Titre : Le Pavillon des cancéreux
Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Édition : Presse Pocket (2005)
Résumé :
En 1955, au début de la déstalinisation, Alexandre Soljenitsyne est exilé dans un village du Kazakhstan après huit ans de goulag.
Il apprend alors qu’il est atteint d’un mal inexorable dont le seul nom est un objet de terreur. Miraculeusement épargné, il entreprendra quelques années plus tard le récit de cette expérience.
Au « pavillon des cancéreux », quelques hommes, alités, souffrent d’un mal que l’on dit incurable. Bien que voisins de lit, Roussanov et Kostoglotov ne se parlent pas.
Pour l’un, haut fonctionnaire, la réussite sociale vaut bien quelques concessions.
Pour l’autre, Kostoglotov, seule compte la dignité humaine.
Pour ces êtres en sursis, mais également pour Zoé la naïve, Assia la sensuelle, Vadim le passionné, c’est le sens même de leur vie qui devient le véritable enjeu de leur lutte contre la mort. Une œuvre de vérité.
Critique :
Il est des chroniques plus difficile à écrire que d’autres parce qu’on ne sait pas vraiment par quel bout commencer, ni comment l’introduire.
Un peu comme un œuf qu’une poule aurait du mal à pondre tant la lecture fut longue, dure, intensive, mélangeant des tas d’émotions qu’à la fin, on termine un peu saoule. Et devant sa page blanche.
Éliminons déjà le caillou dans la chaussure, perçons l’abcès de suite : j’avais pris plus de plaisir dans « Une journée d’Ivan Denissovitch » mais les deux romans ne sont pas comparables au niveau du nombre de pages (700 ici).
Pourtant, dans cet hôpital qui soigne les cancéreux, nous avons ici aussi un large panel de la société russe dans toute sa splendeur.
Paul Roussanov est un crétin fini (dans le sens de veule et méprisant) qui s’insurge qu’une tumeur ait osé s’en prendre à lui, cadre zélé du parti communiste ! Non mais… Il est exigeant, s’insurge qu’on ne l’ait pas encore examiné après 18h et menace toujours de porter plainte.
Face à lui, Kostoglotov, un relégué qui a vécu les purges staliniennes, les camps du goulag et la guerre. Un personnage que j’ai mis du temps à cerner…
Nous avons aussi, pour équilibrer le bateau, le bienveillant Sigbatov, condamné à se faire emporter par sa maladie, le cynique Pouddouïev, un moribond désœuvré… Chaly qui boit de la vodka,
Sans oublier l’étrange Chouloubine, qui contemple la salle, silencieux. Du côté des médecins, on a la dévouée Lioudmila Dontsova, Vera Kornilievna Gangart dont la vie se résume à son travail, le serein Léonidovitch, le chirurgien respecté, et Zoé, l’impudente et naïve infirmière.
Dans cet espèce de huis-clos où toutes ces personnes sont obligées de cohabiter, malgré leurs différences de statut social (le Roussanov a refusé le pyjama de l’hosto et a amené le sien), vous n’échapperez pas aux méthodes de soin de l’époque – déjà des rayons, oui ! – ni aux regards des médecins sur ce crabe qu’ils tentaient déjà d’enrayer à l’époque.
L’époque, parlons-en, tien ! Elle n’est pas de tout repos non plus… 1955, Staline est out, mort et embaumé, et le pays est dans une phase de déstalinisation, ce qui n’arrange rien.
La maladie, par contre, les met égaux, se fichant pas mal qu’ils soient ancien prisonnier ou cadre du parti ! Là, c’est égalité. Et la maladie vous montre aussi une part peu connue des gens malades. Pas toujours la meilleure chez certains.
— Et pourquoi lire ? Pourquoi, si on doit tous crever bientôt ?
La balafre de « Grandegueule » frémit.
— C’est justement parce qu’on doit tous crever qu’il faut se dépêcher. Tiens, prends.
