Conte de fées : Stephen King

Titre : Conte de fées

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (12/04/2023) – 736 pages
Édition Originale : Fairy Tale (2022)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
Charlie Reade ressemble à un lycéen ordinaire, sportif et bon élève. Mais il porte un lourd fardeau : sa mère a été tuée dans un accident avec délit de fuite quand il avait dix ans, et le chagrin a poussé son père à boire. Charlie a appris à en prendre soin.

À dix-sept ans, Charlie fait la connaissance d’un chien, Radar, et de son maître vieillissant, Howard Bowditch, un reclus qui vit dans une grande maison au sommet d’une colline, avec une remise fermée à clé dans le jardin, de laquelle des sons étranges sortent parfois…

Critique :
Dans le nouveau roman du King, nous allons d’abord croiser la route d’un monstre terrible : l’alcoolisme. Le genre de saloperie qui, une fois qu’il vous tient, tel une pieuvre, ne vous lâches plus.

On sent que l’auteur parle de vécu, quand le père de Charlie Reade se débat avec l’alcool.

Le début du roman commence lentement, il place les décors, les personnages et c’est avec plaisir que je me suis plongée dans ce nouveau roman du King.

Par l’amitié qui va se développer entre Charlie, jeune garçon de 17 ans et le misanthrope Howard Bowditch, j’ai pensé à la nouvelle « Le téléphone de Mr Harrigan » (Si ça saigne). Et puis, il y a Radar, la chienne.

Les deux cent premières pages de ce roman fantastique sont d’une facture classique, même si le King est toujours le meilleur pour sublimer l’adolescence et les relations entre un vieux très acariâtre, super ronchon, très asocial et un jeune garçon qui lui donne un coup de main. Là, il est toujours le maître absolu. Je n’ai pas vu le temps passer.

C’est Charlie qui sera le narrateur et je préfère nettement le narrateur omniscient, car Charlie, en racontant ses aventures, est parfois bien trop bavard ! Pas besoin de nous annoncer, bien avant que ça n’arrive, que Untel va mourir avant Machin ou d’autres détails qui cassent le suspense, puisqu’il n’y a plus de surprise.

Lorsque le côté fantastique entre en jeux, avec un subtil mélange de fantasy, c’est amené de telle manière que l’on est embarqué tout de suite. Le monde du King est réaliste, tangible et sent bon l’univers de contes de fées de notre enfance, même si c’est Charlie qui fait les rapprochements entre le monde d’Empis et nos contes à nous.

Pour les connaisseurs, le monde d’Empis n’est pas non plus celui de la série « Fables » du duo Bill Willingham et Mark Buckingham. Il y a quelques similitudes avec les contes de fées habituels, mais pas au point de l’univers de cette série de comics (excellente, entre nous).

Le monde décrit par l’auteur est un monde tyrannique, dans lequel règne un despote et où les habitants se meurent peu à peu. On n’est pas dans le monde des contes revisités à la Disney. C’est un monde devenu violent où les vies ne valent rien.

Une fois de plus, Stephen King est efficace, il maîtrise son nouveau monde, il maîtrise ses personnages, son histoire et met tout en œuvre pour nous plonger dans son conte de fées à lui. Voyage réussi, même si j’ai trouvé quelques longueurs durant certains passages et trop de rapidité dans un autre. Bémols minuscules.

Un voyage réussi, un voyage dans un autre monde, un voyage où Charlie va devoir grandir (il n’a que 17 ans) et tenter d’agir pour aider les gens, ce qui n’est pas toujours facile (il est plus facile de foutre le camp). C’est aussi une belle histoire d’amitié entre un vieil homme, un jeune homme et avec la chienne Radar (que l’on adore aussi).

Puisse le King encore pouvoir nous offrir de tels romans durant encore de nombreuses années. Dommage qu’on ne puisse pas à le mettre sur le cadran magique…

Même si ce roman n’entrera pas dans mes préférés (indétrônables), il n’en reste pas moins un super roman fantastique & fantasy, avec une quête à réaliser. Bref, c’est réussi.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°005] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Rigante – 03 – Le Coeur de Corbeau : David Gemmell

Titre : Rigante – 03 – Le Coeur de Corbeau

Auteur : David Gemmell
Édition : France Loisirs Fantasy (2013) – 640 pages
Édition Originale : Ravenheart (2002)
Traduction : Alain Névant

Résumé :
Huit cents ans ont passé depuis que le roi Connavar des Rigantes et son fils bâtard, Bane, ont défait l’armée de la cité de Roc.

A présent, les Rigantes ont perdu leur liberté et leur culture, face à l’envahisseur varlishe, pour lesquelles tant des leurs avaient sacrifié leur vie. Ils vivent dans la crainte, en peuple conquis.

Il ne subsiste qu’une femme qui suit les anciennes voies de la tradition, l’Etrange du Bois de l’Arbre à Souhaits, et elle seule connaît la nature du mal qui sera bientôt libéré.

Pourtant, selon elle, l’espoir repose sur deux hommes : un guerrier aux allures de géant, descendant des Rigantes, hanté par son échec à sauver son meilleur ami ; et un jeune dont les talents meurtriers lui vaudront la rancune des brutaux Varlishes.

L’un des deux deviendra le Coeur de Corbeau, un chef hors-la-loi dont les exploits inspireront les Rigantes. L’autre devra forger une légende… et allumer les feux de la révolte !

Critique :
Le tout premier tome de cette saga, je l’avais lu durant mes vacances 2006 et l’année suivante, j’avais poursuivi avec le tome 2. Je les avais bien aimé tous les deux.

Alors pourquoi mettre 16 ans avant de lire le troisième ?? Premièrement, parce que j’ai mis du temps à le trouver en seconde main (2023 !) et deuxièmement, parce que j’avais peur d’être déçue…

Le personnage Connavar (tome 1) et l’univers mis en place par l’auteur m’avait bien plus, ce qui m’avait déjà fait craindre de lire le deuxième tome qui mettait en scène sont fils Bane, dans un autre pays (bien aimé ma lecture aussi).

