Titre : Puerto apache
Auteur : Juan Martini
Édition : Asphalte (2015)
Résumé :
Puerto Apache est un bidonville autogéré en plein cœur de Buenos Aires, sur la rive du río de la Plata. Ses habitants sont pleinement conscients de leur condition d’exclus et se revendiquent comme étant « un problème du XXIe siècle ».
Parmi eux, le Rat, qui vit de petits larcins. Mais son activité la plus lucrative, c’est de travailler pour un caïd de la ville : il doit retenir des séries de nombres, sans les noter, et les restituer telles quelles à un autre dealer. Il ne sait pas à quoi tous ces chiffres correspondent, mais qu’importe, l’affaire paie bien…
Jusqu’au jour où il se retrouve pieds et poings liés sur une chaise, passé à tabac par des inconnus qui voient en lui plus qu’un simple maillon de la chaîne.
Qui veut la peau du Rat ? Pourra-t-il trouver refuge dans les rues de Puerto Apache ?
Critique :
Voilà un roman noir qui sort de l’ordinaire, non pas à cause de son scénario – connu ! – mais à cause de la narration de l’histoire !
Direction l’Argentine… Le Rat, personnage principal, nous en faisons la connaissance alors qu’il est ligoté sur une chaise, en train de se faire passer à tabac par trois mecs dont il n’a aucune idée de ce qu’ils lui veulent.
— Je suis le Rat, je lui dis.
Le type me croit pas. Il m’envoie une mandale, j’essaie d’esquiver mais il m’atteint en pleine face, il me défonce l’arcade. Je ne vois plus rien de l’œil gauche. Que du sang. J’ai les mains sur les genoux, je tiens comme je peux sur cette petite chaise. Mon couteau est dans ma poche arrière.
— Espèce de crétin. Dis-moi la vérité et tu sauves ta peau.
Le type se lèche les articulations. Il s’est fait mal aux doigts.
— J’te jure, je lui dis. Je suis le Rat.
Ce mec est un con. Pourquoi je lui mentirais ? Je suis déjà mort. J’ai pas de raison de lui mentir. De toute façon, il m’en colle une autre. Je ne bouge pas. Je veux qu’il s’explose la main. Il m’éclate l’œil. Le même. Maintenant, je ne vois même plus le sang. Le type s’est broyé la main. Les os, ça fait du bruit quand ça casse. C’est comme ça. Les petits os de la main, ils font crac et ils cassent.
Là où on sort des sentiers battus (si je puis m’exprimer de la sorte face à un type qui se fait casser la gueule), c’est grâce à tous les petits récits coincés dans le récits principal.
On tabasse le Rat et lui, il digresse dans sa tête au bout de deux paragraphes de cassage de gueule, notre ami nous parle de son pote Cúper, de sa maîtresse Maru, du quartier spécial qu’est Puerto Apache, bidonville autogéré en plein cœur de Buenos Aires…
À Puerto Apache il y a, je sais pas, vingt ou trente blocs. On a tracé les rues, on a tiré au sort, on a donné à chacun sa parcelle, mais on a rien brûlé. S’il y avait des arbustes ou des plantes à déplacer, on les a déplacés. On est pas venus ici pour tout saccager. On est venu ici parce que les gens ont besoin d’un endroit pour vivre. Nous, on est réglos. On a nos embrouilles, comme tout le monde, parce qu’on a pas le choix mais on est réglos.
Et c’est ainsi durant tout le récit – les petits récits explicatifs de la vie du quartier ou du Rat, pas son ravalement de façade ! Au début, ça surprend, j’ai tiqué et puis, je me suis prise au jeu.
Voilà que je reprends pied après ce voyage brutal dans une Argentine post écroulement économique, en plein marasme social, le tout du point de vue de ces habitants d’un bidonville, la fange de Buenos Aires, la lie qui stagne au fond des chiottes.
Il y a quelques temps, on a fabriqué un énorme panneau, on l’a fixé sur des poteaux, comme ça les cons de bourges qui longent le fleuve dans leurs Kawasaki, leurs BMW ou leurs 4×4 ne peuvent pas rater la définition de Puerto Apache que Cúper a inventée : « Nous sommes un problème du XXIe siècle ». On s’est installés à l’automne 2000. Je n’arrive toujours pas à comprendre si c’était la fin du siècle dernier ou le début du suivant.
C’est avec délectation que j’ai suivi les pérégrinations du Rat afin de trouver qui, de son patron ou d’un autre, a voulu lui faire peur, qui lui a envoyé ces trois crétins pour l’amocher sérieusement.
Mais faut surveiller ses arrières, mon Ratounet, parce dans le bidonville, tu y as tes amis, mais aussi sûrement des ennemis qui ne te veulent pas que du bien !
