[SÉRIES] Le Nom de la Rose – 8 épisodes (2019) [Par Dame Ida]

Depuis 2019 / 52min / Drame, Historique, Thriller

Titre original : The Name of The Rose

Créée par Andrea Porporati, Nigel Williams

Avec : John Turturro, Damian Hardung, Rupert Everett

Nationalités : Italie, Allemagne, France

Résumé Allociné : Italie, 1327. Le moine Franciscain Guillaume de Baskerville et son jeune novice Adso de Melk arrivent dans une abbaye isolée des Alpes. Ils vont être témoins d’une série de meurtres mystérieux.

Tandis que les deux hommes enquêtent et se jettent à la poursuite du meurtrier, ils sont eux-mêmes pris en chasse par l’impitoyable inquisiteur Bernardo Guy. La mission de ce dernier est claire : traquer tous ceux qui critiquent le Pape. Et Baskerville est sur sa liste…

Mon avis (par Dame Ida) :
Alors oui, comme beaucoup d’entre nous, assez vieille pour le voir à l’époque de sa sortie, j’avais savouré avec délectation le film de J-J. Annaud, projeté sur les écrans en 1986 donnant l’un de ses premier rôle marquant au jeune Christian Slater (qui nous offrait une vision de son postérieur dénudé ce qui à l’époque était révolutionnaire, le nu masculin étant encore très sulfureux) et nous démontrait que feu Sean Connery restait terriblement sexy, même en prenant de l’âge ou en portant une robe, et qu’une vraie carrière était possible après James Bond.

J’avais tellement adoré ce film que j’avais filé chez ma libraire pour acheter le livre.

Et la voilà cette gourgandine à me toiser comme une crétine analphabète et à m’expliquer que si j’y tenais, elle pouvait me le commander mais, que franchement il était bien trop dur à lire pour la jeune fille de 15 ans que j’étais car il y avait des citations latine (et alors ? J’aurais pu avoir pris latin en option!) et plein de passages compliqués sur l’histoire parce que tout de même petite demoiselle… c’est du Umberto Eco quôa…

La cause du vainqueur a plu aux Dieux, celle du vaincu à Caton

Je ne me suis pas démontée et j’ai confirmé ma demande, et me suis régalée du livre.

Je regrette juste avec le temps de n’être pas allée revoir cette libraire idiote (qui a fait faillite bien avant Amazon juste parce qu’elle était nulle) juste pour lui dire que j’avais kiffé grave la race de ma mémère (Ah oui en 86 on ne disait pas encore ça…) en lisant les passages historiques parce que justement j’ai toujours été passionnée d’histoire religieuse depuis mon enfance de petite surdouée à centres d’intérêts bizarres !

Que voulez-vous quand j’ai compris que je ne serai jamais papesse, j’étais révoltée et me suis tournée vers d’autres explorations… Mais peu importe là n’est pas le sujet. Ma vie est passionnante mais… mes enfants me disent que tout le monde s’en fout ! Les philistins !

Anybref, forcément, TF1 diffusant la série le samedi soir très tard après l’émission nulle de prime time qui fait baisser le QI des cerveaux disponibles, je me suis jetée sur cette série comme le fisc sur les économies de feue Mamie Pépettes.

Évidemment, j’ai découvert la diffusion par hasard, prenant en cours de route l’avant dernier épisode. Fort heureusement, l’intégralité des épisodes est encore disponible en replay sur le site de TF1 (profitez-en si le cœur vous en dit), et cela m’a bien occupée ce dimanche passée en célibataire, Sieur Mon Epoux devant travailler ce weekend.

Alors ? J’en ai pensé quoi ?

Et ben… pas que du bien. Le livre est un chef d’œuvre et le film d’Annaud avait mis la barre très haut.

Et puis, comparer le film d’Annaud de deux ou trois heures à une série de huit heures conduit immanquablement à trouver que la série manque de rythme et se trouve truffée de longueurs…

On pourrait supposer que c’est juste un effet de changement de format mais pas que. Car dans les longueurs les scénaristes/adaptateurs de la série rajoutent tout un tas d’éléments scénaristiques qui non contents d’être absents du film étaient également carrément absent du livre !

Non seulement des choses se rajoutent (on suit le parcours de Bernardo Guy contre les hérétiques dès le début de la série!), mais en outre des éléments importants du livre sont modifiés et des personnages sont rajoutés.

