Le château des animaux – T01 – Miss Bengalore : Xavier Dorison et Félix Delep

Titre : Le château des animaux – T01 – Miss Bengalore

Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Félix Delep

Édition : Casterman (2019)

Résumé :
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio…

Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…

Miss Bangalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire…

Critique :
La ferme des animaux, d’Orwell, m’avait fait un effet boeuf… Ah mon cochon, quel roman, quelle claque !

Qu’allait-il en être avec le château des animaux, qui reprenait le même modèle, à savoir des animaux qui parlent, qui vivent en société, qui bossent et surtout, une dénonciation des régimes autoritaires, liberticides, staliniens, dictatoriaux ?

La grosse différence réside dans le fait que Dorison nous propose une histoire qui, de prime abord, peu paraître semblable au roman, mais lui, contrairement à Orwell, il propose des pistes pour sortir de ce système où l’autorité s’exerce par la force, par la peur, les morts, la privation de liberté et de nourriture.

Si dans le roman d’Orwell, on voyait toute la construction, étape par étape, de la mise en place du système totalitaire, dans cette bédé, le système est déjà mis en place et l’on s’oriente vers la prise de conscience des animaux qu’ils sont privés de liberté, que le système est injuste, inique et vers le début de la résistance, d’une petite révolte pour faire changer les choses, mais à la Gandhi : non violence.

Cette bédé, c’est un peu une continuité de La Ferme Des Animaux, comme une suite, comme ce qui aurait pu se passer si les animaux s’étaient révoltés par la douceur, par la non-violence, afin de faire plier le pouvoir en place, qui ne sait réprimer que dans le sang.

Le graphisme est très bien fait, les animaux font vraiment penser à des personnages réels à part entière et l’anthropomorphisme passe comme une lettre à la poste. Les caractéristiques des animaux sont utilisées : le chat a besoin de dormir beaucoup, mais impossible vu tout le boulot, le lapin saute toutes les lapines…

Ceci n’est pas une bande dessinée pour les enfants, il y a de la violence, des mises à mort au pilori, des chiens qui sont les gardiens du tyran (un taureau). Bref, c’est une bédé pour les adultes !

Xavier Dorison n’étant pas un bras cassé pour les scénario, celui-ci est donc mitonné aux petits oignons, avec de la profondeur dans le récit et dans les personnages.

Cette fable animalière est une critique sociale de certaines sociétés, de certains dirigeants et ça passe toujours mieux avec des animaux, La Fontaine l’avait déjà compris. Orwell aussi.

J’ai adoré ce premier tome et j’ai hâte de lire la suite. Peur aussi, parce que j’apprécie certains animaux, dont miss Bengalore, le Lapin César (le don juan) et le rat Azélar…

Une lecture aussi coup de poing que le roman d’Orwell, qui m’avait hanté longtemps et qui me hante toujours…

La mort de Staline – Une histoire vraie… soviétique – Intégrale : Fabien Nury et Thierry Robin

Titre : La mort de Staline – Une histoire vraie… soviétique – Intégrale

Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin

Édition : Dargaud (01/12/2017)

Résumé :
Cette intégrale de « La Mort de Staline » regroupe les deux tomes de ce vrai faux récit historique signé par deux grands noms de la nouvelle BD française : Fabien Nury et Thierry Robin.

Le 2 mars 1953, en pleine nuit, Joseph Staline, le Petit Père des peuples, l’homme qui régna en maître absolu sur toutes les Russies, fait une attaque cérébrale. Il est déclaré mort deux jours plus tard.

Commence alors une lutte acharnée pour le pouvoir suprême, lutte qui concentrera toute la démence, la perversité et l’inhumanité du totalitarisme.

Qui succédera à Staline ? Une histoire vraie soviétique, à l’humour ravageur et cruel, portrait saisissant d’une dictature plongée dans la folie.

La Mort de Staline, une bande dessinée historique réaliste et documentée qui dépeint le tableau terrifiant et absurde d’un système totalitaire en pleine folie.

Critique :
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette intégrale de la Mort de Staline est drôle.

Même si l’humour est grinçant, noir et perfide… Et que l’on sait que son système est responsable de morts et de déportations par dizaine de milliers.

Il est difficile de ne pas sourire devant l’empressement de certains à satisfaire les demandes du Père des peuples (avant son attaque) et de voir les autres magouiller pour tenter de conserver leur place et leurs privilèges.

Ubuesque, mais tellement réaliste. Staline se meurt, mais il fait toujours peur. Le guide est mourant, qui va reprendre son commerce de mort et de peur ? Qui pour prendre les rênes de l’URSS ? Les camarades vont pouvoir se tirer dans les pattes, se planter des couteaux dans le dos, magouiller, négocier, piquer les dossiers de Staline…

Bien que cette histoire soit une fiction et que l’auteur précise quels événements il a ajouté ou changé dans son récit, on reste pourtant dans un récit tout à fait cohérent et il n’est pas difficile de penser que les négociations qui eurent lieu entre les membres du Politburo, dont Beria, qui ne veut pas perdre son pouvoir et qui pourtant, sera victime de son système (je ne le pleurerai pas, instant karma !), se sont bien déroulées de la sorte.

C’est la lutte finale, la lutte pour le pouvoir… Une guerre de succession (et non de sécession).

Les dessins, bien qu’ils m’aient semblé un peu bizarre au début de ma lecture, allaient comme un gant à cette histoire. Finalement, je les ai adoré.

Dans cette bédé, c’est toute l’inhumanité, tout l’illogisme d’un système qui est démontrée, qui nous saute aux yeux. Tant de morts, tant de douleur, tant de misère pour lutter contre le capitalisme ? Ben voyons… Quant à l’avenir radieux promis, il ne le fut que pour certains, une minuscule minorité, tandis que les autres en crevaient.

La première partie, est consacrée à l’agonie de Staline, tandis que la seconde est pour ses funérailles, où il se déroulera encore bien des événements, grotesques ou dramatiques.

En fait, si nous ne connaissions pas l’Histoire, on pourrait qualifier Lavrenti Beria (chef de la police secrète), Nikita Khrouchtchev, Viatcheslav Molotov, Nikolaï Boulganine et Gueorgui Malenkov de bouffons, de comiques troupiers, de types grotesques, tant ils sombrent tous dans la paranoïa et la soif de pouvoir.

Il en ressort de tout cela que cette bédé est des plus intéressantes, même si elle incorpore des passages fictionnels. Le communisme n’était pas une bonne chose et pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, cette bédé risque de leur ouvrir les yeux.

Apprenez aussi que dans la réalité, Staline, après son attaque cérébrale, est resté seul dans sa chambre, des heures et des heures (baignant dans sa pisse), personne n’osant le déranger et qu’il n’y avait presque plus de médecins pour s’occuper de son cas, puisqu’il en avait fait assassiner beaucoup, les accusant de complot, (la plupart était des juifs)…

Une bédé que je suis contente d’avoir découverte ! On en a tiré un film, mais d’après ce que j’ai entendu dire, il est moins bien que la bédé. Alors, lisez cette bédé !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°167].

