Voice from the Stone : Eric D.Howell (2017)

Ce film est sorti aux États Unis en avril 2017 et vient de sortir directement en DVD en France sans passer par case cinéma.

Ce genre de situations étranges arrivent parfois faute de distributeurs assez couillus pour donner leur chance à autre chose qu’à des block-busters (genre le Valérian de Besson que mes enfants m’ont obligée à voir… et que j’ai trouvé bien long et ennuyeux mais parfait pour des ados)…

Il est vrai que la distribution ne réunit pas de bankables célèbrissimes, bien que l’actrice principale se soit faite remarquer dans Game of Thrones (Daernerys Targarien, la mère des dragons) et Terminator Genesis…

Mais le scénario, l’ambiance, l’esthétique et le jeu des acteurs valaient bien certaines merdouilles surmédiatisées qu’on nous incite à aller voir par un matraquage publicitaire effroyable !

Or donc… Je résume :

Dans les années 50, Verena, une jeune femme, gouvernante autodidacte, spécialisée dans les enfants mutiques à qui elle parvient à rendre la parole, quitte brutalement ses derniers employeurs puisque leur petite bambinette s’est remise à parler pour exprimer presque aussitôt son refus de voir sa gouvernante chérie l’abandonner !

Et oui, ainsi est le contrat. Elle arrive, l’enfant parle, elle repart, comme Nannie MacPhee. Et c’est de plus en plus dur car leur rendre la parole après un traumatisme suppose de nouer un lien émotionnel très fort avec les enfants.

Ça me rappelle que j’ai parlé tard moi-même mais mes parents se sont contentés de m’envoyer à l’école maternelle d’où je suis rentrée en ayant plein de chose à leur dire… genre « merde », « con », « chier » et plein d’autres petits mots ravissants ! J’avais enfin trouvé des trucs intéressants à leur dire et qu’ils ne pouvaient plus faire semblant de ne pas entendre ! Youpeee ! Fin de parenthèse !

Or donc, à peine a-t-elle quitté sa dernière petite protégée qu’elle file telle une Marie Poppins vers son prochain travail: rendre la parole à un petit garçon qui s’obstine à ne plus décrocher un son depuis que sa mère est décédée.

Une grande maison qui porte les traces du temps… un mausolée de famille où gisent les ancêtres… des statues de pierre abîmées un peu partout… un factotum ombrageux limite inquiétant… une grand mère sympathique mais qui ne révèle ses secrets qu’au compte gouttes… un maître de maison distant… une carrière de pierres désaffectée et engloutie par les eaux… et le tout dans une campagne perdue au fin fond de l’Italie où la brume tombe parfois… voilà qui plante le décor… et l’atmosphère.

Critique :
J’ai beaucoup aimé ce film. L’héroïne est belle, sensible, campée par une actrice que je ne connaissais pas et que j’ai trouvée très honorable. Le petit garçon ne parle pas… mais tel un grand acteur en devenir, il parvient avec sobriété à exprimer tellement de choses!

Je ne peux pas m’empêcher de faire un lien entre ce film et le Tour d’Écrou dont je vous avais parlé il y a quelques temps. En effet, une histoire de gouvernante qui débarque dans une maison lugubre et se frotte aux mystères des uns et des autres…

Je craignais même en commençant le visionnage de ce film d’être devant une Nième libre adaptation de l’œuvre d’Henry James, mais cette impression s’est vite dissipée car le scénario est bien différent.

Cela étant… Tout comme dans le Tour d’Écrou, le scénario nous fait subtilement naviguer entre deux eaux, laissant le spectateur choisir la façon dont il peut interpréter les faits, soit en allant du côté du psychologique… soit du côté du fantastique.

Chacun verra midi à sa porte, ou comme moi refusera de choisir en s’attachant justement à l’effet recherché, et aux surprises qui en découlent quand le film arrive à sa fin.

