Rage : Richard Bachman (Stephen King)

Titre : Rage

Auteur : Richard Bachman (= Stephen King)
Édition : J’ai Lu (2000)
Édition Originale : Rage (1977)
Traduction : Évelyne Châtelain

Résumé :
Charles Decker est, en apparence, un petit lycéen américain bien tranquille. Mais, entre un père violent qu’il déteste et une mère fragile, il rage a froid. Un jour, cette rage éclate et il abat, d’un coup de revolver, sa prof de maths.

Puis, il s’empare du pouvoir, autrement dit, il prend sa classe en otage.

Il va alors contraindre ces condisciples a se livrer a un déballage furieux, a se débarrasser de toutes les haines accumules en secret : contre les parents, la société corrompue, l’école pourrie, la lâcheté et l’incompréhension des adultes.

Critique :
Rage est le premier roman que Stephen King a publié sous le pseudonyme de Richard Bachman. Si vous voulez le lire, vous ne le trouverez pas en librairie, mais dans des bouquineries, en seconde main.

Pourquoi ? Parce que l’auteur a fait arrêter la publication de nouvelles éditions, en 1999, après qu’un exemplaire a été trouvé dans le casier d’un lycéen ayant tué trois de ses camarades (et ce n’était pas la première fois que l’in découvrait ce roman dans les casiers des lycéens ayant tiré sur des camarades).

Dans ce roman, Charles Decker assassine deux professeurs. Vous n’assisterez donc pas à une chasse aux étudiants dans des couloirs de l’école, tel un mauvais film d’épouvante. Ou pire, dans la réalité.

Ce roman est un huis-clos psychologique, puisqu’après avoir tué sa prof d’algèbre et un autre qui voulait entrer dans la classe, Charles tiendra toute sa classe en otage et leur expliquer une partie de sa vie, demandant ensuite à ses camarades de parler de leurs frustrations, de livrer des petits secrets, de se confesser, en quelque sorte.

Non, Charles n’a pas eu une vie merdique, même s’il y avait mieux (mais c’était plus cher), coincé qu’il était entre un père chasseur qui voulait en faire un homme et sa mère qui l’affubla d’un costume en velours, à 13 ans, pour aller à une fête d’anniversaire (débile et inapproprié !).

Là, il vient de péter un câble, un de plus et il est allé aussi loin qu’on peut aller : l’assassinat de sang-froid. On comprend bien ses névroses en lisant ses pensées, ses explications, mais de là à arriver à prendre une arme et à tuer, on se demande bien quelle araignée lui a trotté dans le crâne.

En tout cas, rien n’indiquait qu’il allait basculer du côté obscur de la force. Et rien ne peut justifier ses actes (ni ceux dans la vie réelle). Je peux comprendre (pas cautionner) un meurtre par vengeance (on a tous rêvé de flinguer un chef, un collègue, un emmerdeur, un tortionnaire, mais juste dans sa tête). Mais là, ce n’est pas le cas, Charlie ne se venge pas de tortionnaires, d’harceleurs et il y a des dommages collatéraux terribles. Sa réaction à ses problèmes est excessive.

Ce qui fout plus les chocottes, dans ce premier roman du King, c’est le comportement de ses camarades de classes. Là, j’en suis restée bouche bée. Pour eux, c’est une aventure, un truc à raconter (nous ne sommes même pas à l’époque des réseaux sociaux), une journée passée à ne rien faire et un seul tentera de s’opposer à Charlie. Juste un seul. La meute est avec Charlie. C’est ça le plus terrible.

Un premier roman qui sonnait déjà juste, qui parlait d’un phénomène qui allait s’amplifier aux États-Unis, où les jeunes peuvent faire de plus gros cartons, puisqu’ils sont équipés de fusils d’assaut, possédant des chargeurs multiples et avec lesquels ils peuvent tirer de nombreuses fois sans devoir recharger.

Charles, dans ce récit, ne possède qu’un révolver, un six-coups, il doit ouvrir le barillet pour recharger et quitter ses camarades des yeux. Avec une arme de guerre, c’est plus simple, plus rapide et plus meurtrier.

Un président a dit, un jour, que si les français avaient pu porter des armes, ils auraient pu se défendre face aux terroristes du 13 novembre 2015. Moi je dis que ce n’est pas vrai… Les américains sont armés, les flics sont armés et face à un jeune qui flingue à tout va, personne ne bouge, ou alors, il se fait descendre comme au tir pipes.

Un roman assez glaçant, avec un personnage tourmenté, qui avait ses petits problèmes et qui a choisi de les résoudre de manière violente et expéditive. Pas de circonstances atténuantes pour Charlie Decker, même si c’est une personne vulnérable.

Un roman surprenant, puisqu’il ne va pas dans la direction que l’on aurait pensée…

Ce que wikiki en dit : Stephen King écrit une première version de Rage durant sa dernière année de lycée, sous le titre Get It On, mais la laisse inachevée. Il termine le roman en 1971 mais, après il est refusé à la publication par Doubleday malgré l’intérêt de la maison d’édition. Il est finalement publié en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman.

#automneduking – 01

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°050] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Jack l’éventreur n’est pas un homme : Pascale Leconte

Titre : Jack l’éventreur n’est pas un homme

Auteur : Pascale Leconte
Édition : Auto édition (2014)

Résumé :
Et si Jack l’Éventreur était une femme ? Voici la vie de Florence Maybrick, à partir de ses dix-huit ans lorsqu’elle rencontre son futur mari anglais, alors qu’elle est américaine.