La véritable Histoire vraie – Tome 03 – Hitler : Bernard Swysen et Ptiluc

Titre : La véritable Histoire vraie – Tome 03 – Hitler

Scénariste : Bernard Swysen
Dessinateur : Ptiluc

Édition : Dupuis (01/03/2019)

Résumé :
Si la Seconde Guerre mondiale et la Shoah sont bien le point d’orgue du règne d’horreur d’Hitler, l’histoire a commencé bien avant cela.

Pour comprendre comment et pourquoi l’indicible a pu se produire, il faut remonter un peu avant la naissance d’Hitler lui-même, au moment où son père adopte ce patronyme. Toute l’enfance d’Adolf Hitler, ses choix, ses échecs vont former un homme complexe et vont le mener à son « combat », comme il le raconte lui-même.

Convaincu comme beaucoup d’hommes de son temps de la culpabilité des Juifs après la Première Guerre mondiale, il va développer un antisémitisme violent. Recruté par un parti politique en 1919, celui-ci va servir de terreau pour ses aspirations. Il se découvre alors un talent d’orateur qui va lui permettre d’électriser les foules et, malgré les approximations qu’il raconte, de les rallier à son parti. Il en prendra le contrôle quelques mois après… la machine est alors lancée.

Les deux auteurs reviennent sur ce parcours surréaliste et sur cet enchaînement de circonstances atroces qui ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Au fil des pages, des histoires plus petites se dessinent en creux, comme celle de Kurt Gerstein, officier nazi qui aura tout fait pour prévenir les forces libres des camps d’extermination, ou celle de von Gersdorff, qui a fait partie de la résistance au sein même du parti nazi.

Critique :
Peut-on rire de tout ? Il paraît que oui, mais pas avec tout le monde…

J’ajouterai qu’on peut rire de tout, à conditions de le faire intelligemment et que, sous couvert de l’humour, on parle de choses vraies, de faits avérés et qu’on n’aie pas peur d’utiliser à bon escient l’humour noir, sarcastique, ironique.

Après Staline, je me devais de lire l’autre salopard, Hitler (et je suis loin d’en d’avoir pas terminé avec tous les salopards d’assassins de masse du 20ème siècle).

Même scénariste, même dessinateur, ce qui veut dire que l’on continue dans l’univers animalier, dans l’anthropomorphisme et je dois dire que la tête de rat va comme un gant à Hitler, sans vouloir offenser les rats, bien entendu.

Comme pour les autres bédés, on commence avec l’enfance et la jeunesse du sujet, on nous présente ses parents (ce ne sont pas des gens qu’on a envie d’apprécier), les études du vrai méchant, ses folies, ses lubies, ses pensées, ses illogismes, sa haine, ses raccourcis faciles, le fait qu’il ne supporte pas les contradictions, le tout baignant dans sa méchanceté crasse, dans ses délires de dictateurs pas encore formé tout à fait.

Lors des pages consacrées à la Première Guerre Mondiale, j’ai croisé Milou, avant de tomber sur les Dalton, puis sur Tintin. Le tout étant parfaitement intégré dans le récit et servant juste de clin d’oeil, comme pour une phrase tirée de rabbi Jacob.

L’humour noir est présent, les auteurs sont sarcastiques, mais jamais insultant pour les gens qui ont souffert de ces horreurs. Afin d’illustrer la montée du racisme et de l’antisémitisme, ils utiliseront deux personnages, un professeur et son aide, Juifs, qui, après avoir voulu aller en Amérique (No), en Pologne, en Belgique, se retrouveront finalement en France, à trembler devant les soldats allemands qui défilent sur les Champs Élysées.

Les pages consacrées aux camps de la mort seront en noir et blanc, les prisonniers auront tous des visages de souris, comme dans l’excellente bédé Maus de Art Spiegelman. Sans entrer dans les détails, les deux auteurs arrivent très bien à faire passer les émotions dans ces quelques pages. Les soldats américains, eux, auront des têtes de Mickey.

Cette bédé à beau faire de l’humour, elle n’en reste pas moins une bédé historique, qui parle de faits historique et met en scène le moustachu végétarien qui aimait les animaux (comme quoi, on peut aimer les animaux et faire subir aux Hommes des atrocités avant de les exterminer).

Les auteurs nous montrent aussi comment l’homme moustachu n’aimait pas être contredit, s’adressait toujours à des foules acquises à ses idées, utilisant des phrases simples, du populisme, des raccourcis faciles… Et comment il se débarrassa de ses SA et de tous ceux qui auraient pu lui faire de l’ombre ou le contester.

Le récit n’est pas exhaustif, mais donne assez bien des petits détails, comme Hugo Boss, le tailleur des costumes pour Nazis et du personnage de Kurt Gerstein, de l’institut d’hygiène, qui découvrira la terrible réalité des camps de concentration… Cet homme tenta d’alerter le monde, mais il ne fut pas écouté.

J’ai souvent entendu dire que l’Adolf était arrivé au pouvoir légalement, par les urnes, mais cette bédé nous explique que ce n’est pas tout à fait ainsi que cela s’est passé : le rat s’est fait nommer chancelier de la république de Weimar, alors que le président Hindenburg avait toujours refusé de le nommer. Non, non, il n’a pas été élu chancelier par les Allemands.

Cette bédé est remplie de petites choses intéressantes, impossibles à résumer dans ma pauvre chronique. La bédé est copieuse, bien faite, intelligente et raconte les choses dans toute leur simplicité, mais aussi dans toute leur atrocités.

Et pendant que le rat montait, pendant que le rat prenait le pouvoir, prenait les pays limitrophes, les gouvernements européens fronçaient les sourcils, levaient un doigt menaçant, mais se laissaient berner, endormir, par les belles promesses du petit caporal… Et de nos jours, personne ne voit venir non plus. ♪ Anne, ma soeur Anne, si je te disais ce que je vois v’nir ♫

Bon, si vous n’avez pas encore compris, cette bédé est excellente (mais ceci n’est que mon avis, bien entendu) et mériterait d’être lue par plus, peut-être que certains comprendraient qu’avec ce genre d’idéologie, on va droit dans le mur, droit dans des guerres, dans les violences, dans le sang…

Que c’est le sang des civils qui coule le premier, puis celui des proches du dictateur, quand il en a marre de voir votre gueule, quand il pense que vous allez lui faire de l’ombre, le contester, remettre en question ses ordres, que vous les avez mal exécutés… C’est parano à l’extrême, un dictateur et bien seul… Il ne peut faire confiance qu’à son chien.

Une bédé qui parle de l’Histoire avec humour, mais sans jamais que ce dernier ne dénature les propos, les faits, les horreurs. On sourit, mais le récit nous fait souvent ravaler notre sourire.

Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur : vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre.

La ferme des animaux : George Orwell

Titre : La ferme des animaux

Auteur : George Orwell
Édition : Livre de Poche Jeunesse (2021)
Édition Originale : Animal farm (1945)
Traduction : Stéphane Labbe

Résumé :
Un beau jour, dans une ferme anglaise, les animaux décident de prendre le contrôle et chassent leur propriétaire.

