donnant assez à lire pour ne pas que l’on se sente floué.

La première nouvelle avait un délicieux air rétro, comme si nous étions dans les années 50/60 alors que nous étions dans les années 2000 avec l’arrivée du premier smartphone de la marque à la pomme mordue.

Je me suis attachée aux personnages, autant au jeune Craig qu’au vieux monsieur Harrigan et ses théories sur l’Internet qui étaient tout à fait justes. Le plaisir de lecture était bien présent et j’ai aimé cette histoire de téléphone qui… No spolier !

Le King aurait pu aller plus loin dans l’horreur, mais il est resté dans le registre du fantastique. Je n’ai pas frissonné de peur mais j’ai apprécié cette nouvelle qui avait un début, une fin et un beau développement. Je ne me suis pas sentie grugée.

La deuxième histoire m’a laissé perplexe avec un commencement apocalyptique où le monde semble s’écrouler et où l’on va ensuite rejoindre la jeunesse de Chuck, voir le jour où il dansa dans la rue et tout savoir sur le mystère de la chambre sous la coupole.

Cette nouvelle m’a donné l’impression de se finir abruptement, sans que j’aie vraiment compris le rapport entre le côté apocalypse du départ et une partie de la jeunesse de Chuck… Puis en réfléchissant j’ai compris que j’étais face à une métaphore et la nouvelle a alors pris tout son sens.

La troisième met en scène une ancienne copine, Holly Gibney de l’agence de détective Finders Keepers. Cette nouvelle fait suite au roman « L’outsider » que je n’ai pas encore lu et malheureusement, j’ai eu droit à quelques révélations… Cette longue nouvelle m’a emporté, j’ai frémi, j’ai eu peur, le suspense était maîtrisé et j’ai tellement serré les fesses que lorsque tout se calme, j’en avais encore les mains moites.

La quatrième nouvelle parle, une fois de plus, de l’écrivain et de l’angoisse de la page blanche. Un thème qui revient souvent chez le King car c’est une situation qu’il a connue.

Cette dernière nouvelle du recueil a des airs de pacte faustien et comme on le sait, il y a toujours un prix à payer, même si on n’y croit pas. J’ai apprécié les ambiances de tempêtes, les questionnements de l’auteur, son entêtement à écrire un roman et l’arrivée, une fois de plus, de ses vieux démons.

Par contre, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur ses problèmes d’avant, sur le pourquoi du comment il a failli brûler sa maison en voulant foutre le feu à son roman…

Quatre nouvelles qui avaient un début, une fin et un développement, qui ne m’ont pas laissées sur ma faim, comme le font souvent les histoires sous forme de nouvelles. Par contre, n’ayant pas lu les anciens recueils de nouvelles du King, je ne puis dire si celles-ci sont mieux ou dans la lignée des anciennes, même si je me suis laissée dire que c’était un cran en-dessous.

Faudra que j’aille vérifier !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°232] et Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°45].

Madame B : Sandrine Destombes

Titre : Madame B

Auteur : Sandrine Destombes
Édition : Hugo et Compagnie (05/03/2020)

Résumé :
Blanche Barjac, Madame B, est nettoyeur de profession. Malfaiteurs, tueurs à gages et meurtriers, tous font appel à elle pour qu’il ne reste plus une trace de leurs crimes et délits.

Après plusieurs années passées à s’imposer dans ce monde d’hommes, Blanche est devenue une professionnelle respectée dans ce milieu si particulier. Digne héritière de son beau- père qui l’a formée, elle est reconnue pour son efficacité, sa discrétion et son savoir-faire.

Si après chacune de ses interventions Madame B garde un indice comme « assurance-vie », elle n’est pas la seule à accumuler les preuves compromettantes.

En menant l’enquête sur le maître-chanteur qui la persécute et la fait douter chaque jour un peu plus de sa santé mentale, Blanche revient sur son passé et réalise que malgré les nettoyages, toutes les taches ne sont pas effacées. Et que chaque acte entraîne des conséquences.

Critique :
Initiales B.B ! Blanche Barjac est ce que l’on appelle maintenant une technicienne de surface. Autrement dit, une femme de ménage.

