L’ancien calendrier d’un amour : Andreï Makine

Titre : L’ancien calendrier d’un amour

Auteur : Andreï Makine
Édition :

Résumé :
« Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance. » (Baudelaire)

Tel serait l’esprit de cette saga lapidaire – un siècle de fureur et de sang que va traverser Valdas Bataeff en affrontant, tout jeune, les événements tragiques de son époque.

Au plus fort de la tempête, il parvient à s’arracher à la cruauté du monde : un amour clandestin dans une parenthèse enchantée, entre l’ancien calendrier de la Russie impériale et la nouvelle chronologie imposée par les « constructeurs de l’avenir radieux ».

Chef-d’œuvre de concision, ce roman sur la trahison, le sacrifice et la rédemption nous fait revivre, à hauteur d’homme, les drames de la grande Histoire : révolutions, conflits mondiaux, déchirements de l’après-guerre.

Pourtant, une trame secrète, au-delà des atroces comédies humaines, nous libère de leur emprise et rend infinie la fragile brièveté d’un amour blessé.

Critique :
C’est l’émission La Grande Librairie que j’ai découvert cet auteur et que j’avais lu « Au-delà des frontières« .

La question que je me suis posée, lors de cette lecture, c’est : comment est-ce que l’auteur arrive à en dire autant avec si peu de pages (200) et comment est-ce qu’il arrive à nous faire voyager autant dans l’Histoire en en disant si peu ??

Hé oui, c’est le force de ce roman : en dire beaucoup avec peu. Il va directement où il doit aller, sans pour autant sacrifier le fond et la forme.

Le XXe siècle est riche en conflits en tout genre (hélas) et Valdas Bataeff, notre jeune héros principal (qui n’a rien d’un héros), va passer d’une jeunesse de riche bourgeois (1913) à celle d’un soldat de l’armée Blanche, avant que la vie ne le précipite, dans un autre vie, celle des laissés-pour-compte, des pauvres.

Un seul passage de sa vie a, pour lui, valu la peine d’être vécu : il s’est passé dans l’ancien calendrier, le calendrier Julien (avant que Lénine ne décrète le passage au calendrier Grégorien : le 31 janvier 1918, la Russie passerait directement au 14 février 1918).

C’était une belle histoire d’amour qu’il a gardé précieusement en mémoire, mais aussi dans son cœur. C’était aussi la Russie d’avant l’URSS, d’avant le communisme…

Qu’on ne s’y trompe pas, ce roman n’est pas qu’un simple roman d’amour où un homme se remémore ses instants heureux. C’est aussi un roman historique, qui passe en revue les événements importants du siècle écoulé, sans entrer dans les détails, mais qui en donne assez que pour que l’on se fasse une idée générale.

C’est aussi un roman qui interroge : comment, après la boucherie de La Grande Guerre, la fameuse Der des Der, l’Homme a encore eu envie d’entrer en guerre en 1939 et comment un peuple peut en arriver à une guerre civile (révolution russe) où des frères s’entretuent (puisque appartenant au même pays).

Sans oublier que peu de temps après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on remettait ça en Indochine ? L’Homme est-il un fou destructeur ? (oui !!).

Ce court roman de 200 pages se lit sur un après-midi, avec plaisir, même si c’est un roman composé de drames. J’ai aimé les portraits croisés dans ces pages, même à l’arrière d’un taxi de nuit.

La vie de Valdas a été bien remplie, lui qui pensait vivre tranquillement, a dû faire face aux événements noirs de la vie, de l’Histoire et cela a changé sa vie, ses pensées, son caractère. C’est le récit d’un destin fracassé, comme l’Histoire en est remplie, malheureusement.

Sans sa parenthèse enchantée, Valdas n’aura jamais tenu le coup…

— Ce que tu as vécu… je parle de ces journées au bord de la mer Noire, c’était… le sens même de la vie. Cet amour à l’écart du temps, c’est ce que nous devrions tous espérer ! le seul qui nous est véritablement offert par Dieu. Mais nous sommes rarement capables de le recevoir.

Un beau roman, tout en finesse, tout en douceur, sans pathos, sans en faire trop ou en rajouter. L’écriture de l’auteur fait mouche et elle m’a bercée durant ma lecture. À la fois concise et précise, qui sait en dire beaucoup sans en dire trop.

Oui, assurément un beau roman, une belle histoire.

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