Carajuru : Sébastien Vidal

Titre : Carajuru

Auteur : Sébastien Vidal
Édition : Lucien Souny (03/11/2017)

Résumé :
Lors d’une patrouille nocturne, les gendarmes Walt Brewski et David Arpontet découvrent le corps d’un homme, sans vie, une balle en pleine tête. Il s’avère que la victime est un ancien militaire devenu récemment une célébrité en faisant échec d’une manière héroïque à un braquage dans une banque.

Les premières constatations portent à penser qu’il s’agit d’un suicide, mais certains détails sèment le doute. Pour découvrir la vérité, Brewski et son équipe se plongent dans le passé de l’individu.

Ils en exhumeront de sales histoires et de pénibles secrets. Alors que de nouveaux personnages troubles apparaissent, les pires tourments de Walt ressurgissent et corrodent son moral. Quand les âmes damnées s’unissent et que les victimes se révoltent, l’atmosphère devient explosive et… mortelle.

Critique :
Non, « Carajuru » n’est pas le nouveau juron de Prunelle. Non, il n’a pas remplacé son terrible « Rogntudju » par un autre. Carajuru, c’est juste le titre de ce roman policier.

Et si vous voulez savoir ce que ça veut dire, soit vous achetez le roman et vous le lisez, soit vous demandez à Google, cet ami qui ne vous veut pas que du bien.

Bal tragique à Artiges (petit bled paumé) : un mort. Une balle au milieu du front. Suicide or not suicide ?

C’est ce que vont devoir résoudre l’équipe de gendarmes de l’adjudant, non pas Ludovic Cruchot, mais Walter Brewski.

Alors pour commencer, je vais vous dire ce qui m’a plu dans ce policier : les allusions à la chose de mai 2005. Pas mai 69 ! Mai 2005… Et l’auteur nous donnera la version de tous les protagonistes : les deux gendarmes, le clodo, la femme aux gros nibards, le libraire et les deux… [No spolier]

J’ai apprécié aussi entrer dans le monde différent des gendarmes, ces militaires qui n’en sont pas vraiment. Ça me change des flics traditionnels. La brève incursion dans la Grande Muette m’a fait plaisir aussi. Même si elle est assez brève.

Walt Brewski est un gendarme qui m’a plu, il se fout de sa carrière, ne lèche pas les bottes des supérieurs, s’investit dans son job, n’est pas un crétin fini, déteste les arrivistes et les carriéristes, ça tombe bien, moi aussi !

Ce ne sera jamais mon flic préféré, mais je ne dirais pas non à boire un kawa en sa compagnie, ou à lire sa première enquête qui porte aussi un titre bizarre ressemblant à un cri d’Indien en train de charger la cavalerie de Custer.

Là où j’ai souri de toutes mes dents, c’est lorsque nos gendarmes boivent un café avec un vieux paysan et que celui-ci leur parle du piège que l’Europe a tendu aux agriculteurs. Moment de suprême plaisir car cet homme a résumé tout le bordel en peu de mots.

— Ben, que l’Europe nous a tendu un piège et qu’on est tombé dedans. On nous a expliqué qu’il fallait produire plus pour mieux gagner notre vie. Mais pour ça il fallait passer à la vitesse supérieure : plus de terres, de la grande mécanisation, le grand jeu, quoi ! Alors, on s’est endetté pour payer le matériel nécessaire pour travailler ces surfaces immenses, mais les prix n’ont pas suivi, évidemment. Alors, maintenant, les banques tiennent les paysans par les couilles. C’est une disparition programmée de longue date, pour qu’on laisse la place à une agriculture industrielle de grande échelle, qui produira de la merde.

Bon, passons à ce qui m’a dérangé, ou du moins, ce dont on aurait pu se passer, ou ce qui aurait pu être moins présent dans le récit…

Tout d’abord, les nombreux rêves sexuels de Walt… Ok, il aime le sexe, y’a pas de honte à avoir, sa gonzesse est roulée comme une bimbo, elle aime ça aussi, ils baisent partout et plusieurs fois.

