Titre : Le peuple d’en bas ( Le peuple de l’abîme )
Auteur : Jack London
Édition : 10-18 (1984) – Libretto
Édition originale : The People of the Abyss (1903)
Résumé :
1902. London, déguisé en clochard, se perd pendant trois mois dans les bas-fonds de Londres, et en rapporte ce témoignage terrifiant. Loin des avenues de l’aventure, mais au plus près des réalités d’un siècle qui, décidément, commençait sous de bien sinistres couleurs.
[NB : « The People of the Abyss » (1903) a été édité sous 2 titres différents : « Le Peuple d’en bas » et « Le Peuple de l’abîme »].
Critique :
Voici encore une lecture dont on ne sort pas indemne et qui me hantera durant de longues années.
Pourtant, je savais dès le départ que la vie dans l’East End n’avait rien d’une réjouissance et que les pauvres gens qui y vivaient le faisaient dans des conditions misérables et très peu hygiénique.
Mais ce que je pensais, ce que je savais était en deçà de la réalité et il fallait bien l’enquête de Jack London pour nous faire découvrir les choses horribles qui faisaient de l’East End un endroit pire que les abîmes décrites dans la Bible.
Comment est-ce possible autant de misère noire, des gens qui ne mangent pas à leur faim tous les jour, qui ne trouvent pas de travail, alors que l’Angleterre est à son apogée, toute puissante et civilisée ?
Mauvaise gestion, comme toujours… Et Jack London ne se prive pas de nous l’expliquer en fin d »ouvrage, avec chiffres à l’appui, et je vous jure que ça fait froid dans le dos.
Quant aux associations qui, soi-disant, aidaient les gens de l’East End à s’en sortir, elles le faisaient mal, puisqu’elles abordaient les problèmes avec des idées complètement fausses, même si elles étaient sincères car hélas, elles approchaient l’existence de ces malheureux sans la comprendre.
Sans entrer dans les détails, je vous dirai que j’ai lu la misère des pauvres gens qui vivaient entassés à 6 ou 8 dans la même pièce, qui sous-louaient à d’autres une place assise par terre, ou, pire encore, je ne vous parlerai pas du même lit loué à trois personnes différentes, chacune l’occupant à tout de rôle selon son horaire…
Il y a, dans ses situations miséreuses, une sacrée dose l’illogisme et le terrible cercle vicieux de celui ou celle qui se faisait broyer et qui n’avait plus la possibilité de s’en sortir.
Illogique dans le sens où les gens qui allaient dormir une nuit à l’asile se devaient de se réaliser des travaux pour cet asile, travaux lourds, sales, qui leur auraient rapporté plus qu’un morceau de pain sec s’ils l’avaient réalisé pour le pire des patrons capitalistes !
Oui, l’exploitation de la misère humaine se faisait sur le dos des plus pauvres et par les institutions qui auraient dû les aider… Et qui au lieu de ça, les faisait plonger toujours un petit peu plus dans l’abîme.
Illogisme aussi dans le fait que les policiers empêchaient les clochards de dormir à la belle étoile, forçant ces pauvres gens à porter la bannière (comme on dit) jusqu’aux petites heures (marcher tout le temps), jusqu’au moment où l’on ouvrait les parcs publics (vers 4 ou 5h du mat’) et où tous ces gens, épuisés de leur nuit blanche, allaient s’étaler sur des bancs, choquant ensuite les gens biens pensants qui les trouvaient, à 10h du matin, en train de ronfler sur les pelouses.
Sans parler du sadisme dans le fait que l’argent que certains nantis donnaient aux pauvres, ils l’avaient eux-mêmes arraché aux pauvres via les loyers indécents ou sur le prix des marchandises de première nécessité…
Là, on ne m’apprend rien, je le savais déjà, hélas…
Facile… Certains riches propriétaires louaient des taudis à des prix prohibitifs, amassaient du fric sur le dos des habitants de l’East End, puis, ces messieurs bien-pensants allaient ensuite tranquillement à l’église, se permettant même, en plus, de conseiller les travailleurs sur la meilleure façon d’utiliser l’argent qu’il leur restait, celui que ces riches patrons ou proprios n’avaient pas pris.
Sade, reviens, on a trouvé plus sadique que toi ! Machiavel, c’est de toi ces belles idées ? Non, tu n’avais rien inventé, juste observé l’Homme et ses pires travers.
