Journal d’un amour perdu : Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : Journal d’un amour perdu

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Édition : Albin Michel (04/09/2019)

Résumé :
« Maman est morte ce matin et c’est la première fois qu’elle me fait de la peine. »

Pendant deux ans, Éric Emmanuel Schmitt tente d’apprivoiser l’inacceptable : la Disparition de la femme qui l’a mis au monde.

Ces pages raconte son « devoir de bonheur » : une longue lutte, acharnée est difficile, contre le chagrin.

Demeurer inconsolable trahirait sa mère, dans cette femme lumineuse et tendre lui a donné le goût de la vie, la passion des arts, le sens de l’humour, le culte de la joie.

Critique :
La perte d’un être cher et adoré est toujours une phase difficile pour tout le monde.

Comment surmonter la peine, le chagrin, le doute, la colère, le déni, la peur, l’angoisse ?

Personne n’a de remède miracle, mais écrire tout cela sur un cahier pourrait-être une solution comme une autre.

C’est ce qu’à fait Eric-Emmanuel Schmitt après le décès de maman avec qui il était très proche.

Une fois de plus, je dois cette lecture à La Grande Librairie (émission du 18/09/2019). L’auteur était venu présenter son livre et j’avais été émue par ce qu’il disait, il avait su me toucher.

J’ai sauté sur l’occasion de découvrir cet auteur autrement que je ne l’avais fait, il y a des années et que, depuis, je refusais de lire alors qu’il n’était en rien responsable (je vous expliquerai plus bas le pourquoi du comment tout ça est arrivé).

Alternant les phases de dépression, de chagrin intense, on sent bien au travers des lignes que l’auteur a plongé fort bas au décès de cette mère qu’il adorait et si je m’attendais à trouver un texte de deuil et puis de remontée vers la lumière, j’ai aussi trouvé que l’auteur nous confiait plus que ça.

Ses pensées vont dans tous les sens, sur tous les sujets, passant de ses chiens à sa nièce, à ses spectacles, qu’il doit continuer, à ses amis, à sa famille, ses voyages, son chagrin, son envie de tout abandonner de la vie et ses réflexions sur bien d’autres sujets.

On pourrait penser que le récit est décousu, mais non, il suit le cheminement de la pensée, des actes d’une personne qui se retrouve plongée dans l’inévitable et qui doit y faire face en passant d’abord par les pompes funèbres et le cimetière.

Il est difficile de parler de ce livre à des gens qui ne l’ont pas lu mais j’ai trouvé que malgré tout, l’auteur restait pudique, même sur ses interrogations sur son père. Malgré le chagrin, il a su aussi offrir des bouffées d’oxygène à ses lecteurs en nous parlant de sa chienne, très majestueuse, et en nous livrant ses pensées canines.

C’est un récit bourré d’émotions, de tristesse aussi, car la mère de l’auteur était quelqu’un d’exceptionnel à ses yeux et même tout court. Une mère qui méritait son statut de mère, quand tant d’autres ne méritent même pas le nom.

C’est un roman que l’on dévore tranquillement, un sourire triste sur les lèvres, mais en se gorgeant de tous les bons mots qui parsèment cet ouvrage et lorsqu’on a terminé, même si on a ressenti une empathie profonde avec l’homme, on sait aussi qu’il a retrouvé le chemin vers le bonheur et vers l’acceptation.

Un roman profond, beau, tendre, triste, mais sans pour autant que l’on se mouche car le récit reste sobre et profond. Plus une mise à l’honneur de sa maman que d’un récit larmoyant. Malgré tout, on est ému, touché car un jour, ce sera à notre tour de dire au revoir à notre maman (là où d’autres l’ont déjà dit).

Une fois de plus, merci à l’émission de François Busnel de m’avoir fait découvrir un auteur qui m’a fait sortir de mes sentiers battus et qui m’a réconcilié avec Eric-Emmanuel Schmitt, ce pauvre auteur qui ne m’avait rien fait mais à qui j’en voulais pour de mauvaises raisons.

De même qu’un jour lointain, tout près d’ici, elle a lâché notre main parce que nous pouvions marcher, elle vient de la lâcher une seconde fois pour que nous continuions le chemin.

Pourquoi cette haine de l’auteur alors qu’il ne m’avait rien fait ? Tout simplement à cause d’un travail que ma petit soeur devait faire sur un de ses romans (Lorsque j’étais une oeuvre d’art).

