Naming Jack The Ripper – Jack l’éventreur démasqué : Russel Edwards

 

Naming Jack The Ripper - Edwards

Titre : Naming Jack The Ripper – Jack l’éventreur démasqué

Auteur : Russel Edwards
Édition : Lyons Press (2014) / L’Archipel (2016)

Résumé :
Tout commence en mars 2007. Lors d’une vente aux enchères dans un village du Suffolk, Edwards, passionné depuis longtemps par le mystère, achète un châle décoré d’un motif d’asters, en très mauvais état, déchiré et taché.

Le tissu maculé de sang avait été trouvé aux côtés du corps de Catherine Eddowes, quatrième victime de Jack l’Éventreur. Un policier l’avait alors emporté pour l’offrir à sa femme qui, sans surprise, n’avait pas voulu du cadeau.

Il serait ensuite resté rangé chez plusieurs générations de descendants du limier de Scotland Yard, jusqu’à ce que l’un d’entre eux se décide à le vendre.

Russell Edwards fait alors appel à Jari Louhelainen, spécialiste de la biologie moléculaire à l’université John Moores de Liverpool pour étudier l’objet.

À l’aide d’une caméra infrarouge et de lumière ultraviolette, il met en évidence des taches de sang, des traces du rein de la victime charcutée par son bourreau et – eurêka – de sperme.

Pour vérifier leurs découvertes, les deux chercheurs réussissent à trouver une descendante directe de Catherine Eddowes, dont l’ADN correspond parfaitement à celui prélevé sur la pièce à conviction.

Ce châle caractéristique d’un style d’Europe de l’Est pousse Edwards à s’intéresser à l’un des suspects des meurtres de 1888, cité mais jamais inculpé faute de preuve, le Polonais Aaron Kosminski.

Immigré en Angleterre avec sa famille pour fuir les pogroms russes, ce coiffeur de 23 ans vivait à 200 mètres du lieu d’un des meurtres de l’Éventreur. Interrogé par la police, il avait été relâché.

Deux ans plus tard, il est interné dans un asile pour schizophrénie après qu’il aurait attaqué sa sœur avec un couteau. Il y restera jusqu’à sa mort en 1919.

Edwards et Louhelainen assurent avoir mis la main sur une descendante de la sœur de Kosminski, qui a accepté de fournir des extraits d’ADN. Et, miracle, ceux-ci correspondent aux prélèvements effectués sur le châle.

Russell Edwards estime « catégoriquement » avoir mis fin à 126 ans de suspense après y avoir consacré quatorze ans d’investigations.

Il faudra sans doute toutefois une validation d’autres scientifiques et celle de la police avant d’en avoir le cœur tout à fait net.

Lu en VF mais je ne vous dirai pas comment j’ai eu le livre qui portait la couverture de l’édition anglaise.

Jack l'éventreur démasqué - Russel EdwardsCritique : 
Dire qu’on a imprimé ça ! Là, je me pose sérieusement des questions sur les relecteurs ou ceux qui choisissent les romans à publier dans les maisons d’éditions.

Allez, on tranche dans le vif et le massacre sera à la hauteur de celui du 9 novembre, au 13 Miller’s Court (Mary Jane Kelly).

Notre homme commence par nous raconter comment il a acquis le châle dans une vente aux enchères ou personne, je dis bien personne, n’avait enchéri dessus !

Le fait qu’un spécialiste de Jack n’ait pas bronché à la présentation du sois-disant châle ayant appartenu à Catherine Eddowes aurait dû mettre la puce à l’oreille de n’importe quel imbécile. Mais il l’achète après, en passant directement par le commissaire-priseur.

Stewart Evans, l’un des plus grands experts mondiaux de l’Éventreur et collectionneur d’objets de crimes devisait volontiers sur l’histoire de l’Éventreur, mais semblait dubitatif quant à l’authenticité du châle.
“Ce n’est pas pour moi, dit-il, je suis juste là pour voir qui l’emportera. Personne ne devrait l’acheter.”

Môssieur savait que le châle était ZE châle à Catherine Eddowes !

C’était comme si j’avais su quelque chose que personne d’autre ne savait.

On lui présente un truc vieux et puant en lui disant que c’est une relique d’une des victime de Jack et il le gobe ?

Et demain, je lui sors un drap de lit à la propreté douteuse et je lui dis que les tache plus blanches sont en fait le visage de Jésus et je lui refourgue en tant que véritable Saint-Suaire ?

Quelques commentaires le taxaient de canular, sans ajouter grand-chose d’autre. Pourtant, quelque chose me donna envie d’en savoir plus. Comme je l’ai dit, en dépit du fait que je suis têtu question affaires, je crois aux intuitions et à mon sixième sens : mon instinct n’a pas toujours raison, mais il a plus souvent raison que tort ; et je lui ai bien souvent été reconnaissant, mais jamais autant que dans ma quête de Jack l’Éventreur.

WTF ??

Ensuite, il nous parle de lui, de sa vie, de ses malheurs, de son enfance pas terrible, du fait qu’il ne connaissait rien de rien de celui qui fit de l’East End un lieu maudit… Ok, si l’auteur veut nous le faire croire, je vais jouer le jeu et croire.

Mais bon sang, on s’en fout, mec, de ta vie, de ton enfance et du fait que tu as réussi à réussir dans la vie ! Accouche, pousse, c’est un garçon !

De plus, l’usage d’un nègre littéraire n’aurait pas été du luxe car son style d’écriture est pauvre, lourd, surtout avec ses pavés de descriptions historiques et de détails scientifiques. Rien n’est bien construit.

Dans un style d’écriture super simpliste et super agaçant à lire durant certains passages, de plus, l’abus des mêmes tournures de phrase sur une même page peut s’avérer un brin chiant

On notera aussi que l’auteur ne se prend pas pour n’importe qui, faudra qu’il change de chemises, il a dû exploser ses cols à force de se faire gonfler le cou !

Ce fut l’un des instants les plus colossaux de ce voyage, quelque chose qui me fit réellement tituber de surprise. Je vérifiai, revérifiai, et revérifiai encore. Comment avais-je pu voir ça alors que tout le monde était passé à côté ?

Les dates : quelque chose fait qu’elles ont toujours compté pour moi. Cela explique peut-être pourquoi moi, mais aucun autre chercheur passé avant, j’ai mis le doigt dessus.

À croire qu’il vient d’inventer le fil à couper le beurre tant il se prend pour LE gars qui vient de résoudre une des énigmes de la fin du 19ème siècle. Lui seul a su découvrir LA vérité, poils au nez.

Ensuite, il nous décrit la ville de Londres, ses taudis, ses immigrés, et toussa toussa, mais je n’ai pas vu à la fin du roman les références à tout ce qu’il nous a raconté (et qui était vrai). Il a pompé ces infos dans d’autres livres traitant de l’Éventreur, dans des livres historiques ou il a la science infuse ??

Notre auteur à la plume pas géniale retrace aussi longuement l’emploi du temps des victimes.

Il commence par la mort d’Emma Smith, agressée le 3 avril 1888, puis passe à Martha Tabram (7 août 1888), l’incluant dans les victimes de Jack (les ripperologues l’excluent) avant d’arriver à la première victime canonique, Mary Ann Nichols.

Si vous êtes un ou une habitué(e) des livres parlant de l’Éventreur, tout cela pourrait faire resucée mais je ne plaindrai pas, remettre les faits en place n’est jamais mauvais, et sans cela, le roman aurait été plus fin qu’un Harlequin…

Pareil ici, l’auteur ne cite toujours pas ses sources officielles, il parle juste de quelques trucs qu’il a lu dans les journaux de l’époque (sources pas toujours fiables !) ou dans le Police Gazette, mais pas de notes en fin d’ouvrage sur les sources plus « officielles ».

Lorsqu’il aborde le meurtre de Catherine Eddowes, on le sent déjà piaffer d’impatience de nous raconter ce qu’il savait du châle (de source pas sûre du tout et non répertorié dans les objets de la victime par les roussins) et que les autres savaient pas (♫ nananinanère) puisque c’est par ce châle que la lumière fut.

Amen et ite missa est (allez, la messe est dite).

Oui, autre chose qui m’a énervée : certes, les victimes sont avant tout des êtres humains et elles ont sans doute perdu leur statut à force d’en parler, elles sont des « cas d’études » mais que l’auteur nous bassine avec ses remarques aussi régulières que stéréotypées sur l’empathie que suscitent chez lui les victimes de l’éventreur semblent forcées, voire un brin artificielles.

J’espère pour elle que la mort est intervenue rapidement et qu’elle n’a pas souffert après le premier coup porté sur son cou.

[…] La veille du jour où les résultats de Jari sont tombés, quelque chose a effleuré mon inconscient et m’a aidé à comprendre pourquoi je me sentais aussi fortement connecté aux victimes de l’Éventreur, à ces femmes infortunées contraintes de vendre leur corps pour se payer leur nourriture et un lit pour la nuit. Oui, je me suis toujours senti proche d’elles, en partie en raison de ma propre expérience de sans-abri.

Oui, on peur les traiter humainement lorsqu’on analyse les meurtres de 1888 à Whitechapel, mais lui, il force le trait avec ses « Mon Dieu, pourvu qu’elle n’ait pas souffert » et autres niaiseries qui sonnent aussi faux que si je disais que j’ai tourné dans un film porno.

Une fois qu’il a parlé du « passé » avec nos victimes, leur vie, leur mort, il passe au « présent » et enchaîne sur des dialogues avec les experts, les prétendus descendants de la victime et il explique ainsi comment il en était arrivé à cette théorie sur les motifs de fleurs imprimés sur le châle, théorie capillotractée et tout aussi loufoque que celle de Cornwell qui tirait la queue du chat pour faire de Sickert un parfait Jack.

Je lui parlai de la pertinence des dates de la fête de la St-Michel en relation avec les meurtres d’Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Kelly, ce à quoi il répondit : “Nous ne savions pas cela, c’est nouveau.”

Enfin, la théorie loufoque, c’est moi qui le dit, hein, pas lui, namého lui il est Grand et le plus fort, le plus intelligent et le seul qui sait LA vérité.

J’étais certain qu’il était d’époque, mais je devais le prouver. Ma recherche à peine entamée, je fis une découverte importante, une avancée à laquelle je ne m’attendais pas.

Souvent, trop de détails viennent parasiter le récit, notamment lorsqu’il présente les personnes qui ont bossé sur le châle.

Qu’il me déroule le C.V du scientifique qui a réalisé les analyses, je suis d’accord, c’est la preuve que c’est pas un guignol ou son neveu avec son matériel de petit chimiste, mais savoir avec qui il est marié et le nombre de gnomes qu’il a fait à sa femme, on s’en branle !