Le troisième tome faisant un bond de 800 ans dans le temps et là, j’ai eu peur de ne plus reconnaître l’univers des premiers tomes, notamment à cause de l’arrivée des mousquets et des armes à feu. Grave erreur que de ne pas l’avoir lu plus vite !!

Une fois de plus, Gemmell applique sa recette que l’on connaît et elle fonctionne toujours. Un univers riche, des personnages intéressants, une touche d’humour, de bravoure, de l’héroïsme, de la résistance, des conquérants, des conquis, des salopards et des gens biens, le tout dans un univers de Higlanders en kilt.

Il y a 800 ans que les peuples Rigantes (Keltoï, Pannones,…) ont été conquis par une armée qui ressemblait à celle des Romains et ils vivent toujours sous le joug de l’envahisseur qui les traitent comme de la vermine.

Au menu des colonisés ? Acculturation, colonialisme, règles iniques, dont celles des interdictions de s’enrichir, de porter des armes, déculturation, haine, manque de respect, séparations nettes entre les deux peuples, mariage inter peuples mal vus, colonisés associés à de la vermine, à des crétins…

Pire, les Varlishes, les colons, se sont même appropriés les légendes Rigante, faisant de Connavar un Varlishe !

Nous avons beau être dans un univers de fantasy, il fait tout de même terriblement écho à notre monde propre, à l’Histoire de nos peuples, celle qui sent mauvais dans les placards. Par certaines règles et pensées des Varlishes, j’ai pensé aux nazis…

L’univers de Gemmell fait penser aux pages de l’Histoire et comme toujours, ses personnages font mouche. Si le personnage principal est Kaeling Ring, ce n’est pas lui qui ressort le plus de ce récit, mais son oncle, Jaim Grymauch. Le véritable héros, c’est lui. Il me marquera durablement.

D’autres personnages, des secondaires, des sans-grade, de ceux que l’on ne remarque pas, de ceux qui semblent passer dans le récit sans faire de bruit vont pourtant en faire, du bruit, en s’élevant contre l’injustice.

Alterith Shaddler, c’était un professeur, un simple professeur qui pensait que savoir était un grand trésor et Gillam Pearce était un cordonnier, sans rien d’particulier (♫)… Deux personnages de l’ombre, pas des guerriers, pas des courageux et qui, pourtant, ont été éblouissants, à leur niveau. Des braves ! Pas d’armes dans leurs mains, si ce n’est les mots de l’instituteur et un témoignage du cordonnier.

Eux ont osé prendre le risque de se dresser devant une flagrante injustice, un jugement pour sorcellerie, alors qu’ils avaient tout perdre en défendant l’accusée, en premier lieu, leur vie et que le cordonnier risquait de mettre dans la merde sa famille.

Il faut bien du courage pour oser contrer la puissance, pour oser aller à contre-courant et dénoncer l’abjection qu’est cette mascarade, cette parodie de justice. C’est facile quand on ne risque rien, mais faut avoir du courage quand on risque tout.

Alterith se sentait humilié par ses cris et ses larmes.
— Je ne suis pas très brave, leur avoua-t-il. Je ne résiste pas bien à la douleur.
— Ne vous inquiétez pas, monsieur. Il y a différentes formes de bravoure. Je n’aurais pas les couilles de parler à l’évêque comme vous le faites. Ne vous rabaissez pas.

Eux ont choisi l’honneur de la vérité (et la mort à la clé) quand tous les trouillards ont pris le chemin du déshonneur pour continuer de vivre (mais on ne peut pas en vouloir à tous, une épée sur la gorge, ça fait réfléchir).

Impossible de s’ennuyer dans ce troisième tome, et pourtant, le rythme va à son aise, pas de combats toutes les deux minutes, pas de batailles qui durent des pages, même si on aura des combats.

Ce qui fait la force de ce récit, c’est aussi la psychologie des personnages, leur réalisme et les échos que leurs combats trouveront chez les différents lecteurs.

Ce n’est pas qu’une lutte du peuple Rigante pour retrouver sa liberté, ses droits les plus élémentaires, c’est aussi une lutte des classes, une lutte pour retrouver sa dignité perdue. Les Rigantes ne sont pas une race inférieure et ils aimeraient juste qu’on arrête de leur renvoyer dans la gueule. Mettre fin au suprémacisme des Varlishes.

Non, je ne vais pas attendre des années avant de lire la suite, car le quatrième tome continue l’Histoire et j’ai envie de savoir si le peuple Rigante va retrouver sa liberté et surtout, à quel prix.

David Gemmell a une recette fantasy qui, bien que souvent la même, me régale toujours autant, grâce à ses personnages et à ses univers.

#Pavés de l’été

« Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Anjelica Henley – 01 – L’équarrisseur : Nadine Matheson

Titre : Anjelica Henley – 01 – L’équarrisseur

Auteur : Nadine Matheson
Édition : Points – Thriller (10/02/2023) – 600 pages
Édition Originale : Inspector Anjelica Henley, book 1: The Jigsaw Man (2021)
Traduction : Michel Pagel

Résumé :
Lorsque des morceaux de cadavres sont retrouvés sur les rives de la Tamise, l’inspectrice Anjelica Henley pense immédiatement à Peter Olivier, alias l’Équarrisseur, emprisonné à vie pour avoir démembré ses sept victimes.

Elle l’a elle-même mis derrière les barreaux et en a payé le prix : poignardée, elle a failli y laisser la vie et a passé de longs mois ennuyeux derrière un bureau. De nouveau sur le terrain, elle cherche à retrouver ce copycat dont les motivations sont opaques.

Et le choix des victimes, incompréhensible. Mais rapidement, Henley comprend que ce tueur lui adresse des messages tout à fait personnels.

Pour l’arrêter, Henley doit affronter ses propres démons et revivre en plus intense ce qu’elle a déjà éprouvé avec l’Équarrisseur.

Critique :
Voilà un thriller qui fait le job ! Non, il ne révolutionnera pas le genre, non, le Peter Olivier ne sera pas le nouveau Hannibal Lecter, mais il travaille dur pour y arriver.

