Sara : Steve Epting et Garth Ennis

Titre : Sara

Scénariste : Garth Ennis
Dessinateur : Steve Epting
Traduction : Thomas Davier

Édition : Panini Comics – Best of Fusion Comics (2020)

Résumé :
Nous sommes en Russie pendant l’interminable hiver 1942, et nous suivons le sniper soviétique Sara, tandis qu’elle résiste aux envahisseurs nazis avec ses camarades.

Les femmes du campement sont isolées dans un baraquement à part et l’unité repousse vaillamment l’ennemi, mais pour combien de temps ?

Une histoire complète inspirée d’une histoire vraie.

Critique :
Russie, 1942. Il fait un froid glacial, il y a de la neige, les Allemands on envahi le territoire russe et ces derniers se défendent avec acharnement, même les femmes. Dans ce camp, toutes les femmes sont des tireuses d’élite, des snipers.

Lorsque j’ai commencé à lire cette bédé, aux infos, on parlait toujours de covid et l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes n’avait pas encore eu lieu.

Laissons le présent sur le côté durant un moment et partons 80 ans en arrière en URSS.

Sara est une sniper, au même titre que ses collègues Mari, Nata, Katrina, Vera, Lydi et Darya. La vie est dure, elle ne fait pas de cadeaux et elles n’en feront pas non plus.

Dans cet album, qui s’inspire de faits historiques et des faits de guerre de la sniper Lioudmila Pavlitchenko (qui compte environ 300 morts à son actif), ce sont les femmes qui sont mises à l’honneur.

Les hommes ne sont pas loin, ils les entourent, certains lancent des plaisanteries graveleuses, un chef espérera même une faveur sexuelle en échange de renseignements, mais tous finiront le bec dans l’eau, ou avec la queue en berne. Sara est plus glaciale qu’un iceberg. Vera, elle n’hésite pas à torturer les soldats allemands.

Oui, l’histoire est assez violente, les balles fusent, elles font mouche, les soldats allemands tombent, les russes aussi et malheureusement, dans la troupe d’élite des filles, ce sera pareil. La guerre n’est pas un jeu, ni un sport, ni un amusement.

Le côté historique est bien rendu, les auteurs ayant pris soin des détails sur les uniformes, sur le matériel utilisé, sur la mentalité des différents personnages, mettant l’accent sur le côté mère patrie des Russes qui obligent les soldats à se dépasser, à donner leur vie pour leur mère patrie, pendant que les gradés restent le cul à l’abri, sont incompétents et corrompus.

On s’est battus toute la nuit, on veut aller se coucher et ne jamais nous réveiller, mais il faut qu’on écoute cette petite merde ? Nous dire qu’on a fait du bon travail dans une bataille dont il ne s’est même pas approché.

— On est censées tuer un tireur d’élite. Mais tu refuses d’admettre ce qu’on affronte vraiment. Tu refuses d’admettre que nous avons des connards incompétents et corrompus derrière nous. Tu veux que je te dise comment gagner, mais tu fais toujours ta prude avec ma petite astuce des grenades ?

Ces mêmes dirigeants, cette bande de salopards, qui ne se sont pas privés de tester le patriotisme de leurs populations de la plus abjecte des manières qui soit. Et même si Sara le sait, elle doit toujours les servir, continuer à tuer, à se battre pour la mère patrie.

Les cases sont grandes, dans les premières pages, on a souvent deux cases par page, ce qui laisse la place pour les détails, les expression de visages, pour poser les décors. Le nombre de pages (152 pages) permet aussi aux auteurs de ne pas aller trop vite, de laisser leur récit aller à son rythme, sans pour autant qu’il soit trop lent.

Le dosage entre les acènes d’action et de guet est subtil, l’équilibre est parfait entre les récits de guerre et ceux des femmes, lors de leur retour au camp. Le récit fera quelques aller-retour dans le temps, nous montrant des scènes avant que l’on n’en sache plus sur l’entièreté de cette dernière.

Le final est monumental, sans pour autant être celui d’un blockbuster. Il est calme, empreint d’intelligence de la part de Sara afin de piéger le tireur d’élite allemand. Pas de folie, un plan simple, génial et machiavélique.

Un comics bourré d’émotions, sans jamais en faire trop et sans voyeurisme. Un récit de guerre glacial et glaçant où ce sont les femmes qui sont les héroïnes, laissant les hommes sur le côté, leur damant le pion.

Excellent !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2021 au 11 Juillet 2022) [Lecture N°164].

1984 (BD) : George Orwell et Fido Nesti

Titre : 1984 (BD)

Scénariste : George Orwell
Dessinateur : Fido Nesti

Édition : Grasset (04/11/2020)

Résumé :
1984, le chef-d’œuvre de George Orwell, fait partie des plus grands textes du XXème siècle. Les lecteurs de tous âges connaissent Big Brother et Winston Smith, car plus qu’un roman politique et dystopique, 1984 a nourri notre imaginaire sans jamais perdre de son actualité.

L’atmosphère envoûtante et le dessin aux teintes fantastiques de l’illustrateur brésilien Fido Nesti, alliés à la modernité de la traduction de Josée Kamoun, nous offrent aujourd’hui une somptueuse édition de 1984, la première version graphique du texte mythique d’Orwell.

Il s’agit d’un des événements éditoriaux les plus attendus de l’année à travers le monde.

Critique :
J’avais découvert le roman en 2013 et malgré le fait que j’avais pris un uppercut dans ma gueule avec la description d’une société totalitaire poussant l’absurde jusqu’à réécrire l’Histoire ou les faits, certains passages de cette dystopie m’avaient ennuyés.

Ma cotation avait été très bonne parce que le K.O (chaos ?) était parfait et j’avais eu du mal à me relever.

L’adaptation en roman graphique était donc l’occasion de voir si j’allais encore éprouver des grands moments de solitude durant les soliloques de Winston Smith…

Une fois de plus, je suis au tapis, la gueule qui fait mal et durant ma lecture de ce roman graphique, je n’ai pas vécu l’ennui qu’une partie du roman m’avait procurée. Les sueurs froides étaient toujours au rendez-vous, par contre.

