Le festin du serpent : Ghislain Gilberti

Festin du serpent - Gilberti

Titre : Le festin du serpent                   big_4-5

Auteur : Ghislain Gilberti
Édition : Anne Carrière (2013)

Résumé :
Cécile Sanchez, commissaire de police spécialisée en criminologie, traque les criminels les plus dangereux et les plus déviants qui sévissent dans l’Hexagone.

À la tête d’une section d’élite de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), elle est confrontée à un tueur particulièrement brutal, qui éviscère ses victimes avant d’emporter leurs organes.

Ange-Marie Barthélemy, figure légendaire de l’antiterrorisme, traque avec son équipe un groupuscule islamiste radical, ultra-violent, qui parcourt les grandes villes d’Europe : les membres d’An-Naziate – les  » Anges qui arrachent les âmes » – ne laissent dans leur sillage que mort, ruines et chaos.

Depuis quelques mois, ils sont de retour sur le territoire français : un massacre en plein Paris met le feu aux poudres, et une chasse impitoyable est lancée.

Ces deux affaires délicates, apparemment sans rapport, vont pourtant se croiser et plonger les enquêteurs dans la plus grande confusion. Il va falloir percer ces ténèbres pour découvrir la sinistre vérité.

Cécile et Ange-Marie vont apprendre à leurs dépens que le mal ne connaît pas de limites et qu’il n’a pas toujours le visage qu’on attend.

12_-_The_Mystical_King_Cobra_and_Coffee_ForestsCritique : 
Tel un serpent tentateur, Yvan (du Blog EmOtionS) m’avait agité sous le nez ce thriller, le faisant onduler devant mon regard hypnotisé et, comme Eve, j’ai succombé aux charmes du roman, vanté par lui dans sa chronique.

Gilberti, l’auteur, s’est transformé, quant à lui, en python, m’enserrant l’esprit dans les anneaux puissants de son thriller, les resserrant de plus en plus autour de moi, jusqu’à me faire lâcher prise et quitter le monde réel.

Plongée dans le métro à la page 480, je fus tirée de ma lecture par mon homme qui me donnait un coup de coude. Quoi ? C’était pour me signaler que le métro arrivait à notre station de destinations. Sans lui, et bien j’aurais fini au terminus !

Ce qui m’a plu, dans ce roman, c’est qu’il soit constitué de deux récits qui, comme des crochets venimeux du Cobra, se sont plantés dans ma gorge, distillant un venin addictif.

D’un côté, Cécile Sanchez, commissaire de police spécialisée en criminologie qui traque les criminels les plus dangereux et les plus déviants qui sévissent dans l’Hexagone. La voici confrontée à un tueur particulièrement brutal qui éviscère ses victimes avant d’emporter leurs organes.

De l’autre côté, en alternance « un chapitre sur deux », nous avons Ange-Marie Barthélemy, commissaire à l’antiterrorisme qui, lui, traque un groupuscule islamiste radical, ultra-violent, qui parcourt les grandes villes d’Europe : An-Naziate, dont les membres ne laissent dans leur sillage que mort, ruines et chaos.

Cette alternance de chapitres est diabolique et délicieusement frustrante : je râlais de quitter la commissaire Sanchez et son enquête mais je me réjouissais d’en apprendre un peu plus sur celle de Barthélemy, râlant lorsque je devais le quitter, et ainsi de suite.

Frustrant, mais j’adore les romans écrits de cette sorte parce que je trépigne d’impatience et que le suspense est maintenu durant toute la lecture.

Point de vue personnages, Cécile Sanchez (surnommée Torquemada) n’a rien à voir avec la commissaire Julie Lescaut. Non, Sanchez, c’est du costaud et ayant étudié la synergologie, elle tiendrait plus d’un Patrick Jane de par son talent de « Mentalist »; le côté « borderline », fantasque et irrespectueux des règles en moins, ce qui est dommage parce que je l’ai trouvée un peu trop « too much » et que j’ai eu du mal à m’attacher à elle au départ.

« Synergologie, analyse gestuelle et posturale, langage non-verbal, micro expressions du visage, tics nerveux, contradiction du langage corporel et du langage verbal, actes manqués, mimiques significatives… Elle est capable de décrypter la structure psychiques des individus les plus retors et les menteurs les plus aguerris, simplement en observant leur corps ».

