Le Parfum : Patrick Suskind

Le Parfum de Patrick Süskind est un formidable petit roman. Petit par la taille (élément séduisant pour les paresseuses ou pour celles dont la PAL à rallonge ressemblerait à l’Everest),  mais grand de par sa qualité, et qui s’avère lu d’autant plus vite qu’on n’arrive généralement pas à le lâcher tant il se trouve prenant.

Belette et moi (Ida) l’avons lu il y a des années, à une époque où Internet n’était pas dans tous les foyers (nous étions très jeunes et le sommes toujours autant – que les mauvaises langues cessent leurs commérages!) ce qui explique qu’il ne figure pas encore sur son blog.

Malgré tout, eu égard au succès mérité de ce chef-d’œuvre (n’ayons pas peur des mots… ce serait le comble sur un blog consacré aux livres !!!) il nous est venu lors d’un petit échange l’idée qu’il serait fort judicieux de lui rendre justice en lui consacrant un petit billet.

Résumé : Le destin de Jean Baptiste Grenouille est de ceux que vous n’avez pas envie de croiser. En effet, toutes les personnes qui auront une quelconque importance dans sa vie connaîtront une fin tragique, à commencer par sa mère, par la nourrice qui l’élèvera, par l’homme dont il sera l’apprenti, puis par le grand parfumeur sur le déclin qui lui apprendra son art, relançant ses propres affaires grâce au don de son élève.

Car en effet, Jean Baptiste Grenouille a un don : c’est un nez exceptionnel… C’est le Google des odeurs ! Il les connaît toute et se révèle capable de les identifier en une fraction de seconde, voire d’identifier toutes les composantes d’une odeur complexe, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Forcément, avec un don pareil, il ne pouvait que réussir dans le monde évanescent des bonnes odeurs, à une époque (deuxième moitié du XVIIIèe siècle?) où tout pue faute d’eau courante et de tout à l’égout urbain.

Hagiographie (on devrait dire « critique » mais là j’en suis incapable) : On ne peut pas dire qu’il s’agisse à proprement parler d’un polar, l’œuvre flirtant même avec le genre fantastique par moments…

Mais le personnage principal de l’œuvre, et surtout la façon extrêmement fine dont l’auteur nous en dépeint la psychologie, est une illustration très réussie du fonctionnement mental d’un sérial killer…

Et pas un sérial killer de cinéma ou de série télévisée ! Non Madame ! Un vrai comme ceux que Stéphane Bourgoin est allé rencontrer et a pu décrire dans ses livres.

Et… ce qui ne gâche rien… cette mise en scène presque clinique de la psychologie d’un sérial killer avant la lettre est faite avec une écriture d’une poésie rare et avec fantaisie où l’auteur nous invite à nous identifier à cet homme qui manifestement se trouve dans l’incapacité de tout mouvement empathique.

Un livre qui laisse un trou impossible à combler dans une bibliothèque qui en serait dépourvu…e et dans la culture et la mémoire de ceux qui ne l’auraient pas lu.

A noter : une très bonne adaptation du roman a été faite au cinéma. Elle est d’une grande fidélité et on y retrouve toute la poésie et la beauté du roman…

La déception que l’on éprouve généralement avec les adaptations de très bons romans ne vous saisit pas avec ce film, ce qui vient signer sa qualité.

Mais… c’est tout de même mieux de lire le livre…, non ?

PS : Je reconnais avoir produit cette note de lecture (pour le Cannibal Lecteur) de façon entièrement gratuite et bénévole, n’avoir pas perçu 4000 euros pendant deux ans en rétribution, ni de montres à 10 000 euros, ni reçu 45 000 euros en robes du soir de la part d’une amie, et encore moins de bijoux de haute joaillerie…