Si je n’ai pas été conquise par les dessins, les couleurs illustraient bien l’atmosphère de l’Angleterre sous ce régime totalitaire, dictatorial, stalinien…

D’ailleurs, j’ai même eu un regain de sueurs froides en revoyant les épisodes où les employés doivent réécrire l’Histoire, les faits, les journaux et gommer ce qui doit être gommer car depuis quelques temps, certains illuminés du bocal aimeraient que l’on efface certaines mots des romans, effaçant par là même l’Histoire et ses horreurs.

« Un peuple qui ne connait pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines » (Marcus Garvey). Pire ! « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » (Winston Churchill, Karl Marx et plein d’autres).

Comme le disait si bien Abraham Lincoln : Le problème avec les citations sur Internet, c’est qu’il est difficile de déterminer si elles sont authentiques ou non.

Orwell s’inspire, bien entendu, des sociétés totalitaires comme furent celles du communisme sous Staline (on réécrivait la réalité, on truquait les chiffres, on montrait l’opulence mais ce n’était que du carton pâte) et du nazisme. Bref, toutes les sociétés totalitaires peuvent se retrouver dans ses pages.

Anybref, cette adaptation graphique du célèbre roman d’Orwell est excellente car les dessins sont en harmonie parfaite avec le ton de la narration de Winston Smith qui nous explique le monde dans lequel il vit, dans cette société qui contrôle tout, même l’écran qui est dans votre domicile, celui que l’on ne peut pas éteindre.

Ceux ou celles qui ne voudraient pas lire le roman peuvent se rabattre dans soucis sur cette adaptation car elle est fidèle au roman.

La présence de dessins, dans des tons gris et rouges, qui illustrent eux-mêmes ces ambiances de désespoir, de morosité, de suspicion, de mal-être, plongent encore mieux le lecteur dans ce monde horrible, lui donnant l’impression qu’il se trouve dedans, à arpenter ces rues grises d’un Londres que personne ne voudrais connaître.

Si dans la deuxième partie, on a un peu de répit, d’amour, la troisième, elle, est implacable et les tripes qui étaient déjà nouées vont se tordre encore plus devant tant d’inhumanité, de folie car ce qu’il se passe dans ces pages, ça va encore plus loin dans la négation de la mémoire que le stalinisme ou que le nazisme.

Avec Big Brother, c’est comme si vous n’aviez jamais existé, vous ne deviendrez jamais un martyr, un témoin gênant. Vous serez un rien du tout, réduit à néant, aussi bien dans le passé que dans l’avenir.

1984, c’est plus qu’une claque dans la gueule, c’est une balle dans la tête. À lire et à relire, sans oublier que Big Brother est là, à nous regarder, derrière nos écrans. Heureusement, nous n’en sommes pas encore arrivé à ce qui se déroule dans cette dystopie glaçante mais ce totalitarisme a existé (pas aussi poussé) et il n’est jamais mort car on ne peut pas tuer des idées.

— Si tu veux une image du futur, figure-toi une botte qui écrase un visage humain. Indéfiniment.

Le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021 [32ème et dernière fiche], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°12] et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, Cryssilda et Titine.

Miroir de nos peines : Pierre Lemaitre [LC Bianca]

Titre : Miroir de nos peines

Auteur : Pierre Lemaitre
Édition : Albin Michel (02/01/2020) / LP (2021)

Résumé :
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Et quelques hommes de bonne volonté.

Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.

Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique…

Critique :
Dans ces deux précédents romans consacré à l’entre-deux-guerres, Pierre Lemaître m’avait emporté, bouleversé et apporté des émotions fortes telles que la colère (sur certains comportements, personnages), de la joie, de la tristesse.

Bref, j’en avais vu de toutes les couleurs aux côtés de ses personnages grandioses, réalistes, flamboyants, généreux ou qu’on avait envie de trucider.

Le dernier tome n’a pas dérogé à la règle, il terminera comme les autres dans mes coups de coeur car lui aussi m’a emporté, telle une foule en délire, dans des émotions fortes qui ont mis à mal mon pauvre cœur de lectrice.

L’exode, raconté par la mère de mon père, ça fleurait bien l’amusement, les chamailleries, la belle vie et l’aventure. Des bons souvenirs pour elle.

Oui, mais non, mémé, ce n’était pas la belle vie et l’amusement pour tout le monde, ces milliers de gens jetés sur les routes suite à la guerre et qui devait encore en plus subir les hausses des prix, le mépris des autres et les avions allemands qui ne lâchaient pas des confettis.

Quitter sa maison, son village, sa ville, son pays, avec son barda, les enfants, ça n’a rien d’une promenade de santé et où que vous alliez, on vous verra comme des envahisseurs. La peur est un ennemi mortel pour l’esprit humain, elle lui fait voir des choses qui n’existeront pas et le fait devenir une sorte d’ours enragé, que les exilés soient du pays voisin, du département voisin ou tout simplement son voisin.

Une fois de plus, Lemaître a réussi à nous emporter dans les affres de la drôle de guerre, suivant plusieurs personnages à la fois, sans avoir à quel moment leurs arcs narratifs vont se rejoindre, ni pourquoi.

Personnages flamboyants, une fois de plus, attachants, réalistes et pouvant évoluer et passer de salopard fini à un homme cachant de la fragilité sous de la colère.

Désiré est le plus magnifique, véritable caméléon qui joue tout au culot. Raoul est un magouilleur brutal, Gabriel un jeune homme timide, Louise, croisée toute jeune dans le premier tome est ici une femme en proie à des doutes et M Jules, patron du café est un sacré numéro aussi qui a réussi à m’émouvoir avec peu.

Son dernier roman consacré à l’entre-deux-guerres, je l’ai dévoré en peu de temps tellement il était addictif, bien écrit, historiquement bien fait, précis, travaillé, au scénario excellent, mélangeant les drames avec de l’humour. Nous avons beau être en 1940, les réactions des gens ne sont pas éloignées des nôtres en 2021.

L’absurdité des décisions, les imbécilités des décideurs, sans oublier celles de la population (parce que nous n’avions rien à envier à nos gouvernants, point de vue conneries absurdes) sont présentes et bien que personne ne puisse Twitter, les rumeurs et la propagande vont bon train, pervertissant l’esprit de tout le monde, rendant les gens pareils à des bêtes féroces (heureusement, pas tout le monde).