Tous ces passages superflus où Edwards rentre dans des détails biographiques tout à fait inutiles à son sujet ou sur les différents participants à la quête du Graal plombent et alourdissent le récit au point que l’on décroche des lignes et que les yeux survolent le tout sans prendre attention.

Certes, il faut expliquer correctement, prouver qu’on a pas déconné, mais la manière dont les choses sont abordées me font penser à un enfant qui nous expliquerait ses recherches (tout en devisant sur le fait qu’il faisait ses courses, qu’il buvait un verre, qu’il était en bagnole).

Là encore, aucune références, ce pourrait être de l’invention pure et simple et le seul moyen de le savoir serait de vérifier sur le Net, sites scientifiques… Mais en attendant, ça meuble les paragraphes, les pages, le roman…

L’auteur arrive même à s’emmêler les pinceaux, à croire que personne n’a relu le roman et que l’auteur est une girouette qui ne sait plus ce qu’il dit.

La preuve ? Le châle est assez luxueux, pas du genre à être possédé par une prostipute, alors notre coco arrive à une conclusion stupéfiante : la misérable prostituée Catherine Eddowes qui mettait ses bottines au clou pour se payer un lit pouilleux dans un asile de nuit ne pouvait pas posséder ce luxueux châle.

Alors ? Alors ? Oui, il appartiendrait à Jack l’Éventreur qui l’aurait disposé près du corps pour laisser un message sur la date de son prochain carnage (les motifs floraux). Bon, ok, on tire sur les cheveux, ça fait mal…

Et si le châle n’appartenait en rien à Catherine Eddowes ? Et s’il avait été abandonné sur la scène du crime par l’Eventreur lui-même ? Cela prenait soudain tout son sens. Catherine était très pauvre, et le jour précédant sa mort, elle et son partenaire avaient gagé une paire de bottes, sans doute beaucoup portées, qui leur procura juste assez pour s’offrir à manger. Il est certain que, si elle avait eu un châle de cette valeur, ils l’auraient mis en gage pour en obtenir plus. Et comment, dans son passé de privations et de pauvreté, serait-elle entrée en possession d’un châle de ce prix ?

Mais là où le bât blesse, c’est qu’ensuite il a l’air d’avoir oublié cette conclusion tarabiscotée et nous fait un caca nerveux en apprenant que le bleu du châle déteint à l’eau et que donc, Catherine Eddowes n’aurait jamais pu le porter sur elle en revenant de la cueillette du houblon parce qu’il pleuvait et que le châle aurait perdu sa couleur bleue.

Ou il ne sait plus ce qu’il a dit avant ou alors, il a tout écrit et remanié ensuite ses chapitres, le déroulement de son histoire et cela donne cet illogisme flagrant.

Ce qui me fait enchainer sur le fait que niveau structure du livre, c’est un bordel sans nom et complet ! Un véritable souk, un brol !

J’ajouterai, pour clouer un peu plus le livre, que l’auteur, tout à sa joie de résoudre l’affaire, fait parfois des suppositions vaseuses mais qui, bien entendu, vont dans son sens. Même si la châle dont il parle ne se trouvait pas sur les relevés des objets appartenant à Eddowes.

Mais les articles de nombreux journaux qui évoquaient l’enquête judiciaire de l’affaire Eddowes mentionnaient clairement que “sa robe était de chintz vert, dont le motif représentait des marguerites de la St-Michel”. Cela voulait-il dire quelque chose ?

Nous ne pouvons que supposer que, si la presse a inclus dans ses articles la description de la robe – ou jupe – de chintz bordée de marguerites de la St-Michel, c’est parce que soit un journaliste était présent sur les lieux et a jeté un coup d’œil aux éléments (en dépit de tous les efforts de la police, les scènes de crimes n’étaient pas autant protégées qu’elles le sont aujourd’hui), soit parce qu’ils ont parlé avec des policiers présents qui, eux aussi, avaient pris le châle aux motifs bien particuliers pour une jupe ou une robe.

Tout va toujours dans son sens et la théorie des fleurs sur le foulard qui est un message pour les enquêteurs, moi je dis « faut pas pousser mémé dans les orties, surtout quand elle n’a pas de petite culotte » !

Ce qui me frappa, ce fut ces deux dates de la St-Michel. C’était les nuits des trois derniers meurtres, d’abord le double événement, au cours de la St-Michel fêtée traditionnellement dans ce pays, ensuite le dernier meurtre, celui de Mary Jane Kelly, la nuit de la St-Michel de l’Église orthodoxe orientale. Les morts du double événement ont eu lieu après minuit, c’est-à-dire, techniquement, le 30 septembre, mais si Jack l’Éventreur avait décidé de sa mission le soir de la St-Michel ? Nous savons qu’Elizabeth Stride a été tuée vers 0 h 45, peu après le changement de date, et on peut supposer qu’il s’est donné un peu de temps pour trouver une victime adéquate.

Je compris aussi que, pour que les marguerites de la St-Michel aient une signification bien réelle, il fallait qu’elles soient liées à l’Éventreur. Peut-être avait-il laissé le châle sur la scène du crime en guise d’obscur indice pour la police de la date à laquelle il frapperait à nouveau.

Ce que ressens, à la fin de ma lecture laborieuse, c’est un endormissement prématuré, une pointe de douleur derrière l’arcade sourcilière et l’impression qu’on a fait du remplissage de paragraphes afin d’étoffer le livre et de ne pas sortir un roman de l’épaisseur d’une ficelle de string.

De plus, niveau « pratique », il eut été plus intelligent d’intégrer directement les illustrations dans le texte plutôt que de les remiser à la fin, en appendice.

Comment qualifier ce WTF de roman ?

« Un peu de tout » car nous sommes face à une biographie vu l’auteur qui nous raconte sa vie, c’est une enquête mais sans suspense, ceci n’est pas une fiction et malgré la soupe indigeste des analyses en seconde partie, ceci n’est pas un rapport scientifique mais ça cumule tous les défauts de ces genres !

Je ne remets pas en question le coupable, Aaron Kosminski, il était dans les suspects, il est plausible et bien plus qu’un Walter Sickert, que le petit-fils de la Reine, son médecin personnel ou Columbo aidé de Derrick (bien que pour Derrick j’hésite, paraît qu’il était plus hargneux, jeune).

Merde, il y avait moyen de faire un bon bouquin, une enquête passionnante que l’on aurait dévoré, une traque sans faille, une théorie plausible et le tout fait pchiiit et on reste avec un goût amer dans la bouche tant avec le travail d’écriture d’un pro on aurait eu autre chose entre les mains.

Si la première partie était intéressante, la seconde est indigérable, lourde, et j’ai peiné pour arriver à la fin du livre, mais puisque le vin était tiré je l’ai bu, même en tant que piquette.

PS : Oh, des minis références !

Je voudrais d’abord remercier les experts et les historiens dont la passion pour l’histoire de l’Éventreur m’a fourni les bases et les informations qui m’ont aidé à me faire une première idée du mystère. Ce sont Paul Begg, Martin Fido, Stewart Evans et Donald Rumbelow.

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Sherlock Holmes (BéDétectives) – Tome 7 – L’étoile sanglante : Jean-Pierre Croquet & Benoît Bonte

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Titre : Sherlock Holmes – T7 – L’étoile sanglante

Scénariste : Jean-Pierre Croquet
Dessinateur : Benoît Bonte

Édition :  Bdétectives – Claude Lefrancq n°37 (1997)

Résumé :
Deux ans après la terrible affaire de jack l’Éventreur, une succession d’assassinats horribles plonge à nouveau Londres dans la terreur. Des cadavres étrangement mutilés sont retrouvés aux quatre coins de la capitale.

Les victimes, petites gens ou grands de ce monde, semblent être choisis au hasard.

Au hasard ? Pour Sherlock Holmes, il n’en est rien. Un ordre mystérieux se cache derrière la série meurtrière. Car au-dessus de ces crimes apparemment sans mobile, plane l’ombre maléfique de l’étoile sanglante.

Des brumes de Londres à la nuit de Stonehenge, entre magie noire et sortilège, Sherlock Holmes, dans cette aventure inédite, affronte pour la première fois, le diable en personne.

sherlock-b-font-font-b-holmes-b-font-set-font-b-sherlock-bCritique :
Tiens donc, se diront les plus attentifs, la Belette a publié deux couvertures pour la même bédé !

Ceux qui ont bu leur kawa du matin auront remarqué que bien que semblables, elles sont légèrement différentes !

Mais qu’est-ce que c’est que ce beans ?

Juste un attrappe-collectionneur ! Le premier album publié fut celui aux éditions Lefranq en 97 et portait le dossard N°7.

En 2000, les Éditions Soleil Productions l’ont republié avec le dossard N°1 !

Si le lecteur n’est pas attentif, il se fait arnaquer, pour ne pas dire « baiser » ! Bon, pour leur défense, je dirai qu’ils ont gardé le même titre, eux ! Pas comme un roman de Laurie King qui fut republié sous un autre titre !

Gros changement dans cette collection puisqu’il n’est pas scénarisé par A-P Duchâteau mais par Croquet et ce dernier, au lieu de plonger dans le fantastique, commence correctement et agréablement par un joli meurtre où il manque à la victime le cœur et la main gauche.

Au moins, lui ne va pas dans le non-sens comme Duchâteau, j’avais espoir à l’époque de tomber sur une enquête « normale » de Holmes sans y ajouter des choses fantastiques et terminer par des explications à la mord-moi-le-zob.

Heureuse je suis au départ, j’ai un meurtre bien sanglant, des déductions de Holmes sur les pensées de Watson au sujet du crime qui ressemble à ceux de Jack L’éventreur, un inspecteur Lestrade qui vient quérir Holmes, de manière innocente, pour l’emmener examiner le corps à la morgue.

Même si le détective en conclu à des mutilations rituelles pratiquées par un couteau sacrificiel, l’histoire partait dans le bon sens.

Les dessins sont corrects, les allusion canonique présentes : le « Strand », les nombreux déguisements de Holmes qu’on le voit adopter sur plusieurs cases, sur le fait qu’il torturait son violon en réfléchissant et qu’il fumait comme un pompier.

Je passerai sur le fait que Holmes porte, encore et toujours, sa cape macfarlane à carreaux et sa deerstalker.

