Filles : Frederick Busch

Titre : Filles                                                                                        big_3

Auteur : Frederick Busch
Édition : Gallimard (2010) / Folio Policiers (2013)

Résumé :
Dans l’interminable hiver nord-américain, Jack, flic déchu au rang de vigile pour campus chic, ne pense qu’aux filles : adolescentes heureuses disparues sans laisser de traces, dont les portraits le dévisagent et le cernent ; et puis ce bébé mort accidentellement, à peine une fillette, dont son couple ne finit plus de faire le deuil.

Rongé par la perte et de silence, Jack cherche à se racheter en retrouvant ses réflexes d’enquêteur : consoler des parents en découvrant la vérité sur leur fille. Mais l’enquête tourne à l’obsession. Et sa liaison impossible avec une jeune enseignante ravive en lui un désir qui va le sauver ou le détruire.

La peinture du microcosme provincial et universitaire dessine un portrait saisissant des hantises d’une Amérique à la fois bien-pensante et ravagée par le ressentiment social, la guerre des sexes et les pulsions obscures.

Sur un argument aux échos dérangeants, Frederick Busch réussit miraculeusement, par un mélange de pudeur et de franchise, un roman aussi digne que poignant.

Critique : 
Me voici devant une critique fort peu aisée à faire. J’ai aimé le roman, mais… Ben oui, il y a un « mais ».

Qu’est-ce qui m’a empêché de savourer le roman alors que les autres l’ont adorés ?

Serait-ce le manque d’action ? Non, pas vraiment. Le récit prend son temps, certes, ce qui nous laisse tout le loisir de faire plus ample connaissance avec Jack, un ancien flic devenu vigile dans une université fréquentée par des gosses de riches.

Les personnages seraient-ils mal travaillés, alors ? Non, pas du tout ! Que du contraire ! Notre Jack est un homme blessé par la mort de sa petite fille et lui et sa femme, Fanny, ont bien du mal à communiquer entre eux.

Leur souffrance est latente, comme prête à exploser. Ils s’aiment mais chacun vit sa vie de son côté, lui travaillant la journée, elle la nuit. Leur couple ne tient que pas habitude, la souffrance vécue étant leur ciment. Ciment qui a tendance à foutre le camp…

Durant toute la lecture, j’ai tenté de deviner ce qu’il s’était passé avec leur enfant, de comprendre pourquoi Fanny avait l’air de reporter toute la culpabilité sur son mari. Comme si c’était lui qui faisait tout à l’envers, comme s’il ne souffrait pas assez, comme si Fanny était la seule à avoir du chagrin…

Comme si le couple voulait oublier les causes de la mort de leur enfant : accident, fatalité, meurtre, omission… Chape de plomb coulée sur la chose.

En tout cas, de ce point de vue là, je ne peux pas reprocher à l’auteur de ne pas avoir su me faire ressentir toute la souffrance de ce couple et de ne pas m’avoir démontré que la perte d’un enfant, dans un couple, pouvait le dévaster profondément. Ici, c’est à petit feu que tout se désagrège.

Alors quoi ? Le fait que ce polar tienne plus du drame psychologique que d’une enquête dite « classique » ? Non, pas vraiment… Cela ne m’a pas trop dérangé que l’enquête sur la disparition de Janice Tanner passe un peu au second plan.

Jack n’est pas le meilleur enquêteur de cette petite ville de l’Amérique du Nord, il part parfois dans tous les sens, cassant la gueule à un petit dealer, omettant de fouiller aussi la chambre de la gamine, mais bon, ce n’est pas son job et il a accepté de s’occuper de l’affaire un peu à contrecœur.

Le temps démoralisant m’aurait-il tapé sur les nerfs ? Non plus, la neige, tombant quasi sans discontinuer, donne un faux air de huis clos à ce récit et le rend même oppressant à force d’étaler tant de blancheur sur tant de noir.

En fait, mon problème est venu du style d’écriture de l’auteur auquel je n’ai pas accroché. Jack, le narrateur, du fait de sa souffrance intérieure, a une manière de nous raconter les choses et c’est là que le bât à blessé entre lui et moi.