Sur le final de cette magnifique fresque historique, j’ai eu envie de poser le livre et de laisser libre cours à mon chagrin. J’arrivais au bout de cette belle aventure, j’allais quitter les personnages à tout jamais et ils m’avaient apporté tellement de belles choses que j’avais le cœur lourd à l’idée de les quitter.

De plus, même si les pires bassesses humaines remontaient à la surface, même si la haine guidaient les actions de certains, si la colère envers les réfugiés sortait par tous les pores et que la peur commandait les esprits, les quelques gestes de solidarité m’avaient émus eux aussi. Tout n’est pas à jeter chez l’Humain.

Une fois de plus, ce sont des destinées personnelles qui nous font vivre de l’intérieur ces jours troubles de la drôle de guerre qui eut lieu en 1940, quand les Allemands sont entrés en Belgique comme en France comme du persil s’enfonçant dans du beurre mou, laissant derrière eux des corps sans vie, des vies brisées, exilées.

Une magnifique fresque historique, réaliste, portée par des personnages qui resteront dans ma mémoire tant ils étaient superbes, même avec leurs défauts ou leurs sales caractères.

Une LC réussie avec Bianca même si celle-ci préfèrera le tome 2 dans cette trilogie.

Au nom du Japon : Hirō Onoda

Titre : Au nom du Japon

Auteur : Hirō Onoda
Édition : La manufacture de livres (06/02/2020)
Édition Originale : Waga ruban shima no 30-nen sensō (1974)
Traduction : Sébastien Raizer

Résumé :
1945. La guerre est terminée, l’armistice est signé. Mais à ce moment précis, le jeune lieutenant Hirō Onoda, formé aux techniques de guérilla, est au cœur de la jungle sur l’île de Lubang dans les Philippines.

Avec trois autres hommes, il s’est retrouvé isolé des troupes à l’issue des combats.

Toute communication avec le reste du monde est coupée, les quatre Japonais sont cachés, prêts à se battre sans savoir que la paix est signée.

Au fil des années, les compagnons d’Hirō Onoda disparaîtront et il demeurera, seul, guérillero isolé en territoire philippin, incapable d’accepter l’idée inconcevable que les Japonais se soient rendus.

Pendant 29 ans, il survit dans la jungle. Pendant 29 ans il attend les ordres et il garde sa position. Pendant 29 ans, il mène sa guerre, au nom du Japon.

Ce récit incroyable est son histoire pour la première fois traduite en français. Une histoire d’honneur et d’engagement sans limite, de foi en l’âme supérieure d’une nation, une histoire de folie et survie.

Critique :
♫ C’est peut-être, Une goutte dans la mer ♪ Oui mais c’est sa raison d’être ♪ Sa raison d’être, sa raison d’être ♪

Défendre le Japon et accomplir sa mission, c’était la raison d’être du sous-lieutenant Hirō Onoda et tant qu’il n’aura pas reçu l’ordre d’arrêter, de la part du commandement, il continuera, envers et contre-tout, jusqu’au boutisme, même tout seul, jusqu’à l’abrutissement, à accomplir sa mission…

Maintenant, cette vie prenait fin, et j’étais brutalement privé de ma raison d’être.

Ce récit pourrait prêter à sourire tant Hirō Onoda refuse de voir la réalité : le Japon a perdu la guerre… Pour lui, dans sa conception d’esprit, tant qu’un Japonais sera vivant, le Japon ne se rendra pas. Parce que si le Japon s’est rendu, pour lui, c’est que TOUS les Japonais sont morts.

Hors, comme il est vivant, le Japon se bat toujours, il se bat toujours, même si ce qu’il accompli est une goutte d’eau dans la mer.

Je croyais sincèrement que le Japon ne se rendrait jamais, tant qu’un seul Japonais serait encore en vie. Et réciproquement, si un seul Japonais était encore en vie, le Japon ne pouvait s’être rendu.

Ou sa variante : « Qui a dit que nous avions perdu la guerre ? Les journaux prouvaient que c’était faux. Si nous avions perdu, tous les Japonais seraient morts. Le Japon n’existerait plus, sans même parler des journaux japonais. »

Non, ça ne donne pas du tout envie de rire ce jusqu’au-boutisme. Ça ferait plutôt peur de voir un soldat autant attaché à sa patrie, à son Empereur, aux commandements de ses supérieurs.

On lui a inculqué la formation de guerre secrète à Futamata et il est voué corps et âme à la mission qu’on lui a donnée : mener des actions de guerre non conventionnelles à Lubang, une île dans les Philippines.

Pour Hirō Onoda, un ordre est un ordre. Là où d’autres auraient abandonné, se carapatant vite fait bien fait, lui, il reste ! Et durant 30 ans, il va sillonner la jungle avec trois soldats, puis deux, puis un, puis plus que lui…

Dans cette jungle, en compagnie de deux autres soldats (un a déserté), Hirō Onoda se persuade (et persuade les autres) que tous les journaux qu’ils lisent, les émission des radio qu’ils écoutent, les messages qu’on leur envoie, les photos de leur famille qu’on leur dépose, les messages du frère d’Hirō, ne sont que de la propagande, de l’enfumage de cerveau, un vaste complot mis au point par les Américains.

Je le ferai ! Même si je ne trouve pas de noix de coco, même si je dois manger du chiendent, je le ferai ! Ce sont les ordres que j’ai reçus et je les mettrai à exécution !

Notre Hirō s’est créé un monde dans lequel il peut survivre puisque, pour lui, le Japon se bat toujours et n’a pas déclaré forfait. Il évolue dans une sorte de dystopie pour lui tout seul (et les deux autres qui sont resté avec) où tout ce qu’il apprend n’est qu’un grand complot mondial et, comme tout bon défenseur d’une théorie du complot, il fait feu de tout bois et tout est bon pour le conforter à son histoire, même si ça n’a aucun sens.

C’est un beau récit, car il est véridique, mais j’ai trouvé le ton assez froid. Alors que nous crapahutons dans la jungle, sous les pluies, crevant de faim, trempé, fatigué, les vêtements qui partent en lambeaux, que nous dormons au sol, que nous souffrons de la chaleur, et bien, je n’ai pas ressenti ces affres comme j’aurais voulu les ressentir.

Moi je voulais ressentir tout ça, avoir faim, sentir mes jambes fatiguer, le poids du sac durcir les muscles de mes épaules, la sueur devait me couler dans le dos, la pluie me faire frissonner… Ben non, la plume n’a pas réussi à me transmettre et à me faire ressentir ces sentiments, ces émotions.