Comment cette « étrangère » fut-elle poussée dans ses derniers retranchements ?

Une enfance instable, une mère castratrice aux mœurs légères, un mari volage ainsi que l’époque victorienne et puritaine sont autant d’explications nous guidant sur le chemin de la réponse.

Florence est-elle l’auteur du « Journal de Jack l’éventreur » ?

Mêlant biographie et faits réels, ce roman pourrait-il être la clé ?

Florence était-elle une perverse narcissique capable d’éliminer ses rivales sans le moindre remord ?

Critique :
Si Jack L’Éventreur n’est pas un homme, c’est donc qu’il est une femme. Élémentaire (on va oublier les non genrés et tout le  reste, nous sommes en 1888). Mais Jacqueline l’Éventreuse, ça le fait tout de suite moins, non ?

L’autrice commence son roman en mettant en scène une femme qui apporte son roman à un certain Stéphane Bourgoin, le spécialiste des serial-killer (bon, maintenant que l’on sait ce que l’on sait, j’ai ricané doucement). Sorte de mise en abîme, elle lui présente son roman où elle explique les meurtres de 1888.

Puis, commence l’histoire à proprement dite. Nous faisons la connaissance avec Florence, jeune fille timide, qui cherche à se marier à tout prix et tente de trouver l’homme idéal durant son voyage entre l’Amérique et la France. Là, on va péter le record de demande en mariage la plus rapide… Puis, la vie de couple commence…

Comment Florence Maybrick est-elle devenue une tueuse de sang-froid, assassinant les prostituées ? Est-ce que cette théorie marche ? Est-elle plausible ?

Tout d’abord, Florence est une femme détestable, sorte de petite merdeuse capricieuse, jamais contente, ne voulant plus dans sa tasse de thé le biscuit de son époux, mais n’ayant aucun scrupules à le tromper, à tel point quelle tombera enceinte d’un autre homme que son légitime. Ses enfants, elle ne les aime point.

Son personnage, réaliste, est une manipulatrice, jamais contente, colérique, chieuse, bref, on a envie d’aller la noyer dans l’étang. James Maybrick, son époux, lui passe tous ses caprices (le con) et se plie devant elle. Puis, il va la tromper, ce qu’elle n’appréciera pas. Alors qu’elle, a eu une fille avec son amant…

L’autrice n’est pas une branquignole en matière de Jack The Ripper et elle a réussi à faire des corrélations entre les meurtres et sa coupable, évitant, intelligemment, l’écueil du double meurtre et n’oubliant pas trouver une solution, plausible, au fait qu’un témoin avait salué Mary Jane Kelly alors qu’elle était déjà éparpillée façon puzzle.

Si j’ai trouvé le temps long, avant les meurtres et après, la partie consacrée à la période des éventrations était prenante, bien mise en scène et tout ce qu’il y a de plus plausible. Que l’on adhère ou pas à la théorie de l’autrice, le tout s’emboîte bien et est réaliste.

Hélas, cette lecture m’a semblée longue et j’ai patiné avec Florence. Oui, elle me sortait par les trous de nez, mais le problème n’était pas là. Il se trouvait dans le rythme de narration, assez lent, l’autrice prenant le temps de poser ses personnages, de les étoffer, de monter le portrait psychologique de la Florence et là, à la fin, je me suis ennuyée.

Un comble, parce que si l’autrice n’avait pas pris la peine de développer ses personnages, cela n’aurait pas aussi bien marché. Comme quoi, je ne suis jamais contente.

Malgré tout, cette lecture fut intéressante, car la théorie mise en place est plausible, prend tout ce que l’on sait, sur les meurtres, en compte, assure la concordance avec le fameux journal de Maybrick (qui est un faux) et lie le tout, ce qui fait que la sauce prend facilement.

De plus, son final est excellent ! Il m’a scotché. Et paf, pour Bourgoin. En dat in a kas (et pan dans ta g…).

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°218] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°17].

Moby Dick – Livre second (BD) : Christophe Chabouté et Herman Melville

Titre : Moby Dick – Livre second (BD)

Scénaristes : Christophe Chabouté (d’après l’oeuvre d’Herman Melville)
Dessinateur : Christophe Chabouté

Édition : Vents d’ouest (29/10/2014)

Résumé :
L’adaptation magistrale d’un classique de la littérature américaine Des campagnes de pêche de plus de trois ans, les dangers de l’océan, la chasse elle-même où, armés de simples lances et harpons à bord de légères chaloupes, les marins s’exposent aux réactions redoutables et aux assauts furieux de cachalots de plus de soixante tonnes. En plus de la chasse, le travail

harassant de remorquage, de dépeçage et de fonte du lard afin d’en extraire la précieuse huile ; souvent trois jours d’efforts continus sans le moindre repos… Les conditions de vie extrêmes de ces hommes, les dangers quotidiens où les matelots exorcisent leur peur en la muant en rage à l’encontre des cétacés qu’ils massacrent.

Rage sournoisement attisée par cette folie de vengeance aveugle et obsessionnelle du capitaine Achab envers Moby Dick, le cachalot blanc qui lui a arraché la jambe par le passé. Chabouté met sa vision personnelle et sa maîtrise du noir et blanc au service de ce classique de la littérature américaine.

Une adaptation magistrale, fidèle au récit original et à l’esprit d’Herman Melville, reflétant la frontière étroite entre l’acharnement et la folie, baignant dans le sang, l’huile et la sueur d’un navire baleinier de la fin du XIXe siècle.

