La Conspiration des Fantômes – David Ash 02 : James Herbert [Par Dame Ida, Tourneuse de Tables, de Têtes et de Serviettes]

Titre : La Conspiration des Fantômes – David Ash 02

Auteur : James Herbert
Édition : Milady (2010)
Édition Originale : The ghosts of sleath (1994)
Traduction : Thierry Arson

Présentation Babelio :
Rien ne semblait pouvoir troubler la tranquillité de Sleath, un petit village paisible au cœur de la campagne anglaise… jusqu’à ce que les fantômes apparaissent et une succession d’événements aussi bizarres que terrifiants.

David Ash, enquêteur spécialisé dans les phénomènes, paranormaux, tourmenté par les sombres secrets de son propre passé, est appelé pour élucider la situation, et ce qu’il découvre va le conduire au bord de la folie. Car Sleath est loin d’être le paradis auquel voudraient croire ses habitants, et si les morts sont revenus pour l’anéantir, ce n’est pas par hasard !

L’avis de Dame Ida :
Je n’avais pas vraiment eu de chances dernièrement dans ma quête du grand frisson fantastique…

Une histoire de loup-garou machiste que j’ai abandonnée pour éviter d’exploser le tensiomètre tant le personnage principal était parfaitement imbuvable…

Une série sur un ersatz de monstre du loch Ness qui s’est transformée en histoire sentimentale (sympathique certes, mais ce n’était pas ce que je recherchais alors)…

Il fallait d’urgence que je me refasse !

Je partais donc sur une très classique histoire de fantômes pour me remettre de ces émotions inattendues et enfin claquer des dents à m’en faire péter toutes mes couronnes, pour la plus grande joie de mon dentiste.

Et ben chuis ben aise à m’boudène ! Ou autrement dit, je suis heureuse de n’être pas fâchée de me pâmer de satisfaction, parce que ça déchirait délicatement sa race.

Non seulement les fantômes s’en prennent aux vivants… Mais en plus ils s’en prennent même à d’autres fantômes ! Et pas à n’importe quels fantômes !!! Non Madame ! Ils s’en prennent aux fantômes des gens qu’ils sont conduits eux-mêmes de vie à trépas !

Et oui, leur sadisme peut vous suivre au-delà de votre mort !!!

Bref, vous m’avez comprise : mieux vaut éviter de décéder dans le bucolique village de Sleath !

Enfin une histoire avec des vrais fantômes animés de mauvaises intentions !

Enfin des personnages principaux sympathiques même si chacun à leurs manière ils ont quelque peu morflé ! Et oui, notre enquêteur du paranormal qui ne croit pas trop au paranormal mais un peu quand même parce que… je ne vais pas non plus spoiler… a un peu tendance à lever le coude plus qu’il ne le faudrait.

Mais bon l’alcool est le partenaire séculaire des enquêteurs cabossés n’est-il pas vrai (même s’il est recommandé par les professionnels de santé de modérer sa consommation et, par la police, de n’avoir pas bu avant de prendre le volant!) ? C’est un cliché un peu malheureux. J’aurais préféré notre enquêteur dépendant au Xanax ou affecté de ne je sais quel équivalent de trouble anxieux.

Et ce qui ne gâche rien, c’est que l’auteur nous distille un savant suspens qui monte crescendo, et des rebondissements scénaristiques auxquels je ne m’attendais pas trop, suivant sagement et passivement ma lecture.

L’écriture est cependant assez standard. C’est vrai qu’avec les traductions (traduire c’est trahir un peu, dit-on) ont toujours un peu tendance à éroder les éventuelles originalités stylistiques des auteurs étrangers, et que peu de livres parviennent à se distinguer sur ce registre.

Cela étant cette écriture plutôt simple a un côté « cinématographique ». Disons qu’en suivant cette narration d’une grande précision, les informations et détails amenés par l’auteur m’ont conduite assez facilement à visualiser les lieux et les scènes.

Pourtant, le texte n’est pas réduit à du factuel descriptif, loin s’en faut. Sans que cela ne se transforme en roman psychologique, les mouvements introspectifs des personnages principaux voire secondaires dans une moindre mesure, se déploient de manière suffisante pour les rendre vivant, et palpables.

Ai-je trouvé quelques longueurs parfois ? Humm… Joker ! Je vous laisserai vous faire votre avis sur la question parce qu’en ce moment où je suis un peu surmenée, j’ai un peu tendance à piquer facilement du nez quand je lis. Forcément, quand on relis quatre fois la même page, ça paraît un peu long, non ?

Alors…  Qu’est-ce qui vient du livre ? Qu’est-ce qui vient de moi ? Soyons honnêtes, c’est certainement à 70 % de mon fait.

Et puis dans beaucoup de romans, la progression de l’action n’est pas homogène, s’emballant dans certains passages et se ralentissant dans d’autres. Alors faut-il vraiment parler de longueur ? Je laisserai à vos éminentes sagacités la responsabilité d’un avis à ce propos.

Bref, c’est le genre de romans que j’aimerais bien voir adapté en film, et de préférence un soir Halloween, ou par une nuit d’orage.

Bon… Ce n’est pas du Stephen King non plus… Mais c’est très très très correct du début à la fin.

Après : Stephen King

Titre : Après

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (03/11/2021)
Édition Originale : Later (2021)
Traduction : Marina Boraso

Résumé :
Grandir, c’est parfois affronter les démons qui vous hantent.