Désolée, mais Hannibal Le Cannibale est indétrônable et foutait plus la trouille que le Peter Olivier, même si ce dernier n’est pas mal dans son genre : froid, minutieux, il balance phrases qui claquent, est dominant et manipulateur. Il lui manque juste la classe du Hannibal.

Lors des premières pages, on commence dans l’horreur et les corps éparpillés façon puzzle, à la manière du serial-killer Peter Olivier. Problème : le mec est en quartier de haute sécurité, derrière des barreaux.

Composé de chapitres assez courts, ce thriller se lit assez vite, les pages défilent et même si c’est un pavé de 600 pages, on n’a pas l’impression que le rythme s’essouffle ou que l’on a des pages pour rien.

Petit bémol dans la présentation des personnages : il faut lire assez bien de pages pour comprendre que l’inspectrice Anjelica Henley est Noire et que Ramouter, son stagiaire, est d’origine Hindoue. C’est en lisant les réflexions des personnages principaux ou secondaires qu’on le comprend.

Autre bémol, c’est qu’on s’attache difficilement à l’inspectrice Anjelica Henley… Ses problèmes de couple sont normaux, son mari lui reprochant de n’être jamais présente, mais ce qui m’a énervée, c’est qu’elle soit en colère lorsque son époux lui annonce qu’il a failli coucher avec une autre femme, alors que notre Anjelica a déjà trompé son époux et ne se privera pas de le faire encore une fois…

Le tueur en série, Peter Olivier, est un mec imbuvable, se disant innocent, victime d’une erreur judiciaire. Qu’il se soit vengé de ses tortionnaires, je le comprend aisément, mais c’est la manière dont il les a massacré qui passe moins bien. Les découper et semer les morceaux n’était sans doute pas la chose à faire pour s’attirer la sympathie du public.

Comme les tueurs en série, il a une haute opinion de lui-même et aucun remords. Tout est de la faute des autres, presque. Ses paroles sont le reflet de sa propre logique, mais pas de la logique tout court. Dire qu’il y a des femmes qui lui écrivent des lettres d’amour…

Un thriller mené tambour battant, addictif, qui avance assez vite, sans pour autant aller trop vite ou lambiner en route. Il est plaisant à lire, sans révolutionner le genre et son final est bourré d’adrénaline.

#lemoisanglais

#Pavés de l’été

Chroniques pour le Mois Anglais publiées sur Babelio :

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°244], Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°48] et le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

 

‭Harry Potter – 07 – Harry Potter et les reliques de la mort : J.K. Rowling ‬[LC avec Bianca]

Titre : Harry Potter – 07 – Harry Potter et les reliques de la mort

Auteur : J.K. Rowling
Édition : Folio Junior (2011) 896 pages
Édition Originale : Harry Potter, book 7: Harry Potter and the Deathly Hallows (2007)
Traduction : Jean-François Ménard

Résumé :
Cette année, Harry a dix-sept ans et ne retourne pas à Poudlard. Avec Ron et Hermione, il se consacre à la dernière mission confiée par Dumbledore.

Mais le Seigneur des Ténèbres règne en maître. Traqués, les trois fidèles amis sont contraints et la clandestinité.

D’épreuves en révélations, le courage les choix et les sacrifices de Harry seront déterminants dans la lutte contre les forces du Mal.

Avec le dénouement de l’héroïque histoire de Harry Potter, J.K. Rowling signe un chef-d’œuvre d’une grande humanité et d’une maîtrise incomparable.

Critique :
Et voilà, j’ai entièrement relu la saga Harry Potter ! Et j’ai bien fait de la relire, car si cela a conforté mon tome préféré (le 3), cette relecture m’a permis d’apprécier à sa juste valeur le tome 5, que j’avais moins aimé, lors de la première lecture.

J’ai aussi été plus tolérante avec les jérémiades de Harry, dans la coupe de feu. Nous sommes face à des ados, avec leurs hauts et leurs bas…

Relire la saga, plus de 15 ans après, change tout. Pourquoi ? « J’vais vous dire, m’sieurs, dames : j’ai changé » (voix de Sarko). Dans le bon sens, j’espère.

Une partie du talent de J.K Rowling est qu’elle a su inventer un monde fantastique plausible, mais aussi, donner de la profondeur à ses personnages, qu’ils soient du côté des bons ou du côté obscur de la force. Tous les portraits sont soignés, même ceux des chieurs, tels le Malfoy et ses sbires.

C’est un merdeux, mais on comprend que seul, il n’est rien, c’est un couillon. Devant son père, il tremble, cherchant à tout prix à le rendre fier et on remarque aussi que son père, face à Voldemort, a son scrotum et son rectum qui se racrapotent.

Il est toujours dangereux de s’asseoir à la table du diable et Voldemort, avec ses partisans, me fait penser aux dictateurs : la moindre contrariété et les acolytes sautent, à la manière d’un Béria (et les autres) se faisant dézinguer par un Staline.

J’avais lu ce roman à sa sortie, en octobre 2007 et si j’avais de la peine de terminer cette saga, j’avais aussi hâte de savoir ce qui allait se passer. Le plaisir est-il toujours le même, 16 ans après ? OUI !!! J’avais oublié bien des choses, sauf les décès…

Dans ce dernier opus, on ressent bien le parallélisme entre l’idéologie de Voldemort et le nazisme : désigner un bouc émissaire, considérer des gens comme de sang impur, les accuser de tout et les rassembler pour les faire enfermer. Au passage, en assassiner beaucoup.

Pas de logique dans leurs règles, puisque les partisans de Voldemort accusent les Sang-De-Bourbe d’avoir volé les baguettes magiques afin de pratiquer la magie (or, on sait que c’est la baguette qui choisi le sorcier). Les règles sont faites pour être contournées, adaptées et ces gens changent d’avis comme des girouettes dans le vent.

Ayant lu, juste avant, un essai qui parlait du nazisme et du camp d’Auschwitz, certaines similitudes sautaient plus vite aux yeux. Notamment le fait de ne rien dire, puisque l’on ne se sent pas concerné et que l’on a une trouille de tous les diables. Diviser pour régner.