Nous étions en 2007 (ou 2006), ma frangine me demande de l’aide pour cette fiche de lecture car elle ne savait pas comment la faire, par quel bout la prendre et vu sa dyslexie, il fallait ensuite corriger les fautes.

J’accepte, bien entendu. Mais, une fois de plus, ma sœur avait procrastiné et elle était charrette, comme on dit chez nous (à la limite de la dead line). Elle devait rendre le travail pour le lendemain (bordel de dieu), j’étais claquée de ma journée de travail et il fallait encore suer sur sa fiche de lecture d’un roman que je n’avais pas lu et qu’elle avait lu en diagonale. Bravo !

Laborieusement elle arrive à me donner quelques indications pour rédiger son travail (après que je lui aie sorti les vers hors du nez), je commence à pianoter mais elle m’arrête de suite car les phrases que j’utilisais n’étaient pas les siennes. Le prof allait comprendre… Fallait que j’écrive comme elle ou du moins, pas comme moi !

On y a passé quelques heures, sur ce putain de travail, j’ai sué, elle aussi, je n’en pouvais plus, mais on a réussi à finaliser un brol qu’on a relu, ne tenant plus qu’à la caféine. Il était minuit.

Déjà là, je ne voulais plus entendre prononcer le nom de l’auteur (alors qu’il était innocent) mais lorsqu’elle a eu les résultats de son travail et qu’elle m’annonça que ses points étaient mauvais et que la prof en avait retiré encore à cause des fautes d’orthographes, c’est comme si c’était moi qui avait foiré à l’école.

J’étais fatiguée et ma relecture avait été merdique, laissant des fautes horribles dans le texte. Nous étions busée mais les mauvais points, c’est moi qui me les prenais.

Bref, depuis ce jour, le nom d’Eric-Emmanuel Schmitt me donnait des sueurs froides et des grognements de bêtes enragées. Tout ça pour une putain de fiche de lecture que j’ai dû faire pour ma frangine et dont l’auteur ne pouvait rien.

Le silence entretient le traumatisme. L’individu ne dépasse le traumatisme que lorsqu’il verbalise.

Une mort brusque offre du miel à celui qui se retire, un poison à ceux qui restent.

La vraie sagesse ne revient pas à détenir des certitudes mais à apprivoiser l’incertitude.

On occupe sa jeunesse à se préparer à vivre, sa vieillesse à se souvenir d’avoir vécu. Ce faisant, on rate le présent qui seul existe en tombant dans deux pièges, celui de l’avenir qui n’existe pas, celui du passé qui n’existe plus. Que de temps perdu ! Ou plutôt : que de présent perdu !

26 réflexions au sujet de « Journal d’un amour perdu : Eric-Emmanuel Schmitt »

  1. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Décembre 2019 | The Cannibal Lecteur

  2. Je vais passer pour une grincheuse un peu chieuse… J’ai lu un ou deux trucs de cet auteur. J’avais apprécié.

    Mais là… ça va pas le faire! Je ne supporte pas les œuvres où les gens nous prennent à témoin de leurs malheurs!

    Oui, j’avoue… j’ai vraiment un problème avec les auteurs ou autres célébrités qui se répandent sur leurs souffrances intimes. La dépression de telle humoriste qui alimente ses interviews pendant un an… celles sur son régime… celles sur son enfance difficile… telle ou tel autre qui médiatise sa maladie… ou ceux qui se déchirent pour un héritage gigantesque par voie de presse…

    Merde! C’est oublier que c’est ce que traversent tous les petits et les humbles de cette planète sans le soutien que votre célébrité et votre argent vous donnent!

    Vas soigner ta dépression ou ton deuil difficile quand tu vis des minimas sociaux sans pourvoir aller voir les psys ou médecins à dépassements d’honoraires (pas pris en charge par l’assurance maladie) et que les consultations gratuites te mettent sur une liste d’attente d’un à deux ans si tu n’es pas suicidaire ou délirant ! Vas essayer de maigrir quand tu dois faire tes courses chez les discounteurs qui te vendent de la malbouffe vu le prix des poissons, des légumes et des fruits!!! T’as déjà vu la gueule dés perruques remboursées par la sécu en cas de chimio?