Comme par exemple, une sombre histoire de vengeance avec un personnage absent du livre se déploie dès le premier épisode et va aller jusqu’à interférer avec l’intrigue pour modifier des éléments importants du dénouement.

Ces modifications me sembleront avoir pour but d’édulcorer toute la cruauté de l’obscurantisme moyenâgeux qui ne serait qu’incarné par Bernado Guy dans la série alors qu’à l’exception de Guillaume de Baskerville et de son disciple Adso, tout le monde y participe dans le livre et le film.

Et le film d’Annaud lui, ne lésine pas avec la crasse de l’époque où tous piétinent dans la boue et le froid et ne semblent pas se laver régulièrement…

Là, dans cette série tout est bien propret. Même les paysans sont cleans, bien coiffés, bien rasés ou avec des barbes bien entretenues. Même la sauvageonne qui dévergonde Adso se pavane dans une jolie robe bien propre avec des boucles bien nettes alors qu’elle n’a même pas de cabane ou vivre dans la forêt.

L’abbaye elle-même est jolie. Curieusement construite sur le même plan (ou presque) que celle du film de Annaud (alors que le plan de la bibliothèque du livre est très différent), l’abbaye de cette série n’est pas un tas de pierres noircies par la fumée, la boue et les lichens… Elle est toute proprette comme si le ravalement de façade venait d’avoir lieux. À l’intérieur rien de lugubre… de jolies peintures murales… on a même presque l’impression qu’ils ont installé le chauffage central à en croire leurs tenues de nuit…

Alors oui, l’intrigue centrale du livre est relativement bien respectée mais elle perd terriblement en intensité à cause du développement ou de la transformations d’éléments secondaires présents dans le livre (la dispute sur la pauvreté du Christ… l’hérésie de Fra Dolcino… les histoires de cœur d’Adso…) et des inventions rajoutées (je ne spoilerai pas ce qui touche à la fin… mais le rajout d’un candidat au poste d’adjoint à la bibliothèque qui vient aider nos enquêteurs n’apporte rien voire… laisse planer le doute d’un artifice scénaristique servant de Joker pour apporter des éléments).

Certains des éléments de contextes sont bien présents dans le livre et avec une certaine densité mais ils sont ici amenés d’une autre manière, avec des flash-back ou des échanges qui n’ont pas eu lieux ainsi dans le livre et prenant une dimension presque artificielle…

C’est assez mal équilibré dans l’ensemble et je me suis ennuyée…

Le film d’Annaud était déséquilibré dans l’autre sens : la durée limitée du film exigeait d’élaguer tout ce qui ne servait pas l’intrigue centrale. Mais en fait, le rythme faisait oublier l’absence des développement historico-théologiques du livre.

Sur le plan distribution on retrouvera quelques visages connus : Tcheky Karyo dans le rôle du Pape (qui n’apparaît pourtant pas dans le roman…), Michael Emerson campera quant à lui un Abbé crédible et Ruppert Everett sera méconnaissable en Bernado Guy (loin de cette fabuleuse photo de la campagne de pub pour Opium Homme de Saint-Laurent où il me faisait rêver – étais-je naïve ! Il est gay ! – ou du Sherlock Holmes incarné dans un film d’ailleurs assez moyen)… Et même les inconnus servaient plutôt bien le film.

En conclusion, une série basée sur un tel livre ne peut que capter l’intérêt du spectateur, mais elle ne souffrira pas très bien la comparaison avec le film d’Annaud bien plus fidèle au livre malgré l’élagage des éléments secondaires.

Cette série pèche justement d’avoir trop voulu développer ces éléments secondaires parfois artificiellement, avec maladresse et longueurs ou en les transformant, et ce parfois d’une manière trop radicale pour respecter l’œuvre originale.

Et quand on ne respecte pas l’œuvre originale, Ida est déçue.

21 réflexions au sujet de « [SÉRIES] Le Nom de la Rose – 8 épisodes (2019) [Par Dame Ida] »

  1. Tout à fait juste :
    « Cette série pèche justement d’avoir trop voulu développer ces éléments secondaires parfois artificiellement, avec maladresse et longueurs ou en les transformant, et ce parfois d’une manière trop radicale pour respecter l’œuvre originale. »

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