Les cochons dirigent la ferme comme une mini société et bientôt des lois sont établies proscrivant de près ou de loin tout ce qui pourrait ressembler ou faire agir les animaux comme des humains.

De fil en aiguille, ce microcosme évolue jusqu’à ce qu’on puisse lire parmi les commandements : « Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d’autres. »

Le parallèle avec l’URSS est inévitable quand on lit cette fable animalière. À travers cette société, c’est une véritable critique du totalitarisme d’état que développe Orwell.

Critique :
Cette fable animale, qui pourrait sembler simpliste, ne l’est pas du tout.

Un enfant la prendrait au premier degré, pour ce qu’elle est : des animaux se sont révoltés, ont chassé le fermier, pris possession de la ferme et veulent bosser pour leur propre compte.

L’enfer étant pavé de bonnes intentions, si au départ, tout est bien, après quelques temps, ça part en couille puisque les cochons s’arrogent le pouvoir, mais les autres animaux ne s’en rendent pas compte (ou ne veulent pas s’en rendre compte).

L’adulte, lui, lira entre les lignes et y verra (le cas de le dire, puisque l’on parle de cochons) une fable animalière dénonçant le communisme à la Staline ou tout autre régime totalitaire.

Au départ, les intentions sont bonnes puis une certaine élite se dégage, s’arroge des droits (sans les devoirs qui vont avec), des passe-droits, des rations supplémentaires, donne des ordres, considère les autres comme des esclaves, réécrit l’histoire et puisque l’on a réchauffé l’eau doucement, puisque l’on avait un police violente, personne n’a rien senti, personne n’a osé l’ouvrir et ceux qui l’ont ouvert sont morts.

C’est aussi une fable qui parle de toutes les révolutions qui furent confisquées ensuite par certaines personnes qui n’ont eu de cesse, ensuite, de se comporter comme les tyrans qu’ils dénonçaient autrefois et qu’ils avaient renversés, arrivant même à se comporter d’une plus vile manière qu’eux.

J’y ai aussi lu une dénonciation du capitalisme avec la force ouvrière qui est exploitée par une élite intellectuelle et qui malgré qu’elle bosse plus, reçoit de moins en moins de ration alimentaire, tandis que ceux qui ne produisent rien bouffent à s’en faire péter la panse (oui, c’est dit sans les pincettes). Travailler plus pour gagner moins !

Puisque les animaux bossent pour eux (qu’ils croient), ils sont prêt à tous les sacrifices, oubliant que ce ne seront pas eux qui tireront les bénéfices de leur force de travail et qu’au final, ils sont esclaves de quelqu’un, sauf que ce n’est plus du fermier (qui les faisait bosser moins, même si c’était pour son bénef à lui) mais des cochons.

La descente aux enfers commencera doucement pour nos animaux, sans qu’ils ne s’en rendent vraiment compte au départ puisque tout leur est expliqué simplement : c’est pour leur bien ! Et on avale, pardon, et ils avalent. Et puis, ceux qui n’avalent pas n’auront plus jamais l’occasion de remettre en question les ordres du cochon Napoléon, le chef.

Orwell va droit au but et s’inspire aussi des animaux pour leur donner leur caractère propre et habituel : les moutons bêlent ce qu’on leur dit de bêler, les chiens sont agressifs, les chevaux forts, l’âne intelligent… Chacun est parfaitement à sa place dans son rôle et il ne faut pas franchir des fossés pour assimiler les animaux à des humains, vu leur comportement.

Orwell frappe sous la ceinture, ça fait mal, ce petit livre. Il en ressort qu’en fait, tout le monde peut devenir un libérateur, il suffit juste d’être un bon orateur et la foule de moutons suivra !

Mais une fois le premier tyran éliminé, il faut avoir le pieds sur terre pour ne pas virer dictateur soi-même. Pas besoin de franchir des fossés non plus, la frontière est mince et si facilement franchie… Trop facilement…

Ensuite, le reste vient tout seul, un pas après l’autre, une règle après l’autre, une restriction après l’autre.

Une fable intelligente qui démontre que le totalitarisme n’est jamais loin, qu’il se trouve sous nos yeux, partout et pas que dans les états dictatoriaux, les républiques bananières…

Le totalitarisme ne se trouve pas que dans le passé et que ce salopard peut revenir au galop sans que l’on ne s’en rende compte ou alors, trop tard.

La liberté n’est pas un du, ce n’est pas non plus un droit, c’est un devoir. Mais il n’est pas toujours facile de voir le totalitarisme se mettre en place et encore moins de se rebeller contre des autorités toutes puissantes qui peuvent vous broyer comme on écrase une noisette avec l’outil adéquat.

Et puis, il est souvent plus facile de faire semblant de rien, de se raconter des histoires, de laisser couler, de baisser les bras. Parce que s’opposer de manière intelligente, c’est épuisant, dangereux et bien souvent, on est seul.

Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°60], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°18] et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, Cryssilda et Titine.

1984 (BD) : George Orwell et Fido Nesti

Titre : 1984 (BD)

Scénariste : George Orwell
Dessinateur : Fido Nesti

Édition : Grasset (04/11/2020)

Résumé :
1984, le chef-d’œuvre de George Orwell, fait partie des plus grands textes du XXème siècle. Les lecteurs de tous âges connaissent Big Brother et Winston Smith, car plus qu’un roman politique et dystopique, 1984 a nourri notre imaginaire sans jamais perdre de son actualité.

L’atmosphère envoûtante et le dessin aux teintes fantastiques de l’illustrateur brésilien Fido Nesti, alliés à la modernité de la traduction de Josée Kamoun, nous offrent aujourd’hui une somptueuse édition de 1984, la première version graphique du texte mythique d’Orwell.

Il s’agit d’un des événements éditoriaux les plus attendus de l’année à travers le monde.

Critique :
J’avais découvert le roman en 2013 et malgré le fait que j’avais pris un uppercut dans ma gueule avec la description d’une société totalitaire poussant l’absurde jusqu’à réécrire l’Histoire ou les faits, certains passages de cette dystopie m’avaient ennuyés.

Ma cotation avait été très bonne parce que le K.O (chaos ?) était parfait et j’avais eu du mal à me relever.

L’adaptation en roman graphique était donc l’occasion de voir si j’allais encore éprouver des grands moments de solitude durant les soliloques de Winston Smith…

Une fois de plus, je suis au tapis, la gueule qui fait mal et durant ma lecture de ce roman graphique, je n’ai pas vécu l’ennui qu’une partie du roman m’avait procurée. Les sueurs froides étaient toujours au rendez-vous, par contre.

Si je n’ai pas été conquise par les dessins, les couleurs illustraient bien l’atmosphère de l’Angleterre sous ce régime totalitaire, dictatorial, stalinien…

D’ailleurs, j’ai même eu un regain de sueurs froides en revoyant les épisodes où les employés doivent réécrire l’Histoire, les faits, les journaux et gommer ce qui doit être gommer car depuis quelques temps, certains illuminés du bocal aimeraient que l’on efface certaines mots des romans, effaçant par là même l’Histoire et ses horreurs.

