La dénonciation : Bandi

Titre : La dénonciation

Auteur : Bandi
Édition : Philippe Picquier Poche (2018)
Édition Originale : Gobal (2014)
Traduction : Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel

Résumé :
Bandi, qui signifie « luciole », est le pseudonyme d’un écrivain qui vit en Corée du Nord. Après bien des péripéties, dissimulés dans des livres de propagande communistes, ses manuscrits ont franchi la frontière interdite pour être publiés en Corée du sud.

Mais pas leur auteur. Bandi a choisi de rester, lui qui se veut le porte-parole de ses concitoyens réduits au silence.

Ses récits où s’expriment son émotion et sa révolte dévoilent le quotidien de gens ordinaires dans une société où règnent la faim, l’arbitraire, la persécution et le mensonge, mais aussi l’entraide, la solidarité, et l’espoir, chez ceux qui souffrent.

Des récits d’une grande humanité, et l’ouvre d’un authentique écrivain.

« Je vis en Corée du nord depuis cinquante ans,
Comme un automate qui parle,
Comme un homme attelé à un joug.
J’ai écrit ses histoires,
Poussé non par le talent,
Mais par l’indignation,
Et je ne me suis pas servi d’une plume et d’encre,
Mais de mes os et de mes larmes de sang. »

Critique :
Les auteurs Nord-Coréen ne sont pas légion ! Ceux qui ont publié des livres qui expliquent ce qu’il se passe dans leur pays encore moins…

Pour savoir ce qu’il se passe dans ce pays, il faut se lever très tôt le matin ou alors, bouffer la propagande mise en place et accepter d’avaler que tout va pour le mieux dans cette dictature.

À l’aide de courts récits, Bandi nous explique le destin tragique des habitants de Corée du Nord, là où il vit toujours. Pas sous le joug du gros poussa de maintenant, mais dans les années 80/90, sous le règne de Kim Il-sung.

Voilà, dans quel monde il vivait. La loi exigeait du peule qu’il rit malgré ses souffrances et qu’il avale malgré l’amertume.

Nous râlons pour le moment des petites libertés qui nous sont retirées pour cause de pandémie, mais imaginez-vous vivre dans un pays où, 50 ans après un mot de trop de votre père et grand-père, vous êtes blacklisté de partout ! Même si vous n’avez que 5 ans.

Article 149… Il permet de vous persécuter jusqu’à la fin de temps et on l’inscrit même sur vos papiers afin que tout le monde sache l’infamie qui vous touche tous. Et lorsque l’on parle d’infamie, elle n’est infâme que dans la tête des tarés qui gouvernent et de ceux qui appliquent les sentences.

Nous pouvons nous moquer de nos politiciens, nous pouvons les brocarder, eux doivent s’incliner et honorer leurs portraits et surtout ne pas tirer les tentures afin que votre petit enfant ne soit plus terrorisé par le portrait de Marx ou du dictateur qui a fait de vous des pantins, capable de faire venir 1.000.000 de personnes dans la rue en 45 minutes top chrono.

J’ai apprécié l’écriture de Bandi, assez simple mais jamais simpliste dans ses petites histoires qui nous mettent face à l’horreur d’un peuple condamné à jouer un rôle, à rire quand il voudrait pleurer, à pleurer toutes les larmes de leur corps devant la dépouille du tyran qui a assassiné leur père, emprisonné leur mari…

Une vie honnête ne peut se construire que dans un monde libre. Plus on étouffe les gens, plus on les opprime, et plus ils jouent la comédie.

Après la folie de Lénine, Staline et leurs goulags, je viens de plonger dans une dictature où l’arbitraire règne, où les dénonciations sont légions, où ceux qui lèchent le parti comme des braves petits toutous sont mieux considérés que ceux qui triment sans rien demander et qui seront de parfaits boucs émissaires pour tout et n’importe quoi.

C’est un poison toxique qui circule dans les veines de ceux qui accusent, qui punissent, qui tuent. C’est l’iniquité qui est reine, c’est l’illogisme qui est roi et c’est le peuple qui crève de faim, mais bon, faut pas parler de famine, juste de pénurie alimentaire…

Un roman qu’il faut lire, juste pour comprendre que nous sommes des coqs en pâte, même si tout n’est pas rose dans nos pays et que personne ne me tiendra rigueur si mon père a un jour, foiré une caisse de plants de riz en serre car c’était le début et que personne ne savait comment faire.

Quand une mère met un enfant au monde, tout ce qu’elle souhaite, c’est que cet enfant soit heureux. Il n’existe aucune mère sur terre qui veuille accoucher d’un être dont elle sait d’avance qu’il devra passer sa vie entière à se frayer un chemin dans des buissons de ronces. Si une telle femme existe, alors avant d’être une mère, c’est une criminelle, la plus cruelle d’entre tous.

Un livre coup de poing !!

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°190] et Le Mois du Polar – Février 2021 – chez Sharon [Fiche N°16].

30 réflexions au sujet de « La dénonciation : Bandi »

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  7. tu fais bien de faire le parallèle entre ce qui se passe là bas et l’apitoiement que nous ne cessons d’avoir envers nous même, à râler pour tout et pour rien. Même s’il faut toujours rester vigilant quant à la défense de la démocratie face à la montée des extrêmes, il est bon de remettre les choses en perspective. J’aime beaucoup cette maison d’édition qui m’a fait découvrir bien des auteurs. Celui ci cependant je ne le connaissais pas. Admirable d’écrire dans un pays où l’on décide de rester et de partager la misère des siens en connaissant les risques encourus !

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    • J’en ai ma claque de lire que le port du masque est l’équivalent d’une étoile jaune que les Juifs ont du porter ! Purée, le masque ne t’enverra pas dans un camp de travail, de concentration, d’extermination ! Son non port entraîne une amende, rien de plus… Je sais que mon gouvernement a pris des décision un peu à l’arrache et pas constitutionnelle puisque non discutée à la Chambre, je sais que les règles vont à l’encontre de toutes nos lois, mais aucun gouvernement n’a envie d’avoir sa population masquée, ses magasins fermés, ses restos, ses bars et de devoir payer des gens à ne rien faire sans qu’il y ait des rentrées de fric d’un autre côté.

      Oui, je râle aussi, oui je reste vigilante, mais bon sang, on peut se foutre de la gueule des premiers ministres sans rien risquer ! Et ça, ça n’a pas de prix !

      J’ai découvert quelques chouettes romans aussi avec cette maison d’édition qui sort des sentiers battus, dont la publication d’un auteur nord coréen qui a fait passer ses pages en schmet ! La personne qui les a prise risquait beaucoup et lui aussi…

      Difficile de s’évader du pays, les répercussions sur ceux qui restent sont énormes ! Comme on le verra aussi dans « Bratislava 68, été brûlant »… Alors, pour les tiens, tu restes et comme tu es tellement sous le joug du système, tu ne te rebelles même plus…

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  8. En effet, on se plaint beaucoup trop en France et en Belgique, on devrait envoyer les jamais contents là bas…. j’en ai un autre à te conseiller mais tu vas râler que je rallonge ta liste après serai obligée de t’envoyer là-bas 😂😂

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    • Oui, un indispensable et j’ai encore « le livre noir du communisme » à lire, mais c’est un pavé de plus de 1.000 pages !!!

      C’est un roman qui, au travers de 7 nouvelles, raconte les horreurs du régime. De la fiction réelle.

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