Jamie n’est pas un enfant comme les autres : il a le pouvoir de parler avec les morts. Mais si ce don extraordinaire n’a pas de prix, il peut lui coûter cher. C’est ce que Jamie va découvrir lorsqu’une inspectrice de la police de New York lui demande son aide pour traquer un tueur qui menace de frapper… depuis sa tombe.

Obsédant et émouvant, le nouveau roman de Stephen King nous parle d’innocence perdue et des combats qu’il faut mener pour résister au mal.

Critique :
Lorsque j’appris que le dernier né du King ne faisait que 320 pages et non pas les 600 habituelles, j’ai ressenti une frustration à venir : celle de ne pas obtenir ma dose de King.

Pourtant, au bout de quelques lignes, mes craintes se sont apaisées : le cru 2021 avait du corps, du bouquet et, sous les senteurs fruitées du départ, on sentait qu’ensuite viendrait les effluves de l’épouvante.

Ce nouveau King commence gentiment par le récit de Jamie qui, très jeune, aperçoit les fantômes des gens décédés.

Oh, si pour un jeune gamin, c’est impressionnant de voir le fantôme horriblement défiguré d’un cycliste qui s’est mangé une bagnole, pour le lecteur averti, ce n’est rien d’épouvantable.

Oui, le King commence gentiment, il pose ses bases, présente ses personnages, tout le monde semble cool et sympa, tout va bien dans le meilleur des mondes, même pas un croquemitaine sous le lit ! Oui, mais, on est dans un Stephen King et on se doute bien que ce n’est pas demain la veille qu’il va nous pondre du récit Bisounours.

Son récit est addictif tout en étant intelligent car le King ne se contente pas de nous parler d’un petit garçon qui voit les fantômes et avec lesquels il peut avoir des discussions (jusqu’à ce qu’ils disparaissent au bout de quelques jours) !

Non, non, il va plus loin et nous montre aussi l’épouvante générée par la crise économique de 2008.

Vous viviez pépère avec un super salaire, dans un appart génial, votre gamin allait dans une école privée, l’argent abondait, vous aviez fait des placements et un jour, patatras ! Un Madoff 2 vous a fait la position de la pyramide et là commence l’épouvante totale : hasta la vista le fric mit de côté ! Ça, pour moi, c’est plus angoissant qu’un monstre sous le lit.

Une fois de plus, la plume du King fait mouche et nous touche en plein coeur : de par ses personnages attachants, qui évoluent, qui peuvent tourner casaque. Grâce aussi à son écriture et à ce petit Jamie qui s’adresse directement à nous, établissant un lien dès les premières lignes.

Dans ce nouvel opus, pas de Méchant à part entière, juste des personnages lambdas qui, un jour, ont promis une chose et rebouffe leur parole ensuite, parce que cette chienne de Vie vient de leur faire un croche-pied monumental et qu’il faut bouffer.

Et puis d’autres qui sont passé du côté Obscur de la Force et, la cupidité aidant, n’ont plus aucun scrupules. Des gens ordinaires, en fait… Sans oublier un truc en plus, la touche fantastique qui fout la pétoche tout de même.

Comme quoi, le King reste toujours le King et même avec 320 pages, il arrive à m’emporter ailleurs, à me scotcher à son récit, à me faire sourire, à me faire frémir, à me donner des émotions et à me faire répéter, sur le final : « Non, Jamie, ne succombe pas à la tentation, ne bascule pas de l’autre côté !! », tout en serrant les fesses, parce que bon, tout de même, c’est du King ! Même si les âmes sensibles survivront sans soucis, on a connu plus angoissant.

Un roman est à la frontière (du réel ?) du polar et de l’épouvante, du fantastique et du thriller et il fait mouche, comme toujours. Comme quoi, la taille n’est pas importante (on ne le répétera jamais assez). L’ivresse est au rendez-vous, sans pour autant monter dans les degrés d’alcool.

De toute façon, il me reste encore un petit stock de King non lus, dont des gros pavés bien épais et bien saignants, alors, de temps en temps, un récit moins flippant, ça ne fait pas de tort.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°90] et le Haunted reading bingo du Challenge Halloween 2021 chez Lou & Hilde – USA.

Le dernier Templier – Tome 2 – Le chevalier de la crypte : Miguel de Lalor Imbiriba et Raymond Khoury

Titre : Le dernier Templier – Tome 2 – Le chevalier de la crypte

Scénariste : Raymond Khoury
Dessinateur : Miguel de Lalor Imbiriba

Édition : Dargaud (25/02/2010)

Résumé :
L’attaque au Metropolitan Museum of art de New York par des chevaliers templiers en arme a marqué tous les esprits.

Les trésors du Vatican qui étaient au cœur d’une exposition semblent être l’enjeu de l’attaque, et notamment cet objet des Templiers, l’étrange encodeur qui permettrait de déchiffrer des informations fondamentales…

L’agent Reilly mène l’enquête, aidé par le Vatican mais leur émissaire, monseigneur de Angelis, joue un double jeu et est prêt à tout que certaines informations demeurent définitivement secrètes.

Pendant ce temps Tess progresse dans ses recherches qu’elle partage avec Reilly à propos de ces mystérieux Templiers…

Critique :
L’avantage de l’adaptation en bédés du roman, c’est que l’on a les images sous les yeux…

Hélas, si les dessins sont de bonnes factures, les expressions faciales me semblent toujours réduites à leur plus simple expression.