« Un peuple qui ne connait pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines » (Marcus Garvey). Pire ! « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre » (Winston Churchill, Karl Marx et plein d’autres).

Comme le disait si bien Abraham Lincoln : Le problème avec les citations sur Internet, c’est qu’il est difficile de déterminer si elles sont authentiques ou non.

Orwell s’inspire, bien entendu, des sociétés totalitaires comme furent celles du communisme sous Staline (on réécrivait la réalité, on truquait les chiffres, on montrait l’opulence mais ce n’était que du carton pâte) et du nazisme. Bref, toutes les sociétés totalitaires peuvent se retrouver dans ses pages.

Anybref, cette adaptation graphique du célèbre roman d’Orwell est excellente car les dessins sont en harmonie parfaite avec le ton de la narration de Winston Smith qui nous explique le monde dans lequel il vit, dans cette société qui contrôle tout, même l’écran qui est dans votre domicile, celui que l’on ne peut pas éteindre.

Ceux ou celles qui ne voudraient pas lire le roman peuvent se rabattre dans soucis sur cette adaptation car elle est fidèle au roman.

La présence de dessins, dans des tons gris et rouges, qui illustrent eux-mêmes ces ambiances de désespoir, de morosité, de suspicion, de mal-être, plongent encore mieux le lecteur dans ce monde horrible, lui donnant l’impression qu’il se trouve dedans, à arpenter ces rues grises d’un Londres que personne ne voudrais connaître.

Si dans la deuxième partie, on a un peu de répit, d’amour, la troisième, elle, est implacable et les tripes qui étaient déjà nouées vont se tordre encore plus devant tant d’inhumanité, de folie car ce qu’il se passe dans ces pages, ça va encore plus loin dans la négation de la mémoire que le stalinisme ou que le nazisme.

Avec Big Brother, c’est comme si vous n’aviez jamais existé, vous ne deviendrez jamais un martyr, un témoin gênant. Vous serez un rien du tout, réduit à néant, aussi bien dans le passé que dans l’avenir.

1984, c’est plus qu’une claque dans la gueule, c’est une balle dans la tête. À lire et à relire, sans oublier que Big Brother est là, à nous regarder, derrière nos écrans. Heureusement, nous n’en sommes pas encore arrivé à ce qui se déroule dans cette dystopie glaçante mais ce totalitarisme a existé (pas aussi poussé) et il n’est jamais mort car on ne peut pas tuer des idées.

— Si tu veux une image du futur, figure-toi une botte qui écrase un visage humain. Indéfiniment.

Le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021 [32ème et dernière fiche], Le Challenge A Year in England pour les 10 ans du Mois anglais [Lecture N°12] et Le Mois anglais (Juin 2021 – Season 10) chez Lou, Cryssilda et Titine.

Captain America : Steve Rogers – T01 – Heil Hydra ! : Nick Spencer, Miguel Sepúlveda, Javier Piña et Jesús Saiz

Titre : Captain America : Steve Rogers – T01 – Heil Hydra !

Scénariste : Nick Spencer
Dessinateurs : Miguel Sepúlveda, Javier Piña et Jesús Saiz

Édition : Panini Marvel Now! (2018)
Édition Originale : Captain America: Steve Rogers, book 1: Hail Hydra (2016)
Traduction : Jérémy Manesse

Résumé :
Steve Rogers, redevenu jeune, a repris le costume de Captain America. Mais derrière ce retour tant attendu, se dissimule un secret qui va secouer l’univers Marvel.

(Contient un prologue de 10 planches publié initialement dans Free Comic Book Day: Captain America (2016) et Captain America: Steve Rogers (2016) #1-6)

Critique :
Captain America, je ne le connais que par les films de la Marvel. Steve Rogers, pour moi, c’est le bô gosse (Chris Evans) avec qui j’irais bien m’encanailler !

Ne connaissant pas l’ordre de lecture de la saga des Captain America, j’ai sans doute commencé par là où il ne fallait pas…

Le scénario est assez riche, comportant des flash-back dans les années 20 sur la jeunesse de Steve Rogers.

Le dessinateur utilisera alors des tons bruns/gris pour nous plonger dans l’atmosphère des années 20, utilisant du rouge lorsqu’il y a danger.

Une partie des personnages de l’écurie Marvel sont présent aussi et j’y ai croisé Iron Man, Doctor Strange, Deadpol, Captain Marvel, Thor, un Spiderman gamin et bien d’autres.

Grâce aux flash-back sur la jeunesse de Steve, le récit n’est en rien linéaire, mais les auteurs se sont permis aussi de faire des bons dans le temps afin de nous montrer les évènements qui ont eu lieu auparavant et éclairer ainsi notre lanterne. Bon, il ne faut pas s’y perdre.

L’intrigue est assez bien fournie, les réparties fusent et notre Captain America n’est pas le Gentil tout bon, tout lisse que l’on pourrait penser. Les scénaristes sont allés plus loin avec lui et je gage que cela a dû faire grincer des dents.

En tout cas, c’est audacieux et cela change de la vision que nous avons de lui, bien que, même ainsi, en quelque sorte, il reste un patriote, vu les discours que certains tiennent dans ce récit. Vérités ou manipulations ? Ça semble tout beau à les entendre mais je reste méfiante des beaux discours.

Mélangeant habillement l’espionnage, le double jeu (ou le triple ?), le S.H.I.E.L.D qui veut prendre des mesures plus coercitives suite à la montée en puissance des suprématistes de l’Hydra, la démocratie qui pourrait être mise à mal puisque certains mesures de surveillance donneraient à penser que la NSA a pris des amphètes !

Un comics très dense, avec beaucoup de détails dans les dessins ou les dialogues. Anybref, pas un comics qu’on lit en vitesse ! J’ai pris le temps de le découvrir (vierge de l’univers, quasi) et j’ai l’intention de poursuivre ma découverte des aventures du Cap et de voir comment ça va tourner dans la suite !

Le Mois Espagnol chez Sharon – Mai 2021.

Bratislava 68, été brûlant : Viliam Klimáček

Titre : Bratislava 68, été brûlant

Auteur : Viliam Klimáček
Édition : Agullo (2018)
Édition Originale : Horuce Leto 68 (04/10/2011)
Traduction : Richard Palachak et Lydia Palascak

Résumé :
Nous sommes une nation condamnée à la tendresse. On nous envahit facilement. Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le « socialisme à visage humain ».

La censure est interdite, les frontières s’ouvrent vers l’Ouest, les biens de consommation font leur apparition…

Un vent de liberté souffle sur le pays. Cet été là, Alexander et Anna montent dans leur Skoda Felicia, un cabriolet flambant neuf, pour rejoindre leur fille Petra à Bratislava où elle vient de terminer de brillantes études de médecine.

Tereza, fille d’un cheminot rescapé des camps de concentration et d’une éditrice à la Pravda qui ont longtemps accueilli des réfugiés hongrois de 1956, séjourne dans un kibboutz en Israël pour renouer avec sa culture juive.