Critique :
Partir sur un navire à la chasse à la baleine, ça n’a rien d’une croisière qui s’amuse, nageant dans le luxe, bouffant des mets délicats et bronzant sur le pont, les dames minaudant devant le capitaine, uniforme blanc immaculé, sans un cheveux de travers.

La chasse à la baleine, c’est sale, c’est violent, c’est barbare et les conditions de vie des marins feraient défaillir le syndicat de 5 fruits et légumes par jour.

Les marins croupissent dans l’eau sale, froide et super humide (ça, vous ne le saviez pas !). Queequeg est malade, prêt à mourir. Un cercueil pour Queequeg !

Achab, lui, tel un fanatique religieux, fait forger des harpons, les enduisant du sang de ses harponneurs et ne vit que pour sa vengeance, alors qu’en fait, Moby Dick, attaqué, n’a fait que de défendre les autre baleines, tout en se défendant lui-même. Achab étant l’agresseur, il ne faut pas se plaindre ensuite d’y avoir laissé une jambe.

Les dessins, toujours en noir et blanc, expriment bien la folie du capitaine, sa haine pour les baleines, son fanatisme et son égoïsme face aux autres qui encaissent, qui souffrent, les entraînant dans sa descente aux enfers de la vengeance aveugle.

Pourtant, Achab montrera aussi sa faiblesse, son respect pour son second, Starbuck, son désir de le nommer capitaine s’il venait à disparaître. On le pensait cruel, froid, fou et voilà qu’il nous montre un autre visage, plus humain. Pas de manichéisme, son portrait est réaliste.

Dans ce second et dernier album, Moby Dick mène la danse, se retrouve plus présente, s’impose dans les pages et le combat entre elle et Achab est titanesque, jusqu’à son acmé…

Un très bon diptyque pour celles et ceux qui voudraient découvrir le roman de Melville, sans devoir lire les 940 pages de l’édition Phébus. Moins de détails dans la version bédé, certes, mais l’essentiel se trouve dedans (et pas dans Lactel©).

Le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Moby Dick – Livre premier (BD) : Christophe Chabouté et Herman Melville

Titre : Moby Dick – Livre premier (BD)

Scénariste : Christophe Chabouté (d’après l’œuvre d’Herman Melville)
Dessinateur : Christophe Chabouté

Édition : Vents d’Ouest (2014)

Résumé :
L’adaptation magistrale d’un classique de la littérature américaine Des campagnes de pêche de plus de trois ans, les dangers de l’océan, la chasse elle-même où, armés de simples lances et harpons à bord de légères chaloupes, les marins s’exposent aux réactions redoutables et aux assauts furieux de cachalots de plus de soixante tonnes.

En plus de la chasse, le travail harassant de remorquage, de dépeçage et de fonte du lard afin d’en extraire la précieuse huile ; souvent trois jours d’efforts continus sans le moindre repos…

Les conditions de vie extrêmes de ces hommes, les dangers quotidiens où les matelots exorcisent leur peur en la muant en rage à l’encontre des cétacés qu’ils massacrent.

Rage sournoisement attisée par cette folie de vengeance aveugle et obsessionnelle du capitaine Achab envers Moby Dick, le cachalot blanc qui lui a arraché la jambe par le passé.

Chabouté met sa vision personnelle et sa maîtrise du noir et blanc au service de ce classique de la littérature américaine. Une adaptation magistrale, fidèle au récit original et à l’esprit d’Herman Melville, reflétant la frontière étroite entre l’acharnement et la folie, baignant dans le sang, l’huile et la sueur d’un navire baleinier de la fin du XIXe siècle.

Critique :
La pêche n’a jamais été mon sport favori. Et pour le fruit, je lui préfère la nectarine.

Alors, qu’est-ce que je suis allée foutre dans cette galère, montant sur le pont du Pequod, en compagnie de Queequeg, un harponneur un peu sauvage ?

L’envie de me plonger en entier dans le fameux Moby Dick, de Herman Melville, tout simplement.

Attention, je précise que je suis contre la chasse aux baleines, dauphins et autres mammifères marins. Faut préciser pour les p’tits esprits, pour les grands esprits, pas besoin, ils le savent.

Dans des tons noirs et blancs, avec les premiers cases dont les fonds étaient noirs comme de l’encre, cette adaptation rend bien l’univers du roman, notamment en ce qui concerne la folie vengeresse du capitaine Achab, véritable fou du harpon, rêvant de le planter dans la baleine blanche afin de se venger.

Cela lui fera-t-il repousser sa jambe ? Non, absolument pas… Mais il est parti en guerre malsainte (oui, on dit malsaine, mais c’est un jeu de mots) contre ce pauvre cétacé qui n’a jamais fait que de se défendre contre la mort et de défendre les siens. Merde quoi, faut-il se laisser massacrer en paix ? Baleines, révoltez-vous !

Lorsque l’on regarde Achab, haranguer le chaland, vociférer devant ses matelots, postillonnant sur eux (pas covid friendly, mais à ce moment-là, il n’y en avait pas), gesticulant, hurlant, tel un prédicateur fou appelant à la guerre contre les mécréants.

Et si d’aventure (en aventure ♫), certains n’étaient pas très chauds pour le suivre, la folie de leur capitaine se communiquera à eux, plus facilement que la peste et si après ça, il reste encore des types qui ne veulent pas faire la chasse à la vengeance stupide et aveugle, ils seront mis à l’écart par le capitaine à la jambe de bois (et à l’esprit de bois aussi).