Si dans le roman éponyme, j’avais matché avec le duo agent Sean Reilly (FBI) et Tess Chaykin l’archéologue, dans la version bédé, je me sens fort éloignée d’eux et je n’arrive pas à m’attacher à un seul personnage.

Ces considérations mises à part, le deuxième tome bouge, on a de l’action, Tess remonte la piste plus vite que les agents du FBI et maintenant, on sait qui était derrière le vol au MET.

Du côté des chevaliers Templiers, on en apprend un peu plus sur leur arrestation, sur la fuite de la ville d’Acre et sur ce qui a poussé le commanditaire à perpétrer l’attaque du MET pour récupérer un objet bien précis.

Rien de transcendantal pour le moment, juste un bon moment de lecture avec cette série, sans me prendre la tête, dans le but de me remettre le roman en tête parce qu’à l’époque, j’avais vraiment apprécié sa lecture (j’étais en pleine période de lectures ésotériques, mais à la fin, j’ai eu ma dose).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°247], le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B) – 50 pages et le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021.

Le dernier templier – Tome 1 – L’encodeur : Miguel de Lalor Imbiriba et Raymond Khoury

Titre : Le dernier templier – Tome 1 – L’encodeur

Scénariste : Raymond Khoury & Miguel de Lalor Imbiriba
Dessinateur : Miguel de Lalor Imbiriba (Brésil)

Édition : Dargaud (2009)

Résumé :
Grande soirée de vernissage au Metropolitan Museum de New York où sont présentés les fabuleux trésors du Vatican.

Quatre cavaliers surgissent alors de nulle part, semant la terreur devant les caméras après avoir dérobé plusieurs objets!

L’un d’entre eux se révèle être particulièrement précieux, dissimulant certains secrets que l’on croyait enfouis à jamais…

Tess, une archéologue témoin de la scène, et Sean, un agent du FBI, vont mener une enquête dont l’issue s’avèrera décisive pour le monde chrétien!

L’ultime secret des Templiers sera-t-il enfin dévoilé ?

Critique :
Oui, je sais, les Templiers ont été mis à toutes les sauces, pire que s’ils avaient cuisinés dans l’émission « Top Chef », tout comme l’ultime secret du Christ et de tous les saints du paradis.

Lorsque j’avais lu le roman de Raymond Khoury, en 2006, j’avais apprécié le récit et ensuite, j’avais acheté les deux premiers tomes de la bédé, puis j’avais stoppé et étais passée à autre chose.

Me voici de retour avec les Templiers et de l’ésotérisme, sorte de retour aux affaires sans grand risque, sauf si la relecture se déroule mal.

Replongeons-nous dedans… Une première chose  : la couverture, elle en jette, non ? Quatre cavaliers Templiers sur des chevaux montrant les dents, le tout au milieu des gratte-ciels !

Les premières images nous plongent dans le temps, à Acre, en 1291, lorsque les Chevaliers du Christ perde la ville qui tombe aux mains des Sarrasins.

Les dessins sont agréables, dynamiques et les couleurs sont chaudes, dans cette partie, avant de redevenir plus sombres pour l’attaque du MET et d’osciller entre les deux selon les endroits où se déroulait l’action.

Pour l’action, on est gâté, ça bouge bien, on a de la baston, du mystère, du suspense et une belle touche d’ésotérisme avec nos amis les Templiers qui font encore parler d’eux, sans oublier la touche de religiosité avec le Vatican qui semble nous avoir quelques petits trucs (euphémisme, mais ici, je ne vise que ce qui est dans la bédé).

La relecture s’est donc bien passée alors ? Oui et non, parce que lorsqu’on creuse un peu, on se rend compte que les personnages sont horriblement creux et stéréotypés, chose dont je ne me souvenais pas, autant dans le roman originel que dans cette bédé.

L’agent Reilly du FBI est bôgosse et en plus, sympa à tout casser. Le genre de type avec qui on a vraiment envie d’aller boire un verre. Tess, l’archéologue, est mignonne, sympa et devient vite super pote avec notre bel agent.

Auparavant, j’aurais sans doute ça super chouette, mais 12 ans plus tard, je les ai trouvé fadasses, creux, manquant cruellement de profondeur, de charisme et un peu trop stéréotypés à mon goût.

Hormis ces bémols, j’ai tout de même l’intention de m’encanailler avec la suite de cette bédé afin de voir si la profondeur des personnages sera présente dans les autres tomes et pour découvrir quel est le secret ultime des Templiers, ce qu’ils ont caché dans le navire en revenant de Saint-Jean d’Acre ainsi que le message qu’ils ont laissé derrière eux et qui doit mener à un trésor, au minimum.

Une bédé ésotérique qui se laisse lire si on fait abstraction des personnages trop fades et qui a le mérite d’apporter du suspense, du mystère, de l’action et qui, finalement, fait passer une soirée lecture sans prise de tête.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°244], le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B) – 50 page, le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021 et Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°51].