En à peine deux jours, je l’avais dévoré, avec avidité. Alors oui, on pourrait croire qu’il ne se passe pas grand-chose au début de ce roman : nos amis doivent se cacher, voyager sans cesse, l’Horcruxes les transformant en ados grognons et ronchons.

S’il y a 16 ans, cela m’avait horripilé (encore plus dans le film), cette fois-ci, c’est passé crème (je vous le dis, j’ai changé), car je les ai mieux compris. Ils sont seuls, Harry ne sait pas vraiment comment il doit faire, il y a le stress, la peur, le fait d’être seuls, d’avoir le ventre vide…

Harry se pose des questions sur Dumbledore et nous apprendrons, dans ce dernier tome, qu’il n’était pas tout blanc et qu’un autre n’était pas tout à fait noir. Pas de manichéisme, mais de la profondeur, du réalisme, dans tous les personnages. Hormis Bellatrix et Voldemort, qui sont des sadiques et des fous.

Il y a trop à dire sur cette saga que j’ai adorée et que j’adore toujours, et sur ce dernier tome, qui a réussi l’écueil du grand final, là où il aurait pu foirer.

L’autrice a pris le temps de bien construire son univers, ses intrigues et à la fin, tout se tient, les petits détails sont devenus importants, la toile est complète et tout est expliqué (sauf le retour de l’épée dans le Choixpeau). Le final n’est ni trop long, ni trop court, il est juste parfait, même à la relecture.

Tout le monde a eu son moment de gloire, a réussi à mettre sa pierre à l’édifice, même ceux ou celles que l’on n’aurait jamais imaginé : Neville et Luna. Malefoy apparaît sous son vrai jour et ce n’est guère brillant. Chez les Malefoy, c’est Narcissa, la mère, qui en a le plus (de courage).

Anybref, c’est une relecture réussie, une saga géniale, intelligente, un univers riche, des personnages avec de la profondeur, travaillés, qui évoluent, qui ne sont pas figés et durant cette saga, on a des belles surprises. Merde, Rogue m’avait tiré des larmes, à ma première lecture de ce tome 7 !

Une LC réussie de plus, même si Bianca, qui découvrait la saga, est moins enthousiaste que moi sur certains tomes (une relecture et tu verras que tout ira mieux) et a trouvé quelques longueurs dans ce tome 7.

 #lemoisanglais

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°242] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°45] et le Challenge « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Toute la lumière que nous ne pouvons voir : Anthony Doerr [LC avec Bianca]

Titre : Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Auteur : Anthony Doerr
Édition : Livre de Poche (28/09/2016) – 697 pages
Édition Originale : All the light we cannot see (2014)
Traduction : Valérie Malfoy

Résumé :
Marie-Laure Leblanc vit avec son père près du Muséum d’histoire naturelle de Paris où il travaille. A six ans, la petite fille devient aveugle, et son père crée alors pour elle une maquette reconstituant fidèlement leur quartier pour l’aider à s’orienter et à se déplacer.

Six ans plus tard, l’Occupation nazie les pousse à trouver refuge à Saint-Malo chez l’oncle du père de Marie-Laure, un excentrique profondément marqué par son expérience de la Première Guerre mondiale, qui vit reclus dans sa maison en bord de mer.

Pour éviter que les Allemands ne s’en emparent, le Muséum a confié à Leblanc un joyau rare, la copie d’un diamant ayant appartenu à la famille royale de France, sans savoir qu’il s’agit en réalité de l’original.

Loin de là, en Allemagne,

grandit dans un pensionnat pour enfants de mineurs décédés. Curieux et intelligent, l’orphelin se passionne pour la science et la mécanique et apprend rapidement à réparer les machines qui lui tombent sous la main. Un talent rare repéré par les Jeunesses hitlériennes où il se trouve enrôlé.

Prenant conscience des fins auxquelles est utilisée son intelligence, il est sanctionné, devenant un simple soldat de la Wehrmacht. En 1944, son chemin croise en France celui de Marie-Laure alors que Saint-Malo est incendiée et pilonnée par les bombes.

Critique :
Auréolé du prestigieux prix Pulitzer (et non Sulitzer), choix des libraires, des critiques élogieuses… Oulà, n’en jetez plus ! Vu les récompenses, ce roman pouvait faire pchiiittt ou m’emporter. C’est toujours ma crainte avant de commencer un tel livre.

La construction du récit est faite d’alternances entre les personnages de Marie-Laure Leblanc, française et de Werner Pfening, jeune orphelin allemand. Deux jeunes enfants, deux destins différents, diamétralement.

L’auteur a aussi choisi de déconstruire son récit et de faire des bons dans le temps et l’espace, ce qui donne aussi une alternance entre ce qu’il se passe en août 44, à Saint-Malo (rangez votre maillot, il pleut des bombes) et des retours dans le passé, avec les années 30 et le début des années 40, expliquant le destin de ces deux jeunes, ainsi que ceux d’autres personnes.

La partie la plus haletante se déroulera à Saint-Malo, deux mois après le Débarquement. Cela ne sous-entend pas que les autres moments sont dénués d’intérêt, que du contraire, car l’auteur réussi à nous plonger, comme si nous y étions, dans ces années noires de montée du nazisme, des jeunes hitlériennes, de l’exode et de la vie dans une France occupée, avec tickets de rationnements et délations comprises.

Les personnages de Marie-Laure et de Werner sont lumineux, profonds, travaillés. Werner, comme dans la chanson de Cabrel, voulait vivre d’autres manières dans un autre milieu, notamment celui des radios. Il voulait trouver mieux que descendre dans la mine. Trouver mieux que la douce lumière du soir près du feu…

Il ne savait pas… Il pensait que son incorporation dans une école pour former de parfaits petits allemands serait une chance… Il y a appris à fermer les yeux, à être lâche, à suivre la meute, à faire ce qu’on lui ordonnait de faire. Ne le jugeons pas trop vite, ni trop durement, nous mêmes avons tendance à suivre des meutes sur les Rézo Sossio…

C’est un roman de guerre, oui, mais sans pour autant que le récit soit violents, remplis de tripes ou autre. L’auteur est resté assez sobre dans ses descriptions, que ce soit de l’antisémitisme en Allemagne, sur l’exode des Français, sur les camps de prisonniers… Le récit reste soft (malgré un passage plus violent avec un pauvre prisonnier dans le cadre de l’endoctrinement des jeunes nazillons).