Par contre, énormes erreurs quand le scénariste fait dire à Watson (en s’adressant à Reginald, l’employé qui s’occupe du rayon « Incunables » de la bibliothèque du British Museum) que Holmes s’est parfois occupé d’affaires qui n’étaient pas étrangères à la sorcellerie et qu’il a publié d’intéressants comptes rendus dans le Strand, à savoir « Le chien des Baskerville » (HOUN) et le « Vampire du Sussex » (SUSS).

Hors, comme l’histoire se passe deux ans après les crimes de l’Éventreur (c’est dit dans l’album), nous sommes donc en 1890 (les crimes de Jack ayant eu lieu en 1888).

Pas de chance, le Chien (HOUN) fut publié dans le Strand en 1901 et 1902, tandis que le vampire du Sussex (SUSS) fut publié en 1924.

Hem, elle est forte, celle là !! Watson parle d’histoires non encore publiées !

L’avocat de la défense me rétorquera « Objection, elles ne sont certes pas encore publiées mais ont sans doute eu déjà lieu ! D’où confusion du brave docteur Watson ». Greffier, notez ceci !

Que nenni ! C’est plus que pire : Le vampire du Sussex (SUSS) est datée, au plus tôt, en novembre 1897 et au plus tard en novembre 1901, donc, ils ne sont pas encore censé l’avoir vécue, cette enquête avec le « vampire ».

Sauf s’ils possèdent la DeLorean pour voyager dans le temps, ce qui expliquera cela !

Dans le cas du toutou des Baskerville (HOUN), ils pourraient déjà l’avoir résolue, étant datée au plus tôt de septembre 1886. Mais pas si on prend la date au plus tard qui est septembre 1900. Mais bon, pour elle, c’est une demi-faute si on prend sa date au plus tôt.

Heu, vous êtes toujours là ??

Troublant, n’est-il pas, ces erreurs ?

Ils n’ont pas révisé avant et se sont basés sur leurs souvenirs de lecture faisant fi des erreurs de dates qu’ils pourraient commettre, voulant juste balancer deux affaires avec un léger goût de fantastique que Holmes eut à résoudre dans sa carrière officielle (sous Cona Doyle) ?? Le tout afin d’asseoir leur propre aventure qui se roule dans le fantastique aussi.

Ou alors, elles sont dans la continuité des erreurs du canon et de celles de Watson. Ce n’est ni la première, ni la dernière qu’il commet. Bien qu’ici, on pourrait dire que Watson a des dons de médiums où qu’il a écrit cette historie tellement tard qu’il ne savais plus ce qu’il avait dit au bibliothécaire.

Merci, au passage, au livre « Quel jour sommes nous, Watson ? » de J-P Crauser pour la chronologie des aventures holmésienne.

Mais revenons à notre enquête…

Holmes avancera assez vite (44 pages obligent), comprenant rapidement qu’un rituel satanique est derrière tout cela (moi aussi, je l’avais compris) et les différents meurtres formeront un joli pentacle sur la carte, comme dans le film premier de Ritchie (qui est postérieur à l’album).

Jusque là, tout va toujours bien au niveau scénaristique.

Enfin, tout allait bien…

La plongée dans le grand n’importe quoi va commencer à la page 30… J’avais même deviné qui était derrière tout ça. C’est vous dire.

Les quatorze dernières pages sont capillotractées, le tout sur fond de combats politiques et de n’importe quoi.

L’allusion à la « radix pedis diaboli » de l’aventure du pied du diable (DEVI) me laissera même de marbre (alors que dans le canon je l’aime bien pour une phrase que dit Holmes).

Non, trop facile comme explication finale… À croire que le scénariste est de l’école de Duchâteau où que celui-ci fut son nègre, son inspirateur, son souffleur, pour le côte porte nawak et explications à la 6-4-2.

Dommage, il avait bien débuté, cet album. Le final plombe tout le reste.

Et dire que Croquet va faire toute une collection chez Soleil Productions…

Mais je vous en reparlerai un autre jour parce que dans cette collection là, je dézingue autant, si pas plus, que pour la BDétectives de chez Lefranq, c’est vous dire qu’effectivement, je pouvais tomber plus bas…

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CHALLENGE - Mois Anglais 2015 SH

Sherlock Holmes (BéDétectives) – Tome 6 – Le rat géant du Sumatra : André-Paul Duchâteau & Di Sano

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Titre : Sherlock Holmes – T6 – Le rat géant du Sumatra

Scénariste : André-Paul Duchâteau
Dessinateur : Di Sano

Édition:  Bdétectives – Claude Lefrancq n°31 (1995)

Résumé :
C’est un client sortant de l’ordinaire qui se présente au 221b Baker Street.

Les rats l’obsèdent, surtout un rat géant qui semble l’épouvanter…

Il est évidemment en proie au délire, mais Holmes et Watson ont de bonnes raisons de le soupçonner que ces rats – ou ce rat – existe bel et bien.

Une enquête mouvementée va mener le grand détective aux abords de la Tamise où mille dangers l’attendent.

rat géantCritique :
Vous avez vu la taille du rat sur la couverture de l’album ? Non, ce n’est pas dû à la position du sujet, comme ceux qui font semblant de tenir la Tour Eiffel et de redresser la Tour de Pise.

D’ailleurs, il est en arrière-plan, ça fonctionnerait pas, il devrait paraître plus petit hors il est immense, comme si c’était le fils caché de Godzilla, ce rat.

La question qui s’impose durant l’album, c’est : avec quelle nourriture ultra-protéinée a-t-on nourri ces rats pour leur donner la taille d’un double-poney ?? Oui, oui, vous avez bien lu, je n’ai pas bu, les rats de cet album, on peut les chevaucher !

Là, je pensais lorsque j’ai commencé cette collection dans les années 90 que j’avais touché le fond avec la béquille d’aluminium et Jack l’Éventreur, mais ici, on a atteint des abysses dans le grand porte-nawak !

Comme presque chaque fois, les histoires scénarisées par A-P Duchâteau commencent par du « fantastique » ou des scènes aberrantes qui vous laissent dubitatives de perplexité. Mais bon, on pourrait avoir des explications logiques à la fin…

Oui, on pourrait avoir de la logique à la fin, mais elle est aux abonnés absents.

Cette enquête de Holmes ne déroge pas à cette règle. Pour les explications du comment cette chose est arrivée, sucez votre pouce ou tout ce que vous voulez, mais vous ne le saurez pas vraiment car des faits ne seront pas expliqués, ou pas clairement.

Pour ce qui est de Holmes, on ressort sa panoplie de la cape et de la casquette ridicule… Par contre, j’avoue que son astuce fut bonne pour s’échapper de la fumerie d’opium et que son déguisement plus tard sera excellent.

Au moins une chose de bonne dans cet album, mais c’est peu.

Le méchant qui a lancé les rats est toujours le même Grand Méchant, mais en blond décoloré, cette fois…

Vous vous demandez, bien entendu, comment il arrive à commander ses rats qui ont la taille d’un poney d’1,20m ?

Je vais vous le dire puisque je vous déconseille l’achat de l’album : par la pensée ! Oui, oui, oui, je vous jure que j’ai pas abusé de mojitos à la piscine ! Il donnait des ordres à ses rats par la pensée. Ça vous la coupe, hein ??

Le must c’est quand Holmes lui-même arrive à détourner le rat de lui et à le retourner contre le vilain pas beau qui n’a même pas une coloration digne de ce nom… La puissance de la pensée…

Bref, le scénario a des rat…és et cela vous dégoût…rat (« rat d’égout », elle est bonne !) de cette Untold Story qui est d’un ennui rare et d’une impossibilité physique, hormis une bonne radiation des rats par la centrale de Tchernobyl (avec 100 ans d’avance).

Pourtant, R.L. Boyer avait écrit un excellent roman sur cette Untold Story du Rat Géant de Sumatra.

Faudrait que je vous en parle, tiens…

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Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Challenge « Polar Historique » de Sharon, Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, Challenge « Victorien » chez Camille, Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda et le Challenge British Mysteries chez My Lou Book.

CHALLENGE - Mois Anglais 2015 SH

15. Sherlock Holmes : The Second Stain – La deuxième tache

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SAISON 2 – ÉPISODE 4

  • Producteur : June Wyndham-Davies, Rebecca Eaton
  • Réalisateur : John Bruce
  • Scénariste : John Hawkesworth
  • Décorateur : Tim Wilding
  • Musique : Patrick Gowers
  • 16ème épisode tourné
  • 1ère diffusion : Angleterre : 23 juil. 1986 – ITV Network (17ème épisode diffusé); États Unis : 26 fev. 1987 – WGHB; France : 9 avril 1989 – FR3 (16ème épisode diffusé)
  • Durée : 50 min 30 sec

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  • Distribution :
    Jeremy Brett … Sherlock Holmes
    Edward Hardwicke … Dr. John Watson
    Patricia Hodge … Lady Hilda Trelawney Hope
    Stuart Wilson … Honourable Trelawney Hope
    Harry Andrews … Lord Bellinger, Prime Minister
    Colin Jeavons … Inspector Lestrade
    Sean Scanlan … Constable MacPherson
    Yves Beneyton … Eduardo Lucas
    Yvonne Orengo … Madame Henri Fournaye
    Rosalie Williams … Mrs. Hudson
    Alan Bennion … Bates

SECO2Le Pitch :
Sherlock Holmes reçoit la visite sous le sceau du secret, de Trelawney Hope, secrétaire aux Affaires Européennes, accompagné du Premier Ministre Lord Bellinger.

Il a perdu une lettre d’un souverain étranger qu’il avait apportée chez lui et dont pourtant n’avaient connaissance que les membres du cabinet. Elle contient un important secret d’État qu’Holmes les oblige à lui révéler. C’est une protestation contre le développement colonial de la Grande-Bretagne dont les adversaires du souverain pourraient se servir pour entraîner l’Europe dans la guerre.

Pour Holmes, il est certainement déjà trop tard, mais il veut tout de même aller voir les trois espions internationaux que cette affaire pourrait concerner.

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Cet épisode est probablement l’adaptation la plus fidèle de la série. Le souci de conformité au texte original est allé jusqu’à la recréation de la scène où Watson vient demander à Holmes, retiré dans le Sussex, l’autorisation de publier l’histoire.

Un cottage fut choisi à Rostherne, des ruches installées, et Brett revêtit consciencieusement les gants et le voile de l’apiculteur. Mais manifestement, il n’était pas heureux de devoir se vieillir pour le rôle.

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Heureusement pour lui, la séquence a fini au panier pour des raisons de longueur.

Il est à noter qu’ayant oublié (imbécile que je suis) le DVD de la série chez moi, j’ai été obligée de regarder cet épisode sur You Tube, intégralement en anglais, avec les sous-titres anglais basés sur de l’audio et je ne vous raconterai même pas comme le machin transformait « Holmes » en « Home ».

