À la mesure de nos silences : Sophie Loubière

Titre : À la mesure de nos silences                                           big_4

Auteur : Sophie Loubière
Édition : Fleuve Éditions (2015)

Résumé :
Jamais Antoine n’aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l’adolescent sortait du lycée, s’apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d’un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l’inconnu, privé de son iPhone.

À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher.

S’il a conclu un marché avec son petit-fils, c’est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études. Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, où il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C’est là que l’enfance de François a trébuché.

Lors d’un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l’Histoire a gardé le secret. À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l’un à l’autre.

La vraie vie n’est jamais là où on l’attend.

Critique : 
Ce que j’aime, dans un roman, c’est que d’un postulat de départ usé jusqu’à la trame du string, l’auteur arrive sortir des sentiers battus et à m’entrainer là où je ne m’y attend pas.

Ce qui est vieux comme le monde c’est le fait qu’un grand-père vieillissant décide de faire un voyage avec son petit-fils en décrochage scolaire, sauf si les questions du Bac portent sur les jeux vidéos et l’addiction aux réseaux sociaux.

François Valent est un ancien journaliste qui a roulé sa bosse dans tous les pays en conflits et Antoine, le petit-fils qui vit par procuration (mais qui ne met pas du vieux pain sur son balcon, je vous rassure de suite) et qui passe son temps à tuer des gens de manière virtuelle.

Alors que l’on pourrait s’attendre à un récit plan-plan de papy sermonnant le gamin durant un voyage jusque Villefranche-de-Rouergue (dans l’Aveyron), et bien, on a droit à bien plus que ça !

Un autre récit en provenance du passé vient se greffer dans le présent et on se demande où tout cela va nous mener, alors, on dévore le tout avec voracité et on serre les dents et les fesses parce que c’est un drame oublié dans un drame encore plus grand : la Seconde Guerre Mondiale.

Petit à petit nous en apprenons plus, l’auteur dosant le suspense, mais en écrivant avec beaucoup de pudeur, sans ajouter de l’horreur dans ce qui est déjà innommable.

Le récit se fait à trois voix : le papy, le gamin et les protagonistes de cet épisode méconnu de la Seconde et qui, je trouve, mériterait que l’on en parle à plus grande échelle.

Il y a de la sensibilité dans le récit, de l’émotion brute, mais aussi de la retenue afin d’éviter de sombrer bêtement dans le voyeurisme.

La manière d’écrire est adaptée selon le personnage qui parle et cela rend les choses plus authentiques. La plume de l’auteur était un plaisir à lire.

Il y a aussi derrière tout cela, une perte de l’innocence des enfants et des blessures profondes. L’amitié, comme l’amour, peuvent se perdre, mais le glas de l’amitié est encore celui qui est le plus dur.

À la mesure de nos silences… si des gens avaient parlé au lieu de se retrancher dans leurs souvenirs douloureux marqué au fer rouge, cela eut été bien mieux pour tout le monde…

Lorsque le passé se dérobe, que l’on refuse de s’attarder sur les choses, alors l’oubli terrasse nos mémoires, et l’on condamne nos morts à errer das les ombrages du destin.

Mais nous aurions manqué ce magnifique voyage entre une petit-fils et un grand-père qui voulait se confesser.

BILAN - Coup de coeur

33 réflexions au sujet de « À la mesure de nos silences : Sophie Loubière »

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  3. Je note aussi (en fait, je viens même de le réserver à la bibli avec ‘Un fond de vérité’). Je veux savoir ce qui s’est passé et comment les deux histoires s’imbriquent (en plus pour une fois, ça se passe en France)

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    • Non mais tu as raison, mon Bison ! Ainsi, si tu croises la couverture du livre, tu penseras à mon string tellement élimé qu’il ne tient plus qu’à un fil… gaffe à ne pas faire péter la tirette de la braguette ! PTDR

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  4. Je suis persuadée aussi qu’il vaut toujours mieux parler que garder des secrets qui empoisonnent la vie.
    Et dommage qu’un bac « réseaux sociaux » n’existe pas, beaucoup de mes élèves l’auraient haut la main !

    Aimé par 1 personne

    • Je pense qu’ils échoueraient parce qu’ils ne savent pas grand-chose sur la chose, ni comment ils sont manipulés 😉

      Oui, ici, un petit mot aurait tout changé ! mais pas de récit, alors.

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