Jozef, pasteur défroqué pour avoir refusé de dénoncer des paroissiens auprès du Parti, fait ses premières armes à la radio.

Dans la nuit du 20 au 21 août, tandis que les tanks soviétiques envahissent la ville, le destin de ces trois personnages et de leurs familles va basculer.

Pendant quelques heures, la frontière avec l’Autriche reste ouverte, Vienne est à une heure de train. Chacun devra alors faire un choix : partir ou rester ?

Fuir la violence ou résister à l’oppresseur ?

Critique :
Il est des livres où dès les premières lignes, vous êtes conquis(e), vous rentrez dedans et vous sentez aussi bien que dans des charentaises confortables.

Ce fut le cas ici, je me suis coulée dans le récit, j’ai adhéré aux différents personnages, comme si je les connaissais depuis longtemps.

L’auteur s’est basé sur des témoignages d’exilés Slovaques pour bâtir son récit et on le ressent bien car il y a du réalisme, du vécu, même s’il a changé les noms et mélangé plusieurs destinées.

Au départ, tout va bien. On fait la rencontre des nos personnages principaux, on découvre la vie en Tchécoslovaquie, sous le règne des Socialistes qui en pratique un qui n’a de socialisme que le nom.

À choisir, je préfère encore la Gauche Caviar que ce communisme qui, une fois de plus, empêche ses citoyens de découvrir le monde et le garde prisonnier d’un rideau de fer, isolant le bloc de l’Est (lorsque j’étais gamine, je pensais que c’était un vrai rideau de fer, après, on m’a expliqué… Vous imaginez la taille du rideau ?) de celui de l’Ouest, dirigé par des salopards de capitalistes.

Tels des parents castrateurs empêchant leurs rejetons d’aller voir sur la palier de l’appart, ou sur la rue, devant la maison, les dirigeants communistes sont d’une sévérité immonde, d’une imbécilité crasse, d’un illogisme débile, préférant laisser la possibilité à des crétins de faire des études, empêchant les bons éléments, les premiers de classe, aller à l’université, vous déclarant incompatible parce que votre ancêtre était un grand capitaliste  (il possédait un petit atelier de couture)…

Ces derniers temps, je bouffe du communisme, que ce soit celui de l’Archipel de Soljenitsyne (Russie), celui de la dynastie Kim (Corée du Nord) et maintenant, celui de la Tchécoslovaquie et pas un pour relever l’autre. Je découvre toujours des saloperies au fur et à mesure de mes lectures. Fin de la parenthèse.

La plume de l’auteur est primesautière, presque, agréable à suivre, teintée d’ironie aussi. Il vous emmène dans ce récit, commençant gentiment, doucement, mais sans masquer les imbécilités du parti au pouvoir, des restrictions que les citoyens subissent, du fait qu’il faut adhérer au parti pour espérer évoluer dans la société (même si le parti avait exécuté ses propres membres) et gare à ceux dont les ancêtres étaient des Koulak ou des vilains capitalistes.

Anna, Alexander, Petra, Jozef, Erika, Tereza, Anna vivaient leur petites vies avant le basculement et l’entrée des chars russes en août 68. Que faire ? Fuir pendant qu’il est encore temps ou rester ? Et si fuite il y a, quelles conséquences auront-elles sur les familles restées au pays ?

Ce roman noir, je l’ai dévoré, mais avec lenteur, prenant bien le temps de m’imprégner des atmosphères, des contradictions des personnages, de leurs peurs, de leurs déboires, de leur envie de liberté. Leur exil, je l’ai ressenti dans mes tripes, les imaginant tout laisser derrière eux, souvenirs, maisons et familles…

Sans sombrer dans le pathos gratuit, l’auteur a su insuffler des émotions fortes dans ses familles qui furent déchirées, qui prirent les chemins de l’exil, quasi le cul nu, laissant une partie des leurs derrière eux, aux mains d’un pouvoir qui n’aiment pas voir les siens partir ailleurs, passer le rideau.

Ou que vous alliez, ils suivent vos dires et peuvent encore vous toucher en plein coeur en vous culpabilisant car à cause de votre départ, le pays a eu du mal à continuer à produire… Ils diront que vous êtes un vilain, un non patriote, que le pays vous a tant donné, à vous, à votre famille et qu’en retour, ingrat que vous êtes, vous avez fui !

Après votre lâche fuite, notre production s’est tassée temporairement. Dire que pendant des années vous avez fait semblant d’être un homme qui aime son travail et sa ville natale… nous ne croyons plus que vous ayez été sincère. Vous étiez un bon spécialiste, certes, vous avez cependant renoncé à votre mission au plus mauvais moment.

Quel est le bon moment pour se rappeler que la patrie a des tentacules partout, contre lesquels on ne peut que gémir jusqu’à la folie ?

Pas de chapitre pour ce roman, mais des actes, comme dans une pièce de théâtre, comme des témoignages que l’on mettrait bout à bout pour en faire un tout qui tient parfaitement la route, qui nous montre un Monde aux antipodes du nôtre ou, malgré tout, nous avons toujours des libertés, dont celle de quitter le pays (hors pandémie) et d’en dire tout le mal qu’il nous sied.

L’auteur ne perd pas de temps en détails paysagers ou en descriptions graphique de ses personnages, mais il va à l’essentiel et donne à ses lecteurs/lectrices une fameuse piqûre de rappel, des fois que nous penserions que 68, c’est juste des pavés sous la plage… Pardon, que sous les pavés, il y avait la plage et des manifestations estudiantines.

Dans ce roman noir, dans ces témoignages que l’auteur a transformés en fiction, toutes ressemblances avec des personnes existant ou ayant existées n’est pas fortuite du tout. Elle est réelle.

Ces 50 tableaux racontent des petites histoires dans la grande, mais font intégralement partie de la grande Histoire aussi. Ils sont importants pour que l’on n’oublie pas la chance que nous avons de vivre où nous sommes, même si tout n’est jamais rose.

Un magnifique roman, une fois de plus.

Dans ce roman, j’omets volontairement la description des personnages et des paysages. Je les saute à votre place. Lecteur, je les ai toujours survolés et je vous imagine un peu comme moi, pour cette raison j’espère que ce rembourrage ne vous manquera pas.

L’homme sait qu’il est en train de vivre l’Histoire. Il sait que sa femme, son fils, lui et son pays sont le beurre, et l’Histoire, le couteau. Et que quelqu’un l’étale sur une tranche de pain et s’apprête à y mordre.

Avant même qu’elle passe le bac, le comité du parti communiste du lycée déclara qu’Erika n’était pas autorisée à faire des études supérieures. On était en 1960. Elle était « incompatible » : son père avait été dentiste dans le privé et un autre membre de sa famille avait été un grand capitaliste. Entendez par là qu’il avait eu un petit atelier de couture. Bien que leurs biens aient été pillés par l’État, que leur cabinet et leur atelier appartiennent désormais au peuple entier, les enfants continuaient de souffrir du fait que leurs parents n’avaient pas été des pauvres types, mais des personnes qui avaient réussi.

