Dompteur d’Anges : Claire Favan

Titre : Dompteur d’Anges

Auteur : Claire Favan
Édition : Robert Laffont – La Bête Noire (16/02/2017)

Résumé :
On ne choisit pas sa famille.
Encore moins celle de son ravisseur…

Condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis, Max Ender a été jeté en pâture à ses codétenus par ceux-là même censés assurer l’ordre et la discipline au sein de la prison. Lorsqu’il est reconnu innocent et libéré, ce n’est plus le même homme.

Il n’a désormais plus qu’une seule idée en tête : se venger de cette société qu’il hait par-dessus tout.

Critique :
Jamais de la vie je n’irai demander une dédicace à Claire Favan dans un salon du livre ! J’aurais bien trop peur de me faire enlever, torturer, martyriser, embrigader, décapiter, écarteler, éviscérer ou pire, si affinités !

Non mais ho, je me méfie d’elle, moi, après avoir lu quelques uns de ses romans mettant en scène des espèces de psychopathes qui, de près, ressemble à des gens comme elle et moi.

D’ailleurs, si ça se trouve, madame Favan écrit depuis une prison de haute sécurité, dans le quartier des pervers psychopathe où tout le monde porte une muselière. Tiens, c’était peut-être elle qui buvait son repas à côté de moi à la cantine, hier midi…

Le gentil Max Ender avait tout pour avoir une petite vie tranquille et peinarde, lui qui n’était pas spécialement pourvu d’un cerveau éveillé mais qui savait manier ses dix doigts pour bricoler tout et n’importe quoi.

Hélas, une condamnation injuste et un comportement vachard de la part des matons va en faire une bête féroce à sa sortie de prison, lavé du crime pour lequel on l’avait injustement embastillé.

[…] c’est que s’ils ont fait emprisonner un innocent, c’est un être assoiffé de vengeance et ivre de haine envers la société qu’ils contribuent à libérer.

Max, Max… Mais putain, on n’a pas idée d’une vengeance aussi horrible ! C’est abusé, ce que tu as fait, mon petit Max et là, je ne suis plus d’accord avec toi. Quelques soient les sévices qu’on t’a infligé, à tort, tu n’avais pas à aller aussi loin.

« Qu’est-ce que vous auriez fait à la place de Max, vous ? » Et bien moi, je me serais vengée toute seule comme une grande, ou alors, j’aurais engagé des tueurs à gages, des petites frappes, mais jamais je n’aurais corrompu des gamins comme Max l’a fait, déléguant ainsi sa vengeance et semant le chaos et la destruction sur son passage, certaines morts étant purement gratuites.

La construction de l’histoire fait un peu penser à un Columbo : le lecteur sait beaucoup plus de choses que les flics et l’agent du FBI mais il ne sait pas comment l’agent Caldwell va remonter la piste de Max Ender et de ses tueurs ou tout simplement s’il va y arriver…

Ni comment une certaine personne va s’en sortir alors qu’elle est engluée dans une toile d’araignée de mensonges, de dissimulations et qu’a chaque moment elle peut se faire découvrir… Là, j’ai eu des palpitations.

Le défaut de ce roman sera sans contexte son résumé qui en dit trop sur l’histoire et à cause de lui, durant toute la première moitié du roman, je me suis demandée qui allait trahir ! Un autre moment qui m’a déplu, c’est les dialogues durant jeu de séduction et pendant une partie de jambe en l’air entre deux personnages.

Ce n’est pas un exercice facile que d’écrire une scène de séduction ou de sexe, et rare sont celles qui sonnent « justes » et pas trop mielleuses, mais je ne vais pas pinailler là-dessus, vu que tout le reste est aux petits oignons.

Entre nous, j’ai adoré les petits clins d’œil de madame Favan à l’égard de certains de ses collègues écrivains, notamment Olivier Norek et Nicolas Lebel qui se retrouvent à jouer dans une série télé; ou avec un officier du FBI du nom de Jacques Sausser (Jacques Saussey, qui l’a aidé pour le roman) et un certain Daniel Mehrlicht et un Victor Coste en voyage de flics retraités (personnages de Nicolas Lebel et d’Oliver Norek) !

— […] seuls Daniel Mehrlicht et Victor Coste sont encore là. […] Et Mehrlicht et Coste sont deux policiers en retraite venus dans le coin pour pêcher.