On pourra regretter que le budget n’ait pas permis de rajouter une petite dizaines de minutes au dénouement qui par moments peut paraître un peu précipité et insuffisamment lisible là où prendre un peu plus de temps aurait permis au spectateur de ne pas se sentir trop désorienté…

À moins que ce ne soit un parti pris volontaire pour nous plonger dans une inconfortable perplexité ? État proche de celui de l’héroïne ?

A voir !

Décharge : Moi Ida, en pleine possession de mon peu de moyens grâce à un découvert autorisé, atteste par la présente que le billet ci-dessus a été rédigé bénévolement pour le Blog Cannibal Lecteur, et que je n’ai pas demandé ni reçu de rétributions autres que la considération de Dame Belette.

Et de toute façon, comme on ne fait pas de politique, le Canard Enchaîné se fiche pas mal de ce que nous écrivons ici, alors même si elle me filait 300.000 Brouzoufs Impériaux aux Iles Caïman le fisc n’en saurait rien, épicétou !

En même temps vu le cours actuel du Brouzouf Impérial… Même si le fisc était au courant, ils ne dépenseraient même pas un timbre pour me dire que ce n’est pas bien !

47 réflexions au sujet de « Voice from the Stone : Eric D.Howell (2017) »

  1. Pour ma part, je suis très heureuse de ne pas être allée voir Valerian – même si les petites salles de cinéma voisine, et surtout ceux qui les gèrent, semblent toujours désespérées (j’espère un jour me retrouver à plus de cinq dans la même salle).
    Sinon, cette critique donne envie de découvrir le film.

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        • C’est clair que depuis le début de l’année j’ai bossé chez toi plus que Pénélope à la revue des deux mondes (qui a moins de lecteurs que ton blog… car les abonnés rangent régulièrement leurs exemplaires sans les lire)… et moi je fais ça gratis!

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          • Vu ce que pénélope a fait comme boulot, même ma jument pensionnée depuis des lustres en fait plus dans sa prairie en cherchant son herbe !! Même quand je ne fous rien, j’en fait plus qu’elle, mais putain, son salaire, je le voulais bien, ça faisait cher la ligne.

            Ça fait bien de dire qu’on lit la revue des deux mondes, à la caisse, ça fait lettré, intelligent, dire qu’on me lit, ça ne donnera pas l’envie dans les yeux de ton interlocuteur… mdr

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  2. J’étais curieuse de savoir ce que le film valait, ta critique me donne bien envie de le voir 🙂 (c’est une bonne chose d’avoir signé cette décharge Ida, j’étais à deux doigts d’alerter les autorités ^^)

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  3. Diantre, j’ai failli m’étouffer avec ma tartine en lisant « genre le Valérian de Besson que mes enfants m’ont obligée à voir… « ! J’ai cru que tu nous avais caché ta progéniture la belette! 😮
    Merci Ida pour ce billet gratuit ou à coups de Brouzoufs Impériaux! C’est vrai que pas mal de films de qualité passent à la trappe ou ont un succès confidentiel par manque de moyens… mais heureusement que certains découvrent ces pépites et les font partager! Bien envie de le voir, ce film! Merci! 😀

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    • Oui Belette n’a pas précisé qu’elle m’avait laissé carte blanche au début du billet ! Faut dire qu’elle est bien occupée avec ses ordis en ce moment!

      Pour une fois que je fais une critique sans détruire un film😄! Je suis bien contente d’avoir donne envie de le voir!!!

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        • Bah, Ida, tout le monde sait que je te laisse carte blanche, c’est moins dangereux que de me laisser carte blanche à moi, et si Stelphique prend le risque de me laisser les rênes sur l’encolure pour nos LC, je fais de même avec tes chroniques filmesques ou littéraires 😀

          Et parfois oui, la curiosité fait qu’on a envie de lire un livre qu’un copinaute à détruit ! Ok, sauf 50 nuances… bien que, juste pas sadisme en pensant à la chronique destructrice…

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