Nous sommes face à un putain de récit, un truc de folie d’un soldat Japonais qui n’a pas « entendu » la réédition du Japon, qui se croit toujours en guerre, qui fait la guérilla durant 29 ans, qui est resté comme prisonnier du temps, bloqué en 1945 (même s’il sait à quelle date on est) et on ne ressent pas une osmose entre nous et le narrateur, ni avec les personnages secondaires ?

Nom de Zeus, c’est comme déguster un plat magnifique qui serait sans goût, sans explosion pour les papilles gustatives. Fade, presque. On le mange, parce qu’on veut savoir le pourquoi du comment, parce que c’est un récit qui mérite qu’on le lise, une histoire qui doit être connue, un témoignage qui doit être transmit, mais on le fait machinalement, sans que ça bouleverse.

Un récit hallucinant mais manquant cruellement de sel, d’épices, d’émotions. Cette magnifique histoire est desservie par l’écriture qui est trop froide et qui n’explore pas ce que Hirō Onoda a bien pu foutre durant 29 ans pour glaner des infos alors qu’il a tout de même loupé la plus importante de toute : le Japon a capitulé.

On a beau le lui dire sur tous les supports, il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas voir. Pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas entendre. Oui, je sais, j’ai mélangé les sens, mais c’est exprès. Na !

Il m’a manqué les émotions et ça me fend le coeur. Malgré tout, vu le récit hallucinant, c’est tout de même un roman à découvrir (ou une histoire à connaître).

 

Je n’ai pas eu les émotions que je voulais !

La résistance indienne aux Etats-Unis du XVIè au XXème siècle : Elise Marienstras

Titre : La résistance indienne aux Etats-Unis du XVIè au XXème siècle

Auteur : Elise Marienstras
Édition : Gallimard (1980) / Folio Histoire (2003/2014)

Résumé :
Ce livre raconte «une autre histoire» : parcourant cinq siècles, il présente, à partir aussi bien de textes d’une actualité proche que de récits plongeant dans les temps immémoriaux du mythe, la résistance d’un peuple à la négation de son existence.

Le récit de leur résistance tenace à la colonisation et à la tentative d’extermination permet d’entendre directement leur parole, de les observer dans l’action, de les retrouver comme les partenaires d’une histoire commune où Euro-Américains et Amérindiens ont chacun joué leur rôle.

Vus sous cet angle, les Amérindiens paraissent exemplaires : ils se sont opposés avec constance au vol de leurs terres, à la violence exterminatrice, à l’anéantissement de leurs structures sociales et de leurs cultures, saisissant les armes les plus propices – guerre, guérilla, recours légal, usage inversé de l’acculturation, ressourcement aux racines de la spiritualité ancestrale.

Exemplaires dans leur refus de séparer la lutte pour la survie du combat pour l’identité, les Amérindiens concrétisent, par l’affirmation de leurs propres valeurs, le doute qui saisit le monde actuel sur le bien-fondé des civilisations technologiques, l’exploitation abusive des ressources naturelles, l’enfermement de l’homme blanc dans une vie consacrée au seul profit matériel.

Critique :
C’est l’histoire de l’arrivée des envahisseurs… De Colomb qui ne découvrit jamais l’Amérique puisque d’autres l’avaient trouvée avant lui, à une époque où l’Homme ne naviguait pas mais où il prit le raccourci via le détroit de Béring gelé. Pas de bol pour lui, on ne peut découvrir ce qui a été découvert par d’autres avant.

C’est l’histoire de meurtres, d’assassinats, d’un génocide, où les noms de certains coupables sont connus mais ils ne passèrent jamais en jugement.

C’est l’histoire de la destruction humaine, culturelle d’un peuple. De sa tentative d’anéantissement, de tout ce que l’Homme Blanc, l’envahisseur, fit comme tentatives pour se débarrasser de l’Homme Rouge. Il failli y arriver.

C’est l’histoire d’Hommes qui ne voulaient plus du joug des Rois sur le continent de la vieille Europe, qui rêvèrent d’un pays libre et qui se comportèrent comme les rois et gouvernants tyranniques, ceux là même qu’ils fuyaient, qu’ils critiquaient.

Étude historique, rassemblant les faits, ce roman pourrait être considéré comme une enquête puisque l’auteur rassemble des faits, des preuves, des pièces à convictions, elle parle des morts, des différentes techniques pour éliminer les Amérindiens, allant de la distribution de couvertures infestées aux massacres purs et simples et en passant par la famine, le déplacement (à pied)…

Considérant toujours que ces Êtres Humains sont comme des enfants et doivent être sous la tutelle de papa et maman États-Unis, le colonisateur se montre paternaliste, distribue les fessées et oblige ses enfants turbulents à s’adapter, à changer de vie, à devenir comme l’Homme Blanc, un cultivateur et plus un chasseur.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me ferait profondément enrager qu’on vienne me dire que je dois changer mon mode de vie, tout en me faisant tuer, déplacer, exterminer, affamer, déculturiser (non, le mot n’existe pas)…

Alternant les faits bruts, les extraits de discours, les passages de lois, l’Histoire, l’auteure dresse un portrait où l’Amérique ne sort pas grandie. L’Humain non plus.

Il est tellement plus facile de voler ce que l’on convoite plutôt que de le demander gentiment ou de l’acquérir avec une contre-partie. Il est tellement plus intéressant de prendre ou d’acheter à vil prix les terres occupées par les Amérindiens afin de les revendre en multipliant les prix par des chiffres indécents…

Il est tellement facile d’exploiter la misère des Hommes qui crèvent la dalle en les sous-payant et en les faisant bosser dans des mines d’uranium, tellement facile de les déclarer inaptes à gérer leurs biens et ainsi prendre les richesses contenues dans les sols des réserves, réserves où on les consigna, avec moins que le minimum vital.

Je pourrais continuer ainsi, mais je vais encore me rendre malade.

Anybref, vous l’aurez compris, l’Homme est un Salopard pour l’Homme et si les Amérindiens n’étaient pas des anges, étant les envahis et les spoliés, ils avaient le droit de se défendre et d’organiser leur résistance. Et ils ont résisté !