Nick Lebel est penché sur le lit d’hôpital de son ex-femme qu’il aime encore désespérément malgré leurs incessantes disputes. En retrait, son coéquipier et meilleur ami, Oliver Norek, lui promet qu’il va retrouver le fumier qui a fait ça. 

Un roman que j’ai dévoré en peu de temps, entrant dans le vif du sujet directement, souffrant avec ce pauvre Max de son emprisonnement et le voyant, horrifiée, se transformer en « endoctrineur » que ne renierait pas les groupements terroristes car notre homme est comme eux : il vomit sur la société, mais il continue de vivre dedans et d’en profiter ! Elle n’est qu’un prétexte pour dresser ses jeunes recrues.

Il savait bien qu’une idée implantée et martelée indéfiniment finirait forcément par pénétrer leurs jeunes esprits, isolés et fragilisés.

— La société, c’est juste l’excuse qu’il a utilisée pour nous retourner le cerveau, comme d’autres utilisent Dieu, assène Cameron.

Pas de temps mort, des moments durs, c’est le genre de roman déconseillé aux personnes sensibles, des personnages bien campés, une écriture agréable à lire, des situations plus tendues que la ficelle d’un string et de la sueur entre les omoplates pour un personnage et le lecteur.

Niveau suspense et passages difficiles, nous sommes servis car ce n’est pas toujours gai de voir un enfant se faire battre et endoctriner, et il est encore pire de le voir changer et devenir un démon, alors qu’il avait tout d’un petit ange.

Anybref, j’ai vraiment passé un excellent moment avec le dernier roman de la terrible Claire Favan et je me suis même attachée à un personnage alors qu’il n’a rien d’un ange.

De plus, le titre était bien trouvé et la couverture aussi : une cage avec des plumes, comme si deux oiseaux s’étaient battus et on remarquera même un des barreaux de la toute petite cage qui est cassé.

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017) et Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

52 réflexions au sujet de « Dompteur d’Anges : Claire Favan »

  1. Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon

  2. Ping : Bilan Livresque Mensuel : Avril 2017 | The Cannibal Lecteur

  3. J’aimerais bien le lire aussi ! mais je vais attendre un peu parce que question enfermement, j’ai de quoi faire en ce moment avec Meurtres pour rédemption de Karine Giebel !!

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    • Oui, c’est vrai qu’on a fait les canlettes ensuite, nous ! Faut pas toujours lire nos bêtises, hein !! mdr

      Au moins, on a fait rire une personne avec nos débats animés 😉

      Méfie-toi du voisin et de toi-même… je me suis mordue un jour…

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    • Mais oui! Il faut se méfier de votre voisine, de votre voisin, voire de vos conjoints! Perso je ne me couche jamais sans mon pic à glace sous l’oreiller! 🙃

      L’état de la psychiatrie publique en FRANCE est effrayant! Les listes d’attente pour un premier rdv pour ceux qui n’ont pas les moyens d’aller voir un psychiatre (qui font tous des dépassements d’honoraires ou presque) ou psychologue (non remboursés par l’assurance maladie et la plus part des mutuelles) du privé doivent attendre entre 6 mois et un an sur liste d’attente des dispensaires publics qui n’ont plus assez de médecins et où on ne veut plus payer les psychologues plus cher que des caissières!!!😨 D’ailleurs si la secrétaire est en longue maladie… et bien vos appels sonneront dans le vide et personne ne vous rappellera quand vous laissez un message. Quand un patient délirant ne vient plus au dispensaire faire renouveler ses traitements… et ben… personne ne s’en inquiète! Les soignant n’ont plus les moyens d’aller au domicile! Et il y a même des services hospitaliers où sans injonction des juges, les médecins mettent dehors les patients trop gênants… bref… entre 80% de sdf ayant des troubles psys non traités… 75% des taulards non soignés (qui ressortent de là plus siphonés)… et les gens lambdas sans suivis… et ben… les rues sont de moins en moins sûres!☠️☠️☠️

      Et les entreprises encore moins! D’ailleurs sur certains postes de management, je me demande même si les traits pervers et manipulateurs ne sont pas requis pour être embauchés ! 💀😨😱

      Bref… restez sur vos gardes mes cocottes… ou faites comme moi : mochissez (du verbe « mochir ») et devenez vieilles et grosses! Peut être qu’ainsi les fous ne vous regarderont plus! 😢

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      • Je parie qu’il y en a qui aiment les grosses moches et qui ne rêvent que de faire la peau à ces personnes là.