Malgré le fait que j’ai aimé découvrir ce petit monde qui souffre, qui espère, qui partage, qui se chamaille, qui perdent courage, qui se battent, j’ai souffert de certaines longueurs dans le roman au point que j’ai sauté des lignes.
Problème aussi, le nom des personnages qui changent souvent, étant appelé selon un nom et ensuite un autre… ça n’aide pas ! Lioudmila Afanassievna alias Dontsova, par exemple ou Paul Nikolaievitch qui est ensuite appelé Roussanov ou Paul Nikolaievitch Roussanov. Bon, lui, vu son caractère de chien, il était reconnaissable.
Soljenitsyne a été soigné dans un pavillon pour cancéreux et il a connu le goulag… Kostoglotov devait lui ressembler un peu. Un homme qui a connu l’horreur dans la vie et qui malgré tout, avance encore et toujours. J’ai aimé le personnage.
C’est un roman sombre, qui vous parle de ce régime qui oubliait sciemment ses membres les plus faibles et qui se complaisait dans ses odieuses certitudes.
Nizamoutdine Bakhramovitch avait aussi insisté pour que l’on ne gardât pas les malades condamnés. Leur mort devait survenir, autant que possible, hors de l’hôpital; cela libérerait de nouveaux lits, épargnerait un spectacle pénible aux malades qui restaient et améliorerait les statistiques, ces malades étant rayé non pour raison de décès, mais avec mention : « État aggravé. »
Un roman qui vous ouvrira tout grand les portes de la souffrance humaine…
Cela faisait six mois que je souffrais comme un martyr, j’en étais arrivé le dernier mois à ne plus pouvoir rester ni couché, ni assis, ni debout sans avoir mal, je ne dormais plus que quelques minutes par vingt-quatre heures, eh bien, tout de même, j’avais eu le temps de réfléchir ! Cet automne-là, j’ai appris que l’homme peut franchir le trait qui le sépare de la mort alors que son corps est encore vivant. Il y a encore en vous, quelque part, du sang qui coule mais, psychologiquement, vous êtes déjà passé par la préparation qui précède la mort. Et vous avez déjà vécu la mort elle-même.
Un roman qui vous fera découvrir la Russie du 20ème siècle, celle de tous les excès, sa grandeur, ses injustices et l’amour énorme que portent ses habitants à leur chère patrie.
Un roman où il ne faut pas vraiment chercher un récit, une histoire, du suspense, car vous êtes juste face à un panel de patients et des médecins qui sont confrontés à la maladie et au manque de place dans cet hôpital de Tachkent
Un roman sombre, un roman qui dénonce un régime, un roman humaniste aussi, qui met en avant la capacité de l’humain à s’inscrire dans son destin. Ou pas.
Challenge « Myself II » par Près de la Plume… Au coin du feu et le « Pavé de l’Été » chez Sur Mes Brizées.
Déjà que le mot roman russe, ne me fait pas rêver. Mais là, tu me fais peur… Bon, je laisse passer.
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j’ai toujours eu un faible pour la Russie aussi et c’est un gros défi que de s’attaquer aux romans russes, moins simples que les américains ou les anglais ;-))
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Je progresse sur mes aprioris sur la littérature russe. Je vais voir des pièces de théâtre adaptées. 🙂
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Pas d’apriori, mais je savais que ce n’était pas la plus facile à lire. Hormis la littérature chinoise en chinois…
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en chinois… Déjà qu’en français ce n’est pas évident 🙂
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Fallait bien trouver une lecture plus hard que la littérature russe… sinon, la littérature des auteurs russes en russe dans le texte ! MDR
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mdr 🙂
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tu te lances dans les classiques russes maintenant ? 😉
Bonne idée après tout, je trouve ça vraiment bien d’être aussi éclectique
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J’essaye, du moins pour mon plaisir à moi. De plus, c’est ce que j’ai choisi pour le Challenge Myself : je lis les auteurs russes ! Il me reste encore les frères Karamazov et Anna Karénine.
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beau challenge
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Pas toujours évident, les auteurs russes ne sont pas au-dessus de mes piles… ce sont souvent des anglais ou des américains.