On est avec lui ou contre lui… Starbuck n’aura plus qu’à aller s’ouvrir une chaîne de café à son retour, s’il en revient vivant.

Ce premier album m’a envoûté, subjugué, même si j’ai fait la grimace devant le dépeçage d’une baleine (on a un petit coeur ou on ne l’a pas).

Un premier tome assez fort, qui pose les bases et qui donne envie d’aller lire le suivant de suite.

PS : si le dessinateur et l’adaptateur du roman est un français, le père littéraire de Moby Dick est un américain. Puisque nous faisons le Mois Américain en solitaire (mais à plusieurs) et surtout, puisqu’il n’est pas officiel, je me permet d’ajouter cette chronique à mon bilan personnel. Na ! (petit dictateur durant 30 jours).

Le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

L’unité Alphabet : Jussi Adler-Olsen

Titre : L’unité Alphabet

Auteur : Jussi Adler-Olsen
Édition : Livre de Poche Thriller (02/01/2020) – 668 pages
Édition Originale : Alfabethuset (1997)
Traduction : Caroline Berg

Résumé :
L’Unité Alphabet est le service psychiatrique d’un hôpital militaire où, pendant la Seconde Guerre mondiale, les médecins allemands infligeaient d’atroces traitements à leurs cobayes, pour la plupart des officiers SS blessés sur le front de l’Est.

Bryan, pilote de la RAF, y a survécu sous une identité allemande en simulant la folie.

Trente ans ont passé mais, chaque jour, il revit ce cauchemar et repense à James, son ami et copilote, qu’il a abandonné à l’Unité Alphabet et qu’il n’a jamais retrouvé.

En 1972, à l’occasion des jeux Olympiques de Munich, Bryan décide de repartir sur ses traces. Sans imaginer que sa quête va réveiller les démons d’un passé plus présent que jamais.

Critique :
Deux aviateurs anglais en mission en territoire ennemi se font abattre et doivent sauter en parachute.

Gérard Oury a fait une super comédie d’un tel scénario, tandis qu’Adler-Olsen en a fait un drame.

Avec l’auteur, pas de rendez-vous aux bains turcs, pas de rencontre avec les personnages joués par De Funès et Bourvil, mais un train sanitaire, rempli d’officiers allemands, dont des nazis.

Pour la race des seigneurs, il était mal vu que la populace apprenne que des officiers à la tête de mort soient devenus fous ou mutiques, suite aux ravages de la guerre, aux explosions.

Prenant la place de deux officiers de la gestapo, nos deux aviateurs anglais vont se retrouver dans un sanatorium à devoir simuler la folie, sans savoir qu’ils ne sont pas les seuls simulateurs…

La partie consacrée à leur séjour dans un hôpital psychiatrique, à faire en sorte de ne pas se faire démasquer, était intéressante, même s’il ne s’y passe pas grand chose et qu’une grande partie tourne aux maltraitances par d’autres pensionnaires.

Par contre, je pensais m’ennuyer durant les recherches de Bryan, trente ans après, et il n’en fut rien. L’auteur ne s’est pas contenté de nous pondre une petite enquête à la Perdu De Vue, il a pensé aux surprises, au suspense, aux mystères, ainsi qu’aux retournements de situation.

Pas d’ennui durant la lecture de ce pavé, qui s’est déroulée sur deux malheureuses journées, tant le récit m’a passionné, malgré les incohérences dans l’enquête qui, avant, n’avait jamais rien donné et puis soudain, bardaf, Bryan avance en trouvant un fil rouge, ainsi que les incohérences dans la guérison d’un personnage.

Mais ce qui m’a manqué le plus, dans ce récit, c’est l’humour cynique présent dans les enquêtes du Département V (c’est son premier roman, donc, pas encore de recette miracle) et des émotions. Et puis, il y avait trop de manichéisme dans les personnages du trio infernal de l’hôpital.

D’accord, avec des personnages tel un ancien dirigeant de camp de concentration et un gestapiste, peu de chances de se retrouver avec des personnages que l’on apprécie, mais j’aurais apprécié qu’ils aient un peu de nuance, que l’auteur en fasse des méchants plus ambigus, moins tranchés. Ils sont cruels à l’excès et cela devient soulant, à la fin.

Ces bémols ne m’ont pas empêchés d’apprécier ce premier roman de l’auteur, sorti en 1997 au Danemark, bien avant le Département V. L’écriture n’est donc pas celle dont j’ai l’habitude, la plume n’étant pas en poils de chameau, chers à notre Assad, donc, elle ne chatouille pas encore.

Pourtant, ce roman n’est pas si mal que ça, même si avec 100 pages de moins, nous aurions eu un récit plus ramassé. Je n’ai pas ressenti les longueurs, mais cela pourrait arriver à certains lecteurs/trices.

Un premier roman qui n’est pas si mal que ça, moins foiré que d’autres premiers romans d’auteurs que j’ai lu (mais ceci n’est que mon avis). Mais ne cherchez pas ce que vous aimez chez l’auteur, ceci n’a rien à voir avec le Département V !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°27] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

Lontano – Famille Morvan 01 : Jean-Christophe Grangé

Titre : Lontano – Famille Morvan 01

Auteur : Jean-Christophe Grangé
Édition : Livre de Poche Thriller (2017) – 953 pages !