Ainsi, Jozef Rola était soupçonné de ce qu’il avait combattu toute sa vie, lui qui avait refusé l’ordination pour ne pas trahir ses futurs paroissiens. Ne soyons pas surpris par la réaction de l’évêque. Certes, il était maladroit, mais il se comporta comme tout habitant d’une démocratie du monde, comme l’équipe du film américain, comme chaque étranger qui nous a posé cette question durant des dizaines d’années, dont la réponse leur était incompréhensible : pourquoi votons-nous pour ces communistes que nous ne cessons de décrier ? Chacun de nous est conditionné par un système de pensée différent, ils ne peuvent pas nous comprendre, tout comme d’ailleurs nous ne comprendrons jamais les gauchistes de l’Ouest ou les jeunes maoïstes de Paris. Avec notre vécu, on ne peut pas sympathiser avec les révolutionnaires de café. Si on les avait expropriés de leurs magasins, chassés de leurs appartements ou si on avait envoyé leurs propres pères dans les mines d’uranium, peut-être qu’ils comprendraient.

Ils remplaçaient les gens. Pièce par pièce. Tu acceptes ? Tu signes et tu restes. Tu n’acceptes pas ? Pars. Qui ne hurle pas comme un loup avec nous hurle contre nous.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°193] et Le Mois du Polar – Février 2021chez Sharon [Fiche N°19].

 

La dénonciation : Bandi

Titre : La dénonciation

Auteur : Bandi
Édition : Philippe Picquier Poche (2018)
Édition Originale : Gobal (2014)
Traduction : Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel

Résumé :
Bandi, qui signifie « luciole », est le pseudonyme d’un écrivain qui vit en Corée du Nord. Après bien des péripéties, dissimulés dans des livres de propagande communistes, ses manuscrits ont franchi la frontière interdite pour être publiés en Corée du sud.

Mais pas leur auteur. Bandi a choisi de rester, lui qui se veut le porte-parole de ses concitoyens réduits au silence.

Ses récits où s’expriment son émotion et sa révolte dévoilent le quotidien de gens ordinaires dans une société où règnent la faim, l’arbitraire, la persécution et le mensonge, mais aussi l’entraide, la solidarité, et l’espoir, chez ceux qui souffrent.

Des récits d’une grande humanité, et l’ouvre d’un authentique écrivain.

« Je vis en Corée du nord depuis cinquante ans,
Comme un automate qui parle,
Comme un homme attelé à un joug.
J’ai écrit ses histoires,
Poussé non par le talent,
Mais par l’indignation,
Et je ne me suis pas servi d’une plume et d’encre,
Mais de mes os et de mes larmes de sang. »

Critique :
Les auteurs Nord-Coréen ne sont pas légion ! Ceux qui ont publié des livres qui expliquent ce qu’il se passe dans leur pays encore moins…

Pour savoir ce qu’il se passe dans ce pays, il faut se lever très tôt le matin ou alors, bouffer la propagande mise en place et accepter d’avaler que tout va pour le mieux dans cette dictature.

À l’aide de courts récits, Bandi nous explique le destin tragique des habitants de Corée du Nord, là où il vit toujours. Pas sous le joug du gros poussa de maintenant, mais dans les années 80/90, sous le règne de Kim Il-sung.

Voilà, dans quel monde il vivait. La loi exigeait du peule qu’il rit malgré ses souffrances et qu’il avale malgré l’amertume.

Nous râlons pour le moment des petites libertés qui nous sont retirées pour cause de pandémie, mais imaginez-vous vivre dans un pays où, 50 ans après un mot de trop de votre père et grand-père, vous êtes blacklisté de partout ! Même si vous n’avez que 5 ans.

Article 149… Il permet de vous persécuter jusqu’à la fin de temps et on l’inscrit même sur vos papiers afin que tout le monde sache l’infamie qui vous touche tous. Et lorsque l’on parle d’infamie, elle n’est infâme que dans la tête des tarés qui gouvernent et de ceux qui appliquent les sentences.

Nous pouvons nous moquer de nos politiciens, nous pouvons les brocarder, eux doivent s’incliner et honorer leurs portraits et surtout ne pas tirer les tentures afin que votre petit enfant ne soit plus terrorisé par le portrait de Marx ou du dictateur qui a fait de vous des pantins, capable de faire venir 1.000.000 de personnes dans la rue en 45 minutes top chrono.

J’ai apprécié l’écriture de Bandi, assez simple mais jamais simpliste dans ses petites histoires qui nous mettent face à l’horreur d’un peuple condamné à jouer un rôle, à rire quand il voudrait pleurer, à pleurer toutes les larmes de leur corps devant la dépouille du tyran qui a assassiné leur père, emprisonné leur mari…

Une vie honnête ne peut se construire que dans un monde libre. Plus on étouffe les gens, plus on les opprime, et plus ils jouent la comédie.

Après la folie de Lénine, Staline et leurs goulags, je viens de plonger dans une dictature où l’arbitraire règne, où les dénonciations sont légions, où ceux qui lèchent le parti comme des braves petits toutous sont mieux considérés que ceux qui triment sans rien demander et qui seront de parfaits boucs émissaires pour tout et n’importe quoi.

C’est un poison toxique qui circule dans les veines de ceux qui accusent, qui punissent, qui tuent. C’est l’iniquité qui est reine, c’est l’illogisme qui est roi et c’est le peuple qui crève de faim, mais bon, faut pas parler de famine, juste de pénurie alimentaire…

Un roman qu’il faut lire, juste pour comprendre que nous sommes des coqs en pâte, même si tout n’est pas rose dans nos pays et que personne ne me tiendra rigueur si mon père a un jour, foiré une caisse de plants de riz en serre car c’était le début et que personne ne savait comment faire.

Quand une mère met un enfant au monde, tout ce qu’elle souhaite, c’est que cet enfant soit heureux. Il n’existe aucune mère sur terre qui veuille accoucher d’un être dont elle sait d’avance qu’il devra passer sa vie entière à se frayer un chemin dans des buissons de ronces. Si une telle femme existe, alors avant d’être une mère, c’est une criminelle, la plus cruelle d’entre tous.

Un livre coup de poing !!

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°190] et Le Mois du Polar – Février 2021 – chez Sharon [Fiche N°16].

L’archipel du Goulag [Abrégé] : Alexandre Soljenitsyne

Titre : L’archipel du Goulag [Abrégé]

Auteur : Alexandre Soljenitsyne
Édition : Points (05/06/2014)
Édition Originale : Arkhipelag gulag (1973)
Traduction :

Résumé :
Colossale enquête documentaire et historique sur les institutions concentrationnaires en Russie. Un livre de combat, qui a ébranlé les fondements du totalitarisme communiste et qui brûle encore les mains.

Ecrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité, par fragments dissimulés dans des endroits différents, il a été activement recherché, et finalement découvert et saisi par le KGB en septembre 1973.