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j’ai un peu du mal en ce qui me concerne
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Moi aussi avant, mais maintenant, je suis une grande fille… enfin… j’essaye !
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Ah oui je connais son autre roman, lu il y a trop longtemps.. Un beau pavé dis-donc, moi je viens de lire Kinderzimmer (pareil, pas très gai pour les vacances).
Pour l’imbroglio des noms, les russes préfèrent utiliser les patronymes aux noms de famille. Ainsi, celui qu’on appelle Poutine s’appelle pour les Russes « Vladimir Vladimorovitch » Poutine comme pour Eltsine plus connu sous le nom de Boris NikolaIevitch 😉 J’ai étudié le russe pendant des années à la fac d’où ma petite contribution !
Bon 700 pages, je le garde pour plus tard !
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Merci pour cette minute culturelle ! Au début, ça surprend, on est perdu, faut donner un visage à tous ces noms et une fois que c’est fait, on tombe sur un autre nom, mais avec la même tronche… heu ???
Nous aurions pu choisir plus gai durant la période de nos vacances, en effet !
Quand tu dis que tu as étudié le russe, c’était la littérature russe ou la langue en elle-même ??
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un roman qui te laisse sans voix au point de ne pas trouver tes mots ?! mince alors, il est magique 😉
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Non, pas vraiment… il y a du bon, du très bon, mais aussi des longueurs un peu longues (waw, je suis en verve, là!). Je peux pas le descendre, parce qu’il n’a rien d’une daube, loin de là, mais comment commencer une chronique quand tu as sauté des pages, des lignes et que tu as coupé ce roman avec un autre parce que ça devenait trop long ??
Mais je me doute que tu es juste content parce que Belette qui reste sans voix, ça fait des vacances à tout le monde…. je ferai semblant de ne pas avoir compris, ni d’avoir su lire entre les lignes ! Na !
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pas besoin de lire entre les ligne, c’était très clair ce que je disais ahah
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Bouge pas, j’arrive de suite pour te tirer les oreilles et te frapper avec la collection complète de Cartland !
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aïe, ça va faire très mal !
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Très très mal ! Commence déjà à saigner et à te tordre de douleur, j’arrive !
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oh, tu as raison je prends de l’avance, comme ça on gagne du temps
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Bien entendu ! Je suis une femme prévoyante, moi, tu sais !!
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rha ! je n’ai jamais pu le terminer ! commencé mais pas continué…
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faut sauter quelques pages et ensuite, ça va mieux et aussi le couper avec une autre lecture, quand ça devient trop dur…
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Ben t’as pas choisi la facilité, dis donc ! Et pour une lecture estivale, c’est pas gai- gai ! (ça va, t’as gardé le moral ?!)
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Je commence toujours mon challenge pavé par un truc imbuvable, mais le pire ça avait été avec le « alexandre » lu pour le pavé 13. Ensuite, ça va mieux, je tombe sur des pavé plus digeste. J’aurais dû commencer par un Game of thrones…
Oui, j’ai gardé le moral, je me suis racontée des blagues cochonnes !
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Un de mes livre préféré, il pourrait être dans mon top 10
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Pas chez moi !! Là, je suis dans un de ton top 10 : de sang-froid…
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Il m’avait été recommandé par une prof de français du CNED, quand j’étais en 3e – et du coup, cela ne m’a pas donné envie de le lire. Malgré ton beau billet, je ne pense toujours pas le lire : trop de mes proches ont été confrontés à cette maladie, pas toujours avec succès.
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Un roman assez lourd, assez dur à lire, pourtant, j’avais adoré le style de l’auteur dans « une journée d’Ivan »…
Ce roman doit se lire plus pour les personnages et tout ce qui tourne autour d’eux que pour la maladie.
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Bon je ne suis pas sure de me laisser tenter, mais je suis intriguée, combien de pages fait ce pavé?????
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700 !!!! Et pas toujours facile à lire, quelques longueurs, habituelles chez les auteurs russes… le temps de tout installer. J’ai eu du mal, j’avoue !
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