Résumé :
Éminence grise du pouvoir, Grégoire Morvan a connu ses heures de gloire en Afrique dans les années 80, en arrêtant au Zaïre « l’Homme clou », tueur en série au rituel atroce, inspiré des plus violents fétiches africains.

Quarante ans plus tard, en France, les cadavres mutilés, criblés de ferraille et de tessons s’accumulent : la marque de « l’Homme clou », totem de la folie meurtrière née au plus profond de l’Afrique. Le passé trouble de son père – fantôme menaçant de sales affaires enterrées – rattrape alors Erwan Morvan, le meilleur flic de la crim’.

Saga familiale, roman psychologique et roman noir, Lontano est une plongée verticale dans les ténèbres de l’âme, roman paroxystique et vertigineux, dérangeant comme ces rites primitifs qui nous fascinent et nous effarent.

Critique :
Hé oui, je suis revenue vers Jean-Christophe Grangé, après des années d’abandons, suite à quelques lectures de ses romans qui ne m’avaient pas transporté, l’un d’eux ayant même failli apprendre à voler…

Comme je ne retrouvais plus le coup de foudre de départ, avec « Les Rivières pourpres », j’étais passée à autre chose, me promettant un jour de revenir, mais sans y croire vraiment.

Qu’est-ce qui m’a décidé ? Une critique sur Babelio où la personne (purée, je ne sais plus qui, ni sur quel roman) disait qu’il avait préféré Lontano. Bon, je m’en vais voir ce qu’on l’on dit sur le Grangé et là, bingo, l’envie m’a pris et comme je ne le possédais pas, je suis allée le quérir en bouquinerie. Il ne m’a fallu que 3 jours pour dévorer les 953 pages.

La famille Morvan, tu n’as pas envie d’en faire partie. Le père est  ancien flic, barbouze de la République, qui joue au nettoyeur pour ramasser la merde des autres, qui ment pire qu’un arracheur de dent qui ferait de la politique (c’est vous dire le niveau des mensonges), son épouse soumise à son autorité et qui se fait taper dessus, trouvant des excuses à son époux… Lui, son principal fait d’armes est d’avoir mis fin aux assassinats, au Congo, de l’Homme-Clou.

Ses enfants, pas mieux. Un trader drogué qui était déjà alcoolo à 12 ans, l’aîné qui est flic et qui a des méthodes d’interrogatoires musclées et la fille qui joue à la tepu (la péripatéticienne) et qui accepterait qu’on lui fourre un hamster dans la techa (la chatte, merde, causez verlan) du moment qu’on y met le prix.

Non, mais je te jure, l’auteur n’a pas choisi une famille honorable, chez eux, tu ouvres un placard et des squelettes en tombent. Ce n’est pas la famille Ingalls, croyez-moi.

Pourtant, l’auteur a réussi à équilibrer les personnages, leur donnant aussi des fêlures, des blessures, des petits traits qui fait que même si le père est un salopard de première, on n’a pas envie de le voir tomber.

Pas moyen de s’emmerder durant les 950 pages de ce thriller, mené tambour battant, sans pour autant sacrifier la forme, le fond, l’écriture ou les personnage. On prend aussi le temps de faire connaissance avec la famille Morvan. Erwan, l’aîné qui bosse au 36 quai des Orfèvres, n’a rien d’un commissaire Maigret ou Navarro. La violence est chevillée dans son corps et est coutumier des violences policières envers les suspects.

Les meurtres n’ont rien à envier au plus déséquilibré des psychopathes. C’est horrible, dégueulasse, bref, si vous aimez les crimes propres des romans d’Agatha Christie (ou des cosy), ici, nous en sommes loin, très loin. On devine déjà que le tueur appartient à la crème de la crème et qu’il a du remporter la grande finale du « Top chef du Meilleur criminel ». À vos marques, pâtissez !

Les ramifications de ces crimes iront jusqu’au Congo, la période coloniale est toujours tapie dans l’ombre, les magouilles sont toujours légion et la Belgique sera souvent citée dans le roman, et pas en bien, je le conçois… La période où Popol II était propriétaire du Congo « Belge » (1885) n’est guère reluisante.

D’ailleurs, j’ai apprécié que Erwan aille faire un tour à Namur et à Louvain… Attention, en Belgique, il y a deux villes portant le nom de Louvain, il faut bien préciser celle que l’on veut visiter. Si la France a connu des crises religieuses (catho/protestants), la Belgique a eu sa crise linguistique. Vous, c’était la foi, nous, c’est la langue.

Anybref, tout ces blablas pour vous dire que ce roman de Grangé est un véritable shoot d’adrénaline, de suspense, de drogues, de violences, d’enquêtes, de meurtres rituels, de tueur en série, de magouilles financières, de vengeance, de complots politiques, de magie noir, de relents de colonialisme, de sang, de tripes… Sans que jamais la soupe devienne aigre, infâme ou imbuvable.

Un thriller addictif, maîtrisé du début à la fin et que dont j’ai hâte de connaître la suite. Oui, il y a une seconde partie, avec des secrets non révélés, même si, dans ce premier tome, l’affaire des meurtres rituels contemporains a été résolue, me foutant un coup de pied au cul monumental.

Je suis contente d’avoir eu cette envie de me pencher à nouveau sur un roman de Grangé, de retrouver tout le sel qui m’avait fait kiffer grave ma race son « Rivières pourpres » (pas le film, il est à chier, oups). Là, après avoir lu la suite, je vais me pencher sur ses autres romans, des fois que je tomberais à nouveau sur une pépite.

