La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux : Marquis de Sade

Titre : La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux

Auteur : Marquis de Sade                                                big_2
Édition : Maxi Poche

Résumé :
Cachez cet auteur que je ne saurais voir. J’ai nommé le marquis de Sade. Grand absent des anthologies scolaires, Sade fut longtemps le paria de la littérature française.

Et pourtant, c’est bien de littérature qu’il s’agit et d’éducation qui plus est.

« La Philosophie dans le boudoir », chef-d’œuvre du divin marquis, est le plus ambitieux des manifestes du libertinage jamais écrit. Avec Sade, l’acte accompagne toujours la théorie et il est plaisant de voir son Dolmancé, mâle incroyablement membré dans la pleine possession de ses moyens, éduquer la jeune Eugénie, 15 ans à peine, aux acrobaties du corps et à la gymnastique de l’esprit.

Confiée aux mains de Mme de Saint-Ange et de Dolmancé, Eugénie, élève douée, progresse très vite dans le domaine du plaisir.

« Nous placerons dans cette jolie petite tête tous les principes du libertinage le plus effréné, nous l’embraserons de nos feux, nous l’alimenterons de notre philosophie », annonce Mme de Saint-Ange.

Au terme de 300 pages voluptueuses, la jeune fille ignorante sera devenue experte et aguerrie en philosophie du plaisir.

« La Philosophie dans le boudoir » n’est pas un classique de l’érotisme, c’est le livre fondateur, la Bible du plaisir qui pourrait faire passer le Kama Sutra pour une simple fiche technique.

Critique : 
Que dire de ce livre si ce n’est que les protagonistes feraient mieux de parler moins et de s’envoyer en l’air plus !

Ben oui, durant les moments de « pause » entre deux sodomies ou autre pénétrations en « al », les protagonistes pérorent sur Dieu, la politique, la morale et autres sujets qui m’ont fait bailler d’ennui tant ces messieurs étaient sûr de détenir la Vérité Absolue.  La diatribe sur la non-existence de Dieu est à mourir d’ennui !

Désolée, mais durant les phases réfractaires de chouchou, je n’aurais pas du tout envie de l’entendre me parler de politique ou de religion ! Surtout que Sade y va quand même fort dans sa philosophie qui tient plus de celle « du comptoir » que d’ailleurs.

Oh pardon… Pour ceux qui aurait une cul-ture zéro,  » La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux », c’est l’histoire de la journée d’éducation sexuelle et de débauche de la jeune Eugénie, 15 ans au compteur, que madame de Saint-Ange et son frère incestueux vont initier a toutes les facettes du sexe par tous les orifices.

C’est « la journée de la luxure », le tout aidé d’un sodomite qui cause beaucoup trop : Dolmancé.  Plus un syphilitique, mais en fin de roman.

En deux mots : ça éduque la gamine, ça baise tous ensemble ou séparé, ça cause et ensuite, ça refornique par tous les trous qui existent.

Les scènes de sexe ? C’est de la resucée : un « sandwich » entre trois hommes, de l’inceste frère-soeur, de la sodomie en veux-tu-en-voilà, du « décalotage » et suçage en tout genre. Rien de neuf sous le soleil, si ce n’est la perversion de certaines histoires où Dolmancé parle d’un homme qui a des rapports sexuels avec sa fille, lui fait un enfant, le dépucelle aussi, etc… Sade voulait choquer, il l’a fait.

Par contre, peu de descriptions dans les scènes de sexe. Certes, pour l’époque, ça a dû choquer la ménagère de moins de 50 ans, mais maintenant, bof. J’ai lu des fan-fics cochonnes bien plus détaillées dans leur scène hot que celles du roman du Marquis !

Ce que je reproche d’autre au livre ? Les dialogues qui sont souvent à se taper la tête au mur tant ils peuvent être bêtes, parfois.

Pire, lors de la fameuse scène de couture (ceux qui ont lu comprendront, les autres, imaginez), la mère – qui est censée avoir très mal vu l’endroit où on la coud – ne hurle pas très fort sa douleur, c’est limite si on n’a pas l’impression d’une mauvaise actrice qui veut en faire trop : « Tu me déchires, scélérate ! Que je rougis de t’avoir donné l’être ! ».