Je ne suis pas fleur bleue, ni prude, mais à un moment donné, toutes ces parties de jambes en l’air ou ces pensées grivoises qui le font bander, ça commençait à faire lourd dans les 313 pages du livre.

Puis ce qui m’a dérangé, ce sont les grandes envolées lyriques à certains moments. Je n’ai rien contre, mais ça surgissait de manière inattendue, et ça ne servait pas l’histoire, mais ceci n’est que mon petit avis.

Au final, j’ai tout de même avalé ce roman en deux jours. Une première partie le 1er janvier, après la réception, et le reste le lendemain, d’une seule traite, quasi.

Ce ne sera pas le policier de l’année 2018, l’intrigue est assez classique, tout en sortant des sentiers battus parce que le final m’a troué le cul.

Le Challenge « A year in England – 2017-2018 » chez Titine (Plaisirs à Cultiver) et Le Challenge « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] et sur le forum de Livraddict (N°16 – Hêtres rouges – Arbre sur la couverture).

61 réflexions au sujet de « Carajuru : Sébastien Vidal »

  1. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Janvier 2018 | The Cannibal Lecteur

  2. Ce titre me fait penser à un juron dans « Le lac des morts vivants », un nanar. Il y a dedans un paysan qui beugle « Promizoulin ! » sans que l’on sache vraiment pourquoi. Oui, bon, hein… Carajuru, ce n’est pas mieux !

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  3. et bin didonc l’auteur voulait faire un livre erotique…et en plus il se trompe pour l’agriculteur (oui l’europe a bon dos)…ce que raconte ce fameux agriculteur (qui devait avoir du calva dans son cafe) est toute la politique agricole francaise apres la 2eme guerre mondiale (bin oui fallait produire pour nourrir le peuple apres le desastre de cette guerre)…donc cela avait bien bien commence avant la creation de l’europe, on leur a demande de produire plus, on a developpe encore plus le credit agricole (je te laisse lire la periode apres guerre sur wikipedia) et l’agriculture s’est modernisee (apres savoir si c’est vraiment bien ou mal…c dur) ….;)

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    • Non, mes grands-pères ne produisaient pas autant, gagnaient bien leur vie, et vendaient leur froment à 4BEF le kilo, ce qui donnerait 0,10€. Problème, c’est que le voisin vend toujours son froment au même prix que celui auquel celui des papys, dans les années 60… Eux s’en sortaient, maintenant, les fermiers ne s’en sortent plus.

      C’est l’Europe qui a demandé de faire plus, d’agrandir, d’investir, de diversifier. Ils ont suivi, puis il y a eu des tas de règles, de normes, les terres en jachères, les surfaces qui ont augmentées, mais les prix, si au début étaient correct, sont vite redescendus. Parce que les produits alimentaires, comme les céréales, sont cotées en bourse. Putain, tu dois suivre le cours de la bourse pour savoir si tu vends ton escourgeon maintenant ou demain, ou après. Quand un fermier de ton bled te dit qu’il aurait mieux fait de ne pas travailler ses terres, parce qu’il n’a rien gagné, ça te fait mal au bide car il a 30 ans, le gamin.

      Il y a sans doute la cause des deux, de l’après-guerre, qui était une période faste, et celle de l’Europe, de la PAC, des quotas laitiers vendus à des prix de dingue… Une bête qui dans les années 90 valait les 80.000 BEF (2.000€), se négocie maintenant à moitié prix… je parle de bêtes « tournées », autrement dit, des BBB (blanc bleu belge), pas une laitière osseuse ! Même les engraisser ne rapporte plus. Celui qui s’en met plein les fouilles, c’est le chevilleur.