Les complots, les magouilles, les règlements de compte, les truands, les coups bas, écraser les autres pour y arriver, les arrangements avec la vérité et la misère sociale font partie de la vie et de tout bon roman noir. Le scénario n’est éculé que parce qu’il fait partie intégrante de la réalité.
Le Rat n’a rien d’un Ratatouille, ce n’est pas pour les enfants, mais le ton de plume, bien qu’incisif, avec une pointe d’humour désabusé qui n’était pas pour me déplaire.
Un roman noir profond, avec multitude de personnages bien décrits, de par toutes ces petites ellipses qui émaillent le roman et qui pourraient en rebuter plus d’un car on peut se perdre aussi bien dans les petites venelles sombres que dans la narration.
C’est aussi sombre que la misère qui suinte des murs de Puerto Apache, mais les habitants et les criminels qui le peuplent sont philosophes et ne manquent pas d’humour. Noir et désabusé, bien entendu !
C’est plus facile de gagner. Ou de crever.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016).
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Un auteur sud-américain… Je ne connais pas. En tout cas, je suis tenté par la chronique que tu en fais… Je me note ça sur mes tablettes, et si je vois passer « Le rat », hop!!! A la maison…
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C’est chez Actu du noir que je l’avais vu, ou ailleurs, je sais plus, et il en parlait en bien ! Il était avec un gros coeur aussi chez mon dealer préféré de livres, j’ai sauté dessus. Sur le livre et le rat, pas sur le pauvre type !
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Et le rat, il a eu mal?
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Non, ça va…
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Moi j’aime bien les rongeurs. Et les serpents aussi. .. c’est les araignées que je peux pas blairer. 🙂
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Les araignées, m’en fout, mais pas des serpents !! BEURKKKKK !
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Il me le faut celui-là… Je l’avais déjà repéré, et j’en ai encore plus envie maintenant !
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J’ai l’art de te donner envie… Oups, je sors !!
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Je découvre toujours des romans sur ton blog, merci ^^ Il a l’air bien !! 🙂
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Je retourne le compliment parce que chez toi aussi j’ai découvert quelques romans, dont le fameux « les loups à leur porte »… Je ne te dis pas merci pour l’augmentation de PAL !! 😀
Oui, il est bien, juste faire attention avec toutes les ellipses dans le texte. Un peu perturbant et déroutant au départ et parfois, à les lire, on perd le fil et boum, tu reviens le cul sur ta chaise à te faire casser la gueule…
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Bien que le contexte de ce Buenos Aires me plairait, je ne note pas, j’en ai trop ! Mais c’est pas mal, pas mal du tout…j’aime bien découvrir la face « bidonville » de ces pays en phase post-traumatique ! 😉
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Ca à l’air génial !
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Oui, ça l’est ! Juste faire attention avec toutes les ellipses dans le texte. Un peu perturbant et déroutant au départ et parfois, à les lire, on perd le fil et boum, tu reviens le cul sur ta chaise à te faire casser la gueule
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Ah ! Tu fais bien de me prévenir je viens de lire un roman qui justement joue avec la temporalité et la narration, ça aurait pu être intéressant si ça avait été plus clair ! Du coup je me sens un peu refroidie !
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Faut aimer… je viens d’en terminer un autre qui n’a pas d’espace entre les différents § et on passe de Machin à Truc et je suis parfois revenue en arrière pour voir où j’avais foiré. Ok, juste l’espace manquant pour indiquer le changement de direction, de personnage, d’action…
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Je comprends tout à fait quel livre est ce ?
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« Coeurs solitaires » de John Harvey, un roman noir. J’ai bien aimé, mais il faut rester attentive !
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J’adore le noir !!!!
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Ça va avec toi, je trouve ! Une écharpe orange, et hop, ça illumine ton noir !
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C’est exactement cela 😜
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On est les meilleures !
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yessssss
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hihihihi !!
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Et bien tes lectures ne font pas trop le tour de l’arc en ciel…..Noir….Toujours….Je sais pas , mais moi les rats, c’est pas trop mon truc, mais je note que t’as adoré, alors…..Non, trop de livres dans ma PAL…..;)
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J’aimerais bien avoir un rat, moi… mais chouchou ne veut pas et mes parents ont dit, à l’unission (c’est bô l’amour) « HORS DE QUESTION que tu nous laisse ce genre d’animal durant tes vacances »…
Oui, je fais mon noir en janvier… et je sais que tu as trop de livres dans ta PAL, tout comme moi !
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Ahiiii c’est catastrophique, heureusement qu’avec nos Lcs je déstocke un peu!!!!!! 😉
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moi aussi mais comme le hamster je stocke en prévision !!
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