Quand à sa plume, sans être exceptionnelle, elle est très agréable à lire. Une fois la première phrase entrée dans mon cerveau, mes yeux ont couru tous seuls sur les pages et j’en avais dévoré 200 sans même m’en rendre compte. Les chapitres sont courts, cela donne du rythme au récit.

Mon seul bémol ira au fait que la rencontre entre Marie-Laure et Werner ait été trop brève, bien trop rapide. J’aurais aimé qu’ils fassent plus qu’un bout de chemin ensemble, j’aurais aimé un autre destin pour ce gamin aux cheveux blancs, enrôlé dans une machine de guerre. Ah, s’il avait écouté Jutta, sa petite soeur…

C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est flamboyant, c’est beau, doux et violent par moment (c’est la guerre tout de même). Il est facile, de nos jours, de juger les actes de celles et ceux qui était présents dans ces moments sombres, mais à leur place, qu’aurions-nous fait (mon éternelle question) ?

Il est agréable de rire aux dépends des allemands, de jouer des petits tours, mais lorsque les punitions arrivent, sous forme d’assassinats ou de tortures, là, plus personne ne rigole. Aurions-nous eu le cran de résister ? De risquer notre vie sans savoir si ce que nous faisions servait à quelque chose ? Je me le demande, encore et toujours…

Anybref, ce roman a été une belle découverte pour moi. Sans posséder un rythme trépident ou de l’action à gogo, il a su me charmer de par sa lenteur, de par ses deux personnages d’enfants que tout sépare, de par sa thématique et ces alternances entre les deux personnages et le temps.

Je me réjouissais à l’avance de cette LC avec Bianca, hélas, le roman ne lui a pas fait le même effet qu’à moi, puisqu’elle l’a tout simplement abandonné à la page 200, sans jamais y avoir trouvé son bonheur, comme je le fis. Un grand écart entre nos ressentis et Bianca ne fera pas de chronique.

Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Congo requiem – Famille Morvan 02 : Jean-Christophe Grangé

Titre : Congo requiem – Famille Morvan 02

Auteur : Jean-Christophe Grangé
Édition : Livre de Poche (2017) – 864 pages

Résumé :
Jonglant entre passé et présent, la suite des aventures de la famille Morvan : Grégoire, ex-barbouze devenu policier, Maggie, sa femme, qu’il bat, et leurs trois enfants, Erwan le policier, Loïc le golden boy cocaïnomane et Gaëlle l’actrice et call-girl.

Erwan et Gregoire Morvan se retrouvent à Lontano, alors que Tutsis et Hutus s’entretuent.

Critique :
Puisque Lontano m’avait fait un effet boeuf, je n’ai guère attendu avant d’enquiller le second et dernier volet de la famille Morvan et hop, cap sur le Congo, ou plutôt, la RDC.

Nom de Zeus, Marty, j’y étais à peine arrivée que je voulais déjà foutre le camp et rentrer dans mon pays ! La RDC n’est pas un pays pour moi.

Le climat était mauvais, ça sentait déjà la poudre, les emmerdes, les difficultés puissance 1000, la corruption à tous les étages et en plus, il faisait chaud, lourd, bref, pas envie de m’attarder.

Pas de bol pour moi, les Morvan, le père et le fils, m’ont empoigné par le fond du short et je me suis retrouvée en train de faire le grand écart entre les deux chtarbés de service. ♫ Saga Africa, attention les secousses ♪ Oui, ben les secousses, elles secoussaient vachement fort, nom de Dieu.

Cette suite est addictive, de ce côté là, je ne vais pas pinailler, même si, avec 100 pages de moins, on aurait gagné en explosivité.

La partie consacrée au périple au Congo était hautement explosive, à tel point que je me suis demandée quels Anges Gardiens étaient en charge de garder Morvan fils entier, vu tout ce qu’il va se prendre sur la gueule.

Là où le bât a blessé, c’est dans le fait que l’enquête sur l’Homme-Clou, dans sa version contemporaine, était une intrigue à tiroir et que la commode en possédait un peu trop, ce qui ne l’à pas rendue « commode » à comprendre.

Pour l’Homme-Clou et les crimes de Lontano, j’avais flairé la couille de rhinocéros dans le pâté et dans le potage. L’auteur avait laissé traîné des indices et puis, on ne me la fait plus, c’était trop tentant de sortir un lapin du chapeau.

Le lapin est sorti, je m’y attendais, même si j’ai douté, vu que la première version, celle du Padre, n’était pas conforme à l’idée que je m’étais faite. Ok, il y avait une autre version cachée, j’avais tout bon. Une petite magouille pour les lecteurs, de temps en temps, ça fait du bien.

Oui, mais il ne faut pas en abuser ! Et là, l’auteur a exagéré dans ses tiroirs à tel point qu’à la fin, je ne savais plus qui avait tué les victimes contemporaines ! Dans le final de Lontano, nous avions une identité, un coupable, bien assumé, pour moi, c’était terminé, ben non ! Boum un second, boum un troisième ! Hé oh, c’est un concours de celui ou celle qui va se désigner coupable ??

J’adore les retournements de situations, les surprises, les secrets cachés que l’on découvre au fil de sa lecture, mais ici, il y en a eu tellement que ça m’a donné le tournis et l’impression de ne plus rien capter. Qu’il faille relancer l’intrigue, je ne suis pas contre, mais il faut que cela reste cohérent. À force de sortir les lapins du chapeau, le final ressemblait à une garenne !