Bon, vers la moitié, ça allait mieux, m’étant habituée…

Voilà pourquoi je râle en écrivant ma chronique : ce roman avait tout pour me plaire de par sa psychologie des personnages poussée très loin, leurs blessures profondes, un couple déchiré, un environnement sombre, noir, de la neige pour rendre l’affaire plus complexe et ajouter une note dramatique à une partition qui l’était déjà.

Et moi, je bloque sur le style et la manière de construire le texte…

Y’a des jours comme ça où un grain de sable fait dérailler toute une belle machinerie bien huilée. Malgré tout, no regrets, quand on aime les récits psychologiques, avec un tel roman, on est bien servi.

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Le « Challenge US » chez Noctembule, Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (New York Times Notable Book en 1997) et Ma PAL « Canigou »… C’est du massif !

16 réflexions au sujet de « Filles : Frederick Busch »

  1. Ping : Le challenge USA revient | 22h05 rue des Dames

  2. Moi j’aime les ambiances oppressantes, lentes et avec de la neige en plus, il a vraiment tout pour me plaire ! Oui mais voilà j’ai déjà noté Le Fils l’autre jour, maintenant Les Filles, hé ho Belette, tu me fais la famille quoi là ??? Je m’en sors plus moi ! 😆 Sinon j’ai ajouté le lien sans que tu aies eu à le déposer, grâce au ping (je suis trop forte) ! 😉 Tu n’es pas rentrée dedans mais avec ton anniversaire toussa toussa tu n’avais pas la tête à ça voilà… bisous !

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    • Oui, je me tape toute la famille ! Pour le fiston, si tu as une liseuse, je peux te dépanner 🙄

      Pour les filles, je ne sais pas, c’était en version papier 😛 Le problème du livre, pour moi, c’est la manière dont il est écrit, la tournure des phrases, et l’utilisation de phrases très courtes qui m’ont hérissé le poil 😀

      Oui, purée, j’ai encore oublié mon lien ! 😳 shame on me… allez, une fessée, une fessée !!!

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      • Non ma Belette, pas de fessée, c’est bientôt la trêve de Nowel, j’entre en période de grande mansuétude ! 😆 Pas de bol hein, tu aurais voulu le fouet, je sais bien ! Je vais contacter le père Fouettard rien que pour toi, le 6 décembre approche attention !!!
        Pour le livre, si le style ne suit pas, je suis comme toi, je bloque dès le départ et j’ai du mal à trouver des circonstances atténuantes… Bon, allez je vais passer, en même temps j’ai tellement de livres en retard que ce n’est pas vital ! On doit pouvoir se passer de celui-ci !
        Merci de ta proposition mais je n’ai pas de liseuse, tu sais bien que je fais tout à l’ancienne !!! 😆

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        • Zut, moi qui voulait une fessée ! Et c’est Saint-Nicolas aujourd’hui et comme j’ai été trèèèès sage, il m’a apporté une belle pharyngite rien que pour moi ! 😀 Youpie, je tousse et je mouche, mais il y a pire… 😛 Ça m’a fait un jour de congé vendredi… 😉

          Certains ont aimé le style, moi pas, et puisque tu as tant de livres qui t’attendent, passe ton chemin.

          Je ne voulais pas en entendre parler, avant, de la liseuse, jusqu’à ce que j’essaie… adoptée ! 😀

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          • Rhooo j’ai vu sur FB que t’avais été malade ! Moi aussi j’ai eu une bronchite et deux jours de fièvre, c’est la fièvre qui tue !!! Je suis encore flageolante mais ça va mieux… heureusement je suis en pause… Pas gentil Saint-Nicolas cette année !!! 😆

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            • Je suis toujours malade ! Samedi, ça allait mieux et dimanche, je ne tenais pas sur mes quilles ! 👿

              Là, c’est toujours pas gagné… 😦 c’est le moment d’investir dans des actions sur les mouchoirs en papier parce que j’en consomme à qui mieux mieux ! Mon nez est une fontaine mais il se bouche la nuit, le salaud !

              Bronchite, jamais eu, mon homme oui, moi, mon abonnement, il est chez « pharyngite » 😀

              Courage à nous !

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  3. Ping : Bilan Livresque : Novembre 2014 | The Cannibal Lecteur

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