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  4. Et bien ! Bonjour Belette/Hannibal, même si elle n’est pas 100% positive j’aime bien ta chronique sur Carajuru. J’apprécie l’humour et le subversif donc j’ai « souri de toutes mes dents » aux allusions à Franquin, Hara Kiri, l’inévitable keuf de Saint-Trop et aussi Litlle big horn. Je te remercie avec sincérité d’en avoir parlé avec ce coeur et cette indépendance d’esprit. Une chronique qui vient du coeur est mille fois plus parlante qu’un papier de suce boule. Ouais, Walt cache deux turpitudes, la violence et le sexe. Il essaie vraiment de soigner la première et se vautre littéralement dans la seconde avec volupté. Si j’ai bien lu, tu ne serais pas contre lire le premier volet de cette « trilogie des Sentiments Noirs ». Si c’est le cas, nous pouvons envisager un SP si cela est dans tes pratiques (à condition de conserver ton indépendance bien évidemment). Donc fais-moi signe et d’ici là, je te souhaite une très belle année, jalonnée de belles rencontres, de claques littéraires et de bonnes vibrations. Hasta la vista…

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    • Bonjour monsieur l’auteur. Merci pour la chronique que vous avez apprécié malgré le fait que je relève un petit point qui m’a un peu embêté. Bon, ceci n’est que mon avis, aussi. J’ai rien contre le sexe, mais il est un fait qu’en 320 pages, ça faisait beaucoup. 😀

      Il est un fait que j’aimerais lire le premier tome, mais vu que je ne suis pas fan des SP, je l’achèterai avec mes petits deniers. Et je chroniquerai toujours avec indépendance. Maintenant que je sais qu’il aime le sexe à fond la caisse, au point d’en rêver, je ne serai plus surprise. 😉

      Bien à vous et au plaisir de vous lire 🙂 Enfin, de suivre la première enquête de Walt..

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      • Me dire « monsieur » c’est comme mettre des poignées à une botte de paille, ça ne colle pas ! J’ai bien noté ce point (et pas G), cependant il n’y a pas tant de scènes que cela, en revanche il y pense pas mal. C’est noté pour Woorara, ça devrait aller il y a moins de nuances de grey. Très bonne fin de soirée, ou de matinée, bref, à plus. Au fait, très chouette ce blog (en tant que blogueur j’apprécie).

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        • pardon, Sébastien ! Par contre, si tu avais dans ta jeunesse, porté des tas de petits ballots de paille pour aider ton grand-père, tu comprendrais que des poignées n’auraient pas fait de tort à mes petites menottes d’enfant !! Ça fait mal, les cordes de ballots !!!

          On va le laisser penser au cul, alors 😆 Woorara est rentré dans mon écurie PALesque, sur une pile instable, avec des tas d’autres sous lui… mais pas sur lui. Yapuka le lire et prendre du plaisir ! 😉

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  5. Et bien ! Bonjour Belette/Hannibal, même si elle n’est pas 100% positive j’aime bien ta chronique sur Carajuru. J’apprécie l’humour et le subversif donc j’ai « souri de toutes mes dents » aux allusions à Franquin, Hara Kiri, l’inévitable keuf de Saint-Trop et aussi Litlle big horn. Je te remercie avec sincérité d’en avoir parlé avec ce coeur et cette indépendance d’esprit. Une chronique qui vient du coeur est mille fois plus parlante qu’un papier de suce boule. Ouais, Walt cache deux turpitudes, la violence et le sexe. Il essaie vraiment de soigner la première et se vautre littéralement dans la seconde avec volupté. Si j’ai bien lu, tu ne serais pas contre lire le premier volet de cette « trilogie des Sentiments Noirs ». Si c’est le cas, nous pouvons envisager un SP si cela est dans tes pratiques (à condition de conserver ton indépendance bien évidemment). Donc fais-moi signe et d’ici là, je te souhaite une très belle année, jalonnée de belles rencontres, de claques littéraires et de bonnes vibrations. Hasta la vista…

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    • Non, la cover est chouette, j’adore le coup de l’arbre sans feuilles, sur un petit chemin avec de la brume. Mais bon, de gustibus…

      Je ne saurais de toute façon te faire un paquet cadeau, la poste n’est pas donnée ! 😀

      Mais je suis contente de l’avoir lu, d’avoir découvert un nouvel auteur et avec moins de rêves oniriques de Walt, j’aurais accroché à fond.

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