Heu, on est en train de lui suturer un certain endroit… Ça ne m’a même pas collé de frissons de dégoût tant cela ne faisait « pas vrai », ses récriminations de douleur.

Sans parler que les dialogues sont présentés comme dans une pièce de théâtre, et là, ça ne passait pas, malgré la vaseline.

De plus, une gamine de 15 ans qui se fait débaucher l’arrière-train sans arrières-pensées, comme si on lui expliquait la cuisine, demandant qu’on la débauche fissa… Là, je tique un peu en raison du fait qu’elle devient une grosse cochonne en deux secondes chrono.

N’ayant jamais vu un vit de sa vie (vit = pénis), elle se fait prendre par derrière comme d’autre vont prendre un verre, criant même qu’on la lui fourre profond. Hop, ça glisse comme chez une vielle péripatéticienne. Pas très réaliste.

Les personnages sont parfois à tuer, surtout Dolmancé, qui, à force de crier « je décharge, je décharge », m’a pompé l’air !

Je termine « No shocking » par le livre, ayant juste ressenti de l’ennui profond, mais très profond !

Marquis, tu aurais pu détailler plus tes scènes au lieu de nous faire toujours le même scénario sexuel !

Lu dans le cadre du challenge « Badinage et libertinage » organisé par Minou et « La littérature fait son cinéma » de Kabaret Kulturel.

CHALLENGE - DEstination la PAL CHALLENGE - Faire fondre la PAL

15 réflexions au sujet de « La philosophie dans le boudoir ou Les instituteurs immoraux : Marquis de Sade »

  1. Tu n’y vas pas de main morte non plus dans ton article ! Tu liras Justine malgré cet ennui ? A te lire, je doute sincèrement que tu apprécies davantage Justine, c’est tout aussi invraisemblable, avec les mêmes passages « philosophiques » entre les attaques sexuelles, dont je ne me souviens pas qu’elles soient plus détaillées (mais plus cruelles). L’invraisemblance que tu dénonces ne me dérange pas et m’amuse dans les scènes sexuelles : ça m’intéresse de voir la façon dont l’expression du plaisir est écrite à différentes époques, avec un vocabulaire parfois si « étranger » à nos habitudes quand on n’y est pas habitué.

    Mina/Minou

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    • Justine fait partie de ma PAL Noire, celle qui prend les poussières depuis des lustres et oui, je vais le sortir, juste pour voir… Si lors de ma lecture je ressens la même sensation que pour la philo, et bien, il rejoindra l’étagère et continuera de prendre les poussières ! 🙂

      Mais au moins, je pourrai dire « j’ai lu Sade et je me suis ennuyée »… tiens, lors d’un repas de famille, ça peut faire bien, non ?

      Trop d’invraisemblances, dans le livre, juste pour choquer, mais celle entrave justement le dégoût qu’on ne ressent pas une fois que l’on analyse l’affaire.

      Que la gamine ait envie de découvrir le sexe, ok, mais dès la première fois, alors qu’elle n’a jamais rien vu, elle demande qu’on y aille à fond ! En peu de temps, elle se comporte comme une vieille actrice de film porno qui aurait 200 films à son actif.

      Et lors de la scène de couture, les dialogues fichent tout en l’air ! Ça ne sonne pas « vrai ».

      Bon, le jour où je poste ma critique de Justine, je t’envoie un commentaire sur ton blog et on verra ce que j’en ai pensé…

      Je dois aussi lire les 120 journées… paraît que c’est aussi gore, lui. 🙂

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      • Ca dépend sans doute de ta famille 😉 Je serais curieuse de connaître les réactions si tu l’annonces un jour ; je me suis beaucoup amusée à annoncer que j’avais étudié cette œuvre dans mon mémoire (oui, oui, j’ai étudié la « pseudo-philosophie » du divin marquis et l’éducation sexuelle d’Eugénie)

        C’est assez intéressant de lire ta réaction et de la comparer à la mienne. Les invraisemblances ne me dérangent pas du tout, je les considère comme faisant partie de l’esthétique de Sade et comme participant à son projet ; parfois, elles m’amusent, notamment dans les habitudes langagières qui cassent tout l’érotisme auquel on est habitué. Elles interviennent également chez d’autres auteurs, comme Crébillon, je pense (de façon plus policée) ; c’est la raison pour laquelle je le perçois comme une caractéristique du siècle plutôt que de Sade. C’est une autre façon de décrire la jouissance, peu réaliste pour nous.