PS : Lorsqu’Erwan mènera son enquête au royaume de Belgique, j’ai repéré une grosse faute d’orthographe dans le panneau indicateur : Louvain, en flamand, c’est « Leuven » et non « Leuwen » (là, çq signifie « Lion » au pluriel), sauf si un petit malin de flamingant s’est amusé à faire un jeu de mot entre la ville et le drapeau flamand (un lion).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°010] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

Batman – Last Knight on Earth : Scott Snyder et Greg Capullo

Titre :

Scénariste : Scott Snyder
Dessinateur : Greg Capullo

Édition : Urban Comics – DC Black Label (05/06/2020)
Édition Originale : Batman: Last Knight on Earth (2020)
Traduction : Edmond Tourriol

Résumé :
Lancé dans un mystérieux jeu de piste à travers Gotham, Batman est neutralisé puis se réveille dans l’Asile d’Arkham où Alfred lui apprend qu’il en est en réalité le patient depuis des années et que sa croisade contre le crime n’est que le délire de son esprit malade !

Mais ce n’est que le début d’une épopée qui va conduire le héros à traverser un monde désolé peuplé de visages familiers à jamais traumatisés par une apocalypse dont Batman ignore les origines !

La dernière croisade du Chevalier Noir a commencé.

Critique :
Batman vit à l’asile, il serait fou et vivrait toutes ses aventures dans sa tête.

L’idée n’est pas neuve, elle a déjà été utilisée de nombreuses fois, notamment dans un roman apocryphe de Sherlock Holmes « The seven per cent solution » où le professeur Moriarty était persécuté par Holmes, alors qu’il n’était qu’un paisible professeur de math.

Le pitch était donc des plus intéressants : Batman n’existe pas ailleurs que dans la tête malade de Bruce Wayne.

Dans ses délires, Wayne avait transformé tout le personnel de l’asile d’Arkham en super méchants (ceux que l’on connaît). Jusqu’à la page 30, tout allait bien, le scénario était des plus intéressant, réaliste et l’univers bien sombre.

Puis après, lorsque qu’un Bruce Wayne a émergé du désert, comme tout droit sortit de la machine à fabriquer un Wayne à chaque génération, on a basculé dans un autre truc post-apocalyptique vachement bizarre.

Délires de Wayne ? Réalité ? Rêves dans le rêve ? Les auteurs avaient-ils fumé des trucs illicites ? Scott Snyder m’a habitué à mieux…

Si l’homme chauve-souris n’a rien compris, moi non plus. J’ai eu l’impression de lire un scénario qui partait dans tous les sens et j’ai vite atteint mes limites.

Une déception, cet album.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°162].

Petit Piment : Alain Mabanckou

Titre : Petit Piment

Auteur : Alain Mabanckou
Édition : Points (2017)

Résumé :
Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une institution placée sous l’autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les cartes sont redistribuées.

L’aventure commence. Elle le conduira notamment chez Maman Fiat 500 et ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaité quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services.

Jusqu’à ce que ce bonheur s’écroule. Petit Piment finit par perdre la tête, mais pas le nord : il sait qu’il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son destin.

Critique :
« Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko » peut se vanter d’avoir le nom le plus long de toute la création !

Afin de vous coucher moins bête ce soir, cela signifie « Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres ».

À l’orphelinat de Loango (République du Congo) où il a été placé depuis sa naissance, on le nomme Moïse. C’est plus facile. Ensuite, on le connaîtra sous le surnom de Petit Piment.

Tout allait plus au moins bien à l’orphelinat, Moïse était satisfait, il adorait Papa Moupelo qui leur donnait catéchisme toutes les semaines et qui était très gentil avec les orphelins, qui les respectaient. Hélas, vint la Révolution socialiste et tout changea du jour au lendemain, passant de « pas trop mal » à « horrible ».

Dieudonné Ngoulmoumako est le directeur de l’orphelinat, est corrompu jusqu’au trognon, c’est un lécheur de bottes, il est cruel, autoritaire, despotique, raciste envers les autres ethnies et comme tout bon magouilleur qui se respecte, il a placé à ses côtés les membres de sa famille. Son socialisme est fait de caviar.

Moïse, lui, est un garçon auquel on s’attache assez vite. Il est notre narrateur et se fera un plaisir de vous raconter ce qu’il sait de son pays, de l’orphelinat, de la société congolaise, avec ses ethnies, son racisme (qui n’est pas l’apanage des Blancs), ses codes, ses superstitions, ses croyances… Il en sait peu, n’ayant jamais mis les pieds dehors, mais son témoignage est éclairant et l’on en saura plus sur la société congolaise des années 60/70.

Le changement interviendra lorsqu’il sortira de l’orphelinat, passant d’un monde semi-protégé à celui de la délinquance juvénile, dans les bas-fonds de Pointe-Noire où le roman prendra un tour plus sombre, plus noir, plus social, avec ses prostituées, la politique du maire, les différentes bandes de gamins des rues, voleurs, chapardeurs et autres.

Jusqu’à son incorporation dans la maison close de Maman Fiat 500, le récit me plaisait, le plume d’Alain Mabanckou m’enchantait (je la découvrais) et c’était un réel plaisir de parfaire mes connaissances sur l’Afrique.

L’auteur ne se voile jamais la face, il dit les choses telles qu’elles sont, sans tourner autour du pot. Le récit de Moïse/Petit Piment est empreint d’un mélange de naïveté et de grande lucidité. Les deux étant équilibrés.