Mais attention, pas une femme de ménage comme les autres ! Elle, elle nettoie les scènes de crimes…

Oui mais ce n’est pas le nettoyage des scènes de crimes après le passages des experts de Miami Las Vegas, mais les scènes de crimes que personne ne doit jamais découvrir…

Après son passage, plus aucune trace ne subsiste ! Mr Propre en est jaloux. Si jamais, je vous donne le nom de sa société, on ne sait jamais, ça pourrait servir un jour : RécureNet & associés. Allez-y de ma part.

Anybref, lorsqu’un grain de sable vient se foutre dans votre mécanique bien huilée, tout par en couilles pour le plus grand plaisir littéraire des lecteurs car le roman est rythmé, les indices distillés au compte-goutte, l’auteure joue avec nous, avec ses personnages, avec nos perceptions, nos pieds.

C’est excellent, addictif et je l’ai lu en peu de temps, tellement j’ai dévoré ce thriller.

Chapeau aussi à l’auteure qui a réussi à mettre en scène une héroïne qui n’a rien d’une Tomb Raider bad-ass et à nous la rendre sympathique, alors que, tout de même, elle nettoie des scènes de crime pour des assassins et fait disparaître les corps.

Nous devrions la blâmer, elle devrait avoir des remords… Que dalle, elle reste attachante, comme des taches de sang sur une moquette (avant son passage).

Accrochez-vous au livre car le rythme est assez trépidant, sans jamais devenir trop rapide et perdre le lecteur dans la course folle. On cherche, on creuse, on se demande qui a mis le grain de sable dans la mécanique, la grippant, qui devient fou, qui a trahi et comment tout cela va se terminer.

Si j’avais vu arriver certaines choses, cela n’a en rien enlevé à mon plaisir de lecture car je n’en étais pas sûre à 100%. L’auteure brouille les pistes afin que nous aussi, on se demande ce qui va nous arriver.

Une excellente lecture addictive, une nettoyeuse attachante, pour laquelle j’ai eu de l’empathie, alors que je n’aurais pas dû, mais c’était plus fort que moi. Bref, une bonne pioche.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°158].

Les animaux : Christian Kiefer

Titre : Les animaux

Auteur : Christian Kiefer
Éditions : Albin Michel Terres d’Amérique (2017) / LP (2019)
Édition Originale : The Animals (2015)
Traduction : Marina Boraso

Résumé :
Niché au fin fond de l’Idaho, au coeur d’une nature sauvage, le refuge de Bill Reed recueille les animaux blessés. Ce dernier y vit parmi les rapaces, les loups, les pumas et même un ours.

Connu en ville comme le « sauveur » des bêtes, Bill est un homme à l’existence paisible, qui va bientôt épouser une vétérinaire de la région. Mais le retour inattendu d’un ami d’enfance fraîchement sorti de prison pourrait ternir sa réputation.

Rick est en effet le seul à connaître le passé de Bill dont il a partagé la jeunesse violente et délinquante.

Pour préserver sa vie, bâtie sur un mensonge, Bill est prêt à tout. Au fur et à mesure que la confrontation entre les deux hommes approche, inéluctable, l’épaisse forêt qui entoure le refuge, jadis rassurante, se fait de plus en plus menaçante…

Dans le décor des grands espaces, ce roman noir est une superbe histoire de rédemption, qui marque la naissance d’une nouvelle voix de la littérature américaine.

Critique :
Pour moi, The Animals sera toujours le groupe qui chantait « The House Of The Rising Sun » et non le titre en V.O de ce roman à côté duquel je suis passée.

Si j’avais eu plus de temps, j’aurais pris un bic et ajouté, devant les dialogues, les tirets cadratins qui s’étaient tirés en vacances avec leurs potes les guillemets.

Certains auteurs écrivent de la sorte, j’ai déjà eu la blague avec des auteurs sud-américain, mais je déteste cette manière de présenter des dialogues car on a du mal à suivre et à se situer.

Une fois de plus, le résumé est trop bavard. Il vaut mieux ne pas le lire avant de commencer. Hélas, vu qu’au bout de quelques pages je ne savais toujours pas où le récit allait m’entraîner, je suis allée le lire. Trop bavards et pas toujours justes à 100%, ces maudits résumés.

