Maurice : E. M. Forster

Titre : Maurice

Auteur : Edward Morgan Forster
Édition : 10-18 (2006)
Édition originale : Maurice (Edward Arnold Publishers Ltd) Écrit vers 1913, mais publié seulement en 1971

Résumé :
Dès son plus jeune âge, Maurice Hall est hanté par des rêves dont il s’explique mal la nature étrange et mélancolique.

Contrairement à « Howards End », « Avec vue sur l’Arno » et « Route des Indes », plongées dans la conscience féminine, ce roman publié à titre posthume retrace le parcours initiatique d’un jeune homme, Maurice (James Wilby dans l’adaptation de James Ivory), jalonné de ses rencontres avec Clive (Hugh Grant), étudiant comme lui à Cambridge, puis Alec, garde-chasse de ce dernier.

Éveil à la conscience (amorcé à Cambridge, lieu du bonheur et de la tolérance pour Forster), Maurice est le récit de la lente progression du héros vers une véritable connaissance de soi.

Au-delà de l’histoire d’amour et de la prise de conscience homosexuelle, Maurice se distingue des autres romans de Forster par son caractère plus intimiste et par la forme plus radicale que revêt l’expression de la liberté individuelle.

Placée sous le signe de la gradation, cette œuvre est peuplée de personnages qui sont aux autres autant d’étapes vers l’accomplissement de soi.

Maurice, jeune homme médiocre, devient par la grâce d’une liberté conquise de haute lutte contre lui-même un véritable héros forsterien.

Critique :
L’amour qui n’ose pas dire son nom… Ou l’homosexualité dans les très sélectes universités anglaises.

Maurice a mis du temps pour comprendre qu’il marchait de l’autre côté du trottoir ! Il a fallu qu’il entre à Cambridge pour enfin ouvrir les yeux sur ses préférences sexuelles.

Oui, sa préférence à lui, ce sont les jeunes garçons de son âge dont un camarade d’université qui deviendra son compagnon, même si jamais rien n’est affiché.

En ce temps-là (1910), en Angleterre, l’amour entre hommes était toujours considérée comme un crime et passible de peine de prison tandis qu’en France, le code Napoléon avait déjà rendu la chose « légale ».

Pour vous dire la bêtise humaine : si l’homosexualité masculine était punissable, celle entre les femmes pas car le législateur ne l’avait pas prise en compte. Paraîtrait que la reine Victoria avait trouvé tellement répugnant qu’elle avait jugé la chose impossible. Mais je n’ai aucune preuve de ses dires non plus.

Pas facile de vivre son homosexualité dans l’univers conformiste et répressif de l’Angleterre édouardienne !

Maurice n’appartient pas à l’aristocratie proprement dite, mais nous évoluons dans les milieux bourgeois, les milieux où on ne se mélange pas entre classes, où les domestiques sont priés de rester à leur place, où il faut sauvegarder les apparences, quoiqu’il arrive.

Cette société bourgeoise anglaise est régie par des règles désuètes, vieillottes, bourrée de morale chrétienne, tout le monde était enfermé dans un carcan plus serré qu’un corset taille XS porté par le troll Hébus de la série fantasy Lanfeust !

Franchement, j’ai eu très envie d’en baffer plus d’un et plus d’une, dans ce roman riche en apprentissage de la vie chez les bourgeois, qui, comme le chantait si bien Jacques Brel ♫ Les bourgeois c’est comme les cochons Plus ça devient vieux plus ça devient bête ♫

Nous suivrons le récit du jeune Maurice, de ses 14 ans à ses 24 ans, passant d’un enfant effacé, paresseux, dans les jupons de maman, à un étudiant du collège effacé, paresseux, puis, enfin la chenille deviendra papillon avec Maurice amoureux d’un camarade, filant le parfait amour, mais sans le consommer !

Ah ben oui, messieurs dames ! L’amour entre hommes était plus toléré s’il était platonique. Se chipoter la chose, mon dieu, vous n’y pensez pas ! Nos deux amants s’aiment mais ne s’astiquent pas le manche mutuellement, aucun ne jouant avec la batte de criquet de l’autre.

Entre nous, bourré d’hormones qu’ils devaient l’être à 19-20 ans, je me demande comment ils ont fait pour ne pas succomber à la bêbête à deux dos.

James Wilby & Hugh Grant

Maurice est un personnage qui va évoluer au fil des pages, passant de chenille pataude effacée à papillon flamboyant d’amour, avant de virer tyran avec sa mère et ses deux petites sœurs.

Si la première histoire d’amour a tout d’une folie entre deux jeunes gens, la seconde histoire d’amour, celle qui sera le moins développée dans le livre, est pour moi la plus importante, la plus mûre, celle où Maurice aura le plus de couilles, ou il sera le plus touchant et où il prendra encore plus de risques en transgressant toutes les règles de l’époque, notamment le mélange des classes.

Un livre que j’ai tardé à lire, reportant sans cesse la lecture au fil des Mois Anglais et là, je suis contente d’avoir pris le taureau par les cornes car c’est une œuvre majeure en ce qu’elle nous parle des difficultés de vivre son homosexualité et des carcans empesés de la bourgeoisie anglaise.

Sans compter que le roman nous laisse avec moult question : Clive a-t-il vraiment changé de bord où a-t-il eu peur des conséquences à long terme de cet amour interdit ? Maurice avait-il vraiment envie de rentrer dans la normalité ?

Bon, yapuka se faire le film, maintenant, afin de découvrir le jeune Hugh Grant déjà super sexy et le futur Lestrade de la série Sherlock BBC (Rupert Graves).

Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.