Comme on disait en Belgique, à propos des taxes « Trop is te veel » (trop c’est trop, dans les deux langues nationales). Alors oui, le récit est prenant, addictif, violent, gore à certains moments, mais il faut y aller mollo de la pédale et ne pas trop verser dans les rebondissements à gogo, sinon, le récit perd de sa crédibilité…

Non, ce n’était pas une mauvaise lecture, pas du tout et loin de là, j’ai passé un bon moment, sous adrénaline totale, le voyage au Congo fut haut en couleur, j’ai morflé plein ma gueule, les Morvan n’étant pas des compagnons idéals de voyage et la période pour y aller était super mal choisie en plus…

Au moins, le père Morvan connait bien les codes de l’Afrique, qui est bonne hôtesse, avec lui.

Malgré tout, je ne regrette pas cette lecture, même si je lui préfère Lontano. Cela m’a au moins permis de renouer avec les romans de Grangé et donné envie d’en lire quelques autres.

Un thriller addictif, pour peu qu’on ne soit pas trop regardant sur la crédibilité de certains passages, digne de certains films d’action, où le héros s’en sort toujours, ou sur les nombreux retournements de situations et surprises en tout genre du récit.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°34] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées – Pavé 22 !).

Nuit noire, étoiles mortes : Stephen King

Titre : Nuit noire, étoiles mortes

Auteur : Stephen King
Édition : Livre de Poche Fantastique (2014) – 624 pages
Édition Originale : Full dark, no stars (2010)
Traduction : Nadine Gassie

Résumé :
1922
Un fermier du Nebraska assassine sa femme avec la complicité de leur fils pour l’empêcher de vendre sa propriété à un éleveur de porcs. Le début d’une véritable descente aux enfers dans un univers de violence et de paranoïa.

Grand Chauffeur
Une auteure de polar se fait violer sauvagement au bord d’une route. Rendue à moitié folle par l’agression, elle décide de se venger elle-même de l’homme et de son effrayante complice…

Extension Claire
Un homme atteint d’un cancer, fait un pacte faustien avec un inconnu : en échange d’un peu de vie, il vend un ami d’enfance dont il a toujours été jaloux pour souffrir (ô combien !) à sa place…

Bon Ménage
Une femme découvre par hasard qu’elle vit depuis plus de vingt ans aux côtés d’un tueur en série. Que va-t-il se passer maintenant qu’il sait qu’elle sait…

Critique :
1922, l’épouse d’un fermier veut vendre les 100 acres de bonne terre (putain, des bonnes terres), afin qu’une société y installe son usine à abattre des cochons, ce qui apportera de la pollution dans la rivière.

Son époux, fermier de son état ne veut pas (comme je le comprend, quand on aime la terre, on ne la vend pas), alors, il tue sa femme…

— Oui, vas-y, étrangle-là, fout-la dans le puit !
— Rhô, ce n’est pas bien de penser ça, me souffle ma conscience. On ne tue pas pour des terres, fussent-elles bonnes.
— Oh, sa femme, la chieuse, veut les vendre, foutre le camp ailleurs et ne pense même pas à son gamin, qui n’aura plus de terres à hériter, plus tard. La terre, ça ne se vend pas. Hop, dans le puit, la chieuse !

Une écrivaine se fait violer sur le bord de la route.

— Vengeance ! Flingue ce salopard de violeur, je suis d’accord avec toi.
— On ne peut pas se faire justice soi-même ! me crie une fois de plus cette foutue conscience qui ne me laisse pas tranquille.
— La Justice, c’est comme la vierge Marie : à force de ne pas la voir, le doute s’est installé !
— Non, elle ne peut pas tuer son violeur, elle doit aller porter plainte à la police !
— Pfff, la police, elle ne la croira pas, elle lui demandera si elle ne l’a pas un peu cherché et si les flics interrogent l’enfoiré, il dira qu’ils sont eu des rapports sexuels un peu plus violents, mais qu’elle était d’accord. Alors, une balle entre les deux yeux et l’affaire est réglée !

La troisième histoire, assez courte, met mal à l’aise, en cause un personnage qui n’a aucun remords, même pas un soupçon… Quant à la quatrième et dernière, je l’ai moins aimé, elle m’a semblée fort longue dans son développement et je me suis un peu ennuyée, jusqu’au final.

Une fois de plus, le King m’a transformé en lectrice haineuse, appelant ou cautionnant les meurtres, sans que cela me pose problème. C’est grave ? Ce serait un effet King ?

Ne cherchez pas des étoiles dans ces pages, tout y est sombre, tout n’y est que noirceur de l’âme humaine. Pourtant, au départ, nous étions en présence de gens ordinaires, pas d’assassins. Oui mais voilà, les circonstances ont fait qu’ils ont basculés du côté obscur de la Force, à tort ou à raison.

La question que je me pose souvent : et moi, qu’aurais-je fait à leur place ? Pourrais-je tuer pour des terres ? Oups, oui. Pourrais-je tuer pour me venger ? Oui, absolument. Serais-je prête à passer un contrat avec le diable et transformer en enfer la vie d’une personne que je n’aime pas ? Oh oui, oh oui, oh oui. Survivre au fait d’apprendre que mon mari est un serial killer ? Là, plus compliqué, faut des épaules solides.

Mais aurais-je le courage (ou la folie) de tuer vraiment ? Là, j’en suis moins sûre. Le vouloir, c’est une chose, le faire, c’en est une autre.

L’art de la nouvelle n’est jamais facile, mais Stephen King a toujours su tirer son épingle du jeu et, une fois de plus, il nous offre des nouvelles sombres, sans lumière, sans rédemption, sans même une once de regret ou de prise de conscience dans les esprits de ceux et celles qui ont franchi la ligne rouge.

Malheureusement, si j’ai aimé cette lecture, je n’ai pas vibré comme il m’arrive de le faire, d’habitude, avec les récits du King. Attention, ces nouvelles sont bonnes, noires, sombres, mais elles manquaient parfois d’émotions brutes, comme l’auteur est capable d’en faire naître dans mon petit coeur.