Si ça saigne : Stephen King

Titre : Si ça saigne

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (10/02/2021)
Édition Originale : If It Bleeds (2020)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
« If It Bleeds », le nouveau livre de Stephen King. Un recueil de 4 longues nouvelles, dont une suite, indépendante à « L’outsider »

Les nouvelles sont :
– Mr. Harrigan’s Phone (Le téléphone de Mr Harrigan)
Au sujet d’un téléphone hors du commun…

– The Life of Chuck (La vie de Chuck)
Le monde est au bord du gouffre lorsque…

– If It Bleeds (Si ça saigne)
Une bombe explose dans un collège. Devant le flash info, Holly Gibney qui est perturbée par un détail…

– Rat
Un auteur n’arrivant pas à écrire un roman part dans un chalet en pleine forêt pour écrire un roman…

Critique :
Le King est de retour dans un format où il excelle (comme Conan Doyle) : celui de la nouvelle !

Jamais évident de faire une nouvelle équilibrée afin que les lecteurs n’aient pas l’impression qu’on les a amputé d’une partie de l’histoire.

Le King y arrive toujours sans mal, nous donnant assez à lire pour ne pas que l’on se sente floué.

La première nouvelle avait un délicieux air rétro, comme si nous étions dans les années 50/60 alors que nous étions dans les années 2000 avec l’arrivée du premier smartphone de la marque à la pomme mordue.

Je me suis attachée aux personnages, autant au jeune Craig qu’au vieux monsieur Harrigan et ses théories sur l’Internet qui étaient tout à fait justes. Le plaisir de lecture était bien présent et j’ai aimé cette histoire de téléphone qui… No spolier !

Le King aurait pu aller plus loin dans l’horreur, mais il est resté dans le registre du fantastique. Je n’ai pas frissonné de peur mais j’ai apprécié cette nouvelle qui avait un début, une fin et un beau développement. Je ne me suis pas sentie grugée.

La deuxième histoire m’a laissé perplexe avec un commencement apocalyptique où le monde semble s’écrouler et où l’on va ensuite rejoindre la jeunesse de Chuck, voir le jour où il dansa dans la rue et tout savoir sur le mystère de la chambre sous la coupole.

Cette nouvelle m’a donné l’impression de se finir abruptement, sans que j’aie vraiment compris le rapport entre le côté apocalypse du départ et une partie de la jeunesse de Chuck… Puis en réfléchissant j’ai compris que j’étais face à une métaphore et la nouvelle a alors pris tout son sens.

La troisième met en scène une ancienne copine, Holly Gibney de l’agence de détective Finders Keepers. Cette nouvelle fait suite au roman « L’outsider » que je n’ai pas encore lu et malheureusement, j’ai eu droit à quelques révélations… Cette longue nouvelle m’a emporté, j’ai frémi, j’ai eu peur, le suspense était maîtrisé et j’ai tellement serré les fesses que lorsque tout se calme, j’en avais encore les mains moites.

La quatrième nouvelle parle, une fois de plus, de l’écrivain et de l’angoisse de la page blanche. Un thème qui revient souvent chez le King car c’est une situation qu’il a connue.

Cette dernière nouvelle du recueil a des airs de pacte faustien et comme on le sait, il y a toujours un prix à payer, même si on n’y croit pas. J’ai apprécié les ambiances de tempêtes, les questionnements de l’auteur, son entêtement à écrire un roman et l’arrivée, une fois de plus, de ses vieux démons.

Par contre, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur ses problèmes d’avant, sur le pourquoi du comment il a failli brûler sa maison en voulant foutre le feu à son roman…

Quatre nouvelles qui avaient un début, une fin et un développement, qui ne m’ont pas laissées sur ma faim, comme le font souvent les histoires sous forme de nouvelles. Par contre, n’ayant pas lu les anciens recueils de nouvelles du King, je ne puis dire si celles-ci sont mieux ou dans la lignée des anciennes, même si je me suis laissée dire que c’était un cran en-dessous.

Faudra que j’aille vérifier !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°232] et Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°45].

Le sang des Belasko : Chrystel Duchamp

Titre : Le sang des Belasko

Auteur : Chrystel Duchamp
Édition : L’Archipel Suspense (14/01/2021)

Résumé :
Cinq frères et sœurs se réunissent dans la maison de leur enfance, la Casa Belasko, une imposante bâtisse isolée au cœur d’un domaine viticole au sud de de la France.

Leur père, vigneron taiseux, vient de mourir. Il n’a laissé qu’une lettre à ses enfants, dans laquelle sont dévoilés nombre de secrets.

Le plus terrible de tous, sans doute : leur mère ne se serait pas suicidée – comme l’avaient affirmé les médecins six mois plus tôt. Elle aurait été assassinée…

Au cours de cette nuit fatale, les esprits s’échauffent. Colères, rancunes et jalousies s’invitent à table. Mais le pire reste à venir. D’autant que la maison – coupée du monde – semble douée de sa propre volonté.

Quand, au petit matin, les portes de la Casa se rouvriront, un membre de la fratrie sera-t-il encore en vie pour expliquer la tragédie ?

Critique :

J’adore les huis-clos, quand les gens ne peuvent s’échapper de la maison, de l’île… Quand c’est bien rédigé, c’est le must !

Et c’était le must absolu ! Un véritable récit addictif à ne pas commencer avant d’aller au lit sous peine de nuit blanche. Heureusement, le roman est assez court (238 pages), ce qui permet de la dévorer en une seule journée.

La famille Belasko est composée de trois frères et de deux soeurs, réunis en ce jour pour le décès de leur père, six mois après que leur mère se soit suicidée. Ambiance funèbre, certes, mais surtout lourde car les deux frères aînés ne savent plus se voir en peinture et il semblerait que toute la fratrie ait des squelettes dans le placard…

La lettre écrite par leur père, leur apprenant que leur mère ne s’est pas suicidée mais qu’elle a été assassinée va mettre le feu aux poudres et chacun va y aller de ses petits reproches l’un envers l’autre, autant les frères que les sœurs.