Un récit qui se lit lentement, car il y a beaucoup à assimiler et des renvois en fin de livre. Un récit qui se lit avec les tripes nouées, une fois de plus.

Dommage qu’il date de 1980, ce qui fait que dans le texte, les faits s’arrêtent vers 1976 et seule la ligne du temps continue jusqu’aux années Obama (2010), sans doute des ajouts faits lors des réimpressions.

Un excellent ouvrage pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus sur les Amérindiens et les injustices dont ils furent victimes, avant de poursuivre plus en avant avec d’autres récits parlant du même sujet. J’ai bien l’intention d’un découvrir d’autres.

PS pour Dame Ida : non, je te rassure de suite, nous ne sommes pas en Septembre et ce n’est pas le Mois Américain ! Mais il n’y pas que le western qui me passionne…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°156 et le Mois du Polar chez Sharon (Février 2020) [Lecture N°01].

Harry Potter – T05 – Harry Potter et l’ordre du phénix : J. K. Rowling [LC avec Bianca]

Titre : Harry Potter – Tome 5 – Harry Potter et l’ordre du phénix

Auteur : J. K. Rowling
Édition : Gallimard (2003-2016) / Folio Junior (2005-2017)
Édition Originale : Harry Potter, book 5: Harry Potter and the order of the phoenix (2003)
Traducteur : Jean-François Ménard

Résumé :
A quinze ans, Harry s’apprête à entrer en cinquième année à Poudlard. Et s’il est heureux de retrouver le monde des sorciers, il n’a jamais été aussi anxieux.

L’adolescence, la perspective des examens importants en fin d’année et ces étranges cauchemars…

Car Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour et, plus que jamais, Harry sent peser sur lui une terrible menace.

Une menace que le ministère de la Magie ne semble pas prendre au sérieux, contrairement à Dumbledore. Poudlard devient alors le terrain d’une véritable lutte de pouvoir.

La résistance s’organise autour de Harry qui va devoir compter sur le courage et la fidélité de ses amis de toujours…

Critique :
Si vous m’aviez demandé, il y a quelques temps, quel était le Harry Potter que j’avais le moins aimé, j’aurais répondu sans hésiter que c’était le tome 5.

Après cette relecture (16 ans après), mon avis a changé et ce roman que j’aimais moins en raison du caractère chiant de Harry, est entré dans mes romans préférés (mais sans détrôner le tome 3 qui est indétrônable).

Alors oui, Harry est chiant par moment, comme tous les ados de son âge et comme nous le fûmes certainement.

Comme tous les ados, il n’en fait qu’à sa tête, il n’écoute pas les conseils précieux qu’Hermione lui donne (à tort car elle a souvent raison), il est nombriliste, pense qu’on lui cache tout, qu’on ne lui dit rien (♫), s’emporte facilement, jalouse le poste de préfet que Ron a obtenu, le fait qu’il joue dans l’équipe de Quidditch alors que Harry en est privé…

Dans ce tome 5, notre Harry est insolent, ne sait pas ce qu’il veut, il court bille en tête vers le danger, sans le voir. Nom d Zeus, s’il avait réfléchi avant et utilisé un peu plus sa tête, il se serait souvenu de ce que Sirius Balck lui avait donné et ne se serait pas fait entuber par Kreattur… Mais on ne va pas refaire le Monde, la saga, l’erreur de Harry lui a coûté cher. Très cher. Trop cher.

Il est dit, dans le roman, que « La jeunesse ne peut savoir ce que pense et ressent le vieil âge. Mais les hommes âgés deviennent coupables s’ils oublient ce que signifiait être jeune » et même si j’étais encore jeune lors de ma première lecture en 2003, j’avais oublié ce que signifiait être ado.

Grossière erreur de ma part car l’auteur a fait de Harry un ado des plus réalistes en le faisant grincheux et râleur. Là, je me suis sentie plus en phase avec lui, au fur et à mesure que la mémoire me revenait de ma propre jeunesse.

Hormis les tourments de l’adolescence qui donne à tout ceux qui en souffre un caractère à chier, l’auteur ne s’est pas concentrée uniquement sur ÇA ! Non, elle est allée voir plus loin et à taclé dans les rotules de la Société et ça, j’adore.

Moi qui pensais, lors de ma découverte de la saga Harry Potter, qu’on ne pouvait pas faire pire que Rita Skeeter, c’est parce que je n’avais pas encore fait la connaissance de Dolores Ombrage, l’espèce de petite gestapiste en tailleur qui ne sait faire qu’une chose : prendre des décrets qui restreignent les libertés personnelles de chacun.

Tout comme le ministre, elle ne veut pas voir/croire le retour de Voldemort, ne veut pas l’admettre, veut tout contrôler, veut tout gérer, veut tout régenter et finir calife à la place du ministre.

Et fatalement, lorsque de tels êtres sortent du bois, il y a toujours des petits profiteurs pour leur lécher les bottes, collaborer avec l’ennemi pour tenter de gagner quelque chose et jouer aux policiers de l’Inquisition, à ses côtés.

Pris séparément, les Drago Malefoy et autre Crabbe et Goyle ne valent rien, font des traces de pneus dans leurs calebards et partent en courant au moindre danger car « courage, fuyons » (souvenez-vous de l’épisode de la forêt interdite). Mais là, ils se sentent en force, ces petits cafards cafteurs !

— J’obligerai Goyle à faire des lignes, ça va le tuer, il déteste écrire, dit Ron d’un ton joyeux.
Il crispa son visage dans une expression de concentration douloureuse et fit mine d’écrire en imitant les grognements rauques de Goyle :
— Je… ne… dois… pas… ressembler… à… un… derrière… de… babouin…

Les injustices sont aussi monnaie courantes dans ce 5ème tome et tout est fait pour énerver  Harry (Rogue, Ombrage) ou le discréditer, surtout la presse (Gazette du Sorcier) qui n’hésite jamais à cracher sur Untel et Untel avant de retourner sa veste, toujours du bon côté : opportuniste, en effet (Jacques Dutronc chante aussi dans votre tête ??).

Mais que ceux qui ne l’ont jamais lu se rassure, tout n’est pas que complot pour discréditer Dumbledore et Harry Potter dans ce tome 5 !