Sans regretter cette découverte, ce roman ne me marquera pas au fer rouge comme d’autres ont pu le faire (ÇA, Misery, Shining, Simetierre, La ligne verte, Dolores Claiborne, Docteur Sleep).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°30], Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Les croassements de la nuit – Inspecteur Pendergast 04 : Douglas Preston et Lincoln Child

Titre : Les croassements de la nuit – Inspecteur Pendergast 04

Auteurs : Douglas Preston et Lincoln Child
Édition : J’ai Lu Thriller (2016) – 604 pages
Édition Originale : Still life with crows (2003)
Traduction : Sebastian Danchin

Résumé :
Medicine Creek, un coin paisible du Kansas.
Aussi, quand le shérif Hazen découvre le cadavre dépecé d’une inconnue au milieu d’un champ de maïs, il se demande s’il ne rêve pas : le corps est entouré de flèches indiennes y sur lesquelles ont été empalés des corbeaux.

Œuvre d’un fou ? Rituel satanique ? Il faut le flair de Pendergast, l’agent du FBI, pour comprendre que cette sinistre mise en scène annonce une suite.

Qui sème parmi les habitants une épouvante d’autant plus vive qu’il ne fait pas l’ombre d’un doute, pour Pendergast, que le tueur est l’un d’eux…

Critique :
Ma première rencontre avec le personnage de Pendergast avait eu lieu il y a longtemps et entre lui et moi, le courant n’était pas du tout passé (La chambre des curiosités).

Et puis, un jour, ma copinaute Sharon a posté une chronique sur ce roman-ci et cela m’a donné l’envie de le lire (l’envie d’avoir envie ♫).

Grâce à elle, j’ai fouillé les bouquineries, trouvé le roman (acheté le roman) et sa lecture ne fut qu’une formalité de même pas deux jours, c’est dire s’il se lit tout seul.

Pourtant, les enquêtes de Pendergast ne sont pas de celles où l’on s’agite dans tous le sens, où notre homme en costume sombre court dans tous les sens. Que du contraire, Pendergast est un épicurien, il prend le temps de boire son thé vert, de mener son enquête à son aise, le tout avec l’estomac bien accroché.

Désolée pour ceux ou celles qui mangent, mais les crimes ne sont pas propres du tout, c’est même à la limite du dégueulasse, du gore, comme si un espèce de loup-garou leq avait commis.

Pas de panique, le coupable est bien de notre monde, même si, pour résoudre cette enquête, notre enquêteur du FBI, issu d’un croisement improbable entre Sherlock Holmes (pour son esprit de déduction), Columbo (pour son calme en toute circonstance), un vampire (qui n’aurait rien contre la lumière du jour) pour son élégance et un Indien pour sa science de se déplacer en silence, va remonter le temps dans son esprit afin d’en savoir plus sur un massacre datant du siècle dernier.

Les auteurs nous font découvrir un autre trou du cul de l’Amérique : Medicine Creek, petite bourgade paisible du Kansas et petite bourgade qui se meurt lentement, dû à l’érosion démographique et au fait qu’il n’y ait rien dans le coin, si ce n’est une usine à transformer des dindes et qui ne donne envie à personne d’en manger !

Progressant dans un village où tout le monde se connait, où tout le monde connait tout le monde (l’esprit de clocher était présent), l’enquête de Pendergast va le mener dans une course poursuite des plus éprouvantes pour mon petit cœur et des plus épouvantable, pour les autres. Chocottes garanties !

Tout compte fait, renouer avec Pendergast m’a fait du bien, même s’il est too much puisqu’il cultive des tas de qualités (intelligent, riche, calme, cultivé, bien sapé, poli). Son duo avec Corrie Swanson était des plus intéressants, puisque tous les deux aux antipodes l’un de l’autre.

Un bon thriller, bien gore, bien violent, avec un final assez long, rempli de suspense, de sang, de peurs et de violences. Et un inspecteur même pas décoiffé, je parie !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°29], et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Rêver : Franck Thilliez

Titre : Rêver

Auteur : Franck Thilliez
Édition : Pocket Thriller (11/05/2017) – 630 pages

Résumé :
Psychologue réputée pour son expertise dans les affaires criminelles, Abigaël souffre d’une narcolepsie sévère qui lui fait confondre le rêve avec la réalité.

De nombreux mystères planent autour de la jeune femme, notamment concernant l’accident qui a coûté la vie à son père et à sa fille, et dont elle est miraculeusement sortie indemne.

L’affaire de disparition d’enfants sur laquelle elle travaille brouille ses derniers repères et fait bientôt basculer sa vie dans un cauchemar éveillé… Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.

Critique :
Abigaël… Encore un personnage de Thilliez qui pourrait aller porter plainte, vu comment son père littéraire l’a affligée de problèmes de santé : narcolepsie et cataplexie, sans oublier que lorsqu’elle rêve, elle a l’impression que c’est la réalité. 

Bon, moi aussi, lorsque je rêve, je pense que c’est réel, même si j’arrive à l’école en pyjama et en charentaises, juchée sur un vélo à trois roues. Alors que je ne vais plus à l’école depuis longtemps (ils m’ont donné mon diplôme), que je porte pas de pyjama, ni de charentaises et que je ne fais plus de tricycle. Pour moi, c’est réaliste.

Oui, mais moi, une fois réveillée, je sais que j’ai rêvé, Abigaël non ! Elle ne sait plus où est la réalité et où est le rêve ! La merde, tout de même, lorsqu’on est psychologue et que l’on aide les policiers dans des affaires sordides d’enlèvements d’enfants.

Hé oui, pas de petit assassin pèpère avec monsieur Thilliez ! Que des grandes poitures du crimes, du vice, du glauque, de l’horreur, de ceux qui se creusent la tête pour mettre en scène leurs saloperies et donner des cauchemars au parents des disparus et aux lecteurs.

Une fois de plus, l’auteur est arrivé à construire un véritable page-turner, avec des chapitres se finissant sur des cliffhanger et dont l’ordre n’est pas chronologique. Pas de stress, il y a une ligne du temps au-dessus qui vous indiquera à quel moment nous nous trouvons (on joue sur une ligne du temps de 7 mois).