La construction du récit, qui commence par la fin, est telle que le suspense est maintenu jusqu’au bout, que le mystère reste des plus opaques et que l’on se fait balader d’un personnage à l’autre, selon celui ou celle qui prend la parole pour balancer son avis, ses griefs, sa haine à ses frères et soeurs.

Jalousie, rancœurs, trahisons, favoritisme, tout est prétexte à envoyer des piques aux autres, à se disputer, à jeter de l’huile sur le feu et le lecteur se demande comment tout cela va finir… Ah bon non, on sait déjà comment ça va se terminer, mais pas qui va se retrouver sur un lit d’hôpital à tout raconter à l’inspecteur de police.

Les personnages sont magnifiques, tous ont des secrets, tous ont des choses à se reprocher, personne n’est tout à fait blanc, ni tout à fait noir, même si chacun se croit plus ange que les autres. 

La maison recèle des secrets, le père, parano, a fait installer des caméras au rez-de-chaussée et des volets qui se ferment à heures fixes et a soigneusement entretenu un secret avec un soupirail.

Les mystères vont se dévoiler au fur et à mesure mais en attendant, votre rythme cardiaque va augmenter et le suspense se faire de plus en plus présent. Difficile de lâcher ce roman qui allie suspense de fou, mystère épais, scénario implacable, narration au poil et construction intelligente afin de mieux prendre les lecteurs dans ses filets.

Hautement addictif !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°220].

Thrillers polars 04

Les tuniques bleues – Tome 65 – L’envoyé spécial : José-Luis Munuera et Béka

Titre : Les tuniques bleues – Tome 65 – L’envoyé spécial

Scénaristes : José-Luis Munuera et Béka
Dessinateur : José-Luis Munuera

Édition : Dupuis (30/10/2020)

Résumé :
Londres 1861. William Russell, journaliste au Times, couvre une grève dans une usine, au grand dam de ses supérieurs qui lui reprochent de se ranger du côté des ouvriers. Pour se débarrasser de lui, la rédaction du journal l’envoie de l’autre côté de l’Atlantique où la guerre de Sécession fait rage.

En Amérique, dans le camp de l’armée nordiste, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont chargés d’escorter ce drôle d’observateur anglais, flegmatique et distingué, qui prend des notes sur le champ de bataille en chevauchant une mule.

« La vérité, c’est une question de point de vue ! » s’exclame Blutch dans ce nouveau tome des « Tuniques bleues » coscénarisé par le couple BeKa et Jose Luis Munuera, et dessiné par Jose Luis Munuera.

William Howard Russell (1820-1907) est un journaliste anglais, considéré comme le premier correspondant de guerre. Il a couvert la guerre de Sécession.

Dans l’esprit de la série culte de Cauvin et Lambil, et en attendant la parution du tome 64 en 2021, qui marquera le dernier scénario de Cauvin, les auteurs s’emparent du tandem fétiche pour évoquer l’éternelle tentation d’instrumentalisation de la presse par le pouvoir et la difficulté pour elle de rester objective.

Critique :
Il y deux sortes de passionnés de la bédé : les puristes qui ne veulent pas de reprise par d’autres et les autres que ça ne dérange pas, tant que ça reste dans la ligne éditrices et que les scénarios sont intéressants.

Je me situe souvent le cul entre deux chaises mais pour certaine série (Spirou, par exemple), cela ne me dérange pas la continuité par d’autres alors que pour Blueberry, Astérix, on s’est éloigné de la qualité scénaristiques des albums mères.

Mais je suis ici pour parler de l’album 65 de Tuniques Bleues, paru avant le 64 qui marquera la fin de l’ère Cauvin-Lambil qui prennent leur retraite de cette série mythique. Ça me désole, mais ces derniers temps, les albums des Tuniques Bleues ne m’enchantaient plus au niveau du scénario et je trouvais qu’on tournait en rond.

Le trait de Munuera, je le connais de longue date, ayant lu Les Campbell, Nävis et Zorglub. Malgré tout, après 60 albums dessinés par Lambil (4 premiers par Salvérius), il faut un peu de temps pour s’habituer à une autres manière de dessiner les personnages. Souvent, dans les expressions, je revoyais celles des personnages des autres séries du dessinateur Munuera…

Le scénario est excellent et j’ai été étonnée de voir un journaliste du Times de Londres aller jouer l’envoyé spécial sur la Guerre de Sécession, mais effectivement, c’était logique que d’autres s’intéressent au conflit.

William Russell, le journaliste du Times, a tout son flegme britannique et son but à lui, c’est de raconter la guerre telle qu’elle se déroule, de ne pas cacher le nombre de morts, la folie de ce conflit fratricide, de l’imbécillité de certains généraux, le tout, sans prendre parti pour un camp ou un autre.

Si les ronds-de-cuir et les militaires voulaient un journaliste pour leur tresser des lauriers à leur gloire et à leur cause, ils remarquent vite qu’ils se sont fourré le sabre dans le cul, jusqu’au coude et décident de mettre un bâillon sur ce journaliste qui oublie de censurer ses articles, ou de les tourner dans le bon sens du Nord, comme certains firent durant la Première Guerre Mondiale.