        L’avantage de la docilité d’Eugénie, c’est que cela permet de déployer toutes les démonstrations philosophiques et que, surtout, je n’ai personnellement pas envie de la baffer à chaque instant, contrairement à Justine, incapable d’apprendre de ses errements et expériences.

        J’ai prolongé le challenge jusqu’à fin décembre, donc si tu lis Justine d’ici là, je l’ajouterai au récap’. Pour les 120 journées, j’ai fait l’erreur d’en lire un extrait au hasard il y a quelques années et n’ose toujours pas le lire depuis (si je parviens à me faire à la violence sadienne, j’ai toujours beaucoup de mal avec la scatologie) J’attendrai ton avis si tu le lis, mais ne t’y presserai pas… (Il y a d’autres auteurs plus délicats et moins gores à découvrir !)

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        • La scatologie ? Heu, pas mon truc là… 🙂

          Marrant, certaines aberrations ou invraisemblances peuvent passer comme une lettre bien affranchie à la poste, et dans certains livres, ça cale ! Me demande pas pourquoi.

          Un mémoire là-dessus ? Hum, le jury a dû aimer…

          Une fois, à table, avec ma soeur qui surfe elle aussi on parlait de cul mais en langage de fan-fic et personne n’a rien compris entre le yaoi, le yuri, le slash et autre termes du Net.

          Oh, et bien, je ne dois pas écrire le mot « terminé » sur ton challenge alors. J’ai les 120 journées et ma foi, je vais quand même tenter le coup de la scatologie. Heureusement que nous n’avons pas le compte rendu des 120 jours ! 🙂

          Bon, prochain repas, je t’invite et tu nous parlera de Sade ! Je sens que des copines vont vouloir venir… 🙂 Je suis sûre que si je n’en parle pas, ma petite sœur mettra le sujet sur la table, avec l’air de ne pas y toucher, balançant un truc du genre : « ah, au fait, vous savez quoi, ma soeur a lâché ses romans policiers pour lire Sade, mon beau-frère en a encore les yeux qui pétillent ».

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    • Je vais tester les autres, voir si c’est le même genre ou pas, si redondances dans la philosophie de comptoir ou si ça vole plus haut. Je sais que côté sadisme, Justine est pire que la philosophie. Une amie m’avait conseillé la philo d’abord, mais je n’en sors pas convaincue.

      Choquant, mais juste pour choquer, et bien, ça me choque moins, trop de trash tue le trash. Un peu de sobriété aurait rendu le livre plus dur à lire…

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  2. Ping : Bilan Livresque Août 2013 | The Cannibal Lecteur

    • Cool, je vais aller te lire pour voir ce que tu en as pensé. Tiens, tant que je t’ai au bout du fil, avais-je posté la fiche « Valhardi – Tome 7 – Le mauvais oeil » de Jijé ? La dernière fois, comme tu avais vidé le tableau, je n’étais plus sûre et je n’ai pas osé le mettre afin d’éviter un double post.

      Si non, je l’ajouterai lors de mon prochain collage.

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    • Oh, faut varier les plaisirs et voir pourquoi les livres du Marquis sont considérés comme sulfureux. Je voulais du soft avant de lire Justine qui est plus trash encore.

      Vu le nombre de lecteurs babeliottes, je ne suis pas la seule qui ait eu envie de m’encanailler avec le divin Marquis.

      Faudrait que je lise aussi le livre que Onfray vient d’écrire sur Sade. Ça le casse, il paraît ! 🙂

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