« Personne ne peut réprimer ces signaux du corps, avait-elle un jour expliqué à Romane. Quatre-vingt-quinze pour cent d’entre eux sont envoyés par la par la partie primitive du cerveau, par l’inconscient, par l’instinct animal de l’humain civilisé.
Ce langage est universel, puisque primitif. Honte, dégoût, mensonge, agressivité, colère, surprise… tout s’affiche sur les visages. Tous ces éléments sont décryptables et, contrairement à l’humain, eux ne mentent jamais ».

Par contre, le commissaire Barthélemy, Ange-Marie de son prénom (l’auteur a-t-il pensé à la douleur de porter un tel prénom dans la vie courante et surtout à l’école ?), lui, j’ai aimé son côté froid et bourru, plus en adéquation avec le personnage. Surnom : l’Archange.

On se doute qu’à un moment donné, leurs enquêtes respectives vont se télescoper, mais « quand » ? Et surtout quel sera le dénominateur commun entre les éviscérations et le terrorisme ?

Lorsqu’elles ont fusionnées, j’ai compris qui était l’Éventreur, mais j’étais loin d’avoir compris le « pourquoi » de ces meurtres… Pire, lorsque Cécile Sanchez comprend et l’explique à ses hommes, elle tiendra le pôvre lecteur dans l’ignorance, ajoutant par-là encore plus du suspense.

Suspense qui devient plus fort dans les cent dernières pages, faisant monter l’adrénaline, l’angoisse et la fébrilité du lecteur, agrippé à son livre comme un vampire assoiffé.

A-t-on idée de torturer son lectorat de la sorte ? De lui faire sortir ses tripes de cette manière, de faire un suspense qui serait insoutenable pour le cœur d’un cardiaque ?

Ce que j’ai aussi apprécié aussi chez cet auteur, en plus de son écriture correcte et agréable, du suspense qu’il sait distiller correctement, de son réalisme dans l’action, de sa manière de construire son récit et d’expliquer les choses, de cette impression qu’il m’a donné de maîtriser tous les sujets abordés dans le roman ?

Et bien, c’est le fait qu’il n’ait pas sombré dans certain travers : considérer que tous les musulmans sont tous des extrémistes et des Islamistes enragés.

Il ne peut s’empêcher de penser que cette perversion de l’islam est aussi triste que dangereuse.C’est à cause d’individus comme Al-Kadir, Sharit, Meshud, et d’autres encore, que de trop nombreux Français ont une vision erronée de cette religion d’amour et de paix, et qu’ils confondent musulmans et islamistes.
Dans le Coran, Allah demande à ses croyants d’apporter sécurité et paix sur terre. Tout le contraire de ce que prônent les fanatiques d’An-Naziate, au même titre qu’Al-Qaida ou les Nigérians de Boko Haram.
Manipulations, traductions et interprétations corrompues des textes, usage dogmatique et politique de la croyance, endoctrinement intensif, propagande acharnée…
Alors que partout dans le monde, des hommes et des femmes vivent paisiblement leur foi, une poignée d’illuminés jettent la disgrâce sur leurs semblables en voulant utiliser les minarets comme miradors.

Un passage dans le livre illustre bien le fait qu’il ne faille pas mettre tous les musulmans dans le même sac, que le Coran est une religion d’amour et que bien que le Livre possède quelques passages violents, il fait dire par Barthélemy que la Bible n’en est elle-même pas exempte.

– Pourquoi ? grogne Ange-Marie. Tu trouves que la Bible est plus tolérante ?
– Évidemment !
– Vraiment ? « Si un homme commet l’adultère avec une femme mariée, cite le commissaire, s’il commet l’adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort ». C’est pas dans le Coran ça, c’est dans la Bible. Lévitique, chapitre 20, verset 10.
Le bec cloué, le second du groupe se dirige vers la table en bougonnant.

Bref, Gilberti est un cobra et il m’a fasciné par son histoire : j’apprécierais fortement revoir les deux commissaires pour une autre enquête… et qu’il ne leur arrive rien de fâcheux, sinon, je hurle !

Transformée en Anaconda vorace, je viens d’avaler tout cru ce pavé de 552 pages et de le digérer, assimilant toutes les données. Le menu était copieux mais pas indigeste.