À l’Ouest, il y a du nouveau car cet album, même s’il manie toujours l’humour, va plus en profondeur dans les personnages, dans leurs réflexions, leurs actions et les auteurs n’hésitent pas à montrer ce que peu de gens aimeraient voir : une coalition entre les dirigeants des deux camps ! La guerre est une affaire politique.

Je me suis régalée avec ce tome 65 et cela faisait longtemps que je ne prenais plus autant de plaisir à lire mes Tuniques Bleues, sauf à relire les anciens albums (jusqu’au 27, j’adore, entre le 28 et le 36, c’est inégal, au delà, je ne les relis jamais).

La thématique de la presse utilisée par le pouvoir sur place pour son propre bien à lui, dans le but de faire de la propagande ou de minimiser les faits existe depuis toujours et il n’est pas toujours simple pour un journaliste ou son journal de rester objectif devant des menaces, des dessous de table, des tentatives de musellement.

Et encore, durant la Guerre de Sécession, les journaux n’appartenaient pas à des millionnaires/milliardaires/industriels/ et le chantage à la publicité n’avait pas le même impact que maintenant (même si le nerf de la guerre est toujours le fric, le fric, le fric, le fric – et non pas des frites sur l’air des Tuches).

Un excellent album qui renoue avec ce que j’aimais dans cette série : de l’humour mais aussi de la profondeur.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°121].

L’insigne rouge du courage : Stephen Crane

Titre : L’insigne rouge du courage

Auteur : Stephen Crane
Édition : Gallmeister Totem (07/11/2019)
Édition Originale : The Red Badge of Courage (1895)
Traduction : Pierre Bondil et Johanne Le Ray

Résumé :
Jeune garçon de ferme, Flemming vit la guerre de Sécession sous forme de nouvelles et de comptes rendus héroïques de batailles.

La guerre arrive au pas de sa porte, il finit par être entraîné dans son tourbillon et s’engage. Commence alors l’apprentissage du métier de soldat, l’école du courage.

Flemming est d’abord harcelé par le doute : sera-t-il capable de faire face, dans sa première bataille, sans déserter ? L’épreuve du feu débute par un échec total de notre héros : il cède à la panique et se retrouve fuyant parmi un groupe de déserteurs.

Suit alors une descente aux enfers où il vit une complète humiliation. C’est un parcours initiatique terrible, d’une vraisemblance rare et vraiment novatrice dans la littérature classique – excepté le panorama grandiose de la bataille de Waterloo vu par le jeune Fabrice dans La Chartreuse de Parme, d’où le héros, comme Flemming, sort désabusé quant à l’héroïsme des batailles. C’est en traversant cet enfer qu’il reprend courage et surmonte ses peurs…

Critique :
♫ À 18 ans, j’ai quitté ma province, bien décidé à empoigner la guerre… ♪

Le coeur léger et gonflé de fierté, Henry Fleming s’engage dans l’armée de l’Union, sans écouter sa mère qui lui déconseille d’aller à la guerre.

Il se sent un héros, on l’adule, les gens fêtent le passage de ces jeunes soldats… Vu ainsi, ça a l’air vachement chouette, la guerre.

Mais on déchante vite car soit on est dans l’inactivité comme le sera Henry avec son régiment, soit on monte au front et là, on chie dans son froc.

Écrit 30 ans après la fin de la guerre de Sécession, ce petit roman se veut plus un récit sur l’inutilité de la guerre, sur son imbécillité, sur sa cruauté, sur l’héroïsme imbécile qui veut que les gradés souhaitent de belles charges, se foutant bien que tout le régiment trépasse sous le feu de l’ennemi, faisant monter les hommes à l’assaut inutile, juste pour grappiller 20 cm de plus.

Dans un conflit, on affronte plusieurs ennemis : ceux qui se trouvent en face, sois-même (sa conscience) et la Nature qui peut soit vous aider à vous cacher, soit ralentir votre fuite. Les ennemis sont nombreux et les pire ne sont pas toujours ceux d’en face.

Henry Flemming est comme bien d’autres qui s’engagent sous les drapeaux : après l’euphorie vient la peur, la trouille et la pétoche. Devant l’ennemi, on fuit et, courant dans le sens inverse de l’affrontement, on se demande ce qu’on est venu faire dans cette galère.

L’auteur n’a pas concentré son récit sur des affrontements mais plus sur la vie simple d’un régiment dans l’attente de la montée au front et dans les angoisses qui les étreint tous, mais que personne n’avouera. Tout le monde gamberge pour occuper le temps mort avant l’assaut.

Le récit est intelligent car il ne nous plonge que peu de temps dans l’horreur d’une bataille, préférant s’attarder sur les pensées du jeune Flemming et sur enthousiasme su départ qui, petit à petit, va disparaître une fois qu’il comprendra que tout cela n’est pas un jeu. Ses idéaux vont voler en éclats…

Le parcours du soldat Flemming est celui d’un bleu qui affrontera ses peurs, tout comme les jeunes qui composent son régiment. Dans sa tête, ça bouillonne d’émotions, ça cogite et nous verrons la bataille au travers de ses yeux.

Il m’a manqué des émotions, dans ce roman de guerre (roman psychologique ?) car à force de nommer notre narrateur « le jeune », je me suis détachée de lui et je n’ai pas su m’immerger pleinement dans ses déboires.

