Tijuana city blues : Gabriel Trujillo Muñoz

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Titre : Tijuana city blues

Auteur : Gabriel Trujillo Muñoz
Édition : Gallimard (2010)

Résumé :
Toujours risqué, d’avoir des ouvriers chez soi, surtout quand on vit à Mexico. Aussi, quand Miguel Àngel Morgado, avocat qui s’est officiellement consacré à la défense des droits de l’homme, en voit arriver un en larmes, il se dit que pour une fois…

Mais le charpentier nommé Blondie a appris qu’il travaille en fait pour le plus privé des privés, et lui demande de retrouver son père, disparu depuis 1951.

Une enquête historique, se dit encore Morgado, car le disparu est le dernier ami resté fidèle à l’écrivain Willliam S. Burroughs, quand celui-ci est sorti de taule après avoir logé une balle dans la tête de sa femme, Joan.

C’est par Burroughs que le père de Blondie a été envoyé avec un paquet suspect à Tijuana, d’où il n’est jamais revenu.

largeCritique : 
Vous avez décidé de visiter le Mexique et la ville de Tijuana ? Pas besoin de vous farcir des tonnes de prospectus, ce petit roman d’un peu plus de 100 pages fera l’affaire.

Bon, après lecture, vous aurez peut-être – tout comme moi – décidé d’abandonner le voyage !

Miguel Àngel Morgado est un avocat et le voici engagé par un charpentier (qui ne prénomme pas Joseph) pour retrouver la trace de son père, un américain mystérieusement disparu en 1951 lors de la fusillade dans la cantina El Tecolote à Tijuana.

Est-il toujours vivant ou non ? Et si oui, pourquoi cet homme bien n’a-t-il plus donné signe de vie à sa fiancée mexicaine qui avait un polichinelle dans le tiroir ?

La quête de ce paternel disparu mystérieusement de la circulation – comme si c’était Copperfield – mènera l’avocat dans la ville de Tijuana pour une confrontation avec la vérité toute nue et sans l’éclat du bronzage.

Une lecture qui se termine vite, sans temps mort, l’intrigue étant aisée à suivre sans pour autre être simpliste.

L’enquête était correcte, le dépaysement était total, et j’ai savouré les petites répliques acides entre l’avocat, mexicain, et le gars du FBI, américain jusqu’aux bout des ongles.

Et prends-toi dans la gueule, gars du FBI, que les yankees considèrent le Mexique comme un lieu de défoulement et un super réservoir pour obtenir des travailleurs à bas prix ou des prostiputes.

Mais attention, le gars du FBI a de la réplique ! Et prends-toi dans les dents que les Mexicains ne sont pas des anges non plus avec les autres.

— Arrêtons, Morgado. Je sus venu avec le drapeau blanc, des intentions pacifiques.
— C’est ce que vous avez dit à Géronimo et tu sais ce qui est arrivé.
— Et c’est ce que vous dites, vous, les mexicains, aux Indiens du Chipas, et tu sais ce qu’il leur arrive, répliqua Harry. Rien ne vous sert de leçon, à vous non plus. À toi moins qu’à tout autre. Je me trompe ?

Le seul bémol est la petitesse du roman (oui, parfois, la taille est importante).

La plume de Muñoz est un plaisir à suivre et j’aurais bien poursuivit l’Histoire de la ville, de ses vices et de ses délices, bien en sécurité dans mon divan que j’étais.

Vu les personnages, les approfondir ne leur auraient pas fait de tort, que du contraire, cela aurait donné encore plus de corps au récit.

Hélas, en 100 pages, l’auteur doit aller à l’essentiel et c’est bien dommage parce qu’il y avait matière là à nous écrire un bon 300 pages sans soucis. Plus si affinités.

Pas de regret d’avoir découvert « ce saisissant portrait du Mexique » comme l’écrivait Le Monde.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2015-2016), Le Mois du Polar chez Sharon (Février 2016) et Le « RAT a Week, Winter Édition » chez Chroniques Littéraires (109 pages – 2104 pages lues sur le Challenge).

Mois du Polar - Février - Sharon rat-a-week1-copie