Purgatoire des innocents : Karine Giebel

Titre : Purgatoire des innocents                      big_5

Auteur : Karine Giebel
Édition : Fleuve noir (2013)

Résumé :
Raphaël a passé des années en prison pour vols à main armée puis pour récidive. Pendant son absence, sa mère est morte de chagrin tandis que son jeune frère William prenait le même chemin que lui. Raphaël, à sa libération, entraîne celui-ci dans leur premier braquage en commun, une bijouterie de la place Vendôme, avec la complicité d’un jeune couple.

L’affaire tourne mal, un policier et une passante sont tués, et William est grièvement blessé.

Leur cavale devient pour Raphaël une véritable course contre la montre : il faut sauver son frère. Les quatre fuyards atterrissent à quelques heures de Paris, et trouvent le numéro d’une vétérinaire, Sandra, qu’ils prennent en otage chez elle, dans sa ferme isolée, et forcent à soigner William. Sa vie contre celle du braqueur. C’est dans cet état d’esprit que Sandra doit opérer dans son salon, sans trembler, elle qui n’est pas chirurgienne.

Mais les jours passent et William n’est toujours pas en état de reprendre la route. Et lorsque le mari de Sandra prévient sa femme de son retour, tous attendent. Les uns de le prendre également en otage et Sandra d’être sauvée… ou peut-être autre chose…

Critique : 
Une fois de plus, madame Giebel vient de me lessiver, de m’essorer, me broyer, me concasser, me laminer, me laissant à la fin dans un état pitoyable, les larmes aux yeux.

Ceci est un livre fort, pas conseillé aux gens sensibles… Sauf si ils veulent passer à un autre genre.

Une écriture qui fait mouche, des phrases qui claquent, un scénario qui ne vous laisse aucun répit, un huis-clos oppressant qui fera basculer toutes vos certitudes…

C’est ça la marque de fabrique de cette auteure : d’une situation bien claire telle que « Quatre braqueurs, dont un blessé grave, qui viennent de réussir le casse du siècle – qu’à côté le Glasgow-Londres commence à rougir – et qui se réfugient chez une pauvre vétérinaire seule durant quelques jours, l’obligeant à recoudre le blessé et lui menant la vie dure » l’auteure peut changer toutes les cartes et vous faire chavirer dans un scénario qui fera capoter totalement vos petites certitudes du départ, vos empathies sur les personnages et toussa toussa…

Sérieux, quel serait le comble pour une bande de braqueurs, une bande de loups enragés, prêt à tout parce qu’ils ont des millions en bijoux, un blessé dont le frère ne veut pas le laisser dans cet état, et qui font irruption dans une bergerie où une femme – faible mouton – se trouve toute seule durant quelques jours, son mari étant absent ??

Le comble du comble pour ces loups affamés et sans émotions, infiltrés dans une bergerie serait que… Non, laissez tomber, vous ne trouverez pas !

Madame Giebel excelle dans l’art de nous rendre sympathiques des personnages qui seraient détestables de prime abord. J’avais déjà tremblé pour Marianne dans « Meurtre pour rédemption », alors qu’elle était une criminelle recluse, et ici, j’ai tremblé pour des êtres que je n’aurais pas voulu croiser au détour d’une bijouterie ou d’une banque.

Le huis-clos est oppressant, tendu, mais le dernier quart est le plus dur à lire, c’est celui qui fait le plus mal, la violence abjecte devant notre lot permanent dans ces pages.

« La douleur est une bonne compagne, fiston. Parce qu’elle est la plus fidèle qui soit. »

Certains hurleront à la surenchère de violence, mais moi, je dis « non, elle est logique » et on nous laisse souvent imaginer ce que fut le calvaire plutôt que de nous l’écrire.

Et ce n’est que le début, les prémices d’un jeu qui ne connaît qu’une issue. Un jeu dont il a truqué les règles, où la proie n’a aucune chance. (…) Il lui enlèvera tout ce qu’elle a. Absolument tout. La mettra à nu, l’écorchera vive. Jusqu’à ce qu’il ne reste que son essence. Puis jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.

Moi, j’ai vibré, j’ai tremblé, j’ai espéré… et quelques larmes j’ai versé.

Il est des personnages de ce livre que je ne suis pas prête d’oublier de sitôt.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014).