L’Homme est un loup pour l’Homme, et cette citation ne rend pas hommage aux loups qui sont plus civilisés que certains Humains, riches à foison, et qui veulent devenir encore plus riche, le tout sur le dos des plus pauvres, sinon, c’est pas drôle.
Je pourrais vous en parler durant des heures de ce superbe roman et vous donner à vous aussi, l’envie d’aller vomir sur le genre humain.
Riche idée, en tout cas, qu’à eue Jack London, de se déguiser en clochard pour aller explorer ces quartiers interdits de Londres – cette face cachée, soigneusement cachée, du plus puissant empire de la terre.
Et encore, London avait encore cette chance de n’être là qu’en immersion et d’avoir la chance, ensuite, de rentrer dans son petit logement, de se laver, de se changer, de pouvoir dormir sans risque d’être dérangé, seul dans son lit et de pouvoir manger, alors que les autres étaient condamnés à marcher dans les rues, le regard rivé au sol, se baissant sans cesse pour se nourrir de miettes, de pépins de fruits, de trognons de chou noirs de suie échappés au balai de l’éboueur.
Un roman noir très fort, douloureux, qui ne sombre jamais dans le pathos, se bornant à nous rapporter ce qu’il a vu, entendu ou « testé » lui-même.
Jack London a un talent de conteur, c’est, en plus, un observateur impitoyable et j’aurais aimé lire sa première version, celle dans laquelle il mettait l’accent sur la responsabilité des gens en place et du roi Edouard VII, mais l’éditeur a préféré qu’il mette l’accent sur les faits divers liés à la criminalité.
Dommage… Malgré cette censure qu’on lui demanda, on a toujours une petite pique envers le pouvoir en place.
Il n’en reste pas moins que ce roman est la description d’un Enfer sur terre et que les portraits qu’il nous livre sont fouillés, sordides, touchants, inoubliables.
Un roman qu’on lit mal à l’aise parce que nous, on ne vit pas à 8, ou 10, ou 12 dans une même pièce, sans fenêtres et que tous les jours, on mange au moins plus qu’à notre faim.
Une véritable immersion, sans fards, sans artifices, sans édulcorants dans la misère la plus noire, une description des lieux et des faits sans concession, une critique acerbe de la société des riches, de la société bien-pensante, une dénonciation de cette abomination et la preuve, noir sur blanc, que ces pauvres gens n’en pouvaient rien et n’auraient jamais pu s’en sortir, pas à cause d’eux, non, mais à cause du système capitaliste, un système pervers qui crée la misère et qui y maintient les gens.
Méditons sur cette phrase « La civilisation a centuplé le pouvoir de production de l’humanité et, par suite d’une mauvaise gestion, les civilisés vivent plus mal que des bêtes ».
PS : Ida avait déjà rédigé une chronique – non rémunérée – sur ce roman. J’avais l’intention de le lire depuis longtemps, le Mois Anglais venait à point nommé pour le découvir.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda, et Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule (auteur américain).
Ping : Bilan pour le challenge polar et thriller 2016-2017 | deslivresetsharon
Ping : Bilan Livresque Mensuel : Juin 2017 | The Cannibal Lecteur
Ping : Bilan Mois Anglais – Juin 2017 [Saison 6] – I’ll be back !! | The Cannibal Lecteur
Ping : 18. Sherlock Holmes : L’Homme à la Lèvre Tordue – The Man with the Twisted Lip | The Cannibal Lecteur
Si ça c’est pas un cri du coeur. ..
Je le note évidemment
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Note bien !!
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Il faut absolument que je le lise !!!! 😀
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Oui, il le faut absolument ! 😉
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Il a l’air fort intéressant ce livre! Je ne connaissais pas ce titre, donc vraiment merci pour cette découverte!!!J’aime bien quand tu fais des mois Spéciaux, on a un grand panel de livres géniaux!!!!;) Je me le note, bon moi, en Juin je suis Full, mais j’aimerai bien le découvrir, un de ces jours…Je vais sans doute pleurer par contre…..^^
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Je vais penser à toi parce que je pense, je dis bien je pense, que je le possède en un format plus facile à expédier que celui en papier que j’ai lu et souligner abondamment.
Il évite de sombrer dans le pathos, ça prend à la gorge, mais ça reste tout de même un reportage qui évite le voyeurisme, même s’il ne met pas de gants pour te dire qu’un chat c’est un chat.