35 réflexions au sujet de « Maurice : E. M. Forster »

  1. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juin 2017 | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Bilan Mois Anglais – Juin 2017 [Saison 6] – I’ll be back !! | The Cannibal Lecteur

  3. oui il y a recemment, tout juste recemment que Turing a ete retablit….c’est fou quand meme ces lois (comme le suicide, tu te ratais, tu allais en prison)…..et ce n’est pas si loin…..bref il doit etre assez fort le livre…et ce film, que je ne connaissais pas…

    Aimé par 1 personne

            • helas si….dans la nature il y a de la violence pure….il faut arreter avec cette image d’epinal que la nature est belle….elle possede 2 mechancetes pures : la selection naturelle et la hierarchie alpha beta…..

              Aimé par 1 personne

              • Pour moi, ce n’est pas de la violence, l’animal ne pense qu’à sa survie, à sa bouffe, boire, se reproduire, c’est basic. Le loup ne jouera pas à game of thrones pour obtenir un territoire, l’étalon qui veut piquer un troupeau ne va pas bidouiller des alliances avec d’autres et magouiller en coulisse. La nature est violente, oui, mais jamais gratuitement, comme la violence gratuite chez les humains. Notre méchanceté est différente de celles des animaux. Pas évident d’expliquer ça via les commentaires écrits ! 😀

                J’aime

              • Je ne vois pas d’exemple d’acte malveillant purement gratuit dans la nature…. ma jument n’a jamais fait de croche-pied à une autre… et les chats n’ont jamais inventé de piège pour y faire tomber le chien… C’est plus amusant de ne pas être d’accord ! Ça pimente, mais plus facile de discuter de ces sujets en « live » parce que parfois, on ne se fait pas bien comprendre à l’écrit et ça passe mieux à l’oral. La nature est violente, mais je trouve l’Homme plus violent que l’animal.

                J’aime

            • justement le chat..ils s’amusent toujours en tuant le mulot…c’est assez dramatique de le voir jouer avec, avant de la tuer….sans le manger….je me souviendrais toujours de cette louve alpha mongolienne qui n’a pas tue la portee d’une louve beta mais l’a juste fait mourir de fin en empechant la mere de les nourrir (j’ai encore les cris de ces petits dans la tete)….les varans du Comore tuent les petits pour s’accoupler avec la mere (la pauvre elle perd ses petits et doit accepter l’acte)….je deteste regarder les singes dans un zoo ou en reportage, c juste du bullying a longueur de journee….les lions qui ne foutent rien se nourrissent en premier (et ils prennent leur temps ces beaux males) apres les petits et enfin, celles qui travaillent a droit a sa part….et les orphelins et les malades ont un taux de survie tres tres tres faible dans la nature…..ce sont les premiers actes qui me viennent..
              mais comme toi j’adore la nature…je ferais tout pour la sauver….mais cela reste un monde dangeureux pour beaucoup…

              Aimé par 1 personne

              • Elle est implacable, je sais, ses règles sont horribles, les animaux aussi, mais je me dis toujours qu’ils n’ont pas notre intelligence (dans le bon sens, en parlant de créer des choses…) ou notre capacité à connaître le bien et le mal et même si elle est violente, je pardonnerai toujours plus à un animal ce genre d’horreur qu’à un humain… Maintenant, ceci n’est que mon avis, et pas LA vérité ! 😀 Juste une opinion 😉 Mais oui, il y a des choses affreuses !

                J’aime

            • exactement on s’y retrouve…ce n’est pas la vie en rose, loin de la, mais on la defend ardemment….tiens tu touches un autre debat…l’intelligence chez les animaux…oui mais c’est un autre debat….;)

              Aimé par 1 personne

  4. Je l’ai lu il y a… pfff! Ça me rajeunit pas alors je ne vais pas le dire! 😞

    J’avais trouvé ça mignon mais sans plus. Les histoires d’amour compliquées ça m’ennuie toujours un peu… bon d’accord là il y a un obstacle légal massif… mais bon…

    Clive se ment il a lui même ou pas ? Hé ben je dirai que c’est une putain de bonne question! Certes les tenants du Gay Power vont te dire « oui bien sûr il est gay mais ne veut pas se l’avouer »… sauf que
    1) il n’a jamais « consommé » avec Momo
    2) les zamours homosexués / amitiés passionnées entre personnes de même sexe ont toujours été fréquents à la période de construction qu’est l’adolescence
    3) on a déjà vu des garçons hétéros se tripoter le manche entre copains sans que ça les empêche de passer à autre chose
    4) hétéro et homosexualité ne sont que les extrémités de l’infinité de teintes grises qui caractérise la nature potentiellement bisexuelle humaine
    5)Le sexe étant une chose et l’amour conjugal en étant une autre et même si dans l’absolu on aimerait bien que les deux coïncident… et ben ce n’est pas si simple!

    Ben ouais! Quelle femme n’a déjà pas fantasmé sur un autre homme que son mari sans forcément plaqué son légitime pour coucher avec l’objet de leur soudain fantasme? Ben presque toutes! Et combien de mecs font croire à leur maîtresse qu’ils quitteront un jour leur femme et ne le font jamais? Plein!!!

    Donc moi je dis qu’il faut être bien malin pour savoir où en est tellement Clive! D’ailleurs le sait il lui-même ?

    Aimé par 1 personne

    • Tout à fait ! Mais je n’ai pas encore quetté avec un autre que mon homme. Même pas envie ! 😀

      Pour Clive, on ne le saura jamais, il eut fallu(sse) le demander à l’auteur puisque largement autobiographique.

      J’ai apprécié les amours contrariés, moi 😉

      J’aime

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.