Il possède aussi beaucoup d’humour grâce aux personnages de Fred et George Weasley, qui foutront le bordel pour notre plus grand plaisir, sans oublier les petites phrases piquantes de Rogue, McGonagall et Dumbledore, qui ne se laisse jamais démonter (et sait soigner ses sorties).

Un tome épais, un vrai pavé de 1.030 pages, une longue introduction pour présenter l’Ordre du Phénix, une année scolaire chahutée, avec privations de libertés, restrictions de la pensée, de la parole, complots, mensonges, refus de voir la vérité, Inquisition et brigade de petits merdeux de collaborateurs mais aussi des farces pour Sorciers Facétieux !

Un tome plus lourd, plus dense, plus sombre que les précédents. Chaque rentrée à Poudlard (chaque tome) devient de plus en plus profond, plus violent et les suivants vont encore déclencher des larmes chez moi et une envie de meurtre sur J.K Rowling.

Un tome qui, à la relecture, a gagné des galons et une place chère dans mon cœur.

— Voyez-vous, monsieur le ministre, il y a bien des sujets sur lesquels je suis en désaccord avec Dumbledore…Mais il faut lui reconnaître qu’il ne manque pas de style.

Dans le monde il n’y a pas d’un côté le bien et le mal, il y a une part de lumière et d’ombre en chacun de nous. Ce qui compte c’est celle que l’on choisit de montrer dans nos actes, ça c’est ce que l’on est vraiment.

Une nouvelle LC réussie de plus à notre compteur, Bianca et moi ! Et oui, nous sommes du même avis : on a envie de tuer Ombrage !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°XXX, le Challenge « British Mysteries 2019 » chez MyLouBook, Le Challenge « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] et sur le forum de Livraddict (N°9 – Cinq pépins d’orange – 5ème tome d’une saga), Le Challenge de l’épouvante Edition Autumn, Witches and Pumpkin chez Chroniques Littéraires (Menu Petits Frissons – Un automne à Poudlard).

Nuit mère : Kurt Vonnegut

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Titre : Nuit mère

Auteur : Kurt Vonnegut
Édition : Gallmeister (2016)

Résumé :
« Je suis américain de naissance, nazi de réputation et apatride par inclination. »

Ainsi s’ouvrent les confessions de Howard W. Campbell Jr. qui attend d’être jugé pour crimes de guerre dans une cellule de Jérusalem. Ce dramaturge à succès exilé en Allemagne fut en effet le propagandiste de radio le plus zélé du régime nazi.

Mais il clame aujourd’hui son innocence et prétend n’avoir été qu’un agent infiltré au service des Alliés.

Il lui reste désormais peu de temps pour se disculper et sauver sa peau.

mother-nightCritique :
Voilà un roman qui sort des sentiers battus, aux antipodes de ce que je lis habituellement, et dont, au final, je suis sortie assez secouée.

Howard C. Campbell dit lui-même qu’il est un américain de naissance, un nazi de réputation et un apatride par inclination.

Cet homme que l’on devrait détester nous livre ce récit autobiographique, fictif, de sa vie durant la Seconde Guerre Mondiale en tant que grand propagandiste sur les ondes radios et du côté des nazis.

Récit autobiographie qu’il aurait envoyé à l’auteur, Kurt Vonnegut, depuis sa cellule à Jérusalem dans laquelle il attend son procès.

Ce qui frappe dans ce récit, c’est qu’au début, on devrait haïr Howard pour ce qu’il a fait, mais au fur et à mesure des pages, on ne sait plus trop quoi penser de lui et la balance penche irrémédiablement vers le mec sympa plutôt que vers le vrai salaud.

L’équilibre étant toujours sujet à caution puisque Howard pourrait nous raconter des carabistouilles… ou pas !

Parce que si cet homme fut un propagandiste, ce ne fut pas vraiment de son fait, mais en tant qu’espion pour les États-Unis !

Dans ses discours farcis à la haine des autres et à la sauce antisémite, ses soupirs, ses toussotements auraient été des codes pour les Américains à l’écoute de ses diatribes haineuses.

Vrai ou pas vrai ?? Sans doute vrai, mais peu de personnes peuvent le confirmer et tout le roman sera rempli de faux-semblants, de ces gens qui pensent être une chose et qui sont l’exact opposé, de ces gens qui se disent purs et qui ne valent pas mieux que les nazis nostalgiques ou les nazis de l’époque du moustachu à la mèche de cheveux noire.

Nous sommes ce que nous feignons d’être, aussi devons-nous prendre garde à ce que nous feignons d’être.

Soyez sur vos gardes durant la lecture…

La plume de l’auteur est facile à lire, le roman se termine en quelques heures, il n’est guère épais (guerre et paix), mais il y a dedans quelques réflexions profondes dont les plus étonnantes sont celles entre Howard Campbell et Eichmann, ce dernier lui demandant s’il devait avoir recours à un agent littéraire ou encore les tournois de pingpong organisés au ministère de la Propagande.

Ici, les salauds ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être et les gentils non plus, tout le monde cache des choses, tout le monde cache ce qu’il est vraiment, et les gens tendent à devenir les personnages dont ils ont endossé les habits pour les besoins de leurs missions.

Nuit mère est un roman étrange, une confession d’un homme seul, d’un homme qui soulève de l’admiration chez les amateurs de la race Blanche et le dégoût chez les autres, exacerbant chez ces derniers des envies de lui casser la gueule puisqu’il fait un parfait bouc émissaire en tant qu’Américain ayant frayé avec l’Ennemi (oubliant de ce côté là que les banques américaines soutinrent l’effort de guerre des deux cotés, aussi bien des yankee que des casques à pointes et des bottines à clous).

Un roman rempli de faux-semblants qui me laisse un peu groggy et perplexe sur la nature Humaine (mais je l’étais déjà).

Étoile 3

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Une année avec Gallmeister : les 10 ans chez LeaTouchBook, Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

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Zootopie : Byron Howard et Rich Moore [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 17/52]

Zootopie est le 135e long-métrage d’animation et le 55ème « Classique d’animation » des studios Disney réalisé par Byron Howard et Rich Moore.

Entièrement réalisé en images de synthèse, le film est une comédie policière et un buddy movie sorti en salles en 2016.