Petit Piment (qui ne se prénomme plus Moïse) évoluait dans le bon sens, son parcours de vie était toujours instructif à suivre et l’auteur avait glissé habillement la politique dans le récit de notre gamin devenu adulte. Aucun ennui ne pointait son nez à l’horizon de cette lecture, même si le rythme est assez lent dans certains parties.

Là où le bât a blessé, c’est après l’opération « Pointe-Noire sans putes zaïroises » où notre narrateur va péter un câble voyant qu’il a perdu ses derniers repères, son dernier giron et à partir de ce moment-là, le récit ne m’a plus emballé du tout, je m’y suis ennuyée, ne me retrouvant plus dans les élucubrations de Petit Piment.

La sensation d’un récit d’embourbant, tournant en rond, ne m’a plus quitté. Cela devenait lourd et j’ai terminé le récit en sautant quelques passages, notamment dans le cabinet du psy.

Dommage, plus des trois-quarts du roman m’avait emballé et la panne s’essence à surgit dans les derniers kilomètres. Bien que je comprenne la folie qui prend Petit Piment, bien que je comprenne qu’il ne veuille pas en sortir, cette partie-là ne m’a pas enchanté.

Malgré ce bémol de fin de voyage, je garderai les bons côtés du roman, notamment l’apprentissage de la vie de Moïse, ses errances, ses erreurs et tout ce que j’ai appris sur la société africaine, en particulier celle de la République du Congo, avec ses règles, ses magouilles, ses problèmes entre ethnies.

Le Challenge « Le tour du monde en 80 livres chez Bidb » (République Congo).

Au cœur des ténèbres / Le cœur des ténèbres : Joseph Conrad

Titre : Au cœur des ténèbres / Le cœur des ténèbres

Auteur : Joseph Conrad
Édition : Le Livre de Poche (2012)
Édition Originale : Heart of darkness (1889)
Traduction :

Résumé :
C’est une lente et funèbre progression qui mène le capitaine Marlow et son vieux rafiot rouillé, par les bras d’un tortueux fleuve-serpent, jusqu’au « cœur des ténèbres. » Kurtz l’y attend, comme une jeune fille endormie dans son château de broussailles. Ou comme Klamm, autre K., autre maître du château tout aussi ensorcelé de Kafka.

Le récit, au fil de la remontée d’un fleuve en forme de serpent, nous entraîne dans une expédition au cœur du continent africain, peuplé de combattants invisibles et de trafiquants d’ivoire rongés par la fièvre.

C’est l’un d’eux, M. Kurtz, que Marlow, le narrateur, est chargé par sa compagnie de ramener en Europe. Mais le responsable du comptoir perdu s’est « ensauvagé », et les indigènes tentent de s’opposer à son départ…

Éminemment moderne, le récit de Conrad, écrit en 1902, suscitera toutes les interprétations : violent réquisitoire contre le colonialisme, féconde représentation d’une libido tourmentée, rêverie métaphysique sur l’homme et la nature, chacun de puiser selon son désir dans ce texte d’une richesse et d’une portée sans limites. Car au bout du voyage, les ténèbres l’emportent.

L’illusion domine un monde où pulsions de mort, masques et travestissements ont stérilisé l’amour. Mais pas le rêve qui, par la magie de cette écriture inflexible, se lève et déploie ses splendeurs comme une brume aux échos incertains.

Critique :
De temps en temps, je sors des sentiers battus et je quitte mes lectures habituelles pour aller découvrir d’autres territoires littéraires.

Pour cela, le choix des libraires dans l’émission « La grande librairie » est un vivier important dans lequel je m’amuse à aller puiser. Hélas, ce n’est pas toujours le coup de cœur assuré.

Je ne tournerai pas autour du pot : ma lecture a été étrange.

Sans détester ce roman, sans jamais passer des pages, je n’ai jamais réussi à m’intégrer dans l’histoire, comme si le récit et moi avions navigué en parallèle, sans jamais nous croiser.

L’atmosphère du récit est étouffante et assez onirique. L’auteur, par le truchement de son personnage du capitaine Charles Marlow, utilise une forme de narration complexe, la rendant opaque et sans les notes en fin d’ouvrage, que j’ai consulté à chaque renvoi, j’aurais loupé une partie de ses insinuations, de ses comparaisons, de ses images.

Le récit est une charge contre la colonisation en général, même si ici elle concerne le Congo, qui, à l’époque de la publication, appartenait à Léopold II, notre ancien roi (qui ensuite se débarrassa du Congo en le donnant à la Belgique).

Par le biais d’une société belge (dont il est l’actionnaire principal), le voici donc propriétaire d’une vaste partie du territoire et il ne s’est pas privé d’en exploiter les richesses. Je n’irai pas plus loin dans les pages sombres de l’Histoire.

Le capitalisme débridé, décomplexé, c’est contre lui que Marlow mène la charge : une société peut s’accaparer tout un pays et exploiter la population, voler ses richesses, massacrer pour de l’ivoire. Non, non, rien n’a changé.

Ce qui frappe dans ce récit, c’est que l’auteur avait déjà tout compris : la civilisation n’est qu’un vernis et lorsque le vernis craque, c’est Néandertal qui apparaît (et j’insulte Néandertal). Les sauvages ne sont pas ceux que l’Homme civilisé désigne : les autres, les habitants du pays qu’ils ont colonisé.  Que nenni, les sauvages, ce sont les Hommes Blancs, même si les Africains qui peuplent ce roman se font rhabiller pour l’hiver aussi.