Un vrai festin, je vous jure ! Je m’en suis léchée les babines et les canines… Pardon, les crochets !

EDIT : Par contre, après cette lecture prenante, je pense que je vais lire la collection des « Tchoupi »… Oui-Oui serait trop dur pour moi…

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014).

CHALLENGE - Thrillers polars 2013-2014 (2)

25 réflexions au sujet de « Le festin du serpent : Ghislain Gilberti »

  1. Voilà un billet qui donne furieusement envie de le lire, vilaine, en plus ça fait mal la morsure de serpent et je sens déjà le venin se répandre dans mon corps de lectrice…

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    • Ha ! Je t’ai eue ! Je savais qu’un jour, je t’aurais ! C’est fait. Le livre vaut le coup, pas un thriller habituel. Laisse le venin se répandre, il ne fait pas de mal, mais il fait du bien 😉

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  2. Splendide chronique ! Tu m’as attirée par le suspense, j’ai juste envie de le découvrir. Bon, heureusement pour moi, je ne prends pas les transports en commun, donc j’oublierai juste mes gnomes à l’école…

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      • Et l’instit, ce ne serait pas la madame au serpent tentateur visé dans ma chronique, hein ?? Le poupousse avec les lunettes et un livre ?

        L’instit lira le livre à voie haute aux gnomes oubliés… 😀

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    • Oh, juste oublier les gnomes à l’école ? Alors, si tu le fais, tu pourras noter dans ta chronique que l’auteur t’a fait oublier les gosses ! 😀 Il sera catalogué comme l’auteur qui te fait tout oublier.

      Merci pour le compliment, ça fait plaisir 😳

      Allez, découvre-le… pour que tes gnomes puisse dire « mamaoutai »

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  3. Quel billet et voir transformé Yvan en serpent, quel bonheur, ça lui va comme un gant !!! 😆 Je ne note pas même si j’ai très envie, non non là c’est plus pôôssible !!! 😀 Je retiens quand même…

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    • Chez moi aussi c’est plus possible ! 😀 Oui, Yvan est le serpent tentateur et vu que j’aime bien « personnaliser » mes billets, je me suis dit que l’idée était bonne.

      Mais il ne siffle pas encore comme Kaa, le Yvan… 😀

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  4. Ping : Bilan Livresque : Octobre 2013 | The Cannibal Lecteur

  5. J’ai trop adoré ce livre aussi….merci Yvan hein!!!! Ta chronique est géniale waouhhhhhh!!! Quel plaisir de la lire…qu’est-ce que j’adore tes comparaisons avec les serpents!!!!

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  6. J’aime cet esprit d’à-propos qui est le tien. Toujours quelques références pour nous bluffer.
    Ah si j’avais ton talent.
    Merci pour ce bel avis enthousiasme chère belette. J’adore te lire, surtout après avoir lu le bouquin.
    C’est un pur double effet kiss cool.
    J’en reprendrai bien encore un peu.

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    • Ah, le double effet kiss-cool, tout le monde ne la connait pas, cette phrase là !! 😀

      Mon talent ? Mais quel talent ? 😀 Je sais manier les mots lorsque je suis en forme, mais je n’ai pas la moitié du quart du dixième de certains. J’aimerais avoir le talent de ceux qui écrivent des livres…

      Bien que tu me diras que certains auteurs n’avaient aucun talent, qu’ils ont écrit des merdes et qu’elles se sont vendues par million…

      Allez, je prends les fleurs et j’ajoute le pot : j’ai un petit talent… mais la taille ne compte pas, hein ? ;p

      Merci, Collectif Polar !

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  7. Je viens de lire coup sur coup la chronique d’Yvan et la tienne sur ce « Festin du serpent ». C’est toutes les deux de belles chroniques qui donnent envie d’aller sur le champ acheter le livre. Cependant il me semble que par moment c’est loin d’être original : C. Sanchez qui lit presque dans les pensées, on a déjà vu et lu ça maintes fois : profileurs et mentalists sont très à la mode. Mais je me trompe peut être, c’est juste une réflexion que je me suis fait en lisant ton article. En tout cas bravo, ça donne envie.