Heureusement que je ne me sépare jamais de mon petit traité d’holmésologie qui se trouve être mon PC assez bien rangé pour que je retrouve les notes prises un jour dans divers endroits. Plus ma mémoire !

Intro : 10, Downing Street. Le premier Sinistre (Lord Bellinger) sort de ce qui ressemble fort au célèbre numéro 10 mais on sait que c’est pas le vrai.

Bref, Lord Bellinger, suivi de son secrétaire aux Affaires européennes, Trelawney Hope s’engouffrent dans une voiture armoriée qu’ils échangent ensuite pour un cab. Quoi ? On ne veut pas que l’on sache que le Pays a besoin du grand Sherlock Holmes ??

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Baker Street : Voilà une scène qui ne se trouve pas dans le Canon Holmésien mais qui mériterait d’y figurer ! On découvre le 221b dans un joli foutoir et Watson qui ôte prestement à Holmes la tasse de thé qu’il avait en main, tandis que Mrs Hudson s’affaire, telle une abeille, en bougonnant de mettre un minimum d’ordre. Seul Holmes reste immobile au milieu de la tempête.

Sitôt arrivés, le ministre et le secrétaire expliquent à Holmes la terrible situation où ils se trouvent. Une lettre potentiellement explosive, envoyée par un potentat étranger, a été volée la veille au soir dans la valise officielle du secrétaire.

Moi, je lui collerait un C4 (licenciement) à ce secrétaire imbécile qui n’a pas su empêcher qu’on lui vole une lettre dans sa valise.

L’expéditeur de la lettre n’est pas nommé… Non, ce n’est pas un remake du « Scandale en Bohème », ce  n’était pas une photo compromettante ou une lettre d’amûr enflammé.

Si on connaissait la date de cette aventure, on pourrait vérifier si le terrible petit-fils de la reine Victoria, le kaiser Guillaume II…

Vous connaissez Holmes, au vu de ce qu’on vient de lui dire, directement il soupçonne la meuf à Trelawnay Hope et il lui demande si elle connaissait l’existence de la lettre.

Shocking premier Sinistre qui dit que son secrétaire a un sens trop élevé du devoir que pour parler des secrets d’états avec sa douce moitié…

Ok, Holmes interroge donc sur les circonstances du vol et sur le contenu de la lettre.

Trelawney Hope allait répondre quand le vieux crouton de Premier Sinistre lui coupe la parole (une expression de surprise déçue passe sur le visage de Holmes) et commence à lui décrire la lettre physiquement, tourne autour du pot et lui parle de la récompense qu’il pourra choisir, mais ne donne en rien des indications sur son contenu, croyant arriver à mystifier Holmes.

Mauvaise idée ! Holmes lui déclare alors qu’il ne peut se charger de l’affaire et qu’étant, comme ses visiteurs, fort occupé, il ne peut perdre son temps en conversations inutiles.

« Casse-toi, pauvre con » aurait dit un autre homme… Sherlock les a enrobés de miel, bien entendu, IL est bien élevé,lui… Holmes se contente de refuser, en termes courtois et indirects, de se charger de l’affaire.

Il est clair qu’il parodie l’hypocrisie du langage diplomatique, et l’acteur poursuit en ce sens
en affectant une douceur souriante, ainsi qu’une compassion infinie et respectueuse pour les deux hommes d’état surmenés. Mais le fait qu’il se lève et leur tourne le dos donne à ses propos une connotation ironique insolente.

Le ministre, offusqué, fait mine de sortir, puis se ravise et rend les armes. Personne ne résiste à Sherlock…

Cette missive a été écrite par un souverain qui est exaspéré par l’expansion coloniale britannique et son style est si offensant que, si elle était divulguée, elle enflammerait l’opinion publique anglaise. Une guerre coûteuse en argent et en hommes serait inévitable, et aucun des deux pays n’a envie de ça !

Putain, sont vite choqués, ces Anglais ! Aller faire une guerre pour quelques mots ou quelques noms d’oiseaux, c’est fort de café et de mojitos !

On leur dirait bien « Faites l’amour et pas la guerre » mais c’est sans compter sur les multiples ennemis ! Eux gagneraient de cette divulgation de missive et la bisbrouille qui naîtrait car l’Europe se partagerait en deux coalitions…

Et nous savons qu’à cette époque là, la poudrière des Balkans était déjà ZE point noir, donc, la moindre chose pouvait tout faire péter.

Cette aventure, si elle est policière, parle aussi pour la première fois dans la série d’espionnage et présente un tableau politique de l’Europe où la Grande-Bretagne tient un rôle déterminant.

Les répliques de Premier Ministre sont pertinentes et fermes, celles de Holmes courtes, précises et directes. Pour Holmes, la lettre doit déjà être loin et on doit se préparer à la guerre puisque ce bout de papier peut en déclencher une.

Holmes étant asocial et anticonformiste, il s’intéresse assez peu à la toute-puissante Grande-Bretagne.

Seul l’intérêt de l’affaire le motive.

Il a acquis une réputation qui lui permet non seulement de voir le premier ministre recourir à ses services en se déplaçant en personne chez lui, mais aussi de lui imposer ses volontés (son refus catégorique au début) et de refuser de lui indiquer la façon dont il a procédé à la fin.

Une autre scène importante, c’est celle qui suit l’achat de Watson du journal qui parle du meurtre de Westminster…

Holmes lui donne les trois noms des espions qui auraient pu tremper dans cette affaire de vol de lettre : Oberstein, La Rothiere ou Eduardo Lucas, et que le coupable va chercher à vendre la lettre au plus offrant.

Il sait que la situation est grave et même désespérée. Holmes est même prêt à racheter la lettre à n’importe quel prix, même si cela donnera une hausse des impôts (voilà pourquoi les vôtres et les nôtres ont augmenté ces derniers temps… une lettre compromettante sans aucun doute !).

Si dans le canon, l’auteur laissait à Holmes le temps de lire le journal, ici, il n’en est rien !

Allez hop, seconde visite : Lady Hilda Trelawney Hope est annoncée au 221B. Oui, la femme du sous-secrétaire du même nom, celui qui n’a plus retrouvé la lettre là où il l’avait mise (comme celui du « Traité Naval » qui s’était fait aussi voler son papelard !).

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Le but de Lady Hilda est de savoir ce que son mari risque après la perte de cette missive et aussi ce que leur Perfide Albion risque ! Et comme lui aurait répondu De Funès « You risk énormément » ou « I risk encore plus ».

Tandis que Watson se pâme devant sa beauté, Holmes, lui, reste de bois et se méfie de la grognasse comme de la peste, surtout qu’elle s’est mise à contre-jour pour qu’il ait plus de mal à détecter son extrême nervosité.

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Non, non, non, il ne lui dira rien et arrêtera même Watson d’un geste car lui, il allait tout balancer à la belle poitrine bien roulée !

Oh, le sourire sceptique qui s’affiche sur le visage de Holmes quand la Lady lui dit que son unique mobile est le désir de partager les inquiétudes de son mari, et quelle grimace ironique il nous gratifie lorsqu’elle lui répète qu’elle compte sur sa discrétion absolue.

Par ces quelques mimiques, l’acteur en dit des volumes sur la misogynie de son personnage.

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Ce que j’aime dans cette scène, c’est la tirade de Holmes sur les mystères de l’âme féminine…

— Le beau sexe est votre rayon, Watson…

Les propos de Holmes sur les femmes « leurs actions les plus banales peuvent se rapporter à quelque chose de très grave » sont ici de circonstance.

Mais malgré sa misogynie, il se montre indulgent et secourable.

Puis le fait qu’il fasse un demi-tour rapide dans le couloir lorsque Watson, lisant le journal, lui apprend le meurtre d’un des trois espions cités plus haut : Lucas.

On a même arrêté son valet, Holmes là vu !

Non, ça bouge moins, dans cet épisode !

Pour nos compères, commence la longue et pénible attente des faits nouveaux. On suggère l’interminable écoulement du temps par l’accumulation progressive des journaux sur la table, des mégots dans le cendrier, de la fumée dans l’atmosphère, et la vision répétée du balancier de la pendule…

Holmes, dévoré d’impatience, arpente sans relâche le salon et bois du thé présenté par madame Hudson.

Enfin les deux amis apprennent dans le journal (dans le canon, c’était grâce à Lestrade), que Lucas a été assassiné par son épouse créole, une malade mentale folle de jalousie.

Holmes n’attache pas au meurtre d’importance cruciale.

Ce qui l’obsède et le tourmente est le fait qu’aucune conséquence n’a suivi la disparition de la lettre.

Bordel de dieu, on vole une lettre qui pourrait foutre le feu à l’Europe si elle était divulguée et rien de ne se passe ! Pas été mise en circulation ? Oukellè alors ?

Tiens, dans cet épisode, il y a une scène drôle qui ne se trouve pas dans la canon.

Holmes discute avec Watson, lui dit que cette affaire est ardue, mais que s’il la résout, elle sera le couronnement de sa carrière !

À cette tirade (qui elle, est intégralement fidèle au texte de Conan Doyle), le réalisateur lui donne une chute de son cru : tout à l’idée de sa gloire future, Holmes allume sa pipe et jette derrière lui son allumette enflammée…

Et les journaux entassés le dossier de la chaise s’embrasent !

On pourrait penser que l’intrigue est à zéro et que tout est bloqué quand un nouvel élan est donné par la révélation de la deuxième tache dans une scène très efficace.

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Nos deux amis ont rejoint Lestrade sur les lieux du crime (celui de Lucas) et le policier montre ensuite au détective la tache de sang qui a profondément imprégné le tapis et qui, bizarrement, ne correspond pas à celle laissée sur le plancher.

Holmes a déjà compris qu’il suffit de faire tourner le tapis dans le sens contraire des aiguilles d’une montre pour que les deux taches coïncident. On a donc déplacé le tapis. Mais qui, et pourquoi ?

Durant ce moment, Holmes ne bronche pas, hausse-t-il juste un sourcil pour nous indiquer que lui, il a une idée du pourquoi du comment le tapis a été déplacé.

Ici, LA scène d’anthologie c’est celle où Holmes, après avoir vu la deuxième tache, fait sortir Lestrade par ruse pour pouvoir fouiller seul, le lieu du crime.

En un éclair, il se précipite par terre et gratte frénétiquement le parquet tel un Jack Russel devant un terrier et trouve ce qu’il cherchait.

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Juste à temps ! À son retour, Lestrade retrouve un Holmes imperturbable, dans la même position, comme si rien ne c’était passé.