Ce roman est excellent dans sa manière de nous parler de la guerre de Sécession, de nous montrer tout l’inutilité de cette guerre fratricide, de sa boucherie, de son inhumanité, mais comme je n’ai pas su m’attacher au jeune Flemming, j’ai loupé une partie du récit puisque je n’ai pas vraiment ressenti d’émotions fortes.

Le Mois Américain – Septembre 2020 – Chez Titine et sur Fesse Bouc.

La Peste Noire – Grandes peurs et épidémies (1345-1730) : William Naphy et Andrew Spicer

Titre : La Peste Noire – Grandes peurs et épidémies (1345-1730)

Auteurs : William Naphy et Andrew Spicer
Édition : Autrement (13/09/2003)
Édition Originale : The black death (2000)
Traduction : Arlette Sancery

Résumé :
L’Occident reste traumatisé par la grande épidémie de peste (et par extension d’autres maladies contagieuses) qui a décimé de 30 à 50% de la population en quelques décennies ; la maladie et la contagion nous ont ainsi accompagnés pendant quatre siècles.

Les images hantent nos mémoires, l’épidémie de la peste a nourri les idéologies, les peurs au point qu’aujourd’hui, quand apparaissent les ravages du Sida, la crémation des corps de bêtes infectées par l’ESB, ou la panique mondiale devant la pneumopathie atypique, le souvenir des grandes peurs resurgissent.

Critique :
Lorsqu’on lit cet ouvrage, on se dit qu’on a la chance de ne pas avoir vécu les grandes épidémies de peste qui ont rayé de la carte une grande partie de la population mondiale…

Voyez un peu les ravages que cela fit.

« En 1347, lorsque l’épidémie atteint l’Europe après avoir fauché deux Chinois sur trois au cours du siècle précédent, elle emprunte les denses voies du commerce international pour, en seize mois, y faire périr le tiers de la population. Puis elle ravage le Vieux Continent durant quatre siècles, exterminant sans crier gare, par cycles de dix ou vingt ans, entre le quart et la moitié de la population de régions entières. Sa dernière flambée, en 1720, tuera plus d’un Marseillais sur deux ».

Cet ouvrage est instructif, on y apprend comment les populations ont réagi (confinement, quarantaine), vers qui elles se sont tournées (la religion, les philosophes,…) selon les pays ou les croyances.

Chez les musulmans, par exemple, c’était l’oeuvre d’Allah, donc, ça ne servait à rien d’essayer d’y échapper si vous étiez sur la liste noire.

Cela pourrait prêter à sourire, de nos jours, mais en fait, ce n’était pas si con que ça car les populations sont restées fixes : cela ne servait à rien de quitter sa ville pour aller se confiner ailleurs puisque c’était la main de Dieu et qu’il vous retrouverait n’importe où… Le fait de ne pas se déplacer évite que la maladie se propage.

Les auteurs nous parlent aussi des traditionnels boucs émissaires dans les épidémies de peste : les Juifs, qui sont chassés de partout et persécutés. On apprend que pour certains, la maladie venait des miasmes présent dans l’air, autrement dit, un bon air et tout irait mieux.

Sans savoir que la peste était hautement contagieuse, la plupart ont fait des erreurs ayant entraîné la/leur mort.

C’est instructif, mais il faut s’accrocher pour progresser dans ce petit roman car la narration fait souvent des bons dans le temps, passant d’une épidémie à une autre, d’un siècle à un autre et c’est assez laborieux à lire. J’ai souvent piqué du nez tant j’avais envie de dormir.

Avant de plonger tout à fait, j’ai appris que les pays ont commencé après à affecter de l’argent aux œuvres sanitaires et ont mis sur pied des infrastructures administratives afin de contrôler les populations (les empêcher de foutre le camp des régions contaminées ou pour les forcer à avouer que leurs proches étaient atteints)…

Zut alors, d’après les deux auteurs, notre bureaucratique de merde serait née de toutes ces épidémies qui ravagèrent l’Europe et le reste du monde…

Le dernier chapitre est super instructif, par contre, car il parle des épidémies de maintenant, à savoir, le virus du Sida  (HIV) et l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Virus HIV, qui, bien qu’étend moins « contagieux » que celui du Covid (puisque pas transmissible par les voies respiratoires), n’en reste pas moins cruellement mortel pour la population africaine. Mais, comme dirait l’auteur, puisque l’Afrique est loin de nos contrées, c’est comme pour Ebola, on n’en parle pas.

Seconde remarque, encore plus inquiétante : la réaction des médias devant la pneumopathie atypique a frôlé l’hystérie. Quand on voit qu’en Chine, le pays le plus touché, la maladie a tué moins d’un millier de patients sur une population qui dépasse le milliard d’hommes, on peut s’étonner de l’ampleur des réactions. Le Sida tue des millions de malades en Afrique, et la malaria en fait de même à l’échelle mondiale, sans que les médias témoignent de la moindre panique, quand ils daignent évoquer ces sujets. Pourquoi cette différence de traitement ?

Peut-on l’attribuer au fait que le SRAS menace l’Occident civilisé et non le Sud, si exotique ? Si le chiffre des victimes était significatif, le journal télévisé ne parlerait que de la malaria ou du virus Ebola tous les soirs. En effet, nous retrouvons vis-à-vis du SRAS les mêmes attitudes que vis-à-vis de la peste : la peur de l’ »autre », du « sale », du « moins évolué », du « moins civilisé », plus que la peur de la maladie elle-même.

