Le Roman des Morts Secrètes de l’Histoire : Philippe Charlier [Par Dame Ida, Membre Honoraire du Fan Club de Stéphane Bern]

Titre : Le Roman des Morts Secrètes de l’Histoire

Auteur : Philippe Charlier
Éditions : du Rocher (2011)

Résumé :
Alexandre le Grand, Cléopâtre, Gilles de Rais, Christophe Colomb, Marie Stuart, Molière, Marat, Casanova, Sissi, Raspoutine, les Romanov… Des personnages illustres dont la disparition reste nimbée de mystère.

L’Histoire dit-elle la vérité ? Les causes de décès transmises au fil du temps sont-elles authentiques ? Une seule manière de le savoir : faire parler les morts…

Exhumation de restes momifiés, comparaisons génétiques, recherche de traces d’empoisonnement, relecture de procès-verbaux d’autopsie…

À l’aide des techniques de pointe de la médecine légale appliquées à l’archéologie, ce Roman des morts secrètes dissèque les plus grandes célébrités, parties en emportant le secret de leurs derniers instants. Un secret que l’Histoire s’est parfois bien gardée de révéler…

L’avis de Dame Ida : 
Comme vous le savez, je suis une folle-dingo-psycho-barge des potins de la famille royale britannique, certes présents, et futurs mais aussi du passé.

Et puis ne soyons pas mesquine ! Il n’y a pas que chez les royals britanniques qu’on a des ragots croustillants…

Nos défunts feus les french royals n’étaient pas en reste questions turpitudes et on peut aussi étendre notre voyeurisme au reste du monde et à toutes les époques.

Et ouais… ce n’est pas faire mentir Freud que de rappeler que la curiosité scientifique ou épistémologique n’est jamais qu’une sublimation du voyeurisme et de la curiosité sexuelle.

Et sachant que quand j’étais petite, genre 8 ou 10 ans, j’étais assez effrayante pour ma famille car j’étais passionnée également par les rites funéraires des civilisations disparues, ce mélange précoce de curiosité historiquement sublimée pour le sexe et la mort guide encore et toujours les lectures.

Or donc… pour résumer… je suis passionnée par les petites histoires de l’Histoire… et quand je suis tombée sur ce livre pendant une séance de bookshopping avec une vieille copine (ouaip ! Des plus vieilles que moi ça existe encore!), la couverture a opéré une sorte de charme hypnotique sur mon regard et j’entendais également un chuchotis des pages s’élever vers mes oreilles… « Achète-moi ! »… « Achète-moi ! » disait ce chuchotis.

Et puis il y avait le nom de l’auteur aussi… Philippe Charlier… Le médecin-légiste habitué des émissions historiques et accessoirement bogosse à qui je léguerai volontiers mon cadavre pour qu’il lui administre les derniers outrages entre le suaire et la paillasse ! Oui je sais… j’ai des fantasmes étranges mais n’oubliez pas que j’ai épousé un inquisiteur frustré qui a d’autres jeux très étranges. Mais… je m’égare, je m’égare…

J’en ai pensé quoi donc de ce livre ? Sur toutes les petites histoires de ces morts ?

Le livre se lit plutôt bien. Il est en outre découpé en chapitres de longueurs variables mais pas trop longs, chacun étant consacré à un personnage. Cela évite les longueurs et permet d’en lire un petit bout par-ci, un petit bout par-là tout en ayant une autre lecture en parallèle.

Ce découpage en ferait un ouvrage idéal pour les lectures de toilettes par exemple…

Mais j’avoue que ça ne serait pas sympa pour l’auteur car son travail ne mérite certainement pas que l’on puisse imaginer comparer son ouvrage à un torchon, ou qu’on l’associe à des déjections. Non ! C’est un livre très agréable.

Le style est dynamique mais demande malgré tout une certaine attention. D’une part parce que le dynamisme du style fait justement que la progression des idées va parfois assez rapidement et supporte mal parfois un relâchement de la concentration…

À cela s’ajoutent quelques mots techniques sans que cela ne sombre pour autant dans du jargon pénible… Des occurrences de vocabulaires spécifiques aux époques vécues par les personnages méritent aussi attention…

J’ai passé un bon moment dans l’ensemble mais j’ai toutefois trouvé le titre un peu inadapté, voire quelque peu racoleur en le mettant en rapport à ce que j’ai trouvé dans l’emballage. Et ça… ça me dérange toujours un peu car même si j’ai appris plein de trucs sur certains de ces personnages…

On ne peut tout de même pas dire que la mort de Mata Hari, ou de Marie Stuart, ou de Gilles de Rais aient été si secrètes que cela vu qu’ils furent exécutés devant témoins et que le diagnostic sur les causes de la mort s’imposaient d’elles-mêmes.

Pour Marat… les circonstances de sa mort sont aussi secrètes que celles d’Henri IV mais curieusement, ce n’est pas du Vert-Galant qu’on parlera, mais du supplice de son assassin et de celui qui tenta plus tard de trucider Louis XV.

On sait que la mention « secret » dans un titre fait vendre… Mais il n’est pas ici employé à juste titre. On aurait mieux fait de titrer « Petits secrets concernant quelques morts célèbres », car en réalité il n’y aura pas de véritable secret médico-légal pour bien des personnages dont il sera question.

Alors oui… de quoi est mort Mozart ? Là les théories diverses peuvent s’accumuler…

On peut les confronter, analyser leur caractère plus ou moins fondées, trancher en faveur de l’une ou en proposer une autre… Là pourquoi pas.

Comment Raspoutine a-t-il fait pour ne mourir qu’au terme d’un réel acharnement meurtrier, montrant une résistance assez sidérante ? Oui… là, il y a quelque chose de presque mystérieux.

Après… comment se prononcer sur la mort d’Alexandre Le Grand, Le Caravage, ou Jacques Coeur sans disposer des corps et sur de simples indications écrites parfois peu concordantes…

Là ça devient plus hasardeux et peut aller difficilement au-delà de la confrontation des données historiographiques ou documentaires. On est donc très loin des « Experts à Miami » !

Et pour le Chevalier d’Éon mort paisiblement de vieillesse dans son lit…

On sait bien que le mystère ne consiste pas tant dans les circonstances de sa mort que dans celles de sa vie et en particulier dans ce qu’il pouvait avoir à cacher dans ses sous-vêtements ! Homme ou femme ?

Personnage non-binaire ou transgenre qui s’ignorait car ces catégories de pensée n’existaient pas encore à son époque ? C’est bien là que réside l’énigme et non pas dans sa mort… même si au moment de sa toilette mortuaire le secret de son anatomie fut enfin levé !

Bref… Les amoureux d’histoire trouveront cette lecture distrayante, mais il ne faudra pas non plus s’attendre à des révélations fracassantes ! Après tout… serai-je en train de spoiler en vous révélant que tous ces défunts ont pour point commun d’être morts d’un arrêt du cœur ?