Les mystères de soeur Juana – 01 – Mort au couvent : Oscar De Muriel

Titre : Les mystères de soeur Juana – 01 – Mort au couvent

Auteur : Oscar De Muriel (Mexique)
Édition : Presses de la Cité (02/02/2023)
Édition Originale : Muerte en San Jeronimo (2019)
Traduction : Vanessa Canavesi

Résumé :
Notre Père qui êtes aux cieux, délivrez-nous du mal…

Mexico, Nouvelle-Espagne, XVIIe siècle. Quelqu’un – ou quelque chose – a pris possession du couvent de San Jerónimo. Religieuses et servantes sont retrouvées sacrifiées sur l’autel selon des rituels précolombiens sanguinaires, et la suspicion règne.

Nulle n’y échappe. Car dans cette enceinte retirée du monde, entre fornication, autoflagellation et cauchemars blasphématoires, le péché est partout…

Alina, jeune novice insolente et rebelle, vient de prendre le voile. Au côté de Matea, sa fidèle domestique indigène, la voilà qui s’allie à sœur Juana, excentrique femme de lettres, pour trouver le coupable.

Entre prières, lectures, leçons de cuisine et chocolats chauds, le trio mène l’enquête. Mais dehors, l’Inquisition est déjà en chemin et compte bien couper le mal à la racine…

Dans une atmosphère digne du « Nom de la rose », le premier volume d’une nouvelle série de polars historiques, exotiques et mystiques.

Critique :
Hé oui, me voici entrée au couvent de San Jerónimo, chez les hiéronymites (à ne pas confondre avec les Cénobites tranquilles).

J’ai fait vœu de chasteté, de pauvreté, je suis obligée à porter un vêtement infâme qui gratte la peau (fini les sous-vêtements confortables), à me lever à 5h du matin, à être cloîtrée et à prier, prier et encore prier pour le salut de mon âme (va en falloir beaucoup, de prière). En plus, nous sommes au Mexique, en 1689.

Qu’est-ce que je suis allée foutre au couvent de San Jerónimo ? Je me suis infiltrée pour les besoins d’une enquête. On assassine des membres de cette congrégation et vu l’état des corps, les suspects ne peuvent être qu’un loup-garou ou Jack The Ripper voyageant dans le temps !

Bon, hormis l’intervention du fantastique, ces deux coupables sont aussi impensables que moi-même dans un couvent… Voilà encore une lecture qui va me conforter dans le fait que j’aie le cul bordé de nouilles : je suis libre et pas obligée de choisir entre le mariage et le couvent !

La lecture de ce roman policier se déroulant quasi en huis-clos (nous sommes cloîtrées) et entre femmes (quelques mecs en soutane interviendrons, dont un qui pue de la gueule et un autre qui a moins de charme qu’une hyène) m’a confortée aussi dans le fait que je n’ai jamais aimé les gens de religion qui se comportent comme les derniers des derniers, notamment en possédant des esclaves et en les privant de leurs cultures, de leurs croyances (pour les sacrifices, c’était une bonne chose).

Dans ces pages, on a quelques religieuses ou moines, accusant les autres d’être des pécheurs, voyant la paille dans leurs yeux et oubliant la poutre dans les leurs. Pour eux, les femmes sont des êtres dépourvus d’intelligences, se sont des succubes, des fornicatrices, bref, notre sexe s’est fait rhabiller pour plusieurs hivers.

Heureusement qu’il y a des nonnes sympas et intelligentes, comme soeur Juana Inés de la Cruz, une religieuse érudite (qui a réellement existée) et Alina, jeune novice envoyée au couvent pour que sa pingre de mamy puisse garder le fric.

Sans être un thriller trépident qui va à cent à l’heure, ce polar va tout de même plus vite que « Le Nom de la Rose » (il manque juste un Sean Connery sexy), dont il est noté dans le résumé qu’il s’en inspire, pour ses atmosphères.

Et c’est vrai ! On s’éclaire à la bougie, on a des flaques de sang, de la peur, de la suspicion, l’inquisition, bref, tout est réuni pour vous donner envie de quitter le couvent au triple galop, tout en restant plongé dans la lecture du roman.

Après avoir suspecté tous les personnages évoluant dans le couvent et d’autres encore (sauf les chats et la nouvelle novice), j’ai enfin eu la résolution de ces meurtres et j’avais raison (mais bon, dans ma tête, j’avais accusé tout le monde).

Ce polar historico-religieux est intéressant à lire et pas qu’en raison de ses meurtres et de l’enquête qui aura lieu.

Ce n’est jamais qu’un prétexte pour parler de la colonisation du Mexique par les Espagnols, des différences entre les classes sociales, de l’esclavage, de l’évangélisation forcée des peuples qui vivaient au Mexique, de leur culture qu’on a écrasée, de la place des femmes dans cette société hyper masculinisée, un patriarcat total qui ne laisse comme choix aux femmes qu’entre le mariage (et la reproduction) et le couvent.

L’auteur parle aussi, au travers d’un de ses personnages, de ces colons qui pensent tout savoir, tout connaître, posséder la meilleure religion (et croyances) et qui ont refusé d’écouter ce que les autochtones avaient à leur dire, à leur apprendre. Les Espagnols se pensaient investis de tout savoir face aux autres, ces colonisés, qui n’étaient que des barbares incultes juste capable de faire des gribouillis (c’étaient des écritures, pourtant) et même pas foutu de croire au Dieu vrai… Comme d’habitude…

Sans être le polar de l’année, celui-ci se laisse lire agréablement tout en nous parlant de la colonisation, de l’esclavage, des croyances, de la religion….

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°186]  et Le Mois Espagnol et Sud Américain – Mai 2023 – Chez Sharon [Fiche N°09].

28 réflexions au sujet de « Les mystères de soeur Juana – 01 – Mort au couvent : Oscar De Muriel »

  1. Ping : Bilan Livresque Annuel 2023 et Coups de Cœur selon les catégories ! [Épisode 2/3] | The Cannibal Lecteur

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mai 2023 + Mois Espagnol & Sud-Américain | The Cannibal Lecteur

  3. Ping : Neuvième mois espagnol : c’est ici ! | deslivresetsharon

  4. Ping : Les mystères de soeur Juana – 01 – Mort au couvent d’Oscar De Muriel – Amicalement noir

  5. Et bin des meurtres dans un couvent…oui comme tu le dis tres « au nom de la rose » mais au feminin….sympa cela semble…

    Tiens un nouveau livre sur Holmes vient de sortir, de Somoza…je ne sais si tu l’as lu….mais vraiment c’est l’univers de cet auteur (que j’adore) dans le monde de Doyle….tout simplement genial…j’ai adore (car je suis fan de cet ecrivain – repetition voulue…lol)… alors cela peut ne pas suivre les canons holmiens….

    Aimé par 1 personne

    • Si ça te dit d’enquêter au couvent, tu me le dis et je t’enverrai un billet de… mince, les avions n’existaient pas… un billet pour un bateau pourave qui tangue !

      Sinon, j’ai une machine diabolique qui envoie les gens dans le temps et l’espace, tout en restant chez soi 😉

      Aimé par 1 personne

  6. Mais ! Moi aussi je devais aller enquêter avec toi au couvent!!! 😮 Et tu y es allée sans moi! 🙁 Trop pas bien!!! Je vais devoir aller emmerder ma libraire!!! 🙄 C’est TA faute! Tua culpa, tua maxima culpa! 😉 Bon plus sérieusement : j’espère que les scènes de fornication sont bien décrites et que les messieurs sont sexys! 😂

    Aimé par 1 personne

C'est à votre tour d'écrire !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.