Titre : Coupable vous êtes
Auteur : Lorenzo Lunar
Édition : Asphalte (2015)
Résumé :
Santa Clara, ville de province cubaine. Le cadavre d’un caïd est découvert non loin de la gare routière.
L’arme du crime étant un marteau de cordonnier, le commissaire de quartier Leo Martín soupçonne tout de suite son ennemi juré, Chago Le Boeuf, dont c’est la profession. Sauf que celui-ci vient de lui-même au poste pour déclarer le vol de l’outil… Puis il annonce qu’il souhaite collaborer avec la police sur cette affaire. Sa piste : les prostituées.
Aux côtés d’un Leo Martín toujours en proie à ses démons, le lecteur découvre la vie des jineteras, jeunes femmes vendant leurs charmes aux hauts fonctionnaires cubains comme aux touristes, à travers une galerie de personnages féminins aux caractères bien trempés.
L’une d’elle pourrait bien être impliquée dans le meurtre…
Critique :
Cuba comme vous ne le verrez jamais sur les guides touristiques, ceux qui vous vantent les charmes des cigares cubains ou des plages de sable fin…
El Condado, le quartier pauvre de Santa Clara, ne fait sans doute pas partie des cartes postales proposées par les Tour-Opérateurs. Ça vous ferait foutre le camp fissa !
Dans le quartier, la mort est chose quotidienne. Rien de plus naturel à ça. Les gens meurent à n’importe quelle heure, dans le quartier : le matin, l’après-midi, la nuit. Les gens meurent de choses et d’autres, dans le quartier : le foie, la prostate, la gorge. Les poumons ! Ils meurent, tout simplement.
Pourtant, le commissaire Leo Martín aime son quartier, ses putes… Leo est fort critique envers son pays, surtout que nous sommes en pleine période « spéciale » (période qui eut lieu après la chute du bloc soviétique et qui a vu les importations de produits d’Europe de l’Est chuter et cela a bouleversé l’économie locale, créé des pénuries en tout et de ce fait, fait augmenter l’économie parallèle et le système D) et on ne peut lui donner tort.
Depuis que la période spéciale a commencé, ma mère ne pense qu’aux stratagèmes auxquels elle doit recourir pour mettre quelque chose sur la table. Elle a déjà expérimenté un tas de recettes alternatives – du hachis de peaux de bananes, des écorces de pomelo panées aux allures d’escalopes. Tous les deux jours, avec un stoïcisme olympien, elle fait la queue devant la rudimentaire presse à hamburger pour pouvoir, carte d’identité en main, acheter des steaks hachés à base de soja, de sang de taureau et de viande maigre. Elle raccommode de vieux vêtements – ceux de mon défunt père, les siens et les miens – pour les échanger contre des tubercules ou du saindoux auprès de paysans qui apportent dans le quartier leur marchandise de contrebande.
Entre les femmes qui doivent se prostituer, les files de malade pour obtenir un peu de viande hachée, les listes jaune ou rouge sur lesquelles il faut être inscrit pour avoir le droit d’aller à l’hosto et la pénurie dans toutes les choses importantes, l’amertume est grande, mais tout le monde – dans les petites gens – doit faire avec.
La description de la vie à Cuba est sans fard, sans artifices, sans colifichets, elle est brute de décoffrage, donnant à certains cubains le moral à hauteur du cul, c’est à dire : bas ! (« Cuba », si vous n’aviez pas compris le jeu de mot).
Une chose est sûre, on ne doit pas choisir une enquête de Leo Martín pour son rythme trépidant parce que notre Leo, il trépide pas fort…
Pour résoudre le cas du maquereau en provenance de Varadero, assassiné à coups de marteau de cordonnier (ça s’invente pas), monsieur le commissaire va à une allure de sénateur (mais sans son salaire), emberlificoté qu’il est dans ses histoires de cœur, de cul, de sexe…
Notre homme prend le temps, à chaque interrogatoire, de nous dévoiler des morceaux entiers de la vie du suspect, nous donnant ainsi un portrait peu flatteur de l’ile de Castro.
Roman court, véritable concentré de renseignement sur les prostituées et les hommes du parti qui se pavanent (ou qui chutent), le tout servi par une plume sans fard et acérée qui donne lieu à une critique acerbe du pays, mais sans jugement aucun sur celles qui font le trottoir, le tout emballé dans de belles feuilles de tabac et arrosé d’alcool pas net.
C’est tout ça dans ce petit roman qui, contrairement au guide touristiques, ne vous donne pas envie d’aller folâtrer dans le quartier de Leo Martín, mais juste de lire ses autres aventures !
Le quartier est un monstre et on ne sait jamais jusqu’où il peut étendre sa tête.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).
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Je ne connais pas cet auteur. le seul auteur cubain que j’aie lu est Leonardo Padura. Et ce Lorenzo Lunar pourrait pet-être bien me plaire . A tenter, un de ces jours….
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Padura est dans ma team… j’ai quelques auteurs cubains, sud-américain ou espagnols à découvrir, toujours en romans noirs ;-))
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3 Sherlock et demi ne sont pas suffisants pour me convaincre 🙂
Et puis la couverture est pas terrible, faut le dire. ..
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3 sherlock et demi sont super, chez moi, mais il n’en méritait pas 4. La couverture n’est pas géniale, je sais… mais le dépaysement est garantit, mais je ne pense pas que c’est vraiment ton genre de lecture… plus des trucs pour Pierre, Claude ou le Souriceau !
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on commence à bien se connaître les uns les autres en fait 🙂
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Un peu qu’on se connait !!
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🙂
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Ben vu de là, je me le sens pas trop, ni le voyage, ni la lecture…..:(
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C’est court, mais c’est lent, mais je pense que ce n’est pas pour toi, ma binômette !
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dingue ça ! Y a même des demis Sherlock ! 😉
Tu avais besoin de soleil, c’est pour ça que tu as lu ce livre là ?
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Oui, des demi-sherlock… ça existe, je viens de l’inventer. C’était plus facile que des demis pipes… une pipe à moitié, ça va pas… PTDR
Besoin de soleil et de dépaysement… alors, Castro, c’était une bonne option après le Gabon.
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Pfff tu arriveras donc toujours à détourner la conversation 😉
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C’est un sport national, chez moi.
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