1. Synopsis :
Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia !

Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque …

2. Fiche technique :

  • Titre original : Zootopia
  • Titre français : Zootopie
  • Réalisation : Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush (en)
  • Scénario : Jared Bush
  • Production : John Lasseter et Osnat Shurer (en)
  • Sociétés de production : Walt Disney Pictures et Walt Disney Animation Studios
  • Société de distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures International
  • Pays d’origine : États-Unis

3. Voix originales :

  • Ginnifer Goodwin : le lieutenant Judy Hopps
  • Jason Bateman : Nick Wilde
  • Idris Elba : le chef Bogo
  • J. K. Simmons : le maire Leodore Lionheart
  • Jenny Slate : l’adjointe au maire Dawn Bellwether
  • Nate Torrence : l’officier Benjamin Clawhauser
  • Shakira : Gazelle
  • Octavia Spencer : Mrs Otterton
  • Bonnie Hunt : Bonnie Hopps
  • Don Lake : Stu Hopps
  • Tommy Chong : Yax
  • Raymond S. Persi : Flash

Ce que j’en ai pensé :
Vous voulez que je vous le dise vraiment ? Vous n’avez pas une toute petite idée ? Non ?

Super génial ! Franchement, j’ai kiffé ce film qui tue sa race… Pardon, je me laisse aller…

S’il y a une chose que j’adore, dans un dessin animé, c’est l’anthropomorphisme (des animaux qui se comportent comme des humains) des personnages, ce qui permet de réaliser une satyre sur les travers humains sans que cela pue la morale à plein nez.

De plus, ici, nous avons une enquête menée par la nouvelle policière : Judy Hopps, la première lapine à intégrer le corps de police.

Notre petite lapine a vu son rêve d’enfant se réaliser, elle est flic, mais elle a du mal à trouver sa place au milieu des gros prédateurs que constitue le corps de police. Quant aux herbivores qui s’y trouvent, ce sont des éléphants, des rhinocéros, des buffles…

Alors, une lapine ! Oui, ça l’fait pas… foutons-là aux contraventions !

Judy Hoops est une rêveuse, une idéaliste, une naïve qui débarque à la grande ville, venant de son bled perdu et qui croit que tout va aller.

Les personnages sont bien dessinés, même si ce sont des images de synthèse. Ils font « vrais », ont des mimiques humaines et animales (les oreilles en arrière) et possèdent tous nos défauts.

Je reviendrai sur nos travers après vous avoir parlé un peu de l’enquête : des animaux ont disparus mystérieusement et leurs familles ne sait pas où ils sont passés.

Pendant que tous ses collègues bossent sur les plus importants, Judy fout des contraventions pour stationnement. Rien ne va plus, elle fait semblant que oui, mais elle comprend que le ville n’est pas ce qu’elle pensait.

Après la poursuite d’une Belette voleuse (oui, j’ai toujours les mauvais rôle dans les films), Judy va faire le forcing et le chef Bogo va lui donner le dossier de la loutre disparue.

L’enquête est bien menée – même si Hopps est victime de sa fougue, souvent – avec du suspense, du mystère, des indices à récolter, des théories à échafauder, des pistes à suivre, des gens a arrêter… et notre Hopps va être aidée par un renard, le roublard Nick Wilde qui n’a pas eu trop le choix.

Nick, c’est mon préféré ! Sa dégaine est top, sa chemise va bien à la couleur rousse de son poil et ses magouilles valent leur pesant de cacahouètes. De plus, il appelle sans cesse Judy « Carotte ». Un couple d’enquêteurs explosif parce que différent au possible.

Nick, lui, il est blasé de la vie, il sait qu’elle ne lui apportera rien de bon. Il est cynique, roublard, manipulateur, et les préjugés, il les connait et les subit avec philosophie : puisque tout le monde dit qu’on ne peut pas faire confiance aux renards, qu’ils sont voleurs, alors, pourquoi se donner du mal à détromper les gens ??

Judy, elle, elle veut aider les gens, elle veut changer le monde, elle est naïve mais aussi souvent prompte à en dire trop et à se ramasser une veste lors de son enquête. Sans oublier que l’enfer est pavé de bonnes intentions et Judy en fera l’amère découverte.

Niveau travers humains des personnages, ils sont les mêmes que nous : la peur de l’autre, surtout de la minorité (ici, les prédateurs dont certains retournent à l’état sauvage).

On le voit surtout dans une scène, dans le métro, où une maman attire ses enfants plus près d’elle car elle a peur d’un tigre, peur de ce qu’il pourrait lui faire si jamais… comme nous regardons certains de travers lorsqu’ils montent dans un métro avec un sac de voyage.

Comme chez nous, on peut aussi instrumentalisé la peur des autres, faire en sorte que les événements confirme nos dires. Ce ne serait pas la première ni la dernière fois qu’un pays (un Gouvernement, un groupuscule) instrumentalise lui-même une attaque pour justifier ensuite la sienne.

Le moustachu d’Allemagne l’avait fait : déguisant des soldats allemands avec des uniformes polonais, il les fit attaquer un poste allemand pour ensuite pouvoir attaquer la Pologne. « C’est vrai quoi, c’est la Pologne qu’avait commencé ! » (ironie)

Et voilà comment on manipule les gens. Propagande, qu’on appelle ça et elle marche toujours à plein pot, hélas.

Si les personnages de Judy et Nick sont les principaux, ils ne sont pas les seuls à être bien travaillés.

J’ai adoré Flash, celui qui bosse à l’administration et qui est un… paresseux !

Je ne me suis pas ennuyée une seconde dans ce film – regardé en V.O STFR – où, sans avoir de grands éclats de rire, j’ai eu des grands sourires, des petits pincements au cœur de nous voir si bien représenté dans nos travers honteux, les décors sont magnifiques, les personnages bien travaillés, les expressions aussi, le suspense est bien dosé, le mystère aussi.

Il y a des surprises, des retournements de situations, de l’humour dans les dialogues, de la roublardise, des moments « so cute » et des remise en question des personnages qui vont évoluer durant la durée du film.

Bref, une véritable réussite ! Un animé que l’on regarde en famille ou seul, avec ou sans mojito dans la main, mais avec un immense plaisir, ça, c’est sûr !

Mais… je n’ai pas ressentit des émotions comme les animés de Disney me donnaient, avant…

« Le roi lion » m’avait fait pleurer, « Rox et Rouky » aussi, comme « La belle et le clochard ».

