Ce qui n’est pas écrit : Rafael Reig

 

Ce qui nest pas ecrit - Reig

Titre : Ce qui n’est pas écrit

Auteur : Rafael Reig
Édition : Métailié (2014)

Résumé :
Carlos emmène son fils Jorge en montagne pour un week-end entre hommes, c’est sa mère qui l’élève et il le voit très peu. Il le trouve étrange, trop rond, trop bébé pour ses quatorze ans, bref il est déçu par cet ado renfermé et maladroit dont il veut faire un homme, un vrai.

Mais dès le début de la balade c’est Carlos qui découvre ses limites physiques et son incapacité à communiquer avec son enfant. Le séjour s’annonce difficile, surtout qu’au chalet les attend la nouvelle petite amie de Carlos, qu’il ne l’a pas dit à son fils et qu’elle n’est pas un modèle de discrétion.

Carmen restée en ville tombe sur un manuscrit laissé chez elle par Carlos, un polar scabreux et terriblement efficace ; peu à peu elle y voit de drôles de ressemblances avec la réalité, des prémonitions macabres, des menaces à peine voilées contre elle ou contre son fils.

L’angoisse monte, les sous-entendus se multiplient. Elle tente d’appeler Jorge, mais Carlos a confisqué son téléphone. Désespéré et humilié le garçon s’enfuit dans la forêt et disparaît…

ce-qui-n-est-pas-ecrit-616277-250-400Critique :
C’est laborieusement que je viens de terminer ce roman dont on me promettait pourtant beaucoup et qui au final me fera penser à la montagne qui accouche d’une souris !

Voyez plutôt l’accroche qui a réussi à m’avoir : « On ne lâche plus ce roman parfaitement noir où tout le monde, lecteur inclus, s’échine à lire entre les lignes ce qui n’est pas écrit, et s’imagine le pire ». Tu parles, Charles !

Non seulement j’ai failli le lâcher plusieurs fois, mais je cherche encore dans les pages le côté roman noir (hormis le contexte social du roman dans le roman, je n’en vois pas d’autre) ainsi que le « Thriller psychologique », la nature inquiétante, la trame de film d’horreur habilement construite et le fait que ce texte confirme la virtuosité stylistique et l’inventivité narrative de son auteur.

Va ma falloir un Patrick Sabatier pour un Perdu de recherche parce que j’ai beau retourner l’affaire, j’ai pas eu peur, même pas ressentit le souffle de la nature inquiétante, ni d’angoisses, juste des soupirs à fendre l’âme que j’ai poussé durant ma lecture.

Balançons directement sur le fait que je n’ai ressenti aucune empathie pour les protagonistes, que ce soit Carmen, la mère (qui est une femme pratique dans tout ce qu’elle fait et c’est horripilant !).

Carlos, son ex-mari, alcoolo, petit prolétaire qui pense en dichotomie sur les femmes (la pute et la princesse), qui veut faire de son fils un homme, un vrai, qui le traite de « nouille » sans arrêt (son mot préféré) et qui le jalouse parce que son gamin de 14 ans en a une plus grande que lui !

Il pouvait à peine croire ça. Son fils, son propre fils, en avait une plus grande que lui. Elle était d’une taille si considérable que Carlos se sentit humilié, victime d’une trahison.

Comme d’habitude : soit la pute, soit la princesse. Pour ne pas voir les femmes, Carlos les dégradait ou les idéalisait. Soit il était la victime de l’inaccessible et hautaine princesse, soit il devenait le maquereau de la misérable pute.

Quand à leur gamin, Jorge, il est pleurnichard, chouineur, un vrai pisseur, et on ne sait pas trop de quel côté il oscille, ni vraiment ce qu’il veut, en fait. Ils auraient mieux fait de ne pas se reproduire ces deux là !

Oh, j’oubliais, il y a aussi Yolanda, l’ex-petite amie de Carlos qui est redevenue sa nouvelle copine après le divorce.

Comme si ça ne suffisait pas, nous avons aussi un roman choral mal foutu ! J’aime le roman choral, mais là, on est dans le bas du classement des pires romans que j’ai pu lire.

Le must du pire, c’est sans conteste le roman écrit par Carlos et qu’il a déposé sur la chaise de son ex-femme avant d’emmener le rejeton en week-end camping dans la forêt. Là, on touche le fond, la lie, la raclure de bidet niveau écriture.

Vous me direz que c’est Carlos qui a écrit cette daube, il n’a rien d’un Cervantes, on le sait, mais ça devient pénible de lire ce torchon rempli de vulgarité, de sexe sale, de pensées débiles de son alter-ego littéraire, Antonio Riquelme. Alter ego qui, tout comme lui, traite tout le monde de nouille, ce qui fait cloche dans la bouche d’un petit truand.

Chez les quatre autres, le membre masculin de la copulation et dernier tronçon de l’appareil urinaire était d’une taille supérieure à celui de Toni Riquelme. De quoi faire chier.

Alors la fin, là, j’ai eu l’impression qu’il me manquait des pages parce que cela se termine abruptement, sans que l’on en sache plus sur ce qu’il va advenir des personnages principaux et du pourquoi du comment tout cela en est arrivé là.

