Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB – Tome 3 – Après la guerre : Jacques Tardi

Titre : Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB – Tome 3 – Après la guerre

Scénariste : Jacques Tardi
Dessinateur : Jacques Tardi

Édition : Casterman (28/11/2018)

Résumé :
Le final du récit le plus intime de Tardi.

Après son retour du Stalag, René Tardi donne naissance à son fils Jacques en 1946, puis, toujours militaire, il est envoyé en Allemagne dans la zone occupée par la France.

Toute la famille va l’y rejoindre, et s’installer dans une caserne. C’est là que le petit Jacques vivra ses premiers souvenirs, entre ruines et camps militaires.

Puis ce sera le retour à la campagne française, près de Valence, ou entre station-service et garage, son père essaie malgré tout de boucler les fins de mois.

Avec ce dernier volume, Tardi boucle le récit paternel et ouvre une porte sur son enfance, sans toutefois tomber vraiment dans l’autobiographie.

Critique :
Voilà le dernier tome qui clôt une trilogie magnifique, remplie d’émotions, d’Histoire et de tacles pour l’imbécilité humaine, surtout quand l’Homme se fait la guerre.

Ici, nous sommes dans l’après-guerre et Tardi continue de frapper sous la ceinture, là où ça fait le plus mal, et il a bien raison de souligner les comportements horribles qui eurent lieu après la fin de la guerre.

Et surtout l’hypocrisie des uns et des autres, dénonçant la paille dans l’oeil de la voisine qui finira tondue au lieu de voir la poutre dans son oeil à lui, le planqué ou le dénonciateur sans scrupules.

Tardi se met toujours en scène aux côtés de son père, qui nous reparle de quelques faits marquants d’avant-guerre (et de son évitement qui aurait pu avoir lieu), de ses quelques faits d’armes durant la drôle de guerre et surtout de son retour dans sa famille, entre une épouse qui ne veut rien entendre de la guerre ou de la politique ou des anciens qui lui rabâchent sans cesse que leur guerre n’en fut pas une, que la Grande Guerre, ça au moins, c’était une guerre et qu’on l’a gagné…

Bref, pas facile de se reconstruire quand on te rabaisse, quand on ne veut pas écouter tes traumatismes et que tu as toi-même du mal à en parler, que tu t’énerves pour un rien et que tu en veux à tout le monde, surtout à ceux qui se sont enrichis durant le conflit.

Une fois arrivé à sa propre naissance, Jacques Tardi laissera sa place à son double, à son lui-même mais en version bébé, puis jeune gamin.

L’occasion était trop belle et l’auteur parle aussi de sa famille, de sa mère qui lui reprochait sans cesse d’avoir tout bousillé à l’intérieur lorsqu’il était né, l’empêchant ensuite d’avoir des enfants ; ses multiples déplacements avec ses parents lorsque son père était basé en Allemagne ; le mépris des uns pour les autres et le fait qu’ensuite ses parents l’aient confié à ses grands-parents et qu’il ait ressenti cela comme un abandon.

Anybref, on a un peu de tout dans ce dernier tome, de l’après-guerre avec les comportements de tout un chacun et le passé de l’auteur qui, selon moi, est très instructif car nous sommes dans les années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale et de tous les événements politiques importants qui eurent lieu à ce moment-là.

De quoi se cultiver encore un peu plus, tout en savourant les piques acérées lancées par ses personnages, que ce soit son paternel ou lui-même. Tardi n’est pas tendre et il a raison de taper sous la ceinture.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019).

10 réflexions au sujet de « Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB – Tome 3 – Après la guerre : Jacques Tardi »

  1. Ton article m’a donné envie de lire la trilogie, ce que j’ai fait (la médiathèque de mon quartier te dit merci !)! Et j’ai bien aimé ! Je connaissais déjà Tardi of course, à travers la 1ère GM et Adèle Blanc-sec. Ces trois tomes ont complété ma culture et apprit pas mal de trucs que je ne savais pas. La « grandeur » française en prend pour son matricule ! Tardi est un sacré raconteur et un dessinateur toujours aussi efficace ! J’adore !

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    • Oui, elle en prend pour son grade, mais je ne ferai pas ma grande gueule, la Belgique n’a pas été honorable dans ce conflit, le roi a capitulé, à tort ou à raison, parce que pas les couilles ou pour protéger le peuple dont il était le roi, on ne le saura jamais réellement. Apparemment, niveau délations des juifs, le Sud a été plus « résistant » que le Nord et mes « ancêtres » les Belges n’ont pas été les plus dégueu dans ce jeu là. Mais maintenant, je n’en sais rien de plus, on n’en parle pas et quand on en cause, le Nord s’enflamme et le Sud ergote et c’est reparti pour des guerres intestines qui minent le pays.

      Tardi a fait une excellente trilogie, sa mise en scène était originale avec ces questions posées par un fils à son père.

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  2. Ah… coucher avec l’allemand était plus grave que dénoncer des juifs pour leur piquer leurs biens ??? Surprenant… d’autant que… le militaire allemand n’était pas nazi le plus souvent et plutôt mignon… mais chuttt… on va m’en tondre si je le dis trop fort!!! Et oui dénoncer l’autre est une façon de vouloir se poser comme irréprochable! Et depuis toujours hélas!

    Tiens je revoyais récemment un reportage sur la bio de Chanel qui avait effectivement eu un amant général allemand et qui essayait de récupérer l’intégralité des parfums Chanel qui appartenait à une famille juive (mais qui avait eu la présence d’esprit de faire une vente fictive à des amis français non juifs avant de s’exiler)… On l’a pas tondue elle… elle avait des amis haut placés…

    Et aujourd’hui Chanel appartient à cette famille juive qu’elle avait essayé de spolier! Justice est faite!

    Depuis que je sais ça je suis contente de ne prendre que des parfums Dior… et de m’habiller au supermarché (bon ok… mes fringues sortent d’une industrie pas franchement équitable mais… si on ne devait s’habiller qu’en made in France… on finirait tout nus… ou on aurait qu’une culotte (le prix des sous vêtements « le slip français » est une plaisanterie !).

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    • Oui, ma soeur avait vu ce reportage et nous en avait parlé, ça m’avait moins donné envie de me parfumer avec mon N°5 mais si je n’en mets plus, avec quoi vais-je dormir, moi qui dors comme Monroe ??? 😆

      Parfois, justice est faite…

      Oui, coucher avec l’ennemi était bien souvent une finalité pour donner à manger à ses gosses ou bouffer sois-même ou faire passer des trucs à sa famille ou son franin qui bossait en Allemagne, mais coucher pour une femme est MAL !! Dénoncer ton voisin juif était BIEN… Ceci n’est pas ma pensée, mais de l’ironie pour illustrer la chose (il y a des imbéciles qui passent sur le blog, de temps en temps et qui ne captent pas tout). Effectivement, si tu accuses ta voisine des pires maux de la terre, toi même est blanchi et droit dans tes bottes. Ces hommes qui avaient sans doute eu peur, qui s’étaient planqué, qui n’avaient pas fait de vague (je ne juge pas le fait d’avoir peur, j’aurais moi-même chié dans mon string rouge à paillettes) et qui, une fois le danger écarté, se sentaient des Superman ou Super Résistant.

      On devrait regarder une 46ème fois « papy fait de la résistance » 😉

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