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    • Alors, tout d’abord, merci d’avoir lu nos proses ou nos bafouilles, ça fait plaisir.

      Comment être original, de nos jours, dans un roman ? N’a-t-on pas déjà quasi tout écrit ?

      C’est vrai que le côte mentalist et profileurs est à la mode, mais alors, cela interdirait à un auteur d’écrire un roman qui parlerait de police scientifique, vu que c’est encore plus exploité ?

      Le côté mentalist de Cécile ne m’a pas dérangé, juste qu’elle avait trop de qualités. Mais bon, qui suis-je, moi, scribouilleuse, pour juger les choix d’un écrivain ? 😀

      En tout cas, cela lui servira bien dans l’enquête.

      Le thriller n’est pas comme les autres que j’ai déjà lu, plus profond, plus costaud et pas d’action juste pour le plaisir de l’action, mais c’est plus réfléchi, dosé, bref, bien utilisé.

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  8. Magnifique chronique !! mais tu ne me tenteras pas… je l’ai déjà lu 😉
    Mais j’espère que beaucoup se laisseront tenter !
    J’attends la suite avec grande impatience !!

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    • Zut ! Mais puisque tu l’as lu, c’est un peu normal… Oui, il faut le faire découvrir, il y a du talent et c’est de l’excellent thriller, il vole plus haut que d’autres.

      Une super découverte !

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  9. Yes, yes et re yes !
    Magnifico ! (pourquoi je me mets à parler espagnol, moi ??). Superbe chronique, digne de ce superbe thriller, l’un des grosses surprises de cette année.
    Je suis bien content de t’avoir tenté à ce point ;-). Si après avoir lu ta chroniques les autres ne le sont pas, c’est à désespérer !

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    • Tu as le droit de parler espagnol, gringo ! 😉 Merci pour « la superbe chronique »… le livre était super, j’ai eu bien raison de te suivre et de la chance de l’avoir trouvé.

      J’aime quand tu me tentes (de manière littéraire, il va de soit) et ma foi, si on peut tenter les autres, pourquoi pas ?

      Que demander de plus ? Des royalties sur les chiffres de vente… Comment ça « je ne penses pas » ? 😀

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      • Notre nourriture à nous blogueur, c’est l’immense plaisir de voir notre humble avis donner envie à d’autres qui vont donner envie à d’autres…
        C’est une richesse personnelle exceptionnelle, même si ça ne fait pas se remplir ton porte-monnaie 😉

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  10. Aie, putain que ça fait mal !
    J’viens d’me faire mordre par ce putain de serpent…
    Fait chaud tout d’un coup… La fièvre le délire les hallucinations… Putain, j’te vois, tu souris ma belle. Mes yeux se troublent, tu danses, tu ressembles de plus en plus à Julie Lescaut…
    Vite ! Au secours, j’me fait attaquer par Julie Lescaut ! Qu’est ce qu’elle me veut, qu’est qu’elle me fait… La fièvre, le délire, elle me pompe le venin… Et recrache… Ouf, j’suis sauvé… Enfin peut-être… Julie sort de ce corps…

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    • Heu, je n’ai pas souvenir de t’avoir pompé le venin…

      Un chasseur s’arrete près d’un buisson pour uriner, manque de pot un serpent caché dans les herbes lui mord le sexe, il se met a hurler.
      Son copain accoure à son secours.

      – Vite, apelle les pompiers, un serpent vient de me mordre la queue..

      – Ok,,surtout ne bouge pas…..

      Il sort son GSM et s’éloigne un peu :
      – Allo ? Les pompiers ? Aidez-moi, mon ami vient de se faire mordre par un serpent… Que dois-je faire ?

      – Surtout qu’il ne bouge pas, vous devez effectuer une pression à l’endroit de la morsure et sucer énergiquement la plaie pour extraire le venin.

      Blanc comme un linge, il revient près de son ami qui, le pantalon sur les chevilles, se tient le sexe.

      – Alors,balbutie-t-il. Alors qu’est-ce que les pompiers ont dit ?

      – Ils ont dit que tu allais mourir !

      Donc, mon Bison, ne panique pas si Julie Lescaut te saute dessus, envoie-lui Navarro et prend une aspirine, si au bout de quelques temps les symptômes persistent, un suppositoire anal est nécessaire. 😀

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