        Mettez une fausse barbe, les filles, et plaquez vos nibards qu’on ne les voient plus ! mdr

        Et bien, je pense que je vais mettre le Beretta sous mon oreiller, moi… et briquer les sabres japonais, les katanas, les couteaux de cuisine… et l’AK47 !!

        Putain, et dire qu’on nous bassine que nous vivons dans des pays civilisés ! Et encore, on doit pas trop se plaindre de notre situation, elle pourrait être pire…

        Oui, dans certaines grosses boites, c’est ce qu’ils cherchent, des manipulateurs en tout genre…

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  4. Mais? Il est franchement pas sympa ce mec! A moins que ce soit un livre politique censé nous manipuler pour nous convaincre que c’est la prison qui produit les criminels et les psychopathes et que la solution c’est de laisser les délinquants dehors???

    J’abuse? Ben pas tant que ça parce que tout le monde sait que les « structures » de pensée et le rapport des gens à la loi ça s’inscrit dans le cerveau pendant l’enfance et que le fait d’avoir été victime d’une erreur judiciaire et des mauvais traitements (voire de viols) en prison est certes terrible mais pas suffisant pour produire un tel psychopathe!!!

    C’est un peu comme l’enfance et les traumatismes d’Hannibal Lecter ou de Dexter Morgan! Ça n’explique en rien leur sociopathie!

    Il y a peut être des bons côtés que tu soulignes fort bien dans ce livre… mais moi ça m’ennerve un peu cette théorie du traumatisme pour expliquer la sociopathie. C’est pas crédible pour deux sous! Donc si ça part là dessus pour moi… ben ça marche pas!

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    • Il est un fait que je suis une sociopathe de haut vol et une terrible psychopathe mais que je n’ai pas vécus des sévices. Mais je pense que le truc peut être latent en toi et si on te fais des sévices textuels ou autre, tu pètes les plombs, le vernis de civilité craque (et il n’est guerre et paix – guère épais) et tu devient une bête fauve !

      Enfin, pour moi, ça me paraît logique et une conséquences de ton vécu, mais tout le monde qui a des traumatismes ne vire pas sociopathe psychopathe. Mais des études ont montré que les tueurs en série avaient souvent eu des vies misérables et des tas d’autres ont un jour pété un câble en tuant les copains d’école et ensuite, tu apprends qu’ils étaient des solitaires, en marge de tout et victime de brimades.

      Enfin, moi j’ai souvent rêvé de meurtres à l’école…

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      • Moi aussi je rêvais d’infliger les pires supplices à ma prof de CE1 qui me suspectait de tricher à chaque contrôle parce que j’avais tout bon! 😈

        Mais toi et moi on est pas passée à l’acte parce que notre putain de rapport à la loi était solidement vissé dans nos cortex! 🙄

        Ce qui fait que la limite est franchie ce n’est pas tant le traumatisme qu’un rapport à la loi rendu déficient (le plus souvent en raison d’une mère incohérente et déstructurante soit en étant trop fusionnelle soit rejetante voire les deux – c’est étrange mais ça a le même effet : dans les deux cas l’enfant n’est jamais considéré ou traité comme individu différencié). Le plus souvent même si un traumatisme aggrave évidement les choses ou si ça les précipité… on trouve toujours des trucs louches avant dans le parcours du gamin.

        Le problème avec ces fictions c’est qu’on essaie de faire croire qu’avant tout était parfait!🙄

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        • Je rêvais de meurtre de ma prof de première maternelle, moi ! J’avais donc dans les 3 ans ! Oui, je suis précoce ou alors, c’est elle qui était trop charogne !

          Mon problème dans le meurtre, ce n’est pas l’acte, mais que faire ensuite du corps ?? J’ai bien des idées, mais en théorie, ça marche toujours… dans la réalité, jamais !

          Attends, je viens de terminer un roman où le mec, après l’assassinat de son chien, pète un câble et tue des chasseurs, leur demandant ensuite si c’est eux qui ont tiré sur son chien (quand les mecs sont morts ou mourants).

          faudrait étudier la psychologie de tous les criminels pour voir c’est qui qu’a raison ! Toi ou les auteurs qui prennent des raccourcis pour nous inventer des histoires 🙂

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      • Une louche de plus : le bouquin de Bourgoin sur les serial killers fait état de mères effroyables qui invalident le père et de posent comme toute puissantes. Plus rien ne peut protéger l’enfant de la folie et du désamour maternel dans ces parcours.