Ce que je veux dire, c’est qu’il y avait des émotions brutes dans les anciens animés, ils n’avaient pas peur de faire chialer les moutards que nous étions. Et je ne vous parle pas du traumatisme que fut Bambi !

Maintenant, faut-il faire pleurer les gosses ou pas ? Vous me ferez 4 pages pour lundi, merci.

En attendant, ne boudons pas le plaisir de ne pas pleurer !

Étoile 4

Le « Challenge US » chez Noctembule et le Challenge #LeFilmDeLaSemaine2016.

1984 : George Orwell

Titre : 1984                                                         big_4

Auteur : George Orwell
Édition: Folio (1972)

Résumé :
L’origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s’est inspiré de Staline pour en faire son « Big Brother », figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l’URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime.

Mais Orwell n’oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures…

Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c’est la richesse des personnages, qu’il s’agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir…

C’est aussi cette « novlangue », affadie et trompeuse, destinée aux « proles », et ces formules de propagande (« L’ignorance, c’est la force ») scandées par des foules fanatisées et manipulées. 1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d’expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques.

Critique :
Que dire de nouveau après 203 critiques sur Babelio ? Que depuis l’incident avec la grosse curieuse NSA, les ventes du livre ont augmenté de… 7000% ? Comme quoi, tout le monde veut en savoir plus sur Big Brother…

Big Brother n’est pas vraiment un système de surveillance, c’est surtout le portrait d’un homme avec des grosses moustaches qui fait curieusement penser à Staline.  Sa tronche est présente partout en Océania.

Océania ? Nouveau Club Med ? Non ! Un Régime Totalitaire dans toute sa splendeur qui nivelle à mort par le fond. Même la télé réalité n’arriverait pas à faire aussi bien qu’eux parce que nous possédons encore le libre arbitre de la regarder ou pas.

Sûr que ce livre m’a fait dresser les cheveux sur la tête ! Quand je vous dis que c’est un régime « totalitaire », vous pouvez me croire, on frôle même la perfection, la machine est bien huilée, style rouleau compresseur et vu d’ici, la mécanique me semble sans faille.

Observons là de plus près…. L’espion qui espionne les espions, c’est nous. En cas de problème, le terminal de l’aéroport en Russie nous servira de Terre Promise !

A Océania, on surveille tout le monde derrière des écrans et pour votre intimité, vous repasserez ! Une sorte d’écran de PC ou de télé au mur qui voit tout.

A Océania, l’ennemi d’hier devient le super pote du lendemain et on efface des « journaux » le fait qu’on ait été en guerre avec lui durant quelques années. La population ne doit pas savoir, elle doit oublier.

Oh, pardon, les journaux ne sont pas en vente libre dans le kiosque du coin, mais disponibles aux archives et constamment remis à jour.

Winston, notre « z’héros », est chargé, avec d’autre, de changer les infos des journaux que la population n’a jamais eu l’occasion de lire. Le tout pour le bien de l’Histoire.

Quand je dis que l’on nivelle par le bas, on y va à fond et même Nabilla a plus de mot de vocabulaire que leurs dicos. Fini les synonymes et les antonymes, on utilisera « bon » ou « inbon » et « plusbon »… Les dictées de Pivot seront insipides… pardon, en Novlangue, c’est « inbon ».

Le sexe ? Bientôt comme chez les animaux d’élevage : pour assurer la pérennité de la race, quand au plaisir… Quel plaisir ?? « Orgasme » ne se trouve pas dans leurs dictionnaire.

Vous faites un pas de travers ? On peut vous dénoncer, surtout votre famille, vos enfants… déjà bien conditionné, les moutards ! Pffffttt, vous serez vaporisés et votre nom disparaîtra aussi. Existence zéro.

A Océania, à 7h du mat’, on vous réveille grâce à l’écran et c’est parti pour une séance de gym tonique  style « Véronique et Davina » mais sans elles, sans les jolies poitrines qui dansent, sans le sourire, mais avec la sueur et les injonctions : « Élève Winston, touchez vos pieds avec vos mains, mieux que ça ! ».

Tout est manipulé et la population gobe tout comme des oies au gavage… Les mensonges sont répétés et deviennent Vérité Historique. Sont gravés, quasi.

C’est pas le cas dans notre société ? Non ? Z’êtes bien sûrs ? Je suis tracée avec mon GSM, mon abonnement aux transports en commun, le PC du boulot, mon PC personnel aussi car Obama lit mes critiques que la NSA surveille de près, je dois être sur la liste rouge parce que tout à l’heure, j’ai dit à mon collègue que… Hé, non, je ne vais pas l’écrire, sinon, je vais monter en grade à la NSA !

Pharmacie ? Idem avec la carte SIS (Vitale en France), si vous avez une carte « GB-Carrefour », ils savent même ce que contient votre panier de ménagère de moins de 50 piges !

Caméras par-ci, caméras par-là… Les JT ne nous disent pas tout, on ne sait rien, les gouvernements nous mentent, les banques et assurances aussi, les lobbys contrôlent tout et certains osent même affirmer que la croissance va remonter… Une bonne nouvelle pour faire plaisir à la masse, comme dans le livre ??

Si le roman est assez long à lire et à certain moment « lourd », il faut s’accrocher afin d’arriver jusqu’au bout. Je l’ai lu par petites doses.

Dans « L’épée de vérité », Richard Rahl était le caillou dans la mare. Winston sera-t-il ici le grain de sable qui vient gripper la grosse machine bien huilée ou se fera-t-il prier d’aller voir sur la plage s’il n’y a pas de pavé en dessous ?

À l’heure ou nos gouvernements stockent nos données, nos messages, nos conversations téléphoniques dans un but « sécuritaire » (mon cul !), à l’heure ou Oncle Sam regarde par-dessus notre épaule, entassant un max de données qu’il ne saura jamais traiter, qu’avons-nous fait de notre indignation ?

Diantre, Frigide Barjot n’était pas là pour s’offusquer de l’œil de Washington ? D’ailleurs, les manifestants des derniers temps ne sont pas là pour crier que les bornes ont des limites ??

Le mariage joyeux, non, l’espionnage à grande échelle, oui !

Orwell, relève-toi, on se laisse faire comme des moutons à l’abattage !

Challenge « Romans Classiques » de Métaphore et « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel.

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