21 réflexions au sujet de « Purgatoire des innocents : Karine Giebel »

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  2. Ha mais moi un auteur qui arrive à me mettre les larmes aux yeux, j’en redemande ! Je l’ai déjà notée mais que veux-tu, j’en ai tellement à lire avant !!! Je la lirai, ça c’est sûr…

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    • Toi aussi tu as beaucoup à lire ?? 🙄 😀

      J’adore cette auteure, elle écrit bien, simple, correct et je m’attache à ses personnages… Attention, âmes trop sensibles, prévoyez une scéance chez le dentiste ensuite, parce qu’à force de serrer les dents… 😉

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  3. Je n’ai pas lu ce livre de K. Giébel mais les 4 autres que j’ai lu étaient excellents. Alors je pense que celui-là doit être de la même veine. Pour moi K. Giébel est l’un des meilleurs auteurs de polars français. Ta chronique confirme tout le bien que je pense de ses romans. C’est vrai que c’est souvent violent mais ce n’est pas de la violence gratuite, ce sont les situations qui la déclenchent.

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    • J’apprécie grandement cette auteure et l’ambiance assez sombre de ses romans, ce fut un vrai coup de coeur avec son premier livre que j’avais lu (meurtre pour rédemption) et ceci étant le 4ème, cela n’a pas changé.

      J’aime qu’il y ait de grands auteurs français de polars noirs, ça fait du bien ! 😉

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  4. Je crois que là non plus ça risque de ne pas le faire mais comme la médiathèque a ce titre et l’autre également, je crois que je me laisserais tenter un jour, histoire de ne pas mourir idiote 😉

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    • C’est gore, la violence pourrait être perçue comme étant gratuite, mais ici, elle se combinait bien avec les personnages, les voir ne pas faire acte de cruauté aurait été contraire à leurs caractères.

      Mais l’auteur sait nous surprendre aussi 😉

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    • Mais je pense qu’à force, on pourrait se lasser, à force de lire les mêmes choses… heureusement que l’auteur a du talent, un autre se serait planté ! 😉

      La montée de l’horreur a un sens… mais ça fait froid dans le dos, surtout lorsque l’on pense à ce qui s’est passé chez nous dans les années nonante… 😦

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  5. Je savais que ce roman n’était pas une lecture facile mais je ne pensais pas à ce point-là ! je n’ai pas encore attaqué l’oeuvre de Giebel mais ça se sent bien dans ton article. Ca donne envie et en même temps, ça effraie…

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    • Faut oser se lancer, je pense. Son « meurtre pour rédemption » est un polar noir sombre, mais le purgatoire aussi !

      Soit tu entres dans le livre et tu t’attaches, avec les risque que cela comporte, soit tu restes éloignée et là, tu ne rentreras pas dans le livre ! ça m’est déjà arrivé, à force de me blinder d’entrée de jeu, je passais à côté 😀

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      • Ca va se faire crescendo, je commence par Terminus Elicius…
        Je pense que j’arriverais à rentrer dans l’histoire, le problème étant de trop rentrer dans l’histoire ! ^^

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        • Terminus est un bon départ, plus psychologique que gore, il est court, bref et bon. « Meurtres pour rédemption » fut mon premier et je suis entrée trop dans l’histoire, avec les conséquences qui arrivèrent à la fin du livre : Niagara ! Les chutes, pas le groupe ♫ c’est l’amour à la plage ♪ 😀

          Mais certains livres, j’ai pas osé entrer dedans et bingo, je suis passée largement à côté ! Donc, je dois trouver le juste équilibre entre « trop » et « pas assez » 😀

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  6. J’ai aimé aussi, peut-être un peu moins emballée que toi …
    J’ai trouver que les « images » étaient très fortes … mais juste un peu trop en rapport par exemple au caractère de « lui ».
    Et puis .. jusqu’où une femme, sensée être mère de famille peut-elle aller, fusse-t-elle auteur de thriller.
    Un tourne page … ça oui !

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    • Je me dis que si tous ses livres sont de la même veine, je pourrais me lasser, alors, je les espace, ces grosses briques ! 😀

      Tu aurais aimé plus de choses sur le caractère des autres que sur celui de Patrick ? (c’est de lui que tu parles en parlant de « lui » ou tu visais Raphaël ?).

      Un auteur, même mère de famille, peut aller aussi loin qu’elle veut, ce qu’elle décrit ne sera jamais que en dessous de la réalité ! Ce qui s’est passé dans ce livre, cela à pu être une partie du calvaire de J et M (bien connue chez nous), bien que elles, ça a duré bien plus longtemps ! 😦 Brrr, ça me fait froid dans le dos.

      Tu avais publié la grosse nique de ce livre sur ton blog ??

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