Ce qui nous rappelle la panique mondiale de 1995 devant les rumeurs de peste bubonique en Inde : toutes les compagnies aériennes occidentales cessèrent de desservir ce pays, si bien que l’on aboutit au paradoxe d’autoriser des avions venant du Pakistan à se poser en Europe, mais pas ceux en provenance de Calcutta, même si Islamabad était bien plus proche de Bombay, source réelle de la résurgence. 

Si j’ai eu du mal à rester concentrée sur ma lecture, le dernier chapitre (8) et le post-scriptum m’ont réveillée car il avait un air de déjà-vu… Sans l’épidémie du Covid et le confinement, il m’aurait sans doute moins parlé puisque je n’aurais pas vécu certains situations (ou vu de mes yeux vus).

Le post-scriptum est aussi un tacle dans les jambes des occidentaux qui ne se préoccupent des épidémies que si elles les touchent personnellement.

[…] Le SRAS n’est pas tant une épidémie qu’un révélateur d’attitudes mentales, celles de l’Ouest vis-à-vis du reste du monde.

Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

La Peste : Albert Camus

Titre : La Peste

Auteur : Albert Camus
Édition : Folio (2009)

Résumé :
— Naturellement, vous savez ce que c’est, Rieux ?
— J’attends le résultat des analyses.
— Moi, je le sais. Et je n’ai pas besoin d’analyses. J’ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j’ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d’années. Seulement, on n’a pas osé leur donner un nom, sur le moment… Et puis, comme disait un confrère : « C’est impossible, tout le monde sait qu’elle a disparu de l’Occident » Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c’est…
— Oui, Castel, dit-il, c’est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste.

Critique :
Quelle idée, me dira-t-on, de se mettre à lire ce livre de Camus en pleine période de pandémie et de confinement !

Pourtant, l’idée n’est pas si mauvaise que ça car elle est l’illustration parfaite de ce qui se passa et se passe durant le covid 19.

Camus n’étant pas visionnaire, il avait juste compris l’âme humaine, les travers de ses contemporains et a réussi à décrire tous les comportements qui ont lieu durant une épidémie, qu’elle soit de peste, de choléra ou de coronavirus…

Bien souvent, les autorités veulent étouffer les choses, tardent à regarder la réalité en face, traînant les pieds, reportant sans cesse les mesures et comme dans la fable de La Cigale et La Fourmi, se trouvent dépourvues lorsque le pic fut venu.

Chez nous, on hurle sur notre ministre de la Santé (Maggie De Block) qui a fait détruire un stock de masques FFP2 car « périmés » et en France, on s’est gaussé de Roselyne Bachelot qui avait commandé trop de masques pour le H1N1…

Camus nous décrit avec force et réalisme les rats qui meurent un peu partout, les gens qui pensent que tout ceci ne durera pas, qui ne craignent rien, sur les autorités qui veulent pas affoler les gens en parlant de « peste brune », sur les mesures prises ensuite et qui font râler la population d’Oran (le confinement dur), sur les médias qui bourrent le crâne après avoir fait silence…

Nous avons aussi toute une galerie de personnages, allant du docteur Rieux qui soigne tout le monde à Jean Tarrou qui nous raconte tout, en passant par Cottard qui, ayant raté son suicide, ne rate pas sa reconversion dans le marché noir.

Ce roman est fort contemporain car toutes les différentes façons de réagir face à la maladie se trouvent regroupées : que ce soit le déni des uns (Trumpinette), le dédain des autres (Boris d’Angleterre), ceux qui magouillent (en vendant du PQ au prix de l’or ? – mais pas dans le roman), ceux qui paniquent, ceux qui veulent prendre la fuite et ceux qui prennent la fuite (j’ai les noms dans la réalité !).

Après toutes ces réactions enflammées et différentes, tout le monde se résigne, courbe l’échine et fait avec…

De plus, durant la lecture, une petite lumière s’allume dans votre esprit et vous vous demandez si c’est vous qui vous faites un film ou cette peste brune sera une analogie de celle qui déferla dans les années 30, celle qui produisait des bruits de bottes, des autodafés, des crimes, des génocides… Bref, le fascisme !

Wiki me répond que je n’ai pas tout à fait tort et que la lutte contre la peste est aussi une lutte pour le fascisme, faisant du docteur un résistant et de Cottard un collabo.

Vous me connaissez et je vous sens suspendu à mes mots, se demandant où diable je vais caser ce foutu « Mais » que vous sentez arriver et qui va tempérer ce début prometteur…

Mais (vous le réclamiez, le voici)… La peste reste un livre difficile à lire, avec peu de dialogues par moment, une ambiance plombée (pas de lockdown fiesta, pas de vidéo marrantes), des descriptions interminables, un ton qui semble froid, distant.

Anybref, Camus et moi ne sommes pas fait pour passer un confinement ensemble. C’est la deuxième fois avec lui et ça ne passe toujours pas. Pourtant, au départ, j’étais emballée, tout allait bien, je la sentais bien, cette lecture, les pages se tournaient toutes seules, en un mot, je le dévorais.

Arrivé un moment, je n’ai plus dévoré mais j’ai senti mon rythme de lecture diminuer, et puis, sans même le vouloir, j’ai surpris mes yeux en train de sauter des paragraphes, des pages, même !

Je pourrai dire que j’ai enfin lu La Peste de Camus mais qu’il ne m’a pas plu et que je n’ai pas eu l’ivresse littéraire, même si ça avait bien commencé…