Anybref, je m’attendais à passer un super moment de lecture, vu le résumé, vu les chroniques positives des copinautes de blogs ou sur Babelio et, finalement, « bardaf, c’est l’embardée » (© Manu Thoreau).

De ce roman, j’avais apprécié les passages qui parlaient du passé des deux protagonistes, leur enfance, leur rencontre, leurs conneries, mais eux aussi sont devenus trop longs, trop confus, trop lourds.

Heureusement qu’il y avait le récit de la relation de Bill avec les animaux de son refuge.

Si le personnage de Bill est agréable à suivre, que l’on voit qu’il a fait sa rédemption et qu’il est sur le bon chemin, celui de Rick, au contraire, est exécrable au possible car il rend tout le monde responsable de ses problèmes. Il n’est pas le seul coupable, Bill a aussi des choses à se reprocher, mais au moins, il les assume.

L’écriture de l’auteur était descriptive au possible, on ressentait bien toute la force et la beauté de la Nature sauvage, celle des animaux, mais j’ai survolé tout ça de très haut et ne me suis posée que très rarement sur une branche pour savourer ce roman duquel j’attendais beaucoup.

Tant pis pour moi… Il m’en reste heureusement plein d’autres (le chiffre est indécent).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°94] et le Mois Américain – Septembre 2020 chez Titine et sur Fesse Bouc.

 

Six-coups – Tome 2 – Les marchands de plomb : Anne-Claire Thibault-Jouvray et Jérôme Jouvray

Titre : Six-coups – Tome 2 – Les marchands de plomb

Scénaristes : Anne-Claire Thibault-Jouvray et Jérôme Jouvray
Dessinateur : Jérôme Jouvray

Édition : Dupuis (2020)

Résumé :
Pauvre Eliot, déjà que son père le shérif l’oblige à porter un revolver du haut de ses 10 ans, le voici maintenant nommé adjoint et affublé d’une étoile.

Dans une ville où la moindre embrouille de saloon finit en duel, l’arrivée de monsieur Johnson met le feu aux poudres.

Ce riche armurier sans scrupules alimente la peur pour vendre sa camelote jusqu’à armer les enfants à l’école.

Une comédie western à la fois décalée et engagée pour réfléchir sur le problème des armes et de la violence.

Critique :
Comment parler du danger des armes à feu de manière amusante ?

Cette bédé y est arrivée avec brio, avec humour et sans que le lecteur ne s’embête car il y a du rythme et intelligent.

Les lobbys des armes sont prêts à tout pour vous en vendre et les auteurs nous le prouvent d’une manière très drôle, très simple, mais si juste.

Pas de manichéisme dans les deux camps (les pro et les contre), tout le monde aura la parole et pourra y aller de sa petite phrase assassine ou encourageante sur ce qu’il/elle pense des armes à feu.

Ce deuxième tome met en avant les femmes, ces épouses qui, pour leurs hommes doivent rester à leurs fourneaux et ne pas faire de vagues, ne pas se mêler des armes et surtout, ne pas gêner le commerce de monsieur Johnson qui vend des armes pour tout le monde et qui n’hésite pas à corrompre le maire ou le shérif.

Un récit dynamique, où le pauvre Eliot ne sait plus trop où donner de la tête, lui qui, à 10 ans, est obligé de porter un revolver parce que père, le shérif, l’oblige et qui, maintenant, est devenu adjoint et doit récupérer Albert le braqueur qui tente de s’évader…

C’est une bédé jeunesse mais qui aborde des thèmes pour les adultes là où les enfants ne verront que du burlesque. Double lecture.

Si vous voulez vous amuser un peu avec le marketing sauvage, les malversations, la corruption, le séduction, les magouilles afin de vous pousser à acheter des armes, les pendaisons publiques, la justice qui fait n’importe quoi, le shérif qui n’écoute jamais son fils, le women power, le tout sur un ton jamais moralisateur, n’hésitez plus !

Une chouette bédé western pour les plus jeunes mais pas que puisque les adultes peuvent la lire car sous le couvert du burlesque et de l’humour, les messages sont intelligents et bien mis en scène.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°43] et Le Mois Américain – Septembre 2020 – Chez Titine et sur Fesse Bouc.