C’était lourd, laborieux, ennuyant. Les personnages sont plus plat qu’une feuille de cigarette et rempli de frustrations qu’à la fin, cela en devient limite risible tant c’est poussé, leur côté frustré de tout.

Quand aux passages de sexe assez cru, on se demande bien ce qu’ils apportent au roman, hormis le couler un peu plus et l’entrainer encore plus vers le fond, vers les abysses, là où on n’arrive plus à sortir.

Pauvre, pauvre Carlos, se dit-elle, pauvre incapable d’aimer, parce que tu es incapable de t’aimer toi-même. Il était là, maintenant par écrit, dans son roman, en train de donner une gifle à la princesse et d’affirmer en même temps que ce qui l’unissait à la pute, c’était un amour pur, qu’ils s’aimaient à travers une humiliation réciproque.

C’est poisseux et indigeste, ce roman qui n’a rien à voir avec la publicité qu’on lui faisait. Sauf si l’encart concernait un autre livre…

Je recommande ce roman dans le cas où vous auriez une armoire bancale, ou bien à offrir à votre meilleure amie avec laquelle vous auriez une vengeance à solder.

étoile 1

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016) et le Challenge « Le mois Espagnol » chez Sharon.

Mois espagnol

47 réflexions au sujet de « Ce qui n’est pas écrit : Rafael Reig »

  1. Ping : Challenge Thriller et polar – session 2015-2016, bilan final | deslivresetsharon

  2. Il a fallu ton bilan mensuel pour que je tombes sur ce billet. Et là, ma petite belette, tu devais être en manque de Westvleteren… C’est la seule excuse que je vois, que j’imagine. Au fait que tu avais fini la veille ta réserve de Rochefort et cassé le dernier magnum de Chimay… Parce que écoute-moi bien ma petite belette, écoutes moi une fois, (je le fais bien le une fois, imagine l’accent), j’ai adoré ce roman noir !!!

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    • Ben voilà, moi j’ai pas aimé du tout ce roman noir, mais oui, je plaide l’abstinence de bière, de mojito, de vin et l’abus de flotte pure… Mais même bourrée à la Chimay mélangée de Rochefort le tout dans une Duvel, même ainsi, j’aurais pô aimé le roman… :/

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  3. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Mai 2016 | The Cannibal Lecteur

  4. Ping : Le mois espagnol, saison 2, c’est parti ! | deslivresetsharon

  5. Ah mais comment je me sens moins seul, d’un coup !!! Je l’avais lu à sa sortie, où il bénéficiait déjà de moult bonnes critiques, et j’avais été aussi déçu que toi, pour les mêmes raisons… Je m’étais dit que j’étais juste de mauvais poil au moment de la lecture, mais apparemment, pas forcément. Ouf ! 🙂
    En tout cas, bravo pour cette chronique négative mais très bien tournée !

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    • Ou alors, nous étions tous deux de mauvais poils, mais bon, je serais étonnée parce que je n’ai pas ressenti de la mauvaise humeur en le commençant…

      Comme quoi, nous n’avons pas ressenti l’ivresse livresque des autres… Contente de t’avoir fait te sentir moins seul ! mdr

      Même quand je n’ai pas aimé, je chronique, ça me fait du bien, ça soulage… mais faut tout de même argumenter un peu ! 😉

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  6. j’ai lu pas mal de critique mitigés à son sujet, voire négatives. J’avais quand même acheté le bouquin ( d’occase, histoire de minimiser la casse eventuellement) et depuis, comme chris je l’ai là qui attend dans ma pal. La lecture de ta chronique me fait dire que j’aurai pu économiser un peu plus d’argent en portant mon choix sur un autre livre. Bon, ben j’attendrai la retraite pour le lire, soit une bonne quinzaine d’années ! 🙂

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    • manU l’a bien aimé, comme quoi… je l’ai signalé à notre Chris avant qu’elle ne le jette par la fenêtre. Occase aussi, la perte est minime et mes parents ont bien une armoire bancale à caler ! Sinon, un feu à allumer, ou la croix-rouge à alimenter !

      Le truc en plus sur le 4ème de cover m’avait poussé à le prendre, mais si j’avais su, j’aurais pas venu, comme disait le petit Gibus.

      Bon, ce n’est pas le premier livre qu’on lit et qu’on aime pas, ça nous est déjà arrivé, ça arrivera encore, hélas ou tant mieux. Là, je suis dans un autre espagnol, un polar noir, « tatouage » de Manuel Vázquez Montalbán.

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    • Ben voilà ! Y’en a qui l’on aimé ! Je savais que mon manU passerait me dire le contraire, mais tu fais bien, je vais le signifier à dealerdelignes qui se demande ce qu’elle va faire avec ce roman ! mdr

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  7. J’ai de suite foncé dans ma bibliothèque et oh malheur il est là ….. Grrrrr depuis juin 2014 en plus ( ça signifie brocante, ouf) t’as vu , il a eu un prix , le prix Nata Negra décerné par des libraires ..bon j’en fait quoi de ce livre maintenant ?!

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