Nuit mère : Kurt Vonnegut

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Titre : Nuit mère

Auteur : Kurt Vonnegut
Édition : Gallmeister (2016)

Résumé :
« Je suis américain de naissance, nazi de réputation et apatride par inclination. »

Ainsi s’ouvrent les confessions de Howard W. Campbell Jr. qui attend d’être jugé pour crimes de guerre dans une cellule de Jérusalem. Ce dramaturge à succès exilé en Allemagne fut en effet le propagandiste de radio le plus zélé du régime nazi.

Mais il clame aujourd’hui son innocence et prétend n’avoir été qu’un agent infiltré au service des Alliés.

Il lui reste désormais peu de temps pour se disculper et sauver sa peau.

mother-nightCritique :
Voilà un roman qui sort des sentiers battus, aux antipodes de ce que je lis habituellement, et dont, au final, je suis sortie assez secouée.

Howard C. Campbell dit lui-même qu’il est un américain de naissance, un nazi de réputation et un apatride par inclination.

Cet homme que l’on devrait détester nous livre ce récit autobiographique, fictif, de sa vie durant la Seconde Guerre Mondiale en tant que grand propagandiste sur les ondes radios et du côté des nazis.

Récit autobiographie qu’il aurait envoyé à l’auteur, Kurt Vonnegut, depuis sa cellule à Jérusalem dans laquelle il attend son procès.

Ce qui frappe dans ce récit, c’est qu’au début, on devrait haïr Howard pour ce qu’il a fait, mais au fur et à mesure des pages, on ne sait plus trop quoi penser de lui et la balance penche irrémédiablement vers le mec sympa plutôt que vers le vrai salaud.

L’équilibre étant toujours sujet à caution puisque Howard pourrait nous raconter des carabistouilles… ou pas !

Parce que si cet homme fut un propagandiste, ce ne fut pas vraiment de son fait, mais en tant qu’espion pour les États-Unis !

Dans ses discours farcis à la haine des autres et à la sauce antisémite, ses soupirs, ses toussotements auraient été des codes pour les Américains à l’écoute de ses diatribes haineuses.

Vrai ou pas vrai ?? Sans doute vrai, mais peu de personnes peuvent le confirmer et tout le roman sera rempli de faux-semblants, de ces gens qui pensent être une chose et qui sont l’exact opposé, de ces gens qui se disent purs et qui ne valent pas mieux que les nazis nostalgiques ou les nazis de l’époque du moustachu à la mèche de cheveux noire.

Nous sommes ce que nous feignons d’être, aussi devons-nous prendre garde à ce que nous feignons d’être.

Soyez sur vos gardes durant la lecture…

La plume de l’auteur est facile à lire, le roman se termine en quelques heures, il n’est guère épais (guerre et paix), mais il y a dedans quelques réflexions profondes dont les plus étonnantes sont celles entre Howard Campbell et Eichmann, ce dernier lui demandant s’il devait avoir recours à un agent littéraire ou encore les tournois de pingpong organisés au ministère de la Propagande.

Ici, les salauds ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être et les gentils non plus, tout le monde cache des choses, tout le monde cache ce qu’il est vraiment, et les gens tendent à devenir les personnages dont ils ont endossé les habits pour les besoins de leurs missions.

Nuit mère est un roman étrange, une confession d’un homme seul, d’un homme qui soulève de l’admiration chez les amateurs de la race Blanche et le dégoût chez les autres, exacerbant chez ces derniers des envies de lui casser la gueule puisqu’il fait un parfait bouc émissaire en tant qu’Américain ayant frayé avec l’Ennemi (oubliant de ce côté là que les banques américaines soutinrent l’effort de guerre des deux cotés, aussi bien des yankee que des casques à pointes et des bottines à clous).

Un roman rempli de faux-semblants qui me laisse un peu groggy et perplexe sur la nature Humaine (mais je l’étais déjà).

Étoile 3

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Une année avec Gallmeister : les 10 ans chez LeaTouchBook, Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

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53 réflexions au sujet de « Nuit mère : Kurt Vonnegut »

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  4. Dans ma PAL, faut que je l’exhume! 😉 Merci pour ton avis, difficile parfois de démêler le vrai du faux, certains sont très doués pour duper… Gentil, méchant… et si la ligne entre les 2 avait depuis longtemps disparu? 😉

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    • La frontière entre les deux est mince, tu peux commencer par sauver des vies et en supprimer ensuite, ou le contraire, mais on ne te jugera pas de la même manière, vaut mieux commencer par les mauvaises actions et faire la rédemption ensuite.

      La chronique n’était pas facile à faire non plus, j’avoue, j’ai tourné en rond.

      Et puis, les méchants ne sont pas toujours ceux qui ont tués ou dénoncés, je pense qu’ils y des salauds aussi dans ces puissants qui n’avaient pas toujours des idées très catholique pour nos pays… à ces banquiers véreux, ces dirigeants qui avaient le cul entre deux chaises, ces gens de l’ombre dont on ne sait même pas le mal qu’ils ont fait.

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  5. Perplexe, comme guerre et pet. Voilà de quoi intriguer ma curiosité, et pas que. De quoi surprendre, se questionner et surtout ne pas laisser indifférent. Malgré ton avis mitigé, probablement au vue de ta perplexité, il semble mériter d’être lu.

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    • Oui, il mérite d’être lu, mais je pense qu’il ne plaira pas à tout le monde. Là, je suis sortie de ma zone de confort, ça me change, l’exercice en valait la peine.

      Je reste père plexe, mais sans regrets de lecture.

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    • Et un roman qui laisse perplexe. Surtout quand on creuse plus loin et que l’on sait que les salauds n’étaient pas tous chez les casques à pointes, mais aussi souvent dans nos gouvernements, chez nos banquiers, nos industriels et qu’entre « être un salaud » et « être droit dans ses bottes », le pas à franchir n’est pas énorme.

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    • Interpellant, oui, intriguant, oui, perplexe il m’a laissé, des tas de questions, une fois de plus j’en ai. C’était à découvrir une fois dans sa vie, ce genre de roman. Je suis sortie de ma zone de confort avec celui-ci et le suivant de chez Gallmeister « Amour monstre ».

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