Retourner dans l’obscure vallée : Santiago Gamboa

Titre : Retourner dans l’obscure vallée

Auteur : Santiago Gamboa
Édition : Métailié (24/08/2017)
Édition Originale : Volver al oscuro valle (2016)
Traducteur : François Gaudry

Résumé :
Ils étaient venus en Europe pour échapper au chaos et pouvoir vivre et penser, mais le monde a tourné, les crises et le terrorisme ont changé les gens et les perspectives.

Il y a Manuela qui fuit son enfance saccagée dans la poésie et les livres, Tertuliano, le fils du Pape, philosophe messianique, populiste et violent, créateur d’une théologie de l’harmonie des Maîtres Anciens, le prêtre Palacios à l’obscur passé paramilitaire qui aspire au pardon, le consul et Juana l’aventureuse qui se poursuivent, se désirent, liés par des sentiments indéfinis.

Parmi eux, l’ombre de Rimbaud, poète précoce et génial qui marche et se cherche dans des voyages sans répit. Ils se rencontrent, se racontent, décident d’une vengeance et d’un retour vers la Colombie où la paix s’est installée.

Vagabonds insatiables, blessés, épuisés, tous cherchent à retourner quelque part, les mondes qu’ils ont quittés ont disparu, tous savent que revenir est impossible, sauf peut-être dans la littérature.

Et pourquoi pas à Harar. Roman polyphonique vital et plein d’énergie, ce retour à l’intrigue haletante et magistralement construite nous fait voyager dans les êtres, les sociétés et au plus profond de nous-mêmes.

Critique :
Après ma déception littéraire de « Ayacucho », j’ai continué mon incursion dans les auteurs sud-américains car je ne suis pas rancunière et ce roman avait été stabiloté sur ma liste de ceux que je voulais découvrir.

Un peu d’appréhension tout de même, chat échaudé craignant l’eau froide.

Appréhensions vite balayées car j’ai pris du plaisir avec ce roman, même avec les passages parlant de Rimbaud, alors que je ne suis pas très poétesse.

L’auteur avait un art de présenter ses différents personnages que durant la moitié du roman, j’ai lu avec avidité leurs parcours respectifs, tous les 3 différents dont on pense que jamais ils ne se rencontreront.

Enfin, 4 parcours si on ajoute Rimbaud qui se trouve toujours en toile de fond et à ce sujet, j’ai appris pas mal de choses sur son parcours, sa vie, son oeuvre. On était à la limite de l’autobiographie et sur la fin, j’ai atteint ma limite avec Arthur.

Gamboa a ancré son roman dans la réalité de notre époque, celle des prises d’otage, des groupes islamistes, des égorgements pratiqués par ces tristes sires, celles des migrants, des crises politiques, des inégalités qui se creusent.

Le récit polyphonique (ou choral) nous offre une vision du Monde plus large, selon les points de vue des personnages et chacun ayant des choses à nous apprendre, nous raconter, le temps s’écoule à une vitesse folle et le rythme de lecture est élevé.

Faisant le grand écart entre l’Espagne et la Colombie, la moitié du récit est intéressant, intriguant puisque l’on aimerait savoir si ces trois personnages aux antipodes l’une de l’autre vont un jour voir leurs routes se croiser car entre le Consul, Manuela et Tertuliano, il n’y a quasi rien en commun, si ce n’est la Colombie.

♫ Ils voulaient revoir la Colombie ♪ cette terre de violence, de guérilleros, d’attentat, de meurtres, de cartels, d’assassinats, d’exécutions… Bref, pas le genre d’endroit pour aller au Club Med.

Comme je le disais, durant la première partie, l’ivresse littéraire était à son comble, mes yeux n’en pouvaient plus de découvrir la plume de l’auteur, les sujets abordés, les vies de ses personnages (surtout celle de Manuela, ma chouchoute) et puis, un peu après la moitié du récit, lorsque le Consul sort de l’hosto après son « accrochage », j’ai décroché lentement mais sûrement.

Ça a commencé par mon esprit qui se distrayait pour la moindre mouche qui passait, par le moineau sur la branche, par mon PC installé non loin et les conneries que le Net peut offrir quand ça ne « passe » plus…

Je me trouvais comme lorsque, étudiante,  j’en avais marre de réviser et que je n’arriverais plus à engloutir la matière.

Puis les symptômes se sont aggravés : plus moyen de rentrer dans le récit, impossible de suivre les péripéties de Rimbaud ou du Consul ainsi que des autres protagonistes, saut de paragraphes, saut de pages.

Juste une envie, arriver à la fin en évitant l’overdose ou l’indigestion afin de ne pas gâcher le plaisir que j’avais ressenti lors de cette première moitié du récit.

Malgré tout le talent de l’auteur, à un moment donné, c’était devenu trop long. Cent pages de moins et le roman décrochait la palme d’or, mais c’est 100 pages en trop qui le coule totalement.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019) et Le moi espagnol 2019 chez Sharon (Mai 2019).

17 réflexions au sujet de « Retourner dans l’obscure vallée : Santiago Gamboa »

  1. Ping : Bilan du 5e mois espagnol | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mai 2019 [Mois Espagnol chez Sharon] | The Cannibal Lecteur

  3. Mouais… polyphonie rime souvent avec cacophonie si le chef n’est pas génial !
    Je me souviens d’un fou rire qui m’avait gravement menacée en plein concert avec une chorale… où je voyais le chef s’agiter tandis que ses pupitres (les différentes catégories de voix du chœur : sopranos, altos, ténors et basses) partaient chacun à leur propre rythme…

    Et idem avec les instrumentistes!!! Du délire !

    En concert ça empêche de s’endormir mais j’imagine que la cacophonie littéraire elle peut être soporifique!

    Or donc… je passerai mon tour sur celui-ci!

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    • La polyphonie n’est pas toujours merdique, faut juste un bon chef d’orchestre et un orchestre au top, avec des chanteurs qui suivent les instructions et tout ira bien ! Oui, ici, c’était soporifique à un moment donné, ce qui est con, parce que ça avait super bien commencé !!! Pfffff, trop injuste !

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  4. Ping : Le moi espagnol 2019 commence ! | deslivresetsharon

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