L’inspecteur est bien loin d’imaginer l’agitation qui a régné dans la pièce en son absence et que l’énigme a été résolue.

Holmes va alors jouer au rusé renard pour trouver ce qu’il devait trouver, confondre la personne qui a subtilisé la lettre et le remettre afin qu’elle ne soit pas accusée. Pourtant, la personne n’était pas disposée à la lui remettre, cette foutue lettre !

— Vous pensez, Monsieur, que si ce document n’est pas recouvré, ce sera la guerre ? Alors, préparez-vous pour la guerre.

Le tout par un tour de passe-passe qui éveillera les soupçons du vieux Ministre, mais bon, Holmes a ses secrets diplomatiques lui aussi !

L’adaptation y ajoute le bond joyeux de Holmes et son cri de triomphe. Car Holmes a restauré la sérénité du gouvernement, et sauvegardé le bonheur d’un jeune couple.

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Finalement la clé de l’énigme est moins étonnante que dans d’autres des aventures, puisque à partir d’une affaire politique de portée mondiale, on découvre une simple affaire privée de lettre volée, à priori assez banale.

Il n’y avait pas 36.000 personnes qui pouvaient la voler, cette lettre !

Cet épisode est assez calme, on penserait même qu’il ne va rien se passer. La seule scène d’action étant le meurtre d’Eduardo Lucas…

Pour autant, on est pas dans un épisode de Derrick parce que le scénario est vif, bien construit, fidèle (à peu de choses près) à l’original et l’interprétation des personnages est toujours juste.

Sa réussite s’obtient par des situations drôles, des dialogues saupoudrés d’humour, une série de chassés croisés générant animation et suspens et on y découvre un Holmes plus expressif, plus enclin à montrer ses réactions.

Le dénouement est aussi amusant qu’osé, car Holmes va jusqu’à faire croire qu’il n’y a pas eu de vol.

Dans cette histoire, la réalité n’est pas du tout ce que l’on croit. Et bien sûr, on assiste à la capacité de déduction d’un esprit sagace, qui observe avec minutie et à la vivacité d’un détective toujours aussi vif et ardent.

Pour une après-midi de tranquillité !

Anecdotes : L’ensemble de l’épisode a pu être tourné à Londres, où tous les signes de la modernité ont été effacés, il a « simplement » suffit d’enlever les voitures et de cacher les marquages au sol à l’aide de feuilles mortes. Mais pour raisons de sécurité, l’équipe ne put pas tourner dans le vrai Downing Street.

Étoile 3,5

Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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Sherlock Holmes (BéDétectives) – Tome 5 – La bande mouchetée : André-Paul Duchâteau & Stibane

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Titre : Sherlock Holmes – T5 – La bande mouchetée

Scénariste : André-Paul Duchâteau
Dessinateur : Stibane

Édition :  Bdétectives – Claude Lefrancq n°34 (1995)

Résumé :
La jeune Helen Stoner consulte Sherlock Holmes à propos d’évènements étranges ayant eu lieu dans son château. Sa sœur a trouvé la mort peu avant son mariage dans des circonstances mystérieuses auxquelles leur beau-père, le Dr. Roylott, ne semble pas étranger.

Helen, dont le propre mariage est proche, se voit obligée par son beau-père d’occuper la chambre et le lit dans laquelle sa sœur a trouvé la mort. Holmes et Watson passent une nuit au château pour élucider ce problème. Y réussiront-t-il ?

le-ruban-mouchetc3a9Critique :
Ma joie avait été immense lorsque la collection Bdétectives avait publié l’adaptation en bédé de ma nouvelle canonique préférée.

La joie fut vite douchée car tout l’album n’est pas consacré à cette nouvelle (20 pages) mais l’autre moitié est pour une Untold Stories « L’affaire du fantastique baron Maupertuis ».

Untold quoi ?? Conan Doyle prit un malin plaisir à nous mettre l’eau à la bouche en nous énumérant tout au long du Canon, des aventures inédites vécues par Holmes et Watson dont nous n’avions pas eu récit.

Toutes ces aventures, aux titres souvent mythiques, synonymes de mystère et de brouillard ont lancé de nombreux débats parmi les adeptes de Sherlock Holmes et bien des scénaristes s’y sont engouffrés, avec succès ou pas.

Ce qui m’a fâché, ici, ce sont les raccourcis pris par le scénariste, zappant toutes les choses importantes de cette nouvelle, mettant la cliente, Helen Stoner, fort en retrait et je déplore aussi des erreurs dues sans doute à une mauvaise relecture (ou à pas de relecture du tout ?).

Exemple : Helen raconte à Holmes la nuit où sa sœur est morte et le détective lui demande si elle a bien entendu un bruit métallique et un sifflement. Hors, Helen n’en a pas parlé dans les cases précédentes. Raccourci ? Don de médium ? Holmes savait déjà la solution de cette enquête ??

Quand je vous parlais qu’il manquait des choses importantes, c’est tout le sel des personnages qui est le grand absent de ces pages et qui pourraient éclairer les novices sur la personnalité de Sherlock Holmes, notamment son désintéressement de l’argent, ses scrupules à avoir emmené Watson au devant de danger et les quelques explications qu’il donne à Watson, lui faisant comprendre qu’ils sont arrivés à temps pour sauver leur cliente d’un meurtre subtil et horrible.

Putain de merde, j’avais salivé pour rien entre le moment où je l’avais acheté et le moment où je l’avais lu (quelques heures). Depuis, j’ai même plus envie de le relire. Oui, je suis maso, je sais.

« L’affaire du fantastique baron Maupertuis » est fidèle à la trame de nombreuses histoires de Ric Hochet : on commence fort et cela flirte déjà dangereusement avec le non-sens.

Pour le reste, un baron participe à un duel et il s’avère que l’homme contre lequel il se bat – retrouvé mort ensuite – est un proche de la Couronne britannique.

Ça part dans tout les non-sens possible, avec la présence d’un colonel et d’une carabine à air comprimé.

Au final, il faut réfléchir pour recomposer le puzzle dans son entièreté, tellement les faits sont embrouillés.

Aspirines, please !

étoile 1

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

CHALLENGE - Mois Anglais 2015 Minions

Jack l’Éventreur – Le Secret de Mary Jane K. : Philippe R. Welté

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Titre : Jack l’Éventreur – Le Secret de Mary Jane K.

Auteur : Philippe R. Welté
Édition : Alban éd. (2006)

Résumé :
Entre le 31 août et le 9 novembre, cinq prostituées sont sauvagement massacrées par un meurtrier insaisissable. Devant l’inefficacité de Scotland Yard, la peur et la paranoïa s’empare de la capitale britannique. Tout le monde devient suspect.

Les arrestations se multiplient, mais rien n’y fait. Celui que l’on surnomme Jack l’Éventreur a toujours une longueur d’avance sur la police.

Aux premières heures du 9 novembre, il va commettre un dernier meurtre d’une sauvagerie rarement atteinte avant de disparaître définitivement.

Considérée depuis toujours comme la clé de cette énigme, Mary Jane Kelly, une jeune beauté rousse de vingt-cinq ans, est la cinquième victime officielle de Jack.

Derrière le secret de sa disparition se cache aussi celui du meurtrier le plus mythique de tous les temps.

En dévoilant une piste jusque lors jamais explorée, Philippe R.Welté aboutit à une hypothèse à mille lieues de toutes les précédentes.

Une hypothèse inédite des plus fascinantes qui apporte enfin des réponses possibles aux nombreuses zones d’ombre demeurées inexpliquées à ce jour.

Jack_the_Ripper REDCritique :
Jack The Ripper ou Jack L’Éventreur pour les francophones… 5 victimes canoniques seulement à son actif et pourtant, son nom est le plus connu de tous les serial-killer, bien plus que des Ted Bundy (+100), les Jeffrey Dahmer, les Ed Gein ou que Peter Sutcliffe (13).

On dit de lui qu’il fut le premier serial-killer, mais ceci n’est pas confirmé… On parle de Gilles de Rais (un pote à Jeanne d’Arc), dont on dit qu’il aurait massacré 800 enfants et il y a encore la comtesse sanglante qui, entre 1600 et 1610 tortura à mort 650 jeunes filles dans le seul but de se baigner dans leur sang.

Ok les gars et les meufs, on n’a pas de preuves, ce pourraient être des gros ragots pas beaux ! Mais bon, tout ceci pour dire que le Jack n’était sans doute pas le premier à tuer en série.

Mais lui, contrairement à d’autres tueurs en série, les espacements entre les meurtres eurent tendance à augmenter et il s’arrêta subitement après le massacre au scalpel de Mary Jane Kelly, la nuit du 9 novembre.

Je dois dire que niveau théories loufoques, j’ai lu mon compte, des plus censées ou plus farfelues (le complot maçonnique, le docteur de la reine Victoria, son petit-fils ou le peintre Walter Sickert) aux plus « plausibles ».

Ici, l’auteur, après nous avoir fait un bref topo des faits, nous balance une théorie jamais entendue et qui est assez percutante ! Dois-je la dire ? Oui, il le faut bien…

Mary Jane Kelly ne serait pas morte, mais, complice du tueur, elle aurait mis en scène sa propre mort pour échapper aux soupçons que la police aurait pu avoir sur elle…

Soupçons ? Oui, elle aurait tué, en état de légitime défense, Martha Tabram (victime non canonique), mais ce serait faite voir par Mary Ann Nichols qui l’aurait fait chanter, donc, elle dû aussi la zigouiller, mais n’ayant pas su la tuer, elle aurait fait appel à son grand amour français, médecin, et qui est revenu la rechercher jusque dans les bas-fonds de l’East End.

Donc, on trouve une femme qui a la même corpulence que la MJK mais qui va mourir de cause naturelle, on la fout dans la chambre, on la dépèce pour pas qu’on puisse identifier le cadavre et boum, l’affaire est dans le sac !

Je vous passerai les détails de la suite avec les autres meurtres, je peux les faire via les commentaires, quand j’aurai un peu plus de temps, parce que les vacances, ça prend du temps sur le PC !

Anybref… Ça pourrait sembler farfelu dit ainsi (la théorie de l’auteur, pas que les vacances m’empêche de surfer), mais l’homme étaye tout.

Enfin, il fait de son mieux ! Je ne dis pas qu’il a tort, mais il romance quand même fort l’affaire de ce que Mary Jane et son amant de Paris auraient pu faire.

Par contre, je ne lui donne pas tort puisqu’ils y a des témoignages contradictoires. Des témoins affirment avoir vu ou parlé avec Mary Jane Kelly alors que le légiste situait la mort entre 1h et 2h du matin.

L’auteur joue donc sur les témoignages contradictoires, sur le fait que Elizabeth Stride n’est pas une victime de l’Éventreur car pas même couteau, ni même mode opératoire.

Vu que personne ne sait rien sur rien, on peut supputer jusque demain matin sans faire autre chose que de tenter d’attraper sa propre queue.

Malgré tout, le livre se lit avec plaisir, on apprend d’autres choses et ma foi, pourquoi pas cette théorie ? Cornwell a fait pire ! Et l’auteur ne se prive pas de dire tout le mal qu’il pense de son enquête…

La seule chose dont il aurait pu éviter, c’est le côté « j’ai croisé un fantôme » puisque l’auteur nous raconte qu’en s’engageant dans la rue qui était anciennement Buck’s Row il a ressenti une présence éthérée qui portait un parfum qui l’a grisé.

Là, ça fait un peu trop… Mais bon, hormis ce petit détail inutile, le reste est du bon pour celui ou celle qui est passionnée par les crimes de Whitechapel !

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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Je suis le sang : Ludovic Lamarque & Pierre Portrait

Je suis le sang - Lamarque

Titre : Je suis le sang

Auteurs : Ludovic Lamarque & Pierre Portrait
Édition : Les Moutons Electriques (2016)

Résumé :
Londres, 1888. Au théâtre du Lyceum, la pièce Jekyll et Hyde fascine la bonne société victorienne tandis qu’une série de meurtres est commis dans l’East End.

Des prostituées sont sauvagement assassinées. Bram Stoker, écrivain et régisseur du Lyceum, voit dans ces meurtres atroces la matière pour écrire le grand roman qui lui vaudra la postérité.

En visitant les lieux du crime, il rencontre Mary Kelly, une prostituée irlandaise, et l’assassin que la presse surnomme bientôt : Jack l’Éventreur.

Petit Plus : Deux romanciers, le Bordelais Ludovic Lamarque et le Parisien Pierre Portrait, nous projettent en plein dans les sanglantes années 1880, lorsque l’affaire Jack l’Éventreur terrorisait la capitale britannique et tandis que le mythe de Dracula trouvait sa naissance…

Un thriller victorien méticuleusement documenté mais qui, comme l’aurait dit Alexandre Dumas, « viole l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants ».

Critique :
Que se passe-t-il lorsqu’un assassin s’attaque aux prostituées de Londres en 1888 ?

Beaucoup de choses, me direz-vous… Des victimes directes, des indirectes, un éclairage de la misère, une prise de conscience, des améliorations, des têtes qui tomberont sans qu’une guillotine doive être mise en action…

Mais aussi une résurgence du racisme, de l’antisémitisme, des vieilles peurs de l’autre, de l’étranger, la peur du pauvre.

Un tueur solitaire sème la terreur au cœur du plus grand empire que le monde ait connu et tient la meilleure police du monde en échec ! Quel affront pour la couronne ! Alors, oui, mieux vaut suggérer que le tueur n’est pas de ce monde pour ne pas perdre la face.

Et puis, dans tout ça, il y a la naissance d’un mythe, celui de Dracula de l’écrivain Bram Stoker.

Ce roman se divise en deux parties : la première concerne la découvert des meurtres, en commençant par Martha Tabram jusqu’au double meurtre du 30 septembre (Elizabeth Stride et Catherine Eddowes) en attendant le dernier, celui du 9 novembre (Mary Jane Kelly).

Nous découvrons notre personnage principal qui est Bram Stoker himself, régisseur du Lyceum Théâtre, qui n’a pas encore écrit son chef-d’œuvre gothique mais qui cherche quelque chose à publier, un roman dont on se souviendrait, mais pas sur les meurtres de Whitechapel, car trop vont le faire.

« Quel romancier ne serait pas attiré par cette série de crimes hors du commun? C’est le genre d’affaires qui n’arrive qu’une fois dans la vie d’un auteur. Au lieu de conter une histoire macabre, pour la première fois, je la vis. C’est très excitant. Le journaliste que je suis la relate et l’écrivain en moi la sublime. Écrire est un acte magique, Bram, vous le savez. »

« Les historiens écriront la véritable histoire de l’Éventreur. Pour moi, ce n’est qu’une source d’inspiration, je ne recherche pas la vérité. Mon but est de divertir mes lecteurs en les effrayant. »

Dans cette partie, Bram va s’intéresser aux crimes de 1888 et rencontrer le criminel himself ! Criminel qui aimerait que Bram écrive un livre sur lui.

Non, ici, pas de quête de l’identité du tueur, les auteurs nous en ont inventé un pour les besoins de l’histoire, tout en restant fidèle aux meurtres de 1888 dans ses grandes lignes.

Cette première partie fera la part belle à la montée de l’antisémitisme dans les quartiers de l’East End, au racisme, à la peur de l’autre, la peur de l’étranger, à la misère qui règne dans les ruelles, les maisons, les abattoirs à ciel ouvert, le sang qui coulait sans cesse dans les rigoles, à l’air libre.

Oui, Londres a peur, mais on se demande bien de qui les gens aisés du West End ont peur : du tueur ou de la pauvreté qui gangrène les quartiers de l’East End ?

Si les maladies pullulaient dans l’East End, il n’y en avait qu’une qu’on redoutait dans le West End, c’était le scandale. Dès l’instant où l’on en était frappé, on cessait d’exister. Vivant en apparence mais mort aux yeux des autres. Les premières causes en étaient le désir et l’ennui. A Londres, ils étaient les deux pires ennemis d’un gentleman.

Peur de l’étranger ou de découvrir que le criminel est un bon anglais, en dépit des affirmations qu’ils balancent, disant que ce ne peut pas être un anglais, parce qu’un anglais ne ferait pas ça ?

D’ailleurs, ces crimes ont eu lieu dans la mauvaise partie, l’East End, touchant les Sœurs de l’Abîme (les putes), alors le West End reste en observation de ces quartiers où pullule la misère, la mort et les crimes.

Et puis, de toute façon, les anglais ont la meilleure police du monde, alors, pourquoi s’en faire, on va l’arrêter en vitesse, ce meurtrier ! Tu parles Charles (Warren) !

Bram, lui, il arpente les rues, tentant de trouver une solution pour arrêter l’homme au couteau, se déguisant, croisant la route de prostituées, dont la belle rousse Mary Jane Kelly.

Cette première partie est déjà riche en émotions et en atmosphères de Londres à l’époque victorienne. Et Arletty peut dire ce qu’elle veut, ici, c’est bien « Atmosphère ! Atmosphère ! » et son rendu est magnifique tant on s’y croirait.

La seconde partie est consacrée à la recherche de Bram Stoker pour son futur livre, le tout en partant du tueur de Whitechapel dont il connait l’identité mais dont la révéler ne servirait à rien, faute de preuves.

Ici, c’est le processus d’écriture qui est mis en avant. Bram a son sujet d’inspiration, Mary Kelly qui lui a raconté sa vie, mais lui n’arrête pas de penser qu’il doit placer son récit dans les beaux quartiers s’il veut que les lectrices s’identifient à son personnage féminin.

Dans cette seconde partie, j’ai découvert un homme qui aimait mieux passer du temps avec des personnages de papier qu’avec les vivants et les auteurs ont bien rendu cette « folie » qui prend l’auteur et ne lui fait plus penser qu’à sa future œuvre, au point de se négliger lui, mais aussi les autres, dont Mary Kelly, qui la trouve saumâtre.

Comme je le disais, l’atmosphère de 1888 est bien décrite, bien rendue, les personnages sont attachants, même si j’ai eu un peu de mal avec la Mary Jane Kelly de ce roman, sortant juste d’un autre où elle avait un rôle moins glamour (Le secret de Mary Jane K). Mon esprit avait encore l’autre Mary dans la tête et j’ai dû la sortir de là pour me concentrer sur celle-ci.

La plume des auteurs m’a plongée d’office dans l’époque victorienne, j’ai suivi avec plaisir Bram Stoker dans ses deux quêtes (le tueur, le roman), j’y ai croisé mon vieux copain, Oscar Wilde ainsi que le tyrannique Henry Irving, j’ai tremblé en m’attachant à Mary Kelly car je savais que le 9 novembre…

Oscar Wilde avala la dernière lampée de son verre. « Si le bruit se répand que je suis capable de profondeur et de réflexion, je ne pourrai plus jamais écrire pour les journaux ! »

Et j’ai assisté avec un sourire de plaisir à la création de cette œuvre magistrale dans la littérature gothique : celle de Dracula, un VRAI vampire à l’âme plus noire que celle de tout les autres, mais un personnage qui m’avait fascinée.

Le sang était la clé. Le sang, comme le livre, reliait les Vivants aux Morts. Tout se transmettait par le sang : force, noblesse, fortune, talent, folie. Le sang faisait le lien entre réel et imaginaire, nature et surnaturel. Le sang était le grand fleuve dans lequel baignaient tous les hommes.

Un roman victorien qui viole l’Histoire, mais qui nous fait assister à la naissance de deux monstres : l’un bien réel (Jack) et l’autre de papier (Dracula) et au lien qui les unit puisque Bram est parti de sa connaissance du tueur.

Un pari osé, un pari risqué, un pari qui aurait pu capoter, mais un pari relevé ! Pour écrire une histoire pareille, il fallait de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Ils en ont eu et ils ont réussi.

Un roman angoissant, un roman à l’atmosphère lourde, tendue, un roman réaliste, un Londres parfaitement maitrisé, un travail de documentation colossal pour nous en rendre la quintessence et nous créer une atmosphère où il ne manquait plus que la puanteur des quartiers de l’East End.

Il ne s’agit ni des riches ni des pauvres, mais de tous les hommes. Nous aimons la nuit et ses sortilèges. L’histoire de Jack l’Éventreur nous fascine car nous avons hérité du goût de nos ancêtres pour le sang. Nous le glorifions dans nos contes et légendes, et nous le moralisons dans nos fables. Mais il est là, il rode, jamais bien loin de nos consciences, et il suffit de pas grand-chose pour l’exalter à nouveau et qu’il reprenne possession de nous. C’est pourquoi nous faisons tourner les tables et écrivons nos histoires gothiques. Forts de notre progrès, de notre science et de notre positivisme, nous nous sentons coupables de ressentir toujours cette attirance. Avec la mort, ce goût du sang est l’unique lien que riches et pauvres partagent.

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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Sherlock Holmes – Tome 1 : Leah Moore & John Reppion

Titre : Sherlock Holmes – Tome 1

Scénariste : Leah Moore
Dessinateur : John Reppion

Édition : Panini France (2011)

Résumé :
Chaque fois que l’acteur Robert Downey Jr incarne un personnage, il en fait une star ! Après Iron Man, il a ainsi relancé l’intérêt du public pour le personnage de Sherlock Holmes.

Du coup, l’excentrique détective fait une nouvelle percée dans le monde des comics-books.

Leah Moore (fille d’Alan) et John Reppion (qui nous ont proposé récemment leur vision de Dracula dans la même collection) s’intéressent à sa relation ambiguë avec son ennemi juré Moriarty.

Sherlock comics PlancheA_144658Critique :
Si le canon holmésien est « petit » (4 romans, 56 nouvelles), sa déclinaison en œuvres apocryphes est légion.

Bien entendu, les films de Ritchie et la série de Moffat-Gatiss a réveillé les scénaristes qui se sont empressés de nous produire du Holmes à toutes les sauces, tous les genres.

Pour parler de leur qualité, il me faudrait l’aide de De Funès… Mais si, souvenez-vous, dans « La grande vadrouille », quand Stanislas Lefort, chef d’orchestre à l’Opéra de Paris, a terminé la répétition et qu’il les remercie en disant « Messieurs, c’était très bien… Vous là-bas c’était bien… »

Et bien, ici, c’était…. *grimace d’insatisfaction* Non, vous c’était moyen !

Toute la complexité est de concevoir et de rédiger une intrigue fidèle à l’œuvre originelle… Du moins à ses personnages.

Niveau scénario, il y avait du bon… Londres, 1895. Une explosion de grande ampleur détruit totalement le grand entrepôt à la croisée de Challenger Lane et Doyle’s street.

Simultanément, la presse londonienne annonce la visite imminente du baron allemand Albrecht Lothair, et le rédacteur en chef du journal The Comet reçoit un courrier anonyme.

Ce dernier menace des pires représailles la nation britannique, si cette dernière accueille le fameux baron, au cœur des dissensions continentales relatives au statut de l’Alsace-Lorraine.

Sir Samuel Henry, ancien commissaire-adjoint retiré tôt de la police pour raisons de santé, tuberculeux et alité, écrit à Holmes.

Dans ce courrier, il avertit le célèbre détective qu’il a reçu une lettre anonyme par laquelle il apprend que, malgré son état de mourant, il sera assassiné dans sa chambre le lendemain soir à 19h00 ; son absence au fatidique rendez-vous impliquerait alors la mise à feu de nombreux explosifs disséminés dans Londres.

Holmes se voit convié, par le malade lui-même, à le rejoindre dans sa chambre quelques minutes avant l’échéance… avant d’y être retrouvé – suite à une détonation – un pistolet encore fumant en main devant le corps alité et ensanglanté de la victime, par des policiers et un docteur Watson stupéfaits !

Un meurtre en chambre close, un fameux « whodunit » anglais, Sherlock Holmes accusé de meurtre, une enquête, un meurtre à résoudre, des complots et des mystères. What’else ?

Des indices distillés au fil des pages, à vous de les relever – ou pas – afin d’ajouter un petit plus à votre lecture avant que tout ne soit résolu sur un plateau d’argent à la fin.

Génial, non ? Oui, mais le bât blesse quelque part !

Autant le « Sherlock vs Zombies » était bien fichu comme scénario et niveau dessins, autant ici on n’atteint pas un bon niveau dans les dessins.

Les arrières-plans sont monochromes et les personnages, comment dire… On dirait que parfois ils sont atteint de la petite vérole tant ils ont des petits trous noirs sur le visage. On ne pouvait pas agencer les ombres autrement ? C’est moche !

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Le visage de Watson est bouffi, les dessins sont inégaux, l’encrage est un espèce de flou gênant qui finit par faire réellement mal aux yeux, la tête de Lestrade aurait sans doute mieux convenu à Watson et la tête de bouledogue de Watson, avec un peu de travail, aurait pu aller sur celle de Lestrade.

Et Lestrade qui se permet d’appeler le Dr Watson « John »…

Holmes, lui, il est accusé de meurtre, arrêté, il s’évade et est repris bêtement, accusé levez-vous et hop, innocenté au tribunal, qui en aurait douté ?

Si le scénario avait l’air pas mal dans le postulat de départ, à l’autopsie, il se révèle être assez confus.

Les personnages vont et viennent et leurs actions ne sont pas toujours claires car elles sont parasitées par des scènes de remplissage destinées à créer une atmosphère de tension populaire ou à montrer que Holmes sait se battre, entre autre.

De plus, chaque fois qu’on tourne la page, l’histoire nous est contée avec un autre point de vue narratif, on doit faire face à un changements de lieu, de personnages, le tout sans texte de liaison et cela donne un aspect brouillon à la narration, une incompréhension – ggnnn on est où là ?? – et un sentiment qu’une migraine ne va pas tarder à se pointer !

Les dessins m’avaient fait grimacer, les couleurs aussi, les traits, n’en parlons pas… alors, si on y ajoute une narration alambiquée, moi, je démissionne !

Je pourrais résumer en disant « Tout ça pour ça ?? ». Vu le scénario de départ, je m’attendais à mieux… beaucoup mieux !

Je l’avais achetée en 2011, à sa sortie, lue à ce moment-là mais jamais chroniquée. Ma relecture n’a pas sauvé cet album, mon avis est peut-être même encore pire car je n’ai pris aucun plaisir dans ma relecture et j’ai même perdu ma concentration à certains moments.

Point positif, tout de même : Londres donne vraiment l’impression qu’elle est très sale et poisseuse, y compris dans le West End…. Mais ça ne sauvera pas le bazar !

Étoile 2

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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Derniers Jours : Adam Nevill [LC avec Stelphique]

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Titre : Derniers jours

Auteur : Adam Nevill
Édition : Bragelonne (2014)

Résumé :
Kyle Freeman est chargé de réaliser un documentaire sur le Temple des Derniers Jours, une secte basée dans le désert d’Arizona en 1975, aujourd’hui disparue.

Depuis, les rumeurs vont bon train sur les pratiques déviantes et les expériences paranormales du groupe.

Et bientôt une série de phénomènes inexpliqués s’abat sur la production.

Expériences surnaturelles et visites nocturnes troublantes, disparitions soudaines et découvertes d’horribles artefacts, le tournage vire au cauchemar absolu…

last daysCritique : 
Mon homme a beau me dire que je me fais un film, mais moi, j’ai bien remarqué cette étrange odeur de viande avariée dans la maison…

Et le fait qu’elle provienne – sois-disant – d’une barquette qui a séjourné trop longtemps dans la poubelle ne m’a pas convaincu.

ILS sont ici… J’ai bien vu une coulante pas nette au mur, dehors, et mon mari ne me fera pas croire que c’est un truc qui est là depuis des années et que ça vient du volet, moi je sais, je sens qu’ILS sont parmi nous, chez moi !

Durant ma lecture, j’ai surveillé les murs et les plafonds comme le lait sur le feu, l’angoisse aux tripes, sursautant à chaque odeur nauséabonde et non, il ne me fera pas croire que ce que j’ai senti était la conséquence des gaz qui sortaient après la digestion.

Non, cette odeur, ce sont EUX !! Ce bruit de griffes sur le carrelage, alors que je n’ai plus de chien, ce sont encore EUX qui me cherchent et veulent me sucer le sang et me bouffer toute crue !

Non, non, non, ce n’est pas l’évier qui refoule, ce sont EUX qui tentent d’entrer par là ! Je le sais, je les sens, j’ai limite fait dans mon froc, comme Kyle Freeman et Dan, les deux cinéastes engagés par Max pour tourner un documentaire sur la secte du Temple des Derniers Jours.

Je savais que les sectes étaient dangereuses, tiens, déjà rien que d’entendre un Témoin de Jévého (nom changé afin de garantir leur anonymat) me causer que je cavale déjà en criant que j’ai oublié les patates sur le feu.

Les sectes, pas besoin d’être aux mains de fanatiques ou de malades mentaux pour que ça tourne au carnage ou à l’embrigadement et à la perte de la liberté.

— Tu sais, Sharon Tate était enceinte de huit mois quand elle a été poignardée à seize reprises par une fille de vingt et un ans. Susan Atkins. Elle appartenait à la « Famille » de Charles Manson.

— En 1978, le pasteur Jim Jones à fait abattre ou empoisonner neuf cents de ses fidèles pendant sa Nuit blanche en Guyana.

Vous me direz que les religions officielles, aux mains de fanatiques, de dingues ou de politiciens ambitieux, ça fait du dégât aussi, mais ma religion ne me demande rien : ni argent, ni biens, que dalle… Et si je déconne trop, je verrai si on me présente une facture à ma mort, ou pas.

De plus, libre à moi de refuser les hommes en soutane et de m’adresser directement au Big Boss…

Bien que, parfois, nul besoin de s’embrigader dans une secte pour porter des tyrans aux nues et les suivre comme un seul homme ou les vénérer, encore à notre époque. L’Homme aime le côté obscur de la Force.

Staline exerçait sa tyrannie sadique sur son pays depuis déjà douze ans. Au 1er juillet 1941, son collectivisme avait entraîné la mort de neuf millions de paysans. Dix millions d’hommes et de femmes, envoyés en prison et en camp de travail pour des motifs politiques, sont morts eux aussi. Quand Staline a rendu son dernier soupir en 1953, son bilan estimé s’établissait à environ vingt millions de victimes.

— J’essaie simplement de vous démontrer que la nature humaine possède sa part de ténèbres, que nous ne pouvons pas nous empêcher de vénérer, de servir. C’est notre plus grande tragédie, un phénomène universel, intemporel, comme le sont toutes les tragédies. Et nous ne tirons aucune leçon des erreurs de nos ancêtres. Staline, Hitler, Mao et Pol Pot sont le macrocosme. Ajoutez Napoléon, peut-être César ou même Alexandre à la liste ? Nous admirons ces figures historiques pour leurs conquêtes, leur énergie, leur ambition et les progrès qu’on leur a attribués. Mais l’humanité ne se serait-elle pas mieux portée, en tant qu’espèce, sans eux ?

Anybref… Oui, j’ai eu peur et j’ai adoré me faire peur avec ce roman qui m’a emmené à Londres, en Normandie et dans le le désert de Sonora en Arizona. Trois pays et des tournages qui m’ont fait flipper.

Des personnages attachants qu’on aurait envie de boxer, parfois, pour qu’ils se taillent de là, des révélations horribles et une plume qui arrive à vous faire regarder votre mur de travers à la moindre tache suspecte.

Juste quelques longueurs à un moment donné et 50 pages de moins auraient donné plus de tempo au milieu du récit.

Mais je m’en fiche, rien que pour le final, on rattrape la petite baisse de régime du milieu.

Putain, quel final ! Un truc de malade !

Bon, je vous laisse, je vais vérifier encore une fois mes murs, mes plafonds, les coulantes étranges et tout ce qui fait que la vérité est ailleurs !

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Le « Challenge US » chez Noctembule, Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (British Fantasy award en 2013), Challenge British Mysteries chez My Lou Book et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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Pourquoi je l’ai choisi (par Stelphique) :
C’est l’idée de ma binômette chérie qui devait lire un auteur anglais  pour son challenge, et comme ce livre traine depuis trop longtemps dans ma PAL numérique, le choix est apparu évident….On adore tellement se faire peur à deux….

Synopsis :
Quand Kyle Freeman, réalisateur indépendant, est chargé de réaliser un documentaire sur une secte oubliée, il y voit un moyen de rembourser ses dettes. Le Temple des Derniers Jours, basé dans le désert d’Arizona et dirigé par un gourou à la réputation sulfureuse, a connu une fin sanglante.

Pourtant, les rumeurs vont encore bon train sur les pratiques déviantes et les expériences paranormales du groupe. Bientôt, une série de phénomènes inexpliqués s’abat sur la production. Visites nocturnes troublantes, disparitions soudaines et découvertes d’atroces artefacts, le tournage vire au cauchemar…

Les personnages :
Kyle, il va en voir ce personnage!!! Et plutôt que réalisateur, il va se retrouver acteur d’un film qu’il n’avait pas prévu!!!!Très convaincant, dans son rôle….

Max, je l’aurai un peu baffé, moi à la place de Kyle…..

Ce que j’ai ressenti : … Une peur bleue efficace !!!!

« Celui qui se contente d’être horrifié n’apprend rien. »

Il y a des films qui ont marqué le genre Horreur: « Rec », « le projet Blairwicht », « Paranormal activity »… L’auteur prend son inspiration dans ce phénomène de caméra au poignet, et nous livre un roman qui nous fait gentiment cauchemarder !!!!

Je pense donc plus m’attarder dorénavant sur cette classification, car j’ai adoré avoir la trouille en lecture partagée!

Nuit Blanche
« Ne mangez pas les cerveaux. Ils vous rendront encore plus fous. »

Le point fort de ce livre, c’est ce mélange entre paranormal et folie humaine ! L’auteur a su concilier les deux avec brio, rendant encore plus saisissante, les dérives humaines…

Elle était aussi damnée qu’un fantôme s’apprêtant à quitter définitivement ce monde. Un spectre qui ne règne plus que sur les quelques pièces vides d’une existence dépeuplée. Une ombre qui observe, plus tout à fait ici, pas encore ailleurs, qui écoute le son de toutes les voix joviales et claires, mais n’offre jamais la sienne.

On suit ce réalisateur non conventionnel et son cameraman,  sur les traces d’une secte disparue, et on n’imagine pas l’ampleur fantastique qui va se mêler à ce projet fou de reconstitution d’un massacre. J’ai adoré cette ambiance lourde, suintante, malodorante… L’horreur tapie dans le noir, les « vieux amis » qui s’invitent. Tellement je m’investis, dans mes lectures, j’en ai fait des cauchemars…

C’est juste pour vous dire que l’auteur arrive vraiment à jouer avec nos peurs, et que bien sur, la peur ne vient pas quand la lumière est allumée.. Mais bien quand la nuit tombe…(Petit aparté : Belette, t’es encore là ????!!! je crève de trouille moi !!!! Viens me tenir la main, s’il te plaiiiiiiiiiiiiiiit….). (Réponse de la Belette : je suis cachée sous le lit !!)

« On avait l’impression que la mort se tenait à nos cotés dans le noir. »

Du fait, de cette « urgence » de film, on est happé dans un engrenage d’actions qui fait que l’ennui n’est pas de ses pages. On en voit de toutes les couleurs et surtout de toutes une palette d’odeurs toutes plus répugnantes les unes que les autres.

Mais nous le savons bien le Mal prend toutes formes, et finalement qu’est-ce qu’une odeur face au Mal absolu ???

L’auteur nous sensibilise aux dangers des sectes, à leur fonctionnement, à leur gourou, au lent précipice vers lequel se jette des centaines de personnes presque inconsciemment…

« Mais laissez moi vous dire une chose à propos du boulot de flics. Jour après jour, la police est confrontée à la lie de l’humanité. C’est notre job. « 

Finalement, je ne sais pas ce qui est le plus effrayant de ses deux thèmes…Mais le cocktail des deux se déguste avec délectation !

Et comme pour ne rien gâcher, j’ai apprécié que l’auteur tienne son histoire jusqu’au bout, l’argumente, la mène jusqu’au final. Il ne s’en tire pas avec une pirouette, il nous emporte jusqu’aux Derniers Jours, heu, mots, pardon, dans son univers dérangé !!!

Un bon kiff de lecture!

Ma note Plaisir de Lecture fee clochette9/10

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Sherlock Holmes (BéDétectives) – Tome 4 – Jack l’Éventreur : André-Paul Duchâteau & Stibane

Titre : Sherlock Holmes – T4 – Jack l’Éventreur

Scénariste : André-Paul Duchâteau
Dessinateur : Stibane

Édition :  Bdétectives – Claude Lefrancq n°29 (1994)

Résumé :
Il s’agit d’une aventure inédite du célèbre détective anglais, jamais relatée par son fidèle historiographe, le docteur Watson, qui l’a simplement citée dans une des nouvelles consacrées à son ami.

Le pourquoi de cette omission ? Le lecteur en comprendra immédiatement le motif en découvrant que le criminel traqué par Holmes, dans cette aventure mouvementée, n’est autre que le plus fameux et le plus effrayant des criminels britanniques : Jack the ripper autrement dit Jack l’éventreur.

Pour de multiples raisons, le docteur Watson ne pouvait à cette époque éventer le secret du sanglant assassin.

SH - Versus JackCritique :
Ceci est une adaptation des crimes sordides qui eurent lieu à Whitechapel en 1888 par un dénommé Jack The Ripper.

Mais attention, c’est à la grosse louche qu’on y est allé !

Si vous voulez entendre hurler un Ripperologue ou un Holmésien, offrez-lui cette bédé. Mais ne comptez plus sur lui pour vous payer ne fut-ce qu’un café !

D’un point de vue des dessins, dans cette enquête, c’est une catastrophe, pour ne pas dire une horreur sans nom !

Holmes ressemble de plus en plus à un gros déménageur haltérophile bourré aux stéroïdes ! Une sorte de Schwarzy quand celui-ci n’avait pas encore atteint sa taille de Mister Univers.

Holmes est mince et les épaules de débardeur ne sont pas pour lui. Déjà que sur certains plans, on lui a dessiné une grosse figure…

Déjà que le dessin est pourave, mais le scénario l’est aussi ! Si au moins l’un des deux était là pour récupérer l’autre, mais non, de la mer** à tous les niveaux !

J’attire aussi votre attention sur le fait qu’il y a peu de similitudes historiques avec les faits et gestes du tueur de Whittechappel dans cette adaptation très libre…

Le scénariste, puisqu’il introduit un élément fictif en la personne de Holmes, nous écrit une toute autre histoire tant au niveau du nombre des victimes, de leur patronyme, du contexte des meurtres, des lieux, des dates, tout ça ne correspond pas. Rien n’est fidèle à la réalité historique, tout ceci est pure fiction.

Niveau horreur dans les lacérations, éventrations ou débitage de cadavre, on est loin de la violence de Jack… Pas de sein ou d’utérus prélevé ou disposé à côté de  l’épaule, les âmes sensibles peuvent le lire, sauf si elles sont attachées à un Holmes mince et vêtu d’autre chose que ce maudit macfarlane et son putain de deerstalker.

Sir Charles Warren (chef véritable du Yard avant sa démission), se voit renommer « Sir Henry Irving » et en plus, il porte l’uniforme de bobby… Un chef de la police déguisé en bobby alors que ce n’est pas carnaval ?

De plus, ce n’est pas le premier album où Watson ose appeler Holmes  « Sherlock ». No comment !

L’auteur nous balance aussi des tas de références holmésiennes en vrac (il y en a un peu plus ma p’tite dame, je vous l’laisse ?) : Moriarty (encore lui ?), Ricoletti au pied bot, le colonel Moran (on le voit dans tous les albums, en exagérant un peu), un grand chien noir style le chien de l’enfer dans Baskerville, mais horriblement mal dessiné, tout tremblotant, comme atteint de la parkinson, entouré d’une sorte de halo – dont on se demande bien ce qu’ils foutent là…

Dans le but de cautionner cet aventure comme une « Untold Story », sans doute, montrer qu’on a potassé le canon… Manquait plus que la belle Irene et on faisait une partouze avec tous les personnages…

Leurs utilisations est, selon moi, usurpée et maladroite. Marre de ne voir que James Moriarty en grand méchant dans toutes les aventures de Holmes. Inventez-en un autre, que diable !

Watson nous la joue « je suis peut-être le coupable… En fait, c’était « je suis un gros cachottier qui voulait faire avaler des couleuvres style boa constrictor à Holmes » et ça ne ressemble à rien. L’auteur a raté son coup. On y croit même pas.

Et dieu du ciel habillez Holmes correctement ! Enlevez-lui ce stupide manteau à carreaux dont Holmes est affublé dans tous ses albums, ôtez-moi cette casquette ridicule où pendouille un petit nœud. Fin du coup de gueule…

Je ne vous parle même pas de la fin, bâclée en quelques coups de cuillères à pot. Duchâteau, une fois de plus, s’est rendu compte que toutes les pages étaient gribouillées et que nous n’avions toujours pas les explications en entier et qu’il lui fallait finir au plus vite.

Comme les scénaristes qui écrivent leur final sur la moitié d’un ticket de métro usagé. Ic, en quelques phylactères c’est expédié et, comme avec certains Ric Hochet dont il est aussi le scénariste, on a l’impression de ne pas avoir eu toutes les explications car certains sont oubliés dans les dernières lignes.

On nage dans le grand n’importe quoi. Non, on coule… Le coupable des meurtres ? Je ne vous dirai rien, mais je vous jure que c’est encore pire que le complot royaliste, celui des fracs-maçonnique, ou des martiens…

Bon, je vous laisse, je vais vomir, je pense… Pas moyen de les relire sans avoir envie de passer la série à la broyeuse.

Étoile 1

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Par, Challenge British Mysteries chez My Lou Bookk et Le Mois anglais 2016 (Saison 5) chez My Lou Book et Cryssilda.

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