L’auteur a une manière bien à lui de décrire la jungle, la rendant oppressante, vivante, faisant d’elle un personnage à part entière du récit. La Nature peut nourrir, comme elle peut tuer.

Oui, le roman de Conrad est puissant, son écriture n’est pas simple, que du contraire. Le côté sombre de l’Homme est bien mis en avant dans son récit, la remontée du fleuve sinueux étant une belle représentation, jusqu’à leur arrivée au cœur des ténèbres.

Malgré tous ces points forts, malgré le fait que j’ai lu ce roman en deux jours, il me reste cette impression que je suis passée à côté, que la rencontre n’a pas eu lieu entre nous, que l’étincelle a manqué pour mettre le feu à ma lecture.

Il n’ira pas caler un meuble bancal : ce roman n’est pas mal écrit, il m’a juste été impénétrable, comme une jungle. Il aborde des thèmes forts comme le capitalisme à tout prix (quoiqu’il en coûte), le colonialisme et la folie, et ce, à une époque où le colonialisme n’était absolument pas mal vu.

Pas de chance pour ma première lecture de l’année… D’habitude, cela se termine par un coup de cœur, ce ne sera pas le cas pour ce début d’année. Pourtant, je ne regrette pas d’avoir lu ce roman.

Comme je vous l’avais dit, c’était une lecture singulière et ma chronique en est le reflet : le cul entre deux chaises.

Challenge Le tour du monde en 80 livres chez Bidb (Pays : Pologne)

Pour se coucher moins bête : Apocalypse Now est un film américain réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1979. Ce film est une adaptation libre de la nouvelle « Au cœur des ténèbres » (Heart of Darkness) de Joseph Conrad, parue en 1899.

 

Edgar Allan Poe – Hantise : Louis et Thomas Verguet

Titre : Edgar Allan Poe – Hantise

Scénariste : Louis
Dessinateurs : Thomas Verguet et Bastien Orenge

Édition : Soleil – 1800 (15/01/2014)

Résumé :
Boston 1827. Edgar Allan Poe n’est pas encore l’écrivain célèbre que l’histoire retiendra… Pour l’heure, c’est un critique acerbe au Boston Chronicles, un être détestable et aigri qui écrit des nouvelles tard le soir.

Sa sordide vie sans intérêt bascule dans l’horreur quand un matin un meurtre, en une des journeaux, présente d’étranges similitudes avec l’une de ses nouvelles encore en cours d’écriture. Il est donc le seul à en avoir connaissance.

Que cela signifie-t-il ? Peut-il être l’auteur de ces massacres ?

Quand l’expérience va se renouveler le lendemain, puis le surlendemain, et encore et encore, c’est une véritable descente aux enfers que va vivre Edgar.

Critique :
On peut dire que tout est fait pour épouvanter le lecteur, que ce soi dans les dessins et dans les atmosphères assez glauques de cet album.

Ça sent le gothique, on a rajouté un peu de fantastique, de mystère, de crimes sordides, un écrivain qui devient fou, une bonne dose d’alcool et d’hallucinations et on a emballé le tout dans un bel album.

Alors oui, j’ai apprécié les dessins, les couleurs sombres qui rajoutent une atmosphère à faire dresser les cheveux sur la tête, mais finalement, je n’ai pas vraiment frémi, si ce n’est d’horreur avec un Edgar Allan Poe à la limite de la pédophilie durant de nombreuses pages…

Poe est un ogre, dans cet album, et les dessinateurs l’ont souvent représenté de la sorte avec des jeux d’ombre ou de perspectives différentes, à tel point qu’on se demande si ce n’est pas vraiment un ogre qui se trouve devant nos yeux.

En tout cas, les scènes avec sa jeune cousine sont à faire frémir de dégoût tant il surfe sur la ligne rouge avant de la franchir à un moment donné. C’est malsain, son comportement.

D’ailleurs, son caractère, flirte avec tout ce qui est détestable : imbu de lui-même, égo démesuré, alcoolique, méchant, se croyant sorti de la cuisse de Jupiter, critique littéraire qui dézingue tout le monde, pédophile.

Ajoutons à ce portrait guère flatteur qu’il avait une relation d’amour/haine avec sa mère castratrice (décédée) et l’après décès, chez la voyante, est encore plus glauque !

Les auteurs joueront souvent avec nos perceptions, nous montrant ce que Poe voit, dans ses délires alcoolisés ou tel que d’autres le voient, sans fard… Restez attentifs, sinon, vous pourriez ne pas comprendre tout de suite.

La touche fantastique viendra du fait que les crimes qui ont lieu dans la ville sont inspirés des nouvelles qu’il est en train d’écrire et qu’il n’a pas encore publié, même pas montrées à quiconque ! Quelqu’un aurait-il par-dessus son épaule ou est-ce lui, qui, dans sa soulographie démente, assassine à tour de bras ?

Poe va se muer en enquêteur… Il a un caractère de merde, il est antipathique au possible, mais au moins, il sait remonter une piste.

Voilà une bédé à ne pas présenter à des enfants, ce n’est point de la littérature pour eux.

Malgré le scénario qui ne manquait pas de mystères et d’originalité, je n’ai pas été convaincue par ma lecture. Cela manquait de profondeur, comme si les auteurs avaient tenté de tout caser dans une bédé de 56 pages, se dépêchant dans le final pour tout expliquer aux lecteurs.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°81], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages) et le Haunted reading bingo du Challenge Halloween 2021 chez Lou & Hilde (USA).