Aussitôt, le premier tome a été publié d’urgence en Occident, la pression de l’opinion publique des pays libres étant la seule force capable de sauver l’auteur et tous ceux qui l’avaient aidé.

Arrêté en février 1974, Soljénitsyne fut inculpé de trahison, puis, par décret du Présidium du Soviet suprême, déchu de la nationalité soviétique et expulsé d’URSS. Jusqu’à sa publication partielle par la revue Novy mir en 1990, l’Archipel ne sera lu en URSS que clandestinement, par la partie la plus courageuse de l’intelligentsia.

Mais, en Occident, il sera répandu à des millions d’exemplaires et provoquera une mise en cause radicale de l’idéologie communiste.

Toute sa puissance d’évocation, son éloquence tumultueuse, tantôt grave et tantôt sarcastique, l’auteur les prête aux 227 personnes qui lui ont fourni leur témoignage, et à tous ceux « auxquels la vie a manqué pour raconter ces choses ».

Là où rien n’est parvenu jusqu’à nous, « car l’Archipel est une terre sans écriture, dont la tradition orale s’interrompt avec la mort des indigènes », il nous fait sentir le poids du silence et de l’oubli. La première partie, « L’industrie pénitentiaire », explique comment la machine vous happe et vous transforme en « zek ».

Aux sources de la terreur, elle montre Lénine. Elle dresse la liste des  » flots « , grands et petits, qui se sont déversés sur l’Archipel.

En étudiant l’évolution de la mécanique judiciaire, elle explique les grands procès staliniens.

La deuxième partie, « Le mouvement perpétuel », montre, à toute heure du jour et de la nuit, des convois de condamnés acheminés vers les camps : en fourgons automobiles, en « wagons-zaks » et wagons à bestiaux, en barges sur les fleuves, en colonnes de piétons dans la neige.

Chaque mode de transfert engendre une torture propre, mais certains permettent d’étonnantes rencontres.

Alexandre Soljénitsyne se montre lui-même tel qu’il a été en liberté, en prison, au camp, et il se juge.

À tous ceux qui ont connu la captivité et à tous ceux qui s’interrogent sur le sens de la vie humaine, ce livre propose une nourriture forte, pénétrée d’espoir et adaptée à notre temps.

Critique :
Comment parler de l’indicible ? Comment parler d’un génocide par les camps de travail ? De déportations massives ?

De populations que l’on a pris dans leurs villages et qu’on a déplacé dans des terres arides, incultes, sans rien leur donner ?

Comment parler de la mort de millions de personnes, assassinés par les gens de son propre peuple ?

Tout simplement comme Alexandre Soljenitsyne l’a fait dans son célèbre livre qui lui valu des sueurs froides lorsqu’il le composa, ne laissant jamais l’entièreté d’un chapitre au même endroit, ne laissant jamais tout son travail étalé sur sa table. Trop dangereux.

Il est des livres qui, une fois terminés, vous donnent envie de plonger dans du Tchoupi ou équivalent (mais rien de plus fort). L’envie de plonger dans du Oui-Oui s’est déjà faite ressentir après certains chapitres de romans particulièrement éprouvants (Cartel  & La frontière, de Winslow).

Pour l’Archipel, j’ai eu l’envie de me rabattre sur des P’tit Loup après chaque phrase lue, c’est vous dire sa puissance ! C’est vous dire les horreurs que l’on a faite aux prisonniers politiques, condamné sur base de  l’article 58 et qu’on appellera des Cinquante-huit dans les camps.

Mais jamais Soljénitsyne ne s’amuse à faire dans le glauque pour le plaisir d’en faire, jamais il ne fait dans le larmoyant.

Alors oui ce qu’on lit fend le cœur, fait naître des sueurs froides, surtout si vous imaginez que ces horreurs arrivent à vos proches, mais l’écriture de l’auteur fait tout passer facilement car il donne l’impression de vous raconter une histoire, vraie et tragique, mais d’une manière telle que vous continuez la lecture sans arrêter.

Ce livre n’est pas vraiment un livre dans le sens habituel puisque la trame narrative n’est pas une suite, mais plutôt un rassemblement de divers témoignages, le tout étant regroupé dans des sections bien définies, commençant par l’industrie pénitentiaire qui décrit la mise en place de la machine à broyer.

Le ton de Soljénitsyne n’est pas dénué de cynisme, de causticité, mais jamais au grand jamais il ne fait de réquisitoire contre la politique, ni contre ceux qui broyèrent les autres, car il est lucide : le hasard de la vie aurait pu le mettre du côté des tortionnaires au lieu d’être avec les victimes du Grand Concasseur Humain.

Et il se pose une question que peu de gens osent se poser (et n’osent jamais y répondre véritablement) : qu’aurait-il fait si le destin, le hasard, l’avait placé du côté de ceux qui avaient le pouvoir de vous pourrir la vie, de vous arrêter arbitrairement, bref, du côté des Méchants, des grands salopards ?

Il ne les juge pas trop durement, il sait très bien que bien des Hommes ont obéi afin d’avoir la vie sauve, pour protéger les leurs, pour ne pas crever de faim, tandis que d’autres se cachaient derrière le « on m’a donné un ordre », là où d’autres ont senti pris leur pied d’avoir le pouvoir de vie ou de mort sur des êtres moribonds.

Staline et son parti ont posé une chape de plomb sur les épaules de leurs concitoyens, fait régner la terreur car jamais au grand jamais vous n’auriez pu prévoir que le Rouleau Compresseur allait vous passer dessus, pour des peccadilles, bien entendu !

Vous avez osé dire que le matériel des Allemands était bon ? Apologie, donc au trou ! Vous avez fait un paraphe sur la gueule à Staline, sur le journal ? Au trou ! Aberrant les motifs d’emprisonnement, exagérés les peines de prison pour des rien du tout, mais c’est ainsi que l’on fait crever son peuple de trouille et qu’on obtient tout de lui.

Soljenitsyne le décrit très bien, nous expliquant aussi, sur la fin, pourquoi personne ne s’est révolté, rebellé, pourquoi les gens n’ont pas osé aider les autres. Même sous 40° à l’ombre, j’aurais eu froid dans le dos durant ma lecture.

Ce témoignage met aussi en lumière la folie des dirigeants, dont Staline, qui voyait des espions partout et qui a imaginé les camps de travail bien avant que Hitler ne monte ses abattoirs.

Ces deux moustachus sont des assassins en puissance (aidés par d’autres, bien entendu). À la lecture de ce récit, on constate que les horreurs de Staline ont durées plus longtemps et qu’elles firent encore plus de mort (oui, c’est possible) et étaient tout aussi horribles que les camps d’exterminations des nazis (oui, c’est possible aussi).

Lorsque le procès de Nuremberg se terminait et que tout le monde criait « Plus jamais ça », les camps de travail étaient toujours bien là en Russie. En 1931, des hommes avaient même creusé un canal (le Belomorkanal, 227 km) sans instruments de travail – ni pelles, ni pioches, ni roues aux brouettes,… Renvoyés à la Préhistoire !) et en seulement deux ans….