        En outre presqu’à chaque fois ils se mettent à avoir des hallucinations en prison et qu’ils ne peuvent plus tuer… ce qui souligne qu’il y a une maladie psychotique derrière. Un récent reportage nous apprend que Magnotta le dépeceur de Montréal n’a pas échappé à la règle. Les passages à l’acte chez les serials killers c’est une façon d’essayer de repousser leurs angoisses psychotiques et de ne pas sombrer totalement dans la folie. Certes on a des doute quand on voit les actes qu’ils posent on a du mal à y croire que ça met la folie à distance!🤔 Mais souvent les symptômes en psychiatrie sont une façon inadaptée de mettre la souffrance et l’angoisse à distance.

        Anybref… le type qui devient un fieffé salaud après un passage en prison aussi injuste et maltraitant soit-il… ça n’est possible que s’il était déjà pas net à la base! Les gens libérés des camps de la mort en 1944 ne sont pas devenus des criminels même s’ils ont été traumatisés et que leur silence sur l’enfer des camp à pu avoir aussi un impact sur la génération suivante… En fait on a trop d’exemples pour souligner la fragilité d’un lien causal entre traumatisme et psychopathie. Un psychopathe… c’est dans le rapport déséquilibré à la mère que ça se construit! 🤓

        Bon ben… je vais faire consultante en profiling sur M6 moi! 🤡

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        • Waw, le cours magistral ! Dans le livre, le mec avait une père un peu trop aimante, mais on n’en parle pas trop, sinon, on aurait 100 pages de plus.

          Son traumatisme vient d’une injustice : accusé d’avoir tué le gamin qui le suivant partout et de l’avoir violé aussi, personne ne l’a écouté quand il jurait de son innocence, des témoins de mes deux sont venus dire qu’il l’avait vu serrer le gamin dans ses bras, et une fois en prison, les matons ont bien dit à voix haute que c’était por pédophilie que Max entrait en prison, ce qui fait qu’ils l’ont tous enculés, violés, tabassés, bref, l’enfer alors qu’il était innocent ! Mais je ne garantis pas que ça aurait pu en faire une bête sauvage, mais bon, dans le roman, oui… sinon, pas de roman ! mdr

          Maintenant que je sais tout, je me coucherai moins bête ce soir !

          Sinon, tu veux que je te fasses un colis avec les livres de monsieur Bourgoin ??

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          • Taupe secrète confite au miel!!! Trop coooool! 😜

            Sinon… effectivement ce personnage est peut être un vrai psychopathe dans le déni! Ce que tu donnes comme infos est compatible. Ils peuvent aussi parfois se montrer très convainquants et même arriver à se persuader de leurs mensonges parfois. Le rapport de certains criminels à la réalité est très fragile car la psychose pointe souvent le bout de son nez. Sais tu que dans les prisons les 3/4 des condamnés ont des troubles de la personnalité parfois très grave? On a le même taux de troubles psys (voire supérieur) avec les sdf…

            L’acte criminel est évidemment à traiter par le droit et la justice… mais là non intériorisation des limites entre le bien et le mal et la propension au passage à l’acte… et ben… ça a souvent à voir avec la psychopathologie.

            Disons que… je n’aime pas trop parler de mon boulot sur le net… mais j’ai une certaine expérience de la question… sans tout savoir ni me prétendre profiteuse évidemment… car la question de la psychologie du criminel souleve plus de questions qu’on a de réponses… il n’y a que dans « esprits
            Criminels » qu’ils prétendent tout savoir pour rassurer le public… mais chut! 🤓

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            • Ok, je vais faire mon job et te refiler du fil pour que tu couses toi-même ton costard Arnys !

              Tu remarqueras que je ne cause pas de mon job non plus sur le Oueb… L’omerta, dans les rangs de la mafia, n’est pas une affaire qu’on baguenaude !

              Lorsque je lis des romans avec des hommes qui se disent de Dieu (le pauvre Dieu) et qui commettent des actes totalement en contradiction avec ce qu’ils disent, je me dis que tout est possible en ce bas monde…

              Oui, je ne doute pas un seul instant qu’ils ont des soucis psychologique grave, ceux qui sont enfermés en prison et qu’on relâchera ensuite sans rien comme suivi… De plus, le but de la télé, c’est de nous rassurer, non ??

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  5. C’est vrai que les auteurs s’amuse de plus en plus à faire des clins d’œil à d’autres…
    Bon et bien tu as aimé, ça se voit de loin….Je pense que si tu parles avec elle, tu auras bien quelques idées tordues à lui glisser….Je m’inquiètes pas trop sur votre rencontre donc 😉

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