Je suis hyper full aussi, mais je n’oublie pas que nous avons une grosse LC car le roman est un petit pavé 😉
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Ah oui, un sacré pavé!!!;)
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Faut encore que je pense à l’intro…
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Oui…..Je te fais confiance comme DAB….;)
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Tu aimes les risques, toi ! MDR
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Avec toi, oui…..Si a c’est pas une preuve d’amitié, je ne m’y connais plus….;) ❤
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Je n’y connais plus rien non plus, alors ! MDR
Une preuve de ta folie pure, sinon ? Oui, je sors… 🙂
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Alors je ne connais pas du tout mais j’ai soudain très envie de découvrir. Je note. *Marie*
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Note bien !!
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Tiens, je l’ai lu il y a longtemps et tu me donnes envie de le relire.
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Yes, j’ai réussi !! 😆
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😛
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Je viens de le lire j’attends la journée Londres pour mon billet 🙂
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Je ne suis pas vraiment le programme, je publie au fur et à mesure de mes lectures 😉
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oh oui j’en avais entendu parler apres mes multiples survolages de whitechapel…et le pire..vraiment le pire…cela existe encore aujourd’hui…Darwin doit se retourner dans sa tombe..on n’evolue pas…juste les techniques pour asservir le monde…bref je ne lirai pas ce livre…j’en ai deja des frissons de degouts….
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Si, nous avons évolué, mais le problème vient du fait que les plus évolués et les plus riches, surtout, aime laisser les autres dans la merde, les laisser dans leur fange, dans la misère, ainsi, eux, ils ont plus ! Si tout le monde vivait comme nous, il faudrait 6 Terre !
L’Homme aime en maintenir des autres dans l’esclavage, c’est dans ses gênes, on ne le changera pas.
J’en ai eu des frissons de dégoût, parce que je ne savais pas tout sur l’east end…
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oui mais cela a toujours ete…les plus riches ont toujours voulu avoir plus d’argent..cela reste une constante dans l’humanite…et surgit de temps en temps un homme, une femme providentielle…qiui nous y fait croire…en cette humanite….bref…il/elle est ou en ce moment ?
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Sans doute dans une paire de couilles et pas encore sorti… oui, les riches veulent toujours devenir plus riche et lorsqu’un homme providentiel arrive, il n’est jamais écouté, car nul n’est prophète en son pays.
On a toujours dit que si Jésus revenait, il serait bloqué à la frontière…
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oh trop ponctuel…mais bon pour les jesus…il y en a des tonnes…on en est plein….je persiste a croire que la meilleure facon de gagner de l’argent et etre un gourou ou un jesus…bref avoir sa secte….lol
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Les sectes peuvent gagner du fric, voilà pourquoi je préfère les religions qui ne te demandent pas de fric. Les curés, oui… mais autant le clergé, je l’emmerde, pas besoin de lui.
Le véritable prophète est souvent persécuté, doit accomplir une mission, et ne vit pas dans l’opulence. 😆
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oui cela reste un debat qui n’irait que dans un sens…puisque je suis d’accord avec toi….
mais bon je pense que tu ne seras pas membre de ma superhyper secte dont je cherche encore le nom…lol
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Je cherche un nom aussi pour ma secte de fous et de folles de la lecture ! 😆
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oui bon ce n’est pas avec ce genre de secte que tu gagneras de l’argent…lol…
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Mince alors ! Bon, je vais faire une banque alors 😆
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mdr…ouiii commence a preter a tes voisins avec de bon taux en ayant des hommes de main….lol
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Je vais les flinguer direct s’ils remboursent pas, oui ! mdr
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Quand tu penses que London s’était tourné vers l’agence de voyage Thomas Cook pour arranger quelques détails techniques de son voyage dans l’East End, à un jet de pierre de leurs bureaux… ils lui ont posé une fin de non recevoir alors qu’ils proposaient de leur côté des expéditions dans les terres non explorées ni répertoriées d’Afrique…
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Alors que de nos jours, on peut faire des city trip à Charleroi où tu peux aller voir des chancres et les mauvais endroits de la ville…
Pourquoi visiter ta région ou ta ville quand tu peux aller au bout du monde ???
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Ce livre avait TOUT pour me plaire et je m’étais beaucoup ennuyé… Voici ma chronique si tu veux aller y jeter un coup d’œil : http://cryssilda.canalblog.com/archives/2008/11/06/11120274.html
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Merci ! Je suis allée jeter mon oeil et en effet, tu n’as pas aimé, nous n’avons pas eux les mêmes sensations durant notre lecture 😉
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