Attention, vu que Abigaël ne sait plus où est la réalité, ni quand elle rêve, vous risquez quelques surprises. Faudrait juste pas en abuser…

Si le scénario est addictif et que les mystères semblent insolubles, les problèmes sont venus d’ailleurs : Abigaël, justement ! Difficile de la trouver sympathique, difficile d’entrer en phase avec elle, car j’avais l’impression qu’elle manquait de réalisme, de profondeur, bref, qu’elle était fausse. Sa maladie l’handicape lorsque l’auteur en a besoin et lui fout une paix royale si cela n’est pas nécessaire. Un peu facile.

Abigaël est intelligente et pourtant, elle n’a pas vu ce qui m’a crevé les yeux (trois choses importantes qui m’ont sauté aux yeux). En même temps, si elle les avait remarqué plus tôt, le cours du récit en eut été changé. De toute façon, une fois que j’avais éliminé l’impossible, ce qui me restait, aussi improbable que ça, était la vérité et bingo !

Un autre écueil, ce fut les explications finales, qui m’ont semblées être un peu limite, trop vite expliquées, trop vite expédiées et ensuite, on n’en parle plus. Et cette arme sortie dans la panique, ce tir, cela m’a semblé être le truc en trop, celui qui fout en l’air tout le scénario.

Puis le final, qui se termine abruptement, comme ça, pouf. Le deus ex machina qui vient au secours de l’héroïne qui se trouve dans une situation inextricable ? C’est moyen. Les ficelles étaient plus grosses dans ce roman et je les ai aperçues un peu trop facilement.

Anybref, je ne dis pas que ce thriller est mauvais, juste que je l’ai moins apprécié que d’autres du même auteur, qu’il ne m’a pas emporté comme les autres et que la séduction habituelle n’a pas eu tout à fait lieu. Il est addictif, je l’ai dévoré sur deux jours, mais la vague ne m’a pas emportée comme je le pensais.

Pas grave, il me reste encore quelques romans de l’auteur à découvrir et pour vibrer, comme j’ai l’habitude avec lui.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°28] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).

L’unité Alphabet : Jussi Adler-Olsen

Titre : L’unité Alphabet

Auteur : Jussi Adler-Olsen
Édition : Livre de Poche Thriller (02/01/2020) – 668 pages
Édition Originale : Alfabethuset (1997)
Traduction : Caroline Berg

Résumé :
L’Unité Alphabet est le service psychiatrique d’un hôpital militaire où, pendant la Seconde Guerre mondiale, les médecins allemands infligeaient d’atroces traitements à leurs cobayes, pour la plupart des officiers SS blessés sur le front de l’Est.

Bryan, pilote de la RAF, y a survécu sous une identité allemande en simulant la folie.

Trente ans ont passé mais, chaque jour, il revit ce cauchemar et repense à James, son ami et copilote, qu’il a abandonné à l’Unité Alphabet et qu’il n’a jamais retrouvé.

En 1972, à l’occasion des jeux Olympiques de Munich, Bryan décide de repartir sur ses traces. Sans imaginer que sa quête va réveiller les démons d’un passé plus présent que jamais.

Critique :
Deux aviateurs anglais en mission en territoire ennemi se font abattre et doivent sauter en parachute.

Gérard Oury a fait une super comédie d’un tel scénario, tandis qu’Adler-Olsen en a fait un drame.

Avec l’auteur, pas de rendez-vous aux bains turcs, pas de rencontre avec les personnages joués par De Funès et Bourvil, mais un train sanitaire, rempli d’officiers allemands, dont des nazis.

Pour la race des seigneurs, il était mal vu que la populace apprenne que des officiers à la tête de mort soient devenus fous ou mutiques, suite aux ravages de la guerre, aux explosions.

Prenant la place de deux officiers de la gestapo, nos deux aviateurs anglais vont se retrouver dans un sanatorium à devoir simuler la folie, sans savoir qu’ils ne sont pas les seuls simulateurs…

La partie consacrée à leur séjour dans un hôpital psychiatrique, à faire en sorte de ne pas se faire démasquer, était intéressante, même s’il ne s’y passe pas grand chose et qu’une grande partie tourne aux maltraitances par d’autres pensionnaires.

Par contre, je pensais m’ennuyer durant les recherches de Bryan, trente ans après, et il n’en fut rien. L’auteur ne s’est pas contenté de nous pondre une petite enquête à la Perdu De Vue, il a pensé aux surprises, au suspense, aux mystères, ainsi qu’aux retournements de situation.

Pas d’ennui durant la lecture de ce pavé, qui s’est déroulée sur deux malheureuses journées, tant le récit m’a passionné, malgré les incohérences dans l’enquête qui, avant, n’avait jamais rien donné et puis soudain, bardaf, Bryan avance en trouvant un fil rouge, ainsi que les incohérences dans la guérison d’un personnage.

Mais ce qui m’a manqué le plus, dans ce récit, c’est l’humour cynique présent dans les enquêtes du Département V (c’est son premier roman, donc, pas encore de recette miracle) et des émotions. Et puis, il y avait trop de manichéisme dans les personnages du trio infernal de l’hôpital.

D’accord, avec des personnages tel un ancien dirigeant de camp de concentration et un gestapiste, peu de chances de se retrouver avec des personnages que l’on apprécie, mais j’aurais apprécié qu’ils aient un peu de nuance, que l’auteur en fasse des méchants plus ambigus, moins tranchés. Ils sont cruels à l’excès et cela devient soulant, à la fin.

Ces bémols ne m’ont pas empêchés d’apprécier ce premier roman de l’auteur, sorti en 1997 au Danemark, bien avant le Département V. L’écriture n’est donc pas celle dont j’ai l’habitude, la plume n’étant pas en poils de chameau, chers à notre Assad, donc, elle ne chatouille pas encore.

Pourtant, ce roman n’est pas si mal que ça, même si avec 100 pages de moins, nous aurions eu un récit plus ramassé. Je n’ai pas ressenti les longueurs, mais cela pourrait arriver à certains lecteurs/trices.

Un premier roman qui n’est pas si mal que ça, moins foiré que d’autres premiers romans d’auteurs que j’ai lu (mais ceci n’est que mon avis). Mais ne cherchez pas ce que vous aimez chez l’auteur, ceci n’a rien à voir avec le Département V !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°27] et Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées).