Bilan Livresque Mensuel : Mai 2016

BILAN - Scrat peut mieux faire 2

Quoi de neuf, docteur, en Mai ? J’ai fait ce qu’il me plait… Pas français, mais c’est pour la rime.

Oui, en Mai, j’ai beaucoup cavalé, au sens propre du terme et de ce fait, j’ai moins lu…

Résultat des courses ? Pas terrible ! 8 livres lus et un entamé (Oscar Wilde et les crimes du Vatican).

Le mois a commencé avec une grosse déception pour Ce qui n’est pas écrit de Rafael Reig (ICI). C’est poisseux et indigeste, ce roman qui n’a rien à voir avec la publicité qu’on lui faisait. Sauf si l’encart concernait un autre livre… Mon Mois Espagnol commençait bien !

Heureusement qu’après il y a eu la LC du mois qui fut excellente avec le terrible Black-Out – Demain il sera trop tard de Marc Elsberg [LC avec Stelphique] (ICI) qui m’a fait trembler tant il est réaliste.

Au menu des découvertes, il a eu le très bon Tatouage de Manuel Vázquez Montalbán (ICI) où j’ai fait la connaissance de son détective amateur de bonne chaire, Pepe Carvalho.

Pour continuer sur la lancée, on est monté beaucoup plus haut dans les émotions avec le magnifique Landfall de Ellen Urbani (ICI) qui est un coup de cœur monumental ! Un grand roman rempli d’émotions qui restera dans ma mémoire et intégrera mes Coups de Cœur de l’année et de ma vie.

Voilà déjà longtemps qu’il patientait dans ma PAL et que plusieurs membres de Babelio me l’avaient recommandé chaudement. Le dernier baiser de James Crumley (ICI) est un roman où rien n’est simple, où rien n’est comme vous le pensez, quant au final, il est magistral. Et son détective, Chauncey Wayne Sughrue, est hors-norme.

Direction le Costa Rica avec Été rouge de Daniel Quiròs (ICI). Un roman qui a le cul entre deux chaises : policier et roman noir, empruntant aux deux. Ni trop long, ni trop court, avec des personnages bien sympathiques, ni tout blanc, ni tout noir et qui nous fait découvrir un pays que nous ne connaissons que peu ou pas du tout.

J’aime voyager alors j’ai pris un billet pour la Grèce des années 10 et je me suis baladée dans le quartier de Psychiko, là où eu lieu un meurtre. Paul Nirvanas (ICI) aurait pu l’écrire de nos jours tant son roman parle d’un problème que nous connaissons tous : les gens prêt à tout pour obtenir leur quart d’heure de célébrité. Caustique, jubilatoire, satirique, ironique.

Autre moment de grâce durant ma lecture avec le dernier-né de Hervé Commère, Ce qu’il nous faut, c’est un mort (ICI). L’auteur nous conte ici une formidable histoire, une histoire qui a débuté après la Première Guerre Mondiale, une histoire de société sur un siècle, une histoire qu prends aux tripes, une histoire qui nous emporte, une histoire qui nous marque, une histoire qu’on dévore tout en la savourant.

Je dois absolument me rattraper en Juin pour le Mois Anglais !

Bilan Livresque Mai : 8 romans

  1. Ce qui n’est pas écrit : Rafael Reig Müde, Still,...
  2. Black-Out – Demain il sera trop tard : Marc Elsberg [LC avec Stelphique]
  3. Tatouage : Manuel Vázquez Montalbán
  4. Landfall : Ellen Urbani
  5. Le dernier baiser : James Crumley
  6. Été rouge : Daniel Quiròs
  7. Psychiko : Paul Nirvanas
  8. Ce qu’il nous faut, c’est un mort : Hervé Commère

4 films chroniqués :

  1. Les Rebelles de la forêt : Kumble [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 16/52]
  2. Zootopie : Howard et Moore [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 17/52]
  3. Batman vs. Superman – Dawn of Justice [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 18/52]
  4. The Revenant : Iñárritu [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 19/52]

The Revenant : Alejandro González Iñárritu [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 19/52]

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The Revenant est un film d’aventure américain réalisé, coécrit et coproduit par Alejandro González Iñárritu (réalisateur et producteur mexicain), sorti en 2015.

Le film est partiellement adapté du roman Le Revenant de Michael Punke et est fondé sur une histoire vraie, celle de l’exploit accompli en 1823 par le trappeur Hugh Glass.

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1. Résumé :
Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Ses équipiers, qui étaient chargés d’attendre sa mort pour l’enterrer l’ont abandonné et laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir.

Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi.

Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

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2. Fiche technique :

  • Titre original : The Revenant
  • Réalisation : Alejandro González Iñárritu
  • Scénario : Alejandro González Iñárritu et Mark L. Smith, d’après Le Revenant de Michael Punke
  • Musique : Ryuichi Sakamoto, Alva Noto et Bryce Dessner

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3. Distribution :

  • Leonardo DiCaprio : Hugh Glass
  • Tom Hardy : John Fitzgerald
  • Domhnall Gleeson : Andrew Henry
  • Will Poulter : Jim Bridger
  • Lukas Haas : Jones
  • Forrest Goodluck : Hawk

The-Revenant-2015-poster1Ce que j’en ai pensé :
Personne ne résiste à l’appel de Leo !

Certes, il faut dire aussi que s’il avait eu cette gueule de barbu, on ne l’aurait pas laissé monter à bord du Titanic, Rose n’aurait jamais été amoureuse de lui et la Juliette Capulet encore moins !

Soyons sérieux aussi, Leonardo n’aurait pas été convaincant dans ce rôle avec une tête de jeune premier pour les pub Polo de Ralph Lauren non plus !

Ce qui frappe en premier, lorsqu’on regarde le film, ce sont les paysages à couper le souffle.

Là, on va nous offrir, durant toute la durée du film, une représentation grandiose de la nature que ce soit dans les paysages, dans les animaux qui y vivent, dans les forêts aux arbres magnifiques, dans les rivières qui semblent être glacées ou lorsque l’on verra de la neige à perte de vue.

Quant aux tenues des trappeurs, si on était en odorama, elles nous fouetteraient les narines pire que 50 grands chiens mouillés qui resèchent ! On sent bien que leur dernier bain date d’y a longtemps, trèèèès longtemps.

Nous sommes dans l’Amérique profonde, dans son trou du cul. Des trappeurs chassent des bebêtes à poils afin de leur voler leur fourrure pour les revendre. Il y en a pour un paquet de fric.

À peine le film commencé qu’ils se font attaqué par des indiens, des Arikaras qui massacrent sans pitié et pillent le camp, faisant 33 morts.

Si quelques uns avaient le secret espoir de regarder un film bucolique, cette plongée vertigineuse dans le brutal risque de leur indiquer qu’ils se sont foutus le doigt dans le cul et profond !

Ce raid violent et sans concession des indiens sur le campement de nos trappeurs est tout bonnement une scène impressionnante (après il y a aura celle de l’ours) car derrière cette violence et ces morts, sa réalisation est au poil. Normal, on est chez des trappeurs !

Merde, on à l’impression d’y être et d’assister, impuissant, à l’attaque. L’immersion dans le film est glaçante avec cette scène. Me demandez pas de vous parler de la justesse ou non des plans-séquences, je suis pas une pro du ciné, mais je vous dirai que c’était foutrement bien filmé !

Une poignée d’hommes en réchappent, dont le trappeur Hugh Glass, son fils Hawk, le capitaine et négociant en fourrures Andrew Henry (Lévine dans Anna Karénine), John Fitzgerald (les frères Kray de Legend) et quelques autres.

Ayant lu le résumé, je pensais que c’était là que Di Carpaccio se faisait lâchement abandonner, mais non, il s’enfuit avec les autres en bateau, les hommes cachent les fourrures, détruisent le bateau et poursuivent leur route, à pied, vers le fort…

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Dès ce moment là, on sent déjà bien que le frère Kray, pardon, le trappeur John Fitzgerald, en a après Glass et son gamin métis. Surtout son gamin métis ! Trappeur blanc, cœur noir. Le racisme ne date pas de nos jours, vous le savez.

L’autre scène qui est horrible et vachement réaliste, c’est quand Hugh Glass, le Di Carpaccio barbu, se fait charger et mettre en pièce par une ourse en colère. Là aussi le réalisme vous fait crisper les doigts de pieds.

Ouf, elle le laisse tranquille… Argh non, elle revient et elle recommence à le prendre pour une baballe qu’on peut déchiqueter à loisirs avant de le laisser, quasi mort, sur le sol de cette belle forêt.

Et ce n’est pas encore là qu’ils vont abandonner le Carpaccio (qui ressemble vachement à ce moment là à de la viande rouge). Entre nous, j’avais imaginé tout autre chose dans l’abandon mais ce fut encore pire avec ce que Fitzgerald va faire à…

Les acteurs sont tous bien dans leurs rôles et DiCaprio encore plus tant il fait des grimaces, va chercher l’énergie au fond de lui-même, comme s’il était véritablement laissé tout seul au milieu de la nature hostile et froide !

Putain, le mec, pour retourner au fort par ses propres moyens va devoir ramper longtemps, se laisser aller dans une eau glacée (d’ailleurs, comment a-t-il fait pour ne pas couler alors qu’il avait sur lui tout ses vêtements et sa grosse peau d’ours ??), affronter le froid (quand on est trempé comme une soupe, ça devrait être mortel), traverser les grands espaces sauvages appuyé sur un bâton, affronter la faim, la fièvre et la douleur, tout en faisant gaffe de pas se faire choper par d’éventuels ennemis, qui ne se feraient pas prier pour le réduire en charpie, comme l’avait fait l’ourse.

Déguenillé et fiévreux, Hugh Glass va donc entamer une contre-odyssée en clopinant et en grognant de douleur, son corps mû par la colère et l’esprit de revanche.

Ce sera un voyage extrême et long mais le réalisateur Iñárritu nous le propose avec splendeur et maestria, c’est esthétique, on se croirait dans un reportage sur la nature sauvage, DiCapro en plus, le tout porté par une musique dont j’aimerais posséder la bande-son.

Tiens, quelqu’un m’a dit qu’ils avaient travaillés exclusivement en lumière naturelle… Et que le film fut tourné dans l’ordre chronologique alors qu’il est fréquent que les scènes soient tournées dans le désordre pour optimiser le tournage.

Et quelqu’un m’a dit aussi que le tournage au Canada n’avait pas été de tout repos, vu les températures négatives qui y régnaient… Quand Léo grelottait, il grelottait sans aucun doute pour de vrai !

♫ C’est quelqu’un qui m’Hardy que tu vivais encore ♪ Serait-ce possible alors ? ♪

Et oui, Fitzgerald (Tom Hardy), va falloir foutre le camp parce que le Caprio, il est pas content ! Il montre les dents, il a souffert, il a dormi dans la carcasse d’un cheval (une autre scène éprouvante) et il n’est pas content du tout !

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Un proverbe sicilien dit que quand tu te venges, tu dois creuser deux tombes. Une pour lui, une pour toi et c’est quasi ça parce que le Léo n’est plus qu’un zombie assoiffé de vengeance qui ne prend même pas le temps de faire guérir ses blessures quand il se lancera à la poursuite du frère Kray… Fitzgerald !

À se demander si il ne va pas y laisser sa peau abîmée par les griffes de l’ourse !

Ah, les indiens sont de retour pour le final… C’est beau, silencieux, rien à dire ça fait du bien après un combat violent entre le frère Kray et Jack Dawson : Fitzgerald et Glass…

Tiens, puisqu’on parle d’indiens… Dans le film, les personnages indiens sont interprétés par des Amérindiens des États-Unis et des Canadiens des Premières nations.

Entouré d’historiens, Iñárritu est allé jusqu’à différencier les costumes des uns et des autres : cuir pour les Sioux et les Arikaras, cotons et laines pour les Pawnees.

Un souci du détail qui tranche avec les westerns des décennies passées, où les Indiens étaient souvent dépeints de manière caricaturale, avec trois plumes sur la tête, une dans le cul et des coloriages de visage moins bien réussi que chez les supporters du ballon rond.

♫ C’est l’avis final ♪ : Le réalisateur nous a construit un film dur, aussi âpre que la nature hostile et sauvage qui entoure les hommes dont eux aussi possèdent un caractère en adéquation avec la nature sauvage.

« Nous sommes tous des sauvages » comme le dira une plaque que je n’ai pas aimé voir.

J’avoue avoir été contente de faire une pause dans le film et de regarder la fin le lendemain car il est long et il ne se passe pas toujours des retournements de situation toutes les deux minutes et l’odyssée clopin-clopant de Hugh Glass DiCaprio est un quasi huis-clos entre lui et la nature qui ne lui fera pas de cadeau !

C’est bien filmé, bien restitué, les acteurs sont tous bons, à leur place, pas de manichéisme, même si Fitzgerald est un salopard fini.

DiCaprio est loin d’un Robert Redford dans le rôle du trappeur Jeremiah Johnson (film américain réalisé par Sydney Pollack en 1972) qui parvenait à préserver l’éclat de ses bô beaux cheveux blonds en toutes circonstances.

DiCaprio a été mis à très rude épreuve pour incarner Hugh Glass, le véritable trappeur qui a inspiré le film. Il est sale, puant, il agonise, râle, s’exprime par borborygmes car sa gorge à été touchée, bref, il est réaliste !

Outre les conditions de tournage éreintantes, le beau Leo a également dû s’initier aux langues des Indiens Pawnees et Arikaras. Un souhait du réalisateur qui tenait à donner une vision fidèle et réaliste des peuples autochtones. Bravo, Léo, tu l’as pas volé ton Oscar, tu sais !

C’est une putain d’odyssée que peu auraient réussi à accomplir, même si, je me demande toujours comment il a fait pour ne pas couler dans la rivière avec tout ses habits et sa peau d’ours, qui, gorgée d’eau, devait peser une tonne…

Malgré cela, le film reste empreint de réalisme à couper le souffle.

Voilà un bon moment de cinéma que je viens de passer.

Étoile 4

Le « Challenge US » chez Noctembule, le Challenge #LeFilmDeLaSemaine2016 et le Challenge « Le mois Espagnol » chez Sharon.

Mois espagnol

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Réalité historique :
Pour l’historien Gilles Havard, « The Revenant reconstitue fort bien tout ce qui relève de la culture matérielle : costumes, équipement de survie, armes à feu, apprêtement des peaux, bateau à quille, fortin, villages amérindiens, etc ».

En revanche, il relève « quelques anachronismes » eu égard aux préoccupations et aux univers sociaux retranscrits dans le film, ainsi que des « clichés de la culture populaire américaine à l’endroit des étrangers », en particulier francophones.

Influences cinématographiques :
The Revenant s’inscrit dans le genre du film de trappeurs, sous-genre du western américain. D’autres films sont inspirés de la vie de Hugh Glass, notamment Le Convoi sauvage de Richard C. Sarafian (1971) dont l’historien Gilles Havard estime que The Revenant est un « remake déguisé », n’étant jamais mentionné ni par Alejandro González Iñárritu, ni par les promoteurs du film. Gilles Havard considère que « The Revenant fait écho en outre à la trame de Jeremiah Johnson : perte des êtres chers, désir de vengeance, final en forme de clôture amérindienne du cycle de la vendetta, etc. »

 

Ce qu’il nous faut, c’est un mort : Hervé Commère

Ce qu'il nous faut, c'est un mort - Hervé Commère

Titre : Ce qu’il nous faut, c’est un mort

Auteur : Hervé Commère
Édition : Fleuve Editions (2016)

Résumé :
Trois garçons pleins d’avenir roulent à flanc de falaise.

C’est la nuit du 12 juillet 1998, celle d’I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c’est à quel prix.

Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville, Normandie. Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans, l’excellence en matière de sous-vêtements féminins, une légende – et surtout, une famille.

Mais le temps du rachat par un fonds d’investissement est venu, effaçant les idéaux de Gaston Lecourt, un bâtisseur aux idées larges et au cœur pur dont la deuxième génération d’héritiers s’apprête à faire un lointain souvenir. La vente de l’usine aura lieu dans l’indifférence générale.

Tout le monde s’en fout. Alors ce qu’il faudrait, c’est un mort.

De la corniche aux heures funestes de Vrainville, vingt ans se sont écoulés. Le temps d’un pacte, d’un amour, des illusions, ou le temps de fixer les destinées auxquelles personne n’échappe.

empreinte2Critique :
Comment dévorer un roman tout en dégustant chacune de ses phrases, tout en mastiquant avec plaisir chacun de ses mots ? Et bien, ce roman est un bel exemple…

Je l’ai dévoré mais je ne l’ai pas bâfré. Chaque phrases, chaque mot, chaque personnage a été lentement mâché, savouré, avalé, digéré.

Coupe du monde 98, je m’en souviens et à la fin, les « Et 1, et 2, et 3 zéro ! » balancés à tout bout de champ m’avaient soulé !

Rassurez-vous, l’auteur ne vous rabattra pas les oreilles avec cette Coupe du Monde, même si les faits qui auront cours durant cette nuit de folie auront des conséquences dans le futur et que nous retrouverons tous les personnages de cette folle nuit-là

Ce roman nous présente des destinées, des vies qui basculent dans l’horreur, dans le bonheur, des vies qui commencent, qui se terminent, qui seront marquées à jamais…

Il nous parle aussi de l’histoire d’un homme, Gaston Lecourt, créateur des Ateliers Cybelle, qui, au sortir de la Grande Guerre, eu l’idée de fabriquer des sous-vêtements féminins accessibles à toutes.

— Les Ateliers Cybelle sont une petite manufacture de bonneterie, spécialisée dans la confection de soutiens-gorge et de culottes.

De son entreprise qu’il fit prospérer, des emplois qu’il fournit à la quasi-totalité du village de Vrainville (tout près de Dieppe) et dont ses héritiers vont tout foutre en l’air.

Un grand-père qui l’a crée, un fils qui l’a faite tourner et un petit-fils qui veut la liquider à un fonds de pension amerloque… Comme d’habitude…

Cet avocat, donc, a commencé son œuvre, envoyant à Maxime et à d’autres des lettres de licenciement, sapant en quelques semaines à peine ce que Gaston Lecourt puis Marcel avaient si patiemment bâti.

Ici, nous sommes face à des personnages forts et bien travaillés, attachants, qui évoluent, qui ne sont ni tout noir, ni tout blanc et dont nous n’avons pas encore idée de comment ils vont arriver à se retrouver 18 ans plus tard, mais je vous rassure de suite, l’auteur savait ce qu’il faisait et le tout est bien amené.

D’ailleurs, ses personnages, on pourrait presque les toucher tant ils sont crédibles. Ou les embrasser, tant on va les aimer, ou avoir envie de les baffer, pour certains…

Ce que j’ai ressenti, c’est de l’émotion, en vrac. Des émotions fortes, des plus tristes, des agréables, de la tension, des moments plus tendres, du rire, du chagrin et une horrible sensation de déjà-vu avec la fermeture programmée d’une usine et sa probable future délocalisation dans un pays où la main-d’œuvre est ultra bon-marché.

Est-ce un roman noir ? En tout cas, il est social avec cette fermeture d’entreprise et tout un village qui risque de plonger dans le chômage, la misère, les ceintures qui vont devoir se serrer et le fait que personne n’en parle dans les médias vu que les entreprises, elles se ferment à la pelle et que tout le monde s’en fout tant qu’il n’est pas concerné directement.

L’auteur nous conte ici une formidable histoire, une histoire qui a débuté après la Première Guerre Mondiale, une histoire de société sur un siècle, une histoire qu prends aux tripes, une histoire qui nous emporte, une histoire qui nous marque, une histoire qu’on dévore tout en la savourant.

Une histoire contemporaine, une histoire qui parle de la vie des gens, des combats qu’ils peuvent mener pour sauver leur gagne-pain, prêts à tout s’il le faut, ou prêt à courber l’échine ainsi que ceux qui aiment diviser pour mieux régner, à la limite de la légalité, mais légalement quand même.

Ce jeune homme est avocat spécialisé dans le droit du travail et s’est donné pour mission de purifier les entreprises qui le mandatent.
— Toujours dans la légalité, précise-t-il.
Le plus souvent, dans ses limites les plus obscures.

Pour tout dire, il est assez surpris, presque déçu. Vrainville, Cybelle, les Ateliers, l’esprit de corps et la légende, tout cela s’annonçait délicat. Tout cela se révèle au final en tout point conforme à ce qu’il voit partout où il œuvre. Les gens ne sont pas différents ici, quoi qu’ils en aient eux-mêmes toujours pensé. Ils sont aussi seuls et peureux qu’on l’est partout, tremblant pour leurs vies minuscules.

Une plume qui sait si bien retranscrire les sentiments et les défauts humains, sans pour autant faire de manichéisme ou tomber dans la facilité. Une plume qui gratte là où ça fait mal, une plume sans concession, une plume qui ne fait que nous débiter des vérités qu’on a un peu trop tendance à oublier…

— Il faut vous faire une raison, les cocos, dit Fabrice. On est des envahisseurs ! On est là pour manger dans leur gamelle, prendre leurs femmes, leur boulot ! Le chômage, c’est ça. La pauvreté, c’est ça. Tant que tout va bien, tout va bien. Mais aux premiers soucis, vous serez les premiers sur la liste. Et moi aussi. Enfin, juste après.

— Je veux dire que les gens sont petits, explique-t-il en posant ses couverts à son tour. On les prend tellement pour des cons qu’ils finissent par le devenir. Ils se font tout petits. On les rend petits. Ils se replient sur eux-mêmes, sur ce qu’ils connaissent. Ils redeviennent des animaux très vite.

— Tu sais bien que le racisme est débile, dit-il à Françoise. C’est tellement débile qu’il suffit d’être sympa pour que les gens, d’un coup, pensent que tous les Noirs le sont. Ça marche dans les deux sens.

Je pense que moi aussi je vais embrasser Hervé Commère si je le croise et le remercier pour ce putain de bon roman qui, du fait qu’il était choral, nous a donné un aperçu des pensées et des blessures de chacun.

Étoile 4,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).

The English Month Is Back !! : Juin 2016

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Cette année, c’est avec une sacré motivation en moins que je démarrerai ce Mois Anglais puisque ma chère Titine ne sera pas du côté des organisatrices, mais du côté du public.

Moralité ? Je ne pourrais pas l’emmerder en la noyant sous mes billets comme je fis durant les autres années.

Ça n’a l’air de rien, mais je râle et je suis triste de ne pas avoir la possibilité de lui pourrir son mois de juin ! Enfer et damnation !

Non, ce n’est pas du sadisme, c’est juste que aime bien, châtie bien… Hein ma Titine ?

  • 2013 : 36 billets !!
  • 2014 : 62 billets !!
  • 2015 : 41 billets !!
  • 2016 : ??

Comme j’ai pas la pêche, je vais avoir la banane et redresser la tête parce que c’est dans l’adversité qu’on reconnaît la Belette Cannibale qui va faire honneur au Mois Anglais, na !

Et tenter, au moins, de dépasser mon score de 2015…

Recette ? Des cafés, beaucoup de cafés, des mojitos, beaucoup de mojitos (au rhum brun, c’est plus mieux), des vacances (tout le mois de juin, yeepppeeee), de la piscine, de la farniente, des nuits blanches avec du café noir.

Et… Et… Mon PC, pardi !! L’a intérêt à pas faire le zot, celui-là… Sinon, aieaieaie, mon English Month serait pourri… *lorgne vers le PC de son cher et tendre*

Bon, je me suis déjà amusée à faire quelques logos « Keep Calm » et une liste dans laquelle je vais piocher mes lectures et mes séries. Et je ne me sens déjà plus… Pire qu’un pur-sang anglais dopé sur la ligne de départ du grand steeple-chase.

Que les organisatrices restent calmes, je ne saurai pas faire toute la liste, enfin, je crois…

Mhouhahahaha *rire démoniaque*

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Liste pour le Mois Anglais et reprise des titres sélectionnés en 2015 mais non lus – (Je pourrais même en sélectionner avant Juin pour les inscrire au Challenge « A Year In England » juste pour embêter Titine) :

  1. 1977 : David Peace [ROMAN – NON LU 2015]
  2. Rouge ou mort : David Peace [ROMAN – NON LU 2015]
  3. Une étude en soie : Emma Jane Holloway [ROMAN – NON LU 2015]
  4. Un nom pour l’Éventreur : Russel Edwards [ROMAN – NON LU 2015]
  5. Sombre mardi : Nicci French [ROMAN – NON LU 2015]
  6. Goodbye Billy – Les Rats de poussière – Tome 1 : Laurent Whale [ROMAN]
  7. La chambre des âmes : Franck Tallis [ROMAN]
  8. Black-Out : Lawton [ROMAN – LC]
  9. Moriarty -Le Chien des d’Uberville : Kim Newman [ROMAN]
  10. La frontière du loup : Sarah Hall [ROMAN]
  11. Coups de crosse : James Hurley [ROMAN]
  12. La curiosité est un péché mortel : Ann Granger [ROMAN]
  13. Chambre blanche : Martyn Waites [ROMAN]
  14. Oscar Wilde et les crimes du Vatican : Gyles Brandreth [ROMAN]
  15. Maurice : E.M Foster [ROMAN]
  16. Retenir les bêtes : Magnus Mills [ROMAN]
  17. Le dernier loup-garou : Glen Duncan [ROMAN]
  18. Les étrangers dans la maison : John Harvey [ROMAN]
  19. On ne meurt que deux fois : Robin Cook [ROMAN]
  20. Le livre des âmes : James Oswald [ROMAN]
  21. Derniers jours : Neville Adams [ROMAN – LC]
  22. Le diable de la Tamise : Annelie Wendeberg [ROMAN]
  23. Je suis le sang : Ludovic Lamarque [ROMAN]
  24. Jack l’Éventreur, le secret de Mary Jane Kelly : PR Welté [ROMAN]
  25. Black Butler – Tome 21 : Yana Toboso [MANGA]
  26. Sherlock Holmes et les voyageurs du temps – T2 : Cordurié & Laci [BÉDÉ]
  27. Endeavour – Saison 1 [SÉRIE]
  28. Ripper Street – Saison 4 [SÉRIE]
  29. Sherlock Holmes – Granada : The Crooked Man [SÉRIE]
  30. Sherlock Holmes – Granada : The Norwood Builder [SÉRIE]
  31. Sherlock Holmes – Granada : The Resident Patient [SÉRIE]
  32. Sherlock Holmes – Granada : The Final Problem [SÉRIE]
  33. Sherlock Holmes – Granada : The Empty House [SÉRIE]
  34. Sherlock Holmes – Granada : The Second Stain [SÉRIE]
  35. Peaky Blinders – Saison 1 [SÉRIE]
  36. Whitechapel – Saison 3 & 4 [SÉRIE]
  37. Penny Dreadful – Saison 1 [SÉRIE]
  38. Life on Mars – BBC [SÉRIE]
  39. State of Play – BBC [SÉRIE]
  40. Jack The Ripper – Nouvelles théories [ARTICLE]
  41. Legend de Brian Helgeland [FILMS]
  42. Broachurch – Saison 1 [SÉRIE]
  43. Sherlock Holmes et le collier de la mort de Terence Fisher [FILMS]
  44. Sherlock BBC de Steven Moffat et Mark Gatiss [SÉRIE]
  45. Sherlock Holmes de Guy Ritchie [FILMS]

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Batman vs. Superman – Dawn of Justice [#LeFilmDeLaSemaine2016 – 18/52]

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Batman v Superman : L’Aube de la justice ou Batman vs Superman : L’Aube de la justice au Québec (Batman v Superman: Dawn of Justice) est un film de super-héros américain réalisé par Zack Snyder, sorti en 2016.

Distribué par Warner Bros., produit par Charles Roven et écrit par Chris Terrio et David S. Goyer, basé sur les personnages de DC Comics Batman et Superman, le film est le deuxième de l’univers cinématographique DC, après Man of Steel.

Le film est considéré comme un événement, car il met en scène pour la première fois au cinéma Superman et Batman dans le même film, qui sont deux icônes de la pop culture depuis les années 1930.

C’est également la première apparition cinématographique d’autres héros de DC Comics comme Wonder Woman, Flash, Aquaman et Cyborg.

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1. Résumé :
Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l’affronter : le monde a-t-il davantage besoin d’un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l’horizon…

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2. Fiche technique :

  • Titre original : Batman v Superman: Dawn of Justice
  • Titre français : Batman v Superman : L’Aube de la justice
  • Réalisation : Zack Snyder

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3. Distribution :

  • Ben Affleck : Bruce Wayne / Batman
  • Henry Cavill : Kal-El / Clark Kent / Superman
  • Amy Adams : Lois Lane
  • Jesse Eisenberg : Lex Luthor
  • Diane Lane : Martha Kent
  • Laurence Fishburne : Perry White
  • Jeremy Irons : Alfred Pennyworth

batman_v_superman___dawn_of_justice__poster_by_goxiii-d9cky11Ce que j’en ai pensé :
Et bien j’ai suivi le conseil d’une amie blogueuse, Dorothée, qui disait avoir été au cinéma sans rien attendre et en être ressortie enchantée d’avoir vu un film qui avait de la profondeur, dans le bon sens du terme.

Appliquant le conseil à la lettre je me suis installée confortablement devant mon écran 18″ de mon VAIO Sony (pub non rémunérée) et j’ai fait Play.

Avant d’aller plus loin je me dois de vous confesser (un mot que j’aime) mes grandes ignorances batmanienne et supermanienne.

Tout ce que je sais du premier c’est que c’est une chauve-souris déguisée en humain… Oups, le contraire ! Un humain déguisé en chauve-souris sexy et que dans le costume moulant, il y a avait le beau Christian Bâle.

Ce que je sais du second, c’est qu’il porte un slip rouge sur son collant bleu et qu’une des Desperate Housewives (Teri Hatcher) en était amoureuse dans un film… Et que dans une série, le Superman il était jeune et pas vilain.

Oui, va falloir potasser mon sujet !

Déjà je remercie les habilleuses car les vêtements ont bien changés depuis ! Ouste le slip rouge porté sur le pantalon ! Ouste les horribles déguisement de chauve-souris du Bruce Wayne.

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Niveau choix des acteurs, je ne me plaindrais pas du tout ! Le Superman est excellent et bien que j’ai un peu douté du choix de Ben Affleck – le mignon soldat qui était à Pearl Harbor et qui a bien vieilli – pour le Batman, et bien, je dis « Oui » !

Différent de Bâle, mais il allait bien dans le costume, plus âgé, plus massif, plus sombre.

Alors oui, en effet, faut pas s’attendre à des combats de Titans entre le Bat et le Super, juste une scène de baston, mais la plupart de leur affrontements se feront aux travers des mots, des dialogues, de leur manière de penser.

Bruce Wayne pense qu’un un super-héros aux pouvoirs sans limite n’est pas très bon… Certains considèrent Superman comme un Dieu. Oui, les gens sont cons !

Ils sont même pires que cons, les gens, puisque quand Superman sauve, ça va, mais dès qu’il y a un soucis avec un alien de Krypton qui a tout cassé en ville, alors là, Superman peut foutre le camp ! Il n’est pas humain, il n’est pas de chez nous, alors « Go Home ».

J’ai parfois honte d’appartenir au genre humain, je vous jure… Et puisque le genre humain est ainsi, qu’il peut brûler ce qu’il a adoré ou déifié, les scénaristes ne se sont pas privés et c’est très bien rendu, je trouve.

Surtout an niveau de la propagande… On croit tout de même tout ce qu’on nous raconte ! Ma foi, la frontière entre la vérité et le mensonge est si fine que l’on a parfois du mal à discerner si c’est la vérité vraie qu’on nous balance ou de la propagande, ou des vérités un peu mélangées avec des mensonges.

Passons au méchant : Lex Luthor… Je l’ai reconnu, c’est Mark Zuckerberg ! Enfin, celui qui jouait le rôle… Si certains ne l’ont pas aimé, moi, je l’ai trouvé excellent, mais je vous rappelle que ma culture du super héros en slip rouge est merdique.

Peut-être qu’un autre aurait été mieux, mais moi, je l’ai adoré dans son rôle d’excité grimaçant, mais terriblement dangereux avec ses idées de malade et qui, comme beaucoup, aurait bien voulu que Dieu le sauve d’un papa pas sympa.

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Pas de bol, Il n’est pas venu alors il en veut à ces prétendus Dieux que sont les super-héros.

Le film est assez long, plus lent, sans avoir de scènes de castagne toutes les dix minutes et je peux comprendre aussi ceux qui sont allé au ciné en pensant voir 10 rounds de combats entre le héros humain et le héros d’une autre planète.

Ici, ce qui est mis en avant, c’est l’humanité des héros, leurs souffrances, leurs doutes, leurs qualités, leurs défauts, des héros pas tout noir ou tout blanc, mais tout en nuance de gris.

La gloire de Batman est derrière lui, le Joker n’est plu, et il a l’impression que les bandits sont comme les mauvaises herbes, vous en arracher des tas et elles repoussent toujours plus vite, toujours plus nombreuses.

Superman a presque les pouvoirs d’un Dieu – « presque » parce qu’il n’a rien créé, na ! – et ça fout la trouille à certains – Lex, Batman,… – autant de pouvoir concentré dans les mains d’un seul homme et ma foi, il doit y avoir aussi un peu de jalousie.

Superman et Batman sont pourtant les mêmes : à la fois sauveurs, juges, bourreaux, voulant faire à tout prix le bien mais en étant bien souvent piteusement récompensé.

Niveau musique, c’était Hans Zimmer au commandes et il ne déroge pas à la règle, elle est très belle et elle vous prend aux tripes, surtout si vous l’avez entendu en concert. Là, c’est le pied magistral !

Oui, j’ai passé un excellent moment à voir ce film pour lequel j’ai mis mes attentes entre parenthèses afin de ne pas être polluée par mon esprit qui se serait joué un film.

Oui, il est plus lent, les combats entre les deux héros sera plus à coup de paroles ou d’actes que avec des poings, bien que les fans seront comblés par un match entre leur deux.

Un film plus humain, plus profond, plus mieux, un film avec un vrai scénario, des acteurs qui sont à leur place, qui joue de manière correcte, imprégnés qu’ils sont de leurs rôles.

Et comme l’Enfer est pavé de bonnes intentions et que à force de chasser ce qu’on considère comme des monstres, on devient sois-même un monstre, la folie mégalomane de Lex Luthor sera le clou du spectacle.

Un vrai changement de slip et de cap !

Un excellent film qui envoie valser les vieux Batmans et Superman aux oubliettes ! Sauf la trilogie « The dark Knight » de Christopher Nolan et le « Man Of Steel » de Zack Snyder.

Étoile 4

Le « Challenge US » chez Noctembule et le Challenge #LeFilmDeLaSemaine2016.
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[TAG] Comment, où et quand lisez-vous ?

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Ciel, Bianca m’a taguée ! Alors je vais y répondre parce que j’aime bien les TAG !

Je répondrais bien à sa première question dans le titre « Comment lisez-vous ? » par un « Ben, avec mes yeux, tiens !! Mdr ».

1. Où lisez-vous ?

Le meilleur endroit reste mon canapé ! Sinon, je lis aussi dans le métro, au boulot, mais rarement au dodo… S’il fait bon, durant mon heure de table, je vais lire au parc.

Lorsque je suis en vacances, j’emmène un livre en rando, pour le lire en digérant, après le repas ou avec les pieds dans l’eau.

Le summun, ce serait à cet endroit…

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2. Quel est votre moment de la journée préféré pour lire ?

Le matin, assurément ! Avant d’aller bosser, j’essaie de consacrer 30 minutes à la lecture. Sinon, le soir, pour décompresser, ça fait du bien aussi.

Avec un bonne tasse de café ou de thé, c’est le pied.

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3. Marque-pages ou pages cornées ?

Non, non, non, on ne corne pas ses pages ! J’utilise des marque-pages, j’en ai des tas. Que ce soit une carte imprimée avec les chiens que ma soeur m’a faite un jour, un carte avec un Minion ou un clip avec une corde, un révolver ou l’Union Jack, je les utilise tous et je mélange.

Bon, quand je lis en numérique, le marktapage n’a pas de raison d’être, hélas.

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4. Notes ou pas notes ?

De temps en temps, si c’est nécessaire, je prends des notes durant ma lecture, sinon, jamais.

5. Bruit ou silence ?

Tout dépend du bruit… Les petits oiseaux qui chantent ne me dérangent pas. Ma musique non plus, mais les bavardages des gens me distraient et la présence d’une télé aussi.

Seule ma musique m’aide à me concentrer et c’est elle seule que je tolère si je ne suis pas dans un environnement silencieux.

Et je l’écoute avec mes écouteurs ou le casque, toujours.

6. Un seul livre ou plusieurs à la fois ?

Non, non, non, un seul à la fois ! J’ai déjà tenté l’expérience et je ne savais plus quoi ou qu’est-ce, donc, je me contente d’un seul roman à la fois. Quand bien même ils seraient différents aux possibles !

7. Votre genre préféré ?

Roman policier et roman noir !

8. Celui qui n’est pas votre tasse de thé ?

La littérature dite « biographie » parce que je me fiche pas mal de lire les vies de Nabilla, de l’ex- femme du préz, la Rottweiller ou du nain de jardin qui va sauver votre pays et consort.

La littérature dite « eau de rose » parce que bon, la guimauve, c’est marrant un peu quand on est jeune, mais au bout de deux romans, on sature puisque le scénario est toujours le même, quasi. Un peu comme les séries gentillettes telles « Joséphine », c’est toujours la même trame, si on prend un peu attention.

La littérature dite « Mom porn » genre « 50 nuances » et autre « beautiful bastard » parce que ça me sort par les trous de nez.

Je n’ai rien contre la littérature érotique, faut de temps en temps apprendre de nouvelles méthodes, même si ce sont les anciennes qui marchent le mieux et évitent les lumbagos, mais pas ces nouvelles littératures qu’on balance parce que c’est ce que les gens veulent.

Si je dois en lire, c’est parce que j’ai envie et il est vital qu’il y a quand même un scénario plus épais que la corde du string de la dame.

9. Votre auteur, période préférés ?

Sir Arthur Conan Doyle pour Sherlock Holmes dans ma période préférée qui est l’Angleterre victorienne. Je vous l’ai dit dans le précédent TAG que l’on ne se refaisait pas !

Sans oublier des tas d’autres auteurs anglais ou américains de romans noirs tels Jim Thompson, Charles William, Dashiel Hammet, James Crumley, Edward Bunker, James Ellroy, Robin Cook, Donald Westlake, Raymond Chandler, Peter Cheney, James Lee Burke, Craig Johnson, Larry McMurty, Michael Mention, Lawwrence Block, Thomas H. Cook et j’en oublie des tas. Qu’ils me pardonnent !

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10. Le livre qui vous a donné le goût de lire ?

Niveau bédé, c’était Tintin et ensuite Spirou (les bédés puis les hebos de l’époque où mon père était jeune).

Niveau romans, ce fut Le Club des Cinq (enquêtes) et la collection de L’Étalon Noir ainsi que Flamme (chevaux).

11. Combien de pages avant d’abandonner ?

Tout dépend de mon humeur et de l’auteur. Si c’est un grand auteur dont on m’a conseillé, j’essaierai d’aller jusqu’au bout, quitte à zapper quelques pages, lignes.

Je peux aussi aller jusqu’au bout, boire le calice jusqu’à la lie juste pour avoir le plaisir de rhabiller le livre pour l’hiver avec une critique qui ne sera pas piquée des hannetons ou parce que je suis en LC et que je sais que de son côté, ma Binômette souffre aussi durant sa lecture.

Sinon, je balance directement !

Keep calm and drink mojito

[TAG] Fangirl in book

Rhôôô, Syl m’avait taguée et je ne l’avais même pas vu !

Enfin si, j’avais lu ses réponses au TAG mais pas pris attention au fait que mon nom se trouvait dans la liste des taguées !

Puisque Syl a sortit le fouet, me menaçant de me fouetter si je n’y répondais pas, je le fais de suite !

1. Tu es un personnage de roman. A quelle époque aimerais-tu être envoyée, quelle profession aimerais-tu exercer et décris-toi physiquement. C’est toi qui a la plume !

Je voudrais être un homme dans le Londres de l’époque victorienne ! Non, pas une femme ! Au vu les restrictions de liberté, ça ne me tente pas trop ! Alors, pour une fois, je tenterais bien l’autre sexe afin de ne pas me retrouver sur le trottoir et savoir ce que ça fait de pisser debout.

Grand, 1,80m au moins ! Avec du fric, sinon ce n’est pas drôle. Élégant, costume, haut-de-forme, canne à la main…

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Ma profession ? Rentier, puisqu’on peut choisir. Vivre dans l’oisiveté, je ne dis pas non. Belle maison, domesticité, mets fins à ma table, compagnons de lecture et de beuverie le samedi soir. La grande vie, quoi.

La nuit venue, je me travestirais en pauvre hère loqueteux et j’irais faire un tour à Seven Dials, dans Whitechapel, dans Devil’s Acre. Et qui sait, surprendre un certain Jack ?

J’aurais un ami qui serait médecin, le Dr Wilson (what did you expect ?) et qui serait mon souffre-douleur, tiens (ça vous rappelle une série ?).

Sinon, la Conquête de l’Ouest me tenterait bien aussi… Toujours en homme, ça va de soi, chevauchant un bel étalon noir fougueux dans la plaine, avec un coucher de soleil devant moi… ♫ I’m poor lonesome cow-boy ♪

Révolvers, chapeau, chaps, selle confortable et chevauchées endiablées. Là, je me vois bien bandit de grands chemins, attaquant des diligences et buvant tout au saloon ou dans une partie de poker d’enfer.

2. Quel est le livre que tu aimerais réécrire… surtout son dénouement.

Il doit y en avoir des tas dont la fin ne m’a pas plu, mais si je « pouvais » changer la fin ou réécrire un livre, ce serait en fait d’une nouvelle de Conan Doyle « The Speckled Band » (Le Ruban moucheté, aussi traduit La Bande tachetée ou La Bande mouchetée). Ma foi, j’en ferais autre chose et ce serait interdit aux moins de 18 ans !

3. Dans les quatre genres, littérature policière, sentimentale, jeunesse et fantastique, cite des titres qui t’ont beaucoup séduite.

En littérature policière, ce serait assurément les enquêtes de Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle. On ne se refait pas.

Littérature sentimentale, je mettrais Jane Eyre de Charlotte Brontë, même si ce roman est plus que sentimental car c’est un Classique de la littérature. Il y a dans ce roman un amour fort et véritable qui surclasse les niaiseries des collections Harlequin.

Littérature jeunesse ? Les Enola Holmes de Nancy Springer, les Premières aventures de Sherlock Holmes d’Andrew Lane et les Wiggins de Béatrice Nicodème. La Trilogie de Bartiméus de Jonathan Stroud m’a aussi beaucoup amusée et je ne vous parle même pas de Harry Potter que j’ai adoré !

Littérature fantastique ? Les sagas de La Belgariade et de La Mallorée de David Eddings, sans oublier sa Trilogie des Joyaux.

4. Jaquette, 4ème de couverture, dernières pages, critiques littéraires (professionnelles ou pas)… que regardes-tu en premier, avant d’acheter le livre. Es-tu allée un jour contre tes instincts ? et ce fut une déception ? une révélation ?

Depuis que je surfe sur le Net et que j’ai découvert Babelio, on peut dire que j’ai commencé à changé ma manière de lire et que j’ai suivi des avis de lecteurs, qui se sont révélés positifs dans la majorité des cas.

Les couvertures de livres sont quand même les premières qui attirent mon regard lorsque je déambule dans les grosses librairies, puis viennent les résumés (quand même !) que je lis, mais qui sont parfois menteurs (les salauds). De temps en temps, je tiens compte aussi de l’avis du monsieur du rayon que je connais et qui connais mes goûts.

Si je suis dans une bouquinerie et que le roman qui me tombe dans les mains ne se trouve pas sur ma liste, alors je zieute la cover ET le résumé. Mais c’est bien le résumé qui me fera acheter, ou pas, le roman.

La cover peut être aussi jolie qu’elle veut, si le résumé ne m’emballe pas, je passe mon tour !

Mais puisque je passe plus de temps sur le Net que dans les travées des librairies ou des bouquineries, je fais aussi confiance aux potos de la blogo. Pas besoin de citer des noms, ils se reconnaîtrons, ces vil(e)s tentateurs(trices).

Oui, j’avoue avoir lu des romans que jamais de ma vie je n’aurais lus si la blogo n’en avait pas parlé, ou juste un ou une dont je suivais le blog, ou qui participais à un même challenge que moi, comme ce fut le cas avec le Challenge des Livres Classiques chez Métaphore…

Jane Eyre en fasait partie, ce fut un coup de cœur et ce, grâce à un Challenge.

Idem pour Nous rêvions juste de liberté que jamais je n’aurais ouvert sans la blogo pour m’y pousser.

Il y a eu des déceptions, mais ma mémoire a tendance à les gommer et à ne garder que la quintessence afin de ne pas encombrer le grenier de ma mémoire avec des titres qui n’en valent pas la peine !

5. Prends le livre que tu es en train de lire et offre-nous une phrase de la première page.

Un accident de voiture au milieu de la nuit, une naissance, le grand amour ou un viol, qui sait comment les choses arrivent ? Peut-être que tout ce qui va suivre n’est dû qu’à trois petits buts : nous sommes le dimanche 12 juillet 1998 au soir et, depuis quelques heures, la France est championne du monde de football.

Pour des raisons différentes, cette date va se graver dans les esprits de chacun des personnages de cette histoire. Ce qui se passera dans dix-huit ans dépend absolument de ce qu’ils vont vivre maintenant. Pour une jeune fille qui marche seule dans Nancy, rien ne sera plus jamais beau. Pour un jeune homme noir, athlétique et sans faille qui entre en discothèque en banlieue parisienne, cette nuit est celle où, à la surprise générale, à commencer par la sienne, il va se laisser dompter. (Ce qu’il nous faut c’est un mort – Commère Hervé)

Psychiko : Paul Nirvanas

Psychiko - Paul Nirvanas

Titre : Psychiko

Auteur : Paul Nirvanas
Édition : Mirobole (2016)

Résumé :
Psychiko, le tout premier polar grec, est un véritable bijou. Anti-héros et probable cas clinique, Nikos Molochantis, jeune rentier désœuvré, est prêt à tout pour obtenir son quart d’heure de célébrité. Il a donc la brillante idée de se faire passer pour l’assassin d’une femme retrouvée morte dans un quartier d’Athènes.

Grâce à la presse fascinée par cette affaire, Nikos se retrouve enfin sous les feux de la rampe, suffisamment près de la guillotine pour être une vedette. Le stratagème parfait… À ceci près qu’il risque de fonctionner au-delà de ses espérances.

Paru en 1928 sous forme de feuilleton, Psychiko met en place une mécanique infernale, où une police apathique affronte un faux coupable en quête de gloire.

the acropolisCritique :
♫ Quand on est con, on est con ♪ le chantait si bien Georges Brassens et ici, nous avons un champion du monde en puissance…

Hitchcock, lui, aurait dit que le faux crime était presque parfait. Tellement parfait que Nikos pourrait y perdre la tête, surtout au sens propre.

Nikos (pas Aligas) Molochantis est un jeune homme naïf et con, rêvant de ce que Andy Warhol nommera plus tard : le quart d’heure de gloire.

Là, pour le moment, il vit dans l’oisiveté en dilapidant la petite fortune qu’avait amassé son père aux prix de lourds sacrifices et à la sueur de son front. Notre Nikos n’est même pas capable de voir que ses prétendus amis ne le sont que parce qu’il a de l’argent et qu’il donne des fêtes et refile des drachmes à ces piques-assiettes.

Et comme cet imbécile veut connaître la gloire, il ne trouve rien de mieux que de se faire arrêter pour un crime qu’il n’a pas commis et dont plus personne ne parle, quasi.

Il pense juste garder le silence durant quelques jours et puis, miracle, son ami Stéphanos viendra donner aux autorités son alibi, puisqu’il mangeait avec lui le soir du crime qui eut lieu dans le quartier de Psychiko.

Ah, j’oubliais, comme il est crétin comme pas deux, notre Nikos, il donne procuration à Stephanos pour que ce dernier puisse lui apporter de l’argent lorsqu’il sera en prison.

Ce roman policier grec est paru sous forme de feuilleton en 1928, l’action, elle, se déroule dans les années 1910, mais pas de précision exacte sur l’année. Pourtant, elle pourrait être contemporaine, les réseaux sociaux en moins.

Contemporaine ? Bien sûr ! Quand on voit ce que certains sont prêts à publier comme photo d’eux pour obtenir des likes ou des folowers, au final, ils ne sont pas trop différents de notre Nikos qui rêve qu’on parle de lui et auquel j’ai fini par m’attacher.

Cet homme naïf qu’il est et qui a rudement besoin de grandir dans sa tête devient attachant au fil du récit.

Ici, nous sommes clairement dans la satire d’une société, d’une jeunesse en mal de sensations fortes puisque notre Nikos va même avoir des tas de femmes qui vont s’intéresser à lui, dont un groupe de jeunes filles. Les crimes d’honneur ou romantique, ça les rends toutes choses, mais elle peuvent tourner casaque très vite aussi.

Le ton est caustique aussi envers la presse qui, un jour, parle d’un meurtre et ensuite, plus un mot. Presse qui, un jour, couvre un assassin de gloire, le photographie, l’interview, et ensuite, l’oublie car la presse est passée à autre chose.

Quant à la police, elle n’en sortira pas grandie non plus !

Voilà donc un court roman de 200 pages qui m’a agrippé les mains jusqu’au bout tant je voulais savoir si l’ombre de la guillotine n’allait être qu’une ombre ou si notre pauvre ami allait subir le même sort qu’un roi et une reine de France.

Un roman court, mais intense, de par la folie de Nikos, de par son idée totalement débile de s’accuser d’un crime qu’il n’a pas commis, de par le brocardage de la société grecque qui n’est pas si éloignée de la nôtre, encore moins de notre époque ou de certaines personnes en quête de gloire ou juste que l’on parlent d’elles.

Caustique, jubilatoire, satirique, ironique. Un roman policier à l’envers puisque nous commençons avec un innocent (dans tous les sens du terme, quasi) qui s’accuse.

Une réussite.

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).

Été rouge : Daniel Quiròs

Été rouge - Daniel Quiros

Titre : Été rouge

Auteur : Daniel Quiròs
Édition : Nouvelles éditions de l’Aube (2015)

Résumé :
Côte du Pacifique, Costa Rica. Un Éden où les pinèdes sont massacrées afin de permettre la construction de villas luxueuses pour des investisseurs étrangers… et des caïds de la drogue. Un Éden où il fait terriblement chaud, où l’alcool ne peut faire oublier le sable, la poussière et le vent.

C’est là, dans un tranquille village de pêcheurs, qu’est découvert sur la plage le cadavre d’une femme, surnommée l’Argentine.

Don Chepe, ancien guérillero qui a lutté aux côtés des sandinistes, décide de retrouver l’assassin de son amie. Une enquête qui le conduit à découvrir les liens obscurs entre passé et présent, utopie et désenchantement… et à revisiter l’histoire de son pays.

Entre torpeur et violence, ce livre nous colle à la peau.

Petit Plus : Été rouge a reçu le prix national de Littérature Aquileo J. Echeverría, la plus haute distinction littéraire du Costa Rica.

image003Critique :
Direction le Costa Rica, les p’tit gars, pour enquêter au côté de Don Chepe, ancien sandiniste et ancien de la Compagnie Nationale d’Assurances qui a décidé de se retirer dans un petit coin tranquille, Paraiso, paisible petite bourgade de pêcheurs.

Il n’entre pas grand monde dans ce bar. Il n’y a pas grand-chose à attendre d’un village de pêcheurs où vivent à peine trois cents personnes, et qu’un quelconque farceur a eu la riche idée de baptiser Paraiso (Paradis).

Don Chepe est un enquêteur du dimanche, un gars qui donne un coup de main aux policiers locaux pour résoudre des affaires de drogues, de meurtres, de vol.

Sinon, il passe son temps à siroter des bières dans le bar de Doña Eulalia, fumant ses cigarettes tout en regardant la mer, pestant sur la poussière qui lui colle à la peau moite.

La poussière. Je déteste la poussière. A cette époque de l’année, elle recouvre tout, comme une toile d’araignée omniprésente. Elle se mélange à la sueur et transforme la peau du visage en masque noirâtre.

Autre variante, il peut aussi être tranquillement à déguster dans le bar librairie de la ville voisine de Tamarindo, chez Ilana Etcheverri (surnommée l’Argentine), qui fait aussi dans le prêt de livres, ce qui occupe les looongues journées de tranquillité de notre homme.

La tranquillité s’est terminée lorsqu’on a retrouvé le corps de son amie, Ilana, une balle dans la tête et le portefeuille rempli. Ça pue le règlement de compte.

Don Chepe va enquêter et suivre le jeu de piste que Ilana a mis en place pour lui, en lui léguant des photos, une clé, une lettre.

L’enquête pourrait être accessoire, dans ce roman car la partie politique du pays est fort importante et l’auteur nous en parle au travers de son personnage atypique de Don Chepe.

Sans que cela devienne indigeste, durant sa remontée de piste au sujet du meurtre, Don Chepe se remémorera l’attentat à la bombe, commis à La Penca en 1984 et qui fit 7 morts et de nombreux blessés, dont les journalistes qui couvraient le conflit entre les sandinistes et les Contras.

Ici, bien entendu, se basant sur du vrai, le reste ne sera que fiction, notamment dans l’identité du poseur de bombe ou de ceux qui auraient pu le commanditer.

Roman assez court, mais tout est dit… L’atmosphère de chaleur moite est plantée et bien rendue, les tensions qui existent encore dans le pays sont esquissées, il nous parle aussi des autochtones qui ont du mal à s’y retrouver avec tous ces complexes hôteliers qui poussent comme des champignons le long des plages et le côté politique n’est pas indigeste, même pour ceux qui n’aiment pas. J’ai eu l’impression de me cultiver en suivant l’enquête avec Don Chepe.

Notre personnage principal oscille un peu entre flic et voyou et sans être un foudre de guerre, peut devenir dangereux quand il pète un câble car il a failli nous refaire le coup de la cuisson à la Jeanne d’Arc, à un moment donné. Le bûcher en moins, l’essence en plus.

Au final, notre enquêteur aura résolu deux affaires, une fraiche et un cold-case, tout en nous expliquant son pays, une partie de sa politique, même si nous ne savons pas encore tout du Costa Rica.

Un roman qui a le cul entre deux chaises : policier et roman noir, empruntant aux deux. Ni trop long, ni trop court, avec des personnages bien sympathiques, ni tout blanc, ni tout noir et qui nous fait découvrir un pays que nous ne connaissons que peu ou pas du tout.

Une belle découverte, je dois dire ! Et loin de l’image de la « Suisse américaine » comme le pays se dit…

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), le Challenge Lire « À Tous Prix » chez Asphodèle (prix national de Littérature Aquileo J. Echeverría – Costa Rica) et le Challenge « Le mois Espagnol » chez Sharon.

Mois espagnol

Le dernier baiser : James Crumley

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Titre : Le dernier baiser

Auteur : James Crumley
Édition : Folio (2006) / 10-18 (1986)
Édition originale : The Last Good Kiss (1978)

Résumé :
Il s’agit de la toute première enquête de C.W. Sughrue. Un détective par défaut parce que l’on s’aperçoit vite qu’il ne peut rien faire d’autre.

Une femme lui demande de retrouver son ex-mari, un écrivain, qui a entamé une longue tournée des bars. Sughrue va le retrouver. Ils vont même sympathiser, à tel point que l’écrivain confie au détective que, s’il avait su, il se serait laissé rattraper plus tôt.

Bref, ces deux losers se sont bien trouvés et vont à leur tour enquêter sur la disparition de la fille de la patronne du bar où ils ont échoué. Fascinante, la jeune femme a disparu depuis dix ans.

Extrait : « Quand j’ai finalement rattrapé Abraham Trahearne, il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le cœur d’une superbe journée de printemps.

Trahearne en était à près de trois semaines de foire et de balade, et avec ses fringues kaki toutes fripées, le grand homme ressemblait à un vieux soldat au bout d’une longue campagne qui essaierait de faire durer ses bières pour faire passer le goût de mort qu’il avait dans la bouche. »

9782264007834FSCritique :
Tout le monde de ma génération connaît la série bête « Premiers baisers » mais peut-être pas encore « Le dernier baiser » de James Crumley, qui, soit dit en passant, vole vachement plus haut que la série.

Ce n’est pas compliqué, vous me direz, et je suis bien d’accord !

Mais en quoi ce livre vole-t-il plus haut qu’un autre polar ?

Imaginez que James Crumley ait rassemblé dans un sac tout ce qui fait l’essence même d’un grand polar et qu’à l’aide d’un marteau, il ait tapé sur ce sac, cassant ainsi tous les codes avant de vous les servir, façon glace pilée qui fondra sous votre langue.

Chauncey Wayne Sughrue – C.W pour les intimes – est un détective privé, une sorte de Sherlock Holmes en version looser, qui aurait pour compagnon d’enquête, non pas un Docteur Watson, mais la dive bouteille d’alcool.

J’essaie de garder toujours deux verres d’avance sur la réalité et trois verres de retard sur la biture.

Notre détective, pas toujours toujours très appliqué, tète les bouteilles pire qu’un veau au pis. Vétéran du Viêt Nam, il aime les armes à feu, les femmes fatales, la drogue de temps en temps (un pétard et ça repart) et les nuits sans sommeil. Un peu comme son pendant, Milo Milodragovitch, l’autre enquêteur du même auteur.

Sa mission ? Retrouver le gros Abraham Trahearne, pilier de bar notoire et écrivain en panne d’inspiration.

Son client ? L’ex-femme de Trahearne, qui vit dans la maison d’à côté, avec la mère de l’écrivain, tandis que la nouvelle épouse, elle, vit avec son Abraham de mari. C’est compliqué la vie chez Trahearne qui doit faire avec une épouse aimante et une ex-femme inquisitrice qui vit chez la mère à Trahearne, à deux pas…

— Vous avez fait connaissance avec la vieille bique et la dame dragon, et vous avez visité le Palais des rêves perdus, alors qu’est-ce que vous avez besoin de savoir de plus ?

On peut comprendre que lorsqu’il est en manque d’inspiration (souvent), l’Abraham parte écluser l’alcool dans tous les troquets à mille lieues à la ronde.

Lorsque enfin notre détective mettra la main dessus (dans un bar à la sortie de Sanoma), notre gros homme était en train d’écluser à tout va dans le bar de Rosie,en compagnie de Fireball, le bouledogue de la patronne, pochtron notoire lui aussi.

Une balle perdue dans une partie charnue de l’individu va faire sympathiser le détective et sa proie et c’est leur deux qu’ils vont partir sillonner les routes (et aussi les bars) à la recherche de Betty Sue, la fille de Rosie la tenancière, disparue il y a 10 ans.

— Étant donné que vous foutez rien aussi bien que n’importe qui, je me suis dit qu’on pourrait rien glander ensemble.

Cette enquête dans l’enquête ne sera pas la seule et toutes emmèneront le lecteur là où il ne s’y attendra pas, sans jamais le saouler, malgré les quantités d’alcool ingurgitée au cours des 448 pages de folie pure.

Oui, on va mener l’enquête en buvant comme des trous, en baisant comme des castors, en matant des films porno à très petit budget (c’est pour l’enquête qu’on vous dit) tout en se baladant en grosse bagnole dans l’Amérique des années 1978, avec un écrivain qui n’obéit pas, qui râle tout le temps, qui est égocentrique et un bouledogue qui ne boit que de la bière.

J’ai traversé la route pour aller me laver la figure dans le torrent, histoire de rincer tous ces kilomètres dans l’eau glacée. Fireball m’a jeté un sale œil, mais il en a finalement lapé une petite gorgée. Il s’est immédiatement ébroué, secouant la tête, comme horrifié par le goût. Je l’ai ramené sur la route et lui ai donné une bière. On en avait bien mérité une, tous les deux.

James Crumley devait aimer les détectives blasés, cyniques, à l’humour noir et corrosif comme l’alcool à 90° parce que son C.W.Sughrue est caustique tout en étant amusant, ironique et persiffleur. C.W est comme son homologue, Milo Milodragovitch, bien que Sughrue ait levé plus de femmes, il me semble.

Dans ce roman, rien n’est simple, rien n’est comme vous le pensez, ici, les hommes et les femmes sont à égalité, c’est à dire qu’ils s’en prennent tous dans la gueule pour pas un balle.

Jusqu’au dernier point final, l’auteur n’en aura pas terminé avec vous. Moi même j’étais en zone de confort avant que Crumley m’assassine.

C’est glauque, poisseux, ironique, caustique, rempli de situations familliales pas nettes, de gens qui mentent ou qui ne disent pas toute la vérité (non, c’est pas la même chose), de femmes fatales, de types pas nets et de non-dits qui, au final, pèseront plus lourd qu’une Cadillac.

Quant au final, il est magistral et vous donne le coup de grâce, tel le dernier verre qu’on aurait pas du boire mais qu’on a quand même bu et qui nous assomme.

Un livre dont l’histoire s’efface au profit des personnages qui sont hauts en couleurs, même le chien ! C’est vous dire.

Voilà encore un grand moment de lecture que je viens de passer avec James Crumley.

Des fois j’arrive plus à savoir si c’est moi qui débloque ou si c’est le monde qu’est devenu une fosse septique.

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016) et Le « Challenge US » chez Noctembule.