Maudits soient les artistes : Maurice Gouiran

Titre : Maudits soient les artistes

Auteur : Maurice Gouiran
Éditions : Jigal (2016) / Jigal poche (2017)

Résumé :
La découverte de centaines d’œuvres d’art dans l’appartement d’un octogénaire munichois, 70 ans après la fin de la guerre, a fait resurgir de vieux fantômes : le vieil homme n’était-il pas le fils d’un célèbre marchand d’art ayant œuvré pour le Reich ?

À Marseille, un modeste couple de retraités des quartiers Nord, Valentine et Ludovic Bertignac, entame une procédure judiciaire afin de récupérer une dizaine de tableaux retrouvés à Munich.

Clovis Narigou, qui a un urgent besoin d’argent, effectue quelques piges pour un grand magazine national. On le retrouve en Ariège, sur les traces d’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle qui a fui le monde pour y mourir en ermite.

De fil en aiguille, Clovis va s’intéresser au camp de Rieucros, en Lozère, où le matheux a séjourné avec sa mère. Un camp pour femmes et enfants, créé alors par Vichy. Clovis apprend que Valentine Bertignac y a également été incarcérée.

Pour les besoins de son enquête, Clovis va se replonger dans ces années noires, la guerre que livra Goebbels à l’art dégénéré et le pillage des collections juives par Goering. Tout va s’accélérer lorsqu’il apprend l’assassinat sauvage des époux Bertignac au cours d’un bien curieux home-jacking.

Critique :
Il ne faut pas être un bandit de grand chemin pour savoir que les home jacking, il vaut mieux les faire dans des maisons habitées par des gens qui ont de la thune et pas chez le pauvre type qui a du mal à payer sa bouteille de vinasse…

Pourtant, un home jacking a eu lieu chez un mec sans le sou (et on l’a assassiné après lui avoir roussi la plante des pieds), puis chez un autre, pas plus riche, mais qui a réussi à s’enfuir… Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ? Ce sont les questions que vont se poser Clovis Narigou et qui va lui faire démarrer sa petite enquête (mais pas que ça).

Ce polar n’a rien de trépidant, notre Clovis prenant son temps pour son enquête et l’auteur en profite pour poser son cadre de vie : une ancienne bergerie restaurée, son fils qui débarque avec sa compagne et trois autres couples, accompagnés de leur petits velociraptors de gosses.

Pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, même si j’aurais bien expédié les petits monstres de gosses non éduqués se perdre dans les montagnes…

En fait, dans ce roman, ce qui est le plus intéressant, c’est la partie historique concernant les spoliations d’œuvres d’art aux Juifs, durant la période des années 1935 à la fin de la Seconde Guerre.

Sans oublier l’hypocrisie des nazis, Goering en tête, qui, tout en fustigeant l’art dégénéré, se gardait des tableaux pour lui… Plus tous les autres qui se sont servis allégrement à tel point qu’une chatte n’y retrouverait plus ses jeunes et qu’il est difficile pour les descendants des spoliés de récupérer leurs biens.

Entrecoupé de flash-back, le récit se lit presque d’une traite, tant il est intéressant et composé de plusieurs épaisseurs, tel un gâteau surprise et le final est la cerise sur ce même gâteau, tant il était inattendu et très bien amené. Le tout était de relier les fils de toutes ces histoires éparses et l’auteur a fait un beau travail de tricot !

Clovis, notre enquêteur un peu bourru, préférant la compagnie de ses chèvres aux humains, est attachant. J’ai aimé son côté enquêteur à l’ancienne, se fiant à son flair et passant des coups de fils, le tout sans être un super-héros ou un Jack Bauer.

Finalement, si la couverture est angoissante avec ce type portant un masque à gaz et un casque allemand, ce polar est totalement à l’opposé, car j’ai souri à certains passages et ailleurs, je me suis cultivée un peu plus.

Une belle découverte, un polar qui prenait les poussières depuis trop longtemps… Un bon roman policier, plus chouette que son horrible couverture qui pourrait donner envie de fuir ce polar !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°131] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°23).

12 réflexions au sujet de « Maudits soient les artistes : Maurice Gouiran »

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  3. C’est en effet un paradoxe sidérant que de définir les oeuvres créées par des artistes juifs d’art « dégénéré » pour se le mettre à gauche… c’est comme les flics qui récupèrent la drogue confisquée ou des biens saisis pour leur propre bénéfice… ou ces télé évangélistes ou curés qui fustigent le sexe hors mariage ou le porno alors qu’ils mènent des vie de patachons !

    De toute façon c’est le principe même de l’envie que de vouloir interdire aux autres ce qu’on n’a pas soi même en espérant leur piquer ! 🙄

    Et le totalitarisme nazi, communiste ou autre… repose toujours sur ces mêmes paradoxes!!! Y a qu’a voir les lanceurs d’alertes zigouillés en prison pour avoir dénoncé les fortunes que leurs dirigeants « socialistes » ont mis de coté ! 😤

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    • Charité bien ordonnée commence par soi-même, c’est bien connu… Sinon, j’ai aussi en stock « celui qui veut noyer son chien dis qu’il a la rage ».

      Les socialistes, riches ? Oh, non, jamais, il n’y a pas de gauche caviar… 🙄 Tout le monde veut cacher ce qu’il fait, l’argent qu’il a, et surtout les moyens qu’il a mis en œuvre pour obtenir le fric (vols, spoliations et autres).

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