    Et ouais les artistes! Bienvenue sur terre! La vie c’est dur et tout le monde meurt un jour et c’est déchirant! Sauf que pour nous les humbles c’est marche (surtout quand t’as pas de transports!) ou créve! Et quand on appartient au monde des happy fiews riches et célèbres on fait comme chez les Windsor! Never explain never complain! Parce que ces gens célèbres qui profitent de leur célébrité pour essayer d’apitoyer les foules qui se noient dans les mêmes emmerdes mais en pire, sur leur cruelle destinée et ben ça prend vite une tournure indécente !

    Et puis… j’avoue qu’il y a quelques années j’ai dû lire Le livre de ma mère d’Albert Cohen… et j’ai trouvé que ces déclarations publiques d’amour à une mère morte chez des mecs ça puait l’oedipe pas résolu et que c’était saturé d’un pathos insupportable. Même si c’est bien écrit ! Après Cohen je me suis promis de ne plus lire des trucs pareils!

    Si les écrivains peuvent aussi avoir parfois besoin d’un psy parce qu’un deuil est difficile… qu’ils se le paient au lieux de demander à leurs lecteurs de payer pour être l’adresse de leur travail de deuil! Merde quoi! On est pas leurs psys! Et pourtant ils vous le disent tous que c’était leur thérapie ! La thérapie ça se fait dans l’intimité sans prendre la terre à témoin !

    Non mais! 😡

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    • Tu me feras toujours rire, toi ! On était dans l’émotion, le recueillement et boum, Ida met les pieds dans le plat ! 😆

      Mais dans un sens, tu n’as pas tort, nous, les petits, on ferme notre gueule. Normal, nous avons des vies banales (en tout cas, moi). Pour les perruques après chimio, j’ai entendu les prix délirants et le fait que considéré comme du truc juste pour se faire belle, alors qu’une femme sans un poil sur le caillou, c’est horrible, contrairement aux mecs. Une honte !

      Ne nous plaignons pas encore, je suis allée chez le médecin (25€) et le pharmacien m’en a coûté autant si pas plus, avec des trucs en plus qu’il me re-fallait pour éviter de tomber en cloque… J’ai tout payé et ma mutuelle remboursera après, mais certains ne savent même pas avancer les 25€ pour le médecin s’il n’ont pas le système du tiers payant (ils ne paient que ce que leur mutuelle ne remboursera pas). Même moi je suis une privilégiée !! Sans rouler sur l’or, je suis dans la caste des « cul dans le beurre bordé de nouilles » avec des fins de mois normales où je ne racle pas les fonds de poche. Ok, je n’ai pas le traitement d’un Sinistre ou d’un dépité, mais on s’en sort.

      dans ce cas-ci, je pense que l’auteur voulait rendre un hommage à sa maman et le faire partager à ses lecteurs, que je ne suis pas, puisque je ne l’avais jamais lu. Mais je trouvais qu’il en parlait bien, de sa maman. J’ai voulu savoir et je suis contente de l’avoir fait, j’ai eu mes émotions. 😉

      Un mojito ?? PTDR (je sors)

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      • Nan pas de mojito! La il va me falloir de la vieille gnole qui arrache pour oublier ça! 😜

        En France on a un système assurance maladie + mutuelle universelle ou il n’y a rien à avancer pour les plus pauvres mais elle ne couvre pas les travailleurs modestes… et elle ne couvre pas tous les actes et en plus certains médecins la refusent illégalement parce qu’ils sont payés avec des retards de dingue quand ils le sont…

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        • Je n’aurais pas voulu me prendre le verre de mojito dans la gueule !! 😆

          Marrant et pas logique. On couvre les plus précaires (d’accord) mais pourquoi pas aussi les travailleurs modestes ?? Ils sont doublement pénalisé : ils bossent mais ne gagnent pas des masses et boum, on les entube !

          Personne n’aime être payé en retard…

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  3. Ha ces profs… rassure-toi, ils n’ont ps changé, je viens de prendre un 15/20 ! Il ne restait pas une faute, c’était largement au-dessus de ce que ma fille lui présente habituellement tout en restant discret sur le changement de style et bam, 15/20… Mais je me vois mal aller engueuler le prof pour me plaire de « ses » points….😏
    C’est bien le pire, on aide pour faire plaisir et on se sent coupable quand les points sont mauvais !

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    • Oui, je me suis réconciliée avec lui alors que ce pauvre gars ne m’avait rien fait… :p

      Je voulais être touchée, je voulais des émotions, j’en ai eu.

      Je pense que j’aurais dû laisser ma frangine se démerder quand elle avait procrastiné (sa spécialité) mais que veux-tu… On ne la refera pas ! 😆

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