Le 20ème siècle fut un siècle d’extermination en tout genre, hélas. Par contre, il est dommage que l’on ne porte pas plus d’éclairage sur les goulags, sur les camps de travail, sur les prisonniers innocents qui y périrent, sur leurs conditions de détentions déplorables,… J’ai l’impression qu’on les oublie dans la multitude des horreurs du 20e.

Une lecture faite sur 6 jours, une lecture coup de poing, une lecture à faire au moins dans sa vie.

PS : Cela fait longtemps que je voulais lire ce témoignage, mais j’avais du mal à trouver les différents tomes dans les bouquineries, alors, lorsque j’ai vu que Points avait sorti une édition abrégée, j’ai sauté sur l’occasion et acheté ce livre en octobre 2019.

Je voulais le lire en janvier 2020 et c’est « cartel » de Winslow qui est passé à la casserole et j’ai reporté cette lecture aux calendes grecques car le récit me faisait peur.

Peur que le récit et moi n’entrions pas en communion (ce qui aurait été dommageable), peur d’avoir peur de ce que j’allais y lire et que le roman de Soljénitsyne ne termine au freezer, comme d’autres le firent avant lui, notamment des livres parlant des camps de concentration.

Tout compte fait, nous nous sommes rencontrés, sans aucun problème et il est regrettable que j’ai reporté cette lecture. Maintenant que je l’ai faite, je suis contente et le livre termine dans les coups de cœur ultimes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°178] et le Mois du Polar – Février 2021 – chez Sharon [Fiche N°04].

MotherCloud : Rob Hart

Titre : MotherCloud

Auteur : Rob Hart
Édition : Belfond (05/03/2020)
Édition Originale : The Warehouse (2019)
Traduction :

Résumé :
Ex-petit patron désormais ruiné, Paxton n’aurait jamais pensé devoir intégrer une unité MotherCloud, cette superstructure de l’e-commerce qui a dévoré la moitié de l’économie mondiale. Pourtant, dans une société n’ayant plus rien à offrir, comment peut refuser un job qui propose non seulement un salaire, mais aussi un toit et à manger ?

La jeune Zinnia non plus n’aurait jamais pensé rejoindre MotherCloud, mais sa mission est tout autre : une révolution est en marche dont elle est le bras armé. Devenir salariée n’est qu’un premier pas pour infiltrer le système, en percer les secrets. Le détruire.

Dans cet univers où tout est calculé, paramétré, surveillé, où l’humain disparaît au profit de la rentabilité, où l’individu n’est qu’un algorithme, Zinnia et Paxton réalisent bientôt qu’il est impossible de dévier. À moins d’être prêt à se sacrifier ?

Car derrière sa façade d’entreprise idéale, MotherCloud est une machine à broyer, impitoyable à l’égard de ceux qui oseraient se rebeller.

Critique :
Imagine… Imagine un monde où les gens n’oseraient plus sortir de chez eux et commanderaient tout sur la plateforme Cloud.

Imagine un monde où une partie de l’humanité crève de faim, de soif, de chaud sous un soleil implacable et où la seule solution pour s’en sortir soit d’entrer bosser chez Cloud.

Plus d’écoles, plus de petits magasins, plus de librairies, des gouvernements à la ramasse.

Imagine une super société géante où les travailleurs vivent, travaillent, dorment, mangent sur le site même… Sans jamais en sortir, sauf si virés.

Où ils portent une montre qui les aide dans leur recherche des produits à envoyer aux clients… Produits envoyés par drones, le plus rapidement possible. On dirait un peu l’autre grosse boîte qui ne paie pas ses impôts, Ha ma zone…

Oui, cette dystopie est ultra réaliste, glace les sangs car cette forme d’esclavagisme est déjà là, n’a jamais totalement disparu, c’est juste modernisé. Les chaînes ne sont plus en métal, mais électroniques et encore plus difficile à enlever car elles ont été mises à l’insu de notre plein gré.

Les patrons, les gouvernements, les sociétés, inventent des gadgets pour nous faciliter la vie, le travail, la tâche, les courses, pour nous distraire, pour notre sécurité, mais c’est toujours à sens unique car le produit, c’est nous ! Le cobaye, c’est nous ! Celui que l’on suit à la trace, c’est nous ! Celui qu’on enchaîne, c’est vous, moi, toi, nous.

Opposant différents récits : d’une part, celui du concepteur, qui pense qu’il a créé le modèle de société idéale, que tout le monde est content et de l’autre, des travailleurs de cette même société qui bossent non stop, à des cadences infernales, suivant leur montre qui leur indique tout et qui les trace partout. Bref, le jour et la nuit !

Gibson, le gentil créateur de MotherCloud avait pourtant une idée de génie, mais à la fin, c’est un peu comme moi quand je me mets au bricolage : dans ma tête, c’est magnifique, génial, la vision de rêve et quand j’ai terminé, ce que j’ai sous les yeux ne ressemble en rien à ce que je voyais dans ma tête. Comme les hamburgers des fast-food, super apetissant et gonflé sur les affiches mais une fois dans l’assiette, oups…

Malheureusement, il y a des longueurs, j’ai eu du mal à m’attacher à Paxton et Zinnia, les deux travailleurs. Bref, j’ai peiné à lire ce roman, à tel point que j’ai pensé arrêter tout à la moitié… J’ai arrêté en fait et pris un autre roman, pour avancer. Puis j’y suis revenue et là, tout s’est débloqué !

L’auteur nous démontre bien aussi que nous nous résignons facilement, trop facilement, alors que nous sans doute toujours juré que « non jamais », que ça ne passerait pas par vous… Et hop, vous voilà parfait petit toutou, remerciant la main qui le soigne et qui lui offre un toit, parce que tout compte fait, c’est mieux que dehors…

Une fois installé dans notre petit confort, dans notre routine, même chiante, même abrutissante, on baisse les bras, on ne se révolte pas, pire, on trouve que tout compte fait, c’est pas si mal que ça… Les résolutions vont aux orties pendant que le reste du monde vous fait bosser comme un esclave pour avoir ses commandes toujours plus vite.

Par contre, j’aurais apprécié d’en apprendre un peu plus sur le monde d’après, sur tous ces gens qui commandent à MotherCloud… Entendre des voix différentes auraient été intéressantes, aurait donné une autre dimension au roman et l’aurait rendu moins orienté.

Malgré le fait que je ne me sois pas attachée plus que ça aux personnages principaux, que j’ai trouvé des longueurs dans le texte et qu’un autre point de vue n’aurait pas été du luxe, cette dystopie est glaçante car elle n’est pas éloignée de notre Monde (hormis le contexte climatique).

MotherCloud pourrait être Ha Ma Zone ou l’autre avec ses 40 voleurs qui niquent les règles du travail, se comportent comme des esclavagistes, ne paient pas d’impôts (ou si peu) et contrôlent une partie du Monde comme des dictateurs, dictant aux gouvernements leur règles à eux qui leur permettent, avec notre accord, de devenir de plus en plus riche.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°161].