Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Bédé) : Fred Fordham et Harper Lee

Titre : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

Scénariste : Harper Lee (d’après le roman de) 🇺🇸
Dessinateur : Fred Fordham 🇬🇧 

Édition : Grasset (2018)
Édition Originale : To Kill a Mockingbird (1960)
Traduction : Isabelle Stoïanov et Isabelle Hausser

Résumé :
Livre culte dans le monde entier, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur raconte l’histoire d’Atticus Finch, jeune avocat, qui élève seul ses deux enfants Jem et Scout. Lorsqu’il est commis d’office pour la défense d’un homme noir accusé d’avoir violé une femme blanche, la vie de la petite famille bascule.

Nous sommes dans les années 1930, dans une petite ville de l’Alabama et certaines vérités peuvent être dangereuses à démontrer…

Grâce au talent de Fred Fordham (notamment découvert en France grâce à Nightfall, paru chez Delcourt), ce roman graphique donne une nouvelle vie au chef d’œuvre d’Harper Lee.

L’illustrateur a exploré les lieux qui ont compté pour la mythique auteure américaine en se plongeant dans sa vie afin de s’approcher au plus près de son imaginaire.

Fred Fordham offre un éclairage inédit du texte avec ce magnifique ouvrage qui renforce encore la modernité de l’œuvre de Lee. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est l’un des plus grands classiques de la littérature du xxème siècle.

Critique :
Le roman avait été un coup de coeur, une déflagration totale, j’avais terminé ma lecture avec le cœur en vrac devant tant d’injustice, devant ce racisme honteux, cette ségrégation intolérable et sur la parodie de justice que je venais de lire…

Hélas, au fil du temps, si je me souvenais du plus important, j’avais oublié les petits détails. Je l’avais lu en septembre 2015…

L’adaptation en bédé était donc le moyen le plus simple de me remémorer l’intégralité de ce roman qui me semble important et que, pourtant, on veut interdire aux États-Unis.

Alors oui, le N-word est présent, il est écrit en toutes lettres, comme il l’était dans le roman original. Est-ce que ça choque ? Oui et non…

C’est un morceau de l’Histoire des États-Unis qu’on lit, une page du grand livre de la ségrégation raciale, du racisme, des injustices, de la haine, du suprémacisme, alors, il ne faut pas s’attendre à des mots doux. Donc oui, il est inscrit très souvent le mot « nègre ». Je déteste ce terme insultant, mais nous sommes en 1930, en Alabama, une terre où la ségrégation raciale a toujours lieu.

D’ailleurs, si dans un livre qui traite d’un tel sujet, à une telle époque, les protagonistes utilisaient un langage policé et à ne pas utiliser ce terme insultant, ce serait tout simplement un anachronisme ! Je pense que je serais plus choquée qu’un auteur se censure et ne travestisse l’Histoire. L’Histoire est sale, sanglante, mais la cacher sous les tapis ne la rendra pas moins atroce.

Les dessins de ce roman graphique sont tout simplement magnifiques, détaillés, avec des tons chauds et le dessinateur a pris soin de reprendre tout ce qui était important dans le roman d’Harper Lee, sans en trahir l’histoire, le récit.

C’est avec délice que je me suis rendue à Maycomb cette petite ville de l’Alabama, retrouvant avec plaisir la jeune Scout et son frère aîné, Jem, ainsi que leur père, Atticus Finch. Je me suis laissée porter par leurs jeux d’enfants, par leurs bêtises et leur apprentissage de la vie.

Cette adaptation, tout comme le roman, est aussi une vitrine de l’Amérique des années 30 et croyez-moi, tout n’y est pas joli joli. L’autrice décrivait très bien cette ruralité, les enfants qui n’allaient pas à l’école, la misère crasse dans laquelle certaines familles vivaient, dépendant toute entière des chèques de l’assistance, nous montrant les séparations qu’il y avait entre classe sociales et ce que l’on attendait des femmes et des jeunes filles.

N’ayant jamais oublié le final du roman, mon cœur s’est serré quand a débuté le procès du jeune homme, Noir, accusé d’un crime grave, par une jeune fille de 19 ans, Blanche. Une parodie de justice, où l’on se moque des preuves, où l’on ne tient pas compte d’une incohérence, d’un fait, d’une preuve… Non, le Noir doit payer, les Blancs sont tout puissants et ils ont toujours raison.

Comme pour le roman, j’ai terminé cette adaptation bédé avec le cœur serré, les tripes nouées, les larmes aux bords des yeux. Certes, ce n’est qu’une histoire, mais on sait bien que cette histoire, cette fiction, n’est jamais que le récit d’Histoires vraies, qui ont eu lieu, dans cette Amérique, où les Noirs étaient toujours coupables et où les Blancs voyaient leurs paroles crues.

Une adaptation à lire, pour ne pas oublier ce qui a eu lieu, ce qui a encore lieu, chez eux, chez nous, toutes ces injustices qui nous plombent et qui envoient des innocents à la casse, tant ils sont de parfaits boucs émissaires, de parfaits coupables…

Un coup de coeur pour cette adaptation, tout comme le roman original, qu’il faut lire et faire lire à d’autres.

#lemoisanglais2024

  • Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°223].
  • Le Mois Anglais – Juin 2024 (@lemoisanglaisofficiel @lou_myloubook et @plaisirsacultiver) – Fiche N°16

7 réflexions au sujet de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Bédé) : Fred Fordham et Harper Lee »

  1. Oh effectivement toute une sacre BD…..et pour le mot, tout a fait d’accord avec toi…..cela me rappelle le professionnel avec Belmondo qu’on avait traite de raciste alors que c’etait le sujet de la colonisation francaise en Afrique…bref c’est grave de nos jours de tout edulcorer…c’est un manque a gagner pour l’education

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    • Lorsque l’on parle d’une époque ségrégationniste (et on est toujours un peu dedans, malheureusement), il faut être fidèle à l’Histoire et ne pas édulcorer, ou ne pas utiliser les sales mots… ce n’est pas rendre service que de planquer tout sous les tapis de l’Histoire, en effet…

      Aimé par 1 personne

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